Les bons emplois disparaissent-ils au Canada? - ARCHIVÉ

Articles et rapports : 11F0019M2005239

Description :

En nous reportant aux données sur les salaires horaires de l'Enquête sur la population active et d'enquêtes antérieures auprès des ménages pour la période 1981 à 2004, nous évaluons si l'importance relative des emplois respectivement mal et bien rémunérés a évolué ces 20 dernières années. Comme nous ne savons au juste si les tendances des niveaux salariaux dégagées à l'aide de toutes les enquêtes en question sont exemptes de biais, nous nous abstenons de nous prononcer définitivement sur cette évolution. Dans le jugement porté sur le phénomène de la disparition des emplois rémunérateurs au pays, nous nous attachons aux tendances récentes, c'est à-dire aux variations de la proportion d'emplois appartenant à certaines catégories salariales (salaires réels) de 1997 à 2004.

Il n'y a guère d'indications selon lesquelles l'importance relative des emplois bien rémunérés serait en décroissance depuis 20 ans ou depuis la seconde moitié de la décennie 1990. Rien n'indique vraiment non plus que l'importance relative des emplois mal rémunérés, c'est à-dire commandant un salaire horaire de moins de 10 $, s'est accrue dans ces deux périodes. Nous constatons, à l'instar des auteurs de nombreuses études antérieures, que l'écart salarial entre les jeunes travailleurs et les autres a nettement augmenté ces 20 dernières années, sans qu'évolue outre mesure l'écart correspondant entre les diplômés d'université et les autres travailleurs. Aspect plus important encore, nous pouvons voir que, à l'intérieur des tranches d'âge, les salaires des travailleurs nouvellement embauchés des deux sexes, c'est à-dire comptant deux ans d'ancienneté ou moins, ont beaucoup baissé par rapport à ceux des autres travailleurs. Ajoutons que, dans le secteur privé, la proportion de nouveaux travailleurs occupant des emplois temporaires est nettement en hausse, étant passée de 11 % en 1989 à 21 % en 2004. Chez les employés comptant un an d'ancienneté ou moins, la fréquence du travail temporaire est passée de 14% en 1989 à 25% en 2004. Enfin, la participation aux régimes de retraite a diminué chez les hommes de tout âge et chez les femmes de moins de 45 ans. Ensemble, ces constatations semblent indiquer que les entreprises canadiennes (anciennes et nouvelles) ont réagi à l'intensification de la concurrence intraindustrielle et étrangère en offrant moins en salaires à leurs nouveaux travailleurs, en multipliant les emplois temporaires et en mettant moins souvent à la disposition de leur personnel des régimes de retraite garantissant des prestations déterminées à l'heure de la retraite.

Numéro d'exemplaire : 2005239
Auteur(s) : Johnson, Anick; Morissette, René
FormatDate de sortieInformations supplémentaires
PDF26 janvier 2005