Productivité du travail, rémunération horaire et coût unitaire de main-d'oeuvre

Après avoir affiché une forte croissance de 0,8 % au premier trimestre de 2003, la productivité des entreprises s'est ensuite détériorée, affichant des baisses au deuxième et au quatrième trimestres et une croissance quasi-nulle au troisième trimestre. Si bien que pour l'ensemble de 2003, la productivité du travail a augmenté d'à peine 0,1 %, soit la plus faible augmentation annuelle depuis la baisse de 0,2 % enregistrée en 1996.

Du côté des entreprises américaines, la croissance trimestrielle de la productivité a ralenti au quatrième trimestre, progressant de 0,5 %. Il s'agit d'une croissance considérablement inférieure à celle de 2,1 % observée au troisième trimestre.

Malgré ce ralentissement, les entreprises américaines ont enregistré une forte croissance de 4,5 % de leur productivité pour l'ensemble de 2003, soit un rythme similaire au taux record de 4,9 % affiché en 2002. Une hausse de cette ampleur n'avait pas été observée depuis 1950.

Cela fait maintenant trois ans que la productivité des entreprises américaines dépasse celle des entreprises canadiennes. L'écart de croissance annuelle de productivité en faveur des États-unis s'est graduellement amplifié depuis 2001. En 2001, l'écart était de 1,1 point de pourcentage, de 3,0 points en 2002 et de 4,4 points de pourcentage en 2003. Cependant, il faut prendre note que ces écarts annuels de productivité sont fondés sur des données provisoires qui peuvent faire l'objet de révisions. Depuis 1998, les révisions apportées aux données provisoires ont généralement eu pour effet de réduire ces écarts.

Une croissance comparable de la production, mais une performance fort différente des marchés de l'emploi au Canada et aux États-Unis

Au quatrième trimestre, la production dans les entreprises canadiennes et dans les entreprises américaines s'est accrue au même rythme, soit de 0,9 %. Par ailleurs, le Canada a enregistré une croissance plus forte des heures travaillées qu'aux États-Unis, perpétuant la situation qui prévaut depuis le premier trimestre de 2001.

Les entreprises canadiennes ont plus que doublé leur production au quatrième trimestre, comparativement au taux de 0,4 % observé au troisième trimestre. Le redressement des exportations, qui avait diminué au cours des quatre trimestres précédents, est en grande partie à l'origine de la vigueur de la production au Canada.

La production des entreprises américaines est revenue à un rythme plus normal au quatrième trimestre de 2003, après avoir bondi de 2,5 % au troisième trimestre, affichant ainsi sa plus forte hausse trimestrielle depuis le premier trimestre de 1984. Cette décélération est attribuable au ralentissement de la croissance des dépenses des consommateurs et à l'accélération des importations.

La croissance des heures travaillées dans les entreprises canadiennes s'est chiffrée à 1,1 % au quatrième trimestre, soit plus du double du taux mesuré au troisième trimestre. En comparaison, les heures travaillées dans les entreprises américaines au quatrième trimestre ont maintenu le même rythme de progression qu'au troisième trimestre, la hausse n'atteignant que 0,4 %.

L'écart au chapitre de la croissance de la productivité entre le Canada et les États-Unis pour le quatrième trimestre est essentiellement attribuable à la performance différente des marchés du travail, compte tenu de la croissance identique de la production dans les deux pays.

La croissance de la productivité au Canada s'est nettement atténuée en 2003

En 2003, la croissance annuelle de la productivité s'est élevée d'à peine 0,1 % au Canada. En tenant compte de cette faible hausse, la croissance des trois dernières années s'est élevée en moyenne de 0,7 %, soit le quart du taux annuel moyen de 2,8 % enregistré au cours de la période de 1997 à 2000. De 1997 à 2000, le Canada a connu une forte croissance économique grâce en partie à l'intensification de l'utilisation des technologies de l'information et des communications.

Cette période de forte croissance de la productivité à la fin des années 1990 a été suivie d'un ralentissement en 2001, d'un léger redressement en 2002 et d'une stagnation en 2003. Durant la période de 2001 à 2002, les entreprises canadiennes ont été touchées par l'éclatement de la bulle des technos et par les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. En 2003, l'activité économique a été perturbée par une conjonction exceptionnelle d'événements ponctuels dont le SRAS, la maladie de la vache folle, la panne d'électricité en Ontario, les feux de forêt en Colombie-Britannique et l'ouragan Juan dans les Maritimes. En outre, la monnaie canadienne s'est appréciée rapidement face au dollar américain, ce qui a obligé les entreprises exportatrices à ajuster leurs opérations.

En 2003, la situation canadienne a contrasté avec celle des États-Unis au chapitre de la performance économique et du marché du travail. La productivité aux États-Unis en 2003 a bénéficié d'une production accrue et d'un nombre d'heures travaillées en baisse.

La production a augmenté de 1,5 % au Canada en 2003, ce qui est nettement inférieur au taux de 3,7 % enregistré aux États-Unis. Il s'agit de la plus forte croissance mesurée aux États-Unis depuis 2000, soit avant que n'éclate la bulle spéculative des technos. Elle représente également la meilleure performance observée en matière de production aux États-Unis par rapport au Canada depuis 1999.

Parallèlement, la meilleure performance de la productivité aux États-Unis en 2003 est en partie attribuable à la réduction des heures travaillées. En 2003, les heures travaillées ont crû au rythme de 1,5 % au Canada alors qu'elles ont reculé de 0,8 % aux États-Unis.

En 2003, l'appréciation prononcée du dollar canadien s'est soldée par un élargissement de l'écart des coûts du travail en faveur des États-Unis

Sur une base annuelle, la croissance de la rémunération horaire dans les entreprises canadiennes s'est élevée à 1,2 % en 2003, poursuivant ainsi sa tendance à la baisse entamée en 2001. Du côté des entreprises américaines, la rémunération horaire a progressé de 3,3 % en 2003, à la suite d'une hausse de 2,2 % en 2002.

La croissance annuelle du coût unitaire de main-d'oeuvre au Canada a ralenti au cours des deux dernières années. Elle s'est chiffrée à 1,0 % en 2003 et à 0,9 % en 2002, ce qui constitue un net ralentissement par rapport au taux de 3,2 % enregistré en 2001. Aux États-Unis, les coûts unitaires ont reculé de 1,1 % en 2003.

Mesurés en dollars américains, les coûts unitaires de main-d'oeuvre au Canada se sont accrus considérablement en 2003, tandis que ceux des États-Unis ont reculé. De 2002 à 2003, le dollar canadien ayant vu sa valeur augmenter de près de 10,8 % par rapport à celle du dollar américain, l'écart en ce qui a trait aux coûts unitaires entre les deux pays a continué de se creuser nettement en faveur des États-Unis. Les coûts unitaires de main-d'oeuvre au Canada, mesurés en dollars américains, ont fait un bond de 13,3 % en 2003, alors que les États-Unis ont affiché un recul de 1,1 %.

Les révisions récentes des chiffres de productivité aux États-Unis n'ont eu aucun impact sur l'écart entre le Canada et les États-Unis

Les États-Unis ont publié en février dernier leurs révisions annuelles des estimations de la productivité du travail afin d'incorporer celles des Comptes nationaux américains du Bureau of Economic Analysis. La semaine dernière, les données américaines ont également été révisées jusqu'en 1999 afin d'incorporer l'ajustement aux repères annuels des heures travaillées.

Au cours de la période allant de 1987 à 2002, la croissance annuelle moyenne de la productivité n'a pas été touchée par l'ensemble de ces révisions. L'écart annuel moyen de la croissance de la productivité qui était favorable aux États-Unis demeure donc identique à celui publié avant la révision.

Pour les années récentes, en revanche, les révisions ont eu pour effet d'augmenter la croissance de la productivité du travail aux États-Unis en 1999 et en 2001, et de la réduire en 2000 et 2002. L'ampleur des révisions oscillait de 0,2 % à 0,6 %. Cependant, ces révisions n'ont entraîné aucun changement à moyen terme puisque la croissance annuelle moyenne de la productivité pour la période de 1996 à 2002 se situe toujours à 2,9 %, soit un taux supérieur à celui de 2,3 % enregistré au Canada durant la même période.

Données stockées dans CANSIM : tableaux 383-0008 et 383-0012.

Définitions, source de données et méthodes : numéro d'enquête 5042.

Pour obtenir une analyse plus détaillée de la parution d'aujourd'hui sur la productivité, de même que des graphiques et des tableaux additionnels, consultez le numéro du troisième trimestre de 2003 de la Revue trimestrielle des comptes économiques canadiens (13-010-XIF, gratuite) qui est accessible en ligne. À la page Nos produits et services, sous Parcourir les publications Internet choisissez Gratuites, puis Comptes nationaux.

Pour plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Jean-Pierre Maynard au (613) 951-3654 (maynard@statcan.gc.ca), Division de l'analyse microéconomique. Télécopieur : (613) 951-3292.