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Étude : Effet de l'immigration sur les marchés du travail au Canada, au Mexique et aux États-Unis

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Le Quotidien


Le vendredi 25 mai 2007

Selon une nouvelle étude, l'immigration tendrait à faire diminuer les salaires au Canada et aux États-Unis. Toutefois, on a constaté que les effets de l'immigration sur les salaires des travailleurs nationaux dépendaient en grande partie de la compétence collective des nouveaux arrivants.

Une proportion sensiblement plus élevée d'immigrants au Canada est constituée de travailleurs hautement qualifiés. En 2001, environ 4 personnes sur 10 ayant suivi une formation supérieure au diplôme de premier cycle universitaire étaient des immigrants au Canada, comparativement à environ 1 personne sur 5 aux États-Unis. Par conséquent, cette situation a eu pour effet de réduire la croissance des gains des Canadiens les plus instruits en comparaison des moins instruits, selon l'étude.

Aux États-Unis, c'est cependant le contraire qui est survenu. Une proportion sensiblement plus élevée d'immigrants aux États-Unis était constituée de travailleurs beaucoup moins qualifiés. Ces nouveaux arrivants ont donc fait diminuer les gains des Américains peu rémunérés et ont fait croître l'écart avec les travailleurs les mieux payés.

Au Canada, l'immigration a limité la tendance vers une plus grande inégalité des gains, mais aux États-Unis, elle l'a exacerbée.

L'étude, qui est fondée sur les données du recensement liées à la main-d'oeuvre entre 18 et 64 ans de chacun des pays, examinait les effets de l'immigration sur le marché du travail de chacun des pays.

Entre 1980 et 2000, l'immigration a fait croître la main-d'oeuvre masculine de 13,2 % au Canada et de 11,1 % aux États-Unis, selon l'étude. Cependant, le Mexique a subi une perte de 14,6 % de la taille de sa main-d'oeuvre masculine potentielle.

Relation inverse entre les changements provoqués par l'immigration à l'offre de main-d'oeuvre et aux salaires

Une des questions centrales de l'économie de l'immigration concerne les effets sur le marché du travail des pays de départ ou d'arrivée des immigrants.


Note aux lecteurs

Les données utilisées dans la présente étude sont tirées des recensements canadiens, mexicains et américains, et l'analyse est limitée à la main-d'oeuvre masculine de 18 à 64 ans. L'étude utilise tous les fichiers de microdonnées des recensements canadiens effectués aux cinq ans entre 1971 et 2001. Chacun de ces fichiers représente un échantillon de 20 % de la population canadienne, sauf dans le cas du fichier de 1971 qui représente un échantillon de 33,3 %.

Les données utilisées pour étudier le marché du travail américain proviennent des fichiers des recensements décennaux américains de 1960 à 2000, au sein desquels le fichier de 1960 représente un échantillon de 1 % de la population, celui de 1970, un échantillon de 3 %. Les fichiers de 1980 à 2000 représentent chacun des échantillons de 5 %.

L'analyse du marché du travail mexicain utilise des échantillons des Integrated Public Use Microdata Samples (IPUMS) de 1960, de 1970, de 1990 et de 2000 du recensement décennal mexicain. Aucun échantillon de microdonnées n'était disponible pour 1980, car les principaux dossiers ont été détruits dans un tremblement de terre. Le fichier de 1960 représente un échantillon de 1,5 % de la population mexicaine; le fichier de 1970 représente un échantillon de 1 %; le fichier de 1990 représente un échantillon de 10 % et le fichier de 2000 représente un échantillon de 10,6 %.

L'analyse est axée sur les gains hebdomadaires corrigés pour tenir compte de l'inflation. Les compétences collectives des différentes populations sont évaluées selon leur niveau de scolarité et leur expérience.


Une des principales découvertes de cette étude était une relation inverse importante, statistiquement significative et assez comparable des changements provoqués par les immigrants dans l'offre de main-d'oeuvre et les salaires de chacun des trois pays.

Dans tous les cas, chaque variation de 10 % de l'offre de main-d'oeuvre provoquée par l'immigration correspondait à une variation de 3 % à 4 % des gains hebdomadaires dans la direction opposée.

Cependant, comme l'étude l'a montré, la compétence collective est un facteur à considérer, et c'est à cause d'elle que les salaires réels hebdomadaires ont diminué dans des groupes différents de chacun des pays.

Les États-Unis et le Canada sont les deux principaux pays hôtes pour les immigrants en Amérique du Nord, alors que le Mexique est un pays source d'immigrants qui partent pour la plupart vers les États-Unis.

C'est pourquoi, alors que les données recueillies aux États-Unis et au Canada montrent les effets de l'immigration sur les gains dans les pays hôtes, le Mexique présente une image inverse des effets de l'émigration dans un pays source d'immigrants.

Au Mexique, l'émigration a mené à une réduction de l'offre de main-d'oeuvre et, par conséquent, à une augmentation des gains. L'étude montre que l'effet sur les salaires accordés aux Mexicains était presque identique en ce qui a trait à son importance, bien que le changement allait en sens inverse. Une diminution de 10 % de la disponibilité de la main-d'oeuvre aurait provoqué une augmentation des salaires de 3 % à 4 %. Les effets de l'émigration sur les gains des personnes qui demeurent au Mexique dépendent également des qualifications professionnelles des personnes qui quittent le pays.

Les différences de qualifications professionnelles sont le résultat des politiques d'immigration

Les différences de qualifications professionnelles entre le Canada et les États-Unis sont liées à des différences dans les politiques d'immigration au cours des quatre décennies passées.

Les politiques d'immigration canadiennes depuis les années 1960 ont favorisé l'arrivée de travailleurs hautement qualifiés au pays. Au cours de la même période, la politique d'immigration américaine était axée sur la réunion des familles, laquelle a mené à un nombre disproportionné d'immigrants peu qualifiés.

Une immigration illégale importante aux États-Unis depuis 1965 (environ 10,3 millions de personnes jusqu'en 2005), dont plus de la moitié proviendrait du Mexique, a également contribué à la tendance pour les travailleurs immigrants aux États-Unis d'être moins qualifiés que ceux qui entrent au Canada.

De plus, l'immigration aux États-Unis a entraîné la croissance de la disponibilité de jeunes travailleurs, alors que la situation contraire a été observée au Canada.

Selon cette étude, l'immigration a joué un rôle dans la diminution de 7 % des salaires réels hebdomadaires des travailleurs qui ont suivi une formation au delà du diplôme de premier cycle universitaire au Canada entre 1980 et 2000. Pendant cette période, la part d'immigrants parmi tous les travailleurs qui ont suivi une formation au delà du diplôme de premier cycle universitaire au Canada s'est accrue. Entre les recensements de 1986 et de 2001, cette proportion est passée de 32,5 % à 38,2 %.

L'étude montre également qu'à long terme, les gains des travailleurs peu qualifiés au Canada se sont rapprochés de ceux des travailleurs hautement qualifiés. Cette situation est non seulement provoquée par la réduction des pressions à la hausse sur les gains des travailleurs hautement qualifiés liée aux proportions inégales et plus importantes d'immigrants hautement qualifiés au Canada, mais également par la réduction de la proportion de travailleurs peu qualifiés au sein de la main-d'oeuvre.

Le résultat net est que les effets liés à la migration sur la disponibilité de la main-d'oeuvre au Canada ont favorisé la réduction des inégalités des gains mesurés entre les travailleurs peu qualifiés et les travailleurs hautement qualifiés. L'écart de 38 % entre les gains hebdomadaires de ceux qui ont quitté l'école au secondaire et ceux qui possèdent un diplôme universitaire a augmenté pour se situer à près de 45 % entre 1980 et 2000. Sans immigration, l'étude estime que cet écart aurait été de 49 %.

La situation du marché du travail américain est différente. Comme la tendance des effets de l'offre de main-d'oeuvre d'immigrants aux États-Unis est concentrée chez les travailleurs peu qualifiés, ce sont les gains des travailleurs des groupes les moins qualifiés qui ont été réduits.

Combinée à un effet de ralentissement plus petit de l'immigration sur les gains des travailleurs hautement qualifiés (lesquels ont vu leurs gains hebdomadaires réels croître de 20 % aux États-Unis entre 1980 et 2000), l'immigration a favorisé une croissance de l'inégalité des salaires aux États-Unis entre les travailleurs peu qualifiés et les travailleurs hautement qualifiés au cours de la même période.

Au Mexique cependant, les taux d'émigration sont les plus élevés au centre de l'échelle de distribution des compétences et plus faibles aux extrémités.

La migration internationale a donc fait croître les salaires relatifs au centre de l'échelle de distribution des compétences mexicaine et a fait diminuer les salaires relatifs aux extrémités.

De façon paradoxale, la migration à grande échelle des travailleurs du Mexique a en fait légèrement réduit le salaire relatif des travailleurs peu qualifiés qui sont demeurés au pays.

Cependant, la plupart de ces effets sont peu importants comparativement aux changements réels des salaires et ne représentent pas la principale explication de l'évolution de l'inégalité des gains dans ces trois pays.

Un résumé du document de recherche «L'incidence de l'immigration sur les marchés du travail au Canada, au Mexique et aux États-Unis», qui fait partie de la publication Le point : études sur la famille et le travail, hiver 2007 (89-001-XWF, gratuite), est offert à partir du module Publications de notre site Web. Une copie complète du document de recherche est offerte, en anglais seulement, à l'adresse (http://papers.nber.org/papers/w12327).

Pour obtenir plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Miles Corak au 613-951-9047, Division des études sur la famille et le travail.