Parlons productivité

18 décembre 2013

Informations archivées

Les informations archivées sont fournies aux fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elles ne sont pas assujetties aux normes Web du gouvernement du Canada et n'ont pas été modifiées ou mises à jour depuis leur archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

Lorsque John Baldwin, expert en productivité de StatCan, fait un exposé sur la productivité, il est toujours conscient que son public perçoit ce sujet de deux façons différentes.

Pour la plupart des gens, la productivité a la connotation de « travailler plus fort ». Peu après le début du vingtième siècle, alors que les chaînes de montage ont fait leur apparition pour produire nos voitures et nos appareils ménagers, la productivité est devenue synonyme de travail acharné et fastidieux dans l'imagination collective. Pensez au film Les Temps modernes où Charlie Chaplin jouait le rôle de Monsieur Tout-le-Monde, coincé dans la machine industrielle.

Toutefois, pour les économistes et les statisticiens, la productivité est avant tout une question de production judicieuse. En termes simples, la productivité est une mesure de l'efficacité avec laquelle les intrants sont transformés en extrants. Le secteur des entreprises transforme-t-il ses intrants en extrants d'une manière relativement efficace? Bref, la productivité rejoint des concepts larges comme l'investissement en capital et l'évolution technologique.

La conciliation des deux interprétations du public constitue un des aspects qui rendent le travail intéressant. L'autre aspect consiste à trouver un consensus dans les milieux économiques sur la façon dont le concept devrait être mesuré, ce qui comporte son lot de difficultés. « La seule chose sur laquelle les économistes s'entendent parfaitement est que la productivité doit être calculée », dit M. Baldwin. « Une discussion en cours est menée pour déterminer quelles méthodes devraient être utilisées, comment les approches existantes pourraient être améliorées, dans quelle mesure elles devraient être normalisées à l'échelle internationale et si Statistique Canada a adopté la meilleure approche. »

En fait, l'équipe sur la productivité de StatCan se considère comme un groupe de recherche-développement qui met constamment à l'essai ses hypothèses et qui cherche toujours à améliorer sa méthodologie. « Il nous incombe de nous comporter avec professionnalisme en documentant ce que nous faisons, en expliquant pourquoi des parcours particuliers ont été choisis et en consultant les membres de la profession. »

Transformation des intrants en extrants

À Statistique Canada, la productivité se mesure de différentes façons. La publication Comptes de la productivité renferme des résumés simples sur les différentes statistiques produites.

Les statistiques sur la productivité les plus souvent mentionnées concernent la productivité du travail, définie comme le PIB produit en fonction des heures travaillées. Ces statistiques sont importantes parce que la croissance de la productivité du travail suit de près la croissance du taux de rémunération réel, c'est-à-dire la croissance du taux de rémunération ajusté pour tenir compte des variations des prix à la consommation.

La productivité peut également se mesurer par la productivité énergétique, c'est-à-dire la quantité d'énergie consommée pour créer chaque produit, ou par la productivité du capital, mesurée par la quantité de PIB produit par unité de capital.

Une mesure plus complexe produite à Statistique Canada est la productivité multifactorielle. Dans ce cas, les intrants tels que le travail, le capital et l'énergie sont regroupés et font l'objet de calculs complexes (régressions, analyse multivariée, hypothèses et estimations) afin de produire une mesure d'intrants multiples du processus de production (travail, capital, énergie, services et matières intermédiaires). Les mesures de la productivité multifactorielle sont importantes parce qu'elles permettent une analyse des changements sous-jacents dans l'économie qui surviennent à tous les stades du processus de production. Ainsi, les analystes peuvent mieux comprendre les forces qui stimulent la croissance.

Autres mesures

Selon M. Baldwin, un message clé à retenir est que la productivité n'est qu'une des nombreuses mesures produites par StatCan que les économistes utilisent pour examiner l'économie. Le débat sur la productivité s'articule presque toujours autour de l'amélioration du bien-être des Canadiens. Or, d'après les experts, la productivité n'est qu'un morceau du casse-tête qui doit être pris en compte en vue d'une analyse exhaustive de cette question. Les statistiques sommaires sur la productivité devraient être considérées en parallèle avec d'autres données pouvant tempérer les conclusions tirées exclusivement d'une mesure de la productivité.

Graphique 1 : Tendance du PIB réel, du nombre d'heures travaillées et de la productivité du travail, secteur des entreprises

Description du graphique 1

Par exemple, les résultats d'un pays en matière de productivité peuvent sembler mitigés, alors que le revenu intérieur brut s'accroît à un rythme rapide, ce qui est le cas depuis 2000. Parfois, une ou deux industries en baisse peuvent réduire la productivité générale, alors que, dans la plupart des autres industries, la croissance de la productivité est saine.

À certains égards, cette mise en garde s'applique également aux comparaisons internationales. D'autres pays sont reconnus comme ayant une productivité plus robuste que le Canada. Toutefois, les choses ne sont pas toujours ce que l'on pourrait croire à première vue, explique M. Baldwin.

Dans l'ensemble, la productivité au Canada s'est accrue à un taux moyen de 0,76 % de 2000 à 2012, comparativement à 2,32 % pour les États-Unis.

Graphique 2 : Rendement économique du Canada par rapport aux États-Unis

Description du graphique 2

Cela dit, il ne faut pas oublier que les systèmes statistiques du Canada et des États-Unis, bien que semblables, ne sont pas parfaitement comparables. Un récent projet de recherche de StatCan consistait à corriger les données sur la productivité du travail au Canada pour les rendre directement comparables aux données des États-Unis. Lorsque l'on considère uniquement les grandes entreprises, l'écart du niveau de la productivité du travail disparaît en grande partie.

En faisant de la recherche une importante composante de son mandat, StatCan travaille fort pour incorporer, dans ses programmes, les idées les plus avancées. La consultation de professionnels qui utilisent nos statistiques, en particulier ceux qui posent les questions difficiles, est un aspect important du processus.

Le mois prochain : Plans d'anniversaire

Connectez-/inscrivez-vous pour publier un commentaire.

Veuillez prendre note que les commentaires sont modérés. Les commentaires peuvent prendre un certain temps avant d’apparaître en ligne. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter nos règles de participation.