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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Janvier 2005

Étude spéciale

L’écart de production entre le Canada et les États-Unis : Le rôle de la productivité
(1994-2002)

par J. Baldwin et J.-P. Maynard*

Introduction

Les comparaisons de l’économie du Canada et de celle des États-Unis visent plusieurs objectifs. D’une part, les analystes veulent savoir si le Canada s’en tire aussi bien que les États-Unis sur le plan des divers biens et services produits par habitant. D’autre part, ils se demandent si le Canada est aussi efficace que les États-Unis pour ce qui est de la transformation des ressources utilisées dans le processus de production de biens et services.

Il est difficile d’obtenir les réponses à ces deux questions étant donné la taille et la diversité de l’économie de l’un et l’autre pays. Le Canada et les États-Unis produisent tous deux une variété de biens et services et les comparaisons entre les deux pays exigent la création d’une seule ou d’un petit nombre de statistiques sommaires qui reflètent les différences entre eux.

Dans le présent document, nous utilisons deux mesures distinctes mais interreliées pour examiner les différences entre les deux pays dans la quantité de production et les écarts de productivité entre 1994 et 2002 et pour déterminer les liens entre elles. Nous visons non seulement à décrire les différences entre le Canada et les États-Unis mais à déterminer si les deux mesures brossent un même tableau. Nous montrons que ce n’est pas le cas et nous expliquons pourquoi.

Le cadre

De nombreux analystes utilisent des mesures du PIB comme statistique sommaire puisqu’il regroupe une vaste gamme de biens et services en une seule valeur, en utilisant les prix du marché comme facteur d’agrégation.1 En outre, pour tenir compte des différences sur le plan de la population entre les deux pays, ils divisent le PIB par une estimation de la population de manière à obtenir le PIB par habitant.

Par contre, on mesure souvent l’efficacité d’une économie en utilisant une statistique sommaire calculée comme étant la taille du PIB par rapport au volume de travail utilisé pour la production. L’intrant travail est mesuré le plus souvent sous forme de nombre d’heures travaillées. La statistique sommaire utilisée est donc le PIB par heure travaillée.

Ces deux mesures sont souvent utilisées de façon interchangeable. Certains observateurs utilisent le PIB par tête comme indicateur de l’efficacité ou de la productivité. D’autres utilisent la production par travailleur comme indicateur de notre niveau de vie. Cependant, si les taux de croissance de la productivité jouent un rôle essentiel dans l’évolution de notre niveau de vie, ils ne sont pas le seul facteur qui entre en cause.

Nous avons signalé précédemment que, même si les variations entre les deux sont corrélées, on peut constater d’importantes divergences à court terme (Wells, Baldwin et Maynard, 1999). La croissance de la productivité n’est pas toujours parfaitement corrélée aux salaires ou aux bénéfices. Un gestionnaire sait qu’il peut accroître l’efficacité mais que, si le prix qu’il touche baisse, ses bénéfices peuvent diminuer et il peut se voir obligé de verser des salaires plus faibles. Il peut en être de même pour un pays. Le Canada peut produire des ressources telles que le pétrole ou le nickel plus efficacement que d’autres pays, mais si les prix à l’exportation chutent, les bénéfices et les salaires peuvent stagner. De la même manière, le prix d’une marchandise peut faire bondir les prix ou améliorer rapidement les bénéfices sans engendrer d’accélération de la croissance de la productivité.

Les statistiques sommaires sur lesquelles porte la discussion de ces deux questions sont différentes mais interreliées, comme le montre l’équation

PIB/Pop=(PIB/Heures)*(Heures/Emp)*(Emp/Pop)

où PIB représente le produit intérieur brut
   Pop représente la population
   Heures représente les heures travaillées
   Emp représente le nombre d’emplois ou l’emploi.

Cette équation montre que le PIB par habitant est égal au produit de la productivité du travail (PIB/Heures ou PIB/nombre d’heures travaillées), de l’effort (le nombre d’heures travaillées par emploi (ou par employé)) et le taux d’emploi (le ratio du nombre d’employés (ou d’emplois) à la population totale) Nous pouvons réécrire l’équation comme suit :

PIBCAP=PROD*EFFORT*EMP

La quantité disponible pour la consommation par personne dans un pays (PIBCAP) est plus grande lorsque la productivité (PROD) est plus élevée, lorsque les employés travaillent de plus longues heures (EFFORT) et lorsqu’une plus grande proportion de la population est occupée (EMP).

Dans Wells, Baldwin et Maynard (1999), nous montrons que la croissance de la productivité au Canada a été très similaire durant la période 1979-1988 et la période 1988-1997, mais que la croissance du PIB par habitant a varié considérablement au cours des deux périodes. Malgré les similarités sur le plan de la croissance de la productivité du travail au cours des deux périodes, la croissance du PIB par habitant était beaucoup plus élevée durant la première période en raison de la croissance positive de la variable EMP (la proportion de la population occupée) durant la première période suivie d’une baisse au cours de la deuxième période.

Le niveau relatif du PIB par habitant et de la productivité du travail peut également varier d’un pays à l’autre, pour des raisons fort semblables. Pour l’illustrer, notons que la comparaison du PIB par habitant entre le Canada et les États-Unis peut être divisée en plusieurs composantes.

PIBCAPcan/PIBCAPus=[PRODcan/PRODus]
*[EFFORTcan/EFFORTus]*[EMPcan/EMPus]

Des différences sur le plan du PIB par habitant existeront alors s’il y a des différences sur le plan de la productivité, de l’effort et du taux d’emploi. Seule la première composante saisit les différences de productivité. Les deux dernières composantes saisissent des aspects du marché du travail. Les différences quant au nombre d’heures travaillées par employé tiennent à des différences en ce qui a trait à la demande de main-d’œuvre, à la mesure dans laquelle la main-d’œuvre est disposée à travailler de plus longues heures ou aux règlements. Par exemple, la France a adopté une loi limitant à 35 le nombre d’heures pouvant être travaillées par semaine. Les différences sur le plan des taux d’emploi entre les deux pays tiennent aux différences sur le plan de la santé économique des deux pays ainsi qu’à leurs caractéristiques démographiques. Dans les pays où le taux de natalité est à la baisse, un pourcentage plus élevé de la population totale sera compris initialement dans les groupes de personnes en âge de travailler selon la définition qui en est donnée.

Les données empiriques

Dans la présente section, nous examinons les différences de niveau de PIB par habitant entre le Canada et les États-Unis et les différences de productivité du travail vers la fin des années 1990. Nous cherchons également à déterminer dans quelle mesure la différence de PIB par habitant entre le Canada et les États-Unis vers la fin des années 1990 est attribuable aux différences de productivité.

Pour comparer le Canada et les États-Unis selon ces dimensions, nous examinons l’ensemble de l’économie de l’un et l’autre pays. Par conséquent, nous combinons le secteur des entreprises, le secteur des administrations publiques et le secteur à but non lucratif pour obtenir des mesures du PIB.

Nous avons tiré les données sur les heures travaillées et le nombre d’emplois d’une étude à paraître portant sur les niveaux de productivité relatifs des deux pays (Baldwin, Maynard, Tanguay, Wong et Yan, 2004)2. Pour les programmes de mesure de la productivité au Canada et aux États-Unis, Statistique Canada et le Bureau of Labour Statistics utilisent des méthodologies différentes pour calculer les heures travaillées. Ces différences ne sont pas très importantes pour les comparaisons de la croissance de la productivité entre les deux pays. Elles le sont toutefois pour les comparaisons de niveaux. Par conséquent, pour les comparaisons de niveaux, nous avons réestimé les données américaines sur les heures et les emplois selon la méthodologie canadienne.3

Aux fins de notre comparaison, nous divisons la variable effort en heures travaillées par emploi et nombre d’emplois par membre potentiel de la population active. La population active potentielle est définie comme étant celle des personnes de 15 ans et plus. Même si l’on pourrait soutenir que les personnes âgées devraient être exclues de cette définition, il est difficile de choisir un âge particulier (p. ex. 65 ans) auquel une personne est désignée arbitrairement comme étant inemployable. Le choix d’une limite inférieure est facilité par les exigences minimales en matière de scolarité prévues.

Les estimations du PIB sont tirées d’estimations officielles. L’un et l’autre pays se conforment de façon générale aux normes internationales. Les petites différences relevées ne posent pas un problème majeur pour les comparaisons entre les deux pays.4

Pour les comparaisons du PIB au Canada et aux États-Unis, il nous faut choisir un déflateur qui nous permet de comparer des estimations produites en différentes devises. Aux fins de la présente étude, nous utilisons les indices de parité de pouvoir d’achat produits par Statistique Canada pour comparer les dépenses entre les pays (Statistique Canada, 2002). Alors que cette mesure est plutôt imparfaite, plusieurs variantes ont tendance à accroître la valeur de la productivité du travail du Canada par rapport à celle des États-Unis. Par souci de simplicité, nous n’utilisons ici que l’estimation traditionnelle.

Nous calculons les ratios nécessaires au cours de la période 1994-2002 et nous les présentons au tableau 1. Ils comprennent le PIB par habitant, la productivité du travail, l’effort et les taux d’emploi au Canada et aux États-Unis. Nous divisons l’effort en deux composantes, le nombre d’heures par emploi et le nombre d’emplois par membre potentiel de la population active (15 ans et plus).

Tableau 1: Chiffres relatifs Canada/États-Unis

Année PIB par habitant Productivité du travail Heures travaillées par emploi Emplois par rapport à la population* active Population en âge de travailler* par rapport à la population Heures travaillées par habitant
1994 82,2 93,1 95,3 90,9 101,9 88,3
1995 82,7 94,0 95,4 90,4 102,0 88,0
1996 81,9 93,9 95,.3 89,6 102,1 87,2
1997 81,5 93,7 94,9 89,6 102,3 86,9
1998 82,4 94,4 94,7 90,0 102,4 87,3
1999 82,8 93,6 94,.6 91,0 102,7 88,4
2000 84,8 95,8 93,9 91,6 102,9 88,5
2001 85,6 95,6 93,9 92,4 103,1 89,5
2002 86,2 93,8 93,5 95,3 103,2 91,9
             
Moyenne 83,3 94,2 94,6 91,2 102,5 88,5
* Âgée de 15 ans et plus

Au cours de la période étudiée, le PIB par habitant au Canada s’est situé en moyenne à 83,3 % seulement de celui aux États-Unis (figure 1). L’écart de production entre les deux pays était de 17,7 % du PIB américain par habitant. Toutefois, l’écart sur le plan de la productivité du travail était nettement inférieur, celle-ci s’établissant à 5,8 % des États-Unis. En fait, la différence de productivité du travail représentait 33 % de l’écart total en pourcentage sur le plan du PIB par habitant entre les deux pays5. Autrement dit, si l’effort était le même dans l’un et l’autre pays, environ deux tiers de la différence de PIB par habitant disparaîtrait.

Figure 1

La plus grande partie de la différence sur le plan du PIB par habitant tient à des différences sur le plan du facteur travail (heures travaillées par habitant dans l’un et l’autre pays). Les heures travaillées par habitant au Canada correspondaient à 88,5 % seulement des heures travaillées par habitant aux États-Unis. Nous pouvons décomposer cette variable en trois composantes, soit les différences dans les heures travaillées par emploi, la différence dans le nombre d’emplois par membre potentiel de la population active et le ratio de la population active potentielle à la population totale.

Nous observons des différences considérables entre le Canada et les États-Unis sur chacun des deux premiers plans. Les heures travaillées par emploi au Canada correspondent à 95 % seulement de celles aux États-Unis. Les emplois par membre potentiel de la population active correspondent à 91 % de ceux aux États-Unis. Ainsi, la principale raison pour laquelle le Canada a un PIB par habitant inférieur à celui des États-Unis tient à ce que les personnes qui travaillent font moins d’heures de travail par emploi et au fait que les Canadiens sont moins susceptibles d’occuper un emploi. Ce n’est pas principalement parce que le Canada est moins productif.

L’évolution de chacune de ces variables au cours de la période 1994-2002 est représentée graphiquement à la figure 2. Le PIB par habitant a augmenté au cours de la période, passant de 82 % à 86 %. La productivité du travail, toutefois, est demeurée stable, à près de 94 %. La hausse du PIB par habitant au Canada, relativement aux États-Unis, était attribuable à la progression des heures travaillées. Le ratio Canada/États-Unis du nombre d’heures travaillées par habitant est passé de 87 % en 1997 à un sommet de 92 % en 2002. L’augmentation du PIB par habitant était attribuable principalement aux augmentations du taux d’emploi. Le ratio Canada/États-Unis du nombre d’emplois occupés à la population de plus 15 ans est passé de 88 % à 92 % au cours de la période.

Figure 2

Conclusion

La principale raison expliquant les différences du PIB par habitant entre le Canada et les États-Unis vers la fin des années 1990 n’est pas la productivité du travail mais plutôt les heures travaillées par habitant. L’écart s’est réduit depuis le milieu des années 1990 mais non pas en raison de l’amélioration de la productivité, mais à cause de la progression du nombre d’heures travaillées au Canada par rapport aux États-Unis. Ceci s’est produit à cause de l’accroissement légèrement plus marqué du nombre d’emplois au Canada.

Annexe

Nous utilisons le nombre d’emplois pour calculer les taux d’emploi dans le corps du texte parce que c’est le concept défini dans le Système de comptabilité nationale comme étant le concept du travail qu’il convient d’utiliser en conjugaison avec les concepts du revenu national. Nous avons adopté cette norme aux fins de comparabilité internationale.

On utilise parfois comme mesure de rechange le nombre de personnes qui occupent un emploi ou le nombre de personnes occupées. Nous calculons cette mesure à partir de nos bases de données rapprochées Canada/ États-Unis. Nous présentons les résultats au tableau A1.

Tableau A1 : Autres décompositions utilisant les chiffres relatifs Canada/États-Unis

Année PIB par habitant Productivité du travail Heures travaillées par employé Emplois par rapport à la population active potentielle Population active potentielle par rapport à la population Heures travaillées par habitant
1994 82,2 93,1 94,3 91,9 101,9 88,3
1995 82,7 94,0 94,1 91,7 102,0 88,0
1996 81,9 93,9 94,3 90,6 102,1 87,2
1997 81,5 93,7 93,9 90,5 102,3 86,9
1998 82,4 94,4 93,9 90,8 102,4 87,3
1999 82,8 93,6 94,0 91,6 102,7 88,4
2000 84,8 95,8 93,4 92,1 102,9 88,5
2001 85,6 95,6 93,5 92,9 103,1 89,5
2002 86,2 93,6 93,3 95,4 103,2 91,9
             
Moyenne 83,3 94,2 93,9 91,9 102,5 88,5

Nous avons obtenu les résultats présentés ici en calculant le nombre d’emplois à partir de l’EPA pour le Canada mais à partir de la CES pour les États-Unis. D’autres chercheurs utilisent les estimations des emplois tirées de la CPS aux États-Unis.

Une étude connexe (Baldwin et coll., 2005) décrit en détail les différences entre la CES et la CPS aux États-Unis. À notre avis, il est préférable d’utiliser les estimations de l’EPA au Canada et celles de la CES aux États-Unis ajustées par des estimations tirées de la CPS pour tenir compte des catégories non saisies par la CES et ainsi produire des estimations comparables des emplois. L’EPA canadienne produit l’estimation la plus complète des emplois au Canada et elle est considérée par les autorités statistiques comme la meilleure source de données sur l’emploi total. Il n’en est pas de même pour les États-Unis. Dans le cadre de la CPS, les données ont été lentes à être étalonnées d’après les estimations de population tout au long des années 1990 et les estimations de la CPS sont systématiquement inférieures à celles de la CES.

Bibliographie

Baldwin, J.R. J.-P. Maynard, M. Tanguay, F. Wong, and B. Yan. 2005. Une Comparaison des niveaux de productivité canadien et américain: une Exploration des problèmes de mesures. Analyse Économique Série Recherche (à paraître). Ottawa: Statistique Canada.

Maynard, J.-P. 2004. Mesure annuelle du volume de travail cohérente avec le SCN : l’expérience canadienne, Document présenté à la rencontre annuelle du Groupe de Paris à Lisbonne, Portugal en Septembre 2004.

Statistique Canada. 2002. Parités de pouvoir d’achat et dépenses réelles, États-Unis et Canada, 1992-2001. Système des Comptes Nationaux. No 13-604 au catalogue. Ottawa.

Wells, S., J.R. Baldwin, et J.-P. Maynard. 1999. “Croissance de la productivité au Canada et aux États-Unis,” L’Observateur Économique Canadien, Septembre 1999.

Études spéciales récemment parues



Notes

* Directeur, division de l’analyse microéconomique (613) 951-8588 ou baldjoh@statcan.ca.

1. Elle peut comprendre ainsi d’autres comparaisons, par exemple de la répartition du revenu ou du volume de biens particuliers comme les soins de santé. Dans le présent document, nous nous en tenons à la mesure du PIB seulement, soit une mesure de l’ensemble des biens et services produits par l’économie.
2. Le nombre de personnes occupées représente une autre mesure de l’intrant travail. Les résultats obtenus à l’aide de ce numéraire plutôt que du nombre d’emplois sont présentés au tableau A1 en annexe.
3. Voir Baldwin et coll., 2005.
4. Il y a des différences dans des industries spécifiques qui doivent être prises en compte quand des comparaisons sont détaillées au niveau des industries.
5. Comme l’indiquera l’étude à paraître (Baldwin et coll., 2005), la différence réelle entre les niveaux de productivité est probablement inférieure à l’estimation utilisée ici.



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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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