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11-010-XIB
L'Observateur économique canadien
Février 2008

Étude spéciale

À la trace du commerce à valeur ajoutée : contenu des exportations en intrants

par P. Cross and Z. Ghanem*

Introduction

En 1999, L’OÉC a publié la première étude sur le contenu importé des exportations au Canada1, qui a été suivie d’une mise à jour en 20022. Selon ces études, au cours des années 1990, les entreprises canadiennes ont réorganisé leurs procédés de production en vue d’utiliser plus de produits importés. Les fabricants, surtout ceux des secteurs de l’automobile et de la haute technologie, étaient les chefs de file de cette évolution mais le mouvement était omniprésent. Toutefois, à la fin de la décennie, le recours aux importations a commencé de ralentir, en partie parce que la faiblesse du taux de change faisait grimper leur coût.

L’utilisation accrue de produits importés a d’importantes incidences. Elle témoigne de la tendance croissante des entreprises à externaliser une partie de leur production dans le but de réduire les coûts3. Cette mondialisation de la production a également modifié la performance de l’économie canadienne au cours du cycle d’affaires. Pour la toute première fois, les importations ont augmenté durant une récession (au début des années 1990), tandis que les répercussions de la récession américaine de 2001 sur nos exportations ont été amorties davantage par un fléchissement des importations que par une baisse de la production au Canada.

La comparaison des exportations brutes au PIB est toujours un indicateur trompeur en matière d’analyse, parce que si les exportations équivalent aux ventes brutes, le PIB lui est mesuré en termes de valeur ajoutée4. Si nous voulons cerner l’exposition réelle de la production à la demande extérieure, nous devons soustraire des exportations leur contenu importé afin de les exprimer comme le PIB en termes de valeur ajoutée.

Dans la présente étude, nous étendons la période d’observation de 1999 à 2004. Durant cette période, l’économie a subi plusieurs changements structurels importants, dont l’effondrement du secteur des TIC (qui a culminé avec la récession américaine de 2001) et l’amorçage de la hausse spectaculaire du dollar canadien quand, à la fin de 2002, ont explosé les prix des marchandises. Les résultats révèlent comment les entreprises canadiennes ont commencé à réagir face à ces événements. En outre, nous présentons de nouvelles données sur les importations utilisées comme intrants intermédiaires plutôt que comme produits finis, ainsi que leur pays d’origine.

Nous pouvons calculer le contenu importé des exportations en nous servant des tableaux d’entrées‑sorties (tableaux E‑S), qui donnent une mesure détaillée des achats effectués par toutes les industries en vue de fabriquer leurs produits. En soustrayant de la production brute d’une industrie donnée les achats faits par les autres, nous pouvons calculer la valeur ajoutée par industrie, ainsi que les importations. La comparaison des importations à la production brute nous permet d’isoler les variations de l’intensité des importations par industrie au cours du temps. Le contenu importé que nous extrayons des importations englobe à la fois le contenu direct (p. ex., une pièce automobile importée entrant dans la construction d’un véhicule exporté) et le contenu indirect (p. ex., l’acier importé qui finit par se retrouver dans ce même véhicule exporté).

Afin de simplifier l’analyse, nous regroupons parfois 59 industries en 21 grands groupes qui résument nos principales exportations. Cela nous permet d’étudier individuellement les grands exportateurs, comme les constructeurs d’automobiles et les fabricants de machines et de matériel, et de regrouper de nombreuses industries du secteur des services dont les exportations sont assez faibles (comme celles des services aux entreprises et des finances). Enfin, nous classons les industries qui servent quasi exclusivement le marché intérieur, comme celles de la construction et des administrations publiques, dans le groupe des autres biens et services.

La part globale du contenu importé des exportations, donc des exportations à valeur ajoutée, est consultable de 1986 à 2004. Étant donné l’adoption du nouveau système de classification des industries (SCIAN), nous ne disposons de données par industrie produites sur une base comparable qu’à partir de 1997. Les tableaux E‑S de 2004 n’ont été diffusés que récemment, ce qui témoigne de la complexité et du fin niveau de détail des calculs sur lesquels ils s’appuient.

Raisons pour lesquelles les entreprises importent leurs intrants

Les raisons qui incitent les entreprises à acheter leurs intrants à l’étranger sont bien comprises. Comme l’a dit Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale, « Une grande partie de ce qui est assemblé sous une forme vendable dans un pays est constitué d’éléments venant de plusieurs continents. Pouvoir rechercher dans le monde entier, et non seulement dans son pays, la main-d’œuvre et les matières premières les plus compétitives ne réduit pas seulement la hausse des coûts et de l’inflation : cela augmente aussi le ratio de la valeur du produit à ce qui est nécessaire à sa production, qui est la plus large mesure de la productivité et un indicateur utile du niveau de vie »5.

Dans presque tous les pays, la quantité d’intrants achetés à l’étranger s’accroît. L’un des meilleurs exemples est celui de la Chine, qui importe de nombreuses pièces fabriquées ailleurs, en Asie du Sud‑Est ou au Japon. Ces éléments sont ensuite assemblés par la main‑d’œuvre chinoise nombreuse et bon marché avant d’être exportés6.

Il est donc clair qu’« exporté de Chine » n’est pas synonyme de « fabriqué en Chine ». Il conviendrait plutôt de décrire certains produits comme « assemblés en Chine » à partir d’éléments fabriqués au Japon, à Taiwan et à Singapour. Il apparaît ainsi qu’une division plus fine du travail s’établit à mesure que s’accroît la perméabilité des frontières nationales à l’organisation du procédé de production et qu’Internet, les services bancaires internationaux modernes et de meilleurs moyens de transport raccourcissent les distances entre les pays7.

Baisse régulière du contenu importé jusqu’en 2003

Après avoir culminé à 31,6 % en 1998 et en 1999, le contenu importé global des exportations canadiennes a diminué chaque année pour finalement atteindre le creux de 27,1 % en 2003. Ce recul régulier du contenu importé est l’image inverse de la croissance des années 1990 révélée par nos études antérieures.

Notre étude de 2002 montrait que le ralentissement des importations à la fin des années 1990 touchait surtout les industries dont l’utilisation de produits importés était supérieure à la moyenne, en particulier celles de l’automobile et des machines et du matériel. En revanche, les industries dont le niveau des importations était relativement faible ont continué d’accroître ces dernières, si bien que dans l’ensemble, leur utilisation de produits importés convergeait vers la moyenne.

La diminution récente du contenu importé des expor­ta­tions a été généralisée. De 2000 à 2004, 48 des 59 industries à l’étude ont réduit ce contenu, tandis que deux d’entre elles ne l’ont pas modifié et que 9 seulement l’ont augmenté. La baisse de la production, notamment dans les industries de l’automobile et des biens TIC dont les importations représentent près de la moitié du contenu des exportations, a été la cause principale du recul global. Toutefois, une majorité d’industries ont utilisé moins de produits importés pour produire leurs exportations, alors même que s’intensifiaient les craintes suscitées par le mouvement de mondialisation et de délocalisation. Ce fléchissement généralisé de l’importation des intrants a coïncidé avec le creux record du cours du dollar en 2002, dernière année où a augmenté le prix des importations8.

Le taux de change touche le contenu importé des exportations (M/X) avec de longs délais (Figure 1). La montée du dollar vers la fin des années 1980 n’a pas entraîné de recours aux importations jusqu’au début des années 1990, tandis que la dévalorisation des années 1990 n’a pas ralenti les importations avant la seconde moitié de cette décennie, alors qu’elle les a réduites après 1998. La récente envolée du dollar vient juste de commencer en 2004 à se traduire par une hausse de la proportion des importations. D’autres gains sont à envisager alors que le dollar atteint la parité.

Figure 1

Presque la moitié de la réduction du contenu importé des importations a eu lieu après 1999 dans les industries de l’automobile et des machines et du matériel, qui ont affiché une baisse de 3 points et de 4 points, res­pec­tivement. Près de la moitié des exportations de ces industries sont faites de produits importés. La diminution relativement importante des exportations des industries utilisant une grande part de produits importés est la raison pour laquelle la baisse globale de 5 points du contenu importé de l’ensemble des exportations excédait la régression observée dans chacune des industries.

La diminution du contenu importé des exportations d’automobiles mérite tout spécialement d’être soulignée. Malgré une légère hausse de 2003 à 2004, l’utilisation de produits importés dans cette industrie suit une tendance à la baisse depuis le sommet atteint durant les années 1990. Ce recul est survenu au moment où a augmenté fortement la production des usines sous contrôle asiatique établies au Canada, ce qui corrobore les résultats d’une autre étude publiée dans L’OÉC et selon laquelle les usines sous contrôle asiatique ne sont pas plus susceptibles d’utiliser des pièces importées (en provenance des États‑Unis ou d’Asie) que les constructeurs nord‑américains traditionnels9.

Les industries dont le contenu importé des exportations était faible en 1999 ont, de manière générale, réduit d’environ un point leur recours aux produits importés. Parmi les trois (des 21) groupes d’industries qui ont relevé le niveau de leurs importations, l’utilisation de produits importés n’a été supérieure à la moyenne que pour celui du raffinage du pétrole, où elle est passée de 29 % à 31 %. Dans les deux autres industries (celle du tabac et du transport) le contenu importé est faible.

Alors que fléchissait la demande d’exportation visant nos produits les plus fortement tributaires des importations, nos activités d’exportation se sont déplacées vers les secteurs des ressources naturelles, telles que l’énergie et l’extraction minière, qui produisent des biens dont le contenu importé est assez faible ainsi baissant globalement le contenu importé tandis que leur part des exportations augmentait. Les raisons de ce faible contenu importé sont multiples. Les ressources naturelles sont généralement volumineuses, ce qui rend onéreux leur transport sur de longues distances. Elles sont aussi souvent produites dans des régions éloignées. En outre, leur procédé de production n’est pas aussi normalisé que celui de nombreux biens manufacturés.

Figure 2


Hausse du contenu importé parallèlement au dollar canadien

Après 2002, l’appréciation rapide du dollar canadien semble inciter peu à peu les entreprises à recourir davantage aux produits importés. Le cours du huard est passé d’une moyenne de 63,7 cents US en 2002 à 76,8 cents en 2004 (le tiers de son escalade jusqu’à la parité avec le dollar américain qui a finalement eu lieu en 2007). Alors que seulement 13 des 59 industries à l’étude ont accru le contenu importé de leurs exportations entre 2000 et 2002, 15 l’ont fait en 2003 et 20 en 2004, au moment où le dollar se renversait. Par conséquent, le contenu importé global des exportations a augmenté légèrement, passant de 27,1 % en 2003 à 27,3 % en 2004, sa première hausse en dollars courants enregistrée depuis 1998. Le volume des intrants importés a augmenté encore plus rapidement à mesure que la hausse du dollar a fait baisser leur prix.

Des 19 industries qui ont utilisé plus d’intrants importés pour fabriquer leurs exportations après 2002, la majorité d’entre elles appartenait au secteur de la fabrication (8) ou du transport (2), ce qui n’est pas l’effet du hasard. Ces secteurs sont ceux où la montée du huard et la flambée des prix du pétrole qui ont débuté à la fin de 2002 ont exercé les pressions les plus fortes sur les coûts et ont eu les répercussions les plus prononcées sur la concurrence. Ces industries sont celles du matériel de transport, des meubles, des métaux primaires, de la fabrication de produits métalliques, du cuir, des produits chimiques, des plastiques et du caoutchouc, du matériel électrique, du transport par camion et du transport de tourisme et d’agrément10.

Parmi les neuf autres industries qui ont accru leur utilisation d’intrants importés, au moins trois, dont celles du film11, de la foresterie et des activités de soutien à la foresterie, ainsi que de l’agriculture, ont été durement touchées par la hausse du dollar. Deux autres faisaient partie du secteur des soins de santé et des hôpitaux, où la hausse des coûts comprimait les budgets. Dans l’ensemble, les industries qui ont utilisé plus d’intrants importés après 2002 étaient, pour la plupart, celles qui se trouvaient dans la plus grande nécessité de réduire leurs coûts et d’accroître leur rendement.

Les fabricants fortement pressurisés par le taux de change entre autres ne se sont pas tous tournés davantage vers les produits importés. Le groupe d’industries qui ne l’ont pas fait comprend celles du textile et de l’habillement. Les industries du textile et de l’habillement ont toujours été parmi les principaux utilisateurs d’intrants importés en vue de réduire le coût de la production. La réduction importante de leurs importations après 2002 pourrait donc refléter la fermeture de nombreuses usines, parfois causée par le transfert complet de la production dans des pays d’outre-mer. Dans de tels cas, la demande d’intrants intermédiaires a disparu.

Diminution de la part des exportations dans le PIB

En 2000, la part des exportations brutes dans le PIB nominal a atteint le sommet record de 45,6 %, au plus fort du boom de la haute technologie, mais depuis, elle a diminué pour atteindre 38,4 % en 2004. La diminution de la part des exportations à valeur ajoutée dans le PIB et la décroissance du contenu importé des exportations contribuaient à part égale à ce recul de 7,2 points.

Par soustraction du contenu importé des exportations, nous obtenons la part des exportations à valeur ajoutée dans le PIB. Nous voyons ainsi qu’en 2004, 27,9 % du PIB venait des exportations, proportion en baisse par rapport aux 31,4 % enregistrés en 2000 et proche du creux récent de 1997. Ce chiffre est bien inférieur à celui souvent cité, mais trompeur, de la part des exportations brutes dans le PIB, qui a culminé à 46 % en 2000 avant de se stabiliser au taux de 38 % en 2003 et 2004.

Depuis 2004, exprimées en part du PIB, les exportations brutes ont baissé de 1,9 point supplémentaire, pour atteindre 36,3 % en 2006 en grande partie pour réduire les coûts, ce qui suggère que la part des exportations à valeur ajoutée dans le PIB est de l’ordre de 27 %, si l’on suppose que la baisse des exportations brutes continue d’être attribuable en parts égales à la diminution des importations et à celle des exportations à valeur ajoutée. Puisqu’ à l’heure actuelle, les exportations vers les États‑Unis représentent 75 % de l’ensemble des exportations du Canada, cela veut dire qu’environ 20 % de notre production est exposée au risque lié au ralentissement de la croissance américaine. La part de l’emploi serait encore plus faible, car les exportations demeurent l’un des secteurs où la production par travailleur est supérieure à la moyenne.

Figure 3

Leur part dans le PIB ayant chuté, les exportations ont eu un effet moins déstabilisant sur le PIB après 1999 qu’auparavant. Durant les années 1990, le rapport de l’écart‑type de la croissance réelle des exportations à celui de la croissance annuelle réelle du PIB était de 1,4 (3,1 par rapport à 2,2) (un rapport de 1,0 refléterait une synchronisation parfaite des variations des exportations et de celles du PIB)12. Par contre, de 2000 à 2007, la valeur de ce rapport est passée à 3,5, l’écart‑type des exportations ayant atteint 3,5, tandis que celui du PIB est devenu tout juste égal à 1,0. Alors que la volatilité des exportations augmentait, celle des sorties chutait brusquement.

Tableau 1 Exportations dans le PIB

  Part des exportations dans le PIB Contenu des exportations en importations Part des exportations à valeur ajoutée dans le PIB
  %
1986 27,9 26,0 20,6
1987 26,8 23,0 20,7
1988 26,7 24,0 20,3
1989 25,7 24,0 19,5
1990 25,8 24,0 19,6
1991 25,1 24,0 19,1
1992 27,1 26,0 20,0
1993 30,2 28,0 21,7
1994 34,0 30,0 23,8
1995 37,3 30,0 26,1
1996 38,4 30,0 26,9
1997 39,5 30,8 27,3
1998 41,4 31,6 28,3
1999 43,2 31,6 29,5
2000 45,6 31,2 31,4
2001 43,5 29,1 30,9
2002 41,6 28,7 29,6
2003 38,1 27,1 27,8
2004 38,4 27,3 27,9
2005 37,8 .. ..
2006 36,3 .. ..
.. indisponible pour toute période de référence précise.

L’écart croissant entre la variabilité des exportations et celle du PIB témoigne de l’effet de plusieurs facteurs, deux desquels nous soulignons ici. Premièrement, la part des exportations dans le PIB est en train de diminuer et deuxièmement, les importations absorbent environ le tiers des exportations, ce qui amortit l’effet des fluctuations des exportations sur le produit intérieur. L’accroissement considérable des dépenses intérieures attribuable aux revenus dérivés du boom des marchandises ces dernières années et la stabilisation du PIB brut causée par l’impact d’un meilleur contrôle des stocks, sont d’autres facteurs.

Intrants importés et productivité

Généralement parlant, il existe un parallèle entre les variations de l’utilisation des produits importés par les exportateurs et les variations de la productivité observée au Canada. Au cours des années 1990, le recours accru à des pièces importées a accompagné la croissance rapide, de 1,9 % par année, de la productivité du travail à mesure que les entreprises se sont restructurées afin de faire face à la récession et au mouvement de libre‑échange. À partir de 2000, le recours aux produits importés a diminué et la productivité a augmenté au taux annuel moyen de 1,1 %, la croissance de sa moyenne à long-terme étant à 2.1 % depuis 1961.

Il semble donc que la réduction du contenu importé des exportations soit l’un des nombreux facteurs qui ont contribué à la baisse récente de la productivité qui a laissé perplexes les analystes et les décideurs au début de 2007. Notre examen plus détaillé de cette baisse effectué l’année dernière donne à penser qu’elle a été poussée par des pénuries de main‑d’œuvre, ainsi qu’au mouvement rapide de la main‑d’œuvre et du capital vers le secteur en plein essor des ressources13. Selon les résultats de la présente étude, il semblerait que la moins grande disposition des entreprises canadiennes à utiliser des produits importés dans leur procédé de fabrication a également contribué au ralentissement de la croissance de la productivité après 2000.

Importations pour l’utilisation intermédiaire et la demande finale

Le fléchissement des importations destinées à entrer dans la fabrication des exportations a également été l’un des facteurs de l’évolution de la composition des importations canadiennes. Dans l’ensemble, la part des importations utilisées comme intrants intermédiaires dans la production est passée de 21,1 % en 2000 à 17,8 % en 2004. L’ensemble de la décroissance de 12,1 % en 2000 à 9,1 % en 2004 a trouvé son origine dans la part des importations14 nécessaires pour produire les exportations. Ce recul reflète à la fois la réduction du contenu importé des exportations et une légère baisse absolue des expor­tations au cours de la période. Pendant ce temps‑là, la part des importations servant d’intrants dans la production destinée au marché intérieur est demeurée stable, à environ 9 %.

Figure 4

Au lieu de cela, la part des importations qui a augmenté le plus rapidement est celle destinée à être achetée directement par les consommateurs et les entreprises (la dernière étant en grande partie des biens d’investissement). Ces produits destinés à la demande finale représentaient 82,2 % des biens importés en 2004, proportion en hausse par rapport aux 78,9 % enregistrés en 2000. Cette situation pourrait tenir au fait que la production de certains de ces produits (notamment les produits électroniques, les appareils élec­troménagers et les vêtements) s’est délocalisée à l’étranger. La chaîne d’approvisionnement mondiale de ces produits serait alors confinée dans les pays asiatiques qui expédient les produits finis directement vers les marchés des pays développés.

Origine géographique des importations

Le recul des importations d’intrants constaté depuis 1999 reflète dans les grandes lignes l’origine géographique des importations canadiennes. Les importations en provenance des États‑Unis ont atteint la proportion record de 68,2 % de l’ensemble des importations canadiennes en 1998. Depuis, ces importations n’ont augmenté que de 1,7 % par année en moyenne, tandis que celles en provenance du reste du monde ont affiché un taux annuel moyen de croissance de 8,7 %. Il s’ensuit que la part des États‑Unis dans les importations est tombée à 54,6 %, tandis que celle des pays d’outre-mer est passée de 31,8 % à 45,4 % (progrès attribuable avant tout à la Chine qui, à elle seule, a été à l’origine de la moitié de la croissance15).

Figure 5

Les États‑Unis étaient à la source de 62 % des intrants inter­médiaires utilisés au Canada. Ils doivent leur dominance au fait que les fournisseurs de pièces importées destinées à alimenter les chaînes de montage intérieures doivent être proches de celles‑ci, surtout quand les fabricants adoptent un système de livraison de stock juste à temps. Très peu d’entre eux pourraient attendre le mois que prend voyage à partir de la Chine ou se permettre le coût du transport aérien en provenance de l’Asie ou de l’Europe.

La légère contraction de la part des importations intermédiaires en provenance des États‑Unis, qui était de 70 % en 1999, est limitée à quelques industries, à savoir celles de l’automobile, des ordinateurs et des produits électroniques, de l’habillement et de l’extraction minière. Plusieurs facteurs en sont la cause, dont l’accroissement de la production des constructeurs d’automobiles sous contrôle asiatique, la forte diminution de la production canadienne de vêtements et de produits des TIC (dont une part a également été délocalisée) et l’importation croissante de minerais métalliques en provenance d’Amérique latine en vue de leur transformation au Canada.

Il est intéressant de noter que les intrants intermédiaires comptent pour les deux tiers de l’ensemble des intrants en provenance des États-Unis, par rapport à moins de 60% en provenance du reste du monde. Le dernier compterait pour environ 50 % si l’on soustrayait le pétrole brut.

En outre, la majorité des exportations de la Chine sont des produits finis, et non des pièces destinées à être utilisées comme intrants intermédiaires. En fait, jusqu’à récemment, la Chine elle-même était un modèle de nation commerçante qui importe de nombreuses pièces, assemble celles‑ci et puis exporte les produits ainsi fabriqués sur les marchés nord‑américains et d’autres marchés où ils sont achetés directement par les consommateurs et les entreprises16. Le déplacement de l’origine des importations canadiennes des États‑Unis vers l’Asie est en harmonie avec un fléchissement de l’utilisation de pièces importées et un taux plus élevé d’importations de produits finis.

Conclusion

Nous avons examiné la tendance récente de l’utilisation d’intrants importés par les industries canadiennes. Nous constatons que la forte hausse des importations d’intrants amorcées au début des années 1990 s’est ralentie à la fin de la décennie après avoir atteint un sommet en 1999. Depuis, les industries canadiennes ont réduit leur utilisation d’intrants importés jusqu’en 2004. Même si le brusque effondrement du secteur des TIC après 2000 et la réduction des effectifs du secteur de l’automobile ont été les principales causes de cette baisse, la réduction du contenu importé de la production a malgré tout été généralisée. Certains indices donnent néanmoins à penser que les entreprises ont recommencé à accroître leurs importations d’intrants quand le cours du huard a commencé à monter en 2003, surtout dans le secteur de la fabrication.

La réduction du contenu importé de la production permet de mieux comprendre plusieurs tendances qui suscitent d’importantes discussions. Avant tout, elle contredit ceux qui craignent une délocalisation généralisée de la production intérieure à mesure que les entreprises se tournent vers des chaînes d’approvisionnement mondiales. Elle suggère que les entreprises canadiennes ont d’amples possibilités d’importer davantage d’intrants pour faire face aux pressions concurrentielles suscitées par la forte hausse du huard, ce qu’elles ont déjà commencé à faire en 2004. Enfin, soustraire des exportations leur contenu importé révèle l’exposition réelle du Canada à la demande d’exportation, élément d’information important pour les analystes qui débattent la question de savoir s’il est possible que les autres pays se « dissocient » du ralentissement actuel de l’économie américaine. Depuis 2000 déjà, les variations des exportations ont eu moins d’influence sur l’évolution du PIB.

Études spéciales récemment parues


Notes

* Division des comptes des industries 613-951-4108.
1 P. Cross et G. Cameron « Importance des exportations dans le PIB et l’emploi », L’OÉC, novembre 1999.
2 P. Cross and Z. Ghanem « Implications cycliques de la hausse du contenu des importations », L’OÉC, décembre 2002.
3 Dans une étude connexe, nous constatons que les entreprises achètent également une plus grande quantité d’intrants auprès d’autres entreprises au Canada ainsi qu’à l’étranger. P. Cross et Z. Ghanem, « Multiplicateurs et impartition : interaction des branches d’activité et influence sur le PIB », L’OÉC, janvier 2006.
4 J. Helliwell, « Frontières, monnaies communes, commerce et bien-être : que pouvons-nous déduire de l’observations des faits? », Revue de la Banque du Canada, printemps 2005.
5 Alan Greenspan, Le temps des turbulences, éditions JC lattès, Paris 2007, p. 467.
6 Une estimation établit les exportations à valeur ajoutée à moins de 10 % du PIB de la Chine. Voir « An old Chinese myth », The Economist, 5 janvier 2008.
7 H. Kierzhouski et L. Chen « Outsourcing and Trade Imbalances: The U.S.-China Case ». Article présenté à la conférence DEGIT-XII, à Melbourne, Australie, les 29-30 juin 2007, p. 4.
8 Le prix des exportations a progressé de 0,2 % en 2002, puis a baissé de 6,8 %, de 2,6 %, de 1,1 % et de 1,0 %. Il est en position de baisser encore en 2007.
9 F. Roy, « L’automobile, une industrie en plein mouvement au Canada », L’OÉC, mai 2007.
10 Néanmoins, la plupart de ces industries augmentaient déjà le contenu importé de leur production avant 2002. Ce n’est que dans celles des produits chimiques, du matériel électrique et du caoutchouc et du plastique qu’un accroissement des importations après 2002 a renversé la tendance à la baisse qui existait avant cette date.
11 Voir C. Vorasarum, « How Does It End. », Forbes, le 28 janvier 2008.
12 Ce calcul est fondé sur une discussion de Jonathan Anderson, « Is China Export-Led? », UBS Investment Research, 27 septembre 2007. Les données de 2007 ne portent que sur les trois premiers trimestres.
13 P. Cross, « Tendances récentes de la production et de l’emploi », L’OÉC, mars 2007.
14 Dans ce calcul, les importations excluent les ré­exportations et les dépenses personnelles à l’étranger.
15 Les données sont sur base douanière : sur la base de la balance des paiements, la part des États-Unis a baissé de 77 % à 65 %.
16 Quoique récemment la Chine ait réduit sa dépendance à l’égard des pièces importées. Voir Li Cui, « Chine : dépendance extérieure accrue », FMI, Finances et développement, septembre 2007, vol. 44, no 3.


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Date de modification : 2008-11-21 Avis importants
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