Section 3 : Étude spéciale

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Ralentissements durant les périodes de croissance économique

par Philip Cross 1 

Durant la période de quatre mois s'étant terminée en octobre, la croissance de l'emploi s'est chiffrée à seulement 0,1 %. Cela faisait suite à une période de quatre mois ayant pris fin en juillet au cours de laquelle les estimations provisoires ont révélé que la croissance du PIB réel a ralenti pour se situer à 0,3 % 2 . Comme il a été indiqué dans l'étude de L'observateur économique canadien du mois dernier, des ralentissements de quatre mois de la production et de l'emploi ont été tout à fait communs au cours des trois dernières décennies. Depuis 1981, il y a eu six périodes distinctes pendant lesquelles, durant plus de quatre mois consécutifs, la production a progressé de 0,3 % ou moins en étant accompagnée d'une croissance de l'emploi de 0,1 % ou moins, à l'exclusion des récessions (puisqu'il est bien évident que durant celles-ci l'emploi et la production se contractent pendant de longues périodes). En outre, il y a eu quatre autres périodes où la croissance du PIB réel a ralenti de façon prononcée, tandis que la croissance de l'emploi ne ralentissait pas.

L'objectif de cette étude est d'examiner les périodes pendant lesquelles la croissance a ralenti ou est devenue légèrement négative, sans que l'économie ne tombe en récession. Le fait que ces ralentissements se produisent souvent tant dans la production que dans l'emploi montre que l'économie est clairement en pause, et ces épisodes ne sont pas juste un « bruit » dans les données. On constate dans cette étude que les ralentissements surviennent en réaction à des facteurs tant cycliques qu'irréguliers, mais qu'elles se transforment rarement, voire jamais, en récession. Cela met en lumière les différences fondamentales entre les récessions et les ralentissements.

1983

De juin à octobre 1983, la production a affiché un gain de 0,1 % et a enregistré des baisses mensuelles en juillet et en octobre. L'emploi a emboîté le pas, n'affichant aucun changement net de septembre 1983 à janvier 1984, tout en accusant de légères baisses dans deux de ces quatre mois.

Le plafonnement de la croissance en 1983 est surprenant parce que la reprise ayant suivi la récession de 1981-1982 est largement citée comme étant la mesure étalon lorsqu'il s'agit de reprises, la croissance en 1983 ayant dépassé les reprises survenues après les récessions de 1990 et de 2008. La pause de la croissance en 1983 est souvent oubliée puisque la croissance a repris rapidement dans la production et l'emploi et la croissance du PIB trimestriel est restée près de 1,0 %. Cette période semble bien représenter une économie passant d'un taux rapide de croissance de 2 % au début de la reprise à un rythme plus constant, et donc n'a pas eu de répercussions durables puisque la croissance du PIB trimestriel est restée forte.

1984

À la fin de 1984, la croissance du PIB réel a ralenti pour se situer à seulement 0,3 % durant la période de quatre mois se terminant en septembre. Il y a eu une forte baisse de 0,6 % au cours de ce dernier mois. Une grève dans l'industrie automobile a été partiellement la cause du ralentissement, ce qui explique probablement pourquoi l'emploi a été moins touché (les personnes en grève sont toujours traitées comme des employés dans l'Enquête sur la population active). Le ralentissement de la production n'a eu aucun effet durable et la croissance a repris rapidement au cours des six mois suivants.

1986

Il y a eu un ralentissement cyclique prononcé qui a persisté pendant la plus grande partie de 1986. Huit diminutions mensuelles du PIB réel ont eu lieu au cours de l'année. Dans l'ensemble, le PIB réel a crû de seulement 0,2 % au cours des quatre trimestres de 1986. La faiblesse de la production a fait en sorte que la croissance de l'emploi a été presque nulle, l'emploi n'ayant décliné franchement qu'au cours d'un seul mois en 1986.

La principale raison de la faiblesse en 1986 a été la baisse rapide du prix du pétrole. Cette diminution a rapidement mené à des compressions dans le secteur pétrolier, entraînant une baisse de 15 % des investissements des entreprises dans les structures au cours des trois derniers trimestres de l'année. Le stimulus apporté à d'autres secteurs par des prix de l'énergie et des taux d'intérêt plus faibles a pris plus de temps à se faire sentir en 1987 et 1988.

1989

Le krach boursier de 1987 a eu peu de répercussions perceptibles sur la production et l'emploi. Après des gains rapides en 1987 et 1988, la croissance a ralenti brièvement au début de 1989. Le PIB réel n'a pas augmenté du tout au cours de la période de quatre mois se terminant en juin, alors que l'emploi était au point mort durant la période de quatre mois se terminant en juillet. Néanmoins, le PIB trimestriel et l'emploi ont continué de croître lentement. La faiblesse a été concentrée dans les exportations, l'économie américaine ayant ralenti en même temps que le dollar canadien s'appréciait. En tant que tel, cette pause était clairement attribuable à des facteurs cycliques et non irréguliers. La croissance a repris rapidement dans la seconde moitié de l'année. L'économie est finalement entrée en récession en 1990, après que les prix du pétrole ont bondi en réaction à l'invasion du Koweït par l'Irak.

1995-1996

La faible reprise du début des années 1990 a été suivie par un ralentissement prononcé en 1995. Le PIB réel a stagné durant la période de quatre mois s'étant terminée en avril, a diminué au cours de trois des quatre derniers mois de 1995 et a fléchi deux fois encore au début de 1996. Le résultat net a été que la croissance du PIB trimestriel a été inexistante aux deuxième et troisième trimestres de 1995 et que la hausse a été de seulement 0,1 % au premier trimestre de 1996. L'emploi a également augmenté de 0,1 % ou moins au cours de la période de quatre mois s'étant terminée en mai 1995 et est demeuré faible jusqu'à la fin de l'année. Une reprise lente de la production en 1996 n'a pas été suffisante pour entraîner une augmentation de l'emploi, qui a plafonné au dernier trimestre de 1996.

Le ralentissement de 1995 reflétait les turbulences de l'économie mondiale, notamment la hausse des taux d'intérêt aux États-Unis, qui a contribué à précipiter la crise du peso mexicain. Les exportations ont diminué au premier semestre de l'année, tandis que les taux hypothécaires plus élevés ont mené à une baisse de 20 % dans le logement au Canada par rapport à son sommet atteint en 1994. Parallèlement, le gouvernement fédéral au Canada a lancé un programme d'austérité visant à éliminer son déficit budgétaire. Le ralentissement à la fin de 1996 a été partiellement attribuable à une grève dans l'industrie automobile.

1998

Le début de la crise asiatique à la mi-1997 a eu des répercussions directes et indirectes sur l'économie canadienne. Tandis que les exportations à destination des États-Unis ont soutenu la croissance des exportations totales en 1998, les exportations vers le Japon et les pays non membres de l'OCDE ont diminué d'environ du tiers par rapport à leurs sommets de 1997, retranchant ainsi plus de 3 % aux exportations totales. En outre, comme les prix du pétrole n'ont cessé de baisser (à moins de 10 dollars le baril à la fin de 1998), la croissance de la production a ralenti dans la première moitié de 1998. De plus, l'Est du Canada a connu une importante tempête de verglas en début d'année qui a freiné tous les types de projets d'investissement. Tous ces facteurs ont entraîné une forte accumulation des stocks non agricoles au premier trimestre, qui ont par la suite diminué au cours de l'été. Le PIB réel durant la période de quatre mois s'étant terminée en juillet a diminué de 0,1 %, mais l'emploi a augmenté de façon constante. Le ralentissement du PIB a été largement confiné aux stocks au deuxième trimestre. Tant la croissance de la production que celle de l'emploi ont repris fortement durant la seconde moitié de l'année, les réductions effectuées par le Federal Reserve Board dans les taux d'intérêt ayant été suffisantes pour éponger l'effet modérateur du défaut de paiement de la Russie sur sa dette (qui a contribué à précipiter l'effondrement des fonds spéculatifs du géant LTCM) 3 .

2001

La bulle des actions liées à la technologie de pointe a finalement éclaté à la fin de 2000. L'importante perte de richesse suscitée par l'effondrement de ces actions et la chute prononcée de l'investissement des sociétés de technologie de pointe ont entraîné l'économie américaine en récession au cours des trois premiers trimestres de 2001 et les exportations du Canada ont diminué de 5,3 % pendant cette période. Le stimulus extraordinaire apporté par la politique monétaire et fiscale après les attaques terroristes du 11 septembre aux États-Unis a permis de relancer la demande à la fin de 2001, ce qui a été suivi d'une reprise de l'emploi au début de 2002.

Au Canada, les répercussions de ces événements ont été moindres et il n'y a pas eu de véritable récession, en partie parce que le secteur des technologies de l'information et des communications représentait une plus petite part de l'économie au Canada. La croissance a été assez faible pour que le PIB réel n'affiche aucune variation nette au cours des deuxième et troisième trimestres. Ce ralentissement cyclique s'est traduit par une création d'emplois plus faible seulement au deuxième trimestre. Au Canada, l'économie s'est rapidement redressée dans la foulée de la reprise de la demande américaine, surtout pour ce qui touchait les automobiles.

2003

La croissance s'est poursuivie de façon constante en 2002 et au début de 2003. Puis, est survenue une série de secousses sans rapport avec l'économie, allant des épidémies de SRAS et la maladie de la vache folle à l'ouragan Juan et la panne d'électricité en Ontario 4 . Le résultat net a été de faire diminuer la croissance sur quatre mois du PIB réel en mars et en avril, puis de le faire reculer de 0,9 % au cours de la panne du mois d'août. Le fléchissement de 0,1 % sur un trimestre du PIB a été accompagné par une absence de croissance de l'emploi au deuxième trimestre. Cette période constitue la sixième pause de la croissance examinée dans cette étude, mais en raison d'une série d'événements inhabituels et non d'un ralentissement conjoncturel.

2006

Le Canada est ensuite entré dans une de ses plus vigoureuses périodes de croissance économique, interrompue seulement par une baisse subite de la production en mars 2005.

Toutefois, la croissance a commencé à décliner au cours du printemps 2006, suivie d'une décélération de l'emploi pendant l'été. En conséquence, la croissance du PIB réel a ralenti pour se situer à 0,1 % au cours des deuxième et troisième trimestres. Les origines du ralentissement semblent être des événements irréguliers, incluant un abaissement du taux de la TPS le 1er juillet, qui a fait se déplacer les dépenses du printemps à l'été, et la réduction progressive des opérations de recensement 5 . Cependant, cette pause de la croissance a été légère et la croissance a rapidement rebondi. La croissance de l'emploi a été moins touchée, le creux qu'elle a atteint ayant été une hausse de 0,3 % au troisième trimestre.

2007

La croissance a été soutenue à la fin de 2006 et en 2007, malgré l'apparition de turbulences sur les marchés financiers mondiaux à l'été de 2007 liées à la détérioration des prêts résidentiels aux États-Unis.

En décembre 2007, plusieurs constructeurs automobiles ont simultanément fermé certaines de leurs usines pour réduire les stocks ou afin de se ré-outiller en vue de la création de nouveaux modèles. Les répercussions de la chute sans précédent de 26 % de la production automobile ont été de faire diminuer le PIB réel de 0,6 % au cours du mois. Cependant, la baisse d'un mois de la production n'a pas été assez forte pour que les employeurs réduisent leurs effectifs, et la croissance de l'emploi a été stable jusqu'en 2008. Après un rebond en janvier, la production au cours de la première moitié de 2008 a été entravée par une série d'événements irréguliers, allant de chutes de neige record dans certaines régions du pays à un nouveau congé en février dans plusieurs provinces et à d'importants problèmes de production dans le secteur pétrolier.

Sommaire

Ce document a identifié 10 périodes depuis 1982 au cours desquelles soit la production, soit la croissance de la production et de l'emploi ont essentiellement plafonné sur une période de 4 mois. En excluant les années de récession, les pauses de la croissance se sont produites en moyenne presqu'à tous les deux ans, ce qui en fait une caractéristique habituelle, bien que pas toujours comprise, de l'économie. Parmi ces 10 épisodes, quatre peuvent être largement attribués à des ralentissements cycliques de la production et de l'emploi (1986, 1989, 1995 et 2001). Les six autres étaient liés à une variété d'événements irréguliers, certains d'entre eux économiques (tels que les grèves) et certains d'entre eux sans lien avec l'économie (comme les conditions météorologiques extrêmes ou la panne d'électricité), dont certains étaient trop faibles pour se refléter dans l'emploi.

En examinant ces périodes de croissance lente ou nulle, quelques traits communs ressortent. Il y a eu sept périodes où la croissance de la production et de l'emploi a ralenti, et trois pendant lesquelles la production seulement a nettement ralenti (1984, 1998 et 2007). Dans deux de ces sept épisodes où tant la production que l'emploi ont connu une pause, le ralentissement de la production a eu lieu avant que l'emploi soit au point mort, alors que dans les cinq autres le ralentissement s'est produit au cours du même trimestre.

Dans toutes ces périodes où le PIB et l'emploi ont été au point mort, le ralentissement de la production a été plus prononcé que celui de l'emploi. En fait, l'emploi n'a même pas diminué pendant un trimestre au cours des ralentissements identifiés dans cette étude. La production est plus instable que l'emploi; pendant de courtes périodes de baisse de la production, en particulier celles qui sont attribuables à des événements inattendus ou irréguliers tels que les mauvaises conditions météorologiques ou l'entretien, il ne serait pas rationnel pour les employeurs de mettre à pied des employés et d'engager des frais pour leur départ ainsi que pour la recherche et la formation de nouveaux employés lorsque la production reprendrait. De façon encore plus fondamentale, l'emploi trimestriel au cours des trois dernières décennies n'a chuté que durant les récessions à part entière, ce qui reflète le fait que les employeurs s'adaptent aux fluctuations de la production en ajustant les heures plutôt que l'emploi 6 .

Ralentissements versus récessions

Comment ces périodes de croissance lente se comparent-elles aux récessions? Les baisses qui ont marqué les récessions sont d'un ordre de grandeur bien plus élevé, tant en ce qui concerne la durée que la gravité de la faiblesse du PIB et de l'emploi. Les ralentissements que cet article a examiné incluaient, au plus, de faibles baisses sur une période d'un ou deux trimestres, sans qu'il y ait eu de diminution nette durant le ralentissement, après quoi l'économie reprenait sa croissance.

Par comparaison, la récession de 1981-1982 a vu six baisses trimestrielles consécutives de la production et de l'emploi totalisant une baisse globale de 5 % pour les deux. La production durant la récession de 1990-1992 a régressé de 3,4 % au cours de quatre trimestres, alors que l'emploi a reculé de 3,2 % au cours de huit trimestres. En 2008-2009, la production et l'emploi ont affiché trois baisses trimestrielles consécutives, totalisant 3,3 % pour le PIB et 1,8 % pour l'emploi.

Une autre différence entre les récessions et les ralentissements tient à l'ampleur des baisses de la production et de l'emploi qui en résulte. Les ralentissements sont limités à un ou deux secteurs de l'économie, en général les exportations ou les stocks et parfois le logement. Les récessions qui ont débuté en 1981, 1990 et 2008 ont vu des déclins marqués dans tous les secteurs, sauf dans celui de l'administration publique; les dépenses de consommation, le logement, l'investissement des entreprises et les exportations ont tous affiché des baisses. En outre, tous les secteurs ont commencé à se contracter de concert en début de récession, à l'exception des exportations en 1990 (lorsqu'elles ont chuté un trimestre après le reste de l'économie).

Le fait que les récessions sont à grande échelle reflète une différence fondamentale entre leur source et celle des pauses de la croissance (indépendamment du fait que celles-ci soient dues à des ralentissements cycliques ou à des événements irréguliers). Les trois récessions qui ont débuté en 1981, 1990 et 2008 ont été attribuables à des chocs violents qui se sont répercutés sur tout le système financier. La récession de 1981-1982 a été entraînée par des taux d'intérêt qui ont atteint, en Amérique du Nord, plus de 25 %, alors que l'inflation des années 1970 avait, de façon décisive, épuisé l'économie. En 1990-1991, une flambée des prix du pétrole liée à l'invasion du Koweït par l'Iraq a contribué à faire grimper les taux d'intérêt au-delà de 15 %, provoquant une récession avant même que l'introduction de la TPS et la guerre du Golfe viennent grever encore davantage l'activité économique au début de 1991. La récession de 2008-2009 a eu ses origines dans le gel des marchés financiers mondiaux, après les faillites de Lehman Brothers et d'AIG aux États-Unis.

Les événements qui ont déclenché les ralentissements identifiés dans cette étude ont été différents des chocs systémiques ayant touché le système financier dans son ensemble et qui ont conduit à des récessions à part entière. Le choc pétrolier de 1986, l'effondrement des marchés boursiers en 2001, la crise financière asiatique en 1998, la liquidation du marché obligataire et la crise du peso au Mexique en 1994, la tempête de verglas de 1998 et la panne de courant de 2003 ont représenté, chacun à sa façon, un événement majeur. Néanmoins, les répercussions de ces événements sur l'économie ont mené principalement à une perte de croissance potentielle et non à une contraction de la production et de l'emploi. Cette différence est probablement due au fait qu'aucun de ces événements n'a eu des répercussions sur l'ensemble du système financier, ce qui a eu lieu en 1981, 1990 ou 2008, bien que parfois il y ait eu des secousses sur différents marchés financiers (comme les actions en 2001 et les obligations en 1994). Il est utile de rappeler cette différence lorsque l'on évalue les répercussions de chocs futurs sur l'économie réelle et le système financier.

On pourrait avancer que les ralentissements affaiblissent parfois l'économie jusqu'à la rendre plus vulnérable à un choc financier à grande échelle, mais les chocs survenus en 1981, 1990 et 2008 étaient si importants qu'ils auraient mené à une récession de toute façon. Au Canada, l'exemple d'une croissance lente ayant précédé une récession a eu lieu durant la première moitié de 2008, lorsque le PIB réel a stagné sur une période de six mois, bien que la croissance de l'emploi soit restée vigoureuse. Toutefois, la récession qui a suivi à la fin de 2008 a été clairement le produit de l'effondrement du système financier international en septembre, et non pas la conséquence inévitable de facteurs irréguliers qui ont freiné la croissance du PIB au Canada pendant le premier semestre de l'année 7 . Cela est confirmé par la progression régulière tant de l'emploi que de l'indicateur avancé à l'automne de 2008.

Les États-Unis offrent un autre exemple d'une pause de la croissance ayant précédé une récession causée par un choc brutal touchant le système financier. Le PIB réel s'est stabilisé durant la plus grande partie de 1974 à une époque de hausse des prix énergétiques, mais l'économie est restée assez forte pour soutenir la croissance de l'emploi, et les prix des produits de base sont restés élevés. Toutefois, le ralentissement de 1974 s'est soudainement transformé en récession profonde aux États-Unis après que la Franklin National Bank est devenue insolvable en octobre 1974. Il s'agit d'une des quatre grandes banques ayant plus d'un milliard de dollars d'actifs à avoir disparu au cours de la récession 8 . L'économie réelle s'est vite révélée inappropriée. L'emploi a diminué de 2,8 % entre octobre 1974 et avril 1975, les six pires mois dans l'histoire de l'après-guerre avant 2008. Le taux de déclin du PIB réel aux États-Unis a triplé pour atteindre 1,2 % au premier trimestre de 1975. Cette tension financière et les faillites bancaires en Europe ont conduit à la création de la Banque des règlements internationaux visant à régler le soi-disant problème du risque Herstatt 9 .

La conclusion que l'on peut tirer est que le récent ralentissement de la croissance de la production et de l'emploi aura peu de conséquences durables sur la croissance future et presque aucune incidence sur le risque d'une nouvelle récession. Ces pauses de la croissance sont une caractéristique récurrente de l'économie en dehors des récessions, et se produisent pour des raisons tant cycliques qu'irrégulières.

On ne sait pas si le plafonnement du PIB et de la croissance de l'emploi à la mi-2010 a été principalement attribuable à des facteurs cycliques ou irréguliers. Il peut représenter la fin de la partie « reconstruction des stocks » de la reprise. Ou alors, ce ralentissement pourrait refléter une tendance à la baisse de l'économie après sa reprise initiale rapide à la suite de la récession de 2008-2009, tendance qui serait aggravée par la fin d'événements irréguliers qui ont stimulé la croissance au début de l'année, comme les Jeux olympiques d'hiver de Vancouver et des hivers et des printemps exceptionnellement doux. L'entrée en vigueur de la taxe de vente harmonisée en Ontario et en Colombie-Britannique a également contribué à atténuer la demande de services, qui a été inhabituellement faible au cours de l'été.

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