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    Croissance économique en Amérique du Nord : le Canada est-il plus performant que les États-Unis?

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    Croissance économique en Amérique du Nord : le Canada est-il plus performant que les États-Unis?

    Par Ryan Macdonald

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    Début de l'encadré

    Cet article de la série Aperçus économiques examine les méthodes couramment utilisées pour comparer le rendement économique du Canada à celui des États-Unis. Cet examen s'appuie sur des travaux de recherche entrepris à Statistique Canada en vue d'améliorer l'information sur la nature et les causes des divergences entre le Canada et les États-Unis quant à leur progrès économiques respectifs.

    Fin de l'encadré

    Il existe un bon nombre de mesures de la production et du revenu produites par les agences statistiques pouvant être utilisées pour examiner le rendement des économies nationales. Cet article examine les principales mesures de la performance économique en mettant en évidence l'information contenue dans chacune d'elle afin d'offrir une vue d'ensemble de la performance relative des économies canadienne et américaine au cours de la dernière décennie.

    Mesures utilisées pour la comparaison

    Les mesures les plus souvent utilisées pour comparer les progrès économiques du Canada et des États-Unis sont fondées sur les concepts de production dont on se sert pour estimer les mesures du revenu agrégé. Les mesures qui attirent souvent le plus d'attention sont les mesures de la productivité. Les comparaisons de la croissance de la productivité au Canada et aux États-Unis montrent que le Canada se laisse distancer par son voisin et font souvent la une des médias. 

    Les économistes canadiens s'inquiètent des retards du pays à ce chapitre parce que la croissance de la productivité est généralement considérée comme la source de la croissance du salaire réel. Une plus forte croissance de la productivité se traduit souvent, par l'entremise de la concurrence que se livre les entreprises, par une croissance moins rapide des prix à la consommation par rapport aux salaires, de sorte que le pouvoir d'achat croît. Sans croissance de la productivité, le salaire réel et le niveau de vie peuvent stagner. Si le Canada se fait devancer par les États-Unis au regard de la productivité, il s'ensuit logiquement que le niveau de vie des Canadiens suivra la même tendance.

    Inclusion de facteurs économiques autres que la productivité

    Lorsqu'une économie ne fait pas d'échanges commerciaux, la croissance de la productivité est le seul moyen de hausser le niveau de vie. Cependant, lorsque les pays se lancent dans des échanges commerciaux, ils disposent d'autres moyens pour accroître leur niveau de vie. Les pays commerçants peuvent transformer leur stock d'actifs (savoir, capital ou ressources) en biens et services qu'ils veulent consommer en les échangeant avec d'autres pays. Si les termes de l'échange d'un pays avec un autre s'améliorent, ce pays peut transformer ses exportations en flux plus importants de biens et services importés, augmentant ainsi son niveau de vie. Si le partenaire commercial d'un pays donné accroît sa productivité de telle sorte que les prix baissent, le pays d'attache peut profiter de cette croissance de la productivité sous la forme d'une diminution des prix à l'importation. Et si les prix des biens vendus par le pays d'attache augmentent, les citoyens de ce pays pourront acheter plus de biens et de services sur les marchés mondiaux sans exporter plus d'unités à l'étranger. Ces types de bénéfices sont désignés par l'expression « amélioration des termes de l'échange ».

    L'amélioration des termes de l'échange se traduit par une croissance du salaire réel, mais n'est pas prise en compte dans les statistiques de la productivité. Ces dernières servent à mesurer les variations de l'efficience de la production, et non les variations de la capacité des citoyens d'acheter des biens et des services. De même, la statistique du revenu réel la plus souvent employée, le PIB réel par habitant, est une mesure fondée sur la production qui n'assimile pas les variations des termes de l'échange à des hausses ou à des baisses du revenu réel. Pour comprendre la croissance du revenu réel dans une économie fondée sur les échanges commerciaux, il faut utiliser la mesure du revenu réel appelée le revenu national brut (RNB) réel par habitant, qui combine les variations de la production et de la productivité aux variations des termes de l'échange. Le RNB réel est une mesure du pouvoir d'achat du revenu qui revient aux Canadiens grâce au processus de production, sans égard à l'endroit où cette production a eu lieu.

    L'évaluation des progrès dépend de la mesure employée

    Les recherches1 révèlent que l'évaluation des progrès économiques du Canada par rapport à ceux des États-Unis au cours des 15 dernières années dépend dans une large mesure de ce que l'on examine la productivité isolément ou de ce que l'on tienne compte de toutes les sources de la croissance du revenu réel.

    Graphique 1 Rendement économique du Canada par rapport aux États-Unis 1997 T1 à 2011 T1

    Lorsque la productivité du travail2 est utilisée pour mesurer les progrès économiques, le Canada accuse un recul de 17 % par rapport aux États-Unis au cours de la période allant du premier trimestre de 1997 au premier trimestre de 2011 (graphique 1). Cette seule mesure tend à indiquer que le niveau de vie du Canada croît à un rythme plus lent que celui des États-Unis. Cependant, l'examen s'appuyant sur le PIB réel par habitant montre une augmentation de 5 % du niveau de vie du Canada par rapport à celui des États-Unis. Le recours au RNB réel par habitant indique une hausse encore plus marquée—12 %—du niveau de vie du Canada par rapport à ce qui est relevé aux États-Unis.

    Quelle est la meilleure mesure?

    Cette divergence notable entre les résultats soulève la question : « Quelle mesure est adéquate? ». Malheureusement, comme c'est souvent le cas en économie, la réponse à cette question est : « Ça dépend ». Si l'on s'intéresse à l'efficience de la production canadienne, il est préférable d'utiliser la productivité du travail. Si, en revanche, on s'intéresse au revenu produit par les Canadiens, il est préférable d'utiliser le PIB réel par habitant. Les ajustements qui doivent être faits pour passer d'une mesure de la productivité du travail à celle du PIB réel par habitant touchent l'intrant travail et la population active. Ces ajustements indiquent qu'une grande partie de l'écart entre le Canada et les États-Unis au chapitre de la productivité du travail est attribuable à la croissance plus forte de l'emploi au Canada (graphique 2, tableau 1). L'augmentation du nombre de travailleurs accroît le PIB réel par habitant, mais aussi le nombre d'heures travaillées, et réduit donc la productivité du travail. La croissance de la productivité plus faible au Canada qu'aux États-Unis s'est déroulée au même moment où le Canada a connu une croissance plus vigoureuse de l'emploi. Par conséquent, la mesure du revenu réel générée à partir d'une comparaison du PIB par habitant est plus propice à une comparaison entre le Canada et les États-Unis que les mesures de productivité relative.

    Graphique 2 Indices de l'emploi – Canada et états-Unis

    Enfin, si l'on s'intéresse à ce que le revenu des Canadiens leur permet d'acheter, il convient d'utiliser le RNB réel par habitant. Le PIB réel par habitant mesure le revenu en fonction de ce qui est produit : le nombre de cafés vendus, les barils de pétrole extraits, les voitures fabriquées ou les boisseaux de blé récoltés. Cependant, dans une économie de marché comme celle du Canada, qui est fondée sur des échanges commerciaux intensifs, cette production peut se transformer en importations (ordinateurs, appareils électroniques, voitures, vêtements et machines) à des fins de consommation ou d'investissement. Pour cerner l'effet complet de ces échanges, il est nécessaire de tenir compte des mouvements internationaux des prix — et, en tout premier lieu, des termes de l'échange. Le RNB réel combine la production (PIB réel) aux variations du revenu associées à l'activité internationale qui ne se rapporte pas au commerce de marchandises (l'investissement international et les mouvements des prix relatifs, par exemple). Et, surtout, il tient compte des variations des termes de l'échange.

    Tableau 1 Taux de croissance trimestriels annualisés composés

    En somme, le RNB réel est la mesure qui saisit le mieux la performance économique d'un pays et les variations des niveaux de vie. Il permet de cerner l'incidence de la croissance de la productivité, de la croissance de l'emploi, des dépenses en immobilisations et des variations des termes de l'échange. Les mesures économiques de base comme la consommation réelle par habitant ou le revenu personnel disponible réel par habitant, ces deux mesures étant incluses dans le RNB réel et associées aux ménages, indiquent une croissance plus forte au Canada qu'aux États-Unis entre le premier trimestre de 1997 et le premier trimestre de 2011 (tableau 1). Ce mouvement correspond à la croissance plus vigoureuse du RNB réel au Canada. Les comparaisons internationales fondées sur le RNB réel offrent un portrait plus exact de la variation du niveau de vie au Canada et aux États-Unis, portrait qui illustre les augmentations relatives du niveau de vie survenues au Canada au cours des 15 dernières années.

    Bibliographie

    Cette édition d'Aperçus économiques est fondée sur les travaux de la Division de l'analyse économique qui traitent de la croissance économique. Pour plus de renseignements, veuillez consulter les documents suivants :

    Baldwin, J.R. et, W.Gu. 2007. Croissance de la productivité à long terme au Canada et aux États-Unis. Produit no15-206-X au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. La revue canadienne de productivité. No 13.

    Baldwin, J.R., W. Gu et, B. Yan. 2008. Niveaux relatifs de productivité multifactorielle au Canada et aux États-Unis : une analyse sectorielle. Produit no15-206-X au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. La revue canadienne de productivité. No 19.

    Macdonald, R. 2007a. PIB réel et pouvoir d'achat de la production provincial. Produit no11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Série de documents de recherche sur l'analyse économique. No 46.

    Macdonald, R. 2007b. Croissance du revenu réel du Canada et des États-Unis avant et après 2000 : renversement des fortunes. Produit no11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Série de documents de recherche sur l'analyse économique. No 48.

    Macdonald, R. 2010. « Real gross domestic income, relative prices and economic performance across the OECD ». Review of Income and Wealth. Vol. 56. No 3. p. 498 à 518.

    Macdonald, R. 2011. Mesure du revenu réel dans le Système de comptabilité nationale : une application aux économies nord-américaines. Produit no11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Série de documents de recherche sur l'analyse économique. No 68.

    Roy, F. 2004. «Termes d'échange, PIB et devises ». L'observateur économique canadien. Vol. 17. No 3. Produit no11-010-X au catalogue de Statistique Canada. p. 3.1 à 3.10.


    Notes

    1. Voir par exemple Macdonald 2008b, 2010.
    2. La productivité du travail s'entend du PIB réel par heure travaillée. Il s'agit d'une mesure partielle de la productivité puisqu'elle ne tient pas compte de l'accroissement de l'efficience de l'utilisation du travail dans le processus de production. Une mesure plus complète, la productivité multifactorielle (PMF), tient compte de l'amélioration de l'utilisation du travail et du capital. Les mesures de la PMF ne sont pas disponibles sur une base trimestrielle, et c'est pour cela qu'elles ne sont pas employées ici. Les mesures de la PMF présentent certains écarts numériques par rapport à celles de la productivité du travail, mais le constat de base reste le même : la croissance de la productivité au Canada est inférieure à celle observée aux États-Unis.
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