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    Le rôle des ressources naturelles dans la croissance du revenu réel au Canada, de 1870 à 2010

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    Le rôle des ressources naturelles dans la croissance du revenu réel au Canada, de 1870 à 2010

    Par John Baldwin et Ryan Macdonald

    Logo pour Aperçus économiques

    Début de l'encadré

    Cet article de la série Aperçus économiques repose sur le document de recherche intitulé Ressources naturelles, termes de l'échange et croissance du revenu réel au Canada : 1870 à 2010. Dans ce document de recherche, on se penche sur l'importance des produits de ressources naturelles dans la croissance des échanges et du revenu réel.

    Fin de l'encadré

    En 2007, Statistique Canada a commencé à publier une série de documents de recherche portant sur l'effet des mouvements de prix des ressources naturelles et des termes de l'échange sur la croissance du revenu réel et les dépenses réelles1. Dans ces documents de recherche, on s'est intéressé à la façon dont les mesures du revenu réel dans le Système de comptabilité nationale de 1997 pourraient servir à combiner des renseignements sur les termes de l'échange et des mesures du produit intérieur brut (PIB) réel2. La mesure du revenu réel qui y a été examinée est appelée « revenu national brut réel »3. Le PIB réel et le revenu national brut (RNB) réel diffèrent : le PIB réel est une mesure de la production, tandis que le RNB réel est une mesure du pouvoir d'achat du revenu que les Canadiens tirent du processus de production, quel que soit l'endroit où la production a lieu.

    Les recherches ont montré qu'il y a des périodes où le PIB réel et le RNB réel affichent un rythme de progression économique fort différent. Par exemple, de 2002 à 2007, le RNB réel par habitant au Canada s'est apprécié de 3,1 % par année, soit près du double de la croissance annuelle de 1,6 % du PIB par habitant durant cette même période.

    Graphique 1 Termes de l'échange, 1870 à 2010

    La plus importante source d'écart entre le PIB réel et le RNB réel réside dans les variations des termes de l'échange — le ratio des prix des exportations aux prix des importations. Les hausses des termes de l'échange permettent à un pays de hausser son niveau de vie en transformant un flux donné d'exportations en un flux plus important d'importations.

    Les recherches ont aussi montré que l'amélioration des termes de l'échange au Canada pendant la période allant de 2000 à 2010 avait été en grande partie attribuable aux variations des prix des ressources. À l'examen de l'ensemble moderne de statistiques sur les Comptes nationaux, on constate que, depuis 1961, les termes de l'échange ont traversé des cycles parallèles à ceux du prix des ressources. Cependant, il n'était pas encore certain que les changements des termes de l'échange causés par les prix des ressources avaient engendré une hausse permanente du revenu réel. En raison du caractère volatile et cyclique du prix des ressources, il se peut qu'une période de hausse soit suivie d'une période de déclin. Ce fut le cas, apparemment, de 1961 à 2000, en particulier pendant les chocs pétroliers des années 1970.

    Un indice à long terme des termes de l'échange

    Pour déterminer si les hausses des termes de l'échange ont tendance à n'être que temporaires, il faut examiner des données sur une plus longue période. La durée des cycles des termes de l'échange rend difficile l'évaluation empirique de la présence ou non d'une tendance, même sur une période aussi longue que celle allant de 1961 à 2010. Pour déterminer à quel point les mouvements des termes de l'échange ont tendance à être transitoires plutôt que permanents, on s'est servi des variations du RNB réel au Canada ainsi que de sources historiques et modernes pour produire des estimations du PIB réel par habitant, du RNB réel par habitant et des termes de l'échange pour la période allant de 1870 à 2010.

    L'indice à long terme des termes de l'échange est représenté au graphique 1. Si l'on remarque les nombreux cycles des termes de l'échange survenus au cours de près d'un siècle et demi, on voit aussi qu'une tendance à la hausse se dessine à long terme. Cette caractéristique des termes de l'échange se révèle clairement sur l'ensemble de la période, mais il est difficile de la discerner entre 1961 et 2010, en raison de l'amplitude des variations des termes de l'échange lors des chocs pétroliers des années 1970 et de la période d'après 2000.

    Les termes de l'échange ont connu une rapide progression après 2000, tout comme lors de nombre de périodes antérieures — la période qui va des années 1870 au tournant du XXe siècle, la Première Guerre mondiale, la fin des années 1920, l'après-guerre et les années 1970 après le premier choc des prix du pétrole déclenché par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Fait plus important encore, si les sommets enregistrés par les termes de l'échange sont suivis de replis, on n'observe pas moins une hausse constante de la valeur globale des termes de l'échange au fil du temps. En 2010, les termes de l'échange au Canada s'étaient appréciés de 91 % par rapport à 1870.

    Soulignons que pendant la période allant de 1870 à 2010, nombre des produits de ressources naturelles qui pèsent dans les flux d'exportations canadiennes et, donc, dans les termes de l'échange au Canada, ont été développés. Le développement successif de ces ressources — qui vont des produits de l'agriculture et d'origine animale à la foresterie (billes, gros bois d'œuvre, bois de sciage et pâte et papier), aux métaux (zinc, cuivre, plomb, nickel, or, minerai de fer et uranium), au pétrole et au gaz naturel ainsi qu'à l'électricité et aux diamants — a alimenté le développement économique. Au cours de son histoire, le Canada est progressivement passé à des processus d'extraction plus complexes et plus perfectionnés, qui ont permis l'extraction et l'utilisation d'un éventail de plus en plus large de produits de ressources naturelles. Durant la période allant de 1870 à 2010, lorsque le prix relatif d'un produit ou d'un groupe de produits particulier commençait à être éclipsé par celui d'autres produits de ressources, le Canada est passé à l'extraction de nouvelles ressources ayant des prix relatifs plus favorables. Ce changement de groupes de produits a alimenté la hausse globale des termes de l'échange.

    PIB réel par habitant et RNB réel par habitant, de 1870 à 2010

    La mesure la plus couramment utilisée pour étudier les progressions du développement économique sur une longue période est le PIB réel par habitant. Le PIB réel par habitant fournit une indication de la façon dont la production augmente par rapport à la population d'un pays. Pour utile que soit cette mesure, elle n'est pas aussi complète, comme mesure du revenu permettant d'évaluer les variations des niveaux de vie, qu'une mesure qui indique combien une économie est capable d'absorber. Les termes de l'échange jouent un rôle important dans la croissance du revenu réel, parce que leur amélioration permet aux nations d'accroître plus rapidement qu'autrement leur consommation et leurs investissements. L'expansion plus rapide de la consommation et de l'investissement se produit en raison de l'abaissement du prix relatif des importations ou de la diminution du flux réel des exportations requises pour payer les influx de capitaux antérieurs. Dans un cas comme dans l'autre, l'amélioration des termes de l'échange agit comme un vent en poupe pour ce qui est des variations de la consommation et de l'investissement, tandis que leur détérioration agit comme un vent contraire. Ces effets sont pris en compte dans la mesure du RNB réel par habitant.

    À long terme, l'amélioration des termes de l'échange au Canada entre 1870 et 2010 a produit un différentiel de 0,12 point de pourcentage par année en moyenne entre la croissance du PIB réel par habitant et la croissance du RNB réel par habitant. Cette différence n'est pas d'amplitude constante d'une décennie à l'autre, mais elle est généralement positive. L'écart a tendance à être plus prononcé pendant les décennies allant de 1870 à 1919. Au cours de cette période, l'industrie du blé a connu une forte expansion et le nombre de pionniers dans les Prairies a beaucoup augmenté. Pendant les années 1920, le PIB réel par habitant s'est accru à un rythme presque identique à celui du RNB réel par habitant. Durant les années 1930, un écart de 0,1 point de pourcentage est apparu, ce qui a constitué une différence suffisamment importante pour permettre au Canada de passer d'une décennie de déclin pendant les années 1930 à une décennie de croissance. Après la Seconde Guerre mondiale, le RNB réel par habitant se remet à progresser plus rapidement que le PIB réel par habitant jusqu'aux années 1960. Les années 1960 marquent la première décennie durant laquelle le PIB réel par habitant progresse plus rapidement que le RNB réel par habitant. Si les années 1970 marquent le retour à la tendance historique d'un rythme de croissance supérieure du RNB réel par habitant, les années 1980 et 1990 présentent cependant une croissance du PIB réel par habitant plus rapide que la croissance correspondante du RNB réel par habitant. Pendant les années 2000, la tendance des années 1980 et 1990 s'inverse et la plus grande différence de rythme de croissance enregistrée entre le PIB réel par habitant et le RNB réel par habitant est engendrée, soit un écart de 0,55 point de pourcentage par année en moyenne.

    Graphique 2 Gain cumulé du RNB réel par habitant sur le PIB réel par habitant, 1870 à 2010

    La perspective à long terme

    À long terme, la différence de 0,12 point de pourcentage observée entre la croissance du PIB réel par habitant et celle du RNB réel par habitant a un important effet cumulé. Composée sur une période de 140 ans, elle aboutit à une croissance cumulative du RNB réel 18 % plus élevée que la croissance cumulative du PIB réel (graphique 2). Les augmentations favorables des termes de l'échange pendant la période d'après 1870 ont engendré une hausse du volume des biens et services que les Canadiens peuvent consommer et dans lesquels ils peuvent investir, qui est supérieure de 18 % à la croissance de la production enregistrée durant cette période.

    Ce gain de 18 % traduit une dimension permanente de la croissance du RNB réel à un rythme plus élevé que la croissance découlant d'un recours accru aux entrées économiques (capital et main-d'œuvre) et d'une productivité accrue. Le calcul d'estimations sur une longue période du PIB réel, du RNB réel et des termes de l'échange fait succinctement ressortir que les variations des termes de l'échange dues aux ressources ont eu un effet positif à long terme sur le niveau de vie au Canada.

    Bibliographie

    Cet article de la série Aperçus économiques s'appuie sur la recherche sur la croissance économique menée par la Division de l'analyse économique. Pour plus de renseignements, veuillez consulter les ouvrages suivants :

    Baldwin, J., et R. Macdonald. 2012. Ressources naturelles, termes de l'échange et croissance du revenu réel au Canada : 1870 à 2010. Produit no11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Série de documents de recherche sur l'analyse économique (AE). No 79.

    Baldwin, J., et R. Macdonald. 2009. PPA ou PPP : parité de pouvoir d'achat ou parité de pouvoir de production? Produit no11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Série de documents de recherche sur l'analyse économique (AE).  No 58.

    Macdonald, R. 2007a. PIBréel et pouvoir d'achat de la production provinciale. Produit no11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Série de documents de recherche sur l'analyse économique (AE). No 46.

    Macdonald, R. 2007b. Croissance du revenu réel du Canada et des États-Unis avant et après 2000 : renversement des fortunes. Produit no11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Série de documents de recherche sur l'analyse économique (AE).  No 48.

    Macdonald, R. 2008a. « Les termes de l'échange et la dépense intérieure ». L'Observateur économique canadien. Vol. 21. No 1. Produit no11-010-XPB au catalogue de Statistique Canada. p. 3.1 à 3.10.

    Macdonald, R. 2008b. L'essor des ressources naturelles et son incidence sur le pouvoir d'achat au niveau des provinces. Produit no11-624-M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Aperçus sur l'économie canadienne. No 21.

    Macdonald, R. 2008c. « Termes de l'échange au centre du Canada ». L'Observateur économique canadien. Vol. 21. No 12. Produit no11-010-XPB au catalogue de Statistique Canada. p. 3.1 à 3.11.

    Macdonald, R. 2010. « Real gross domestic income, relative prices and economic performance across the OECD ». Review of Income and Wealth. Vol. 56. No 3. p. 498 à 518.

    Macdonald, R. 2011. Mesure du revenu réel dans le Système de comptabilité nationale : une application aux économies nord-américaines. Produit no11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa, Ontario. Série de documents de recherche sur l'analyse économique (AE). No 68.


    Notes

    1. Voir les ouvrages suivants : Macdonald (2007a, 2007b); Macdonald (2008a, 2008b et 2008c); Baldwin et Macdonald (2009); Macdonald (2010); et Macdonald (2011).
    2. Trois ajustements sont opérés : un pour les termes de l'échange; un pour le prix relatif des biens échangeables et non échangeables; et un pour la rémunération internationale. Au Canada, la plupart des variations d'importance se rapportent aux termes de l'échange, et les différences observées entre le PIB réel et le RNB réel sont principalement dues aux mouvements des termes de l'échange. C'est pour cette raison que les termes de l'échange font l'objet d'une discussion approfondie ici. Le document explore les autres mesures en détail.
    3. Les différentes régions géographiques comportent différentes restrictions eu égard aux mesures du revenu réel qui peuvent être analysées. Au niveau des provinces, les seules données disponibles sur les opérations internationales et interprovinciales ont trait aux flux commerciaux. Ainsi, on utilise une mesure du revenu réel appelée « RNB réel » dans les documents portant sur les provinces et dans certaines des études internationales, pour accroître la taille de l'échantillon.
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