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    Le nouveau paradigme de l'investissement?

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    Le nouveau paradigme de l'investissement?

    Par John R. Baldwin, Wulong Gu et Ryan Macdonald

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    Début de l'encadré

    Le présent article de la série Aperçus économiques résume les résultats des études en cours de Statistique Canada portant sur l'investissement et l'accumulation de stock de capital. Il fait surtout référence au document de recherche intitulé Immobilisations incorporelles et croissance de la productivité au Canada.

    Fin de l'encadré

    La collecte de renseignements sur l'accumulation de richesses est au coeur des activités de Statistique Canada depuis sa création. La richesse du pays constitue une mesure de sa capacité financière, de sa situation internationale et de sa puissance économique. En 1915, à la demande du gouvernement conservateur dirigé par Robert L. Borden, Robert H. Coats, premier statisticien en chef du Canada, a effectué une première estimation de la richesse nationale. Il estima alors la valeur du Canada à 16,3 milliards de dollars. Depuis, la pratique d'effectuer des estimations de la richesse nationale se poursuit; selon les estimations actuelles du bilan national, la richesse du Canada se chiffre à 6,9 billions de dollars en 2011.

    Au fil du temps, l'estimation de la richesse nationale s'est précisée et la portée des actifs étudiés s'est élargie. Ce processus a nécessité un débat sur les actifs à inclure et la façon de les mesurer.

    Graphique 1 Part d'investissement du PIB du secteur des entreprises

    À l'heure actuelle, les discussions sont surtout axées sur la façon de gérer les investissements dans des domaines comme la connaissance scientifique, l'organisation d'entreprises et la publicité, qui créent des actifs sous forme de brevets, de secrets de fabrication, de codes informatiques, de structures organisationnelles et de marques. On qualifie d'investissement en actifs incorporels de telles dépenses, parce que les actifs qu'elles créent ne sont pas des objets physiques concrets comme la machinerie ou les bâtiments, mais plutôt des connaissances et des capacités intégrées aux entreprises.

    Importance accrue

    Dans les années 1990, l'étendue des dépenses en immobilisations étudiées s'est élargie lorsque la révolution informatique a fait ressortir l'importance de l'investissement en logiciels. En 1997, le système statistique a été revu : on y a inclus l'investissement en actifs incorporels liés aux logiciels et à l'ensemble des prospections minérales. Plus récemment, les estimations de l'investissement en actifs incorporels ont plutôt été axées sur les dépenses en recherche-développement (R-D) en vue de créer de nouveaux produits et processus.

    Il a toutefois été reconnu que les estimations de l'investissement en actifs incorporels, pour être complètes, doivent inclure toute dépense effectuée par une entreprise qui crée des actifs utilisables dans la production pour plus d'une année. Cependant, la prise en compte d'actifs incorporels autres que ceux liés à la R-D, aux logiciels et à la prospection minérale comporte des difficultés de mesure.

    Récemment, plusieurs estimations expérimentales plus exhaustives, qui s'inspirent de travaux menés dans plusieurs pays, ont été produites pour le Canada. Dans ces travaux, les actifs incorporels sont répartis en trois catégories : information informatisée (logiciels et bases de données, qui sont déjà considérés comme des investissements); propriété innovatrice (R-D; prospection minérale, qui est déjà considérée comme un investissement; coûts de développement de nouveaux produits dans le secteur financier; conception architecturale et de génie); et compétences économiques (publicité, formation des employés et des gestionnaires, capital organisationnel).

    Ces estimations montrent que l'investissement en actifs incorporels est devenu relativement plus important au fil du temps (graphique 1). À la fin des années 1970, l'investissement en actifs incorporels représentait environ 5,2 points de pourcentage de la part d'investissement du PIB du secteur des entreprises. L'investissement en actifs corporels représentait 20,9 points de pourcentage de cette part. Au milieu des années 2000, la part d'investissement en actifs incorporels avait augmenté pour atteindre environ 12,9 points de pourcentage de la part d'investissement du PIB du secteur des entreprises, tandis que la part d'investissement en actifs corporels en représentait 19,4 points de pourcentage.

    L'inclusion des actifs incorporels change la trajectoire de la part d'investissement total du PIB du secteur des entreprises. La part d'investissement en actifs corporels fluctue selon le cycle économique, diminue du milieu des années 1970 au début des années 1980 puis demeure stable : sa valeur moyenne est de 19,1 % entre 1983 et 2008. La part que représente l'investissement en actifs incorporels augmente toutefois, passant de 4,8 % en 1976 à 13,1 % en 2008.

    Effet sur le bilan

    L'importance croissante de l'investissement en actifs incorporels touche également la composition des actifs du bilan national. Sans les actifs incorporels, l'estimation de la richesse nationale de 2008 est de 6,1 billions de dollars, répartie à peu près également entre les personnes (33,9 %), les entreprises et les gouvernements (36,1 %) et les terrains (30 %) (tableau 1). La prise en compte de ces estimations expérimentales de l'investissement en actifs incorporels accroît la richesse nationale de 0,4 billion de dollars ou 6,6 %. Ainsi, cette croissance est entièrement attribuable aux entreprises et aux gouvernements, ce qui augmente la part relative du capital des entreprises et des gouvernements et diminue la part relative de la richesse nationale des personnes ou celle liée aux terrains. Ainsi, à mesure que l'importance de l'investissement en actifs incorporels s'accroît au cours de la période allant de 1976 à 2008, la part de la richesse nationale des entreprises augmente également.

    Tableau 1 Estimations de la richesse nationale comprenant ou non les actifs incorporels, certaines années, 1976 à 2008

    Le changement novateur

    Pour évaluer l'importance de l'innovation au Canada et de la vaste étendue des dépenses qui l'appuient, il faudrait évaluer l'ensemble complet des investissements en actifs incorporels. Les dépenses d'innovations de nombreuses entreprises ne consistent pas exclusivement en salaires payés aux scientifiques impliqués dans la R-D traditionnelle. Elles sont également axées sur une gamme d'autres dépenses scientifiques et de génie. En 2008, ces dépenses sont aussi importantes que la R-D à elle seule.

    En 2008, la R-D scientifique et de génie représentait 10,6 % d'actifs incorporels liés à l'innovation, tandis que l'architecture, la conception, le génie, les services scientifiques pour compte propre et l'achat de services scientifiques ont été aussi importants, représentant quelque 10,5 % de ces actifs. Les dépenses ayant trait à la délimitation des gisements, une autre forme d'investissements de savoir incorporel, particulièrement importante dans l'économie canadienne, s'établissaient à 12 %. Ces dernières ne sont souvent pas comprises dans les comparaisons entre pays de la pertinence des dépenses d'innovation au Canada.

    Mais la composante la plus importante des investissements en actifs incorporels se situe dans les domaines de compétence économique, qui représentent de 56 % à 58 % de l'investissement total en actifs incorporels (tableau 2). Il s'agit des investissements en publicité et en capital organisationnel, y compris la capacité de gestion scientifique requise pour gérer les organisations modernes. Ces dépenses permettent aux entreprises d'améliorer leur capacité concurrentielle ou de modifier leur processus de production en vue d'accroître l'efficience; elles contribuent grandement au savoir de ces entreprises.

    Tableau 2 Composition des investissements en actifs incorporels, 1976, 1990, 2000 et 2008

    Bibliographie

    Cet article de la série Aperçus économiques est fondé sur les travaux de la Division de l'analyse économique qui traitent de la croissance économique. Pour plus de renseignements, veuillez consulter les documents suivants :

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