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Taux d’entrée et de sortie d’entreprises au Canada : un portrait sur 30 ans

Taux d’entrée et de sortie d’entreprises au Canada : un portrait sur 30 ans

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par Ryan Macdonald, Division de l’analyse économique

Début de l'encadré

Cet article de la série Aperçus économiques décrit les résultats d’un projet de couplage de données visant à créer des estimations expérimentales à long terme des taux d’entrée et de sortie d’entreprises au Canada. Il fait partie d’un ensemble d’articles examinant la dynamique des entreprises au moyen de données microéconomiques.

Fin de l'encadré

L’entrée et la sortie d’entreprises constituent des facteurs importants du dynamisme essentiel à une économie en santé. L’entrée de nouvelles entreprises est un moteur important de la croissance de la productivité et de l’adoption des nouvelles technologies, alors que les sorties éliminent les entreprises moins productives. Selon un nouvel ensemble de données expérimentales couplées pour la période allant de 1983-1984Note 1 à 2011-2012, le taux d’entrée dans le secteur canadien des entreprisesNote 2 est passé de 24,5 % à 13,1 %, alors que le taux de sortie est passé de 16,5 % à 11,6 % (graphique 1).

Graphique 1  Secteur des entreprises, taux d'entrée et taux de sortie, 1983-1984 à 2011-2012

Description du graphique 1

Les entrées constituent des indicateurs importants du dynamisme de l’économie, parce qu’elles peuvent être considérées comme une forme d’expérimentation introduisant sur le marché de nouvelles idées, de nouveaux modèles opérationnels et de nouvelles technologies. Dans le même ordre d’idées, les sorties peuvent être vues comme la fin d’expériences non réussies, éliminées du marché par les pressions concurrentielles. Les mesures des entrées et des sorties sont donc un bon moyen d’examiner le roulement des entreprises, caractéristique importante de la dynamique microéconomique des entreprises.

Les résultats d’études récentes axées sur les années suivant l’an 2000 sont contrastés quant au déclin des taux d’entrée et de sortie d’entreprises au Canada. Après examen du nombre d’entreprises, Ciobanu et Wang (2012) n’ont pas pu établir une tendance claire des taux d’entrée et de sortie dans le secteur des entreprises entre 2000 et 2008. Baldwin, Liu et Wang (2013) font quant à eux état de taux d’entrée et de sortie stables en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et en Ontario, mais de tendances à la baisse dans le Canada atlantique, au Québec et au Manitoba. Criscuolo, Gal et Menon (2014) ont constaté que, durant les années 2000, la part des entreprises en démarrage (entreprises de moins de trois ans) a diminué dans beaucoup de pays, y compris au CanadaNote 3.

Les taux d’entrée et de sortie présentés ici sont calculés à partir du nombre total d’entrées ou de sorties, divisé par la population des entreprises actives. Cette approche rend compte de la variation du nombre d’entreprises au fil du temps. Les résultats complètent les analyses réalisées dans le cadre des travaux antérieurs et montrent clairement une tendance à la baisse des taux d’entrée et de sortie lorsque la période couverte par les séries chronologiques est accrue par l’ajout d’estimations historiques. Lorsqu’on combine les données postérieures à 2000 aux données historiques, la tendance à la baisse se dégage plus clairement. Ces résultats ne contredisent pas les conclusions contrastées des études antérieures, parce que la tendance baissière est moins prononcée durant la période de 2000 à 2010 que durant les périodes antérieures.

Les données révèlent un déclin à long terme du taux d’entrée dans le secteur des entreprises correspondant à plus du double du recul du taux de sortie. La majeure partie de cette différence est attribuable aux années 1980, période durant laquelle les taux d’entrée ont reculé mais où les taux de sortie ont augmenté. Le taux d’entrée a reculé de 5,7 points de pourcentage entre 1983-1984 et 1990-1991, alors que le taux de sortie a augmenté de 2,6 points de pourcentage. En conséquence, au milieu des années 1980, le taux d’entrée était supérieur de 8,0 à 4,8 points de pourcentage au taux de sortie. À la récession de 1990-1991, le taux de sortie avait augmenté jusqu’à atteindre le niveau du taux d’entrée (qui affichait une tendance à la baisse), et tous deux sont demeurés à des niveaux comparables jusqu’en 1995-1996. En 1995-1996, le taux de sortie a reculé par rapport au taux d’entrée, et un écart plus stable s’est installé entre les taux d’entrée et de sortie. Cet écart s’établissait en moyenne à 1,98 point de pourcentage entre 1996-1997 et la fin de la période étudiée en 2011-2012.

Tendances similaires dans toutes les industries

De 1983-1984 à 2011-2012, les taux d’entrée dans de nombreuses industries ont reculé de 7 à 11 points de pourcentage, alors que les taux de sortie ont eu tendance à diminuer de 2 à 7 points de pourcentage (graphique 2). Cette situation porte à croire qu’il existe une similarité entre les facteurs sous-jacents qui influent sur les taux d’entrée et de sortie — par exemple, un déclin général de l’expérimentation — plutôt que des effets idiosyncrasiques dans certaines industries.

Malgré la similarité de l’ampleur des reculs des taux d’entrée et de sortie, certains changements étaient propres à des industries particulières, toutes les industries n’ayant pas évolué de la même manière ni au même rythme. C’est notamment le cas de l’industrie de la fabrication.

Graphique 2 Variation du taux d'entrée et du taux de sortie par industrie, 1983-1984 à 2011-2012

Description du graphique 2

Industrie de la fabrication

Les taux d’entrée et de sortie de l’industrie de la fabrication présentent bon nombre des mêmes caractéristiques que ceux de l’ensemble du secteur des entreprises (graphique 3), soit : un écart plus important dans les années 1980, réduit par une hausse des taux de sortie; un long repli des taux d’entrée; et des tendances de taux d’entrée et de sortie similaires à long terme.

Toutefois, après la fin des années 1990, contrairement à ce qui s’est passé dans l’ensemble du secteur des entreprises où le nombre d’entreprises a augmenté (le taux d’entrée dépassait alors le taux de sortie), le taux d’entrée de l’industrie de la fabrication est passé en dessous du taux de sortie, c’est-à-dire que le nombre d’entreprises a commencé à diminuer. Cet événement coïncide avec la période où la part de l’industrie de la fabrication dans la valeur ajoutée de l’économie canadienne a commencé à diminuer. En revanche, lorsque cette part a augmenté dans les années 1980 et 1990, les taux d’entrée dépassaient les taux de sortie, ce qui a entraîné une hausse du nombre d’entreprises dans l’industrie.

Les écarts entre les taux d’entrée et de sortie de l’industrie de la fabrication reflètent les différences du contexte économique auquel les fabricants ont été confrontés. Dans les années 1980 et 1990, le dollar canadien s’est déprécié par rapport au dollar américain, et dans les années 1990, la mise en œuvre de l’accord de libre-échange (ALE) entre le Canada et les États-Unis et de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) a changé la composition de l’industrie canadienne de la fabricationNote 4. Durant ces décennies, le nombre d’entreprises a augmenté, et la part de l’industrie de la fabrication dans la valeur ajoutée au Canada a évolué inversement à la tendance internationale, qui présentait une diminution de l’importance de ce secteurNote 5.

Graphique 3 Taux d'entrée et taux de sortie dans l'industrie de la fabrication, 1983-1984 à 2011-2012

Description du graphique 3

La mise en œuvre de l’ALE et de l’ALENA, plus particulièrement, a coïncidé avec des changements des taux d’entrée des entreprises dans l’industrie de la fabrication. Après la récession de 1990-1991, le taux d’entrée est passé d’environ 12,2 % à 15,8 % en 1996-1997, avant de reprendre une tendance à la baisse.

L'économie perd-elle en dynamisme?

Les taux d’entrée et de sortie d’entreprises au Canada ont diminué depuis trente ans. Le recul du taux d’entrée était environ deux fois plus important que celui du taux de sortie, et ce, généralement dans toutes les industries. L’expérimentation et l’adoption des technologies qui accompagnent habituellement les entrées, ainsi que le processus en vertu duquel les forces du marché font en sorte que les entreprises qui ne réussissent pas sortent, se sont atténués au fil du temps, ce qui semble indiquer une diminution d’un des aspects servant à caractériser le degré de dynamisme d’une économie. Toutefois, les changements dans les taux d’entrée et de sortie ne signifient pas que l’économie du Canada devient moins dynamique. Les entrées et les sorties ne sont qu’un des éléments du processus de rééquilibrage économique qui constitue le dynamisme de l’économie. D’autres paramètres, comme le roulement des entreprises, les changements dans les parts de marché et la redistribution des emplois, ne sont pas abordés ici et nécessitent une évaluation approfondie selon d’autres dimensions.

Conclusion

Selon les données expérimentales couplées, il est clair que les taux d’entrée et de sortie des entreprises ont reculé depuis trente ans. L’ampleur de ce repli était comparable dans toutes les industries, ce qui donne à penser qu’il s’agissait d’un déclin de longue durée plutôt que du résultat d’un changement de composition permettant que la croissance favorise les industries ayant les taux d’entrée et de sortie les plus faibles. Le recul ne découlait pas non plus d’un rajustement d’un secteur de l’économie à la suite d’événements spécifiques produisant une dynamique considérablement différente de celle d’un autre secteur. Bien que des chocs touchant certaines industries aient entraîné des ajustements dans celles-ci, aucun n’était suffisamment important pour annuler le recul généralisé des taux d’entrée et de sortie.

Références

Baldwin, J.R., H. Liu et W. Wang. 2013. Dynamique des entreprises : l’entrée et la sortie d’entreprises dans les provinces canadiennes. L’économie canadienne en transition, no 30. Produit no 11-622-M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

Baldwin, J.R., et R. Macdonald. 2009. Le secteur canadien de la fabrication : adaptation aux défis. Série de documents de recherche sur l’analyse économique, no 57. Produit no 11F0027M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

Criscuolo, C., P.N. Gal et C. Menon. 2014. The Dynamics of Employment Growth : New Evidence from 18 Countries. OECD Science, Technology and Industry Policy Papers, no 14. Paris : Éditions OCDE.

Ciobanu, O., et W. Wang. 2012. Dynamique des entreprises : l’entrée et la sortie d’entreprises au Canada, 2000 à 2008. L’économie canadienne en transition, no 22. Produit no 11-622-M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

Decker, R., J. Haltiwnager, R.S. Jarmin et J. Miranda 2014. The Secular Decline in Business Dynamism in the U.S. University of Maryland. Manuscrit.

Hathaway, I., et R.E. Litan. 2014. Declining Business Dynamism in the United States: A Look at States and Metros. The Brookings Institution. Economic Studies at Brookings, Mai 2014.

Pilat, D., A. Cimper, K. Olsen, et C. Webb. 2006. The Changing Nature of Manufacturing in OECD Economies. DSTI Working Paper no. 9. Paris : Organization of Economic Co-operationand Development.

Rollin, A.M. 2012. Dynamique des entreprises : dynamique de l’emploi résultant de la croissance et de la décroissance des entreprises au Canada, 2001 à 2009. L’économie canadienne en transition, no 24. Produit no 11-622-M au catalogue de Statistique Canada. Ottawa : Statistique Canada.

United States Census Bureau. Business Dynamics Statistics. Dernière mise à jour le 21 novembre 2013. Disponible au lien suivant : http://www.census.gov/ces/dataproducts/bds/ (consulté le 5 août 2014).

Annexe : Couplage des données

Le Programme d’analyse longitudinale de l’emploi (PALE) de Statistique Canada fait le suivi des entrées et des sorties d’entreprises. Le programme suit les entreprises au fil du temps au moyen des fichiers d’impôt, plus particulièrement des données administratives figurant sur les déclarations T4 et des numéros d’entreprise qui y sont associés. En couplant les fichiers administratifs de plusieurs années, on peut déterminer la durée de vie d’une entreprise particulière.

Une nouvelle version du PALE est construite chaque année. Grâce à l’application de règles pour les fusions, les acquisitions et les dessaisissements, le PALE crée une structure particulière d’entreprises propres à la version. Quand les données d’une année sont ajoutées à l’ensemble de données, le nombre d’entreprises change donc. Ces changements ont une plus grande incidence sur le nombre d’entreprises que le taux de croissance des entreprises. En conséquence, les estimations à long terme des entrées et sorties d’entreprises établies dans la présente étude font appel aux taux de croissance des versions antérieures afin d’extrapoler rétrospectivement les estimations pour l’année courante.

Pour établir des estimations des entrées et sorties d’entreprises par industrie, il faut convertir les données des versions antérieures de la Classification type des industries (CTI) au Système de classification des industries de l’Amérique du Nord (SCIAN). À partir des renseignements des fichiers du PALE pour les années de chevauchement, une concordance entre la CTI et le SCIAN a été établie. Cette concordance a ensuite servi à convertir les codes de la CTI des versions du PALE fondées sur la CTI en codes du SCIAN.

Pour un certain nombre d’industries, les corrélations entre les données fondées sur le SCIAN et les données de la CTI converties au SCIAN étaient inférieures à ce qui était souhaité. Comme le couplage des données des industries SCIAN 61 (services d’enseignement) et SCIAN 62 (soins de santé et assistance sociale) n’a pas donné de résultats satisfaisants, ces industries ne sont pas comprises dans les données présentées, ni dans l’ensemble agrégé du secteur des entreprises. Les industries SCIAN 52 (finance et assurances), SCIAN 53 (services immobiliers) et SCIAN 55 (gestion de sociétés et d’entreprises) ont aussi donné des valeurs qui n’étaient pas idéales pour le couplage, et ont donc été regroupées dans l’industrie finance, assurances, services immobiliers et de location (FASIL), qui donne de meilleurs résultats. La valeur agrégée, plutôt que les valeurs individuelles des industries du SCIAN, est présentée. Enfin, l’industrie SCIAN 22 (services publics) contenait un certain nombre d’observations aberrantes; les valeurs ont été jugées de qualité insuffisante pour être publiées et présentées isolément.  

Pour extrapoler rétrospectivement les données, des estimations historiques sont créées à deux niveaux d’agrégation. D’abord, le secteur des entreprises de niveau supérieur fait l’objet d’une extrapolation rétrospective. Le secteur des entreprises s’entend de l’ensemble des entreprises toutes industries confondues, à l’exception des industries SCIAN 61 (services d’enseignement), SCIAN 62 (soins de santé et assistance sociale) et SCIAN 91 (administrations publiques). Comme la répartition des entreprises dans les industries peut changer au fil du temps, le secteur des entreprises permet le couplage le plus stable.

Ensuite, on effectue une extrapolation rétrospective pour chaque industrie. Ces estimations par industrie servent à obtenir une estimation ascendante pour le secteur des entreprises; cette estimation n’est pas identique à la valeur de niveau supérieur, qui donne le meilleur couplage. Pour produire des estimations par industrie qui correspondent à l’estimation de niveau supérieur du secteur des entreprises, la part de chaque industrie dans l’estimation ascendante du secteur des entreprises pour chaque année est calculée; les résultats obtenus servent ensuite à répartir le couplage de niveau supérieur dans les industries. Ainsi, le meilleur couplage agrégé est combiné aux données des couplages par industrie, ce qui permet une agrégation des industries avec les données de niveau supérieur du secteur des entreprises.

Les résultats des taux d’entrée et de sortie par industrie sont présentés aux tableaux 1 et 2.


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