3 Données et méthodes

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La présente étude est fondée sur l'Enquête sur la diversité ethnique (EDE) de Statistique Canada pour 2002. L'EDE est une enquête nationale auprès de plus de 42 000 Canadiens non autochtones âgés de 15 ans ou plus. L'enquête a été conçue pour produire des données sur la façon dont les Canadiens de différentes origines ethniques interprètent leur origine ethnique et en rendent compte, ainsi que sur la façon dont les antécédents des personnes ont des répercussions sur leur participation à la vie sociale, économique et culturelle du Canada. C'est pourquoi l'enquête porte sur une vaste gamme de sujets, y compris l'origine ethnique, l'identité ethnique, le lieu de naissance, le statut de minorité visible, la religion, la participation à des activités religieuses, la connaissance des langues, les antécédents familiaux, les réseaux sociaux, la participation communautaire, l'interaction avec la société, les attitudes, la satisfaction à l'égard de la vie, la confiance et les activités socio-économiques. L'Enquête comprend en outre un suréchantillon de groupes de minorité d'origine autre que britannique ou française, ce qui permet l'obtention d'échantillons relativement importants, afin de permettre des comparaisons entre ces groupes de minorités et les grandes collectivités ethniques mieux établies, pour diverses caractéristiques.

La présente étude est axée sur les différences entre les groupes en ce qui a trait à l'obtention d'un diplôme universitaire par les membres de la deuxième génération, y compris les enfants nés au Canada dont au moins un parent est immigrant et ceux qui ont immigré au Canada à l'âge de 12 ans ou avant. Nous incluons également les enfants de parents nés au Canada comme groupe de référence. Étant donné que les jeunes adultes sont plus susceptibles de terminer l'université que les personnes plus âgées, et que les groupes ethniques diffèrent de façon significative dans leur structure d'âge, nous limitons notre analyse à un sous-échantillon d'environ 6 019 jeunes adultes âgés de 25 à 34 ans. Environ 16 % de l'échantillon d'enfants de parents immigrants (3 330) de notre étude est constitué d'enfants qui ont immigré au Canada pendant les années 1970 et 1980. Le reste de l'échantillon (84%) est constitué d'enfants nés au Canada de parents qui ont immigré au Canada avant les années 1970. La taille de l'échantillon d'enfants dont les parents sont nés au Canada est de 2 689.

À l'intérieur de l'échantillon sélectionné, nous avons identifié les 18 groupes selon le pays/la région d'origine chez les enfants de parents immigrants, chacun comportant une taille d'échantillon minimum d'environ 50 personnes. Les groupes sont fondés sur le pays de naissance des individus pour les jeunes nés à l'étranger, le pays de naissance de la mère pour les jeunes nés au Canada lorsque la mère est immigrante ou du pays de naissance du père lorsque seulement le père est immigrant. Ces groupes selon la région d'origine comprennent huit pays/régions autres que ceux de l'Ouest : l'Afrique, les Caraïbes, l'Amérique latine, la Chine (y compris Hong Kong et Taïwan), les Philippines, l'Inde, l'Asie occidentale/le Moyen-Orient, et les autres pays d'Asie.

On compte en outre 10 groupes des pays de l'Ouest : les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie, le Portugal, les Pays-Bas, les autres pays de l'Europe du Nord/occidentale, l'Europe orientale, les autres pays européens et les autres pays (principalement l'Océanie). Voir le tableau 1 pour la taille d'échantillon de chaque groupe identifié. La composition de la population de certains de ces groupes est beaucoup plus hétérogène qu'elle ne l'est pour les autres. Par exemple, environ 14 % du groupe d'immigrants de l'Afrique ont déclaré qu'ils étaient des Noirs en réponse à la question sur l'appartenance à une minorité visible posée lors de l'Enquête, 37 % ont déclaré qu'ils appartenaient à d'autres minorités visibles et 49 % ont déclaré qu'ils étaient d'origine ethnique européenne. Environ 62 % des immigrants des Caraïbes ont déclaré être des Noirs et 23 %, qu'ils appartenaient à d'autres minorités visibles. Par contre, 96 % des immigrants de la Chine ont déclaré être des Chinois en réponse à la question sur l'appartenance à une minorité visible, 95% des immigrants de l'Inde ont déclaré être des Sud- Asiatiques, 84% des immigrants des Philippines ont déclaré être des Philippins.

Dans nos analyses de régression, nous incluons cinq ensembles de variables explicatives. Le premier ensemble est constitué de variables démographiques de base, y compris l'âge (de 25 à 34 ans), le sexe (femme=1), la structure familiale, le lieu de résidence et la génération. La structure familiale comporte quatre catégories : a vécu principalement avec ses parents biologiques jusqu'à l'âge de 15 ans, a vécu principalement avec sa mère biologique jusqu'à l'âge de 15 ans, a vécu principalement avec son père biologique jusqu'à l'âge de 15 ans, et n'a vécu ni  avec son père ni avec sa mère biologique jusqu'à l'âge de 15 ans. Le lieu de résidence est codé selon trois catégories : grandes régions métropolitaines (les 8 régions métropolitaines les plus importantes au Canada), petites régions métropolitaines (les 18 autres régions métropolitaines comptant une population d'au moins 100 000 habitants), et régions non métropolitaines. La génération est codée selon quatre catégories : génération 1,5 (c.-à-d. les personnes dont l'âge au moment de l'immigration se situait entre 6 et 12 ans), génération 1,75 (c.-à-d. les personnes qui ont immigré avant l'âge de 6 ans), deuxième génération (né au Canada de deux parents immigrants), génération 2,5 (né au Canada d'un seul parent immigrant). Des études antérieures des États-Unis ont montré des différences significatives entre ces groupes de générations du point de vue des résultats en matière d'adaptation (Rumbaut, 2004).

Le deuxième ensemble de variables mesure le niveau de scolarité du père et de la mère. Pour chaque parent, le niveau de scolarité est codé selon quatre catégories : titulaire d'un diplôme universitaire, études postsecondaires partielles, diplôme d'études secondaires, niveau d'études inférieur au diplôme d'études secondaires.

Le troisième ensemble de variables rend compte de la langue maternelle et de la langue de la famille du répondant et est codé selon trois catégories : anglais ou français comme langue maternelle; ni anglais ni français comme langue maternelle, mais a parlé l'anglais ou le français avec ses parents jusqu'à l'âge de 15 ans; ni anglais ni français comme langue maternelle, et n'a pas parlé l'anglais ou le français avec ses parents jusqu'à l'âge de 15 ans.

Le quatrième ensemble de variables a trait à ce que Borjas (1992, 1995) désigne comme le « capital ethnique » et qui est essentiellement le capital humain au niveau du groupe, tel que mesuré par les ressources socio-économiques moyennes de la génération des parents du répondant. Selon l'approche de Borjas, nous calculons le pourcentage moyen ayant obtenu un diplôme universitaire et les gains moyens pour les immigrants de sexe masculin âgés de 35 à 50 ans, selon le pays de naissance, à partir des données du Recensement de 1991. Puis nous fusionnons ces deux variables à nos données de l'EDE selon le pays de naissance du père (ou de la mère, si le père n'était pas un immigrant). Dans notre échantillon de l'EDE, nous pouvons déterminer 76 pays (ou régions) de naissance à partir des données sur les parents. Nous utilisons ce même regroupement de 76 pays pour le calcul des variables à partir du Recensement de 1991 et pour l'appariement des deux sources de données. Pour les enfants de parents nés au Canada, le pourcentage moyen de personnes ayant un diplôme universitaire et les gains moyens de la génération du père étaient fondés sur un regroupement selon 24 catégories d'appartenance ethnique du Recensement de 1991.

Le dernier ensemble de variables correspond au pourcentage de personnes vivant dans une région rurale ou une petite ville (population inférieure à 5 000 habitants) et appartenant à la génération du père du répondant. Nous utilisons la même approche que celle utilisée pour le calcul des deux variables du capital humain au niveau du groupe qui précèdent. Étant donné que nos variables du capital humain au niveau du groupe et du lieu de résidence de la génération du père sont des variables au niveau du groupe, nous acceptons la dépendance à l'intérieur d'un groupe dans nos estimations de régression.

Nous construisons un modèle de régression logistique et un modèle de régression par les moindres carrés ordinaires (MCO) pour examiner dans quelle mesure les cinq ensembles de variables qui précèdent peuvent expliquer les différences observées dans les taux de diplômation universitaire au sein des groupes d'immigrants 3 . Selon les résultats de la régression par les MCO, nous isolons aussi la contribution respective des cinq ensembles de variables explicatives qui précèdent à chaque avantage ou désavantage lié au groupe d'immigrants dans les résultats 4.

Nous examinons en outre comment les effets des cinq ensembles de variables diffèrent d'un groupe à l'autre, grâce à des modèles distincts pour les groupes de pays/régions d'origine européenne et pour ceux de pays/régions d'origine non-européenne. Par la suite, nous exécutons des modèles distincts pour les cinq grands pays/régions d'origine : les Caraïbes, la Chine, l'Inde, le Royaume-Uni et l'Italie 5 .

L'EDE est une enquête probabiliste et un poids d'enquête est attribué à chaque répondant, afin de représenter la population cible au niveau national. Ce poids est utilisé dans tous nos résultats descriptifs. Dans nos modèles de régression, nous uniformisons ce poids d'enquête en le divisant par le poids moyen à l'intérieur de groupes d'immigrants sélectionnés dans l'échantillon de notre étude. Ce poids uniformisé a comme avantage qu'il maintient les mêmes distributions que les poids non uniformisés, mais permet d'éviter une surestimation du niveau critique (Statistique Canada, 2003).

3 . La régression logistique est statistiquement plus appropriée pour le résultat dichotomique concernant le diplôme universitaire. Toutefois, la régression par les moindres carrés ordinaires (MCO) produit des estimations qui se rapprochent beaucoup des résultats de la régression logistique lorsque la distribution de la variable des résultats est de l'ordre de 25 % à 75 %. Comme le montrent les deuxième et troisième colonnes du tableau 4, les deux approches produisent des résultats très similaires. L'avantage de la régression par les MCO est qu'elle permet facilement de décomposer la contribution de chaque variable explicative à la partie « expliquée » de chaque avantage ou désavantage lié au groupe, c'est-à-dire, la différence dans le taux de diplômation universitaire d'un groupe, avant et après la prise en compte de toutes les variables explicatives.

4 . À cette fin, nous utilisons une variation de la méthode de décomposition d'Oaxaca (Oaxaca et Ransom, 1994). Dans cette approche, la composante « expliquée » est calculée comme correspondant à la somme des différences entre les moyennes de groupes et les moyennes de l'échantillon regroupé de tous les groupes, et les différences pondérées selon les coefficients de modèle de l'échantillon regroupé.

5 . Étant donné que la taille de l'échantillon était relativement petite pour certains groupes et que certaines variables comportent peu de cas dans certaines catégories, au moment de l'exécution de ces modèles propres à des groupes, nous avons recodé la structure familiale en deux catégories (a vécu avec ses deux parents biologiques et autres), et le lieu de résidence en deux catégories (grandes régions urbaines et autres). Nous excluons aussi la variable de la langue des modèles pour les immigrants des Caraïbes et du Royaume-Uni, étant donné que ces groupes comportent très peu de cas de personnes dont la langue maternelle est une autre langue que l'anglais ou le français.