1 Introduction

Avertissement Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

Comment les immigrants et leurs enfants s'intégreront-ils dans la société qui les accueille alors qu'ils vivent et travaillent de plus en plus dans un environnement socialement diversifié et hétérogène? Il s'agit d'une préoccupation qui prévaut dans la plupart des pays occidentaux développés qui dépendent de l'immigration internationale pour alléger les pressions exercées par la baisse de la fécondité et les pénuries de main-d'œuvre (Cheong, Edwards, Goulbourne et Solomos, 2007; Gregg, 2006).

On observe couramment dans les pays qui accueillent des immigrants que les immigrants récents s'installent principalement dans les grandes régions urbaines. Parallèlement, la population née au pays continue de quitter ces régions (Frey 1995; Hou et Bourne 2006). Les immigrants se retrouvent de plus en plus en contact avec des membres de leur propre groupe, ainsi que des membres d'autres groupes de minorités, au quotidien (Hou, 2006). C'est à l'intérieur de ces régions métropolitaines hétérogènes que les immigrants en viennent à dépendre de ressources et de réseaux ethniques pour leurs débouchés en matière d'emploi, ainsi que pour surmonter les obstacles sur le marché du travail. En fait, la participation aux économies ethniques et le travail autonome ont été identifiés comme d'autres voies de la survie économique ou même de l'avancement des minorités et des immigrants, particulièrement ceux qui ne sont pas très familiers avec la langue du pays hôte et ceux qui ont de faibles niveaux de scolarité (Fong et Lee, 2007; Logan, Alba et Stults, 2003; Portes et Jensen, 1989; Zhou, 2004a). Parallèlement, certains chercheurs ont fait des mises en garde en ce qui a trait à la surévaluation des avantages des économies ethniques (Logan, Alba et Stults, 2003; Sanders et Nee, 1987; Sanders et Nee, 1992). D'autres préviennent que les minorités pourraient se retrouver prisonnières d'enclaves ethniques, aux dépens de leur intégration dans l'économie et la société dominantes (Massey, 1995).

Plusieurs ouvrages publiés sur les économies ethniques sont fondés sur des études des États-Unis concernant quelques groupes de minorités dans plusieurs grandes métropoles qui servent de portes d'entrée aux immigrants. On sait peu de choses au sujet du développement et des effets des économies ethniques dans d'autres grands pays qui reçoivent des immigrants. Qui plus est, les études antérieures sur les économies ethniques ont souffert d'une « anarchie conceptuelle » et du caractère arbitraire de leur opérationnalisation empirique (Logan, Alba et McNulty, 1994; Nee, Sanders et Sernau, 1994). Afin de mieux comprendre les répercussions des économies ethniques, l'accent devrait être mis sur des formes et des aspects particuliers d'économies ethniques qui peuvent être directement mesurés (Logan, Alba et Stults, 2003; Waldinger, 1993; Waters et Eschbach, 1995). La présente étude porte donc sur un aspect des économies ethniques : la concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail, selon une mesure qui est beaucoup moins sujette aux erreurs de mesure que l'on retrouve couramment dans des études antérieures.

À partir d'un vaste échantillon représentatif de la population nationale tiré de l'Enquête sur la diversité ethnique de 2002 de Statistique Canada, la présente étude vise à répondre aux questions suivantes : Quel est le niveau de concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail chez les groupes de minorités au Canada? 2) Comment les travailleurs qui travaillent principalement avec des collègues appartenant à la même ethnie qu'eux diffèrent-ils des autres travailleurs en ce qui a trait aux attributs sociodémographiques? De façon plus particulière, sont-ils plus susceptibles d'avoir des niveaux plus faibles de connaissance de la langue du pays hôte et de scolarité? 3) Un niveau plus élevé de concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail est-il lié à des gains plus faibles? Le cas échéant, dans quelle mesure les caractéristiques démographiques et les caractéristiques de l'emploi sont-elles responsables de l'association? 4) Un niveau plus élevé de concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail est-il lié à des niveaux plus élevés de satisfaction à l'égard de la vie?