3 Données et mesures

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La présente étude repose sur des données de l'Enquête sur la diversité ethnique (EDE) de 2002 de Statistique Canada. L'EDE recueille des données auprès d'un échantillon représentatif de la population nationale de plus de 42 000 Canadiens non autochtones âgés de 15 ans et plus. L'enquête a été conçue pour fournir des renseignements, afin de mieux comprendre comment les Canadiens de diverses origines ethniques interprètent leur origine ethnique et en rendent compte et comment les antécédents des personnes affectent leur participation à la vie sociale, économique et culturelle au Canada. À cette fin, l'enquête porte sur une vaste gamme de sujets, y compris l'origine ethnique, l'identité ethnique, le lieu de naissance, le statut de minorité visible, le statut des générations, la connaissance des langues, les antécédents familiaux, les réseaux sociaux, la satisfaction à l'égard de la vie et les activités socioéconomiques. Dans le cadre de l'enquête, les groupes de minorités visibles/ethniques sont suréchantillonnés, ce qui permet d'obtenir des échantillons relativement importants, afin de permettre des comparaisons entre ces groupes minoritaires et de grandes collectivités ethniques mieux établies, pour diverses caractéristiques (Statistique Canada, 2003).

La présente étude est axée sur un échantillon de 7 400 immigrants en âge de travailler (25 à 64 ans) et sur la deuxième génération d'immigrants (personnes nées au Canada de parents immigrants, ci-après qualifiées de personnes nées au Canada), qui résidaient dans les huit plus grandes régions métropolitaines au Canada — Toronto, Montréal, Vancouver, Ottawa–Hull, Calgary, Edmonton, Winnipeg et Hamilton. La majorité des immigrants — environ 77 % en 2001 — et des minorités visibles — environ 88 % en 2001 — du Canada se trouvent dans ces grandes régions urbaines. Cet échantillon ne comprend pas ceux qui souffraient d'une maladie chronique, qui étaient en congé de maternité/congé parental ou à la retraite. Il exclut aussi la population de la troisième génération et des générations subséquentes (ceux dont les deux parents sont nés au Canada), étant donné qu'elle est constituée principalement de Britanniques, de Français et d'autres personnes provenant de l'Europe de l'Ouest (plus de 95 %). Par ailleurs, étant donné leur période plus longue d'établissement au Canada que celles de la première ou de la deuxième génération, ainsi que des parts plus grandes de mariages à l'intérieur des groupes, la troisième génération et les générations subséquentes sont aussi plus ambivalentes au sujet de leur identité ethnique, ce qui comporte un lieu direct avec notre mesure de la concentration ethnique en milieu de travail (comme il sera démontré ci-après). L'échantillon de l'étude ne comprend pas les personnes d'origine britannique ou française — les deux groupes fondateurs du Canada — étant donné que la présente étude est axée sur les groupes minoritaires. Elle ne comprend pas non plus les Autochtones, étant donné que les personnes déclarant une origine ou une identité autochtone ont été exclues de l'échantillon de l'EDE (Statistique Canada, 2003).

L'échantillon sélectionné précédemment sert à comparer les caractéristiques des personnes qui ne travaillaient pas, de celles dont les collègues appartiennent principalement à la même collectivité ethnique qu'elles, et des travailleurs qui ont peu ou pas de collègues appartenant à la même ethnie qu'eux. À l'intérieur de cet échantillon, environ 5 600 personnes avaient travaillé l'année précédant la date de l'enquête, que ce soit comme employés rémunérés ou comme travailleurs autonomes, avaient des collègues en milieu de travail, avaient un revenu positif et avaient comme principale source de revenu un revenu d'emploi. Ce sous-échantillon (échantillon des travailleurs) sert à examiner l'association entre la concentration ethnique en milieu de travail, d'une part, et les gains ainsi que la satisfaction à l'égard de la vie, d'autre part.

La principale variable d'intérêt — la concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail — est fondée sur la question suivante de l'enquête : « À votre connaissance, parmi les personnes avec qui vous avez travaillé, combien ont la même origine ethnique que vous? ». Cette question est posée uniquement aux répondants qui ont indiqué au moins une origine ethnique autre que « canadienne » et qui ont indiqué que leur ascendance (ou origine ethnique) était importante ou très importante pour eux. Dans l'échantillon des travailleurs, environ 1 % n'ont pas déclaré au moins une origine ethnique autre que « canadienne » et 32 % n'ont pas évalué leur origine ethnique comme importante pour eux. Ainsi, seulement 67 % des membres de notre échantillon ont répondu directement à la question de l'enquête. Les personnes qui n'ont pas répondu directement à la question de l'enquête sur la concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail ne sont pas simplement laissées de côté. Ces personnes fournissent une référence très utile, pouvant servir à des comparaisons entre les personnes dont l'origine ethnique n'est pas importante pour elles et celles qui l'évaluent comme importante, mais aussi avec différents niveaux de concentration ethnique en milieu de travail 2.

La concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail est codée au départ comme une variable catégorique comportant six groupes : 1) tous les collègues avaient la même origine ethnique que le répondant, 2) la plupart d'entre eux, 3) environ la moitié d'entre eux, 4) quelques-uns, 5) aucun, 6) l'origine ethnique n'est pas importante pour le répondant. Étant donné que relativement peu de personnes appartenaient à la première catégorie et qu'il n'existe pas de grandes différences entre la première et la deuxième catégories au chapitre des résultats, les deux premières catégories sont combinées pour l'analyse. Les quatrième et cinquième catégories sont aussi combinées, étant donné qu'il y a peu de différences entre elles au chapitre des résultats. Dans l'analyse, les travailleurs dont le milieu de travail est ethniquement homogène désignent les personnes qui partagent la même origine ethnique que la totalité ou la plupart de leurs collègues. Cette variable de la concentration en milieu de travail rend compte de la composition ethnique de l'environnement de travail immédiat des personnes.

On a eu recours à des modèles de régression logistique multinomiale pour examiner les caractéristiques qui distinguent ceux qui travaillent principalement avec des personnes appartenant à la même ethnie qu'eux des autres travailleurs et de ceux qui ne sont pas occupés. Les modèles sont conçus pour les immigrants et les personnes nées au Canada de façon distincte. Les modèles comprennent deux ensembles de variables explicatives. Le premier ensemble inclut des variables sociodémographiques de base, y compris le sexe (femme=1, homme=0), l'âge (années d'âge uniques), la scolarité, la structure familiale, le lieu de résidence, la connaissance déclarée des langues officielles, les groupes de minorités visibles/ethniques et les années écoulées depuis l'immigration pour les immigrants. La scolarité est codée selon trois variables nominales : diplôme universitaire, études postsecondaires partielles, diplôme d'études secondaires, le niveau de référence commun étant un niveau d'études inférieur à des études secondaires. La structure familiale est représentée par deux variables : état matrimonial actuel (marié=1, autre=0) et nombre d'enfants, de 0 à 4, âgés de 14 ans ou moins dans le ménage. Le lieu de résidence est codé selon sept variables nominales pour Toronto, Montréal, Ottawa–Hull, Calgary, Edmonton, Winnipeg et Hamilton, Vancouver étant la variable de référence commune.

La variable de la langue rend compte à la fois de la connaissance d'une langue officielle et de la capacité dans une langue minoritaire. Elle comporte cinq catégories pour les immigrants : a) les personnes dont la langue maternelle est l'anglais/le français et qui la parlent toujours; b) les personnes dont la langue maternelle est une langue minoritaire, qui la parlent toujours, et qui parlaient principalement l'anglais/le français avec leurs parents et leurs frères et sœurs avant l'âge de 15 ans; c) les personnes dont la langue maternelle est une langue minoritaire, qui la parlent toujours, et qui ne parlaient pas l'anglais/le français avec leurs parents et leurs frères et sœurs avant l'âge de 15 ans, mais qui parlaient l'anglais/le français avec leurs amis; d) les personnes dont la langue maternelle est une langue minoritaire, qui la parlent toujours, qui ne parlaient pas l'anglais/le français avec leurs parents et leurs frères et sœurs avant l'âge de 15 ans, et qui ne parlaient pas l'anglais/le français avec leurs amis, mais qui peuvent parler l'anglais/le français; e) les personnes qui ne parlent ni l'anglais/ni le français. Dans le cas des personnes nées au Canada, la dernière catégorie ne s'applique pas.

Étant donné que les différents groupes de minorités visibles/ethniques peuvent varier du point de vue de la concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail, il est important d'inclure des catégories de minorités visibles/ethniques détaillées dans le modèle. Les 13 groupes de minorités visibles/ethniques suivants sont identifiés, et chacun comporte un échantillon minimal d'environ 50 personnes constitué d'immigrants et de personnes nées au Canada. Ils comprennent cinq groupes de minorités visibles : Chinois, Sud-Asiatiques, Noirs, Philippins, autres minorités visibles (Arabes/Asiatiques occidentaux, Latino-américains, Coréens, Japonais, Asiatiques du Sud-Est, minorités visibles non incluses ailleurs, et minorités visibles multiples) 3 . Ils comprennent en outre quatre groupes ethniques d'origine européenne : Allemands, Italiens, Portugais et autres groupes minoritaires européens 4 . Voir le tableau 1 pour la taille de l'échantillon de chaque groupe identifié 5 .

Même si les variables démographiques montrent que la concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail est plus répandue chez les personnes dont le capital humain est moins en demande sur le marché, le deuxième ensemble de variables sert à déterminer le rôle que joue la préférence de la personne à l'égard d'un environnement de travail comprenant des membres de la même collectivité ethnique. Cet ensemble de deux variables rend compte de l'appartenance et des réseaux ethniques des personnes. L'une d'elles est le fait par les répondants de déclarer qu'au moins la moitié de leurs amis avaient la même origine ethnique qu'eux avant l'âge de 15 ans. La deuxième variable correspond à un fort sentiment d'appartenance au groupe ethnique ou culturel déclaré par le répondant.

Pour examiner l'association entre la concentration de membres de la même collectivité ethnique en milieu de travail et les gains ainsi que la satisfaction à l'égard de la vie, des modèles de régression sont construits séparément pour les hommes et les femmes occupés, ainsi que séparément pour les immigrants et les personnes nées au Canada. Une variable dépendante est le logarithme des revenus annuels. Une mesure directe du revenu d'emploi (salaires et traitements et revenu d'un emploi autonome) serait préférable, mais l'EDE ne recueille pas de telles données. Pour atténuer le biais possible, l'analyse se limite à ceux dont la principale source de revenu est un revenu d'emploi. L'autre variable dépendante est la satisfaction à l'égard de la vie 6, qui était à l'origine une variable ordinale comportant une valeur allant de 1 (vie totalement insatisfaisante) à 5 (vie très satisfaisante). Étant donné que très peu de personnes ont déclaré que leur vie était totalement insatisfaisante (1,2 %) ou insatisfaisante (1,5 %), une variable nominale est créée pour établir un contraste entre les « faibles nivaux de satisfaction à l'égard de la vie » (1, 2, 3) et les « niveaux élevés de satisfaction à l'égard de la vie » (4 et 5). Une régression logit dichotomique est utilisée pour cette variable dépendante 7 . Il n'y a pas d'autres mesures du bien-être psychologique dans l'EDE.

Pour les deux résultats, les analyses de régression comprennent les variables sociodémographiques mentionnées précédemment, mais la variable de l'âge est remplacée par les années possibles d'expérience de travail. Les années possibles d'expérience de travail sont définies de la façon suivante : « âge moins années de scolarité moins 6 ». Le terme au carré de cette variable est aussi inclus dans les modèles. Les modèles comprennent en outre un ensemble additionnel de variables explicatives liées aux attributs de l'emploi de la personne, y compris le statut de travailleur autonome (travail autonome=1, travail rémunéré=0), le nombre de semaines de travail au cours des 12 derniers mois, et les heures habituellement travaillées par semaine au cours des 12 derniers mois, la profession (6 catégories : gestion, sciences naturelles et appliquées, autres professionnels, ventes et services, métiers et transports, et autres — qui ont principalement trait aux professions propres à l'industrie primaire, à la transformation, à la fabrication et aux services publics) et l'industrie (cinq catégories — industries productrices de biens, métiers et transports, services aux entreprises, services publics et services personnels).

À partir des variables de contrôle qui précèdent, trois modèles de régression par les moindres carrés ordinaires sont construits de façon séquentielle pour les gains. Le modèle 1 comprend les variables de la concentration en milieu de travail et les variables démographiques de base — groupes de minorités visibles/ethniques, années possibles d'expérience de travail, structure familiale. Ce modèle présente les écarts moyens entre les gains selon les niveaux de concentration de membres de la même collectivité ethnique, lorsque les différences dans les caractéristiques démographiques de base sont prises en compte. Le modèle 2 comprend en outre la scolarité, la connaissance de la langue, le statut d'immigrant et les réseaux ethniques, ainsi que l'appartenance. Ce modèle permettra de démontrer dans quelle mesure les écarts moyens estimés dans le modèle 1 peuvent être expliqués par les différences dans les caractéristiques qui sont liées au travail dans des environnements ethniquement homogènes. Le modèle 3 comprend en outre les attributs de l'emploi.

Dans le cas de la deuxième variable de résultat, la satisfaction à l'égard de la vie, deux modèles logistiques sont construits de façon séquentielle. Le modèle 1 comprend les caractéristiques sociodémographiques individuelles, les attributs de l'emploi et les régions métropolitaines de résidence. Le modèle 2 comprend en outre le logarithme des gains annuels.

Dans le cas des deux résultats, les modèles sont construits séparément pour les immigrants et les personnes nées au Canada, ainsi que pour les hommes et les femmes. Afin de déterminer si les associations entre la concentration en milieu de travail et les résultats diffèrent selon les groupes de minorités visibles/ethniques, des modèles distincts sont construits pour chaque grand groupe — avec au moins 300 observations lorsque l'on combine les immigrants et les personnes nées au Canada, ainsi que les hommes et les femmes. Étant donné la petite taille de l'échantillon au niveau du groupe, les immigrants et les personnes nées au Canada, de même que les hommes et les femmes, sont combinés dans les modèles qui tiennent compte du sexe et du statut d'immigrant.

L'EDE est une enquête probabiliste, et un poids d'enquête est attribué à chaque répondant, afin de représenter la population cible au niveau national. Ce poids est utilisé dans tous les résultats descriptifs. Dans les modèles de régression, on uniformise le poids d'enquête en le divisant par le poids moyen de l'échantillon de l'étude. Ce poids uniformisé a pour avantage de maintenir les mêmes répartitions que celles des poids non uniformisés, tout en permettant d'éviter une surestimation du niveau critique dans la vérification de la signification des coefficients de régression 8 (Statistique Canada, 2003).

 

2. Il est possible que les personnes très motivées et celles qui ont des capacités supérieures à la moyenne soient celles qui ne considèrent pas leur origine ethnique comme importante, ou qui ont une propension plus faible à travailler dans un environnement ethniquement homogène. Dans la section 5, les répercussions de cette hétérogénéité non observée sont examinées.

3 . Dans la présente étude, les minorités visibles sont définies selon la Loi sur l'équité en matière d'emploi du Canada comme : « les personnes, autres que les autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n'ont pas la peau blanche ». Les règlements relatifs à la loi font état des groupes de minorités visibles suivants : Chinois, Sud-Asiatiques, Noirs, Arabes/Asiatiques occidentaux, Philippins, Asiatiques du Sud-Est, Latino-américains, Japonais, Coréens et autres (Renaud et Costa, 1999).

4 . Deux autres groupes européens — les Hollandais et les Polonais — répondent aussi au critère déterminé de taille d'échantillon minimale. Toutefois, il n'y a pas de travailleurs qui partagent la même origine ethnique que la plupart de leurs collègues dans ces deux groupes. Ils sont combinés dans la catégorie « autres groupes de minorités européennes ».

5 . Dans le Recensement de 2001, la part de la population représentée par les sept groupes sélectionnés dans les huit plus grandes régions métropolitaines est de 6,6 % pour les Chinois, 5,6 % pour les Sud-Asiatiques, 3,8 % pour les Noirs, 1,9 % pour les Philippins, 1,7 % pour les Allemands, 4,1 % pour les Italiens et 1,4 % pour les Portugais.

6 . La question de l'enquête est la suivante : « Tout compte fait, comment trouvez-vous votre vie en général ces jours-ci? »

7 . Deux approches de modélisation différentes ont été vérifiées. Une approche utilise les modèles logit ordonnés pour la variable ordinale originale comportant cinq catégories. Toutefois, le test du score ne permet pas d'appuyer l'hypothèse à cotes proportionnelles. L'autre approche consiste à ajuster un modèle logit dichotomique en comparant les « personnes très satisfaites » (5) et toutes les autres catégories (1 à 4). Les résultats sont similaires à ceux présentés dans le document.

8 . Cela pose un problème uniquement avec certaines procédures dans certains logiciels statistiques (p. ex., Proc logistique en SAS).