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Le présent document porte sur les gains des immigrants pendant leurs premières années au Canada. Il vise les cohortes qui sont entrées pendant les années 1990 et au début des années 2000. Des études précédentes ont documenté et abondamment expliqué une diminution des gains initiaux chez les nouveaux immigrants pendant la période allant de 1980 au milieu des années 1990, qui a été suivie d'un redressement partiel à la fin des années 1990. Ce redressement a coïncidé avec un changement important dans les règles de sélection des immigrants et les caractéristiques de ceux-ci — accroissement du niveau de scolarité, un plus grand nombre d'immigrants dans la catégorie des travailleurs qualifiés de l'immigration économique et dans les professions du génie et de la technologie de l'information (TI) —, de même qu'avec une amélioration de l'économie. Nous cherchons ici à savoir dans quelle mesure ces modifications particulières des caractéristiques des immigrants, qui proviennent des nouvelles règles de sélection, ont influé sur l'ensemble des gains initiaux des nouveaux immigrants pendant les années 1990. Nous observons aussi une nouvelle diminution des gains initiaux des immigrants au début des années 2000 et cherchons à en connaître les raisons.

Les nouvelles règles de sélection des immigrants en 1993 ont été mises en oeuvre avec beaucoup de succès. Le niveau de scolarité des immigrants entrant au pays a énormément augmenté entre le début des années 1990 et 2000, tout comme la proportion des immigrants dans la catégorie des travailleurs qualifiés. Des études antérieures ont révélé que l'évolution des caractéristiques des immigrants avait relativement peu d'effet sur le faible revenu ou sur la possibilité d'entrer en situation de faible revenu ou d'en sortir. L'analyse des gains présentée ici laisse entendre que l'évolution des caractéristiques de la scolarité et des catégories d'immigrants a plutôt entraîné une amélioration des gains initiaux moyens pendant les années 1990, tout comme l'a fait une économie en expansion.

Toutefois, cette amélioration était très inégale sur le plan de la répartition des gains. Les données brutes révèlent que les gains initiaux au cours des années 1990 ont été beaucoup plus élevés chez les immigrants bien rémunérés que chez leurs homologues moins bien payés. L'étude tente plus précisément de savoir dans quelle mesure l'accroissement du niveau de scolarité et de la part d'immigrants dans la catégorie des travailleurs qualifiés de l'immigration économique a pu contribuer à faire monter les gains dans les tranches inférieure et supérieure de la répartition des gains. Selon les résultats obtenus, l'évolution de ces caractéristiques a entraîné une hausse nettement plus substantielle des gains initiaux au cours des années 1990 chez les immigrants bien payés, mais une faible amélioration de ceux de leurs homologues moins bien payés, même si le niveau de scolarité des immigrants avait énormément augmenté pour l'ensemble de la répartition des gains. Ce résultat concorde avec les observations d'études antérieures selon lesquelles l'évolution n'a eu qu'un effet limité sur la situation de faible revenu.

Comme nous l'avons souligné, cet écart dans les résultats entre les tranches inférieure et supérieure de la répartition des gains n'était pas attribuable à une plus faible variation des caractéristiques dans la tranche inférieure de la répartition des gains. Le relèvement substantiel du niveau de scolarité et de la part de personnes dans la catégorie des travailleurs qualifiés au cours des années 1990 a été observé pour l'ensemble de la répartition, tant chez les hommes que chez les femmes.

Dans une large mesure, un nombre croissant de nouveaux immigrants très instruits n'ont pu mettre à profit leur niveau de scolarité pour toucher des revenus plus élevés et se sont donc retrouvés dans la tranche inférieure de la répartition des gains. Le rendement relatif d'un baccalauréat (par rapport aux immigrants qui comptaient 11 ou 12 années de scolarité) pendant leurs deux premières années complètes au Canada a été négatif pour les immigrants dans le 15e centile de la répartition des gains, alors qu'il oscillait autour de 13 % pour les immigrants dans le 90e centile de la répartition. Même pour les 10 premières années au Canada, le rendement relatif d'un baccalauréat pour les immigrants de sexe masculin a tourné autour de 4 % chez ceux qui se situaient dans la tranche inférieure de la répartition, et de 20 % chez ceux qui étaient dans la tranche supérieure. Beaucoup de nouveaux immigrants ayant une formation universitaire se sont retrouvés dans la tranche inférieure de la répartition des gains à cause de ce faible rendement. De plus, la part d'immigrants titulaires d'un diplôme universitaire et en âge de travailler dans la tranche inférieure de la répartition a augmenté, passant de 24 % chez la cohorte des immigrants de 1991 à 51 % chez la cohorte des immigrants de 2000. De même, l'appartenance à la catégorie des travailleurs qualifiés n'a pas donné lieu à des gains plus élevés que l'appartenance à la catégorie du regroupement familial chez les immigrants qui se trouvaient dans la tranche inférieure de la répartition, bien que les travailleurs qualifiés dans la tranche supérieure de la répartition gagnaient beaucoup plus que leurs homologues de la catégorie du regroupement familial.

L'évolution des caractéristiques au cours des années 1990 provoquée par les nouvelles règles de sélection des immigrants a effectivement fait augmenter les gains moyens et a grandement contribué à améliorer la situation économique des personnes qui pouvaient tirer profit d'un niveau élevé de scolarité et de l'appartenance à la catégorie des travailleurs qualifiés. Pour un grand nombre de personnes, par contre, cela ne s'est pas produit. Il y a un certain nombre de raisons possibles pour expliquer ce fait; on en discute dans la conclusion.

Mais qu'en est-il du début des années 2000? Les cohortes successives de nouveaux immigrants arrivés de 2000 à 2005 ont connu une baisse des gains initiaux. Les déterminants de ce recul ont été différents que ceux qu'avaient relevés les études portant sur les années 1980 et le début des années 1990. La baisse du rendement de l'expérience acquise à l'étranger, la nouvelle répartition des pays d'origine des immigrants et le fléchissement global des résultats sur le marché du travail — trois causes importantes du recul des gains initiaux au cours des années antérieures — avaient probablement peu à voir avec la baisse survenue après 2000. En effet, le rendement de l'expérience acquise à l'étranger était déjà devenu négligeable; la nouvelle répartition des pays d'origine des immigrants, observée surtout pendant les années 1970 et 1980, n'a guère varié après 2000; enfin, le marché du travail n'a pas continué de se détériorer pour les nouveaux arrivants à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Il faut donc chercher ailleurs les causes possibles de la diminution des gains initiaux.

Dans une large mesure, cette baisse a touché les nouveaux immigrants qui entendaient exercer des professions en TI ou en génie. Elle coïncide avec le ralentissement de la TI qui semble avoir influencé énormément la situation de ces immigrants, surtout dans le cas des hommes. La réaction à la demande de travailleurs de haute technologie à la fin des années 1990 ayant entraîné un accroissement rapide du bassin de main-d'oeuvre par le biais de l'immigration, le grand nombre de nouveaux immigrants s'est heurté au repli de la TI.

Or, d'autres facteurs ont certainement contribué à la diminution des gains initiaux après 2000, qui reste en partie inexpliquée.