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Ces conclusions ont toutes trait à des moyennes et font ressortir les tendances générales au pays. Toutefois, la taille plus importante de l'échantillon du recensement nous permet d'explorer la variation des données de façon plus détaillée que toute autre source de données. Les figures 1 et 2, par exemple, présentent des diagrammes de dispersion des années de scolarité des parents et des enfants utilisés dans l'analyse de régression présentée dans la première colonne des tableaux 6 et 7. Cela illustre les données regroupées de chacun des 70 pays qui constituent notre fichier d'analyse. Un aperçu de cette sorte serait disponible à partir de l'Enquête sur la diversité ethnique, mais en raison de la taille plus petite de l'échantillon, pour seulement 30 pays environ. La droite de régression par les moindres carrés pondérés et des pentes de 0,136 pour les années de scolarité du père et du fils et de 0,102 pour les années de scolarité du père et de la fille sont incluses dans les figures, tout comme les années moyennes de scolarité des pères nés au Canada et de leurs enfants nés au Canada. Ces derniers points servent à illustrer l'exemple et ne sont pas utilisés dans la régression 11.

Les figures font ressortir clairement que les enfants d'immigrants sont plus scolarisés que leurs homologues dont les parents sont nés au Canada. Le niveau de scolarité des derniers est inférieur au niveau prédit par la droite de régression pour le nombre moyen d'années de scolarité de leurs pères. Même s'il y a une régression rapide à la moyenne chez les enfants immigrants, beaucoup plus rapide que pour la population née au Canada, il convient de souligner que cette moyenne est une moyenne fondée sur les immigrants, les enfants d'immigrants comportant une régression à une moyenne différente, plus élevée que celle des enfants de parents nés au Canada.

Les figures font aussi ressortir clairement qu'en dépit des tendances générales, il existe une forte variation en ce qui a trait aux droites de régression estimées. Pour la grande majorité des pays, les pères immigrants ont plus de scolarité en moyenne que les pères nés au Canada, et cet avantage est transmis à la génération suivante, les fils et les filles ayant un plus grand nombre d'années de scolarité que la cohorte née au Canada de parents nés au Canada. Il y a seulement quatre pays où le niveau de scolarité des immigrants est inférieur à la moyenne canadienne et où cet écart continue à se refléter dans la génération suivante de fils et de filles. Pour tous les autres pays dans lesquels le niveau de scolarité du père est inférieur à la moyenne, les enfants font des gains relatifs et dépassent la moyenne canadienne.

Nous utilisons les données de ces figures, combinées à des données similaires sur les gains hebdomadaires d'Aydemir, Chen et Corak (à paraître), pour faire ressortir les préoccupations particulières communes. On pourrait s'imaginer que les questions d'intégration dans la grande collectivité seraient particulièrement prédominantes, à tout le moins dans les deux cas suivants. Tout d'abord, prenons le cas des pères qui arrivent au pays avec un niveau de scolarité supérieur à la moyenne, mais qui gagnent moins que la moyenne. Il pourrait s'agir en partie de la situation qui se produit, du fait des difficultés déclarées de faire reconnaître les titres de scolarité acquis à l'étranger sur le marché du travail au Canada. Si ces pères étaient témoins d'un scénario similaire pour leurs enfants, on peut raisonnablement imaginer qu'un sentiment de frustration ou de manque d'appartenance à l'égard du pays hôte pourrait se développer chez eux, de même que chez leurs fils et leurs filles adultes. Ils pourraient souhaiter assumer les coûts des gains inférieurs à la moyenne, en dépit d'un niveau de scolarité supérieur à la moyenne, mais le fait de voir que ces coûts n'entraînent pas une amélioration de la situation de leurs enfants pourrait modifier leur perspective et celle de leurs enfants. Le deuxième scénario particulièrement pertinent pourrait être celui de la transmission intergénérationnelle de gains et de scolarité moins élevés : les pères qui arrivent au pays avec un niveau de scolarité inférieur à la moyenne et qui obtiennent des gains inférieurs à la moyenne voient leurs enfants acquérir un niveau de scolarité et des gains plus faibles que la majorité. Il s'agit d'un scénario où l'exclusion sociale peut être ressentie d'une génération à l'autre.

Afin d'illustrer la pertinence de ces deux possibilités, nous procédons à une classification croisée des données des figures 1 et 2 avec des données similaires sur les gains hebdomadaires des parents et enfants. Les résultats sont présentés dans les tableaux 11 et 12, la première partie portant sur les pays d'origine dans lesquels les pères ont en moyenne un plus grand nombre d'années de scolarité que leurs homologues canadiens, et la partie 2, sur ceux où ils ont un moins grand nombre d'années de scolarité. Si l'on se concentre sur le tableau 11, qui porte sur le rapport père-fils, on remarque tout d'abord qu'il n'existe pas de cas de mobilité à la baisse du niveau de scolarité : si les pères ont un niveau de scolarité supérieur à la moyenne, leurs fils feront de même. En deuxième lieu, dans 57 des 70 pays, les pères ont un niveau de scolarité supérieur à la moyenne et, dans les deux tiers des cas, ils ont aussi des gains inférieurs à la moyenne. Toutefois, dans 11 de ces 38 cas, les fils gagnent eux aussi moins que la moyenne canadienne, même s'ils ont un niveau de scolarité supérieur à la moyenne. C'est donc dire que seulement un très petit nombre de pays représentant une faible population totale se trouvent dans cette situation potentiellement difficile. Ceci étant dit, ils sont dominés par les pays des Caraïbes qui, comme l'Afrique de l'Ouest, représentent un groupe de minorités visibles dont font mention Reitz et Bannerjee (2007), et qui servent de base à leur perspective assez pessimiste concernant l'intégration des immigrants de deuxième génération 12.

En ce qui a trait à notre deuxième scénario, on compte seulement 12 pays dans lesquels les pères ont un nombre d'années de scolarité inférieur à la moyenne, et des gains inférieurs à la moyenne et, dans tous ces cas, sauf deux, les fils ont des gains supérieurs à la moyenne, rompant avec ces débuts potentiellement difficiles. Certains de ces fils y arrivent en acquérant un niveau de scolarité supérieur à la moyenne (6 sur 10), tandis que d'autres continuent d'avoir un niveau de scolarité inférieur à la moyenne, mais des gains plus élevés. Il existe seulement deux cas de transmission intergénérationnelle du désavantage dans les gains, mais pas dans la scolarité : Chypre et la Grèce, et ni l'un ni l'autre de ces pays n'est mentionné dans les ouvrages existants comme représentant une source particulière de mécontentement.

La situation pour les filles, qui est présentée dans le tableau 12, est en fait bien différente de celle des fils. Il n'existe qu'un cas de mobilité à la baisse pour la scolarité, la Norvège, et seulement un cas de pères qui ont un niveau de scolarité supérieur à la moyenne et des gains inférieurs à la moyenne et dont les filles ont aussi un niveau de scolarité supérieur à la moyenne et des gains inférieurs à la moyenne. Pour 37 des 38 pays d'origine des pères dans cette situation, les filles ont un niveau de scolarité plus élevé et des gains plus élevés que leurs homologues nés au Canada. Par ailleurs, il n'existe pas d'exemples de transmission intergénérationnelle de scolarité et de gains moins élevés. On compte 13 pays d'origine pour lesquels les pères ont en moyenne un niveau moins élevé de scolarité que la moyenne canadienne, et dans 12 de ces pays, ils ont des gains inférieurs à la moyenne. Toutefois, il n'existe qu'un cas dans lequel les filles se retrouvent avec un niveau de scolarité et des gains inférieurs à la moyenne.

11. Nous avons examiné la robustesse des estimations de régression en supprimant successivement une observation de l'estimation et en recalculant la pente avant, puis en la réincluant dans l'estimation et en supprimant l'observation suivante. Il n'existe pas d'observations particulièrement influentes dans les données, la pente estimée ne changeant pas du tout. La seule exception à ce chapitre, tant pour les fils que pour les filles, a trait aux estimations excluant le Royaume-Uni, l'Italie et le Portugal. Sans le Royaume-Uni, la pente pour les pères-fils est d'un peu plus de 0,16, et de même, sans l'Italie; sans le Portugal, elle est de 0,11. Toutes ces erreurs se situent à l'intérieur d'une erreur type (0,038) de l'estimation originale de 0,136. Les modèles généraux et les conclusions se maintiennent aussi pour l'analyse pères-filles. En outre, pour qu'elle soit strictement correcte, les moyennes figurant dans les figures concernent le cas de référence d'une personne vivant en Ontario.

12. Le fait que le Japon soit aussi inclus dans ce groupe peut constituer une anomalie. Un examen plus étroit des données montre qu'en ce qui a trait aux gains hebdomadaires, les données pour les pères et les fils sont essentiellement similaires à la moyenne canadienne, ne différant que par moins de 0,01 point log. Le Japon pourrait tout aussi aisément être inclus dans le groupe supérieur à la moyenne, comme ci-après.