4 Dégradation de la situation de faible revenu des nouveaux immigrants

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L'élargissement de l'écart entre les gains des immigrants et ceux des personnes nées au Canada a été plus important au bas qu'au sommet de la répartition des gains; il ressort par conséquent dans les taux de faible revenu. Picot et Hou (2003) ont observé que la proportion de nouveaux immigrants dont le revenu familial se situait sous le seuil de faible revenu 6 a augmenté, pour passer de 24,6 % en 1980 à 31,3 % en 1990, puis à 35,8 % en 2000. Ces années se situent globalement au sommet des cycles conjoncturels et représentent par conséquent des indicateurs raisonnables des tendances à plus long terme. Au cours de cette période, le taux de faible revenu des personnes nées au Canada a diminué. Ainsi, ce n'est pas une dégradation générale de la situation économique de tous les Canadiens qui a été à l'origine de l'augmentation des taux de faible revenu chez les immigrants. En fait, les taux de faible revenu des nouveaux immigrants représentaient 1,4 fois ceux des personnes nées au Canada en 1980, 2,7 fois en 1995 et 2,5 fois en 2000, ce dernier taux légèrement plus bas indiquant une certaine amélioration par rapport aux années précédentes. Les résultats obtenus à partir du fichier longitudinal administratif laissent supposer que les améliorations ont été de courte durée, les taux de faible revenu relatifs chez les nouveaux immigrants représentant à nouveau 2,7 fois environ ceux des personnes nées au Canada en 2004. Cette dégradation des taux de faible revenu au cours des 20 dernières années ne s'est pas limitée aux nouveaux immigrants, mais a été observée chez tous les immigrants ayant vécu au Canada pendant moins de 20 ans. Par ailleurs, cette dégradation s'est produite en dépit de l'augmentation rapide du niveau de scolarité et du nombre croissant d'immigrants appartenant à la catégorie des travailleurs qualifiés de l'immigration économique.

Toutefois, le fait de se limiter à une analyse des taux de faible revenu peut masquer les résultats les plus importants. Les analystes stratégiques sont davantage préoccupés par les périodes persistantes ou chroniques de faible revenu que par toutes les périodes de faible revenu, dont plusieurs sont relativement courtes. Picot, Hou et Coulombe (2008) ont utilisé des données fiscales administratives longitudinales pour étudier la dynamique du faible revenu : la probabilité de passer sous le seuil de faible revenu, la probabilité de passer au-dessus du seuil de faible revenu et la persistance des périodes de faible revenu. Par ailleurs, ils se sont demandé si la modification des caractéristiques des immigrants découlant des changements dans les règles de sélection des immigrants au début des années 1990 a eu un effet positif sur cette situation. Ils ont déterminé que si les immigrants passent sous le seuil de faible revenu, cela se produira probablement au cours de leur première année au Canada. La probabilité de passer sous le seuil de faible revenu était assez élevée au cours de la première année au Canada, allant de 35 % à 45 % chez les cohortes arrivées tout au long des années 1990 et au début des années 2000. Toutefois, après deux années passées au Canada, cette probabilité diminue pour se situer à environ 10 % et demeure faible par la suite. Si les immigrants ne passent pas sous le seuil de faible revenu immédiatement, ils ont de très bonnes chances que cela ne se produise jamais.

Nombre des périodes de faible revenu sont relativement courtes. Environ le tiers des personnes sont sorties de leur première période de faible revenu après un an, et un pourcentage légèrement plus élevé de personnes sont demeurées sous le seuil de faible revenu après trois ans. Toutefois, il peut y avoir des périodes répétées de faible revenu, et une perspective à long terme est utile. À cette fin, une mesure du « faible revenu chronique » a été élaborée et a permis de déterminer les immigrants qui étaient en situation de faible revenu pendant au moins quatre de leurs cinq premières années au Canada. Selon cette définition, environ 20 % des immigrants qui sont arrivés tout au long des années 1990 se sont retrouvés en situation de faible revenu chronique. En outre, lorsque le faible revenu chronique a été défini sur une période de 10 ans plutôt que de 5 ans (c.-à-d. une situation de faible revenu pendant au moins 7 des 10 premières années au Canada), environ 17 % des nouveaux immigrants se sont retrouvés en situation de faible revenu chronique au cours de cette période.

6 . On utilise le SFR (seuil de faible revenu) après transfert et avant impôt de Statistique Canada, le montant d'impôt payé n'étant pas disponible dans les données du recensement.