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  1. Introduction
  2. Recension des écrits
  3. Données et méthodes
  4. Résultats
  5. Discussion et conclusions

1   Introduction

Depuis le milieu des années 1990, les médias et les chercheurs ont porté beaucoup d'attention aux expériences des nouveaux immigrants au Canada. On s'est surtout attaché à la situation des immigrants sur le marché du travail et sur le plan financier, par exemple à la capacité des immigrants de trouver un emploi dans leur domaine de spécialisation, à connaître une mobilité ascendante sur le plan du revenu et à obtenir un revenu supérieur aux seuils de faible revenu. Un des messages récurrents est que les immigrants arrivés au pays durant les années 1990 et 2000 se tirent moins bien d'affaire que ceux qui se sont établis au Canada au cours des décennies antérieures (Picot et Sweetman, 2005; Picot, 2004). La détérioration de la situation économique, conjuguée à l'augmentation des niveaux de scolarité dans les cohortes de nouveaux immigrants, soulève la possibilité d'un fossé important et peut-être grandissant entre les attentes qu'ont les immigrants quant à leur vie au Canada et leur expérience subséquente à ce chapitre.

D'autres observations offrent un point de départ plus favorable. Les nouveaux immigrants de la cohorte de 2000-2001 évaluent positivement l'environnement social et politique du Canada, et mettent en relief l'importance de la sécurité, des droits et libertés, de la paix et de la stabilité, soit les aspects de leur vie au Canada qui leur plaisent le plus (Schellenberg et Maheux, 2007). Les répondants indiquent aussi que ces facteurs sont au coeur de leur décision de s'établir de façon permanente au Canada. En outre, la plupart des immigrants, y compris ceux de la composante économique, ont déclaré être venus au Canada pour des raisons non économiques, notamment pour rejoindre des membres de leur famille déjà établis au pays, offrir un meilleur avenir à leurs enfants, et jouir d'une bonne qualité de vie. Dans ce contexte, les évaluations de la vie au Canada pourraient se révéler plus positives que ce que les résultats économiques pris isolément pourraient laisser entrevoir.

Dans le présent document, nous examinons, en nous fondant sur les données de l'Enquête longitudinale auprès des immigrants du Canada (ELIC), l'évaluation subjective que les nouveaux immigrants de la cohorte de 2000-2001 font de leur vie au Canada. Plus précisément, nous tentons de répondre aux questions suivantes : Dans quelle mesure sont-ils personnellement satisfaits de leur vie au Canada? Leur vie au Canada est-elle à la hauteur de leurs attentes? S'ils en avaient la possibilité, choisiraient-ils de nouveau d'immigrer au Canada? Les réponses à ces questions sont examinées en fonction d'une vaste gamme de caractéristiques démographiques, sociales et économiques.

L'évaluation que font les immigrants de leur vie au Canada mérite d'être étudiée pour plusieurs raisons. Premièrement, le bien-être de tous les Canadiens représente un objectif crucial des politiques publiques et constitue un but important en soi. Les mesures du bien-être subjectif, comme celles employées dans le présent document, complètent utilement d'autres analyses se rapportant à l'emploi, au revenu ou à la santé. Deuxièmement, l'évaluation par les immigrants de leur vie au Canada peut éclaircir les facteurs qui favorisent (ou entravent) une expérience positive d'établissement, ce qui peut avoir des retombées sur les programmes en matière d'établissement. Troisièmement, pour les pays occidentaux, la capacité d'attirer et de garder des immigrants qualifiés est considérée de plus en plus comme un moyen important de soutenir la croissance économique. Une insatisfaction des immigrants qui se traduirait par des taux accrus de migration de transit ou de retour, ou des immigrants insatisfaits qui dissuaderaient leurs parents et amis de venir les rejoindre dans leur pays d'accueil pourraient réduire cette capacité.

2   Recension des écrits

Qu'est-ce qui satisfait les êtres humains? Cette question fondamentale de la philosophie depuis l'antiquité est aussi dans la mire des travaux de diverses disciplines des temps modernes. La recherche dans le domaine du bien-être subjectif présente un intérêt tout particulier pour l'étude de l'évaluation par les immigrants de leur vie dans leur pays d'accueil (voir les comptes rendus dans Veenhoven, 1996; Diener, Suh et Oishi, 1997). Dans cette approche, le bien-être de l'individu n'est pas défini par des critères externes, tels que le revenu, la richesse ou l'indice de masse corporelle, mais plutôt en fonction de l'évaluation subjective de celui-ci, ce qui accorde « …la priorité à la perception qu'ont les gens de leur propre vie et témoigne du respect pour cette perception » [traduction libre] (Diener, Suh et Oishi, 1997). Cette perspective interne est généralement conceptualisée autour de deux axes. Le premier implique l'évaluation cognitive que font les personnes de leur propre vie, c'est-à-dire un jugement d'évaluation conscient au sujet de leur satisfaction à l'égard de leur vie dans son ensemble ou de certaines dimensions de leur vie, leur travail ou leur vie conjugale par exemple (Diener, Suh et Oishi, 1997). Le second axe se rapporte aux états émotifs ou aux humeurs, y compris les affects positifs comme le bonheur, la joie ou la fierté et les affects négatifs comme la tristesse, la colère ou l'angoisse. Les évaluations cognitives et les états émotifs sont corrélés, bien que les jugements d'évaluation exprimés par les sujets se révèlent moins sensibles que les états émotifs aux situations à court terme. Notre analyse s'apparente surtout aux évaluations cognitives et se concentre sur l'évaluation que font les immigrants de leur vie au Canada.

La recherche sur le bien-être subjectif a permis de dégager une large gamme de facteurs associés à la satisfaction à l'égard de la vie, dont certains se retrouvent dans un sous-ensemble plus restreint de travaux sur la satisfaction des immigrants à l'égard de leur vie. Notre recension des écrits puise à ces deux sources et couvre intentionnellement un vaste champ 1 .

2.1  Caractéristiques démographiques, état de santé et traits de personnalité

Diverses variables démographiques sont généralement corrélées avec la satisfaction de la population à l'égard de la vie. La corrélation parabolique entre l'âge et la satisfaction est bien documentée, les niveaux de satisfaction des personnes dans la trentaine et dans la quarantaine étant inférieurs à ceux des groupes d'âge plus jeunes et plus vieux (Helliwell et Putnam, 2004). Les personnes mariées ou en union libre affichent généralement des niveaux plus élevés de satisfaction face la vie que les personnes jamais mariées, les veufs, et les personnes séparées ou divorcées (Helliwell et Putnam, 2004). Dans l'ensemble, les femmes tendent à se dire plus satisfaites de leur vie que les hommes, bien que les écarts entre les sexes ne soient pas significatifs dans plusieurs études traitant des immigrants (Fugl-Meyer, Melin et Fugl-Meyer, 2002; Remennick, 2005).

L'éducation est souvent corrélée avec le bien-être subjectif; en effet, les niveaux de satisfaction à l'égard de la vie tendent à augmenter avec le niveau de scolarité. Cependant, Helliwell et Putnam (2004) observent que cette corrélation tend à s'estomper ou à disparaître lorsque d'autres facteurs, comme l'état de santé et la situation au regard de l'emploi, sont pris en compte. Ainsi, l'éducation pourrait être une variable instrumentale qui améliore la santé et, par conséquent, accroît la satisfaction, sans exercer une influence directe sur le bien-être subjectif.

Il existe une corrélation positive bien documentée entre la santé et le bien-être subjectif. Helliwell et Putnam (2004, p. 1440) indiquent dans leurs travaux que « …comme le montrent bien d'autres études, l'état de santé autoévalué représente le corrélat le plus important du bien-être subjectif... » [traduction libre].

Le rôle que tiennent les traits de personnalité constitue un autre thème central de la recherche sur le bien-être subjectif. Les traits tels que l'assertivité sociale, l'empathie, l'extraversion, le locus de contrôle interne sont systématiquement corrélés avec le bien-être subjectif dans l'ensemble de la population. (Pour une méta-analyse récente, voir Steel, Schmidt et Shultz, 2008). Les corrélations entre les traits de personnalité et la satisfaction à l'égard de la vie ont été documentées dans quelques études sur les immigrants. Par exemple, Young (2001) observe que les réfugiés ayant un niveau élevé d'estime de soi et de locus de contrôle interne conservent des niveaux supérieurs de satisfaction face à la vie dans des conditions de stress lié à la migration. Uksul et Greenglass (2005) indiquent que l'adaptation proactive et l'optimisme sont négativement corrélés avec la dépression et, dans une moindre mesure, positivement corrélés avec la satisfaction face à la vie chez les immigrants turcs de Toronto. Vohra et Adair (2000), quant à eux, rapportent une corrélation négative entre le sentiment de culpabilité associé au départ du pays de naissance et la satisfaction à l'égard de la vie chez les immigrants indiens du Canada.

2.2  Expériences de l'établissement

Les expériences des immigrants dans le pays d'accueil sont également corrélées avec les niveaux de satisfaction. Les perceptions quant à l'acceptation et à l'accueil, et tout particulièrement quant à la discrimination, ont suscité un certain intérêt parmi les chercheurs. Sam (2001) et Chow (2007) font état d'une corrélation négative entre la discrimination perçue et la satisfaction face à la vie chez les étudiants immigrants et étrangers inscrits dans les collèges et les universités, les étudiants qui ont déclaré avoir été victimes de discrimination ayant indiqué des niveaux de satisfaction inférieurs à ceux des autres étudiants. Vohra et Adair (2000) de même que Ying (1998) observent cette même corrélation dans des échantillons d'adultes. La corrélation négative entre la discrimination perçue et la satisfaction face à la vie est également rapportée dans une vaste étude auprès des immigrants dans 13 pays (Vedder, van de Vijver et Liebkind, 2006). Dans une étude australienne, Fozdar et Torezani (2008) soulignent le paradoxe apparent des niveaux élevés de discrimination perçue combinés à des déclarations positives de bien-être subjectif chez les réfugiés. Fozdar et Torezani (2008, p. 30) soutiennent que les expériences et les perceptions négatives sont l'expression d'une « déception contenue » plutôt que d'une « forte insatisfaction à l'égard de la vie en général ou de l'orientation en Australie, ou d'une évaluation subjective négative du bien-être » [traduction libre].

Le mode d'adaptation des personnes à des contextes culturels en mutation constitue un thème central de la psychologie interculturelle. Les nouveaux immigrants peuvent se retrouver dans un milieu culturel et social bien différent de celui de leur pays d'origine et doivent dès lors faire face à des ensembles différents de normes, d'attitudes et de comportements. Diverses réponses sont possibles dans ce contexte (voir Berry et Sam, 1997; Berry, 1997). La capacité d'adapter le « répertoire des comportements » au nouveau milieu varie, et les efforts requis par ce processus peuvent avoir pour certains des conséquences sur le bien-être, et notamment sur la satisfaction à l'égard de la vie (Roccas, Horenczyk et Schwartz, 2000; Berry et Kim, 1988).

En plus des difficultés d'établissement d'ordre social et psychologique, les immigrants doivent relever de nombreux défis logistiques. Certains de ces obstacles, comme s'orienter dans une ville inconnue ou trouver un logement, peuvent être surmontés assez vite après l'arrivée au pays. D'autres, comme obtenir des services de santé, peuvent présenter des difficultés persistantes (Schellenberg et Maheux, 2007). Les obstacles ou les frustrations de cette nature peuvent avoir une incidence sur l'évaluation que font les immigrants de leur vie dans leur pays d'accueil. Tran et Nguyen (1994) observent une relation entre les besoins non satisfaits en matière de soins de santé et des niveaux plus faibles de satisfaction face à la vie chez les hommes indochinois réfugiés aux États-Unis. De façon plus générale, les « contrariétés » et les « contentements » de la vie quotidienne sont corrélés avec la satisfaction (Hart, 1999).

2.3  Capital social

Les études sur la satisfaction de la population à l'égard de la vie font état d'une corrélation positive entre les liens sociaux et le bien-être. Ainsi, Helliwell et Putnam (2004, p. 1435) indiquent que « …le capital social est étroitement lié au bien-être subjectif par de nombreux canaux indépendants et sous des formes différentes » [traduction libre]. La relation entre les liens sociaux et la satisfaction à l'égard de la vie a aussi été documentée au sein des populations immigrantes. À titre d'exemple, Ying (1992) observe que, chez les immigrants sino-américains, la satisfaction face à la vie est négativement corrélée avec l'isolement social et positivement corrélée avec les liens d'amitié et la participation. De même, Sam (2001) et Chow (2007) documentent une corrélation positive entre la satisfaction et les contacts avec des amis chez les immigrants.

2.4  Bien-être matériel

La relation entre le bien-être matériel et le bien-être subjectif tient une place de premier plan dans la recherche sur la satisfaction à l'égard de la vie depuis plus de 40 ans et a été examinée à l'échelle des pays de même qu'au niveau des personnes (Veenhoven, 1996). Au niveau des personnes, la relation entre le revenu et le bien-être subjectif est complexe. On note que « les écarts entre les personnes au chapitre de la satisfaction face à la vie ne sont pas proportionnels aux écarts entre les revenus de ces personnes » [traduction libre] (Boarini, Johanson et Mira d'Ercole, 2006, p. 35); la corrélation entre la diminution du revenu et la diminution de la satisfaction face à la vie tend à être plus forte que la corrélation entre la hausse du revenu et l'augmentation de la satisfaction à l'égard de la vie; et les changements touchant les caractéristiques non financières, comme la santé, l'éducation et les liens sociaux, ont une incidence plus importante que la hausse du revenu sur la satisfaction à l'égard de la vie.

La relation entre le revenu et la satisfaction peut présenter un intérêt particulier dans le cas des nouveaux immigrants, en raison des variations de la force de la corrélation entre ces deux variables selon la répartition des revenus. Ainsi, Diener et coll. (1993) indiquent que la corrélation la plus forte entre le revenu et la satisfaction est observée au bas de la répartition des revenus (moins de 15 000 $US) et que cette corrélation s'estompe de façon constante au-dessus de ce seuil. Compte tenu de la surreprésentation des nouveaux immigrants au bas de la répartition des revenus (Picot, 2008), il se pourrait que le revenu soit un corrélat de la satisfaction à l'égard de la vie plus important pour ces immigrants que pour d'autres groupes. La force de cette corrélation peut aussi diminuer au fil du temps, les gains tendant à augmenter avec les années de résidence dans le pays d'accueil.

La corrélation entre les caractéristiques de l'emploi et du revenu et la satisfaction face à la vie chez les nouveaux immigrants peut s'expliquer par d'autres facteurs. Comme l'observent Diener, Suh et Oishi (1997), selon certaines théories du bien-être subjectif, la satisfaction est associée à la capacité d'atteindre les objectifs qu'on s'est fixés. Si certains objectifs sont universels, comme le désir de satisfaire ses besoins essentiels, d'autres sont plus idiosyncrasiques. Par conséquent, les objectifs qu'on cherche à atteindre sont conditionnés par l'étape de la vie, les circonstances et les antécédents, les préférences et les goûts, etc. Dans cette perspective, les buts visés par les immigrants au cours des années qui suivent immédiatement leur arrivée et, du coup, les facteurs corrélés avec leur bien-être subjectif, peuvent différer de ceux des immigrants établis depuis plus longtemps ou de la population non immigrante. Le bien-être subjectif est aussi conceptualisé par comparaison. Michalos (1985) en présente une variante dans sa théorie des divergences multiples selon laquelle la satisfaction à l'égard de la vie se mesure par la divergence entre « ce qu'est effectivement la vie » et « ce que l'on voudrait qu'elle soit ». On peut utiliser une diversité d'étalons pour établir de telles comparaisons, notamment : (i) ce que l'on veut, (ii) ce que l'on a eu plus tôt dans la vie, (iii) ce que l'on attend, (iv) notre perception de ce qu'ont les autres, (v) ce que l'on croit mériter (Veenhoven, 1996).

3   Données et méthodes

3.1  Données

Les données de la présente étude sont tirées de l'ELIC. La population cible de cette enquête, menée conjointement par Statistique Canada et Citoyenneté et Immigration Canada, couvre tous les immigrants 1) qui sont arrivés au Canada entre le 1er octobre 2000 et le 30 septembre 2001, 2) qui étaient âgés de 15 ans ou plus à leur arrivée, et 3) qui sont arrivés de l'étranger et ont présenté une demande par l'entremise d'une mission canadienne à l'étranger 2 . La base de sondage de l'ELIC est une base de données administratives sur tous les immigrants reçus du Canada, tenue à jour par Citoyenneté et Immigration Canada 3 .

Trois questionnaires de l'ELIC ont été mis en oeuvre sur le terrain pendant l'Enquête. Environ 12 000 immigrants ont été interviewés d'avril 2001 à mars 2002 (à peu près six mois après leur arrivée au Canada), approximativement 9 300 de ces mêmes immigrants ont été retracés et interviewés en 2003 (environ deux ans après leur arrivée), et quelque 7 700 de ceux-ci ont été retracés et interviewés une troisième fois (environ quatre ans après leur arrivée). Ces trois séries d'interviews ou de questionnaires sont désignées par les termes « vague 1 », « vague 2 » et « vague 3 ». Les quelque 7 700 répondants de l'ELIC qui ont participé aux trois cycles sont représentatifs à l'échelle nationale des quelque 157 600 nouveaux immigrants, dont 104 400 sont des immigrants de la composante économique, 42 600 font partie de la catégorie du regroupement familial et 9 700 sont des réfugiés.

On a posé aux répondants de l'ELIC plusieurs questions d'évaluation au sujet de leur vie au Canada. On a interrogé les répondants, dans les interviews de la vague 1 et de la vague 3, sur leur degré de satisfaction à l'égard de leur vie au Canada. La question de la vague 1 était formulée ainsi : 

Pour terminer, j'aimerais aborder quelques questions générales sur la vie au Canada. De façon générale, dans quelle mesure êtes-vous personnellement satisfait(e) de votre expérience au Canada jusqu'à maintenant?

Les répondants ont fourni des réponses sur une échelle à cinq points allant de « totalement insatisfait » à « totalement satisfait ». Dans la vague 3, on a posé aux répondants la question suivante : 

En utilisant une échelle de 1 à 5, où 1 signifie « très insatisfait » et 5 « très satisfait », quel degré de satisfaction éprouvez-vous à l'égard de votre vie au Canada?

Dans les trois vagues, on a demandé aux répondants de l'ELIC de comparer leur expérience au Canada aux attentes qu'ils avaient à ce chapitre et de se prononcer sur leur décision d'immigrer : 

De façon générale, diriez-vous que votre expérience au Canada a été… (i) beaucoup mieux que prévu, (ii) un peu mieux que prévu, (iii) à peu près comme prévu, (iv) un peu moins bien que prévu, (v) pire que prévu?

Si vous deviez choisir à nouveau, viendriez-vous au Canada?

Nous employons le terme « évaluation de la vie au Canada » pour désigner ces trois mesures de résultats. Compte tenu de la conception de l'ELIC, ces questions portent sur la période de six mois à quatre ans suivant l'arrivée, une période de référence plus cernée que celle normalement utilisée dans les études sur la satisfaction générale à l'égard de la vie. En outre, la recherche sur le bien-être subjectif établit habituellement une distinction entre la satisfaction face à la vie en général et la satisfaction à l'égard d'aspects particuliers de la vie, le travail ou la vie conjugale par exemple. Notre analyse se situe entre ces deux dimensions puisque « la vie au Canada » est d'une portée plus limitée que « la vie en général », mais peut couvrir des jugements d'évaluation touchant plusieurs aspects, comme la famille, l'emploi et les liens entre les immigrants et la collectivité.

Nous avons délibérément opté pour une analyse de grande portée, qui s'appuie sur toute la gamme des données de l'ELIC et sur les principaux résultats des travaux de recherche sur le bien-être subjectif. Les variables indépendantes qui suivent sont incluses dans notre analyse. La répartition des répondants selon chacune de ces variables est présentée au tableau 1 .

3.1.1  Caractéristiques démographiques, état de santé et adaptation

Le sexe, l'âge et le niveau de scolarité des répondants de l'ELIC à leur arrivée au pays sont inclus dans nos modèles analytiques 4 . Il en va de même pour l'état de santé autoévalué, établi à partir des évaluations faites par les répondants sur une échelle à cinq catégories allant de mauvaise à excellente  5 . À l'instar de ce que l'on retrouve dans les travaux publiés, nous nous attendons à observer une corrélation positive entre l'état de santé autoévalué et des évaluations favorables de la vie au Canada.

L'ELIC ne comprend pas toute la batterie de questions dont se servent les psychologues pour construire les mesures psychométriques des traits, tels que l'assertivité ou le locus de contrôle. On a cependant posé aux répondants de l'ELIC la question suivante : 

En général, comment évaluez-vous votre capacité à exécuter vos activités quotidiennes, par exemple, assumer vos responsabilités familiales et professionnelles?

Cette mesure de la capacité autoévaluée d'adaptation permet, du moins partiellement, de tenir compte des différences au chapitre de la personnalité, puisque celles-ci ont vraisemblablement une incidence sur l'autoévaluation de la capacité d'adaptation 6 . On s'attend à ce que cette variable soit positivement corrélée avec les évaluations favorables de la vie au Canada.

3.1.2  Processus d'immigration et expériences d'établissement

Trois grands objectifs guident la politique du Canada en matière d'immigration : réunir les familles, permettre au Canada de respecter ses obligations internationales et de poursuivre sa tradition humanitaire relativement aux réfugiés, et favoriser une économie forte et viable dans toutes les régions du pays. Ces objectifs se reflètent dans les catégories selon lesquelles les immigrants sont admis au Canada à titre de résidents permanents. Notre analyse définit cinq catégories d'admission : demandeurs principaux de la catégorie des travailleurs qualifiés, conjoints et personnes à charge des travailleurs qualifiés, immigrants de la catégorie du regroupement familial, réfugiés, et autres 7 .

Environ 1 répondant de l'ELIC sur 10 a vécu au Canada avant d'y immigrer, souvent grâce à un visa d'étudiant ou un permis de travail. Ces résidents qui ont ensuite immigré au Canada pourraient former un groupe autosélectionné dont les membres ont eu des expériences antérieures particulièrement positives au Canada. Ils peuvent aussi avoir des attentes plus réalistes de la vie au Canada que les immigrants qui n'ont pas vécu au Canada avant d'y immigrer. Sam (2001) observe que la satisfaction à l'égard de la vie chez les étudiants étrangers présente une corrélation positive avec l'information obtenue avant l'arrivée au pays. Par ailleurs, les personnes qui ont séjourné au Canada avant d'y immigrer peuvent avoir des réseaux sociaux, une expérience de travail ou d'autres atouts qui facilitent l'établissement. Pour toutes ces raisons, nous nous attendons à ce que les immigrants qui ont vécu au Canada avant l'immigration fassent état d'évaluations plus favorables que les autres immigrants.

D'autres aspects du processus d'immigration ont été examinés dans les versions précédentes de notre analyse. Nous avons étudié l'effet de la présence de membres de la famille au Canada au moment de l'arrivée, pensant dégager une corrélation positive entre cette variable et des évaluations favorables. Toutefois, cette corrélation ne s'est pas avérée, et la variable a été abandonnée. Les raisons de l'immigration au Canada ont aussi été analysées. Dans son étude sur les élèves immigrants du niveau secondaire à Toronto, Chow (2007) indique que les motivations non économiques de l'immigration sont positivement corrélées avec la satisfaction face à la vie. Les raisons de l'immigration ont été incluses dans les versions précédentes de nos modèles mais n'ont pas donné lieu à des résultats concluants. Des modèles multivariés distincts ont été exécutés pour les immigrants ayant déclaré (ou non) des raisons économiques. Là encore, l'exercice n'a pas produit de résultats probants, de sorte que les raisons de l'immigration n'ont pas été retenues dans l'analyse.

Pour ce qui est des expériences après l'arrivée, on a demandé aux répondants de l'ELIC s'ils ont été victimes de discrimination ou de traitements injustes en raison de leur origine ethnique, de leur culture, de leur race ou de la couleur de leur peau, de leur langue ou de leur accent, ou encore de leur religion. On a demandé à ceux qui ont répondu par l'affirmative d'indiquer la fréquence de ces expériences. Nous avons retenu cette variable parce que nous nous attendions à trouver une corrélation négative entre la discrimination perçue et les évaluations favorables de la vie au Canada. Par ailleurs, on a demandé aux répondants s'ils ont dû modifier leurs valeurs, leurs façons de penser ou leurs comportements pour s'adapter à la vie au Canada et, dans l'affirmative, dans quelle mesure ces changements ont été difficiles. Nous avons aussi inclus cette variable dans l'analyse pour vérifier l'hypothèse d'une corrélation entre les difficultés éprouvées et les évaluations moins favorables.

En ce qui concerne certains aspects logistiques de l'établissement, on a demandé aux répondants de l'ELIC s'ils ont éprouvé des difficultés au chapitre de l'accès aux soins de santé, aux programmes de formation ou d'éducation, et au logement. Nous avons retenu un ensemble de variables nominales « oui/non » pour vérifier si les problèmes d'ordre logistique sont négativement corrélés avec les évaluations favorables de la vie au Canada.

3.1.3  Capital social

Quatre mesures du capital social ont été incluses dans notre analyse : fréquence des contacts avec des amis, perception positive des voisins, fréquence de la participation à des services religieux, fréquence de la participation à d'autres groupes ou organisations. On s'attend à dégager une corrélation entre ces quatre mesures et des évaluations positives de la vie au Canada.

3.1.4  Bien-être matériel

Trois variables relatives au bien-être matériel ont été retenues dans notre modèle d'analyse. La première est la situation au regard de l'emploi, les chômeurs affichant généralement des niveaux de satisfaction inférieurs à ceux des personnes qui occupent un emploi. La deuxième est le revenu personnel 8  et la troisième, le mode d'occupation du logement. On s'attend à ce que ces trois variables soient associées à des évaluations positives de la vie au Canada.

3.1.5  Comparaisons avec le pays d'origine

En plus des variables précitées, nous présentons un autre ensemble de modèles comprenant trois variables supplémentaires : (i) l'évaluation par les répondants de leur bien-être matériel après deux ans au Canada (« des choses comme une voiture, une maison, le revenu disponible ») par rapport à leur situation avant leur arrivée au Canada, (ii) l'évaluation par les répondants de leur qualité de vie au Canada (« des choses comme la sécurité, la liberté et la pollution ») par rapport à leur situation avant leur arrivée au Canada 9 , et (iii) le produit intérieur brut (PIB) par habitant à parité de pouvoir d'achat dans le pays de naissance des répondants 10 . L'inclusion de ces variables se fonde sur l'hypothèse voulant que l'évaluation de la vie au Canada par les immigrants soit colorée par des comparaisons selon d'autres paramètres, la situation antérieure par exemple. On s'attend à une fréquence plus élevée d'évaluations positives de la vie au Canada chez les immigrants ayant déclaré une amélioration de leur bien-être matériel et de leur qualité de vie par rapport à leur situation antérieure. Cependant, ces variables représentent des évaluations subjectives de la situation actuelle et de la situation antérieure et pourraient cerner les mêmes réalités sous-jacentes que nos variables dépendantes. Nous présentons les résultats en raison de l'intérêt conceptuel de ces variables, mais nous le faisons dans un ensemble de modèles supplémentaires étant donné cette endogénéité potentielle.

3.1.6  Changement de l'évaluation de la vie Canada au fil du temps

Notre analyse s'attache surtout à l'évaluation par les répondants de leur vie au Canada à la vague 3 de l'Enquête — soit quatre ans après leur arrivée au pays — plutôt que sur les changements de l'évaluation des répondants au fil du temps. Nous avons procédé ainsi parce que la question sur la satisfaction n'a pas été posée à la vague 2 et parce que le libellé de la question sur la satisfaction et sa position dans le questionnaire ont changé de la vague 1 à la vague 3, de sorte que les différences observées au fil du temps pourraient être attribuables à la conception de l'Enquête plutôt qu'à l'expression du point de vue des répondants 11 . En outre, plusieurs variables indépendantes clés, notamment la capacité d'exécuter les activités quotidiennes, la discrimination perçue, l'adaptation à la vie au Canada et la perception des voisins, n'ont pas fait l'objet de questions à la vague 1. C'est pourquoi des modèles multivariés, y compris un ensemble réduit de variables indépendantes, sont exécutés à partir des renseignements combinés tirés des trois vagues de l'ELIC. Ces modèles comprennent une variable qui permet de déterminer si l'évaluation par le répondant de sa vie au Canada a été faite six mois, deux ans ou quatre ans après son arrivée au pays, et donc si cette évaluation s'est améliorée ou détériorée au fil du temps.

Sur le plan des techniques statistiques, des modèles de régression logistique ordonnée sont appliqués aux questions sur la satisfaction et les attentes pour tirer plein parti des catégories de réponse en cinq points. Un modèle de régression logistique est appliqué à la question portant sur la décision de venir au Canada. Les probabilités prédites sont calculées à partir des modèles, la valeur des autres covariables étant établie à leur moyenne. Nous utilisons ces probabilités prédites dans notre discussion pour faciliter la présentation des résultats. Tous les modèles sont calculés au moyen des poids bootstrap pour corriger les estimations de la variance en fonction du plan d'enquête. Il importe, avant de présenter les résultats, de traiter la question de l'érosion de l'échantillon, laquelle a des implications pour notre étude.

3.2  Érosion de l'échantillon

Des 12 040 immigrants qui ont rempli le questionnaire de l'ELIC six mois après leur arrivée, 7 716 ont été retracés et ont rempli de nouveau le questionnaire deux ans puis quatre ans après leur arrivée. Les 4 324 autres immigrants n'ont pas été retenus soient parce qu'ils n'ont pas été retracés, soit parce qu'ils n'ont pas voulu remplir les questionnaires subséquents 12 . Compte tenu de ce taux d'érosion de 37 % 13 , on peut se demander si les immigrants non retracés sont ceux qui affichent le plus d'insatisfaction. Si les immigrants insatisfaits sont plus susceptibles que les autres de déménager, au Canada ou à l'étranger, en quête d'une meilleure situation, les probabilités de les maintenir dans l'échantillon seraient plus faibles et ce, de façon disproportionnée. Il en irait de même si les immigrants insatisfaits étaient plus susceptibles que les autres de refuser une nouvelle interview. Dans les deux cas, les répondants satisfaits seraient surreprésentés dans l'échantillon de l'ELIC, ce qui jetterait le doute sur les conclusions se rapportant à l'évaluation par les immigrants de leur vie au Canada. Selon notre analyse, tel n'est pas le cas.

Pour trancher la question, nous avons réparti les répondants qui ont rempli le questionnaire de la vague 1 en deux groupes : ceux qui ont aussi rempli les questionnaires de la vague 2 et de la vague 3 (et qui sont donc restés dans l'échantillon) et ceux qui ne les ont pas remplis. Le tableau 2 montre le pourcentage des répondants retenus dans l'échantillon et qui présentent des caractéristiques précises, les probabilités que les répondants présentant des caractéristiques précises soient retenus dans l'échantillon une fois neutralisé l'effet d'autres facteurs, et les caractéristiques de composition des répondants retenus et non retenus dans l'échantillon.

Dans l'ensemble, 63 % des répondants qui ont rempli le premier questionnaire de l'ELIC (vague 1) ont également rempli le deuxième et le troisième (vagues 2 et 3). La proportion des répondants retenus dans l'échantillon ne varie pas selon les réponses fournies aux questions sur la satisfaction, les attentes et la décision d'immigrer. Ainsi, 63,8 % des immigrants totalement satisfaits de leur vie au Canada après six mois sont restés dans l'échantillon, comparativement à 64,7 % des immigrants totalement insatisfaits. Dans le même ordre d'idées, 63,5 % des répondants ayant déclaré que leur vie au Canada se passe beaucoup mieux que prévu sont restés dans l'échantillon, comparativement à 65,3 % de ceux ayant déclaré que cette expérience est pire que prévu. Les mêmes tendances (ou l'absence de tendance) se manifestent lorsqu'on examine la satisfaction à la vague 2 et la probabilité de rester dans l'échantillon à la vague 3 (ces données ne sont pas présentées).

Lorsque qu'on tient compte du sexe, du groupe d'âge et de la catégorie d'admission des immigrants, les écarts au chapitre du maintien dans l'échantillon sont peu marqués. Les écarts les plus importants sont observés chez les répondants âgés de 35 à 44 ans, qui sont légèrement plus susceptibles (67,6 %) de rester dans l'échantillon que la moyenne, et dans le petit groupe des répondants de 55 ans et plus, qui le sont un peu moins (54,2 %). Pour ce qui est des catégories d'admission, 69,5 % des réfugiés sont restés dans l'échantillon comparativement à 58,4 % des immigrants de la catégorie du regroupement familial 14 .

En ce qui concerne d'autres sources possibles de biais d'échantillonnage, on pourrait s'attendre à ce que la probabilité de rester dans l'échantillon de l'ELIC soit corrélée avec la profession que les immigrants désirent exercer. Les nouveaux immigrants de la cohorte de 2000-2001 qui prévoyaient travailler comme ingénieurs électriciens, programmeurs ou réalisateurs de logiciels se trouvaient au Canada peu de temps avant l'effondrement du secteur de la haute technologie. Tant les travailleurs nés au Canada que les immigrants ont dû chercher de nouveaux emplois (Frenette, 2007). Dans ces circonstances, certains immigrants auraient pu décider de retourner dans leur pays d'origine ou de migrer ailleurs, en quête de meilleures perspectives d'emploi. Si tel avait été le cas, on aurait pu s'attendre à ce que les travailleurs de la haute technologie restent dans l'échantillon dans une proportion inférieure à la moyenne 15 . De façon plus générale, compte tenu des défis bien connus que doivent relever de nombreux immigrants très scolarisés pour trouver du travail dans leur domaine, on pourrait s'attendre à retrouver chez les diplômés universitaires les taux les plus faibles de satisfaction et, parallèlement, de maintien dans l'échantillon. Les résultats obtenus ne confirment pas ces hypothèses. Les répondants de l'ELIC qui entendaient travailler dans le domaine de la haute technologie sont tout aussi susceptibles de rester dans l'échantillon que les répondants qui entendaient travailler dans d'autres domaines, et les diplômés universitaires sont aussi susceptibles de rester dans l'échantillon que les répondants n'ayant pas terminé d'études secondaires. Globalement, le résultat le plus frappant est en fait l'absence de variabilité selon les catégories de profession et le niveau de scolarité.

Dans l'ensemble, les nouveaux immigrants forment une population très mobile (Hou, 2007) et le retraçage de tous les répondants de l'ELIC deux ans puis quatre ans après l'arrivée a posé un défi de taille. Pourtant, malgré le taux d'érosion de 37 % de l'échantillon de l'ELIC, rien n'indique l'introduction d'un biais systématique dans les évaluations déclarées de la vie au Canada.

4   Résultats

4.1  Résultats descriptifs

La plupart des répondants de l'ELIC évaluent positivement leur vie au Canada. Six mois et quatre ans après leur arrivée, un peu plus de 54,2 % des répondants se sont dits « satisfaits » de leur vie au Canada, et près de 19 % s'en sont dits très ou totalement satisfaits (tableau 3 ). Globalement, 73 % des répondants ont donné une réponse favorable à cette question. Par ailleurs, 17,7 % des répondants ont fait une évaluation neutre, se disant ni satisfaits ni insatisfaits de leur vie au Canada, tandis que 9,4 % ont déclaré en être insatisfaits ou très insatisfaits.

Les répondants se sont montrés un peu moins positifs à propos de la comparaison entre leur expérience au Canada et leurs attentes à cet égard. Dans les trois vagues de l'Enquête, près de 25 % des répondants ont déclaré que leur expérience au Canada se passait un peu moins bien que prévu ou était pire que prévu. Les données ne permettent pas de déterminer si ces répondants avaient, au départ, des attentes trop élevées à ce chapitre. La catégorie la plus importante en nombre est formée des répondants qui ont déclaré avoir eu une expérience au Canada correspondant à peu près à leurs attentes — 39 % à la vague 1 et environ 33 % aux vagues 2 et 3. Enfin, 36 % des répondants ont indiqué que leur expérience au Canada se passait un peu mieux ou beaucoup mieux que prévu à la vague 1, et cette proportion a augmenté pour atteindre 41 % et 43 % aux vagues 2 et 3.

En ce qui a trait à la troisième mesure de notre étude, les répondants de l'ELIC ont déclaré en grande majorité (de 87 % à 91 %) que s'ils devaient choisir de nouveau, ils maintiendraient leur décision d'immigrer au Canada.

4.2  Résultats multivariés

Notre analyse multivariée commence par l'application d'un ensemble de modèles à l'évaluation de la vie au Canada faite par les répondants quatre ans après leur arrivée au pays.

4.2.1  Caractéristiques démographiques, état de santé et adaptation

Les résultats de l'ELIC concordent avec de nombreuses observations relevées dans la recension des écrits. Par exemple, la relation parabolique souvent observée entre l'âge et la satisfaction est manifeste : les immigrants âgés de 35 à 44 ans sont moins susceptibles d'être satisfaits de leur vie au Canada que ne le sont leurs homologues plus jeunes et plus âgés (tableau 4). Si l'on fixe la valeur des autres caractéristiques à leur moyenne, la probabilité prédite des immigrants de 25 à 34 ans d'être satisfaits ou très satisfaits est supérieure de 2 points de pourcentage à celle des immigrants de 35 à 44 ans, et celle des 55 ans et plus est supérieure de 7 points de pourcentage à cette dernière 16 . De même, les immigrants « d'âge moyen » sont moins susceptibles que leurs cadets de déclarer que leur expérience au Canada est à la hauteur de leurs attentes ou qu'ils prendraient de nouveau la décision d'immigrer au Canada 17 .

Il existe une corrélation négative entre le niveau de scolarité et la satisfaction. En effet, les diplômés universitaires sont les moins susceptibles de se dire satisfaits de leur vie au Canada (probabilité prédite de 72 %) et les immigrants qui n'ont pas terminé d'études secondaires sont les plus susceptibles de s'en déclarer satisfaits (probabilité prédite de 79 %). Les immigrants ayant un diplôme d'études secondaires ou des attestations d'études non universitaires occupent une position intermédiaire. La corrélation négative entre le niveau de scolarité et une expérience au Canada à la hauteur des attentes est plus forte : 12 points de pourcentage séparent les diplômés universitaires des répondants n'ayant pas terminé d'études secondaires (39 % et 51 % respectivement). Cette corrélation reste significative si l'on tient compte de l'état de santé, de la situation au regard de l'emploi et du revenu personnel dans le modèle, ce qui laisse penser que la corrélation entre le niveau de scolarité et la satisfaction est plus directe chez les nouveaux immigrants qu'elle ne l'est au sein de l'ensemble de la population immigrante. Pour ce qui est de la troisième mesure de résultats, les immigrants qui n'ont pas terminé d'études secondaires sont les plus susceptibles de déclarer qu'ils prendraient de nouveau la décision d'immigrer au Canada, mais les réponses ne varient pas pour les autres groupes. Enfin, les réponses des hommes de diffèrent pas significativement de celles des femmes 18 .

À l'instar de ce qu'on retrouve dans les travaux publiés, nos résultats montrent une forte corrélation entre l'état de santé et l'évaluation de la vie au Canada. Les immigrants qui font une évaluation moins favorable de leur santé (c.-à-d. ceux qui la jugent passable ou mauvaise) sont significativement moins susceptibles de se dire satisfaits de leur vie au Canada que ceux qui estiment avoir une excellente santé (écart de 13 points de pourcentage dans les probabilités prédites). Les écarts dans les deux autres mesures de résultats varient de 8 à 10 points de pourcentage entre ces groupes. Une corrélation analogue se manifeste entre la capacité autoévaluée d'exécuter les activités quotidiennes et l'évaluation de la vie au Canada. Ainsi, ceux qui jugent leur capacité passable ou mauvaise sont moins susceptibles d'évaluer positivement leur vie au Canada que ceux qui jugent leur capacité excellente, et de 7 à 13 points de pourcentage séparent ces deux groupes.

4.2.2  Processus d'immigration et expériences d'établissement

L'évaluation que font les immigrants de leur vie au Canada est systématiquement et fortement corrélée avec la catégorie d'admission des immigrants au pays. Les demandeurs principaux de la catégorie des travailleurs qualifiés font une évaluation moins favorable que les immigrants de la catégorie du regroupement familial et les réfugiés. Cette tendance est surtout manifeste dans les réponses indiquant que l'expérience au Canada s'est passée un peu mieux ou beaucoup mieux que prévu (écarts de 11 et de 16 points de pourcentage). Pour ce qui est d'une période antérieure de résidence au Canada, les immigrants qui ont vécu au pays avant d'y immigrer sont plus susceptibles que les autres de faire une évaluation positive, les écarts à ce chapitre variant de 4 à 5 points de pourcentage pour les trois mesures de résultats.

À la troisième interview (réalisée 4 ans près l'arrivée), on a demandé aux répondants de l'ELIC s'ils ont été victimes de discrimination ou de traitements injustes au cours des 24 mois précédents et, le cas échéant, la fréquence de ces expériences. La plupart des répondants (72 %) ont répondu qu'ils n'ont pas subi de discrimination ou de traitements injustes, alors que 28 % ont dit en avoir été victimes. Un examen plus attentif des catégories de réponse montre que 9 % de tous les répondants ont indiqué avoir été victimes de discrimination ou de traitements injustes rarement au cours des 24 mois ayant précédé l'interview, 15 % en ont été victimes quelquefois, et 4 %, tout le temps ou la plupart du temps. On observe une forte corrélation monotone entre la discrimination perçue et l'évaluation de la vie au Canada. Les répondants qui ont déclaré ne pas avoir subi de discrimination affichent une probabilité prédite de 77 % de se dire satisfaits ou très satisfaits de leur vie au Canada. Cette probabilité diminue pour s'établir à 66 % chez ceux qui ont déclaré avoir quelques fois été victimes de discrimination, puis à 55 % dans le petit groupe des répondants ayant déclaré avoir été victimes de discrimination la plupart du temps ou tout le temps. Cette même forte baisse monotone est observée dans les mesures des attentes et du maintien de la décision d'immigrer au Canada.

En ce qui a trait à l'adaptation du « répertoire des comportements » au nouveau contexte social et culturel, 41 % des répondants de l'ELIC ont indiqué qu'ils n'ont pas eu à modifier leurs valeurs ou leurs comportements pour s'adapter à la vie au Canada, 38 % ont dit qu'ils ont dû faire des changements, changements qui n'ont toutefois pas été difficiles, et 20 % ont dû faire des changements qu'ils ont trouvé difficiles. Les répondants qui ont éprouvé des difficultés à ce chapitre sont moins susceptibles que les autres de se déclarer satisfaits de leur vie au Canada, ou d'indiquer que s'ils pouvaient choisir ils décideraient de nouveau d'immigrer Canada (écarts de 6 points de pourcentage). Les difficultés d'adaptation ne présentent pas de corrélation significative avec la mesure dans laquelle les attentes des répondants ont été comblées.

Pour ce qui est des aspects logistiques de l'établissement, les problèmes d'accès au logement, aux soins de santé et à l'éducation ou à la formation sont tous négativement corrélés avec la satisfaction à l'égard de la vie au Canada et une expérience à la hauteur des attentes. On observe aussi une corrélation négative entre les problèmes d'accès aux soins de santé et à l'éducation ou à la formation et le maintien de la décision d'immigrer au Canada. Les écarts entre les probabilités prédites pour ces variables se retrouvent dans une fourchette de 3 à 8 points de pourcentage.

4.2.3  Capital social

Trois des quatre variables du capital social incluses dans l'analyse (fréquence des contacts avec des amis, perception positive des voisins, fréquence de la participation à des services religieux, fréquence de la participation à d'autres groupes ou organisations) sont positivement corrélées avec l'évaluation de la vie au Canada. Les immigrants qui estiment que leurs voisins sont très amicaux sont plus enclins à se dire satisfaits de leur vie au Canada que les immigrants qui ne connaissent pas leurs voisins ou qui expriment des perceptions neutres à leur endroit (écart de 13 points de pourcentage). Une tendance semblable est observée pour une expérience au Canada à la hauteur des attentes (écart de 9 points de pourcentage). Dans la même veine, les contacts plus fréquents avec des amis sont positivement corrélés avec la satisfaction et une expérience au Canada à la hauteur des attentes. En ce qui a trait aux liens avec des groupes et des institutions, la participation à des services religieux présente une corrélation positive avec une expérience au Canada à la hauteur des attentes de même qu'avec le maintien de la décision d'immigrer au Canada. La quatrième variable relative au capital social — soit la participation à d'autres types de groupes ou d'organisations — n'affiche de corrélation avec aucune de ces mesures de résultats 19 .

4.2.4  Bien-être matériel

Dans le cas des mesures du bien-être matériel, on note une corrélation positive entre la situation au regard de l'emploi et la satisfaction, mais l'écart observé est relativement mince (4 points de pourcentage) par rapport à ceux notés pour d'autres variables. La situation au regard de l'emploi ne présente pas de relation significative avec les deux autres mesures de résultats. D'autres formulations de la variable de la situation au regard de l'emploi ont produit des résultats analogues.

Le revenu personnel est corrélé avec deux des trois mesures de résultats — la satisfaction et des attentes comblées. Les répondants touchant un revenu de 40 000 $ ou plus sont significativement plus susceptibles que les répondants sans revenu de se dire satisfaits de leur vie au Canada (écarts de 5 à 9 points de pourcentage) et de déclarer que leur expérience au Canada a été un peu mieux ou beaucoup mieux que prévu (écarts de 11 à 14 points de pourcentage). Parmi les 80 % des répondants de l'ELIC touchant un revenu inférieur à 40 000 $, l'évaluation de la vie au Canada ne varie pas significativement selon le groupe de revenu. Les mêmes tendances sont notées lorsque le revenu personnel est remplacé par le revenu du ménage dans les modèles.

Enfin, le mode d'occupation du logement est positivement corrélé avec l'évaluation de la vie au Canada, les propriétaires étant plus enclins que les locataires à se dire satisfaits de leur vie au Canada et à déclarer que leurs attentes à ce chapitre ont été comblées.

4.2.5  Comparaisons avec le pays d'origine

Pour ce qui est des variables incluses dans les modèles supplémentaires, 43 % des répondants de l'ELIC jugent leur bien-être matériel au Canada supérieur à ce qu'il était avant l'immigration, 29 % le jugent à peu près équivalent, et 27 % le juge pire. Les immigrants de la catégorie des travailleurs qualifiés font les évaluations les plus défavorables à cet égard 20 . Sur le plan de la perception de la qualité de vie, les immigrants de toutes les catégories d'admission (83 % globalement) ont affirmé que leur qualité de vie est meilleure au Canada qu'elle ne l'était avant l'immigration, les écarts selon les catégories d'admission étant peu marqués 21 .

L'inclusion de ces variables supplémentaires a des effets relativement restreints sur les autres covariables de l'analyse. Par exemple, la probabilité prédite d'une expérience au Canada supérieure aux attentes varie de 13 points de pourcentage selon les catégories du niveau de scolarité dans le modèle de base, et cet écart diminue pour s'établir à 10 points de pourcentage après l'inclusion des variables supplémentaires. De la même façon, les probabilités prédites diminuent, au maximum, de 2 ou 3 points de pourcentage pour la plupart des autres covariables. La catégorie d'admission des immigrants fait exception à cet égard. L'écart de 16 points de pourcentage qui sépare les travailleurs qualifiés des réfugiés pour la probabilité prédite de déclarer que l'expérience au Canada dépasse les attentes est réduite à 7 points de pourcentage lorsque sont incluses les variables du bien-être matériel, de la qualité de vie et du PIB par habitant. Les écarts entre les catégories d'immigrants pour les deux autres variables de résultats s'estompent aussi ou disparaissent.

Une relation significative est observée entre l'évaluation que font les immigrants de leur qualité de vie et de leur bien-être matériel relatifs d'une part, et l'évaluation de leur vie au Canada d'autre part. Par rapport aux répondants ayant déclaré une amélioration de leur bien-être matériel après leur immigration au Canada, ceux qui ont indiqué une détérioration de leur situation à ce chapitre sont significativement moins susceptibles de se dire satisfaits de leur vie au Canada (écart de 10 points de pourcentage), de déclarer qu'ils prendraient de nouveau la décision d'immigrer au Canada (écart de 12 points de pourcentage) et d'affirmer que leur expérience au Canada a dépassé leurs attentes (écart de 20 points de pourcentage).

Les perceptions de la qualité de vie relative au Canada sont aussi corrélées avec ces résultats, les écarts quant aux probabilités prédites entre les catégories « meilleure » ou « pire » variant de 11 à 15 points de pourcentage. Il convient toutefois de rappeler que très peu de répondants de l'ELIC estiment que leur qualité de vie au Canada est inférieure à ce qu'elle était avant l'immigration.

Le PIB par habitant dans le pays d'origine du répondant ne présente pas de relation étroite avec la probabilité de déclarer que l'expérience au Canada a été à la hauteur des attentes ou que l'on prendrait de nouveau la décision d'immigrer au Canada. En revanche, il est positivement corrélé avec la satisfaction à l'égard de la vie au Canada.

4.2.6  Changement de l'évaluation de la vie au Canada au fil du temps

Les résultats présentés jusqu'à maintenant sont fondés sur les renseignements fournis par les répondants de l'ELIC environ quatre ans après leur arrivée au Canada. On peut toutefois se demander si l'évaluation des répondants a changé au cours de cette période de quatre ans. Les perspectives pouvaient sembler particulièrement prometteuses au cours des six premiers mois au Canada, avec les promesses d'une nouvelle vie à l'horizon. Mais les difficultés à concrétiser les projets et les espérances ont pu assombrir ces perspectives au fil des ans.

On a créé un échantillon combiné regroupant les renseignements recueillis auprès des répondants six mois, deux ans et quatre ans après l'arrivée afin de comparer l'évaluation de la vie au Canada à ces différents moments. Les données relatives à quatre variables — la capacité autoévaluée d'exécuter les activités quotidiennes, la discrimination perçue, les difficultés d'adaptation au Canada et les perceptions des voisins — ne sont pas disponibles pour les vagues 1 et 2, et ont donc été exclues de ces modèles. Au cours de la période allant de six mois à quatre ans après l'arrivée, la probabilité qu'affichent les répondants de se dire satisfaits ou très satisfaits de leur vie au Canada diminue de 4 points de pourcentage (l'effet d'autres facteurs étant neutralisé), alors que la probabilité de déclarer qu'ils prendraient de nouveau la décision d'immigrer au Canada baisse de 6 points de pourcentage. Par contre, la probabilité d'indiquer que les attentes ont été comblées ne change pas au fil du temps.

D'autres résultats tirés du modèle combiné méritent qu'on s'y attarde. Premièrement, la variation de la probabilité prédite de se déclarer satisfait de sa vie au Canada associée aux problèmes d'accès au logement, aux soins de santé et à l'éducation et à la formation est un peu plus marquée dans les modèles fondés sur l'échantillon combiné (6, 6 et 10 points de pourcentage respectivement) que dans le modèle fondé sur les données de la vague 3 (4, 3 et 6 points de pourcentage respectivement). Si cet écart peut être partiellement attribuable à l'ensemble plus petit de covariables comprises dans le modèle combiné, il peut aussi s'expliquer par le fait que les problèmes d'accès au logement et à la formation sont cités plus souvent six mois et deux ans après l'arrivée qu'ils ne le sont quatre ans après l'arrivée (Schellenberg et Maheux, 2007). Dans ce contexte, il semble y avoir une corrélation négative plus forte entre les problèmes d'accès aux biens et services et l'évaluation de la vie au Canada plus tôt dans le processus d'établissement. Deuxièmement, la variation des probabilités prédites de se dire satisfait de sa vie au Canada et de déclarer que son expérience au Canada dépasse ses attentes est plus importante entre les catégories de revenu du modèle combiné (chiffres significatifs pour les quatre catégories) qu'entre celles des modèles fondés sur les données de la vague 3 (chiffres significatifs pour deux catégories de réponse). Cela pourrait s'expliquer par le fait que la variable du revenu reflète certains des effets associés à la discrimination perçue et à d'autres variables qui ne sont pas prises en considération dans les modèles combinés.

5   Discussion et conclusions

Ce document visait à examiner l'évaluation que font les nouveaux immigrants de la cohorte de 2000-2001 de leur vie au Canada. Quatre ans après leur arrivée, les trois quarts des répondants qui se trouvent toujours dans l'échantillon de l'ELIC se sont dits satisfaits ou très satisfaits de leur vie au Canada, et une proportion comparable de répondants ont indiqué que leur vie au Canada est à la hauteur de leurs attentes ou les dépasse. Près de 9 répondants sur 10 ont affirmé que, s'ils avaient à choisir de nouveau, ils prendraient encore la décision d'immigrer au Canada. Une des lacunes de l'ELIC tient à l'absence d'un groupe de contrôle (la population née au Canada par exemple) auquel ces réponses pourraient être comparées. Sans un tel point de référence, il est difficile de déterminer si la proportion des « trois quarts » susmentionnée doit être interprétée comme un pourcentage « élevé » ou « faible ». On aurait pu s'attendre à des évaluations positives moins fréquentes compte tenu des difficultés généralement éprouvées par les immigrants sur le marché du travail tout au long des années 1990, ou encore à des évaluations positives plus fréquentes étant donné l'opinion favorable des immigrants quant à l'environnement social et politique du Canada. L'interprétation de niveaux absolus de satisfaction se prête donc aux débats.

L'ELIC présente l'avantage de montrer comment les évaluations subjectives de la vie au Canada varient selon une vaste gamme de caractéristiques. Notre analyse s'appuie sur un certain nombre de variables — comme l'âge, l'état de santé, la capacité d'adaptation et les liens sociaux — qui sont généralement associées à la satisfaction à l'égard de la vie dans la recherche sur le bien-être subjectif. Nos observations, bien qu'elles se fondent sur un ensemble un peu différent de mesures de résultats, cadrent avec ces travaux. Notre analyse prend aussi appui sur bien d'autres variables qui présentent un intérêt particulier pour la recherche sur les immigrants et l'immigration.

Dans la cohorte de 2000-2001, les évaluations positives de la vie au Canada sont moins fréquentes chez les immigrants admis dans la catégorie des travailleurs qualifiés, les titulaires d'un grade universitaire et les répondants âgés de 35 à 54 ans. La divergence entre les attentes et la situation vécue est particulièrement importante dans ce dernier groupe de répondants, qui affichent également des niveaux inférieurs de satisfaction. L'évaluation du bien-être matériel compte. En effet, une expérience de vie au Canada jugée en deçà des attentes est particulièrement manifeste chez les immigrants ayant déclaré avoir un bien-être matériel pire après l'immigration qu'avant celle-ci. Ce constat est d'autant plus important que le tiers des immigrants de la catégorie des travailleurs qualifiés estiment que leur situation matérielle s'est détériorée après leur immigration.

Si les facteurs économiques sont fortement corrélés avec l'évaluation subjective de la vie au Canada, il en va de même pour les facteurs sociaux. Par exemple, des rapports positifs avec les voisins sont associés à une hausse de la probabilité prédite d'évaluations favorables sur le plan de la satisfaction et des attentes de l'ordre 9 à 13 points de pourcentage, alors que les perceptions de discrimination ou de traitements injustes subis parfois, la plupart du temps ou tout le temps sont associées à de fortes baisses des probabilités prédites d'évaluations positives. Si la détérioration de la situation économique à laquelle font face les immigrants peut constituer un bon point de départ pour l'examen des évaluations subjectives de la vie au Canada, les contextes sociaux et les points de vue ne doivent pas être négligés pour autant.

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