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  1. Introduction
  2. Résultats au chapitre de la scolarité des enfants d'immigrants au Canada
  3. Résultats au chapitre de la scolarité des enfants d'immigrants aux États-Unis
  4. Un résumé des déterminants
  5. Conclusion

1   Introduction

Le niveau de scolarité est souvent considéré comme étant le plus important mécanisme de mobilité sociale et de réussite sur le marché du travail. De nombreux groupes d'immigrants ont une longue tradition de promotion de la scolarité comme meilleur moyen d'assurer la réussite de leurs enfants. Pour de nombreux immigrants, il s'agit là d'un facteur important dans le choix du Canada ou des États-Unis comme lieu de destination. Du point de vue des pays d'accueil, le niveau de scolarité atteint par les enfants d'immigrants est une mesure importante de l'intégration multigénérationnelle et à long terme des immigrants.

Les résultats des enfants d'immigrants sont importants pour de nombreuses raisons. En 2006, les Canadiens de deuxième génération représentaient environ 15 % de la population du Canada et les Américains de deuxième génération, 11 % de la population des États-Unis. Ces chiffres sont supérieurs à ceux de tous les pays occidentaux sauf l'Australie. En outre, les déterminants des « écarts » sur le plan du niveau de scolarité entre les enfants d'immigrants et les enfants de parents nés au pays (Américains ou Canadiens) fournissent une mesure importante de l'intégration à long terme des familles d'immigrants. Les sociétés ont besoin de savoir pourquoi les groupes d'immigrants ainsi que leurs enfants obtiennent des résultats supérieurs ou inférieurs à ceux de la population née au pays ou de ses enfants.

Le Canada et les États-Unis sont des pays qui accueillent de grands nombres d'immigrants. Toutefois, les différences importantes qui s'observent entre les profils d'immigration des deux pays au cours des dernières décennies influent sur les résultats de la deuxième génération. Avant les années 1960, les deux pays utilisaient le pays d'origine comme l'un des principaux facteurs de sélection des immigrants, en privilégiant l'Europe de l'Ouest. Au cours des années 1960, tous deux ont modifié leurs politiques en matière d'immigration, ce qui a donné lieu à ce que de nombreux chercheurs appellent la « nouvelle » immigration.

Smith et Edmonston (1997) et Green et Green (2004) fournissent des aperçus de l'histoire de l'immigration aux États-Unis et au Canada, respectivement. On observe trois différences entre le Canada et les États-Unis en ce qui concerne la « nouvelle » immigration, postérieure aux années 1960, qui ont une incidence importante sur les résultats de la deuxième génération (Aydemir et Sweetman, 2007).

Premièrement, les taux d'immigration sont plus élevés au Canada qu'aux États-Unis depuis les années 1940; ainsi, les populations de première et de deuxième génération sont (relativement à la taille de la population) plus importantes au Canada qu'aux États-Unis. Deuxièmement, la répartition des immigrants selon les régions d'origine a évolué de façon très différente dans l'un et l'autre pays. Les États-Unis ont toujours accueilli une plus forte proportion d'immigrants en provenance d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud ainsi que du Mexique. Ce fait est significatif puisque les résultats au chapitre de la scolarité de la deuxième génération de ces groupes sont souvent inférieurs à ceux d'autres groupes, comme les Asiatiques et les Africains, qui constituent une forte proportion des « nouveaux » immigrants au Canada.

Troisièmement, la réunification des familles a été et demeure le principal programme de sélection des immigrants aux États-Unis. En plus d'un tel programme, le Canada utilise une « catégorie des immigrants qualifiés » dans laquelle environ le quart des immigrants sont sélectionnés directement et un autre quart sont sélectionnés indirectement (les conjoints et les enfants). Ce programme utilise un système de points selon lequel les immigrants sont sélectionnés selon leur niveau de scolarité, leurs compétences linguistiques, leur profession, et ainsi de suite. Par conséquent, les immigrants qui arrivent au Canada maintenant ont un niveau de scolarité plus élevé que ceux qui arrivent aux États-Unis. Le niveau de scolarité des immigrants a augmenté au fil du temps au Canada alors qu'il est resté stable aux États-Unis. Ces tendances influent sur le niveau de scolarité des enfants d'immigrants dans les deux pays.

Le présent document passe en revue les recherches sur les niveaux de scolarité atteints par la deuxième génération au Canada et aux États-Unis ainsi que sur leurs déterminants. Il comprend un examen des ouvrages sociologiques et économiques pertinents. Les résultats au chapitre de la scolarité au Canada et aux États-Unis sont examinés séparément, dans deux optiques. Dans la première optique, comment les niveaux de scolarité de la deuxième génération (les enfants d'immigrants nés dans le pays d'accueil) se comparent-ils à ceux de la troisième génération et des générations subséquentes (c.-à-d. les enfants de parents nés au pays), et quels sont les déterminants de l'écart sur le plan du niveau de scolarité entre ces deux populations? Une bonne partie des études économiques publiées, tout particulièrement, portent sur cette question. Les résultats obtenus à un moment donné sont examinés pour déterminer pourquoi certains groupes obtiennent de meilleurs résultats que d'autres. La deuxième optique est intergénérationnelle : quelle est la situation des enfants d'immigrants comparativement à celle de leurs parents? Cette question doit être examinée dans une perspective longitudinale plus longue, souvent en comparant les résultats au chapitre de la scolarité des enfants (à l'âge adulte), par exemple dans les années 2000, à ceux de leurs parents quelques 25 ans plus tôt.

Il existe une importante littérature américaine sociologique sur l'intégration de la deuxième génération, qui porte non seulement sur les résultats en matière d'études mais sur la formation des familles et d'autres résultats. Une bonne partie de ces travaux sont axés sur la théorie de l'« assimilation segmentée ». Selon cette théorie, une variété de facteurs peuvent donner lieu à une assimilation réussie mais également à de moins bons résultats pour la deuxième génération. Selon cette théorie, des déterminants tels que la situation socioéconomique de la famille, le type de famille d'immigrants (notamment les parents seuls), le contexte social dans lequel les immigrants sont accueillis et la discrimination peuvent jouer un rôle important, particulièrement dans le cas des résultats moins bons. Cette théorie prévoit des résultats très différents pour différents groupes ethniques aux États-Unis. Elle est examinée dans Portes et Fernandez-Kelly (2008), Zhou (1997) et Zhou et coll. (2008), parmi de nombreux autres chercheurs, et elle est généralement applicable aux États-Unis. Elle est rarement invoquée pour expliquer les résultats au Canada.

La littérature économique utilise des déterminants traditionnels pour expliquer les écarts sur le plan du niveau de scolarité entre la première génération, la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes. Ces déterminants comprennent le niveau d'études et le revenu des parents immigrants, le lieu de résidence (le niveau de scolarité est plus élevé dans les grandes villes), la région source ou l'origine ethnique, le capital ethnique (l'effet des caractéristiques du groupe ethnique, indépendamment de celui de la famille), les attentes des parents, l'appartenance à une minorité visible et, parfois, la langue parlée à la maison. La discrimination est rarement examinée directement dans ces ouvrages.

2   Résultats au chapitre de la scolarité des enfantsd'immigrants au Canada

2.1  L'écart sur le plan du niveau de scolarité entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes

Les Canadiens de deuxième génération enregistrent des résultats au chapitre de la scolarité supérieurs à ceux de la troisième génération et des générations subséquentes. De nombreux chercheurs, utilisant différentes données et mesures, en sont arrivés à cette conclusion. Boyd (2002) constate, par exemple, que la deuxième génération, qu'il s'agisse de membres d'un groupe de minorité visible ou de personnes qui ne sont pas membres d'un tel groupe, obtient de meilleurs résultats que la troisième génération et les générations subséquentes pour ce qui est du niveau de scolarité. En fait, le niveau de scolarité est le plus élevé chez les immigrants de deuxième génération membres d'un groupe de minorité visible (tableau 1). Dans la population des 20 à 64 ans, 24,1 % des membres de deuxième génération d'un groupe de minorité visible étaient titulaires d'un diplôme universitaire en 1996, comparativement à 22,2 % des individus de deuxième génération qui n'étaient pas membres d'un groupe de minorité visible et à 16,6 % de ceux de troisième génération et des générations subséquentes.

Une partie de cette différence peut être attribuable au fait que la deuxième génération a tendance à être plus jeune que la troisième génération et les générations subséquentes et que les jeunes adultes ont tendance à avoir des niveaux d'études plus élevés. Toutefois, les résultats normalisés selon l'âge demeurent plus ou moins inchangés, les niveaux de scolarité des enfants d'immigrants étant supérieurs à ceux de la troisième génération et des générations subséquentes.

Aydemir et Sweetman (2007) en arrivent à une conclusion similaire en utilisant les données du Recensement de la population du Canada de 2001. Ils observent que 37,8 % de la deuxième génération sont titulaires d'un baccalauréat ou d'un diplôme d'études supérieures au baccalauréat dans le Recensement, comparativement à 31,8 % de la population de troisième génération et des générations subséquentes n'appartenant pas à une minorité visible.

Abada, Hou et Ram (2008), s'appuyant sur les données de l'Enquête sur la diversité ethnique (2002) pour le Canada, publiées par Statistique Canada, et sur les données des recensements canadiens de 2001 et de 2006, obtiennent des résultats similaires. Hum et Simpson (2007), Aydemir, Chen et Corak (2008) et Bonikowska (2008) observent également un niveau de scolarité supérieur chez les membres de la deuxième génération. Finnie et Mueller (2010) utilisent les données de l'Enquête auprès des jeunes en transition de Statistique Canada pour examiner plus particulièrement la question connexe de la probabilité de fréquenter un collège ou une université et obtiennent des résultats similaires. Les Canadiens de deuxième génération ont un taux de fréquentation universitaire de 54,3 %, et la troisième génération et les générations subséquentes, un taux de 37,7 %.

Des recherches récentes portent sur la question de savoir à quoi tiennent les résultats supérieurs en matière de scolarité des Canadiens de deuxième génération. Boyd (2002) observe que le niveau de scolarité des parents immigrants de la deuxième génération est plus élevé que celui des parents de la troisième génération et des générations subséquentes; depuis de nombreuses années, les niveaux d'études des immigrants ont tendance à être supérieurs à ceux de la population canadienne. Il n'est pas étonnant de constater que les niveaux d'études des parents sont associés à des niveaux de scolarité plus élevés chez les enfants, ce qui est bien connu 1  . Toutefois, même conditionnellement au niveau de scolarité des parents (ainsi qu'à l'âge et au sexe), les écarts entre les niveaux de scolarité persistent : la population de deuxième génération d'une minorité visible a environ 1 année d'études de plus que les individus de troisième génération et des générations subséquentes qui ne sont pas membres d'une minorité visible. Ainsi, le niveau de scolarité des parents, ainsi que l'âge et le sexe, sont à l'origine de moins de la moitié de l'avantage au niveau de la scolarité des membres de deuxième génération d'une minorité visible par rapport aux individus de troisième génération et des générations subséquentes qui ne sont pas membres d'une minorité visible.

Bonikowska (2008), s'appuyant sur les données de l'Enquête sur la diversité ethnique, constate que la prise en compte du niveau de scolarité ainsi que du lieu de résidence des deux parents (les familles d'immigrants sont plus susceptibles de vivre en région urbaine, où le niveau de scolarité est plus élevé) a tendance à réduire l'avantage au niveau de la scolarité de la deuxième génération par rapport à la troisième génération et aux générations subséquentes, mais qu'une partie de l'écart persiste néanmoins.

Fait important, Bonikowska (2008) observe que le niveau de scolarité supérieur à la moyenne de la deuxième génération est attribuable dans une large mesure aux enfants provenant de familles moins instruites. Autrement dit, les enfants provenant de familles d'immigrants dont les parents sont titulaires d'un diplôme universitaire, par exemple, n'atteignent pas des niveaux de scolarité plus élevés que leurs homologues provenant de familles ayant fait des études universitaires dont les parents sont nés au Canada (en utilisant des variables de contrôle pour l'âge et l'origine ethnique). Toutefois, les enfants de parents immigrants moins instruits obtiennent de meilleurs résultats que leurs homologues dont les parents sont nés au Canada. Le fait d'avoir des parents aux niveaux de scolarité inférieurs est une moins grande entrave aux résultats au chapitre de la scolarité pour les enfants d'immigrants que pour les enfants de personnes nées au Canada. Par exemple, dans la troisième génération et les générations subséquentes, le fait d'avoir un parent titulaire d'un diplôme universitaire se traduit par 3,2 années d'études supplémentaires par rapport au fait d'avoir un parent sans diplôme d'études secondaires. Toutefois, dans la deuxième génération, cette différence est de 2,2 ans seulement. Hum et Simpson (2007), qui s'appuient sur des données différentes, soit celles de l'Enquête sur la dynamique du travail et du revenu, en arrivent à une conclusion similaire. Ils constatent que l'effet du niveau de scolarité des parents sur celui des enfants est plus faible chez les familles où les parents sont des immigrants que chez celles où les parents sont nés au Canada.

Cette constatation concorde avec les observations d'Aydemir, Chen et Corak (2008) sur la transmission intergénérationnelle du niveau de scolarité. Ces chercheurs en arrivent à la conclusion que la persistance intergénérationnelle du nombre d'années de scolarité est assez faible entre les immigrants et leurs enfants nés au Canada. Elle se situe au tiers seulement de celle des enfants de parents nés au Canada. Même si le niveau de scolarité des parents est un déterminant important des résultats des enfants au chapitre de la scolarité, il est moins important chez les familles d'immigrants que chez les familles de personnes nées au pays.

Examinant ensuite le rôle du revenu de la famille comme déterminant du niveau de scolarité des enfants dans les familles d'immigrants, Aydemir, Chen et Corak (2008) constatent qu'après la prise en compte du niveau de scolarité des parents, il s'agit d'un prédicteur faible. Ce résultat est conforme à ceux pour la population canadienne dans son ensemble 2  . Chez les immigrants, cette observation est peut-être également liée en partie aux résultats économiques relativement faibles chez bon nombre des familles d'immigrants très instruits, particulièrement les immigrants récents. Bon nombre de familles d'immigrants à faible revenu ont des niveaux relativement élevés d'études au Canada 3  .

2.2  Différences entre groupes ethniques

La discussion jusqu'ici a porté sur la deuxième génération en général. Toutefois, on note une variation significative des résultats selon le groupe ethnique ou le pays d'origine. On s'attend à ce que les différences entre groupes ethniques en ce qui concerne le capital humain des parents et la situation socioéconomique de la famille entraînent des différences entre les groupes sur le plan des résultats. Toutefois, après la prise en compte de telles différences, celles tenant au groupe ethnique ou à la région d'origine persistent. On ne comprend pas pleinement ces différences. Le « capital ethnique » de la collectivité ethnique, soit le niveau de scolarité et les niveaux de revenu du groupe dans son ensemble, peut améliorer les résultats en matière de scolarité et les autres résultats des enfants d'immigrants dans ce groupe (Borjas, 2000; Zhou et Kim, 2006). Les différences entre groupes ethniques en ce qui a trait à ces déterminants ainsi qu'à d'autres (certains sont inconnus) peuvent entraîner des résultats au chapitre de la scolarité entre les groupes.

Abada, Hou et Ram (2008) observent des écarts significatifs entre les niveaux de scolarité des enfants d'immigrants de différents pays. En 2006, les taux d'obtention d'un diplôme universitaire chez les 25 à 34 ans variaient entre 62 % chez les enfants de familles chinoises et 17 % chez ceux de familles portugaises. Les enfants de parents nés au Canada (la troisième génération et les générations subséquentes) affichaient un taux de diplomation de 23 %. Seulement 2 des 18 groupes de deuxième génération avaient des taux inférieurs à ceux de la troisième génération et des générations subséquentes (tableau 2). Outre les Chinois, les autres groupes de deuxième génération affichant des taux très élevés comprenaient les enfants d'immigrants en provenance d'Inde, d'Afrique, d'Asie occidentale ou du Moyen-Orient et d'« autres pays asiatiques ».

Abada, Hou et Ram (2008) se sont penchés sur la question de savoir dans quelle mesure cinq ensembles de variables explicatives, soit les variables démographiques (âge, type de famille et lieu de résidence de la personne), le niveau de scolarité des parents, la langue maternelle et le contexte linguistique familial, le capital ethnique 4  et le lieu de résidence des parents sont à l'origine de l'écart entre les taux d'obtention d'un diplôme universitaire d'un groupe ethnique de deuxième génération donné et ceux de la troisième génération ainsi que les générations subséquentes. Dans le cas de la plupart des divers groupes de deuxième génération indiqués au tableau 2, les cinq groupes de variables explicatives expliquent plus de la moitié, et souvent la totalité, de l'écart (positif) entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes. La principale exception est celle des enfants d'immigrants chinois, qui enregistrent l'écart le plus important sur le plan du niveau de scolarité. Dans leur cas, le quart seulement de l'écart par rapport à la troisième génération et aux générations subséquentes est attribuable aux cinq groupes de variables. D'autres facteurs, dont il n'est pas tenu compte dans l'analyse, sont à l'origine de cet écart.

Certaines variables ont un plus grand pouvoir explicatif que d'autres. Globalement, le niveau de scolarité des parents est à l'origine d'une plus grande partie de l'écart que tout autre groupe de variables, suivi du « capital ethnique » du groupe et du lieu de résidence des parents. De l'écart moyen d'environ 13 points de pourcentage entre les groupes de deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes, environ 6 points de pourcentage sont attribuables au niveau de scolarité des parents, environ 3,7 points, au « capital ethnique » et environ 1,6 point, au lieu de résidence. Conformément aux recherches précédentes portant plus particulièrement sur la deuxième génération prise dans son ensemble, cette étude fondée sur les groupes ethniques donne à penser que le niveau de scolarité des parents est un déterminant important des résultats au chapitre de la scolarité (moins important toutefois que chez les familles nées au Canada) et qu'il est à l'origine de la moitié peut-être de l'écart entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes.

La mesure dans laquelle les écarts sont attribuables à l'une quelconque de ces variables varie fortement d'un groupe ethnique à l'autre. De façon générale, le niveau de scolarité des parents est à l'origine d'une plus grande partie de l'écart dans le cas des groupes en provenance des pays occidentaux développés que de ceux en provenance des pays d'Asie ou d'Afrique. Le niveau d'études des parents semble être un prédicteur plus puissant des résultats au chapitre de la scolarité des enfants chez les familles d'immigrants de pays occidentaux développés (et chez les familles où les parents sont nés au Canada). Cela peut être lié à la notion selon laquelle, chez les familles d'origine asiatique, même les enfants de familles moins instruites sont fortement encouragés à fréquenter l'université (Finnie et Mueller, 2010).

Toutefois, les résultats sont très différents lorsqu'on examine les écarts entre les résultats au chapitre de la scolarité des enfants entre les groupes de régions d'origine au lieu de procéder à une comparaison avec la troisième génération et les générations subséquentes. La prise en compte des cinq groupes de variables n'atténue pas beaucoup les différences entre les groupes. D'après les données brutes, les taux d'obtention d'un diplôme universitaire des enfants vont de 25,8 % à 69,5 % dans les 18 groupes ethniques visés par l'étude. Lorsqu'on suppose que tous les groupes ethniques ont les mêmes caractéristiques (telles que définies par les cinq groupes de variables mentionnés ci-dessus), la fourchette va de 12,3 % à 59,3 %. Il existe des déterminants des différences entre groupes ethniques au-delà de ceux saisis par ces cinq groupes de variables, puisque de nombreuses différences entre groupes ethniques persistent.

Finnie et Mueller (2010) disposaient peut-être du plus riche ensemble de données permettant d'examiner la question de l'écart sur le plan du niveau de scolarité entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes. En s'appuyant sur les données longitudinales de l'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET-A) de Statistique Canada, ils utilisent comme variable des résultats la probabilité de fréquenter le collège ou l'université durant les années 2000 chez les membres de la première et de la deuxième génération ainsi que chez ceux de la troisième génération et des générations subséquentes. La probabilité de fréquenter l'université est de 16,6 points de pourcentage plus élevée dans la deuxième génération que dans la troisième génération et les générations subséquentes. Des variables de contrôle de base réduisent cet écart à 12,9 points de pourcentage, dans une large mesure par suite de l'effet de la variable du lieu de résidence en région urbaine ou rurale. Le revenu de la famille élargit l'écart (les familles d'immigrants ont généralement de plus faibles revenus que leurs homologues canadiens); le niveau d'études des parents le réduit quelque peu, mais seulement de 2,6 points de pourcentage. Après la prise en compte de ces variables plus ou moins standard, 11,4 points de pourcentage de l'écart original de 16,6 points persistent. La prise en compte des notes obtenues aux tests de lecture et des notes au secondaire autodéclarées (les enfants d'immigrants ont tendance à avoir des notes plus élevées que les enfants des personnes nées au Canada) réduit l'écart de 2,1 points de pourcentage 5  . En outre, cet ensemble de données comprend des renseignements sur les attentes des parents, par exemple sur la question de savoir s'ils s'attendent à ce que leurs enfants fréquentent l'université. La prise en compte des différences entre les groupes dans cette variable réduit l'écart de 2,5 points de pourcentage, un rétrécissement significatif.

Globalement, une part significative de l'écart persiste même après la prise en compte de ces variables, y compris le niveau de scolarité des parents. Ces résultats ont également été produits selon la région d'origine (tableau 3). D'importants écarts demeurent après la prise en compte de ces variables 6  .

Toutefois, les résultats s'appliquent surtout aux enfants d'immigrants qui sont arrivés il y a entre trois et sept décennies, puisque les recherches portent généralement sur la population des 25 à 64 ans. La baisse des gains des cohortes successives d'immigrants qui sont arrivés depuis 1980 aura-t-elle un effet négatif sur les résultats de leurs enfants au chapitre de la scolarité? Pour produire des données provisoires, Bonikowska et Hou (2011) examinent plus particulièrement le niveau de scolarité universitaire des enfants d'immigrants, mais seulement de ceux qui avaient 12 ans ou moins à leur arrivée au pays comme immigrants. On appelle ce groupe de jeunes immigrants la génération 1.5, et d'autres études ont révélé qu'elle affiche souvent des résultats semblables à ceux de la véritable deuxième génération.

Les données brutes laissent supposer un écart positif (inconditionnel) important et croissant dans les cohortes des années 1960 aux années 1980, entre les taux d'obtention d'un diplôme universitaire de la génération 1.5 et ceux de la troisième génération ainsi que des générations subséquentes. Cet écart positif croissant à l'échelle des cohortes tient principalement aux nombres croissants d'immigrants en provenance de pays d'Asie; ils ont tendance à envoyer leurs enfants à l'université à un taux nettement supérieur à celui d'autres groupes, comme il est mentionné plus haut. Pour ce qui est de la diminution du revenu familial entre les cohortes d'immigrants des années 1960 et celles des années 1980, son effet est très faible (et parfois statistiquement non significatif) sur le niveau de scolarité des enfants de familles d'immigrants 7  . Ce résultat concorde avec les preuves mentionnées plus haut et il donne à penser également que la détérioration des gains des immigrants arrivés au pays au cours des années 1980 jusqu'au début des années 2000 a peut être un faible effet négatif sur les résultats au chapitre de la scolarité de leurs enfants. Toutefois, le niveau de scolarité des immigrants au Canada a fortement augmenté dans les années 1990 et cet effet positif sur les résultats de leurs enfants au chapitre de la scolarité compense peut-être largement tout effet négatif du revenu familial à la baisse.

2.3  Résumé

Selon les données brutes non corrigées, le niveau de scolarité des enfants d'immigrants au Canada (Canadiens de deuxième génération) est significativement plus élevé que celui des enfants dont les parents sont nés au Canada (troisième génération et générations subséquentes). Ce niveau de scolarité plus élevé s'observe tout particulièrement dans la deuxième génération appartenant à une minorité visible. On note une variation significative entre groupes ethniques ou de régions d'origine; les enfants de familles d'immigrants chinois et asiatiques du Sud enregistrent le niveau de scolarité le plus élevé. Toutefois, seulement un très petit nombre de groupes ethniques de deuxième génération ont un niveau de scolarité inférieur à celui de la troisième génération et des générations subséquentes. Les immigrants au Canada sont plus instruits que la population née au Canada dans son ensemble, et ce niveau d'études plus élevé des parents est à l'origine de peut-être la moitié de l'écart (numériquement positif) sur le plan du niveau de scolarité entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes. Le lieu de résidence est important, puisqu'un nombre démesurément élevé des membres de la deuxième génération vivent dans de grandes régions urbaines où le niveau de scolarité est plus élevé. Le « capital ethnique », habituellement mesuré par les niveaux de scolarité et de revenu du groupe dans son ensemble, joue un rôle, étant à l'origine du quart environ de l'écart et probablement de bon nombre des différences dans les résultats au chapitre de la scolarité entre groupes de régions d'origine. Les attentes des parents jouent également un rôle, et peut-être un rôle significatif, même si les recherches sur cette question sont peu nombreuses. Néanmoins, une bonne partie de l'écart persiste même après correction des données pour tenir compte de tous ces effets, particulièrement dans les groupes ethniques ou de régions d'origine où les résultats au chapitre de la scolarité sont plus élevés, comme les enfants de deuxième génération de parents immigrants chinois et asiatiques du Sud membres de deux des grands groupes d'immigrants arrivés au cours des dernières décennies.

L'effet du niveau d'études des parents sur le niveau de scolarité des enfants est plus faible chez les familles où les parents sont des immigrants plutôt que des personnes nées au Canada. Autrement dit, la transmission intergénérationnelle du niveau de scolarité est plus faible chez les familles d'immigrants que chez les familles de personnes nées au Canada (se situant environ au tiers de cette dernière). Cette association plus faible tient dans une large mesure au fait que les enfants de familles d'immigrants moins instruits sont plus susceptibles d'atteindre un niveau de scolarité plus élevé que leurs homologues nés au Canada de familles aux niveaux de scolarité comparables (faibles). Il s'agit là d'un effet positif pour les familles d'immigrants, puisque les niveaux de scolarité plus faibles des parents immigrants sont moins susceptibles d'être transmis à leurs enfants que dans le cas des enfants dont les parents sont nés au Canada. En ce qui a trait à l'effet du revenu des parents sur les résultats au chapitre de la scolarité des enfants, il est bien connu que, de façon générale, après la prise en compte du niveau d'études des parents, le revenu des parents a seulement un faible effet sur les résultats des jeunes enfants au chapitre de la scolarité. Dans les familles d'immigrants, ce résultat semble être encore plus marqué, puisque l'on constate que le revenu familial a peu d'effet sur les résultats au chapitre de la scolarité des enfants (après la prise en compte du niveau de scolarité des parents et d'autres facteurs) et a peu d'effet sur la transmission intergénérationnelle du niveau de scolarité.

Enfin, l'écart positif (inconditionnel) sur le plan du niveau de scolarité entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes semble s'être élargi entre les cohortes d'immigrants arrivés au pays durant les années 1960 et celles d'immigrants arrivés durant les années 1980 (en s'appuyant sur des preuves utilisant la génération 1.5 en remplacement de la deuxième génération). L'écart positif grandissant est attribuable principalement à la proportion croissante d'Asiatiques et d'autres minorités visibles dans la population des immigrants arrivant au pays. Ces groupes sont plus susceptibles d'envoyer leurs enfants à l'université que ne le sont les immigrants d'autres pays d'origine. Cet écart positif pourrait continuer de s'élargir à l'avenir, pour les raisons exposées dans la conclusion.

3   Résultats au chapitre de la scolarité des enfantsd'immigrants aux États-Unis

3.1  L'écart sur le plan du niveau de scolarité entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes

Lorsqu'on procède à des comparaisons inconditionnelles (sans correction), on constate que la deuxième génération (les enfants nés aux États-Unis de parents immigrants) atteignent des niveaux de scolarité comparables à ceux de la troisième génération et des générations subséquentes (voir Card, DiNardo et Estes, 2000). Utilisant des données allant des années 1940 au milieu des années 1990 portant sur les personnes de 16 à 66 ans, Card, DiNardo et Estes constatent que le nombre moyen d'années d'études de même que la répartition des niveaux de scolarité entre ces deux groupes sont très semblables. En outre, cette similarité existe depuis longtemps, étant observée dans les données de 1940, de 1970 et du milieu des années 1990 (Card, DiNardo et Estes, 2000) 8  . S'appuyant sur les données de la Current Population Survey (CPS) du milieu des années 1990, Chiswick et DebBurman (2004) constatent que la deuxième génération a un niveau de scolarité légèrement supérieur à celui de la troisième génération et des générations subséquentes, soit 0,5 année d'études supplémentaire. Card (2005) conclut également à un avantage en matière de scolarité de 0,4 année d'études supplémentaire chez les immigrants de deuxième génération par rapport à ceux de troisième génération et des générations subséquentes, après la prise en compte de l'âge seulement. Utilisant des données plus récentes de la CPS (du début des années 2000), Aydemir et Sweetman (2007) en arrivent à la conclusion que les années d'études (inconditionnelles) sont à peu près les mêmes dans les deux générations.

Toutefois, Card, DiNardo et Estes (2000) constatent que selon les antécédents parentaux, les Américains de deuxième génération ont des niveaux de scolarité plus élevés que la troisième génération et les générations subséquentes. Toutes choses (notamment le niveau d'études des parents) étant égales par ailleurs, le fait d'être un enfant d'un parent immigrant aux États-Unis a tendance à se traduire par de meilleurs résultats au chapitre de la scolarité. Card (2005) montre que les fils de deuxième génération dont les pères ont à peine 10,4 années d'études (nombre bien au-dessous de la moyenne) obtiennent des résultats supérieurs à ceux de leurs homologues de troisième génération et des générations subséquentes. En outre, les fils d'immigrants mexicains aux très faibles niveaux d'études (5,5 années de moins que les pères nés au pays) affichent en fin de compte 12,2 années d'études, éliminant 80 % de l'écart au chapitre de la scolarité entre leurs pères et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes 9  . Ces résultats sont conformes à ceux pour le Canada obtenus par Bonikowska (2008) qui constate que l'avantage au niveau de la scolarité de la deuxième génération est attribuable aux fils et filles de familles ayant des niveaux de scolarité inférieurs. Toutefois, même après la prise en compte des antécédents familiaux, notamment le niveau de scolarité des parents, la deuxième génération obtient de meilleurs résultats en matière de scolarité que la troisième génération et les générations subséquentes aux États-Unis (Card, 2005). Le faible niveau de scolarité des parents dans les familles d'immigrants d'origine mexicaine et d'autres origines hispaniques demeure une caractéristique importante du paysage de l'immigration. Elle a d'importantes répercussions sur les résultats au chapitre de la scolarité des futures cohortes d'Américains de deuxième génération. Cette question est examinée dans la conclusion.

3.2  Différences entre groupes ethniques

La littérature sociologique américaine, qui porte sur une large gamme de résultats dans la deuxième génération, y compris au chapitre de la scolarité, s'appuie sur la théorie de l'« assimilation segmentée ». Selon cette théorie, certains groupes ethniques de deuxième génération auront des résultats très différents (voir Portes et Fernandez-Kelly, 2008; Zhou, 1997; et Zhou et coll., 2008). La théorie présente, dans leurs grandes lignes, les facteurs exogènes qui entrent en jeu et les principaux obstacles auxquels se heurtent les enfants d'immigrants, et produit des prévisions du cheminement (ascendant ou descendant) éventuel de la deuxième génération d'un groupe ethnique donné, tel que déterminé par ces deux composantes précédentes. Ces composantes sont définies comme suit : 

A) Facteurs exogènes (importants déterminants des résultats des enfants d'immigrants)

  1. Capital humain des parents
  2. Contexte social auquel font face les groupes d'immigrants
  3. Composition de la famille d'immigrants (famille monoparentale ou biparentale)

B) Obstacles

  1. Discrimination éventuelle
  2. Marchés du travail « bifurqués » (« évidement » de la structure professionnelle, c.-à-d. moins d'emplois à salaire moyen et plus d'emplois mal rémunérés et bien rémunérés)
  3. Choix de mode de vie

Cette théorie est axée sur le contexte particulier qui existe aux États-Unis. Boyd (2002), par exemple, soutient qu'elle ne s'applique pas au Canada. La théorie prévoit une variation significative des résultats selon le groupe ethnique. Portes et Fernandez-Kelly (2008) notent que le capital humain des parents et le statut socioéconomique (SSE) de la famille sont étroitement associés aux origines nationales aux États-Unis : les immigrants à capital humain élevé proviennent principalement de Chine, d'Inde, des Philippines et de la Corée du Sud. Les immigrants à capital humain faible sont originaires de pays voisins d'Amérique latine et des Caraïbes, le Mexique en particulier. Par conséquent, les résultats de la deuxième génération sont stratifiés selon ces dimensions.

En revanche, Zhou et coll. (2008) signalent qu'il faut se méfier de pareilles généralisations. La plupart des enfants des membres de la « nouvelle » immigration (immigrants arrivés au pays depuis le début des années 1970), dont une beaucoup plus forte proportion fait partie des groupes de minorités visibles, atteignent des taux de mobilité sociale et économique comparables ou supérieurs à ceux des vagues précédentes d'immigrants en provenance d'Europe (Alba et Nee, 2003; Bean et Stevens, 2003). Par exemple, les données récentes donnent à penser que les immigrants mexicains ont réussi à rétrécir une bonne partie des écarts sur le plan du niveau de scolarité et des gains entre eux et les Blancs nés aux États-Unis (Perlmann et Waldinger, 1997; Smith, 2003) 10  . En outre, comme il est mentionné plus haut, selon les caractéristiques liées aux antécédents des parents, en moyenne, les enfants d'immigrants mexicains obtiennent de meilleurs résultats en matière de scolarité que les enfants de la troisième génération et des générations subséquentes.

Zhou (1997), dans une revue de la littérature sociologique, se penche sur la question de savoir quels sont certains des principaux déterminants du niveau de scolarité des Américains de deuxième génération aujourd'hui. Visiblement, le statut socioéconomique des parents (mesuré par le niveau de scolarité et la profession) est un facteur qui entre en cause. Toutefois, Steinberg (1996) constate que l'origine ethnique joue un rôle important, même après la prise en compte de variables explicatives telles que le rendement de la scolarité, les effets de groupe de pairs et les modes d'attribution. Les auteurs d'ouvrages sociologiques cherchent depuis longtemps à comprendre cette tendance de l'origine ethnique, même après correction, d'influer fortement sur les résultats au chapitre de la scolarité (Feliciano, 2005). Dans sa revue, Zhou (1997) souligne d'autres déterminants importants des résultats au chapitre de la scolarité de la deuxième génération, y compris la structure de la famille. Les enfants d'immigrants venant de familles biparentales ont un meilleur rendement scolaire et des aspirations en matière d'études plus élevées que les enfants de familles monoparentales (Rumbaut, 1994 et 1997; et Portes, 1995). En outre, décrivant des facteurs qui ressemblent à ce que les économistes qualifient de « capital ethnique », Zhou (1997), par exemple, soutient que plus grande est l'association de l'individu à sa collectivité ethnique, plus les liens entre les membres de celle-ci sont serrés, et que plus l'individu se conforme aux attentes du groupe, meilleurs sont ses résultats. Elle affirme que les caractéristiques de la collectivité, comme la persistance dans la strate économique inférieure, particulièrement chez les Mexicains, et la discrimination subie dans l'enfance jouent un rôle important (Ogbu, 1991; Perlmann et Waldinger, 1997; Portes et MacLeod, 1999).

En s'appuyant sur les données de la Children of Immigrants Longitudinal Study menée en Californie, Rumbaut (2005) évalue les déterminants du nombre d'années d'études pour ces enfants en 2005, selon leurs caractéristiques telles que déclarées durant la période de 1991 à 1995. Rumbaut utilise quatre groupes de variables, soit les caractéristiques de base 11  , le contexte SSE de la famille 12  , les attentes en matière d'études et les notes scolaires obtenues dans l'enfance. Le statut socioéconomique des parents est significatif, même après correction pour tenir compte des attentes et de la réussite scolaire dans la jeune enfance. Les différences entre groupes ethniques 13  persistent même après la prise en compte du contexte familial (niveau de scolarité des parents, proportion de parents seuls, etc.), tout comme au Canada.

Rumbaut (2005) constate que les enfants de parents immigrants mexicains ont moins d'années d'études et les enfants de parents immigrants vietnamiens, le plus grand nombre d'années d'études, même après la prise en compte des antécédents familiaux. Toutefois, bon nombre de ces différences entre groupes ethniques deviennent non significatives ou marginalement significatives lorsque les attentes des parents et les efforts des élèves sont ajoutés à la régression. Ce résultat donne à penser que ces variables peuvent être à l'origine d'une bonne partie des différences entre groupes, qui persistent une fois contrôlées les variables de base telles que le niveau de scolarité des parents et le type de famille. Toutefois, les résultats des travaux de recherche canadiens présentés plus haut sont tout autres. Les attentes en matière d'études sont une variable fortement significative (dans le contexte de nombreuses autres variables de contrôle), de même que les notes scolaires obtenues dans l'enfance, ce qui n'est pas étonnant.

Les résultats présentés ci-dessus sont fondés sur les recherches sociologiques. Les économistes ont également noté l'hétérogénéité des résultats au chapitre de la scolarité et des gains selon la région d'origine des parents des enfants. Card, DiNardo et Estes (2000) montrent que, au milieu des années 1990, les Américains de sexe masculin de deuxième génération dont les parents provenaient du Mexique et d'autres pays d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud avaient un nombre moyen (inconditionnel) d'années d'études inférieur à celui de la troisième génération et des générations subséquentes (11,7 par rapport à 13,0). Les enfants dont les parents venaient d'Europe (13,8), d'Asie (13,5) et des Caraïbes ou d'Afrique (13,2) avaient un plus grand nombre d'années d'études. Le même profil général est évident chez les immigrants eux-mêmes (immigrants de la première génération qui sont les parents éventuels de la deuxième génération). Ceux provenant du Mexique et d'autres pays d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud ont moins d'années d'études, tandis que ceux provenant des autres trois régions ont des niveaux plus élevés.

Étant donné que le niveau de scolarité des parents est un déterminant important des résultats au chapitre de la scolarité des enfants, les faibles niveaux de scolarité des parents venant d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud sont manifestement significatifs, comme le suggère la théorie de l'« assimilation segmentée ». Ils sont également significatifs aux États-Unis où la proportion d'immigrants en provenance d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud a été à la hausse, passant de 14 % en 1970 à 42 % au milieu des années 1990 (Card, DiNardo et Estes, 2000). Par conséquent, la proportion des individus de deuxième génération dont les parents sont originaires de ces pays (parents qui ont tendance à avoir de faibles niveaux de scolarité), augmentera à l'avenir. Les plus faibles niveaux de scolarité chez les parents immigrants se sont généralement traduits par de plus faibles niveaux de scolarité chez les enfants de deuxième génération aux États-Unis.

3.3  La transmission intergénérationnelle du niveau de scolarité chez les familles d'immigrants

Le degré de mobilité ascendante au chapitre de la scolarité entre les parents immigrants et leurs enfants est l'un des déterminants les plus importants de l'intégration économique des immigrants à long terme. Un degré élevé de « rigidité » intergénérationnelle dans les groupes où les parents immigrants ont de faibles niveaux de scolarité se traduit par de faibles résultats au chapitre de la scolarité chez les enfants.

Globalement, le degré de « rigidité » dans la transmission intergénérationnelle du niveau de scolarité chez les immigrants semble être comparable à celui observé chez les familles nées aux États-Unis, ou légèrement plus élevé que celui-ci. Les corrélations intergénérationnelles des niveaux de scolarité (la mesure dans laquelle le niveau de scolarité de l'enfant dépend de celui du père) sont de l'ordre de 0,40 à 0,45 et varient peu au cours des deux périodes étudiées, soit de 1940 à 1970 et de 1970 à 1995 (Card, DiNardo et Estes, 2000). Cela signifie qu'entre 40 % et 45 % de l'avantage (ou du désavantage) au niveau de la scolarité du parent est transmis à l'enfant. Une étude plus récente de Card (2005) donne à penser que la corrélation intergénérationnelle des niveaux de scolarité est d'environ 0,30 dans le cas des familles d'immigrants, soit environ la même que dans le cas de la population née aux États-Unis. Plus la corrélation intergénérationnelle des niveaux de scolarité est faible, plus il est probable que le taux d'assimilation sur le plan de la scolarité (1 moins la corrélation) augmente dans les cohortes plus récentes d'immigrants aux États-Unis.

Card, DiNardo et Estes (2000) constatent que, du moins pour ce qui est de la transmission entre les parents immigrants en 1970 à leurs enfants en 1995, c'est le niveau de scolarité des pères, et non les gains des pères, qui comptent pour le niveau de scolarité de leurs enfants. Les gains des pères n'exercent aucune influence sur les résultats au chapitre de la scolarité et sur le marché du travail de la deuxième génération, après utilisation de variables de contrôle pour tenir compte du niveau de scolarité des pères. Ces résultats sont conformes à ceux d'autres recherches canadiennes récentes qui donnent à penser que le revenu de la famille a peu d'effet sur la transmission intergénérationnelle du niveau de scolarité entre immigrants (Aydemir, Chen et Corak, 2008).

Le degré de mobilité au chapitre de la scolarité semble être plus élevé au Canada qu'aux États-Unis. Aydemir, Chen et Corak (2008) observent une faible association seulement entre le niveau de scolarité des parents immigrants et celui de leurs enfants, et ils estiment des corrélations intergénérationnelles entre les niveaux de scolarité de l'ordre de 0,13 à 0,16 (c.-à-d., seulement 15 % de l'avantage ou du désavantage au niveau de la scolarité du parent est transmis à l'enfant). La mobilité intergénérationnelle au chapitre de la scolarité est plus élevée chez les membres de ce groupe que chez leurs homologues américains et, peut-être plus important encore, plus élevée que chez la troisième génération et les générations subséquentes au Canada.

Smith (2003) examine l'intégration sur le plan de la scolarité et des salaires d'une génération à l'autre chez les Hispaniques aux États-Unis. Les faibles résultats au chapitre de la scolarité de cette population en particulier préoccupent les sociologues. Cette préoccupation est liée à la notion selon laquelle, en raison des faibles niveaux d'études des parents et de la prépondérance de familles monoparentales, ces groupes sont peu susceptibles de s'intégrer à la classe moyenne et affichent une faible progression intergénérationnelle. Smith est d'avis que cette perception est fondée sur une interprétation erronée des données. Il note que les données transversales portant sur la première et la deuxième génération d'Hispaniques révèlent effectivement une faible progression intergénérationnelle au chapitre du niveau de scolarité ou des salaires 14  .

Toutefois, il souligne qu'il faut des données longitudinales et non transversales pour examiner le degré d'intégration entre la première et la deuxième génération. Cette intégration se mesure par le changement du niveau de scolarité et/ou de l'écart salarial entre la première et la deuxième génération relativement au groupe témoin, soit la troisième génération et les générations subséquentes. Smith (2003) précise que les données transversales ne sont pas appropriées parce que les membres de la première génération (les immigrants) inclus dans l'échantillon ne sont pas les parents des membres de la deuxième génération (les enfants des immigrants) inclus dans l'échantillon, de sorte qu'on ne mesure pas le changement intergénérationnel en matière d'assimilation ou d'intégration. Smith établit des données quasi longitudinales en créant des décalages de 25 ans entre les parents et les enfants (à l'âge adulte) pour approximer une comparaison des parents de la première génération et de leurs enfants de la deuxième génération. Les données organisées de cette façon permettent à Smith de faire deux constatations. Premièrement, il conclut à une importante progression du niveau de scolarité entre la première et la deuxième génération, particulièrement chez les Mexicains et chez les Hispaniques de façon générale. Par exemple, les immigrants mexicains nés entre 1945 et 1949 ont 7,8 années d'études tandis que leurs fils nés aux États-Unis ont 12,1 années d'études. Il en est de même pour les Hispaniques dans l'ensemble. Blau et Kahn (2005) en arrivent également à la conclusion que le niveau de scolarité des Américains d'origine mexicaine augmente considérablement entre la première et la deuxième génération. Ce résultat n'est pas inattendu, étant donné que le niveau de scolarité intergénérationnel de l'ensemble de la population américaine était à la hausse au cours de cette période.

Il est encore plus intéressant de comparer les Hispaniques de première génération et de deuxième génération aux hommes blancs de troisième génération et des générations subséquentes. Smith (2003) constate que l'écart (négatif) sur le plan du niveau de scolarité diminue. Par exemple, dans cette même cohorte d'immigrants nés au Mexique entre 1945 et 1949, l'écart sur le plan du niveau de scolarité corrigé selon l'âge par rapport aux Blancs de troisième génération et des générations subséquentes est de 5,6 années d'études pour les parents immigrants (un déficit) et de 1,0 année d'études seulement pour leurs enfants nés aux États-Unis. Pour les Hispaniques pris dans l'ensemble, les chiffres comparables sont de 3,8 et de 0,7. Ainsi, contrairement aux données transversales qui révèlent peu de différences dans l'écart sur le plan du niveau de scolarité entre la première et la deuxième génération comparativement à la troisième génération et aux générations subséquentes, les données longitudinales révèlent un rétrécissement marqué de l'écart entre générations.

3.4  Sommaire

En moyenne, les enfants américains dont les parents sont des immigrants ont des niveaux de scolarité (non corrigés) qui sont à peu près les mêmes ou marginalement plus élevés que ceux des enfants de parents nés aux États-Unis. Toutefois, le niveau de scolarité des parents est plus faible, dans l'agrégat, chez les familles d'immigrants que chez celles nées aux États-Unis. Ainsi, selon les données corrigées (pour tenir compte des différences en ce qui concerne le niveau de scolarité des parents, le lieu de résidence et la situation familiale ainsi que d'autres variables), la deuxième génération obtient de meilleurs résultats en matière de scolarité que la troisième génération et les générations subséquentes.

Au Canada, d'importantes différences s'observent entre groupes ethniques ou pays d'origine. Aux États-Unis, les immigrants en provenance d'Amérique latine et des Caraïbes ont un nombre nettement plus faible d'années d'études que les immigrants en provenance de Chine, d'Inde, des Philippines et de la Corée du Sud, par exemple. Ces différences entraînent des différences entre groupes ethniques en ce qui concerne le niveau de scolarité des enfants d'immigrants. Toutefois, même après la prise en compte des différences entre groupes ethniques en ce qui concerne les antécédents familiaux et d'autres variables standard, une bonne partie de la variation des niveaux de scolarité des enfants entre groupes ethniques persiste aux États-Unis, tout comme au Canada.

La littérature sociologique américaine a recours à la théorie de l'« assimilation segmentée » pour expliquer une foule de résultats obtenus par les enfants d'immigrants, y compris le niveau de scolarité. Comme les économistes, les sociologues constatent que le niveau d'études et le statut socioéconomique des parents jouent un rôle important mais, même après la prise en compte de ces facteurs, ils observent que les différences dans les résultats au chapitre de la scolarité entre groupes ethniques persistent. Les attentes des parents en ce qui concerne les niveaux de scolarité semblent jouer un rôle important, tout comme la situation familiale : on observe que les enfants de deuxième génération venant de familles biparentales obtiennent des niveaux de scolarité supérieurs.

La mesure dans laquelle l'avantage (ou le désavantage) que représente le niveau de scolarité des parents est transmis à leurs enfants semble être à peu près la même (ou marginalement supérieure) chez les immigrants par rapport aux familles nées aux États-Unis, mais supérieure à celle observée chez les familles d'immigrants au Canada. Il se peut que certaines dimensions du système canadien d'éducation entraînent des niveaux plus élevés de mobilité au chapitre de la scolarité entre les générations; ce phénomène s'observe tant chez les personnes nées au Canada que chez les immigrants. Comme dans le cas du Canada, certaines études américaines laissent supposer que, dans la deuxième génération dans ce pays, les principaux progrès intergénérationnels au chapitre de la scolarité sont réalisés par les enfants dont les parents ont de très faibles niveaux de scolarité. Comme c'est le cas au Canada également, c'est le niveau d'études des parents, et non le revenu des parents, qui est le principal déterminant des résultats au chapitre de la scolarité des enfants.

Une grande partie des préoccupations concernant les résultats au chapitre de la scolarité de la deuxième génération aux États-Unis portent sur la collectivité immigrante hispanique. Toutefois, des progrès importants en ce qui concerne les niveaux de scolarité relatifs (par rapport à la troisième génération et aux générations subséquentes) s'observent au fur et à mesure que l'on passe des immigrants eux-mêmes à leurs enfants et même à la troisième génération et aux générations subséquentes. Néanmoins, les faibles niveaux de scolarité des immigrants hispaniques sont associés aux plus faibles niveaux de scolarité de leurs enfants (la deuxième génération), malgré les progrès accomplis par ces derniers.

4   Un résumé des déterminants

Les déterminants des résultats au chapitre de la scolarité de la deuxième génération qui ressortent de la présente étude comprennent les suivants : 

  1. Niveau de scolarité des parents
  1. Cette variable est à l'origine de peut-être la moitié de l'écart positif non corrigé au chapitre du niveau de scolarité entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes au Canada. Après correction pour tenir compte du niveau de scolarité des parents, un écart positif s'observe entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes aux États-Unis. Même si le niveau d'études des parents est un déterminant important des résultats des enfants des familles d'immigrants, son effet sur les résultats au chapitre de la scolarité des enfants est plus faible chez les familles d'immigrants que chez celles nées au pays, du moins au Canada. Le fait de grandir dans une famille où les parents sont moins instruits semble être un désavantage moins grand chez les groupes d'immigrants que chez les personnes nées au Canada.
  1. Lieu de résidence
  1. Les familles habitant dans de grandes régions urbaines généralement ont des niveaux de scolarité plus élevés que les autres familles. La deuxième génération a tendance à habiter dans de telles régions urbaines.
  1. Capital ethnique
  1. Habituellement mesurée par le niveau de scolarité et le revenu moyen d'un groupe ethnique donné, cette variable peut être à l'origine du quart de l'écart qui s'observe entre la deuxième génération et la troisième génération ainsi que les générations subséquentes.
  1. Groupe ethnique/région d'origine/appartenance à une minorité visible
  1. Même après correction pour tenir compte de variables comme celles mentionnées ci-dessus, les différences de niveau de scolarité selon les groupes ethniques persistent dans la deuxième génération. Les Noirs (au Canada) et les Hispaniques (aux États-Unis) ont tendance à avoir des niveaux de scolarité plus faibles, et les Asiatiques, des niveaux plus élevés.
  1. Attentes des parents
  1. Cette variable est utilisée dans certains travaux de recherche américains et canadiens. Son effet persiste même après la prise en compte du niveau de scolarité des parents et elle est considérée comme importante dans au moins une étude (Rumbaut, 2005). Dans une autre étude, elle est à l'origine d'une part importante des différences entre groupes ethniques dans les résultats de la deuxième génération (Finnie et Mueller, 2010).
  1. Type de famille et composition de la famille
  1. La littérature sociologique américaine laisse supposer que les enfants de familles d'immigrants biparentales affichent des niveaux de scolarité plus élevés et ont de plus fortes aspirations en matière d'études que les enfants de familles monoparentales. Cette variable est considérée comme particulièrement importante chez les Noirs et les groupes ethniques hispaniques.

5   Conclusion

Conditionnellement aux antécédents familiaux, au lieu de résidence et à d'autres variables démographiques de base, les enfants d'immigrants atteignent des niveaux de scolarité plus élevés que les enfants de parents nés au pays dans l'un et l'autre pays. Inconditionnellement, les niveaux atteints par la deuxième génération sont beaucoup plus élevés que ceux atteints par la troisième génération et des générations subséquentes au Canada et sont à peu près égaux à ceux de la troisième génération et des générations subséquentes aux États-Unis. On observe une variation significative entre groupes ethniques dans l'un et l'autre pays, attribuable en partie aux différences en ce qui concerne le niveau de scolarité des parents, le « capital ethnique », la composition de la famille et, peut-être, les attentes de parents en matière d'études supérieures. Toutefois, même après la prise en compte des effets de pareilles variables, les différences entre groupes ethniques persistent. Néanmoins, au Canada, peu de groupes ethniques de deuxième génération n'obtiennent pas de meilleurs résultats au chapitre de la scolarité que la troisième génération et les générations subséquentes, tandis qu'aux États-Unis, ceux originaires du Mexique et d'autres pays d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud affichent, inconditionnellement, de plus faibles niveaux de scolarité que la troisième génération et les générations subséquentes. Le changement dans les groupes ethniques ou de régions d'origine au fil du temps joue un rôle important dans les changements en ce qui concerne les résultats au chapitre de la scolarité des enfants dans les deux pays.

Durant les années 1970 et 1980, notamment, un grand changement dans les régions d'origine des immigrants s'est observé dans l'un et l'autre pays. Au Canada, ce changement s'est traduit par une plus forte proportion d'immigrants en provenance d'Asie (notamment de Chine et d'Asie du Sud) ainsi que d'Afrique; aux États-Unis, il s'est traduit par des proportions croissantes d'immigrants provenant du Mexique et d'autres pays d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud (tableau 1 en appendice). En même temps, le Canada a adopté un système de « points » pour les immigrants qualifiés appartenant à la catégorie économique, mettant l'accent sur le niveau de scolarité. Ce changement a entraîné un afflux d'immigrants aux niveaux de scolarité supérieurs à ceux de la population née au Canada. Aux États-Unis, l'immigration est axée principalement sur les objectifs de réunification des familles, qui ne mettent pas nécessairement l'accent sur les études. Ainsi, les niveaux de scolarité sont inférieurs. Ces différences ont des répercussions importantes sur les résultats de la deuxième génération, étant donné l'importance du niveau d'études des parents comme facteur déterminant du niveau de scolarité des enfants.

Dans le cas des groupes d'immigrants de régions d'origine plus importantes aux États-Unis, le niveau de scolarité des parents est inférieur à celui de la population née aux États-Unis. Ainsi, certains des groupes de deuxième génération plus importants enregistrent, incondition-nellement, des niveaux de scolarité relativement faibles comparativement à la troisième génération et aux générations subséquentes, notamment ceux originaires du Mexique, des Caraïbes et d'autres pays d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud. Cela se vérifie même si, conditionnellement aux antécédents familiaux, ces mêmes groupes atteignent des niveaux de scolarité comparables à ceux des Blancs de troisième génération et des générations subséquentes.

La situation est tout autre au Canada parce que les enfants des principaux groupes ethniques d'immigrants (Chinois, Asiatiques du Sud, etc.) viennent, en général, de familles ayant des niveaux de scolarité élevés, habituellement plus élevés que ceux des familles canadiennes en général. Ces grands groupes d'immigrants ont également des niveaux élevés de « capital ethnique ». En outre, il se peut que certaines caractéristiques du système canadien d'éducation favorisent la mobilité au chapitre de la scolarité entre les générations, particulièrement la mobilité ascendante dans les familles moins instruites. Par exemple, même si, en général, les Américains sont plus susceptibles de fréquenter l'université que les Canadiens, les Canadiens de familles à faible revenu (quartile inférieur de la répartition du revenu familial) sont plus susceptibles de fréquenter l'université que leurs homologues américains 15  .

Le résultat global de tous ces facteurs est un niveau de scolarité très élevé chez les immigrants de deuxième génération au Canada, particulièrement chez les groupes de minorités visibles. En outre, au Canada, les immigrants futurs parents d'enfants de deuxième génération sont encore plus instruits et plus susceptibles de venir de pays au « capital ethnique » élevé, étant donné le changement dans les caractéristiques des immigrants arrivés au pays au cours des années 1990 et 2000. Les tendances sont différentes aux États-Unis. On n'observe pas dans ce pays une augmentation globale du niveau de scolarité chez les immigrants futurs parents d'enfants de deuxième génération (c.-à-d. les immigrants récents arrivés durant les années 1990 et 2000); ces immigrants ont été en nombre croissant originaires du Mexique et d'autres pays d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud et ont des niveaux de scolarité plus faibles.

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