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  1. Introduction
  2. Revue de la littérature
  3. Description des données
  4. Méthodes
  5. Résultats
  6. Conclusion

1   Introduction

Le ralentissement économique survenu en 2008 et en 2009 a donné lieu à des pertes massives d'emplois dans la plupart des pays industrialisés. Au canada, la perte nette d'emplois rémunérés entre octobre 2008 et octobre 2009 a presque atteint les 500 000 d'après l'Enquête sur la population active (EPA) 1 . Cela représente environ 3 % de la main-d'oeuvre rémunérée. Ce ralentissement a eu pour effet de raviver l'intérêt à l'égard du sort des travailleurs déplacés. Il existe une abondante littérature qui documente les résultats négatifs subis par les travailleurs déplacés à la suite de mises à pied ou de fermetures d'usines (par exemple, Jacobson, LaLonde et Sullivan, 1993; Morissette, Zhang, et Frenette, 2007; Hijzen, Upward et Wright, 2010).

Différents choix s'offrent aux personnes qui perdent leur emploi. D'abord, elles peuvent chercher un nouvel emploi. On sait toutefois peu de chose sur l'efficacité de la recherche d'emploi au chapitre du réemploi, quoique de Raaf, Dowie et Vincent (2009) procèdent à une expérience sociale afin d'étudier cette question. Une autre solution consiste à créer son propre emploi, c'est-à-dire à devenir travailleur autonome. Les travaux sur le sujet montrent généralement que certains travailleurs sont « poussés » à devenir travailleurs autonomes (Moore et Mueller, 2002). Ou encore, un ménage devant composer avec un déplacement peut rajuster son offre de main-d'oeuvre. Morissette et Ostrovsky (2008) observent que, chez les couples dont le mari est déplacé à la suite d'une mise à pied ou d'une fermeture d'usine, l'augmentation du revenu de l'épouse cinq ans après la perte de l'emploi est égale à 22 % de la perte de revenu du mari déplacé. Ensuite, les travailleurs déplacés — en particulier ceux des groupes plus âgés — peuvent se retirer de la population active (Schirle, 2009). Enfin, ils peuvent réinvestir dans leur capital humain. C'est cette dernière solution qui constitue l'objet de la présente étude.

À partir du Fichier de données longitudinales sur la main-d'oeuvre (FDLMO), vaste base de données administratives représentant 10 % des travailleurs canadiens, l'incidence à long terme de la formation après déplacement sur le revenu est étudiée. On entend ici par formation après déplacement le fait de fréquenter un établissement d'enseignement postsecondaire peu après le déplacement. Les données couvrent les travailleurs pendant une période pouvant atteindre neuf ans après le déplacement et — pour fins de comparaison — pendant les cinq années précédant le déplacement. La stratégie d'estimation consiste à tirer parti de la nature longitudinale des données en appliquant une approche de la différence des différences simple.

Également, l'incidence du déplacement sur la fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire est estimée à l'aide d'une approche en deux volets. D'abord, un modèle de la différence des différences est estimé, tout comme dans le cas du revenu. Cependant, du fait des limites associées aux données, la période de référence de l'analyse est un peu plus courte que celle pour le revenu. Plus précisément, la période de suivi des travailleurs va de quatre ans avant le déplacement éventuel à quatre ans après. De manière à prendre en compte la sélectivité possible au niveau des travailleurs licenciés par les entreprises, l'étude se concentre sur les travailleurs déplacés lors de mises à pied massives et de fermetures d'usines, de tels événements étant plus susceptibles d'être entraînés par une baisse de la demande de produits sur le marché que par la productivité des travailleurs concernés.

Il ressort des résultats que, au cours de la période allant de cinq ans avant la perte d'emploi à neuf ans après, les travailleurs ayant fait des études et suivi de la formation après avoir perdu leur emploi ont vu leur revenu augmenter de près de 7 000 $ de plus que les autres travailleurs déplacés. On observe des gains significatifs selon le sexe, l'âge, l'état matrimonial et le fait d'être syndiqué ou non, les hommes âgés de 35 à 44 ans constituant l'exception. Mais malgré les avantages liés à la scolarité, on constate que le déplacement n'est associé qu'à une hausse modeste de la fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire, et ce, pour tous les groupes examinés.

On trouvera à la section 2 une revue de la littérature consacrée à l'incidence de la formation sur le revenu. Les données sont décrites à la section 3, l'approche économétrique utilisée est exposée à la section 4, et les résultats sont présentés à la section 5. La section 6 est la conclusion.

2   Revue de la littérature

On compte de nombreuses études qui montrent que les travailleurs déplacés essuient une importante perte de revenu à la suite de la perte de leur emploi. Depuis la publication des travaux de Jacobson et de ses collaborateurs (1993), des études de recherche menées dans plusieurs pays ont fait appel à de vastes bases de données administratives afin de faire le suivi de travailleurs déplacés et non déplacés sur des périodes relativement longues. Par exemple, Huttunen, Moen et Salvanes (2006), Eliason et Storrie (2006), Ichino, Schwerdt, Winter-Ebmer et Zweimüller (2007), Morissette et ses collaborateurs (2007) ainsi que Hijzen et ses collaborateurs (2010) produisent des estimations pour la Finlande, la Suède, l'Autriche, le Canada et le Royaume-Uni, respectivement. Ces études visent à jumeler des travailleurs déplacés et des travailleurs non déplacés comparables selon leurs caractéristiques observables, des approches de la différence des différences servant à neutraliser les éventuelles différences non observables.

Ces travaux ont mis en lumière un certain nombre de faits stylisés, dont le principal est que les pertes de revenu sont importantes et durables. Ces pertes sont particulièrement marquées dans le cas des travailleurs plus âgés et de ceux qui occupent leur emploi depuis plus longtemps. Cela dit, la source de la perte de revenu varie d'un pays à l'autre. Aux États-Unis, des pertes de revenu importantes persistent même lorsque les travailleurs recommencent à travailler, étant donné qu'ils seront prêts à accepter un salaire plus bas pour obtenir un nouvel emploi. En Europe, les pertes de revenu sont attribuables en premier lieu aux périodes de chômage, car les salaires des travailleurs déplacés qui retrouvent un emploi sont en moyenne à peine inférieurs à ceux que ces travailleurs touchaient avant le déplacement.

Plus rares sont les études traitant des facteurs qui aident les travailleurs à composer avec un déplacement et sur les possibilités offertes par les programmes de formation aux fins de limiter les pertes de revenu. À la suite d'une enquête détaillée sur les programmes d'emploi et de formation du gouvernement des États-Unis, Heckman, LaLonde et Smith (1999, p. 1868) concluent que, « pour la plupart des groupes de participants, les avantages engendrés sont modestes, et même que, dans les pires des cas, la participation à ces programmes peut être préjudiciable. » (traduction). Cependant, ainsi que le font remarquer ces auteurs, les programmes de formation en question visent habituellement les adultes « défavorisés », en particulier ceux qui sont peu qualifiés et qui traversent de longues périodes de chômage. Or, la littérature spécialisée montre que les travailleurs déplacés présentent des caractéristiques sensiblement différentes de celles des chômeurs et des travailleurs défavorisés considérés en général (Jacobson, LaLonde et Sullivan, 2005a). Les travailleurs déplacés tendent à être plus âgés et à posséder beaucoup d'expérience professionnelle, même s'il se peut que leurs compétences soient particulières à une entreprise ou à une industrie donnée. Ces travailleurs peuvent aussi ne pas trop savoir comment chercher un emploi, surtout s'ils avaient eu un emploi pendant une longue période avant leur déplacement.

À peu près tout ce que l'on connaît de l'efficacité des programmes de formation par rapport aux travailleurs déplacés repose sur des données relatives aux États-Unis. Selon différentes études américaines menées dans les années 1980 et 1990, les travailleurs déplacés tirent profit des services d'aide à la recherche d'emploi, tandis que les avantages additionnels rattachés à la formation sont négligeables. Par exemple, Leigh (1994) fait la synthèse des données rattachées à quatre programmes parrainés par le gouvernement qui visent les travailleurs déplacés aux États-Unis, et il ne peut trouver aucun élément démontrant que la formation professionnelle en classe apporte quelque avantage additionnel que ce soit. Pour leur part, Decker et Corson (1995) ont évalué le Trade Adjustment Assistance Program et n'ont rien observé qui indiquerait que la formation a une incidence positive sur le revenu des personnes qui suivent une formation, du moins au cours des trois années suivant leur demande initiale de prestations d'assurance-chômage.

Dar et Gill (1998) résument les études portant sur 11 programmes de recyclage différents à l'intention des travailleurs déplacés (aux États-Unis, en Suède, en Australie, au Canada, au Danemark et en France). Ils concluent que le recyclage est en général beaucoup plus onéreux que les services d'aide à la recherche d'emploi sans pour autant donner toujours de meilleurs résultats. Précisons toutefois que les études examinées par ces auteurs ne pouvaient fournir d'estimations des effets à plus long terme, car aucune n'était longitudinale. Dar et Gill concluent que l'on manque de données rigoureuses au sujet du coût et de l'efficacité des programmes de recyclage à l'intention des travailleurs déplacés.

Dans une étude américaine récente de Heinrich, Mueser et Troske (2008), les Adult and Dislocated Worker Programs font l'objet d'une évaluation à partir de données provenant de 12 États et portant sur près de 160 000 participants. Les auteurs constatent que les bénéficiaires des services de formation qui n'étaient pas des travailleurs déplacés avaient au départ un revenu plus bas que les personnes ne participant pas aux programmes, mais que leur revenu rattrapait celui de ces derniers à l'intérieur de 10 trimestres et enregistrait en fin de compte des gains totaux notables. Il demeure que les travailleurs déplacés tirent beaucoup moins d'avantages de la formation que les travailleurs non déplacés.

Il y a plusieurs raisons pouvant expliquer pourquoi ces études concluent que les programmes parrainés par le gouvernement ne donnent lieu qu'à une faible augmentation du revenu, voire à aucune augmentation du tout. D'abord, les études menées sont habituellement à court terme; dans bien des cas, on évalue les résultats obtenus dans les six mois suivant la fin du programme. Si la formation accroît la capacité d'avancement professionnel d'un travailleur (par opposition à une simple hausse du salaire de départ dans le cadre du premier emploi occupé à la suite du déplacement), il faut considérer un horizon plus long afin de pouvoir observer les avantages obtenus. Ensuite, il arrivera souvent que la formation soit axée sur des emplois bien précis, ou qu'elle ait au contraire une portée très générale (par exemple, les connaissances pratiques élémentaires), par opposition à la formation plus équilibrée qui est normalement dispensée dans le cadre de programmes d'enseignement régulier. Également, des personnes seront souvent choisies pour participer à des programmes de formation parrainés par le gouvernement en fonction de leurs caractéristiques particulières. Outre les difficultés que cela peut généralement entraîner sur le plan de l'identification, cette situation peut donner lieu à une stigmatisation liée à la participation aux programmes en question. Enfin, il faut préciser que certaines des études plus anciennes mentionnées constituent des projets témoins, et qu'elles portent donc sur des échantillons de petite taille. Jacobson, LaLonde et Sullivan (2005a) indiquent qu'il est souvent difficile de mesurer avec précision les effets des programmes à partir de telles données.

Dans leurs travaux, Jacobson, LaLonde et Sullivan (2005a; 2005b) couplent des dossiers administratifs sur le revenu avec des relevés de notes de collèges communautaires au regard des travailleurs ayant perdu leur emploi au début des années 1990 dans l'État de Washington et dans la ville de Pittsburgh. Selon leurs estimations, le taux de rendement associé à une année d'études dans un tel collège est d'environ 9 % pour les hommes et de quelque 13 % pour les femmes. Ces estimations sont nettement plus proches du taux de rendement habituel associé à une année de scolarité selon les études plus générales portant sur le rendement des études, et elles donnent à penser qu'une formation plus rigoureuse au niveau collégial dans le cadre d'un programme public pourrait se révéler efficace. Jacobson, LaLonde et Sullivan montrent également qu'il faut du temps avant que les avantages de la formation se concrétisent — il peut en fait arriver que le revenu des membres du groupe de traitement soit plus bas peu après l'achèvement de la formation collégiale mais qu'il augmente lors des années subséquentes.

La présente étude fournit pour la première fois des données à grande échelle et à long terme sur la fréquence et l'efficacité du recyclage chez les travailleurs déplacés au Canada 2  , à partir d'une base de données administratives représentant 10 % des travailleurs canadiens. Celle-ci permet de faire un suivi des travailleurs au cours d'une période allant de cinq ans avant le déplacement à neuf ans après ce dernier et d'identifier la formation postsecondaire. Il est possible ainsi d'analyser, sur une période de neuf ans, l'incidence que peut avoir sur le revenu le fait de suivre une formation à la suite d'un déplacement. L'étude vient en outre enrichir la littérature existante en estimant le degré d'association entre déplacement et formation postsecondaire 3  . À cette fin, la période examinée est plus courte (de quatre ans avant le déplacement éventuel à quatre ans après), du fait des limites que présentent les données.

3   Description des données

La présente étude fait appel au FDLMO 4  . Créé par Statistique Canada, le FDLMO est un échantillon aléatoire de 10 % de tous les travailleurs canadiens rémunérés; il est constitué à partir de quatre sources de données administratives couplées : les fichiers de relevés d'emploi (RE) de Ressources humaines et Développement des compétences Canada, le fichier T1 (T1 Générale — Déclaration de revenus et de prestations) et le fichier T4 (feuillet T4, État de la rémunération payée) de l'Agence du revenu du Canada, et le Programme d'analyse longitudinale de l'emploi (PALE) de Statistique Canada. Les données sont longitudinales et portent sur la période allant de 1983 à 2007.

Aux termes de la Loi sur l'assurance-emploi et du Règlement sur l'assurance-emploi, tous les employeurs doivent établir un RE à l'égard de leurs employés occupant un emploi assurable lorsque survient une interruption de la rémunération de ces derniers 5  . L'information figurant sur le RE sert à établir si une personne a droit à des prestations d'assurance-emploi ainsi qu'à déterminer le taux des prestations et la durée de leur versement. Le RE doit être établi au moment de la cessation d'emploi, peu importe que l'employé ait ou non l'intention de faire une demande de prestations d'assurance-emploi. Plus important encore : le RE indique la raison de l'interruption ou de la cessation d'emploi 6  . Le RE peut donc servir à déterminer quels travailleurs ont été mis à pied, ont démissionné ou ont cessé de travailler pour leur employeur en raison d'autres motifs. Aux fins de la présente étude, un travailleur déplacé est un travailleur qui a été mis à pied au cours de l'année civile 1998.

Il est possible de faire la distinction entre les travailleurs mis à pied de façon temporaire et de façon permanente. Entrent dans cette dernière catégorie les travailleurs qui n'ont pas repris le travail dans la même entreprise au cours des 12 mois ayant suivi la mise à pied. La définition du concept de déplacement utilisée ici englobe tous les travailleurs déplacés de façon permanente. Cependant, pour analyser l'incidence du déplacement sur la décision de suivre une formation, il est important de comparer des travailleurs déplacés dont les caractéristiques sont similaires à celles d'un groupe témoin composé de travailleurs non déplacés. C'est pourquoi on utilise un échantillon de travailleurs déplacés à la suite de la fermeture d'une entreprise ou de mises à pied massives — situations que l'on peut considérer comme exogènes en regard des caractéristiques des travailleurs.

Il est possible de repérer les fermetures d'entreprises en raison du fait que l'une des sources de données sur lesquelles repose le FDLMO est le PALE, soit un fichier longitudinal qui fait un suivi de toutes les sociétés canadiennes. Étant donné que le PALE fait état des créations et disparitions d'entreprises, le couplage entre ce dernier et le FDLMO permet de déterminer les mises à pied faisant suite à des fermetures d'entreprises 7  . Par contre, le FDLMO ne contient pas de renseignements sur les fermetures d'établissements. Or, nombre de grandes entreprises sont constituées de multiples établissements, de sorte que des usines peuvent fermer leurs portes, entraînant des mises à pied massives, sans que cela donne lieu à une fermeture d'entreprise. Autrement dit, les fermetures d'entreprises n'engloberont pas de telles pertes d'emploi. C'est pourquoi une définition plus générale des déplacements est utilisée, de manière à inclure non seulement les travailleurs ayant perdu leur emploi en raison de la fermeture d'une entreprise mais aussi ceux dont la perte d'emploi est attribuable à des mises à pied massives. Cette approche concorde avec celle de Morissette et de ses collaborateurs (2007), les mises à pied massives lors de l'année t correspondant à une situation où au moins 30 % de l'effectif d'une entreprise est mise à pied entre les années t - 4 et t + 1, tandis qu'une fermeture d'entreprise lors de l'année t s'entendra d'une situation où une entreprise ayant un effectif au cours de l'année t n'a plus d'effectif lors de l'année t + 1.

Le PALE contient aussi des renseignements portant sur l'industrie dont fait partie l'entreprise. Précisons que l'on utilise la version de 2002 du Système de classification des industries de l'Amérique du Nord.

L'Agence du revenu du Canada requiert des employeurs qu'ils délivrent un feuillet T4 à tous les travailleurs à qui un revenu de plus de 500 $ est versé durant l'année. Cette information sert de mesure de la rémunération versée au cours de l'année civile 8  . On peut déterminer approximativement la taille d'une entreprise en divisant sa masse salariale totale par les salaires moyens dans les cellules de province et d'industrie 9 .

Enfin, le FDLMO contient des renseignements provenant du fichier T1 Générale – Déclaration de revenus et de prestations. Le fichier T1 comprend des données sur plusieurs caractéristiques personnelles servant de variables de contrôle dans l'étude, comme le sexe, l'âge, la province de résidence, l'état matrimonial et les cotisations syndicales versées (pour déterminer l'appartenance à un syndicat).

Le FDLMO ne contient pas d'information sur le « stock » d'éducation existant à un moment quelconque. Cela dit, il demeure possible de déterminer si une personne a fait des études postsecondaires, ce qui est au coeur de la présente étude. En effet, le fichier T1 fournit des renseignements sur les crédits pour frais de scolarité et les déductions relatives aux études demandés au titre de cours suivis dans un établissement d'enseignement postsecondaire au Canada. De plus, même si un étudiant peut transférer un tel montant de crédit ou de déduction à son père ou à sa mère aux fins de l'impôt, il est possible, à compter de 1999, d'identifier à la fois l'étudiant et la personne qui se prévaut du crédit ou de la déduction (s'il s'agit de personnes différentes). En un mot, on dispose de renseignements sur la formation à compter de 1999.

La mesure de l'intensité de la formation — ou de la quantité de formation — suivie après un déplacement n'est pas chose simple. En outre, il se peut que la formation ait débuté avant la mise à pied (peut-être en prévision de celle-ci), ou qu'elle se poursuive pendant plusieurs années après la perte d'un emploi. L'incidence de la formation à la suite d'un déplacement, qui constitue l'objet de notre étude, est plus facile à définir sur le plan conceptuel et beaucoup plus facile à mesurer dans la pratique. En outre, par souci de pertinence stratégique et à des fins de mesure, la portée de l'étude se limite à l'estimation sur le revenu de l'incidence liée au fait de suivre une formation postsecondaire à la suite d'un déplacement.

4   Méthodes

4.1  Incidence de la formation sur le revenu

La première partie de l'analyse consiste à estimer l'incidence des études faites à la suite d'un déplacement (fréquentation d'un établissement d'enseignement postsecondaire) sur la rémunération parmi un échantillon de travailleurs déplacés. Plus précisément, l'analyse porte sur les travailleurs déplacés en 1998 après qu'ils ont touché une rémunération positive pendant cinq années consécutives. L'âge des travailleurs en 1997 se situait entre 25 et 44 ans (de sorte qu'aucun d'eux n'avait plus de 54 ans en 2007); les travailleurs en question étaient donc moins susceptibles que d'autres d'envisager la retraite à la suite de leur déplacement. La mesure de la formation suivie après le déplacement est un simple indicateur binaire de fréquentation d'un établissement d'enseignement postsecondaire en 1999, soit l'année civile suivant le déplacement 10 . La figure 1 présente les grandes lignes de la constitution de l'échantillon.

Figure 1

Les estimations de l'équation (1) au moyen de la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) à l'égard des travailleurs déplacés en 1998 sont établies par année et par sexe.

(1)
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On procède à la régression du revenu du particulier i lors de l'année t (yit) sur une variable indicatrice, Si, qui correspond à la participation à une formation postsecondaire l'année suivant le déplacement, et sur un vecteur, xi, qui contient plusieurs déterminants du revenu (mesurés en 1997, soit l'année avant le déplacement), dont l'âge, le carré de l'âge et des vecteurs de province de résidence, d'industrie et de taille de l'entreprise.

Dans une telle spécification, il faut tenir compte de la sélection associée à la formation, ce qui donne lieu à une corrélation entre Image et S. Les travailleurs déplacés pourraient choisir sélectivement de suivre une formation en fonction de caractéristiques non observées. Par exemple, les travailleurs très productifs peuvent être plus enclins que les autres travailleurs à suivre une formation, étant donné les différences que cela suppose sur le revenu. Il se peut aussi que les travailleurs pour qui le coût de renonciation est le moins élevé (c'est-à-dire ceux qui sont les moins susceptibles de trouver un emploi) soient plus enclins à suivre une formation. Le premier de ces cas engendrerait un biais positif en ce qui touche l'incidence de la formation sur le revenu et le deuxième, un biais négatif 11 .

Si les caractéristiques non observées qui sous-tendent la sélection au regard de la formation ne varient pas au fil du temps pour chaque particulier, on peut supprimer cette incidence fixe en estimant les différences d'ordre 1 en comparant le changement du revenu des personnes suivant une formation après le déplacement et de celles qui ne suivent pas de formation. Il s'agit d'un estimateur simple de la différence des différences 12 .

(2)
Image

La sélection peut aussi reposer sur des caractéristiques non observées qui varient en fonction du temps, auquel cas les estimations de l'équation (2) seront encore biaisées et incohérentes. Par exemple, des travailleurs déplacés peuvent décider de suivre une formation s'ils savent que leurs compétences (non observées du point de vue du chercheur) ont diminué au cours des années ayant précédé le déplacement. Étant donné que l'on dispose de renseignements portant sur cinq années avant le déplacement, il est possible d'examiner si le groupe de traitement et le groupe témoin présentent des tendances similaires au chapitre du revenu avant le déplacement.

4.2  Incidence du déplacement sur le fait de faire des études

Dans la deuxième partie de l'étude, l'incidence du déplacement sur la fréquentation d'un établissement d'enseignement postsecondaire est estimée. Étant donné que, dans ce cas particulier, la variable dépendante est la fréquentation d'un établissement d'enseignement postsecondaire, il faut disposer de données pour chaque année précédant et suivant le déplacement. Par conséquent, l'analyse se limite à la période allant de 1999 à 2007 (soit la période où l'on dispose de données sur la fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire dans le FDLMO). On choisit la cohorte de travailleurs susceptibles d'avoir été déplacés en 2003, assortie de périodes de quatre ans avant et après le déplacement. D'autres critères d'échantillonnage sont similaires à ceux utilisés pour l'analyse du revenu. Plus précisément, on sélectionne les travailleurs qui ont eu une rémunération positive lors de chacune des années précédant le déplacement et dont l'âge allait de 25 à 44 ans l'année précédant le déplacement. La figure 2 illustre le plan d'échantillonnage.

Figure 2

L'équation (3) résume les régressions estimées. Des modèles MCO distincts sont estimés selon l'année et le sexe, comme il a été fait précédemment. De même, Si,t est encore une fois une variable indicatrice de la fréquentation d'un établissement d'enseignement postsecondaire au cours de l'année t, Di est une variable indicatrice d'un déplacement en 2003 et xi est un vecteur de différentes caractéristiques (mesurées en 2002, soit l'année avant le déplacement éventuel), dont l'âge, le carré de l'âge, la rémunération et des vecteurs de province de résidence, de sept industries et de quatre catégories de taille de l'entreprise.

(3)
Image

Tout comme dans la section précédente, on suppose qu'il existe des caractéristiques non observables qui peuvent être corrélées avec la décision de faire des études postsecondaires et avec la probabilité de déplacement. Ces caractéristiques sont prises en compte de deux manières. D'abord, si elles ne varient pas dans le temps, on peut utiliser des modèles à effets fixes. Ceux-ci serviront à comparer le changement au niveau de la participation à des activités de formation entre le groupe de traitement et le groupe témoin de 1999 à 2004.

(4)
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Il peut aussi y avoir des caractéristiques non observées qui varient en fonction du temps et qui auront des effets à la fois sur S et sur D. Par exemple, certains travailleurs peuvent avoir été mis à pied parce que leur employeur a constaté une diminution de leur niveau de motivation au fil du temps. Ici, la solution consiste à se concentrer sur les travailleurs déplacés pour des motifs qui ne sont probablement pas reliés à leur productivité. Plus précisément, tous les travailleurs déplacés pour des raisons autres que la fermeture d'une entreprise ou des mises à pied massives sont exclus. En effet, les mises à pied massives et les fermetures d'entreprises sont plus susceptibles d'être attribuables à une baisse de la demande à l'endroit de la production de l'entreprise qu'à la productivité d'un travailleur. L'équation (3) est réestimée, Di correspondant au nombre moyen de déplacements en 2003 en raison de mises à pied massives ou de fermetures d'entreprises (en excluant les travailleurs déplacés pour d'autres raisons).

5   Résultats

5.1  Incidence de la fréquentation d'un établissement d'enseignement postsecondaire sur le revenu

Dans cette section, le lien entre la formation après un déplacement et le revenu est examiné. Le graphique 1 fait état des estimations de αSt à partir de l'équation (1). Cette équation (1) donne une estimation de l'écart de revenu entre les personnes ayant fait des études postsecondaires en 1999 et les autres personnes. À cette étape de l'analyse, aucune covariable n'est incluse.

Lors des années précédant un déplacement, les femmes ayant subséquemment suivi une formation de niveau postsecondaire gagnaient environ 2 000 $ de plus que celles n'ayant pas suivi une telle formation. Cela semble dénoter une sélection positive à l'intérieur du groupe de traitement. Pour leur part, les hommes du groupe de traitement gagnaient environ 3 000 $ de moins que ceux du groupe témoin avant le déplacement. Cet écart est fortement significatif mais demeure très stable jusqu'en 1997. En 1998, soit l'année du déplacement, on observe une baisse du revenu des hommes faisant partie du groupe de traitement par rapport à ceux du groupe témoin. Différentes raisons peuvent expliquer la chose. Il se peut que les travailleurs déplacés faisant partie du groupe de traitement aient été déplacés plus tôt durant l'année civile. Il est sans doute plus probable que les travailleurs ayant trouvé un emploi peu après leur déplacement (peut-être avant la fin de 1998) aient été nettement moins enclins à s'inscrire à des programmes de formation en 1999.

Chez les hommes, le fait de suivre une formation est associé à une perte de revenu importante et temporaire en 1999, année où sont obtenus des crédits ou déductions au titre de la formation 13 . Toutefois, le revenu des hommes du groupe de traitement est égal à celui des hommes du groupe témoin à compter de 2002 et le dépasse de façon significative à compter de 2004, et ce, même s'il était significativement inférieur avant le déplacement et la formation. En 2007, les hommes ayant fréquenté un établissement d'enseignement postsecondaire après leur déplacement gagnaient 6 719 $ de plus que ceux n'ayant pas suivi de formation. À lui seul, cet avantage (pour une seule année) équivaut à peu près à la perte de revenu subie en 1999.

Pour ce qui est des femmes, la formation n'est pas associée à une perte de revenu importante et temporaire par rapport au groupe témoin, ce qui laisse penser que les femmes ont suivi une formation plus courte ou étaient plus susceptibles d'avoir gagné un revenu tout en étudiant. À compter de 2000, la progression de leur revenu comparativement à celui des femmes n'ayant pas suivi de formation était similaire à celle observée chez les hommes. À partir de 2007, les femmes ayant suivi une formation après leur déplacement gagnaient 11 541 $ de plus que les autres femmes.

Si l'on se fie à ces estimations brutes, la formation subséquente à un déplacement donne lieu à une importante augmentation du revenu. Selon un calcul grossier fondé sur une approche de la différence des différences tenant compte des différences avant le déplacement, l'augmentation se situe à environ 9 000 $ à la fois pour les hommes et pour les femmes.

L'étude de la sélectivité associée à la formation débute par l'examen de caractéristiques observables chez les personnes suivant une formation et chez les autres. Les résultats de cet examen sont présentés au tableau 1. Les personnes ayant fréquenté un établissement d'enseignement postsecondaire sont plus jeunes, plus susceptibles de résider en Colombie-Britannique et moins susceptibles d'être mariées. On observe aussi des différences en ce qui touche l'entreprise où elles travaillaient avant le déplacement : en effet, les personnes ayant suivi une formation sont plus susceptibles d'avoir eu un emploi dans le domaine des services publics et d'avoir travaillé pour une grande entreprise, et moins susceptibles d'avoir travaillé dans le secteur de la fabrication.

Dans la mesure où ces caractéristiques sont associées à l'évolution du revenu des travailleurs déplacés, les différences doivent être reflétées dans les résultats. Le graphique 2 présente des estimations de αSt au moyen de l'équation (1) avec un ensemble complet de variables de contrôle xi (pour l'année 1997). On peut voir que la différence de revenu avant le déplacement entre les personnes suivant une formation et les autres s'explique presque entièrement par des différences dans les caractéristiques observables. Les estimations de αSt chez les hommes ne sont pas significativement différentes de zéro pour la période allant de 1993 à 1997, malgré une baisse notable du revenu des hommes suivant une formation par rapport aux autres hommes lors de l'année du déplacement (1998). Chez les femmes, l'incorporation de covariables ne réduit que dans une faible mesure l'écart de revenu positif avant le déplacement. Tant pour les hommes que pour les femmes, les covariables ont pour effet de ramener à 6 500 $ environ l'incidence implicite de la formation sur le revenu.

Les estimations du modèle à effets fixes au moyen de l'équation (2) sont présentées au tableau 2. Les estimations de l'importance de l'effet associé à la formation en 2007 sont très similaires aux résultats du calcul informel selon une approche de la différence des différences au graphique 2. En 2007, l'effet se chiffre à 6 551 $ pour les hommes et à 6 672 $ pour les femmes.

La taille de l'échantillon permet de procéder à des estimations distinctes de l'équation (2) en fonction de différentes caractéristiques. On observe des effets significatifs associés à l'âge, à l'état matrimonial et au fait d'appartenir à un syndicat, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, les hommes âgés de 35 à 44 ans constituant l'exception. Il existe des différences statistiquement significatives dans les effets selon chaque caractéristique uniquement chez les hommes. Plus précisément, les hommes qui étaient plus âgés et qui étaient mariés ou conjoints de fait avant le déplacement tirent moins profit de la formation (par rapport aux groupes de comparaison correspondants). On n'observe pas de différences significatives dans le cas des femmes.

5.2  Incidence du déplacement sur la fréquentation d'un établissement d'enseignement postsecondaire

Les travaux d'analyse menés jusqu'ici donnent à croire que la formation professionnelle suivie à la suite d'un déplacement peut se traduire par une hausse du revenu 14 . Le graphique 3 montre l'écart dans le taux de fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire entre travailleurs déplacés et travailleurs non déplacés en 2003 (βDt dans l'équation (3), sans covariable).

Si l'on remonte quatre ans avant l'année du déplacement éventuel, il existe un écart positif significatif entre les travailleurs déplacés subséquemment et les autres en ce qui touche le taux de fréquentation d'un établissement d'enseignement postsecondaire. Plus l'on approche de 2003, plus cet écart s'accentue, ce qui donne à penser que les travailleurs auraient pu anticiper la possibilité de perdre leur emploi et s'y préparaient en investissant dans leur capital humain 15 . En 2003, l'écart est de 3 points de pourcentage pour les hommes, et il atteint près de 5 points de pourcentage pour les femmes en 2004. Cela représente un écart proportionnel marqué, étant donné que le taux moyen de fréquentation d'un établissement d'enseignement postsecondaire par les travailleurs non déplacés en 2003 est de seulement 8 % chez les hommes et de 11 % chez les femmes. Toutefois, cet écart de taux plafonne en 2003 (hommes) et en 2004 (femmes), et il n'y a pas d'association entre les déplacements et une nette augmentation de la fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire.

Le tableau 3 présente les différences au niveau des caractéristiques observables entre les travailleurs déplacés et les autres travailleurs. De façon générale, les travailleurs déplacés sont un peu plus jeunes, ont un revenu nettement moindre avant le déplacement et sont moins susceptibles d'être mariés. Il existe aussi des différences au chapitre de la syndicalisation, mais l'écart évolue en sens opposé chez les hommes et chez les femmes. On observe aussi des différences mineures en ce qui touche la province de résidence. Concernant les caractéristiques des entreprises auxquelles appartenaient les travailleurs avant leur déplacement, ces derniers étaient plus susceptibles d'avoir occupé un emploi dans les industries primaires ou l'industrie de la construction, moins susceptibles d'avoir eu un emploi dans le domaine des services publics et plus susceptibles d'avoir travaillé pour une petite ou moyenne entreprise (100 employés ou moins).

Les différences entre ces travailleurs déplacés et ceux qui n'ont pas été déplacés sont prises en compte dans les résultats de l'application de la méthode des MCO qui sont présentés au graphique 4. En dépit des différences marquées au niveau des caractéristiques des travailleurs, les résultats ne changent pas de façon significative. On observe le même profil : un lent glissement vers le haut avant que survienne le déplacement, puis un bond soudain l'année du déplacement, et enfin d'une tendance à la baisse. Ici encore, le bond observé est plus marqué chez les femmes. En général, l'amplitude des tendances est à peu près la même qu'auparavant, et la conclusion d'ensemble demeure la même : le déplacement ne donne pas lieu à une forte hausse de la fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire.

Cela signifie que les différences dans les taux de fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire avant et après un déplacement ne sont pas attribuables à des différences dans les caractéristiques observées. Tout comme précédemment, on peut prendre en compte les différences fixes non observées entre travailleurs déplacés et travailleurs non déplacés au moyen de l'estimation d'un modèle à effets fixes (modèle de la différence des différences). Les résultats de cette estimation sont présentés au tableau 4. Une fois que l'on a pris en compte tous les déplacements survenus jusqu'ici, les résultats semblent dénoter un petit effet sur la fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire (1,6 point de pourcentage chez les hommes et 3,3 points de pourcentage chez les femmes, l'effet étant significativement significatif à 1 % dans l'un et l'autre cas). Cependant, lorsque le déplacement est attribuable à des mises à pied massives ou à des fermetures d'entreprises, l'effet estimé est nettement plus faible : 0,6 point de pourcentage pour les hommes (significatif à 5 %) et 1,3 point de pourcentage pour les femmes (significatif à 1 %). Ce sont ces résultats qui obtiennent notre préférence, car ils risquent moins d'être contaminés par des différences au niveau de caractéristiques non observées. Il convient de préciser que ces effets sont faibles par rapport au taux global de fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire, taux qui se situait entre 13 % et 14 % pour les hommes et entre 17 % et 19 % pour les femmes en 1999 (tableau explicatif 3 de l'appendice). Les résultats sont également désagrégés selon l'âge, l'état matrimonial et la syndicalisation. Des effets modestes sont observés pour tous les groupes de femmes. Par contre, pour ce qui est des hommes âgés de 35 à 44 ans, mariés ou non syndiqués, rien n'indique qu'il y une augmentation de la fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire.

6   Conclusion

Le ralentissement économique qui a débuté vers la fin de 2008 et les pertes d'emploi que cela a provoqué ont eu pour effet de raviver l'intérêt à l'égard du sort des travailleurs déplacés. La présente étude visait à examiner l'efficacité de l'une des mesures pouvant permettre à une personne de limiter les pertes de revenu à la suite d'un déplacement, soit suivre une formation dans un établissement d'enseignement postsecondaire. Compte tenu de la possibilité de sélection dans le contexte du traitement, l'approche adoptée a consisté à estimer un modèle de la différence des différences (effets fixes).

Les résultats semblent indiquer que, au cours de la période débutant cinq ans avant et se terminant neuf après la perte d'emploi, les travailleurs ayant fait des études postsecondaires peu après leur déplacement ont vu leur revenu augmenter de près de 7 000 $ de plus que les autres travailleurs déplacés. On observe des gains significatifs selon le sexe, l'âge, l'état matrimonial et le fait d'être syndiqué ou non, les hommes âgés de 35 à 44 ans constituant l'exception. Mais malgré les avantages liés à la scolarité, on constate que le déplacement n'est associé qu'à une hausse modeste de la fréquentation d'établissements d'enseignement postsecondaire, et ce, pour tous les groupes examinés.

Ces résultats donnent à penser que des études postsecondaires peuvent apporter des avantages importants aux travailleurs déplacés. La grande question est de savoir si l'on peut considérer qu'il y a un lien causal entre ces écarts de revenu et les études postsecondaires ou si l'évolution différente du revenu entre le groupe de traitement et le groupe témoin est attribuable à une sélection non aléatoire au niveau des programmes de formation. Une analyse plus poussée permettra de mettre en lumière les tendances temporelles au niveau des travailleurs pour ce qui est du revenu, car il se peut que les travailleurs choisissant de suivre une formation à la suite d'un déplacement aient affiché un profil de croissance du revenu différent au cours de la période ayant précédé le déplacement.

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