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  1. Introduction
  2. Source des données, échantillon et principaux concepts
  3. Mesures sommaires de la vie professionnelle des baby-boomers canadiens
  4. Stabilité d’emploi durant les années 1990 et 2000
  5. Conclusions et répercussions
  6. Annexe

1   Introduction

Bien que les décisions concernant le moment et la stratégie de retraite se prennent généralement vers la fin de la vie professionnelle, ces décisions dépendent des situations, des choix et des événements auxquels le travailleur est confronté tout au long de sa vie. La richesse accumulée à 55 ou 60 ans, par exemple, dépend des choix et des occasions d’emploi qui se sont présentés, des décisions en matière d’épargne, des institutions publiques et des conditions macroéconomiques qui ont régné au cours des décennies précédentes. En termes de parcours de vie, « …pour comprendre le comportement à n’importe quelle étape de la vie, il faut connaître les transitions et les trajectoires antérieures » (Han et Moen, 1999, p. 197 [traduction libre]). À cet égard, l’information sur les expériences et les transitions d’emploi des travailleurs durant leur vie professionnelle peut aider à comprendre leurs options et leurs choix ultérieurs en matière de retraite.

Puisque les premiers membres de la génération du baby-boom ont maintenant atteint la mi-soixantaine, on s’intéresse grandement à la stratégie de retraite de ces personnes et au moment auquel ils la prennent. Pour mieux définir le contexte général de cette question, le présent document a pour objectif de fournir des renseignements sur les antécédents professionnels des travailleurs de cette génération durant une bonne partie de leur vie professionnelle. En se fondant sur la robustesse des données administratives utilisées, l’analyse repose sur les concepts de durée d’emploi et de mobilité d’emploi et examine les antécédents professionnels des premiers baby-boomers qui arrivent au moment leur retraite. Les principales questions sont les suivantes : 

  1. Quelle proportion des baby-boomers arrivent au moment de la retraite après avoir passé la majeure partie de leur carrière ou de leur vie professionnelle dans un emploi à long terme auprès d’un même employeur? À l’inverse, dans quelle mesure la vie professionnelle des premiers baby-boomers est-elle caractérisée par la mobilité d’emploi?
  2. En quoi les caractéristiques financières des travailleurs dont la mobilité d’emploi est faible se comparent-elles à celles des travailleurs ayant une mobilité d’emploi élevée?
  3. L’emploi à long terme se fait-il de moins en moins courant?

Plusieurs raisons justifient cette insistance sur la durée d’emploi. Tout d’abord, l’emploi à long terme (aussi nommé « emploi de carrière ») constitue souvent un point de départ conceptuel et empirique pour les discussions sur la transition vers la retraite. Par exemple, la retraite traditionnelle (chez les hommes) est souvent considérée comme une sortie unique et clairement marquée de l’emploi à long terme, alors que les emplois de transition sont généralement définis comme des postes rémunérés occupés « [...] par des travailleurs plus âgés ayant officiellement pris leur retraite d’un emploi à long terme, mais qui n’ont pas complètement quitté le marché du travail [...] » (Dendinger et coll., 2005, p. 22 [traduction libre]; ce sont les auteurs qui soulignent). Ensuite, la durée d’emploi a une incidence sur les attentes et la certitude concernant la retraite. Par exemple, après avoir contrôlé un grand éventail de facteurs, dont la protection offerte par les régimes de pension et le revenu, Ostrovsky et Schellenberg (2008) ont constaté qu’il y avait une corrélation positive entre la durée de l’emploi et les plans de retraite anticipée, la certitude quant aux plans de retraite et la confiance à l’égard de la suffisance de l’épargne-retraite. Dans le même ordre d’idée, Han et Moen (1999, p. 224) ont constaté une corrélation positive entre une carrière conventionnelle et la concordance entre le moment prévu et le moment réel de la retraite. Enfin, la durée et la mobilité d’emploi sont des facteurs pertinents dans le cadre des discussions actuelles concernant le système canadien de revenu de retraite. La transférabilité des instruments d’épargne-retraite et la mesure dans laquelle ils répondent aux besoins des travailleurs mobiles constituent un sujet de discussion important. La durée de l’emploi auprès d’un même employeur ou, à l’inverse, la fréquence des changements d’employeur est une question pertinente dans ce contexte.

La plus longue durée d’emploi observée a servi de cadre conceptuel à la présente analyse. Les travailleurs sont regroupés en catégories en fonction de la durée de l’emploi qu’ils ont occupé le plus le longtemps durant la période de 28 ans étudiée; des mesures sommaires concernant leurs gains annuels, leurs gains cumulatifs, le roulement de l’emploi, les mises à pied et les années de service ouvrant droit à pension sont présentées. L’étude vise à mieux comprendre le contexte dans lequel les Canadiens plus âgés prennent leurs décisions en matière de retraite.

Le reste du document est composé de plusieurs sections. Dans la section 2, on donne un exposé au sujet des données, de la méthode de sélection de l’échantillon et des principaux concepts. Elle est suivie d’un profil descriptif des antécédents professionnels à la section 3. Dans la section 4, on présente les résultats de l’analyse multivariée visant à déterminer si la durée d’emploi a changé au fil des cohortes des travailleurs plus âgés. Les conclusions suivent à la section 5.

2   Source des données, échantillon et principaux concepts

2.1  Source des données

Le Fichier de données longitudinales sur la maind’oeuvre (FDLMO) est une base de données administratives qui fournit de l’information sur les variations de l’emploi au Canada. Il est fondé sur un échantillon aléatoire de 10 % des travailleurs canadiens et contient des données sur leur profil démographique, leurs revenus, les emplois qu’ils ont eus et les employeurs pour lesquels ils ont travaillé. Les données du FDLMO sont longitudinales et portent sur la période de 1983 à 2010 1 . Grâce à sa structure longitudinale, combinée à des données permettant de suivre les mouvements des travailleurs d’un employeur à l’autre, le FDLMO se prête particulièrement bien à l’étude des transitions d’emploi tout au long de la vie professionnelle. La longue période de référence, l’échantillon d’envergure et la qualité supérieure des données sur les gains constituent d’autres atouts.

Malgré ses points forts, le FDLMO ne renferme pas de données sur certaines des caractéristiques personnelles généralement incluses dans les études sur la retraite, comme l’état de santé, la profession et le niveau de scolarité. En conséquence, il n’est pas possible de préciser la mesure dans laquelle les différences entre les résultats au chapitre de l’emploi sont attribuables à ces caractéristiques. Il n’y a pas non plus d’information sur le nombre d’heures travaillées chaque semaine ni sur le nombre de semaines travaillées chaque année. Les gains pour chaque emploi occupé sont donc constatés sur une base annuelle seulement, et les transitions d’emploi doivent elles aussi être définies sur une base annuelle, plutôt que mensuelle. En outre, les unités d’analyse du FDLMO sont les emplois et les personnes; le fichier ne contient pas de données sur l’emploi ou les gains des couples et des ménages. Une personne caractérisée par sa participation sporadique à la vie active ou par ses gains annuels faibles peut ou non être mariée à une personne ayant des gains plus élevés. Enfin, même s’il est possible d’utiliser le FDLMO pour estimer les gains cumulatifs d’une personne et ses années de service ouvrant droit à pension, le fichier ne renferme pas de mesures directes de la richesse, de l’épargne-retraite ou du caractère adéquat de la préparation à la retraite. Ces questions ne s’inscrivent pas dans la portée du présent document.

2.2  Échantillon et principaux concepts

L’échantillon comprend des Canadiens de 33 à 38 ans en 1983. Ces personnes constituent les premiers membres de la génération du baby-boom, qui sont nés de 1945 à 1950 et ont de 60 à 65 ans en 2010 2 . Ils avaient la mi-trentaine au début de la période de référence et avaient alors vraisemblablement terminé leurs études postsecondaires et commencé leur carrière en occupant des postes de niveau d’entrée. Au cours des 28 années qui ont suivi, ils se trouvaient à l’apogée de leur vie professionnelle; à la fin de cette période, ils approchaient de la retraite ou étaient déjà retraités.

Compte tenu de l’objectif de l’analyse, l’échantillon est restreint aux personnes qui ont travaillé au moins un peu au début de la période de référence, c.-à-d. celles à qui leur employeur a remis un feuillet T4 ou qui ont déclaré un revenu de travail autonome net non nul sur leur formule d’impôt T1 en 1983, 1984, 1985 ou 1986. Quelque 11 % des hommes et 20 % des femmes ont été exclus de l’échantillon à cause de ce critère. Des autres travailleurs de l’échantillon, les personnes décédées de 1983 à 2010 (selon les formules T1) ont aussi été exclues; ces personnes représentaient environ 8 % des hommes et 5 % des femmes. Une comparaison avec les estimations de la population fondées sur le recensement montre que l’échantillon obtenu représente 86 % de la population totale pour ce groupe d’âge (voir le tableau 13 . Il importe également de souligner que l’échantillon exclut les immigrants de la même cohorte de naissances qui ont réalisé des gains d’emploi au Canada seulement après 1986. Par ailleurs, il est impossible d’identifier les personnes qui pourraient avoir travaillé au Canada au début des années 1980, puis quitté le pays pour travailler à l’étranger durant un certain temps. Ces personnes ont été conservées dans l’échantillon.

La durée des périodes d’emploi observées a servi de cadre conceptuel pour l’analyse. Une période d’emploi s’entend du nombre d’années consécutives pendant lesquelles on constate qu’une personne reçoit des gains de T4 d’une entreprise ou d’un organisme particulier ou tire un revenu d’un travail autonome 4 . Cette variable peut avoir une valeur observée allant de 1 à 28. Dans le cadre de la présente étude, le calcul de la durée ne tient pas compte des interruptions d’une année des gains provenant d’un employeur particulier si le versement des gains provenant de cet employeur reprend l’année suivante. En d’autres termes, une personne pour laquelle on observe, par exemple, trois années consécutives de gains provenant d’un employeur particulier, suivies d’une année sans gains puis d’une année avec gains provenant du même employeur est considérée comme ayant travaillé sans interruption pour l’employeur. Cette méthode permet de tenir compte de la possibilité qu’une personne prenne un congé pour avoir un enfant, élever une famille, retourner aux études, soigner un problème de santé, etc. 5  Toutefois, si les gains provenant d’un même employeur sont interrompus durant deux années consécutives ou plus et reprennent par la suite, on considère qu’il s’agit d’une deuxième période d’emploi 6 . Dans le présent document, les expressions « période d’emploi » et « emploi » sont utilisées indifféremment.

Pour chaque personne de l’échantillon, les durées de toutes les périodes d’emploi sont calculées et la plus longue est marquée. Si deux périodes d’emploi ont la même durée, la plus récente est marquée. Si plusieurs périodes ayant la durée la plus longue sont concurrentes et se terminent la même année, celle à laquelle correspondent les gains cumulatifs les plus élevés est marquée comme étant la plus longue.

Les répartitions des hommes et des femmes selon les périodes d’emploi observées les plus longues sont illustrées au graphique 1. On constate que les hommes sont légèrement plus nombreux que les femmes dans les périodes d’emploi de 19 ans et plus 7 . Tout de même, les répartitions des hommes et des femmes ne sont pas vraiment différentes, ce qui montre la mesure dans laquelle les femmes de cette génération ont passé une grande partie de leur vie adulte sur le marché du travail 8 .

Les formes des répartitions ne permettent pas de distinguer des seuils évidents autour desquels on pourrait définir des catégories de durées d’emploi. Il est toutefois utile d’appliquer un seuil de 12 ans pour faciliter les comparaisons avec les travaux de recherche publiés. Plusieurs études portant sur la retraite ont pour point de départ les « emplois de carrière », ou « emplois à long terme », détenus par les travailleurs plus âgés, qui s’entendent des emplois qui durent 10 ans ou plus (p. ex. Cahill et coll., 2006; Weckerle et Shultz, 1999) 9 . Comme le FDLMO renferme des données annuelles, une période d’emploi observée sur 10 années consécutives peut en réalité avoir duré seulement un peu plus de 8 ans si, par exemple, elle a commencé en décembre de la première année et s’est terminée en janvier de la dixième année. Pour obtenir une meilleure approximation d’un seuil de 10 ans, on détermine les durées d’emploi inférieures ou supérieures à 12 ans. L’échantillon est ensuite subdivisé en tranches d’environ 6 ans (voir le tableau 2). L’objectif n’est pas d’établir et de justifier une définition spécifique de l’emploi à long terme, mais plutôt d’utiliser la durée d’emploi comme cadre transparent pour présenter les autres mesures de l’emploi. Le recours à d’autres catégories de durées donnerait des estimations des mesures sommaires évidemment différentes.

Les répartitions dans chaque catégorie sont indiquées au tableau 2 10 . Au bas de l’échelle, on constate que 12 % des membres de la cohorte ont la période d’emploi la plus longue, qui va de 1 an à 5 ans, alors qu’au haut de l’échelle, 17 % des membres ont la période d’emploi la plus longue, qui va de 25 à 28 ans. En se fondant sur la Health and Retirement Study menée aux États-Unis, Cahill et coll. (2006) ont déterminé que 64,6 % des Américains de 51 à 61 ans en 1992 ayant travaillé passé 49 ans avaient des emplois à long terme (un emploi qui dure 10 ans ou plus et qui comprend au moins 1 600 heures de travail par année, c.-à-d. un emploi à temps plein). Si l’on applique le seuil de 12 ans aux données du FDLMO, on obtient une incidence d’emploi à long terme au Canada de 65 %, soit 67 % chez les hommes et 62 % chez les femmes 11 .

Cette répartition peut aussi être comparée à la durée d’emploi des répondants à l’Enquête sur la population active (EPA) qui travaillaient. Parmi les répondants à l’EPA de 55 à 64 ans qui travaillaient en 2010, 58 % des hommes et 56 % des femmes étaient au service du même employeur depuis 11 ans ou plus (tableau 3).

3   Mesures sommaires de la vie professionnelle des baby-boomers canadiens

Des données sommaires sur les expériences d’emploi des premiers baby-boomers, fondées sur le cadre conceptuel de la durée de l’emploi le plus long, sont présentées aux tableaux 4 et 5 pour les hommes et les femmes, respectivement.

Chez les travailleurs dont la durée d’emploi la plus longue est de 5 ans ou moins, les mesures sommaires indiquent que leur participation à la vie active était généralement assez faible. En moyenne, les travailleurs de ce groupe ont enregistré des gains de 1 000 $ ou plus pour 7 à 9 ans de la période de référence, et les gains annuels moyens du travailleur médian durant ces années étaient modestes, soit environ 16 300 $ pour les hommes et 8 600 $ pour les femmes. Ensemble, un emploi limité et des gains annuels faibles débouchent sur des gains cumulatifs modestes sur la période de 28 ans, les médianes se trouvant autour de 111 200 $ et 57 000 $ pour les hommes et les femmes, respectivement. Par définition, tous les emplois étaient d’assez courte durée. La durée observée la plus longue s’établissait en moyenne à 3,3 ans, et la deuxième plus longue, à environ 2,5 ans en moyenne (lorsqu’un deuxième emploi a aussi été observé). En fait, parmi tous les emplois occupés par les travailleurs de ce groupe, la durée observée pour plus de la moitié (57 %) des travailleurs était d’un an, au maximum. Cette participation limitée à la vie active se manifeste également par le fait que les personnes de ce groupe n’occupaient généralement plus leur emploi le plus long à l’âge de 45 ans et ont gagné leurs derniers revenus observés à l’âge d’environ 49 ans. Le Fichier de données longitudinales sur la maind’oeuvre (FDLMO) renferme peu de données sur les raisons pour lesquelles ces travailleurs ont quitté le marché du travail. Dans l’ensemble, il s’agit de personnes ayant plutôt une quasi-participation à la vie active durant la deuxième moitié de leur vie professionnelle.

Les membres du deuxième groupe, qui comprend les personnes dont l’emploi le plus long avait duré de 6 à 11 ans, diffèrent considérablement de ceux du premier groupe. Même si la durée moyenne de l’emploi le plus long est inférieure à 9 ans, les travailleurs de ce groupe ont participé de façon relativement soutenue à la vie active. En moyenne, ils ont gagné 1 000 $ ou plus pour presque 20 des 28 années, et leurs derniers gains constatés l’ont été à environ 58 ans. En dépit de leur participation à la vie active, les travailleurs de ce groupe ont été au service de près de neuf employeurs différents durant la période étudiée. Ils ont donc connu une mobilité d’emploi considérable. Certains emplois ont pris fin involontairement, les mises à pied étant plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes. En moyenne, les hommes de ce groupe ont connu 2,8 mises à pied permanentes et 2,6 mises à pied temporaires durant la période étudiée 12 , et ont reçu des prestations d’assurance-emploi durant 5,7 ans. Durant les années de travail, les gains annuels moyens du travailleur médian pour ce groupe s’établissaient à environ 36 200 $ pour les hommes et 19 500 $ pour les femmes 13 . Plus haut dans l’échelle de répartition des gains (au 80e centile), les hommes semblent s’en être bien tirés avec des gains annuels moyens d’environ 60 300 $ et des gains cumulatifs totaux de 1,3 million de dollars. Dans l’ensemble, les travailleurs de ce groupe peuvent être considérés comme des « travailleurs mobiles », vu leur participation soutenue à la vie active et leur mobilité relativement grande durant la période de référence.

Les trois groupes suivants comprennent les personnes dont la période d’emploi observée la plus longue était de 12 ans ou plus. Par définition, ces travailleurs ont participé de façon soutenue à la vie active et ont généralement réalisé des gains de 1 000 $ ou plus pour au moins 24 des 28 années de la période de référence. On constate des variations dans la durée observée de l’emploi le plus long au sein des trois catégories de durées, qui va d’environ 15 ans à l’extrémité inférieure à 27 ans à l’extrémité supérieure. Toutefois, la censure à gauche exerce une plus grande influence sur les résultats des titulaires d’un emploi à long terme que sur ceux des travailleurs des autres groupes dont il est question plus haut, car de 36,8 % à 85,4 % des périodes d’emploi les plus longues observées chez les hommes étaient déjà commencées au début de la période de référence en 1983. De la même manière, il faut aussi tenir compte de la censure à droite, car de 26,5 % à 69,9 % des périodes d’emploi les plus longues observées chez les hommes n’étaient pas terminées à la fin de la période de référence en 2010. En conséquence, la durée observée de ces emplois à long terme constitue une sous-estimation de la durée réelle, mais il est impossible de déterminer l’importance de cet écart.

En ce qui concerne la mobilité d’emploi, les titulaires d’un emploi à long terme ont généralement été au service d’environ trois à six employeurs différents au cours de la période de référence, compte tenu des emplois occupés avant ou après leur emploi à long terme ainsi que des emplois occupés pendant la même période, par exemple les emplois secondaires occupés pendant la nuit. Les mises à pied n’ont généralement pas été des événements récurrents durant la vie professionnelle des titulaires d’un emploi à long terme, les hommes ayant connu de 0,3 à 1,3 mise à pied (permanente) sur la période de 26 ans et les femmes, de 0,2 à 0,6 mise à pied. Environ 1 % à 7 % des travailleurs ont tout de même perdu leur emploi à long terme à la suite d’une mise à pied.

Parmi les hommes ayant un emploi à long terme, les gains annuels moyens du travailleur médian allaient d’environ 49 000 $ à 56 000 $, et les gains cumulatifs médians allaient de 1,1 million de dollars à 1,4 million de dollars. Vers l’extrémité supérieure de la courbe de répartition (au 80e centile), les gains annuels moyens des hommes occupant des emplois à long terme allaient de 72 000 $ à près de 80 000 $. Les gains annuels et cumulatifs des femmes sont inférieurs à ceux des hommes, mais supérieurs à ceux des femmes dont la mobilité d’emploi est plus grande ou qui sont moins actives. L’inclusion d’un régime de retraite agréé constitue aussi une indication de la qualité des emplois. Alors que les travailleurs mobiles ont généralement accumulé de 3 à 4 années de service ouvrant droit à pension sur les 20 années pour lesquelles des données sont disponibles, les titulaires d’un emploi à long terme ont généralement accumulé de 7 à 13 ans. Pour les travailleurs dont l’emploi le plus long observé est de 19 ans ou plus, les années de service ouvrant droit à pension accumulées atteignent en moyenne 10 à 13 ans (encore une fois, sur les 20 années pour lesquelles des données sont disponibles).

Entre le cinquième et le quart des hommes titulaires d’un emploi à long terme travaillaient dans le secteur public (c.-à-d. pour une administration fédérale ou un gouvernement provincial ou municipal) ou parapublic (c.-à-d. l’éducation, les soins de santé et les services sociaux). Inversement, environ les trois quarts des hommes travaillaient dans le secteur privé, qui correspond en gros à tous les autres secteurs. Les secteurs public et parapublic constituent des sources d’emploi à long terme plus importantes pour les femmes de la génération du baby-boom. De fait, pour les trois catégories de durées de 12 ans ou plus, de 44 % à 54 % des femmes travaillaient dans ces secteurs.

Dans l’ensemble, la majorité des baby-boomers ont passé leur vie professionnelle dans ce qu’on appelle dans le cadre de la présente étude des « emplois à long terme ». Si l’on restreint la définition de ce qui constitue un emploi à long terme en stipulant qu’il s’agit de 19 années ou plus auprès d’un même employeur, environ le tiers de l’échantillon se trouve dans ce groupe. Ces travailleurs semblent se rapprocher de la retraite sur une « plateforme d’emploi stable », caractérisée par un emploi durable auprès d’un même employeur, relativement peu de mises à pied ou de changements d’emploi, des gains au cours de la vie relativement élevés et, dans de nombreux cas, la protection soutenue d’un régime de retraite agréé. Si l’on applique au contraire une définition moins restrictive, soit 12 années ou plus auprès d’un même employeur, environ les deux tiers de l’échantillon seraient considérés comme ayant un emploi à long terme (67 % des hommes et 62 % des femmes). Cette définition moins restrictive s’accompagne d’une plus grande variabilité des mesures sommaires. Il importe encore une fois de souligner que les personnes visées par l’étude sont observées pour la première fois durant la trentaine, et donc lorsqu’ils ont dépassé l’âge où la mobilité d’emploi est la plus élevée. Morissette et coll. (2013) montrent que les taux d’embauche s’établissent autour de 51 % pour les hommes et les femmes de 15 à 24 ans, mais tombent à environ 26 % chez les 25 à 34 ans, puis à environ 17 % chez les 35 à 44 ans 14 .

4   Stabilité d’emploi durant les années 1990 et 2000

Les différences considérables entre les mesures sommaires dans les groupes constitués selon la durée d’emploi nous amènent à nous demander si l’incidence de l’emploi à long terme a changé au fil du temps. Les baby-boomers plus jeunes sont-ils plus ou moins susceptibles que les baby-boomers plus âgés d’atteindre la cinquantaine en ayant un emploi à long terme? Pour répondre à cette question, on a réalisé une estimation à l’aide d’un modèle à risques en temps discret assorti d’une fonction de risque de base non paramétrique, dans un cadre normalisé de régression logistique. Ce modèle comprend un ensemble de variables indicatrices de la durée d’emploi en années (la fonction de risque de base), un ensemble de variables indicatrices de l’année civile au cours de laquelle un emploi a commencé, des termes d’interaction entre les variables indicatrices de la durée et de l’année, un ensemble de variables indicatrices de l’âge des travailleurs au début de l’emploi et une variable indicatrice du sexe.

Dans la présente section, on adopte une définition de « période d’emploi » légèrement différente de celle des sections précédentes, un emploi étant considéré comme ayant pris fin durant l’année t s’il est observé durant l’année t mais pas durant l’année t+1. Toute période subséquente durant laquelle le travailleur est au service du même employeur est exclue de l’analyse. Les données de 2010 sont utilisées pour déterminer la situation d’emploi en 2009. Toutes les périodes d’emploi observées en 2009 et en 2010 sont censurées en 2009. L’échantillon utilisé pour l’analyse consiste en toutes les nouvelles périodes d’emploi observées de 1985 à 2009 15 . En axant l’analyse sur les nouvelles périodes seulement, on élimine le problème de la censure à gauche associée aux périodes d’emploi déjà commencées au début de la période de référence. La censure à droite est prise en compte dans une partie de la fonction de vraisemblance du modèle. Les périodes de travail autonome sont exclues de l’analyse. L’échantillon est également élargi pour inclure les travailleurs de 25 à 50 ans au début de la période.

À l’aide des coefficients estimés, on calcule les fonctions de survie pour les emplois qui débutent durant des années différentes. L’ensemble complet des taux de survie est présenté aux tableaux 7 et 8. Le graphique 2 illustre les courbes de survie sélectionnées comme points de départ afin d’observer (le cas échéant) les emplois au moins jusqu’à la douzième année, soit le seuil définissant un emploi à long terme établi dans le cadre de l’étude. Les résultats semblent indiquer que de 5,3 % à 6,5 % des emplois qui ont commencé de 1985 à 1997 ont duré au moins 12 ans. Cette estimation augmente à 7,6 % en 1998, ce qui représente les emplois ayant atteint la douzième année en 2009. Ce qu’il faut retenir, toutefois, c’est que la probabilité qu’un nouvel appariement employeur-employé donne lieu à une période d’emploi à long terme n’a pas diminué entre le milieu des années 1980 et la fin des années 1990.

L’année de début la plus récente à partir de laquelle les données du FDLMO permettent d’observer les périodes d’emploi ayant atteint la douzième année est 1998; mais qu’en est-il des emplois qui ont commencé plus récemment? On pourrait avancer que, si on n’observe aucun changement important au fil du temps dans le taux de survie des emplois ayant une durée moindre, il n’y a pas de raison de penser qu’il survienne un changement important la douzième année, toutes choses étant égales par ailleurs. Pour déterminer si la probabilité qu’un emploi survive à la douzième année est susceptible d’avoir changé pour les emplois ayant commencé plus récemment, les auteurs du présent document ont examiné les tendances des taux de survie des emplois observés sur un moins grand nombre d’années. Le graphique 3 illustre le pourcentage des périodes d’emploi qui survivent au moins n années, par année de début de la période d’emploi. Les résultats semblent indiquer que la proportion des emplois qui ont survécu à la huitième année n’est pas inférieure pour les emplois qui ont commencé en 2000 par rapport à ceux qui ont commencé dans les années 1990 ou dans la deuxième moitié des années 1980. De même, on ne constate aucun recul dans la proportion des emplois qui durent au moins 5 ans. Ces résultats sont conformes à ceux de Brochu (2012) et de Morissette et coll. (2012). Les données du graphique 3 semblent en outre indiquer que le taux supérieur de survie jusqu’à la douzième année des emplois ayant commencé en 1998 constitue un phénomène ponctuel propre à cette année-là, puisque les taux de survie des emplois de plus courtes durées (p. ex. 2 ans et 5 ans) sont aussi supérieurs en 1998, mais reviennent par la suite à des niveaux conformes aux tendances historiques pour les années subséquentes.

Les graphiques 4 et 5 reprennent les données du graphique 3 en séparant les hommes et les femmes. Outre le fait que les femmes semblent en général conserver leur emploi plus longtemps que les hommes, on ne peut cerner aucune tendance selon le sexe en ce qui concerne la durée d’emploi.

5   Conclusions et répercussions

À partir d’un cadre conceptuel fondé sur les durées observées des emplois les plus longs des travailleurs, les auteurs du présent document ont présenté une vue d’ensemble de la vie professionnelle des Canadiens qui constituent les premiers membres de la génération du baby-boom.

Environ les deux tiers des baby-boomers ont atteint la cinquantaine en ayant un emploi à long terme, c’est-à-dire un emploi qu’ils occupaient depuis au moins 12 ans. En fait, la plupart travaillaient pour le même employeur depuis beaucoup plus longtemps — souvent 20 ans ou plus; même ce chiffre constitue une sous-estimation puisque la plupart ont commencé leur emploi le plus long avant le début de la période de référence de l’étude. La prévalence et la durée des emplois à long terme au sein de cette cohorte permettent de croire que la vie professionnelle de la plupart des baby-boomers était relativement stable. Le fait qu’au moins 50 % des titulaires d’un emploi à long terme n’aient jamais connu de mise à pied permanente ou temporaire durant la période de 28 ans confirme cette stabilité. Bien que les taux d’embauche et de cessation d’emploi calculés pour l’ensemble de la population active indiquent un degré élevé de réaffectation des travailleurs, ce phénomène est surtout prévalent chez les travailleurs de moins de 35 ans (Morissette et coll., 2013). À partir de 35 ans, la plupart des travailleurs ont trouvé un emploi qu’ils occuperont vraisemblablement pendant de nombreuses années.

Ces conclusions sont assorties d’un certain nombre de répercussions. Pour les chercheurs s’intéressant à la dynamique de l’emploi des travailleurs âgés, la cessation d’un emploi à long terme constitue un point de départ conceptuel et empirique clair. En d’autres termes, que font les travailleurs âgés qui cessent l’emploi qu’ils ont occupé durant la majeure partie de leur vie professionnelle? Bien qu’il soit utile, un tel point de départ exclut environ le tiers de la population active, soit les travailleurs mobiles et les travailleurs pratiquement inactifs. En outre, rien ne permet de croire que les décisions et la préparation en matière de retraite des travailleurs qui atteignent la cinquantaine en ayant un emploi à long terme puissent être généralisées à tous les travailleurs. La transition vers la retraite des travailleurs qui sont plus mobiles pourrait présenter un intérêt particulier pour les décideurs.

Environ le quart de l’échantillon est composé de ce qu’on définit dans le cadre de l’étude comme des « travailleurs mobiles ». En dépit de leur participation soutenue à la vie active, ces personnes ont changé plus souvent d’emploi que les titulaires d’un emploi à long terme dont il est question plus haut. Cette mobilité se manifeste à toutes les étapes de leur vie professionnelle par des changements d’emploi nombreux aussi bien chez les hommes et les femmes, qu’ils soient dans la trentaine, la quarantaine ou la cinquantaine. Comparativement aux titulaires d’un emploi à long terme, les travailleurs mobiles ont des gains annuels et cumulatifs inférieurs et un moins grand nombre d’années de service ouvrant droit à pension. Néanmoins, les travailleurs mobiles se trouvant à l’extrémité droite de la courbe de répartition des gains semblent s’en être bien tirés en termes de gains annuels et cumulatifs.

En outre, un peu plus du dixième de l’échantillon est composé de « travailleurs pratiquement inactifs », qui dans le cadre de l’étude s’entendent des personnes participant de façon limitée au marché du travail, occupant des emplois à court terme et ayant des gains annuels et cumulatifs faibles.

Enfin, l’analyse des données du Fichier de données longitudinales sur la maind’oeuvre n’indique pas que l’emploi à long terme diminue au fil du temps ni que les travailleurs deviennent plus mobiles.

6   Annexe

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