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La revue canadienne de productivité

15-206-XIF

Numéro 6
2007

Investissement et croissance de la productivité à long terme dans le secteur des entreprises au Canada,
1961 à 2002

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Investissement et croissance de la productivité à long terme dans le secteur des entreprises au Canada, 1961 à 2002

John R. Baldwin et Wulong Gu

Sommaire exécutif

Le présent document s'appuie sur les bases de données au cœur des Comptes canadiens de productivité pour examiner les sources de croissance dans l'économie canadienne et l'évolution de la croissance de la productivité au Canada au cours de la période de 1961 à 2002. Nous utilisons de nouvelles séries chronologiques fondées sur le Système de classification des industries de l'Amérique du Nord.

L'analyse est structurée selon le cadre comptable de la croissance. Fondée sur un cadre de production, elle décompose la croissance de la productivité en la partie attribuable aux augmentations du travail et du capital, et un résidu (appelé productivité multifactorielle) qui saisit la composante qui n'est pas directement liée à l'utilisation croissante du travail et du capital.

Les mesures de la croissance de la productivité multifactorielle sont souvent utilisées pour évaluer le taux de croissance du progrès technologique. Elles revêtent un intérêt intrinsèque parce que les consommateurs bénéficient directement d'une plus forte croissance de la productivité sous forme de prix plus faibles. Baldwin et coll. (2001) montrent que, sur une base sectorielle, les industries dont la croissance de la productivité multifactorielle est plus élevée affichent le plus faible taux d'augmentation des prix. Une bonne croissance de la productivité se répercute également sur l'avantage concurrentiel d'une industrie sur le plan international. Baldwin et Yan (2006) montrent qu'au niveau de l'industrie, la variation des prix relatifs Canada–États-Unis est inversement corrélée aux estimations de la variation de la productivité multifactorielle relative au Canada et aux États-Unis.

Le cadre comptable de la croissance fournit des estimations de l'importance relative des facteurs travail, des investissements en immobilisations et de la croissance de la productivité. Les données qui sont requises pour répondre à cette question permettent également d'examiner les changements dans la composition des facteurs capital et travail. En outre, les facteurs sous-jacents qui déterminent la productivité du travail (productivité multifactorielle, approfondissement du capital et relèvement du niveau de compétence) peuvent être mesurés. Comme la base de données est construite au niveau de l'industrie, toutes ces relations peuvent être examinées au niveau tant de l'économie dans son ensemble que des différentes industries.

Nous posons plusieurs questions dans cette section du document.

1. Comment la croissance de la productivité a-t-elle évolué au cours de la période étudiée?

Les estimations de la croissance annuelle de la productivité ont considérablement fluctué au fil du temps. Elles sont relativement volatiles à court terme. Elles sont souvent élevées à la fin du cycle d'affaires et diminuent en période de récession et de ralentissement. Il est donc difficile d'interpréter les tendances à court terme. En outre, les moyennes à court terme sont extrêmement sensibles au choix des points extrêmes. Les analystes qui souhaitent soutenir que les crises existent peuvent utiliser les pics juste avant la fin d'un cycle commercial et les creux au milieu des récessions.

Des tendances perceptibles à long terme se dégagent toutefois en ce qui concerne la croissance de la productivité canadienne, tant la productivité du travail que la productivité multifactorielle. Une longue baisse s'observe du début des années 1960 jusqu'en 1990. Depuis, la croissance de la productivité a repris. Le point de reprise semble correspondre au début des années 1990, décennie où les investissements en technologies de l'information et des communications ont commencé à beaucoup retenir l'attention. Il est significatif que les tendances de la croissance tant de la productivité que de la production sont corrélées. Une plus forte croissance de la production s'accompagne généralement d'une plus forte croissance de la productivité. Cela pourrait être attribuable soit à ce qu'il est plus facile d'adopter de nouvelles technologies en période de forte croissance, soit à ce que les changements technologiques rapides favorisent des taux de croissance plus élevés.

Il convient toutefois de faire une mise en garde ici. Les industries ayant un taux de croissance de la production élevé ne sont pas nécessairement celles qui affichent la plus forte croissance de la productivité du travail. Au niveau de l'industrie, une forte croissance ne se traduit pas nécessairement par une plus grande productivité ou vice-versa.

2. Quels types de capital sont utilisés dans le processus de croissance?

En 2002, les machines et le matériel hors secteur des technologies de l'information et des communications représentaient la plus importante composante des services agrégés du capital, suivis des bâtiments et des ouvrages de génie. Les machines et le matériel hors secteur des technologies de l'information et des communications représentaient 27,0 % des services agrégés du capital en 2002, les bâtiments, 24,3 %, et les ouvrages de génie, 18,3 %. Il convient de souligner que ces deux dernières composantes représentent plus de 42,0 % du total, soit beaucoup plus que la composante « machines et matériel ». Le capital comprend beaucoup plus que les machines et le matériel, et la plus grande partie du capital qu'utilisent les travailleurs prend d'autres formes que les machines et le matériel.

La part du facteur capital représentée par les machines et le matériel hors secteur des technologies de l'information et des communications est demeurée virtuellement inchangée au fil du temps. La part des actifs restants (bâtiments, terrains et stocks) a diminué au cours de la période de 1961 à 2002. La diminution de la part des stocks a été associée à l'application de méthodes de production « juste à temps ». La diminution dans le cas des bâtiments et des ouvrages de génie a été attribuable aux augmentations à long terme de la productivité du capital dans les secteurs qui utilisent le plus ce type d'investissement en infrastructure, soit les transports, les communications, les services publics et l'eau (voir Baldwin et Dixon, 2007).

Il y a eu un déplacement à long terme des services du capital dans le secteur canadien des entreprises, des bâtiments et ouvrages de génie, terrains et stocks vers les machines et le matériel. L'augmentation du capital en machines et matériel a été surtout attribuable aux technologies de l'information et des communications. Au cours de la période de 1961 à 2002, le capital des technologies de l'information et des communications a augmenté au taux annuel de 14,1 %. Les augmentations spectaculaires des services du capital des technologies de l'information et des communications sont survenues alors que le prix du capital des technologies de l'information et des communications diminuait relativement à celui d'autres formes de capital. Les entreprises canadiennes ont fait d'importants investissements en technologies de l'information et des communications pour profiter de la baisse spectaculaire du prix du capital des technologies de l'information et des communications.

3. Quels types de travail sont utilisés dans le processus de croissance?

La composition de la main-d'œuvre a changé de façon spectaculaire depuis 1961 (Gu et coll., 2002). De 1961 à 1979, la part des travailleurs plus jeunes (de moins de 25 ans) a d'abord fortement augmenté, puis amorcé une tendance à la baisse qui s'est poursuivie jusqu'au milieu des années 1990. Au fur et à mesure du vieillissement de cette génération de l'après-guerre, le nombre de travailleurs dans le groupe des 25 à 44 ans a augmenté à compter des années 1970 jusqu'au début des années 1990, puis a diminué. Ce long cycle démographique a d'abord entraîné une diminution de l'expérience moyenne de la main-d'œuvre puis, plus récemment, une augmentation.

Des changements importants s'observent également en ce qui concerne le niveau de scolarité de la main-d'œuvre. Le pourcentage des travailleurs titulaires d'un diplôme d'études secondaires seulement n'a cessé de diminuer et celui des titulaires de diplôme d'études postsecondaires a augmenté. Ainsi, la proportion de travailleurs ayant fait des études postsecondaires partielles est passée de moins de 10 % en 1961 à plus de 40 % en 2000.

La baisse de l'âge moyen attribuable aux ajouts de proportions relativement importantes de travailleurs plus jeunes durant la période étudiée puis à une augmentation du nombre de travailleurs expérimentés lorsque ces travailleurs ont atteint la maturité a eu des effets tout à fait contraires sur la contribution au facteur travail du relèvement des compétences, soit ce que nous appelons dans le présent document « composition de la main-d'œuvre ». L'effet de l'évolution du niveau d'expérience attribuable au rajeunissement de la main-d'œuvre puis à son vieillissement suit une courbe en forme de U inversé, soit une baisse attribuable à la composante « expérience » suivie d'une hausse.

Cependant, l'effet du changement sur le plan de l'expérience au cours de la plupart des périodes étudiées est petit. L'augmentation de la composante « compétence » attribuable au relèvement des niveaux de scolarité a un effet beaucoup plus important. Étant donné que ce relèvement se poursuit de façon plus ou moins constante durant la période étudiée, c'est à ce facteur que tient la plus grande partie de l'augmentation saisie par la composition de la main-d'œuvre ou la composante « qualité » de la croissance du facteur travail.

4. Quelle est la contribution relative du capital, du travail et de la croissance de la productivité à la croissance économique?

Le cadre comptable de la croissance décompose la croissance de la production en trois composantes, soit la croissance du facteur travail, la croissance du facteur capital et la productivité multifactorielle. La production a besoin de travail et de capital, et la croissance de la production peut être limitée par la pénurie de l'un ou l'autre de ces facteurs. Dans un monde où la croissance démographique limite la croissance de l'emploi à l'avenir, le maintien des taux de croissance actuels dépendra de la possibilité d'accélérer les taux de croissance du capital ou de la productivité multifactorielle. L'expérience historique peut donner une idée des possibilités de substitution qui se présentent ici.

Durant la période de 1961 à 2002, la production s'est accrue de 3,9 % par an dans le secteur des entreprises. Les services du capital ont contribué pour 1,8 points de pourcentage ou 47,3 % de la croissance de la production du secteur des entreprises. L'apport du facteur travail a été de 1,5 points de pourcentage ou 38,1 % de la croissance de la production. Une bonne partie de la croissance tant du travail que du capital était attribuable à des changements de la composition de l'un et l'autre agrégat, c'est-à-dire que la composition des facteurs a changé au cours de la période étudiée, passant de facteurs moins productifs à des facteurs plus productifs. La croissance attribuable à l'amélioration des compétences représentait environ le tiers de la croissance totale tant du travail que du capital.

La croissance de la productivité multifactorielle était la source de croissance de la production la moins importante dans le secteur des entreprises, contribuant pour 0,6 point de pourcentage ou 14,6 % de la croissance de la production. La croissance des services du capital a donc été plus importante que la croissance du travail au cours de la plus grande partie de la période et elle offre des possibilités de compensation des réductions de la croissance du travail attendues de la baisse prévue de la croissance démographique au Canada.

De nombreux facteurs influent sur le taux de croissance du facteur travail, dont l'évolution des facteurs socioéconomiques qui entraînent une plus grande participation au marché du travail des femmes, ainsi que des augmentations de la participation des hommes plus âgés et de l'immigration. Au cours de la période étudiée, le taux de croissance de l'emploi a lentement diminué. Si ces baisses se poursuivent à l'avenir, la croissance globale pourrait diminuer, à moins que la croissance du capital ou de la productivité multifactorielle n'augmente. Selon les données historiques, toutefois, ni l'une ni l'autre de ces composantes n'a augmenté suffisamment au cours des trois dernières décennies pour compenser la baisse de la productivité du travail qui s'est déjà produite. La contribution de la croissance du capital a diminué au cours de la période étudiée, plus encore que celle de la croissance du travail, à compter des années 1980 et jusque dans les années 1990. La catégorie restante, non mesurée (croissance de la productivité multifactorielle) a également affiché une baisse par rapport au sommet atteint au cours de la période de 1961 à 1973, même si, selon certaines indications, le point le plus bas a été atteint à la fin des années 1980 et une tendance à la hausse s'est amorcée dernièrement.

Néanmoins, la croissance moyenne de la productivité multifactorielle au cours de la plus grande partie de la période étudiée n'a pas été importante comparativement à la croissance des facteurs travail. En outre, il est moins évident que des augmentations sur ce plan sont susceptibles de compenser les diminutions de la croissance du travail à l'avenir.

Ceux qui souhaitent comparer les estimations de la productivité multifactorielle au Canada et celles d'autres pays doivent se rappeler que les composantes « qualité » sont comprises dans le calcul des facteurs travail et capital dans les Comptes canadiens de productivité. Autrement dit, on ne se borne pas à faire la somme des heures travaillées par tous les groupes de travailleurs ou de faire la somme du capital pour tous les types d'actifs. On calcule les moyennes pondérées de la croissance des heures travaillées en utilisant 56 différentes catégories de travailleurs et 28 différents types d'actifs. Ainsi, les Comptes canadiens de productivité tiennent compte des différences de productivité des divers facteurs. L'écart entre le taux de croissance pondéré des différents facteurs et la simple somme de toutes les heures ou de tout le capital est appelé l'effet du changement de composition de la main-d'œuvre ou du capital, ou encore, respectivement, effet de la composition de la main-d'œuvre et effet de la composition du capital. Cette façon de procéder donne des estimations considérablement plus élevées de la croissance des facteurs (travail et capital) et, en même temps, des estimations plus faibles de la croissance de la productivité multifactorielle.

Par exemple, l'effet de la composition de la main-d'œuvre s'établissait en moyenne à 0,7 % par an de 1961 à 2002. Multiplié par la part du travail pour donner la contribution, à la croissance de la production, de l'effet du changement de composition de la main-d'œuvre incluant plus de travailleurs qualifiés, cela donne une moyenne d'environ 0,5 % par an. Le même effet de la composition du capital s'établissait en moyenne à 1,5 % par an, soit, multiplié par la part du capital pour donner la contribution à la croissance de la production de l'effet du changement de composition du capital incluant plus d'actifs productifs, environ 0,6 % par an. Si ces deux effets de composition étaient ajoutés de nouveau à l'estimation de la productivité multifactorielle de 0,6 % par an, l'estimation de la productivité multifactorielle non corrigée augmenterait de 1,6 % par an, soit une augmentation de près de 300 %. Il importe donc de tenir compte de l'hétérogénéité des facteurs, car elle modifie les conclusions qui peuvent être tirées du cadre comptable de la croissance. Nous en arrivons ici à la conclusion que la plus grande partie de la croissance était attribuable à une augmentation des facteurs et non aux progrès technologiques non incorporés. Si nous n'avions pas apporté les corrections nécessaires pour tenir compte de l'évolution de la qualité des facteurs, nous aurions tiré la conclusion contraire.

Pour pouvoir nous fier à des taux plus élevés de croissance de la productivité multifactorielle à l'avenir pour maintenir les taux de croissance économique actuels, nous devons déterminer si des augmentations sont possibles et ce, sur une base durable. Les données historiques ne permettent pas de croire à la probabilité de fortes augmentations, ni à leur durabilité. Les contributions du travail et du capital sont beaucoup plus sûres que celles de la productivité multifactorielle. La croissance de la productivité multifactorielle a été la plus forte durant la période de 1961 à 1973, et la plus faible, durant la période de 1979 à 1989. La croissance des services du capital, bien qu'à la baisse, était généralement plus importante que celle des services du travail. Ensemble, les taux de croissance de ces deux facteurs ont contribué pour plus de 1,0 point de pourcentage à la baisse de 2,3 points de pourcentage de la production survenue entre les périodes de 1961 à 1973 et de 1973 à 2002. Le reste de la diminution était attribuable à une croissance beaucoup plus faible de la productivité multifactorielle. Toutefois, entre les années 1980 et 1990, si la croissance des facteurs travail et capital a diminué, la productivité multifactorielle a augmenté suffisamment pour compenser ces diminutions dans une large mesure.

5. Quelle est l'importance des divers facteurs qui déterminent la croissance de la productivité du travail?

La croissance de la productivité du travail revêt de l'intérêt parce qu'elle est étroitement reliée à la variation des taux de salaire réels à long terme.

Au cours de la période de 1961 à 2002, la productivité du travail a augmenté au taux annuel de 2,2 % dans le secteur des entreprises. L'approfondissement du capital a été le facteur le plus important. Il a contribué pour 1,2 points de pourcentage et 53,2 % de la croissance de la productivité du travail. Le changement de composition de la main-d'œuvre a été une importante source de croissance de la productivité du travail en importance dans le secteur des entreprises pour la période de 1961 à 2002, contribuant pour 0,5 point de pourcentage ou le quart de la croissance de la productivité du travail dans ce secteur. Un effet de composition de la main-d'œuvre positif saisit l'augmentation des niveaux moyens de scolarité et d'expérience des travailleurs. L'importance de la composition de la main-d'œuvre montre donc que les investissements sur le plan des études et de la formation ont contribué de façon importante à la croissance de la productivité du travail au Canada.

La contribution de l'approfondissement du capital des technologies de l'information et des communications à la croissance de la productivité du travail a affiché une forte augmentation au fil du temps. Durant la période de 1961 à 1973, seule une faible partie de la contribution du capital à la productivité du travail était attribuable à l'investissement en technologies de l'information et des communications. Durant la période de 1989 à 2002, environ 58,6 % de la contribution des services du capital à la productivité du travail peuvent être attribués à l'approfondissement du capital des technologies de l'information et des communications. En outre, il est significatif que la croissance de la productivité multifactorielle ait repris durant cette dernière période. Selon certains chercheurs, cela laisse supposer que ce ne sont pas les augmentations de l'intensité du capital qui importent, mais plutôt le type de capital.

La croissance de la productivité multifactorielle a contribué pour le 0,6 point de pourcentage restant ou 26,1 % à la croissance de la productivité du travail. La croissance de la productivité multifactorielle est souvent associée au progrès technologique, aux changements organisationnels, aux économies d'échelle ou à la variation des taux d'utilisation1. Même si elle contribue de façon importante à la croissance de la productivité du travail, dans ce cadre, son importance est néanmoins inférieure à celle de l'investissement en général. Il convient toutefois de nuancer ce type de conclusion. Le cadre comptable de la croissance décompose les contributions des différents facteurs en composantes distinctes et indépendantes, par souci de simplicité. Ultérieurement, les types de changements technologiques inhérents à la mesure de la productivité multifactorielle sont sans doute fonction des investissements en nouvelles technologies, nouvelles formes d'organisations, nouvelles façons de faire des affaires et recherche-développement. Un ensemble plus détaillé de mesures dans tous ces domaines aurait tout simplement pour effet d'allonger la liste des types d'actifs immobilisés qui sous-tendent le progrès technologique.

L'approfondissement du capital et la productivité multifactorielle ont évolué parallèlement au cours de deux des périodes étudiées. De 1961 à 1973, tous deux ont contribué de façon importante. De 1979 à 1989, l'apport de l'un et l'autre a diminué comparativement aux périodes antérieures. Cela laisse supposer qu'au cours de certaines périodes, l'investissement dans le type d'actifs traditionnels qui sont mesurés en stock de capital favorise le progrès technologique. Au cours d'autres périodes (1973 à 1979), malgré un important approfondissement du capital, la productivité multifactorielle est plus faible, ce qui laisse supposer que les investissements traditionnels n'ont pas créé des conditions suffisantes en ce sens au progrès technologique, et qu'il y avait peut-être des lacunes au cours de cette période en ce qui concerne les dépenses complémentaires nécessaires au changement.

6. Quelles sont les différences entre les profils de croissance au niveau de l'industrie?

Nous examinons également dans le présent document le rendement des industries en utilisant le cadre comptable de la croissance au niveau de l'industrie. Nous tâchons de déterminer si les tendances relevées pour l'ensemble de l'économie sont généralisées ou concentrées seulement dans les industries les plus importantes. À cet effet, nous posons plusieurs questions :

6.1 La croissance de la productivité est-elle attribuable principalement à un seul secteur?

Au niveau de l'industrie, les industries productrices de biens affichent généralement une plus forte croissance de la productivité que les secteurs des services. Il y a toutefois des exceptions à la règle. Les industries du secteur de l'information ont affiché certains des taux de croissance les plus élevés tant pour ce qui est du travail que de la productivité multifactorielle. Le secteur de l'information a bénéficié de la révolution des technologies de l'information et des communications (Beckstead et Gellatly, 2003).

Au cours de toute la période, des taux de croissance élevés s'observent tant pour les biens que pour les services, soit du côté de l'information et des transports ainsi que du côté de la fabrication et de l'agriculture. La croissance de la productivité demeure particulièrement forte dans le secteur de l'agriculture, phénomène qui s'est maintenu pendant presque tout le siècle.

On observe une forte croissance tant dans les industries de la nouvelle économie que dans celles de l'ancienne économie. On ne peut faire de généralisations faciles au sujet des industries qui connaissent la plus forte croissance de la productivité et les plus grands changements technologiques. Cela donne à penser que les progrès technologiques ne sont ni faciles à prévoir, ni faciles à classifier. Ils ont lieu à différents moments et dans différents endroits.

6.2 L'importance de l'accumulation de capital est-elle uniforme à l'échelle des industries?

L'économie se compose d'industries comprises dans toute la gamme allant de celles à forte intensité de capital à celles à plus forte intensité de travail. Comme on pourrait s'y attendre, l'accumulation de capital est la source dominante de la croissance de la production dans les deux industries des ressources naturelles, soit le secteur de l'extraction minière et de l'extraction de pétrole et de gaz et celui des services publics. Toutefois, le capital est également important dans les secteurs des finances, de l'assurance et de l'immobilier. Le facteur travail contribue le plus à la croissance de la production dans le secteur des services professionnels, et celui des services d'enseignement et des soins de santé. Il s'agit là de deux industries à forte intensité de travail. Même dans ces deux secteurs, toutefois, le capital est une source importante de croissance de la production. Dans les services professionnels, la contribution du travail à la croissance de la production était de 3,1 points de pourcentage, comparativement à celle de 3,0 points de pourcentage pour le capital, 2,5 points de pourcentage pour les facteurs intermédiaires, et -1,9 points de pourcentage pour la croissance de la productivité multifactorielle. Dans le secteur du commerce, tant de détail que de gros, la contribution du travail est relativement plus élevée que celle du capital.

6.3 L'approfondissement du capital est-il le principal facteur contribuant à la croissance de la productivité du travail?

Les contributions à la croissance de la productivité du travail diffèrent sensiblement d'une industrie à l'autre. Dans certaines industries, l'approfondissement du capital est le principal facteur contribuant à la croissance de la productivité du travail. Dans ces industries, toutefois, on n'observe pas de tendance régulière selon laquelle la croissance de la productivité multifactorielle contribue de façon plus importante, ou même positive, à la croissance de la productivité du travail. Dans la plupart des industries, l'augmentation de la qualité de la main-d'œuvre joue un rôle important, moins important toutefois que celui de la croissance de la PMF. En outre, on observe une plus faible variation d'une industrie à l'autre de la contribution du relèvement du niveau de compétence que de l'approfondissement du capital ou de la croissance de la productivité multifactorielle. La croissance dans l'économie du savoir se répercute à l'échelle des industries (voir Baldwin et Beckstead, 2003).

6.4 Comment les industries de la nouvelle économie diffèrent-elles de celles de l'ancienne économie?

La part des industries de la nouvelle économie dans le secteur des entreprises est petite et a peu varié au fil du temps. Au cours de la période de 1961 à 2002, les industries de la nouvelle économie représentaient entre 7 % et 8 % du produit intérieur brut nominal dans le secteur canadien des entreprises. Les industries des ressources naturelles ont contribué plus que celles de la nouvelle économie au produit intérieur brut nominal au Canada. En 2002, le secteur des ressources naturelles représentait 18,8 % du produit intérieur brut nominal dans l'ensemble du secteur des entreprises. Les industries de la nouvelle économie ont affiché la plus forte productivité du travail et la plus forte croissance de la productivité multifactorielle au cours de la période de 1961 à 2002. Les industries des ressources naturelles se situaient au deuxième rang pour ce qui est de la croissance de la productivité du travail, mais elles ont affiché une croissance de la productivité multifactorielle inférieure à celle des autres industries dans le secteur des entreprises. L'investissement et l'approfondissement du capital constituent une source plus importante de croissance de la production et de la productivité dans les industries des ressources naturelles que dans celles de la nouvelle économie. Le progrès technologique a été plus rapide dans les industries de la nouvelle économie que dans celles des ressources naturelles.

6.5 Les fluctuations de la croissance de la productivité dans l'ensemble de l'économie sont-elles attribuables principalement à un secteur?

Les fluctuations de la productivité au niveau de l'économie agrégée ne peuvent être attribuées à un secteur donné ou à une industrie donnée tout au long de la période étudiée. Les différentes industries dont les taux de croissance de la productivité baissent changent d'une période à l'autre, de sorte que les changements qui se produisent sont idiosyncrasiques et particuliers à l'industrie donnée. Le changement technologique n'a pas d'effet uniforme à l'échelle de l'ensemble des industries.

  1. Selon des études sur les déterminants de la croissance de la productivité, il y aurait complémentarité entre le capital physique, le capital humain et le processus technique (Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE], 1991; Gera, Gu et Lee, 1998). Le cadre comptable de la croissance qui sert habituellement à l’examen des sources de croissance de la productivité du travail ne tient pas compte de cette complémentarité.

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Date de modification : 2007-06-25 Avis importants