5 Conclusions

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Lorsqu'on compare l'intensité du capital entre pays, on doit surmonter le problème des différences éventuelles relatives aux méthodes et aux sources de données. Dans le présent document, nous tâchons de résoudre ce problème en standardisant un ensemble crucial d'hypothèses de manière à produire un ensemble d'estimations plus comparables. Tout d'abord, nous adoptons un ensemble commun d'estimations de la dépréciation pour les deux pays, puis nous estimons le stock de capital au moyen de la méthode de l'inventaire permanent. Bien qu'il soit possible que le capital se déprécie à des taux différents dans des pays dont les économies présentent des caractéristiques concurrentielles différentes, le Canada et les États-Unis sont suffisamment semblables pour que des différences soient peu probables.

L'utilisation d'un ensemble comparable de taux de dépréciation modifie la nature des conclusions au sujet de l'intensité du capital dans les deux pays. Si les comparaisons de l'intensité du capital sont fondées sur les taux de dépréciation utilisés par Statistique Canada dans le cadre du programme de la productivité et par le Bureau of Economic Analysis dans ses estimations de stock de capital, alors le stock de capital en part du produit intérieur brut (PIB), ou l'intensité du capital, est inférieur au Canada. Toutefois, lorsque nous imposons des taux de dépréciation communs pour des catégories d'actifs comparables, l'intensité du capital est plus forte au Canada qu'aux États-Unis. Toutefois, une légère tendance à la baisse s'affiche depuis 1987, bien qu'elle soit plus faible lorsqu'elle est exprimée en dollars historiques qu'en dollars constants. Alors que les ratios du capital au PIB pour les actifs de la catégorie des ouvrages de génie ont augmenté et sont demeurés essentiellement les mêmes pour les bâtiments, l'intensité au chapitre des machines et du matériel (M et M) liées aux technologies de l'information et des communications (TIC) a diminué.

Les ratios du capital à la production sont des statistiques sommaires qui nous fournissent des éclaircissements sur la nature du processus de production. Des ratios du capital à la production plus élevés indiquent une plus grande utilisation de capital dans l'activité de production. Nous nous sommes appuyés sur les variations de ces ratios au fil du temps pour en arriver à des conclusions au sujet de la productivité du capital ou de la mesure dans laquelle le progrès technologique valorise surtout la main-d'œuvre.

Les données présentées ici laissent supposer que l'intensité du capital au niveau de l'ensemble du secteur des entreprises est plus élevée au Canada qu'aux États-Unis. Au niveau de l'économie dans son ensemble, toutefois, il semble y avoir peu de différences sur le plan de l'intensité globale du capital. Elle est légèrement plus faible lorsqu'elle est mesurée en dollars constants de 1997 mais virtuellement inchangée lorsqu'elle est mesurée en dollars courants.

Lorsqu'on utilise des macrodonnées portant sur l'économie dans son ensemble, on court toujours le risque de ne pas tenir compte de différences importantes dans la structure sous-jacente de l'économie. Notre examen des différences dans les composantes sous-jacentes (les actifs ainsi que les industries) révèle que c'est bien le cas ici.

Quoique l'intensité globale du capital dans le secteur des entreprises est plus élevée au Canada — parce que celui-ci possède plus d'actifs de la catégorie des ouvrages de génie et moins d'actifs des TIC — l'intensité du capital en M et M non TIC et en bâtiments est plus comparable dans l'un et l'autre pays 23. Abstraction faite de l'explication tenant à des différences de classification entre les deux pays, ce résultat laisse fortement supposer une fonction de production agrégée différente, qui découle d'une composition industrielle différente ou de différences sur le plan des techniques de production qui sont associées à une économie différente.

Pour examiner cette question, nous procédons à une analyse de décomposition shift-share pour déterminer si la plus forte intensité du capital au Canada est attribuable à des différences en ce qui a trait à la composition des actifs ou de l'industrie. Selon cette analyse de décomposition, la plus forte intensité capitalistique du secteur des entreprises au Canada s'explique principalement par sa structure industrielle et l'importance des actifs de la catégorie des ouvrages de génie dans ce secteur. Nous observons au Canada une plus forte intensité de capital en actifs de la catégorie des ouvrages de génie dans les diverses industries et un plus grand nombre d'industries où les ratios des ouvrages de génie à la production sont plus élevés. L'intensité du capital en ouvrages de génie au Canada est très élevée dans deux secteurs — le secteur primaire (y compris les mines) et celui des services publics — ensemble, ils contribuent le plus à l'avantage du Canada sur les États-Unis quant à l'effet de l'intensité.

Les industries où sont concentrés les actifs de la catégorie des ouvrages de génie sont des industries infrastructurelles de base qui fournissent des services universels sur lesquels s'appuie le reste de l'économie, soit le transport, les communications et l'énergie. Ces industries sont plus importantes au Canada, peut-être du fait que le Canada jouit d'un avantage comparatif inhérent dans certains secteurs des ressources naturelles qui sont associés à ces industries et que l'économie canadienne est plus diversifiée sur le plan géographique et utilise davantage les services de ces secteurs par unité du PIB produit que ne le font les États-Unis.

Lorsque nous tenons compte de la structure industrielle pour les actifs de la catégorie des M et M, nous constatons que la plupart des industries du secteur des entreprises au Canada sont moins capitalistiques que celles aux États-Unis. Dans le cas des M et M non TIC, nous observons un petit déficit d'environ 12 %. Le déficit est plus prononcé dans le cas des investissements en TIC — quelque 33 %. L'intensité du capital en TIC au Canada est systématiquement inférieure à celle aux États-Unis, du moins depuis 1987. L'écart était assez généralisé sur l'ensemble des industries en 2003. Il était particulièrement important dans les secteurs de la construction; du transport, de l'entreposage et des services publics; et des finances, assurances et services immobiliers, et services de location et de location à bail.

Enfin, il convient de souligner que les secteurs non commerciaux dans l'un et l'autre pays se ressemblent pour ce qui est de l'utilisation des bâtiments et de l'infrastructure de génie, mais diffèrent fortement lorsqu'il s'agit des dépenses au chapitre des M et M. Cette forte différence tient en partie aux dépenses au titre du matériel militaire aux États-Unis.

Pour toute évaluation de l'économie canadienne, on doit donc tenir compte du fait qu'elle se compose de différents secteurs. Il ne s'agit pas d'une entité homogène ayant une fonction de production unique qui peut être estimée facilement en s'appuyant sur des données agrégées. Les décisions stratégiques en pareil cas devraient peut-être tenir compte de la mesure dans laquelle les différences de composition des actifs tiennent à de simples raisons liées à un avantage comparatifinhérent, au fait d'être un pays du Nord à densité de population plus faible que notre voisin du Sud et au fait que les facteurs liés aux politiques publiques favorisent ou non de telles différences sur le plan de la configuration du capital au Canada et aux États-Unis.

 

23. L'intensité du capital de la catégorie des machines et du matériel hors secteur des technologies de l'information et des communications est un peu plus élevée au Canada lorsqu'elle est fondée sur des taux de dépréciation du Canada, mais elle est un peu moins élevée lorsqu'elle est fondée sur des taux de dépréciation des États-Unis. L'intensité du capital pour les bâtiments est à peu près la même lorsque les taux de dépréciation du Canada sont employés, mais légèrement moins élevée lorsque les taux de dépréciation des États-Unis sont utilisés (voir le tableau 4). Comme ces deux estimations sont proches de la valeur 1, il est difficile de rejeter la conclusion que l'intensité du capital pour ces deux actifs est essentiellement la même. Il s'agit des deux mêmes actifs pour lesquels les tests statistiques sont les moins aptes à rejeter l'hypothèse nulle selon laquelle il n'y a pas de différences significatives d'intensité du capital au Canada et aux États-Unis (voir le tableau 11).