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Le capital public constitue un apport essentiel à la production du secteur privé. Il prend essentiellement la forme de routes, de ponts, de réseaux d'égout et d'installations d'épuration des eaux. Le capital public rend possible la concentration géographique des ressources économiques et contribue à engendrer des marchés plus vastes et plus actifs au chapitre de la production et de l'emploi.

Malgré l'importance du capital public, son incidence sur la croissance de la productivité du secteur des entreprises ou sur le produit intérieur brut (PIB) de l'ensemble de l'économie a été relativement peu analysée. Cela tient pour une bonne part au manque de données étendues sur l'infrastructure ainsi qu'à l'absence de consensus en ce qui concerne le meilleur moyen d'estimer l'incidence du capital public. Le capital public en Amérique du Nord est généralement la propriété du secteur public et est financé au moyen des impôts et des taxes, de sorte qu'il n'y a pas de marché pour sa production. En outre, puisqu'il n'existe pas, en Amérique du Nord, de proches substituts du capital public dans le secteur privé, il est impossible d'utiliser les renseignements sur le secteur privé à titre de valeur de substitution pour le secteur public. Dès lors, il n'est pas facile d'obtenir des estimations de l'incidence du capital public.

Pour ces raisons, le rôle du capital public en ce qui concerne la croissance de la productivité du secteur des entreprises n'a pas été étudié de façon approfondie. Cette étude évalue quelle part de cette croissance de la productivité du travail et de la productivité multifactorielle (PMF) peut être attribuée à l'investissement dans les infrastructures.

Le cadre comptable de la croissance, actuellement utilisé à des fins d'analyse de la productivité, se concentre sur les entrées et sorties du secteur privé. La PMF consiste en la différence entre le taux de croissance de la production du secteur des entreprises et la somme pondérée de la croissance dans l'emploi et le capital qui sont utilisés pour le processus de production par le secteur des entreprises. L'impact du capital public est pris en compte dans la PMF.

Cette étude fait référence à un cadre comptable de la croissance ainsi qu'à une estimation de l'élasticité de la production du secteur des entreprises par rapport au capital public afin d'examiner l'incidence du capital public sur la croissance de la productivité dans le secteur des entreprises au Canada. Elle fait ceci en ajoutant aux intrants considérés dans le cadre conventionnel des estimations multifactorielles de la productivité tant les intrants du secteur privé (capital et travail) que le capital du secteur public.

L'étude explore plusieurs questions : 

1. Quelle part de la croissance de la productivité du travail a été le résultat de l'expansion du capital public?

Chaque année, entre 1962 et 2006, le capital public a contribué pour environ 0,2 point de pourcentage à la productivité du travail. Malgré une plus importante contribution provenant de l'expansion du capital privé (en moyenne 1,3 point de pourcentage), le capital public a néanmoins été en moyenne à l'origine de 9 % de la croissance de la productivité du travail au cours de la même période.

2. Quelle part des estimations conventionnelles de la productivité multifactorielle (PMF) est attribuable au capital public?

L'estimation conventionnelle de la croissance de la productivité multifactorielle (PMF) est mesurée de façon résiduelle après la prise en compte du changement des intrants provenant du secteur privé. Donc, elle inclut la contribution du capital public à la production du secteur privé. L'estimation conventionnelle de la croissance de la productivité multifactorielle (PMF) est en moyenne de 0,4 % par an.

L'estimation expérimentale de la PMF calculée dans cette étude provient d'une analyse qui inclut explicitement la contribution du capital public à la valeur ajoutée du secteur privé. Elle exclue donc la contribution du capital public à la croissance de la PMF. L'estimation expérimentale de la PMF est en moyenne de 0,2 % par an, ce qui en fait la moitié de l'estimation conventionnelle. Ainsi, 50 % de l'estimation conventionnelle est attribuable à la croissance de l'infrastructure publique.

3. L'apport du capital public à la croissance de la productivité est-il constant au fil du temps?

Non, il a été considérablement plus grand au début de la période d'après-guerre lorsque l'investissement dans les infrastructures publiques était plus important. C'est au cours des périodes allant de 1962 à 1966 et de 1967 à 1973 que le capital public a contribué le plus à la croissance de la productivité du travail. Durant ces années, l'apport du capital public à la croissance de la productivité du travail s'est établi à 0,4 point et à 0,3 point de pourcentage, respectivement. Après 1980, l'apport du capital public à la productivité du travail s'est élevé en moyenne à seulement 0,1 point de pourcentage par année.

Les analystes qui emploient les estimations conventionnelles de la productivité multifactorielle ont été longtemps confrontés à l'idée problématique que la croissance de la productivité a été remarquablement plus importante avant 1980 qu'elle ne l'a été après cette période. Les nouvelles mesures qui prennent en considération l'incidence de l'infrastructure publique diminuent sensiblement la disparité entre les deux périodes et font qu'une part de l'importante croissance avant 1980 est attribuable à la croissance très considérable de l'infrastructure publique.

4. La diminution des investissements en immobilisations des administrations publiques a-t-elle entraîné le ralentissement de la croissance de la productivité?

Bien que le ralentissement de la croissance de la productivité au Canada ait coïncidé avec une croissance moins forte du stock de capital public, rien dans l'analyse dont il est question ici ne permet d'établir de lien de causalité entre les deux phénomènes. Le ralentissement des investissements en immobilisations des administrations publiques est survenu lorsque l'expansion du réseau routier national, qui durait depuis des décennies, a pris fin et que les projets prévus ont été achevés. Cela a eu pour effet de restreindre les perspectives d'investissement pour le secteur public, qui en est donc venu tout naturellement à investir moins.

5. Quel est le degré de robustesse des taux de rendement estimatifs ayant servi à mesurer l'incidence du capital public sur la production?

L'impact de l'infrastructure publique est tiré des estimations du taux de rendement des infrastructures publiques présentées dans l'étude de Macdonald (2008). Puisque ces estimations du taux de rendement sont dérivées de techniques économétriques, elles sont sujettes à l'erreur statistique. Le taux de rendement réel se retrouve dans l'intervalle entourant les estimations dérivées des techniques économétriques. Pour saisir l'incertitude entourant le vrai taux de rendement, on exécute une analyse de sensibilité qui emploie plusieurs approches mesurant la robustesse des résultats selon diverses estimations du taux de rendement : 

  1. Les estimations du taux de rendement de plus ou moins 10 points de pourcentage autour de la valeur de 17 % utilisée dans les calculs principaux sont employées afin d'évaluer la sensibilité des résultats à diverses valeurs du taux de rendement. L'importance de la contribution moyenne du capital public à la croissance de la productivité du travail varie de 0,1 à 0,3 point du moment que le taux de rendement change. Cependant, la conclusion que le capital public apporte une contribution importante à la croissance de la productivité demeure inchangée.
  2. La méthode de base utilisée dans le document suppose que l'incidence du capital public est constante au fil du temps. Des analyses sont effectuées pour évaluer la sensibilité des résultats à l'utilisation d'un taux de rendement qui varie dans le temps. L'utilisation d'un tel taux donne des résultats qui concordent de façon générale avec ceux obtenus lorsque l'on a recours à un taux de rendement fixe. Le capital public demeure un facteur important du processus de production du secteur privé et continue d'être englobé dans les estimations conventionnelles de la productivité multifactorielle.
  3. Enfin, une vue plus globale de l'incidence de l'infrastructure publique a un deuxième avantage. Elle permet aussi une description plus juste de la manière par laquelle la production dans le secteur public est dérivée du travail par contraste avec les entrées de capital. Les estimations de la part du revenu imputable au travail dans le cas du secteur public sont recalculées selon l'hypothèse que le taux de rendement du capital public s'établit à 17 %. Les résultats sont ensuite comparés à ceux du secteur des entreprises. Lorsque l'on applique un taux de rendement de 17 % au PIB du secteur public, la part du revenu imputable au travail pour ce secteur devient similaire à celle calculée pour le secteur des entreprises, passant de 0,8 avant l'inclusion de l'impact de l'infrastructure publique à une valeur se situant entre 0,5 et 0,6 selon l'année. La part du revenu imputable au travail pour le secteur des entreprises de 1961 à 2006 s'élève en moyenne à 0,6.
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