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  1. Introduction
  2. Pertes d'essence par évaporation
  3. Sources de pertes d'essence par évaporation
  4. Sources de données
  5. Résultats et estimations : pertes par évaporation
  6. Mot de la fin

1   Introduction

L'Enquête sur les processus industriels (EPI) a été menée principalement pour mettre à l'essai une méthode de collecte de données sur les activités opérationnelles et les processus industriels propre à faciliter la modélisation ou l'imputation des émissions de polluants des petites et moyennes entreprises au Canada.

Aux fins de validation de principe, l'EPI pilote était axée sur les activités opérationnelles et les processus industriels utilisés dans les postes d'essence au détail au Canada. Les postes d'essence au détail et leurs émissions de vapeur d'essence ont été sélectionnés de concert avec Environnement Canada pour combler une importante lacune de données. La population observée comprenait les postes d'essence au détail ainsi que les ports de plaisance dotés de pontons de ravitaillement en carburant. Elle était constituée des établissements dont l'activité principale était la vente au détail d'essence, peu importe s'ils étaient exploités conjointement avec un dépanneur, un atelier de réparation automobile, un restaurant ou un autre type d'exploitation. Ont été exclus les postes vendant uniquement du carburant diesel et ceux nécessitant une carte d'accès. Des méthodes statistiques standard ont été utilisées aux fins de la collecte des données y compris l'élaboration de la base de sondage, la sélection de l'échantillon et les méthodes de vérification statistique, d'imputation et de pondération 1  . Les données recueillies portent sur les quantités d'essence vendues, la fréquence des livraisons d'essence par camion-citerne, le nombre de réservoirs de stockage de l'essence, le nombre de distributeurs de carburant, l'âge de l'établissement et d'autres activités et processus connexes qui brossent le tableau de ce secteur de l'économie canadienne 2  .

Ce rapport présente la méthode de modélisation utilisée aux fins de l'estimation des pertes d'essence par évaporation au moyen de l'intégration des données de l'EPI et d'un ensemble de modèles mathématiques 3 , 4 , 5  .Les résultats sont présentés ici à titre de validation de principe et non d'estimations statistiques officielles.

Les résultats de l'enquête peuvent s'ajouter utilement à la composante des sources diffuses de l'Inventaire national des rejets de polluants atmosphériques d'Environnement Canada tandis que les sources ponctuelles figurent dans l'Inventaire national des rejets de polluants (INRP). L'INRP rassemble des données provenant de plusieurs sources et présente des estimations des émissions de divers polluants atmosphériques y compris les composés organiques volatils qui sont les composantes de l'essence rejetées dans l'air. Une partie de l'INRP recueille des données sur l'émission de polluants auprès d'établissements ou d'installations dont les émissions sont supérieures aux seuils établis. Le seuil appliqué à l'INRP limite la couverture statistique de ce dernier. Ainsi, l'inventaire porte uniquement sur les grands émetteurs et ne contient pas de données sur les émetteurs petits et de taille moyenne. Or, ces émetteurs petits et de taille moyenne pourraient ensemble être à l'origine d'une part importante des émissions canadiennes de certains polluants. Par conséquent, l'EPI a été réalisée pour combler certaines lacunes de données dans les inventaires canadiens des rejets de polluants atmosphériques. En outre, étant donné son approche ascendante de la collecte de données sur les industries et les processus au moyen d'une enquête, l'EPI peut éventuellement produire des estimations de la pollution à des niveaux géographiques détaillés jusqu'au niveau de la grande ville.

Le présent rapport est organisé de la façon suivante. La section qui suit décrit les pertes d'essence par évaporation en général et mentionne certains des efforts déployés ailleurs pour les mesurer. Elle est suivie d'une description des sources des pertes par évaporation des postes d'essence au détail, portant tout particulièrement sur les postes d'essence au Canada. La section suivante présente les sources de données utilisées pour produire les estimations fournies à titre d'exemple des pertes d'essence par évaporation des postes d'essence au détail au Canada, y compris les résultats préliminaires de l'enquête. Les estimations elles-mêmes sont présentées dans la section qui suit. Les modèles mathématiques, les incertitudes et les hypothèses utilisés pour produire les estimations figurent en appendice.

2   Pertes d'essence par évaporation

L'essence est un mélange de composés organiques volatils (COV), principalement des hydrocarbures qui peuvent s'évaporer librement à l'air ambiant. Les postes d'essence au détail contribuent à l'ensemble des émissions de COV au Canada au moyen d'activités liées aux carburants menées sur une base quotidienne. L'essence contient des composés tels que le benzène, le toluène et l'éthylbenzène, dont certains ont des effets nocifs sur la santé humaine. Le benzène, par exemple, est un carcinogène qui est présent dans l'essence 6  . Selon la United States Environmental Protection Agency (USEPA), la concentration de benzène, d'éthylbenzène, de toluène et de xylène autour des maisons situées à 200 mètres de stations-service est plus élevée que les niveaux naturels en milieu urbain 7  . La vapeur d'essence, une fois rejetée dans l'atmosphère, se combine aux oxydes d'azote au soleil et produit de l'ozone. L'ozone troposphérique est un composant du smog qui aggrave les maladies respiratoires 8  .

Les pertes par évaporation du réseau de distribution d'essence, et plus particulièrement des postes d'essence au détail, ont fait l'objet de plusieurs études. Par exemple, la California Energy Commission recueille des renseignements sur toutes les stations de ravitaillement en carburant au détail en Californie au moyen du formulaire intitulé California Annual Retail Fuel Establishment Form que ces établissements doivent remplir à titre obligatoire 9  . Environment Australia s'appuie sur le National Pollutant Inventory (NPI) australien pour produire des estimations des émissions agrégées des stations-service 10  . Selon le European Emission Inventory Guidebook, le secteur de distribution d'essence est à l'origine de 1,5 % à 6,7 % des émissions totales d'origine humaine de composés organiques volatils autres que le méthane. Les valeurs déclarées s'appliquent aux 28 pays européens qui participent à l'inventaire 11  .

Au niveau de la station-service ou du poste d'essence, certaines études portent sur des données empiriques ou expérimentales tandis que d'autres utilisent des modèles théoriques basés sur les principes établis de la thermodynamique et de l'équilibre gaz-liquide. Des modèles mathématiques permettant de corréler l'évaporation de l'essence et de ses composés à d'autres facteurs pertinents ont été élaborés et établis 12 , 13 , 14 , 15 . La méthode utilisée pour estimer les pertes par évaporation dans le présent rapport prend appui sur ces études précédentes.

3   Sources de pertes d'essence par évaporation

Les pertes par évaporation dans les postes d'essence au détail peuvent être divisées en deux catégories. La première comprend les pertes attribuables aux processus et au matériel utilisés au poste d'essence au détail pour fournir l'essence. La deuxième catégorie comprend les pertes attribuées au ravitaillement de véhicules en carburant (perte liée au remplissage du réservoir de carburant de véhicules). Selon cette classification, les sources de perte d'essence par évaporation dans les postes d'essence au détail peuvent être ventilées comme suit : 

3.1  Pertes liées aux activités standard d'un poste d'essence au détail

3.1.1  Pertes de réservoir de stockage

La perte par remplissage des réservoirs de stockage d'essence est attribuable à la combinaison des effets de la livraison d'essence aux réservoirs de stockage (remplissage des réservoirs de stockage d'essence) et au vidage (pompage de l'essence des réservoirs de stockage aux distributeurs de carburant ou aux pompes à essence). Durant le remplissage des réservoirs de stockage, des vapeurs de carburant sont rejetées dans l'atmosphère parce que le niveau de liquide dans le réservoir monte, réduisant l'espace prévu pour la vapeur et poussant celle-ci vers le haut. Cet espace s'appelle également espace libre ou espace de tête.

Par conséquent, la vapeur est comprimée dans le réservoir, forçant le mélange air-vapeur à sortir par un tuyau d'évent. Si le tuyau d'évent du réservoir est muni d'une soupape de surpression-dépression, les vapeurs sont libérées seulement lorsque la pression à l'intérieur du réservoir dépasse la pression de sécurité. En l'absence de pareille soupape, comme c'est le cas dans la plus grande partie du Canada 16  , toute augmentation de pression dans le réservoir supérieure au niveau atmosphérique entraîne l'échappement des vapeurs par le tuyau d'évent ouvert. L'absence de telles soupapes de surpression-dépression sur les évents des réservoirs de stockage des postes d'essence au détail au Canada tient à la possibilité que ces soupapes gèlent durant la saison hivernale, entraînant le risque d'affaissement des réservoirs de stockage. Par conséquent, les postes d'essence au détail ne sont pas dans l'obligation d'installer des soupapes de surpression-dépression, cette décision étant laissée à leur discrétion.

Dans certaines régions du Canada, les conducteurs des camions-citernes qui assurent la livraison d'essence aux postes d'essence au détail sont tenus par la loi de fixer un deuxième tuyau flexible au réservoir d'essence au moment du remplissage de celui-ci afin de saisir une partie du mélange air-vapeur qui autrement s'échappera du tuyau d'évent. Ce processus s'appelle équilibrage de la vapeur. L'efficacité de cette méthode de récupération de la vapeur au moyen d'un « tuyau flexible secondaire » (c'est-à-dire, l'équilibrage de la vapeur) en l'absence d'une soupape de surpression-dépression sur le tuyau d'évent d'un réservoir est incertaine. Selon certains rapports, il y a récupération à 90 %, mais la plupart de ces rapports supposent la présence d'une soupape de surpression-dépression ou de quelque autre restriction de l'orifice durant les livraisons d'essence par camion-citerne 17 , 18  .

Deux méthodes sont couramment utilisées pour remplir les réservoirs de stockage des postes d'essence au détail, à savoir le remplissage en surface et le remplissage submergé. Le remplissage en surface provoque une importante turbulence du liquide et un contact vapeur-liquide qui donnent lieu à des niveaux élevés d'émission de vapeur et, par conséquent, de fortes pertes par évaporation par le tuyau d'évent. Lors du remplissage submergé, le tube descendant atteint presque le fond du réservoir de stockage de sorte que le nouveau carburant est versé sous le niveau de surface du liquide original. La turbulence du liquide est ainsi contrôlée, entraînant des émissions beaucoup plus faibles de vapeur et moins de pertes par évaporation que dans le cas du remplissage en surface.

Selon les résultats de l'EPI, il y a environ 29 000 réservoirs de stockage d'essence au détail au Canada et il est raisonnable de supposer qu'ils ne sont pas tous munis de tuyaux de remplissage submergés. On ne sait pas combien en sont munis, puisqu'on n'a pas demandé aux répondants à l'EPI de fournir ce renseignement. Aucun des exploitants de postes d'essence au détail n'a pu répondre à cette question au moment de la mise à l'essai de l'ébauche de questionnaire, de sorte que la question ne figurait pas sur le questionnaire final. Par conséquent, un algorithme d'incertitude comprenant à la fois le remplissage submergé et le remplissage en surface a été appliqué aux fins du calcul des estimations des pertes par évaporation.

Étant donné que les particules de saleté ont tendance à se déposer au fond des réservoirs de stockage, les tubes submergés sont d'une longueur qui leur permet d'aller jusqu'à 6 à 12 pouces environ du fond du réservoir de manière à éviter d'agiter les particules déposées. On suppose ici un certain remplissage en surface au début de toute opération de remplissage, qui graduellement devient entièrement submergé.

Dans la méthode d'estimation employée aux fins de la présente étude, un ratio est utilisé pour tenir compte d'un tel remplissage hybride (en surface et submergé). On a estimé un ratio fondé sur l'hypothèse selon laquelle le tuyau de remplissage est à 12 pouces du fond du réservoir et le niveau de l'essence dans un réservoir « vide » est toujours à 6 pouces du fond; autrement dit, aucun réservoir de stockage n'est complètement vidé avant le remplissage suivant. Ainsi, un espace vide de 6 pouces est toujours associé au remplissage en surface.

Le pompage d'essence lors du ravitaillement de véhicules en carburant contribue également à la perte par remplissage des réservoirs de stockage. Cette perte est attribuable à l'air inspiré par le tuyau d'évent dans le réservoir de stockage en raison de la baisse du niveau de liquide dans le réservoir due au pompage de l'essence. De nouveau, ce phénomène est plus prononcé dans les réservoirs de stockage dont l'évent n'est pas muni d'une soupape de surpression-dépression comme mesure de contrôle. Tout air occlus supplémentaire devient saturé de vapeur d'essence et prend de l'expansion. Ce mélange air-vapeur qui a pris de l'expansion dépasse la capacité de stockage de vapeur du réservoir et, par conséquent, est expulsé de nouveau dans l'atmosphère par le même tuyau d'évent.

L'évaporation d'essence due à la perte au remplissage des postes d'essence au détail est estimée au moyen d'un modèle de l'USEPA décrit en appendice I.

La perte par respiration (également appelée perte de stationnement) est due à l'émission de vapeur d'essence dans l'air ambiant en raison de l'expansion et de la contraction de la vapeur à l'intérieur du réservoir de stockage. La perte par respiration est causée par des changements de température ou de pression à l'intérieur ou à l'extérieur du réservoir de stockage. La perte par respiration se produit sans égard aux variations du niveau de liquide dans le réservoir.

Les réservoirs de stockage d'essence sont exposés à des changements de température et de pression et, dans le cas des réservoirs hors sol, au rayonnement solaire. Par conséquent, le mélange d'air emprisonné et de vapeur d'essence dans le réservoir subit des cycles de chauffage et de refroidissement passifs. L'expansion et la contraction du mélange de vapeur qui en résultent entrainent l'émission de vapeur dans l'environnement avoisinant. En l'absence d'un dispositif de contrôle comme un évent de surpression-dépression, ce « processus de respiration » continue tant et aussi longtemps qu'il reste de l'essence liquide dans un réservoir muni d'évents ouverts.

Étant donné que les changements de température et de pression sont moins prononcés dans le cas des réservoirs souterrains, protégés par le sol qui agit comme isolant, l'USEPA n'associe pas la perte par respiration avec les réservoirs de stockage souterrains. Cela est justifié en partie pour plusieurs raisons. Notamment, la plupart des villes aux États-Unis ont un climat où la différence entre l'air ambiant et la température souterraine est moins prononcée que dans la plupart des villes canadiennes. En outre, les réservoirs souterrains aux États-Unis sont généralement dotés de tuyaux d'évent munis de soupapes de surpression-dépression réglées d'avance de manière à contrôler la respiration. Comme il est mentionné plus haut, les évents de surpression-dépression ne sont pas chose courante au Canada 19  . Plutôt, les réservoirs de stockage canadiens sont généralement munis de tuyaux d'évent sans soupapes qui sont mis à l'air libre. Étant donné ce qui précède, contrairement à la situation aux États-Unis, les pertes par respiration des réservoirs d'essence souterrains au Canada doivent être incluses dans les estimations des pertes par évaporation sans égard à l'isolement partiel tenant au fait d'être sous terre. Par conséquent, les estimations des pertes par évaporation présentées ici comprennent les pertes par respiration tant pour les réservoirs de stockage souterrains que pour les réservoirs hors sol.

Dans le cas des réservoirs souterrains, l'effet du rayonnement solaire a été éliminé du calcul et seul l'effet de la température a été inclus. On a estimé que la différence entre la température de l'air dans un réservoir souterrain et celle de l'air ambiant à l'extérieur est 8 °C durant la saison froide 20  et 12 °C durant la saison chaude 21 , 22 . Ces paramètres ont été utilisés pour estimer les pertes par respiration des réservoirs de stockage d'essence souterrains au Canada.

L'évaporation des postes d'essence au détail liée à la perte par respiration est estimée selon un modèle de l'USEPA décrit en appendice I.

3.1.2  Pertes résiduelles

Les opérations et les activités qui entraînent l'ouverture des couvercles des réservoirs de stockage d'essence déclenchent l'émission de vapeurs d'essence dans l'atmosphère. Les vapeurs d'essence s'accumulent dans l'espace de tête au dessus du niveau de l'essence liquide dans le réservoir. Cette activité, même si elle y contribue faiblement, est néanmoins une source supplémentaire de perte par évaporation dans les postes d'essence au détail. Les exploitants du poste soulèvent périodiquement les couvercles des réservoirs d'essence pour vérifier le niveau d'essence ainsi que la présence d'eau dans les réservoirs. Le personnel effectuant les livraisons d'essence ouvre également régulièrement les couvercles des réservoirs de stockage durant le remplissage. Toutefois, étant donné que les réservoirs de stockage d'essence au Canada sont généralement des réservoirs à évents ouverts (c'est-à-dire, non munis de soupapes de surpression-dépression), toute perte par évaporation causée par l'ouverture des couvercles des réservoirs est infime. Par conséquent, les pertes par évaporation résultant de cette activité ont été jugées négligeables aux fins de la présente étude.

Le contrôle comprend également l'insertion d'une jauge en bois dans les réservoirs de stockage pour mesurer les niveaux d'essence et pour vérifier la présence d'eau. La mesure du niveau d'essence et la vérification de la présence d'eau dans les réservoirs de stockage sont effectuées périodiquement. Le niveau d'essence est mesuré indépendamment par l'exploitant du poste d'essence au détail et par le personnel qui livre l'essence. Pour prendre cette mesure, on insère un bâton en bois gradué dans le liquide dans le réservoir pour déterminer le niveau d'essence. En outre, les exploitants utilisent le bâton en bois pour vérifier la présence d'eau au fond du réservoir en enduisant le bout du bâton d'une pâte spéciale et en observant tout changement de couleur de la pâte.

Les pertes au contrôle à la jauge sont causées par l'évaporation de l'essence qui a été adsorbée sur la surface en bois des jauges. Ces jauges sont ensuite laissées à l'air libre, de sorte que l'essence adsorbée sur la surface de ces bâtons en bois s'évapore dans l'atmosphère. Des dispositifs fixes de contrôle électronique du niveau sont également disponibles et utilisés couramment dans de nombreux postes d'essence au détail au Canada, même si l'utilisation de jauges demeure répandue chez le personnel qui effectue les livraisons d'essence pour vérifier ces livraisons 23  . Fondées sur les données sur les activités recueillies dans le cadre de l'EPI et sur une expérience menée en laboratoire, les estimations des pertes par évaporation déclarées intègrent un modèle empirique utilisé pour estimer les pertes dues à l'utilisation de jauges.

Les pertes d'essence par évaporation au contrôle dans les postes d'essence au détail liées à l'utilisation de jauges sont estimées au moyen d'un modèle empirique décrit en appendice I.

Une perte résiduelle est une fuite ou perte incontrôlée de distributeurs. Les déversements de pistolet représentent une partie de cette perte résiduelle. Étant donné que les exploitants de postes d'essence au détail ont recours à des produits absorbants principalement pour éponger ce type de déversement, on suppose que la quantité d'essence ainsi déversée est corrélée à la quantité de produits absorbants utilisée. Il convient de noter que dans les ports de plaisance dotés de pontons de ravitaillement en carburant l'utilisation de produits absorbants est limitée et qu'ainsi toutes les pertes résiduelles calculées pour ces établissements peuvent être presque entièrement attribuables à des fuites ou à des déversements au distributeur.

L'évaporation d'essence des postes d'essence au détail liée aux pertes résiduelles est estimée en fonction des facteurs d'émission de l'USEPA et au moyen d'un modèle empirique fondé sur la capacité d'absorption d'essence des produits absorbants et la quantité de produits absorbants utilisée dans les postes d'essence au détail selon l'EPI. Les facteurs d'émission ainsi que le modèle empirique sont décrits en appendice I.

3.2  Pertes en cours de ravitaillement de véhicules en carburant

Les émissions au moment du ravitaillement en carburant sont produites lorsque l'espace de tête du réservoir de carburant d'un véhicule est déplacé par l'essence liquide versée dans le réservoir de carburant. Le volume de vapeur déplacé durant le ravitaillement est égal au volume d'essence versé dans le réservoir de carburant du véhicule, plus les gouttelettes emprisonnées de carburant liquide résultant de l'éclaboussement et de la turbulence durant le remplissage qui se transforment ensuite en vapeur. La quantité de vapeur déplacée dépend de la température de l'essence dans le réservoir de carburant de véhicules, de la température de l'essence versée , de la pression de vapeur Reid (RVP pour Reid Vapour Pressure) de l'essence et du volume d'essence distribué. Le volume de vapeur émis durant le ravitaillement en carburant dépend également de la méthode de récupération des vapeurs utilisée. Aux États-Unis, de nombreux distributeurs dans les postes d'essence au détail utilisent des pistolets à vide comme méthode de récupération des vapeurs. On utilise également aux États-Unis le système de récupération des vapeurs de bord (RVB) installé à l'intérieur des véhicules. Au Canada, ce système est le seul qui est utilisé durant le ravitaillement de véhicules en carburant 24  . En fait, l'utilisation combinée des deux méthodes pourrait aller à l'encontre de l'objectif visé puisque la première annule l'efficacité de la deuxième 25 . Au Canada, les systèmes RVB sont installés dans tous les nouveaux véhicules depuis 1998. Ces systèmes saisissent jusqu'à 98 % des pertes par évaporation durant une opération de ravitaillement en carburant 26 . Toutefois, pour tenir compte de la détérioration opérationnelle et de la perte d'efficacité des systèmes RVB, une fourchette d'efficacité de récupération de 90 % (±5 %) a été établie pour les systèmes RVB aux fins du calcul des estimations présentées ici.

Pour les estimations des pertes par évaporation, un pourcentage d'utilisation de systèmes RVB selon l'âge des véhicules canadiens a été utilisé. D'après les données d'Environnement Canada 27  , on a estimé ce pourcentage à 70 % (±5 %) pour l'année 2009.

Les pertes par évaporation dues au ravitaillement des véhicules sont estimées au moyen d'un modèle de l'USEPA décrit en appendice I.

4   Sources de données

4.1  Données d'enquête

L'EPI pilote est la principale source de données utilisées aux fins de la présente étude 28  . Pour la période de référence de 2009, l'EPI pilote a porté sur tous les postes d'essence au détail, y compris les ports de plaisance dotés de pontons de ravitaillement, au Canada. Sauf indication contraire, toutes les données présentées dans cette section sont tirées de l'EPI pilote de 2009.

Selon les résultats d'une enquête nationale sur les points de vente d'essence au détail publiés par MJ Ervin and Associates, il y a vingt ans, on comptait 21 000 postes d'essence au détail au Canada 29  . En 2009, moins de 11 300 points de vente d'essence étaient en exploitation.

En 2009, environ 40,7 milliards de litres d'essence ont été vendus dans les postes d'essence au détail au Canada (tableau 1). En se fondant sur une livraison moyenne d'environ 35 000 litres, on estime que plus de 1,1 million de livraisons d'essence ont été nécessaires pour répondre aux besoins de ravitaillement en essence des véhicules au Canada en 2009.

4.2  Données spatiales

On a créé une carte présentant la répartition spatiale des postes d'essence au Canada en utilisant le code postal de chaque poste pour estimer sa latitude et sa longitude. Dans les grandes villes, cette méthode a produit une répartition spatiale assez exacte. Dans les régions moins peuplées où les codes postaux couvrent des superficies plus grandes, cette méthode, quoique moins exacte, était acceptable aux fins visées ici (voir carte 1).

4.3  Données météorologiques

Les températures ambiantes (moyenne, maximum et minimum pour les saisons chaude et froide, 2009, respectivement) aux postes d'essence ou points de vente d'essence au détail ont été obtenues d'Environnement Canada selon leur proximité à une station météorologique 30  . Les valeurs de rayonnement solaire (sommet moyen en été et en hiver) ont été tirées de l'Atlas national du Canada 31  et numérisées ou réparties entre les emplacements des postes d'essence au détail au Canada au moyen de la technologie du système d'information géographique.

4.4  Données sur la pression de vapeur Reid

Environnement Canada a fourni les données sur la pression de vapeur Reid pour les livraisons d'essence durant les saisons froide et chaude 32  et les valeurs ont été réparties entre les emplacements des postes d'essence au détail respectifs et appariées à ces derniers au moyen de la technologie du système d'information géographique.

5   Résultats et estimations : pertes par évaporation

On a utilisé les données de l'EPI ainsi que les modèles décrits à appendice I pour produire une estimation des pertes d'essence par évaporation pour chaque poste d'essence au détail ayant participé à l'EPI. Les estimations portent sur les pertes par évaporation liées aux livraisons d'essence par camion, aux réservoirs de stockage, au ravitaillement de véhicules en carburant et à d'autres activités ou processus et mesures de contrôle liés aux postes d'essence au détail. Chaque estimation de perte par évaporation a été pondérée de telle manière que toutes les estimations prises ensemble représentent l'ensemble de la population de postes d'essence au détail au Canada. Les poids d'échantillonnage étaient fondés sur la méthodologie statistique utilisée aux fins de l'EPI 33  .

5.1  Postes d'essence au Canada

En 2009, environ 58,3 millions de litres d'essence (en équivalents liquides) se sont évaporés de quelque 11 200 postes d'essence au détail au Canada. Cela équivaut à l'évaporation du contenu d'un camion-citerne complet toutes les huit heures environ.

5.1.1  Postes d'essence au détail sur la route

Le tableau ci-dessous présente une ventilation des pertes d'essence par évaporation des postes d'essence sur la route seulement. Les deux tiers des pertes par évaporation étaient attribuables au remplissage des 29 000 réservoirs de stockage d'essence au détail qui étaient en exploitation en 2009. Le tiers restant provenait du ravitaillement en carburant des véhicules eux-mêmes.

5.1.2  Ports de plaisance dotés de pontons de ravitaillement en carburant

En 2009, les pertes d'essence par évaporation de tous les ports de plaisance dotés de pontons de ravitaillement en carburant ont totalisé 157 000 litres, ce qui représente 0,3 % du total des pertes d'essence par évaporation des postes d'essence au détail au pays.

6   Mot de la fin

L'EPI a été conçue comme enquête pilote pour mettre à l'essai l'utilisation des données économiques et opérationnelles recueillies dans le cadre d'une enquête statistique aux fins de l'estimation de la libération de certains principaux contaminants atmosphériques (PCA) par les petites et moyennes entreprises (PME) dans un secteur donné de l'économie canadienne.

Aux fins de validation de principe, l'EPI pilote était axée sur les activités opérationnelles et les processus industriels utilisés dans les postes d'essence au détail au Canada. Les postes d'essence au détail et les pertes par évaporation associées ont été sélectionnés de concert avec Environnement Canada pour combler une importante lacune en matière de données.

Les estimations des pertes d'essence par évaporation ainsi obtenues sont comparables à celles d'Environnement Canada une fois les incertitudes incluses. Environnement Canada a estimé que les émissions de COV du secteur de la vente d'essence au détail s'élevaient en 2009 à environ 68 millions de litres 34  de litres avec une incertitude qualitative de 25 % 35  . Cette estimation chevauche statistiquement celle fondée sur les résultats de l'EPI (58 millions de litres avec une incertitude quantitative de 2,5 % à intervalle de confiance à 90 %).

Même si les deux estimations ont été produites au moyen de modèles différents quant à l'échelle et à l'approche, le chevauchement des deux estimations est prometteur. L'EPI, utilisant une approche ascendante détaillée pour estimer les pertes par évaporation, a validé sur le plan statistique l'approche descendante agrégée d'Environnement Canada reposant sur le total des ventes nationales d'essence, les facteurs d'émission pertinents et l'apport de rajustements temporels.

L'EPI présente l'avantage d'un fondement statistique, une large couverture de population, pondération statistique et des incertitudes quantifiables. L'EPI fournit un riche bassin de microdonnées qui permet de produire des estimations de la pollution à un niveau géographique plus détaillé que ne le permet actuellement l'inventaire national de polluants, par exemple, à l'échelle des grandes villes. Cela facilitera à son tour la production de gradients de concentration de polluants à l'échelle des régions, c'est-à-dire, entre les régions dotées de règlements plus rigoureux en matière de livraison d'essence et celles dotées de règlements moins rigoureux. Cela permettra de comparer les effets des règlements qui varient d'un emplacement à l'autre ou d'une province à l'autre.

En outre, les données détaillées recueillies dans le cadre de l'EPI sur les activités économiques et opérationnelles, les processus industriels et le matériel permettent de produire différents scénarios d'émission en changeant des hypothèses entourant, par exemple, les règlements ou les pratiques opérationnelles des postes d'essence au détail.

La question de savoir s'il serait possible d'obtenir un résultat comparable pour d'autres industries et d'autres polluants reste à déterminer. D'autres travaux seront requis pour cerner les modèles d'émission existants et/ou pour en élaborer de nouveaux et il faudra mener d'autres enquêtes sur les processus industriels pour recueillir les données opérationnelles et les données sur les processus nécessaires. À l'heure actuelle, ce travail reste à accomplir.

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