L'adoption d'habitudes écologiques par la population canadienne

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Avani Babooram, Centre canadien de la statistique juridique

La population canadienne entend souvent des messages sur divers thèmes environnementaux, comme les changements climatiques et la rareté des ressources, et beaucoup de ménages canadiens décident de favoriser la réduction, la réutilisation et le recyclage. L'étude qui suit analyse donc les données sur les habitudes des ménages afin de savoir comment ces décisions se traduisent par des actions concrètes.

L'étude porte sur six habitudes écologiques des ménages, soit l'usage de toilettes à faible débit, l'usage de pommes de douche à faible débit, l'usage d'ampoules fluorescentes compactes (AFC), le recyclage, le compostage et la réduction de la température1. Les ménages qui ont adopté entre quatre et six habitudes ont été considérés comme très actifs. Les ménages qui ont adopté de deux à trois habitudes ont été considérés comme moyennement actifs. Les ménages qui ont adopté une seule habitude ou qui n'en ont adopté aucune étaient considérés comme peu actifs.

En 2006, près de la moitié des ménages canadiens ont été très actifs pour l'ensemble des habitudes écologiques (45 %). Malgré d'éventuels obstacles financiers ou liés à l'accessibilité qu'ont pu éprouver les familles à faible revenu et les ménages en appartement lorsqu'il était question d'habitudes écologiques, 35 % des ménages ayant un revenu de 28 000 $ ou moins ont été très actifs. De la même façon, 22 % des locataires ont aussi été très actifs. Parmi les variables du revenu, de la scolarité et du mode d'occupation, c'est cette dernière qui a été la plus fortement associée à la très grande activité d'un ménage (voir les définitions dans l'encadré).

Ce que vous devriez savoir au sujet de la présente étude

L'enquête sur les ménages et l'environnement (EME) recueille de l'information sur divers thèmes environnementaux. Cette étude utilise les données environnementales et démographiques de l'EME de 2006 pour déterminer les types de ménages les plus actifs sur le plan environnemental.

Définitions

La composition du ménage renvoie à la structure par âge du ménage. Un enfant a moins de 18 ans, un membre du ménage en âge de travailler a entre 18 et 64 ans et une personne âgée a 65 ans ou plus.

Le revenu correspond au revenu annuel total du ménage avant impôt.

La scolarité renvoie au plus haut niveau d'études d'un membre du ménage.

Un logement appartient à l'une des catégories suivantes : les appartements; les immeubles à logements multiples, qui comprennent les maisons en rangées, en bandes et les duplex; et les maisons individuelles non attenantes.

Le mode d'occupation indique si les occupants sont propriétaires du logement ou s'ils le louent.

Le recyclage signifie le recours à des services de recyclage du papier, du plastique, du métal ou du verre par les ménages y ayant accès.

La réduction de la température correspond au réglage des thermostats programmables ou manuels à une température plus basse durant les heures de sommeil de la période de chauffage.

Méthodologie

L'analyse porte exclusivement sur les ménages ayant accès à au moins un type de recyclage et aux thermostats de leur logement. Les ménages qui ne connaissaient pas la réponse aux questions ou qui refusaient d'y répondre n'ont pas été inclus dans le numérateur, mais ils ont été inclus dans le dénominateur.

La régression logistique a servi à déterminer la force des associations entre les variables dépendantes et indépendantes, exprimées sous la forme de rapports de cotes. Les poids bootstrap ont été utilisés afin de calculer des intervalles de confiance de quatre-vingt-quinze pourcent pour les estimations.

Une matrice de corrélation a servi à déterminer la relation entre les variables indépendantes, et les décisions prises quant à l'exclusion de certaines variables indépendantes du modèle s'appuient sur la valeur des coefficients de corrélation.

Le recyclage est l'habitude la plus répandue
Les ménages de l'Île-du-Prince-Édouard sont les plus actifs
Les propriétaires sont plus susceptibles que les locataires d'adopter quatre habitudes écologiques ou plus
Le pourcentage de ménages très actifs augmente avec le revenu et la scolarité
La composition du ménage n'est pas reliée au niveau d'activité
Résumé

Le recyclage est l'habitude la plus répandue

Le taux de participation2 au recyclage était le plus élevé des six habitudes (tableau 1), même si le recyclage exige un travail soutenu. L'adoption d'habitudes soutenues et répétitives, comme le recyclage, peut s'avérer plus difficile que la prise de mesures uniques, comme l'installation de toilettes à faible débit, parce qu'elle exige un engagement à plus long terme3. Pourtant, malgré ce fait, 97 % des ménages canadiens ayant accès à des services de recyclage les utilisent4.

Tableau 1 Le taux d'adoption d'habitudes écologiques par les ménages, par province, 2006.

Tableau 1
Le taux d'adoption d'habitudes écologiques par les ménages, par province, 2006

Le compostage a été l'habitude la moins répandue, et ce sont 30 % des ménages qui ont pratiqué cette activité en 2006. Ce faible taux de participation pourrait s'expliquer par l'apparente complexité du compostage ou l'absence de connaissances de base sur la procédure à suivre5.

Les ménages de l'Île-du-Prince-Édouard sont les plus actifs

La grande majorité des ménages canadiens sont très actifs ou moyennement actifs. En général, 45 % des ménages ont été très actifs, 45 % ont été moyennement actifs et seulement 10 % ont été peu actifs (graphique 1).

Graphique 1 L'Île-du-Prince-Édouard compte le plus grand nombre de ménages très actifs, 2006

Graphique 1
L'Île-du-Prince-Édouard compte le plus grand nombre de ménages très actifs, 2006

L'Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.) a été la province la plus active. En effet, près des deux tiers de ses ménages (64 %) ont adopté au moins quatre habitudes écologiques (graphique 1). Il s'agit presque du double du taux de participation des ménages très actifs du Québec et du Manitoba, les deux provinces affichant les pourcentages de ménages très actifs les plus bas.

L'Î.-P.-É. a affiché le taux de participation le plus élevé pour le compostage et l'un des plus élevés pour le recyclage6. En revanche, l'Î.-P.-É. possédait l'un des taux de participation les plus bas pour les toilettes à faible débit, comparativement aux autres provinces (tableau 1).

Le Québec présente un taux de participation au recyclage assez élevé (95 %), mais il possède un taux de participation inférieur à ceux du Canada pour les AFC, les toilettes à faible débit et le compostage. En outre, les taux de participation du Manitoba, province affichant le pourcentage le plus élevé de ménages peu actifs, ont été inférieurs à ceux du Canada pour la plupart des habitudes7 (tableau 1).

Les propriétaires sont plus susceptibles que les locataires d'adopter quatre habitudes écologiques ou plus

Les ménages en appartement ont été moins susceptibles d'être très actifs que les ménages ne vivant pas en appartement (tableau 2). Il existe un lien solide entre le type de logement et le mode d'occupation, car la majorité des ménages en appartement sont locataires et la majorité des ménages vivant dans un logement individuel non attenant sont propriétaires.

Tableau 2 Le niveau d'activité écologique, par type de logement, 2006.

Tableau 2
Le niveau d'activité écologique, par type de logement, 2006

Les propriétaires ont été plus susceptibles d'être très actifs que les locataires (graphique 2). Parmi les variables du revenu, de la scolarité et du mode d'occupation, c'est cette dernière qui était la plus fortement associée à la très grande activité d'un ménage. La cote8 exprimant la possibilité d'une grande activité chez les propriétaires était trois fois plus élevée que chez les locataires.

Graphique 2 Les propriétaires sont plus susceptibles de devenir très actifs que les locataires, 2006

Graphique 2
Les propriétaires sont plus susceptibles de devenir très actifs que les locataires, 2006

Les locataires sont moins libres de remplacer des appareils tels que les toilettes et les pommes de douche. Puisque la majorité des ménages en appartement sont locataires9, cela peut expliquer en partie le taux de participation inférieur à celui des autres types de logement. Toutefois, 22 % des locataires ont adopté au moins quatre habitudes (graphique 2).

Le pourcentage de ménages très actifs augmente avec le revenu et la scolarité

Le revenu et la scolarité sont des indicateurs importants pour déterminer si un ménage possède ou loue son logement, et ces facteurs expliquent en partie pourquoi les locataires sont plus susceptibles d'être moins actifs que les propriétaires. En moyenne, les Canadiens ayant un niveau de scolarité plus élevé possèdent un revenu plus élevé10, et le revenu du ménage a une incidence sur le mode d'occupation11.

Des recherches antérieures ont également établi un lien entre le revenu et la scolarité, d'une part, et les habitudes écologiques, d'autre part. Par exemple, selon Kollmuss et Agyeman, les personnes ayant un revenu plus élevé disposent de ressources supplémentaires pour entreprendre des activités autres que la satisfaction de leurs besoins de base, et les personnes ayant un niveau de scolarité plus élevé sont plus susceptibles d'acquérir des connaissances sur les enjeux environnementaux12.

Les rapports de cotes

Les rapports de cotes servent à quantifier l'association entre une variable explicative (X) et un résultat dichotomique (Y).

Dans l'étude, les variables explicatives sont le mode d'occupation, le revenu et la scolarité. Le résultat d'intérêt est le degré élevé d'activité d'un ménage (Y = 1). Si le ménage n'est pas très actif, il affiche une valeur Y = 0.

Un rapport de cotes est produit pour chaque catégorie d'une variable explicative. L'une des catégories sert de « catégorie de référence », et les rapports de cotes de la variable en question sont interprétés en fonction de cette catégorie de référence.

Rapport de cotes = cotes pour Xcible /cotes pour Xréférence =

(probabilité Y = 1 pour Xcible/probabilité Y = 0 pour Xcible)
Ligne
(probabilité Y = 1 pour Xréférence/probabilité Y = 0 pour Xréférence)

Si le rapport de cotes est supérieur à 1, alors les cotes de l'événement sont supérieures pour le groupe cible.

Si le rapport de cotes est inférieur à 1, alors les cotes de l'événement sont supérieures pour le groupe de référence.

Plus la tranche de revenu est élevée, plus le pourcentage des ménages très actifs est élevé (graphique 3). Soixante pourcent des ménages ayant un revenu supérieur à 100 000 $ ont été très actifs, comparativement à 35 % des ménages dont le revenu ne dépassait pas 28 000 $.

Graphique 3 Le pourcentage de ménages très actifs augmente avec le revenu, 2006

Graphique 3
Le pourcentage de ménages très actifs augmente avec le revenu, 2006

S'il existe un lien entre le revenu et le fait qu'un ménage adopte au moins quatre habitudes écologiques, la hausse du revenu n'augmente pas la probabilité qu'un ménage soit très actif autant que ne le fait la propriété. En fait, la probabilité qu'un ménage ayant un revenu supérieur à 100 000 $ soit très actif n'équivalait qu'à une fois et demie celle qu'un ménage appartenant au groupe ayant les revenus les plus bas le soit également.

Comme pour le revenu, le pourcentage de ménages très actifs sur le plan environnemental augmentait avec le niveau de scolarité (graphique 4). La moitié des ménages comptant au moins un membre ayant un diplôme universitaire ont été très actifs, alors qu'un peu plus du tiers (34 %) des ménages ne comprenant aucun membre détenant un diplôme d'études secondaires ont adopté quatre habitudes ou plus.

Graphique 4 Le pourcentage de ménages très actifs augmente avec la scolarité, 2006

Graphique 4
Le pourcentage de ménages très actifs augmente avec la scolarité, 2006

L'écart le plus important survient entre les ménages dont au moins un membre a fait des études postsecondaires et ceux où le degré de scolarité le plus élevé ne dépassait pas le niveau secondaire. La probabilité qu'un ménage soit très actif a été 1,2 fois plus élevée chez les ménages dont au moins un membre avait fait des études postsecondaires que chez les ménages où le degré de scolarité le plus élevé ne dépassait pas le niveau secondaire.

La composition du ménage n'est pas reliée au niveau d'activité

Selon Kollmuss et Agyeman, les personnes qui disposent de plus de temps libre sont plus susceptibles de participer à des activités écologiques puisqu'elles ont davantage l'occasion de se consacrer à des causes sociales13. Les familles qui doivent prendre soin de leurs enfants ou de personnes âgées ont moins de temps libre que les autres types de ménages14 et elles sont donc moins susceptibles d'être très actives sur le plan environnemental.

Toutefois, les résultats de l'Enquête sur les ménages et l'environnement montrent qu'il faut plutôt établir un lien entre le niveau d'activité et le type de logement qu'entre le niveau d'activité et la composition du ménage.

Résumé

La majorité des ménages canadiens ont été moyennement actifs ou très actifs quant à l'adoption d'habitudes écologiques. Le mode d'occupation est la variable la plus fortement liée aux ménages très actifs, alors que le revenu et la scolarité sont un peu moins fortement associés au fait d'être très actifs.

Si l'on fait abstraction des différences entre ces facteurs démographiques, 45 % des ménages canadiens ont été très actifs sur le plan environnemental. Ces résultats révèlent que les Canadiens ont adopté des habitudes écologiques malgré les défis posés par le revenu, la scolarité, le type de logement et le type d'occupation.


Notes :

  1. Ces habitudes ont été retenues parce qu'elles sont accessibles à une part importante de la population canadienne et qu'elles sont reliées à divers enjeux environnementaux, comme la conservation de l'énergie, la conservation de l'eau et la réduction des déchets.
  2. Le taux de participation ne correspond pas nécessairement au choix du ménage. Par exemple, le recyclage est obligatoire dans certaines municipalités, tout comme l'installation d'appareils comme des toilettes à faible débit dans les nouvelles constructions de certaines régions du pays.
  3. Doug McKenzie-Mohr, 2000, « Promoting sustainable behaviour: An introduction to community-based, social marketing », Journal of Social Sciences, vol. 56, nº 3: 543 à 554.
  4. Avani Babooram et Jennie Wang, 2007, « Le recyclage au Canada », EnviroStats, nº 16-002-X au catalogue de Statistique Canada.
  5. Doug McKenzie-Mohr, 2000, « Promoting sustainable behaviour: An introduction to community-based, social marketing », Journal of Social Sciences, vol. 56, nº 3: 543 à 554.
  6. Le recyclage est obligatoire dans l'Î.-P.-É.
  7. Les taux de participation du Manitoba étaient beaucoup plus bas que les taux de participation du Canada pour l'ensemble des habitudes, à l'exception de l'usage de toilettes à faible débit.
  8. Les rapports de cotes servent à quantifier l'association entre une variable explicative (X) et un résultat dichotomique (Y). Voir l'encadré « Les rapports de cotes ».
  9. Statistique Canada, 2007, Recensement de la population de 2006, nº 97-554-XCB2006026 au catalogue.
  10. Statistique Canada, 2006, Indicateur de l'éducation au Canada : rapport du programme d'indicateurs pancanadiens de l'éducation, n° 81-582-G au catalogue.
  11. Statistique Canada, 2006, « Mesurer l'abordabilité du logement », L'emploi et le revenu en perspective, n° 75-001-X au catalogue, novembre 2006, vol. 11, n° 11.
  12. Anja Kollmuss et Julian Agyeman, 2002, « Mind the gap: Why do people act environmentally and what are the barriers to pro-environmental behaviour? », Environmental Education and Research, vol. 8, nº 3: 239 à 260.
  13. Anja Kollmuss et Julian Agyeman, 2002, « Mind the gap: Why do people act environmentally and what are the barriers to pro-environmental behaviour? », Environmental Education and Research, vol. 8, nº 3: 239 à 260.
  14. Robert Goodin, et coll., 2005, « The time-pressure illusion: discretionary time vs. free time », Social Indicators Research, vol. 73: 43 à 70.
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