Mesure des actifs en eau renouvelable au Canada : premiers résultats et programme de recherche

Warning Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

François Soulard et Mark Henry , Division des comptes et de la statistique de l'environnement

L'eau est un besoin vital fondamental – l'accès à de l'eau saine en quantité suffisante est étroitement lié à notre bien-être. L'eau a eu une forte incidence sur le développement du Canada comme nation et elle constitue toujours une part précieuse de nos richesses naturelles. Toutefois, peut-être en raison d'une impression générale d'abondance qui est cependant trompeuse, nous avons déployé par le passé peu d'efforts pour mesurer les actifs en eau douce renouvelable au Canada.

Ces tentatives de mesure des actifs en eau renouvelable ont été effectuées à l'aide de méthodes diverses et ne produisent pas des résultats comparables dans le temps et dans l'espace. De telles informations sont pourtant nécessaires pour gérer adéquatement les ressources en eau, particulièrement dans le contexte où des utilisations concurrentes et les changements climatiques ont une incidence sur les ressources en eau.

Le présent article décrit les résultats d'une étude qui fait l'estimation du renouvellement moyen annuel de l'eau au Canada. Cette estimation de l'apport en eau douce au Canada est cohérente dans le temps et l'espace et permettra d'étudier en profondeur le renouvellement mensuel des ressources en eau par région. Pour obtenir de plus amples renseignements sur la méthodologie utilisée, veuillez consulter « Le modèle d'apport en eau pour le Canada exprimé en tant que moyenne de trente ans (1971 à 2000) : concepts, méthodologie et résultats initiaux1 ».

Une nouvelle mesure des actifs en eau douce renouvelable du Canada
Les prochaines étapes : déterminer les tendances de l'apport en eau

Une nouvelle mesure des actifs en eau douce renouvelable du Canada

Les actifs en eau renouvelable du Canada peuvent être mesurés en fonction de l'eau qui afflue dans le réseau hydrique des ruisseaux, rivières et lacs. Une portion de cette eau provient de sources souterraines et remonte à la surface. Cependant, la plus grande part de cette eau est créée quand la pluie et la neige fondue ruissellent sur le sol et rejoignent éventuellement une étendue d'eau.

La carte 1 illustre la répartition de l'écoulement moyen des eaux à la grandeur du Canada. Le volume d'écoulement des eaux du pays est estimé, en moyenne, à 3 435 km3 par année. Pour mettre ce chiffre en perspective, les experts estiment que, globalement, l'irrigation consomme 2 664 km3 d'eau chaque année2; ou, pour citer un autre exemple, le lac Huron contient 3 540 km3 d'eau3.

Ce résultat semblerait indiquer que les ressources en eau du Canada sont abondantes et qu'elles ne posent aucun problème environnemental, social ou économique. En fait, l'apport en eau du Canada est équivalent à approximativement 100 000 mètres cubes par habitant. L'économie canadienne prélève seulement environ 1,4 % de ce volume chaque année – les activités industrielles comme la production d'énergie, l'exploitation minière et les industries manufacturières ont utilisé 40 km3 en 20054; l'agriculture, une quantité estimée à 4 km3 en 20015; et les ménages canadiens, les établissements et les services, à peu près un autre 4 km3 6. En outre, la plus grande part de l'eau prélevée n'a pas servi à la consommation : mise à part l'utilisation de l'eau à des fins agricole, l'eau est prélevée de l'environnement aquatique et rejetée, habituellement dans le même bassin hydrographique.

Cependant, ces chiffres nationaux ne rendent pas compte de deux aspects importants : l'endroit et le moment des prélèvements, et l'endroit et le moment de la disponibilité des ressources en eau.

Une première schématisation de la relation entre la disponibilité de l'eau et la demande en eau au Canada a montré que l'eau utilisée par l'économie canadienne pouvait représenter plus de 40 % des débits d'eau dans certaines régions du pays, sur une base moyenne annuelle7. À titre d'exemple, le ratio entre l'eau prélevée et le débit fluvial a atteint 43 % dans la région de drainage Saskatchewan-Sud, Missouri et Assiniboine – Rouge. L'eau prélevée représentait aussi une grande part du débit d'eau dans la région de drainage de la Saskatchewan-Nord et dans celle des Grands Lacs–Saint-Laurent.

La disponibilité des actifs en eau renouvelable du Canada doit donc être examinée par région, pour des périodes précises. En créant un modèle qui produit des données comparables dans l'espace et le temps, Statistique Canada se dote d'un moyen d'évaluer le prélèvement d'eau en fonction de la période exacte et de la région précise où a lieu le prélèvement.

À titre d'exemple, la carte 2 affiche la variabilité des actifs en eau renouvelable au fil du temps. La variabilité est calculée comme l'écart annuel moyen8 de la moyenne à long terme. La carte semble indiquer une tendance spatiale dans la variabilité de la disponibilité de l'eau au fil du temps, et les provinces des Prairies, ainsi qu'une partie du centre et du sud-est de la Colombie-Britannique présentent la plus grande variabilité. Cette variabilité fera l'objet d'une prochaine étude, où elle sera analysée dans le contexte des demandes changeantes, et souvent concurrentielles, pour les ressources en eau.

Les prochaines étapes : déterminer les tendances de l'apport en eau

Le présent travail aura entre autres permis d'élaborer une méthodologie solide pour produire des estimations nationales uniformes des actifs en eau renouvelable du Canada, ce qui constitue une avancée importante. De nouvelles recherches sur le fonctionnement du modèle d'apport en eau douce détermineront dans quelle mesure le modèle produit des résultats statistiquement significatifs pour diverses régions, incluant les aires de drainage, les écozones, les parcs, les régions climatiques. Enfin, le modèle sera mis à l'essai pour déterminer s'il peut produire les tendances de l'apport en eau pour les régions mentionnées précédemment. Ces résultats pourraient donner une nouvelle perspective sur les défis et les occasions que présente l'adaptation à un climat changeant.

Carte 1 Profondeur moyenne des eaux de ruissellement par année, de 1971 à 2000

Carte 2 Variabilité des actifs en eau, de 1971 à 2000


Notes :

  1. R. Bemrose , L. Kemp, M. Henry et F. Soulard, 2009, « Le modèle d'apport en eau pour le Canada exprimé en tant que moyenne de trente ans (1971 à 2000) : concepts, méthodologie et résultats initiaux, » Série de documents analytiques et  techniques sur les comptes et la statistique de l'environnement,   16-001-MWF2009007 au catalogue de  Statistique Canada, (site consulté le 4 juin 2009).
  2. FAO, 2006, AQUASTAT Base de données, (site consulté le 4 juin 2009).
  3. United States Environmental Protection Agency, 2006, Great Lakes Fact Sheet, (site consulté le 4 juin 2009).
  4. F. Soulard et A. Shinnan, 2007, « Coût de l'eau dans le secteur de la fabrication, » EnviroStats, Automne 2007, 16-002-X au catalogue de Statistique Canada, (site consulté le 4 juin 2009).
  5. F. Soulard, M. Beaulieu et C. Fric, 2008, « Utilisation de l'eau à des fins agricoles au Canada, » EnviroStats, Printemps 2008, 16-002-X au catalogue de Statistique Canada, (site consulté le 10 mars 2009).
  6. Statistique Canada, 2003,L'Activité humaine et l'environnement : Statistique annuelle 2003, 16-201-X au catalogue, (site consulté le 10 mars 2009).
  7. Statistique Canada, 2004, « Carte B.1 : Utilisation et disponibilité d'eau selon l'aire de drainage, »L'activité humaine et l'environnement : Statistique annuelle 2004, 16-201-X, (site consulté le 4 juin 2009); repris par Environnement Canada, (site consulté le 10 mars 2009).
  8. La mesure de l'écart annuel moyen correspond à l'écart type.
Date de modification :