Statistique Canada
Symbole du gouvernement du Canada

Liens de la barre de menu commune

Avertissement Consulter la version la plus récente.

Information archivée dans le Web

L’information dont il est indiqué qu’elle est archivée est fournie à des fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elle n’est pas assujettie aux normes Web du gouvernement du Canada et elle n’a pas été modifiée ou mise à jour depuis son archivage. Pour obtenir cette information dans un autre format, veuillez communiquer avec nous.

Tendances du bilan massique de six glaciers canadiens

Jeff Fritzsche, Division des comptes et de la statistique de l’environnement

Les glaciers dans le monde entier sont dynamiques, perdant et accumulant constamment de la neige et de la glace. La masse d’un glacier peut accroître en raison d’accumulation de neige ou d’autres types de précipitations solides. Par contre, un glacier peut voir sa masse diminuer (un processus dit d’ablation) à cause de processus tels que la fonte, l’évaporation et le vêlage.

Le bilan massique des glaciers mesure les résultats nets de l’accumulation et de l’ablation et s’exprime en millimètres d’équivalent en eau 1 . La différence entre l’accumulation et l’ablation pour un glacier durant une année donnée est le bilan (massique) net. Les graphiques du présent article présentent le bilan massique cumulatif, qui correspond à l’addition des mesures annuelles séquentielles d’un certain nombre d’années. Le bilan massique cumulatif indique l'ampleur, la direction, la tendance et la présence d’accélération par rapport au changement de masse au fil du temps. Dans le cas des six glaciers étudiés dans le présent article, l’estimation du bilan massique cumulatif est établie pour chaque glacier en fonction de la durée de la série chronologique sur le glacier. Cela permet aux scientifiques de déterminer si les glaciers sont demeurés stables, ont grossi ou ont rétréci durant la période en question et si le taux de variation s’accélère.

Une nouvelle collaboration en matière de données

Le présent article est le premier d’une nouvelle série d’articles d’EnviroStats dont l’objet est de présenter des données sur le climat du Canada et sur les répercussions des changements climatiques. Il s’agira essentiellement de courtes analyses statistiques de données relatives au climat, telles que l’étendue des glaces de mer et le bilan massique des glaciers.

Cette série est le fruit d’une collaboration soutenue entre Statistique Canada, Environnement Canada et Ressources naturelles Canada, visant à faciliter un accès régulier aux données sur le climat canadien.

Cette collaboration a également comme but de rendre les données des articles d’EnviroStats accessibles dans le site Web de Statistique Canada, notamment dans des tableaux de données gratuites de CANSIM ainsi que dans de nouveaux articles réexaminant les tendances au bout de quelques années.

Les lecteurs qui souhaitent obtenir de plus amples renseignements sur les glaciers et sur les effets du climat sont priés de visiter le site http://sst-ess.rncan-nrcan.gc.ca/ercc-rrcc/proj3/theme1/index_f.php.

Le bilan massique des glaciers est très sensible aux fluctuations climatiques 2  et réagit directement et immédiatement à ces fluctuations 3 . C’est pourquoi le Système mondial d’observation du climat de l’Organisation météorologique mondiale considère cette mesure comme une variable climatique essentielle 4  et qu’on voit dans celle-ci l’un des meilleurs indicateurs que nous fournit la nature pour surveiller les tendances climatiques en cours 5 .

Le présent article porte sur les données relatives à six glaciers dans deux régions, à savoir la Cordillère nord-américaine (carte 1) et le Haut-Arctique (carte 2). Ces données font partie de la contribution du Canada au Service de surveillance mondial des glaciers 6 , qui communique des rapports d’études sur un réseau de glaciers dans le monde entier.

Les graphiques 1 et 2 montrent le bilan massique cumulatif des glaciers suivis dans chaque région. On y présente le gain ou la perte de masse des glaciers au fil du temps. Une pente ascendante signifie que la masse des glaciers s’accroît et une pente descendante, qu’elle diminue. Plus la pente s’accentue, plus la perte ou le gain s’accélère. Les données sur chaque glacier ont été soumises à différents types d’analyses des tendances des séries chronologiques. Toutes les méthodes révèlent que chaque glacier a démontré une perte de masse statistiquement significative durant la période visée par l’analyse.

Contexte et méthodologie

La série chronologique sur le bilan massique des glaciers porte sur six glaciers (cartes 1 et 2) : trois se trouvent dans les montagnes de la Cordillère nord-américaine situées en Colombie-Britannique et en Alberta, et trois dans le Haut-Arctique. Ces six glaciers représentent la contribution du Canada au Système global d’observation terrestre / Système mondial d’observation du climat et au Service de surveillance mondial des glaciers 7 .

Les données sur les glaciers utilisées dans le présent article proviennent du Programme de géosciences des changements climatiques du Secteur des sciences de la Terre de Ressources naturelles Canada, qui appuie le système canadien d’observation des glaciers. La recherche sur les glaciers du Canada et la surveillance de ceux-ci se font en partenariat avec plusieurs ministères et universités.

Glaciers de la Cordillère nord-américaine : 

  1. Glacier Helm – partie sud de la chaîne Côtière (Parc provincial de Garibaldi), Colombie-Britannique
  2. Glacier Peyto – versant est des montagnes Rocheuses (Parc national de Banff), Alberta
  3. Glacier Place – partie sud de la chaîne Côtière, Colombie-Britannique

Glaciers du Haut-Arctique : 

  1. Calotte glaciaire de Devon (n.-o.) – île Devon, Nunavut
  2. Calotte glaciaire de Meighen – île Meighen, Nunavut
  3. Glacier White – île Axel Heiberg, Nunavut

L’étendue de la série de données varie d’un glacier à l’autre, allant d’un minimum de 30 ans à un maximum de 48 ans. Les données, tant brutes que lissées, ont fait l’objet d’un certain nombre de techniques analytiques pour déterminer si des tendances statistiquement significatives s’en dégageaient. Ces techniques allaient de l’analyse par la méthode des moindres carrés ordinaire à une approche d’analyse non paramétrique recourant à la méthode de Sen 8 . La régression linéaire a été appliquée aux données brutes comme aux données lissées, tandis que la méthode de Sen n’a été appliquée qu’aux données brutes. Divers modèles de séries chronologiques ont été appliqués aux données pour déterminer celui qui convenait le mieux. Les six techniques convergent toutes vers le constat suivant : pour chacun des six glaciers, la série chronologique sur le bilan massique cumulatif fait état d’un déclin statistiquement significatif. La méthode de la régression linéaire offrait le meilleur ajustement aux données, et les résultats consécutifs à son application sont illustrés dans la présente étude 9 .

Idéalement, les tendances du bilan massique des glaciers devraient être analysées sur la plus longue période possible. Toutefois, les séries chronologiques sur le bilan massique cumulatif dont il est question dans le présent article sont de courte durée par rapport au temps de vie d’un glacier. Les glaciologues utilisent d’autres renseignements pour mettre ces observations dans une perspective à plus long terme. Ceci inclut l’analyse des vestiges qu’ont laissés les glaciers en se retirant il y a des centaines et des milliers d’années, ainsi que les nouvelles données de cartographie et de télédétection.

Bien que la masse de chacun des six glaciers ait diminué, ce déclin variait selon la région, les glaciers situés dans le Haut-Arctique ayant perdu proportionnellement moins de leur masse que ceux de la Cordillère nord-américaine. Ces variations régionales peuvent être attribuables à plusieurs facteurs, dont la taille du glacier, la perte de masse étant plus rapide pour les plus petits glaciers que pour ceux de plus grande taille dans des conditions climatiques et topographiques semblables. Le Haut-Arctique compte non seulement des glaciers individuels de plus grande taille, mais également une plus vaste couverture glaciaire (environ 150 000 km2) que la région de la Cordillère nord-américaine (environ 50 000 km2), qui s’étend en Colombie-Britannique, en Alberta et au Yukon 10 .

Les trois glaciers de la Cordillère nord-américaine ont tous perdu de leur masse (graphique 1). Les glaciers Helm et Place, situés dans la partie sud de la chaîne Côtière de la Colombie-Britannique, sont ceux dont la masse a le plus diminué parmi les trois glaciers de cette région. Le glacier Peyto, qui se trouve dans le Parc national de Banff, en Alberta, a perdu plus de masse que les glaciers situés dans le Haut-Arctique, mais moins que les glaciers Helm et Place. En début de période, la masse du glacier Peyto est demeurée stable, mais elle a commencé à fléchir à la fin des années 1970, tendance qu’elle a poursuivie jusqu’à la fin de la période.

Les trois glaciers du Haut-Arctique sont situés au Nunavut (carte 2). Ces glaciers, à l’instar des trois glaciers de la Cordillère nord-américaine, ont tous perdu de leur masse (graphique 2), mais a un rythme moins rapide. La masse de la calotte glaciaire Devon a diminué graduellement tout au long de la période (graphique 2), mais de façon plus marquée du milieu des années 1990 à 2007. La calotte glaciaire Meighen, sur l’île Meighen, a rétréci plus vite que la calotte glaciaire Devon. Elle s’est amenuisée plus rapidement durant la moitié des années 1960, mais ce déclin a ralenti par la suite. Le glacier White, sur l’île Axel Heiberg, suit aussi une forte tendance à la baisse et la diminution de sa masse, tout comme celle de la calotte glaciaire Devon, s’est faite de manière plus prononcée du milieu des années 1990 à 2007.

Les glaciologues utilisent des renseignements de toutes sortes pour mettre en contexte ces observations qui sont sur une période relativement courte. L’analyse des vestiges qu’ont laissés les glaciers en se retirant il y a des centaines et des milliers d’années et les nouvelles données de cartographie et de télédétection ont aidé les glaciologues à situer ces données sur le bilan massique dans une perspective à plus long terme. Selon l’analyse des glaciologues à Ressources naturelles Canada, le taux et la quantité de perte massique des sites de la Cordillère nord-américaine progresseraient à un rythme sans précédent vers un état inédit depuis plusieurs millénaires 11 .

Sommaire

Les six glaciers étudiés pour le présent article ont connu une réduction statistiquement significative de leur masse durant la période visée par la série chronologique. Les deux groupes régionaux de glaciers se distinguent surtout par leur taux de perte massique, qui est plus rapide pour les glaciers de la Cordillère nord-américaine que pour ceux du Haut-Arctique. Ces constatations vont dans le sens de celles de la recherche qui se fait à l’échelle internationale et qui montre que les glaciers rétrécissent rapidement à travers le monde depuis un siècle 12 .