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    Série de documents de travail sur l'agriculture et le milieu rural

    Variabilité du revenu agricole et diversification hors ferme dans l'agriculture canadienne

    Revue de litérature

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    Déterminants du revenu hors ferme

    L'abondante litérature sur l'offre de travail hors ferme et le revenu hors ferme révèle bien des choses sur les agriculteurs qui sont les plus susceptibles d'enregistrer un revenu hors ferme. Cette litérature décrit la relation entre les caractéristiques des fermes (p. ex., type, taille, structure organisationnelle), les agriculteurs (p. ex., âge, éducation, taille de la famille) et la répartition du travail hors ferme. Sur le plan des caractéristiques des agriculteurs, la litérature laisse entendre que l'âge aurait une relation en U inversé avec la probabilité du travail hors ferme; les études supérieures accroîtrait la probabilité de travailler hors ferme; et l'expérience de l'agriculture réduirait la probabilité du travail hors ferme (Furtan, Van Kooten et Thompson, 1985; Mishra et Goodwin, 1997; Howard et Swidinsky, 2000; Alasia et coll., 2007; El-Osta, Mishra et Morehart, 2008).

    Pour ce qui est des caractéristiques de la ferme, les producteurs laitiers et, dans une moindre mesure, les éleveurs de porc et les maraîchers seraient désignés comme étant les moins susceptibles de travailler hors ferme, tandis que l'inverse s'avèrait pour les producteurs de céréales et d'oléagineux (Howard et Swidinsky, 2000; Alasia et coll., 2007). La plupart des études signalent également que, comme on pouvait s'y attendre, la taille de la ferme exercerait un effet négatif sur la probabilité de travailler hors ferme des exploitants. Ce résultat semble le même peu importe l'indicateur utilisé pour mesurer la taille de la ferme (p. ex., ventes brutes, capital agricole, superficie) (Mishra et Goodwin, 1997; Mishra et Holthausen, 2002; Howard et Swidinsky, 2000; Alasia et coll., 2007; El-Osta, Mishra et Morehart, 2008).

    L'effet de l'emplacement de la ferme et des caractéristiques régionales aurait également été étudié dans de récentes études. Les résultats ne sont cependant pas aussi solides et sont parfois inattendus. L'intuition porterait à penser que la densité démographique comporte un lien positif avec un marché du travail plus dynamique, accroissant ainsi la probabilité du travail hors ferme. Cependant, Howard et Swidinsky (2000) et Alasia et coll. (2007) apportent la preuve que la densité démographique est liée de façon négative à la probabilité de travailler hors ferme. De même, on a déterminé que la distance à la ville ou à la région métropolitaine est insignifiante ou exerce une influence positive sur la probabilité du travail hors ferme, ce qui est quelque peu contraire à l'intuition (Mishra et Goodwin, 1997; Alasia et coll., 2007; El-Osta, Mishra et Morehart, 2008). Howard et Swidinsky (2000) ont déterminé que la densité démographique augmenterait le nombre d'heures travaillées à l'extérieur de la ferme.

    Les paiements de programmes gouvernementaux réduiraient la probabilité de travailler hors ferme (Mishra et Goodwin, 1997; Howard et Swidinsky, 2000). Dans la mesure où la plupart des paiements sont contracycliques et destinés à stabiliser le revenu agricole, la relation négative avec le revenu hors ferme pourrait indiquer que le revenu hors ferme est utilisé comme substitut pour les paiements de programme dans le cadre d'un effort visant à gérer le risque afférent au revenu agricole.

    Risque afférent au revenu agricole et offre de travail hors ferme

    Alors que de nombreux auteurs renvoient au risque afférent au revenu agricole comme un facteur de motivation clé poussant les agriculteurs à travailler hors ferme, la litérature qui fournit une évaluation empirique de la relation existant entre le risque afférent au revenu agricole et la répartition du travail hors ferme est limitée. La disponibilité des données est probablement le principal facteur qui explique le nombre restreint d'études empiriques. Les données longitudinales au niveau de la ferme conviennent le mieux pour étudier le risque afférent au revenu agricole; cependant, de tels ensembles de données demeurent rares. En fait, en raison du manque de données au niveau de la ferme, la plupart des études ont dû se fier à des données agrégées, malgré les limitations qu'imposent les biais d'agrégation dans les mesures du risque (OCDE, 2009). L'étude de Mishra et Goodwin (1997) est la seule que nous avons trouvée qui utilise des données au niveau de la ferme. Qui plus est, leur étude est fondée sur un petit échantillon, ce qui réduit la confiance avec laquelle ces résultats peuvent être généralisés à l'ensemble de la population agricole.

    Kyle (1993) était un des premiers à étudier l'effet qu'exerce le risque afférent au revenu agricole sur le revenu hors ferme. En utilisant des données au niveau de l'État de 1960 à 1986 et une régression linéaire standard, l'auteur a découvert que la part du revenu hors ferme exprimée comme proportion du revenu total augmentait pour les États américains ayant la variabilité relative du revenu agricole net supérieure. Ces premiers résultats ont été corroborés par le travail de Mishra et Holthausen (2002). Cette dernière étude utilisait des données au niveau du comté et un modèle logit pour estimer les effets des caractéristiques de la ferme et de l'agriculteur, notamment l'âge, la taille de la ferme, le salaire hors ferme et la variabilité du revenu, sur la probabilité du travail hors ferme. Les résultats donnent à penser qu'une plus grande variabilité du revenu agricole serait associée à un revenu hors ferme plus élevé.

    Mishra et Sandretto (2002) ont également examiné le rôle que joue le revenu hors ferme pour réduire la variabilité du revenu total du ménage agricole. Ils ont étudié l'évolution du revenu agricole agrégé et la variabilité du revenu agricole américains de 1967 à 1999. Ils ont utilisé les données agrégées au niveau national pour effectuer une analyse fondée sur la variance, la covariance des composantes du revenu dans le temps, comme le revenu agricole et le revenu hors ferme. Les auteurs ont conclu que le revenu hors ferme a joué un rôle important pour réduire la variabilité du revenu total.

    En termes d'étude au niveau de la ferme, Mishra et Goodwin (1997) ont étudié les déterminants du revenu hors ferme pour 300 fermes du Kansas. Ils ont demandé aux agriculteurs et à leurs conjoints de déclarer dix années de revenu agricole et hors ferme (1981 à 1991) ainsi que divers facteurs démographiques (p. ex., éducation, expérience, distance à la ville et taille de la famille) et les caractéristiques de la ferme (p. ex., la taille fondée sur la superficie, niveau d'endettement, paiements de programme). Comme les fermes sans revenu hors ferme représentaient une part considérable de l'échantillon, un modèle Tobit a été utilisé pour aborder les problèmes de censuration des données. Les résultats indiquent que lorsque la variabilité du revenu agricole augmente, la probabilité d'un revenu hors ferme serait plus forte. À notre connaissance, leur étude est la seule qui estime la relation entre le risque afférent au revenu agricole et le travail hors ferme en utilisant des données au niveau des exploitants.

    Le modèle Tobit utilisé par Mishra et Goodwin (1997) présume implicitement que la variabilité du revenu agricole influerait de la même façon sur la décision de travailler ou non hors ferme et sur le choix de la quantité de travail hors ferme. Cette hypothèse n'est peut-être pas appropriée. En fait, dans leur étude de l'offre de travail hors ferme, Howard et Swidinsky (2000) rejettent la spécification Tobit en faveur d'un modèle plus général en deux parties. Ils ont également découvert que diverses variables indépendantes, notamment l'âge, le revenu du conjoint et la densité de la population pourraient avoir des effets inverses sur la participation au marché du travail et le nombre d'heures fournies par les exploitants.

    Dans la présente étude, nous tirons parti d'un ensemble de données fiscales longitudinales au niveau des exploitants agricoles élaboré par Statistique Canada et nous examinons les répercussions du risque afférent au revenu agricole comme facteur explicatif de la répartition du travail hors ferme des exploitants. Ce jeu de données nous permet également d'examiner la solidité de cette relation pour les fermes de tous les types et tailles, ce que d'autres études antérieures n'ont pas examiné. Alors que le risque afférent au revenu agricole peut revêtir une plus grande importance pour les exploitants de grandes fermes, parce qu'il tend à représenter une proportion plus élevée de leur revenu total, ces exploitants sont également confrontés à de plus fortes contraintes de travail qui peuvent les empêcher de tirer parti des possibilités hors ferme. Nous abordons cette question dans l'étude en comparant les résultats pour quatre types de fermes différents, notamment les exploitants de fermes d'agrément et appartenant à un retraité et les exploitans de fermes commerciales de taille différente. Nous avons élaboré un modèle en deux parties pour nous attaquer aux problèmes de censuration des données et évaluer la relation entre le risque afférent au revenu agricole et la décision de participer au marché du travail hors ferme ainsi que la quantité de travail fourni.

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