31F0026MIF1996001

	Destinations des livraisons manufacturières 1996 Division de la fabrication, de la construction et de l'énergie
	Étienne Saint-Pierre and Rowena Orok

Introduction

En 1996, la valeur des livraisons du secteur de la fabrication s’est chiffrée à 406 milliards de dollars, et le produit intérieur brut (PIB) a représenté 17 % du PIB de l’ensemble des secteurs d’activité. Dans la mesure où il s’agit d’une composante importante de l’économie canadienne, les changements structurels et les modifications des coûts ou de la production dans ce secteur ont inévitablement une incidence directe sur la situation économique tant à l’échelle du pays qu’à l’échelle provinciale.

La structure des destinations des livraisons manufacturières a constamment évolué pour permettre au secteur de la fabrication de faire face à la concurrence. Le présent article s’appuie sur les concepts et les définitions utilisés dans l’article de 1995 intitulé Destinations des livraisons manufacturières 1984 -1993. Cette mise à jour présente les faits saillants des résultats de l’Enquête annuelle des manufactures (EAM) pour l’année 1996 et évalue les changements observés au chapitre des destinations des livraisons selon la province et selon le grand groupe manufacturier. L’analyse couvre trois grands thèmes : les exportations, le commerce intraprovincial et la balance commerciale relative.

La valeur des livraisons manufacturières à l’extérieur du Canada s’est caractérisée par une croissance constante en 1996, les exportations totales ayant atteint 159 milliards de dollars. La proportion correspondante des exportations, qui augmente également depuis 1984, s’est accrue pour atteindre 39 % de la valeur totale des livraisons manufacturières (Graphique 1 - Pourcentage de la valeur des livraisons manufacturières exportées). Par conséquent, cette hausse des exportations vient confirmer l’importance croissante des marchés étrangers pour le secteur canadien de la fabrication.

Une analyse plus poussée du marché d’exportation révèle que les États-Unis ont continué d’être la principale destination des exportations manufacturières canadiennes. Toutefois, on enregistre également, en 1996, une progression de 57 % des livraisons vers d’autres destinations étrangères, livraisons dont la valeur est passée de 18 milliards de dollars à 28 milliards de dollars entre 1993 et 1996. Ces résultats témoignent, dans une certaine mesure, de l’élargissement des marchés étrangers attribuable à la libéralisation des échanges, à la réduction des coûts du transport et à l’intensification de la mondialisation.

Toutes les provinces canadiennes ont affiché une hausse de la proportion des livraisons manufacturières totales destinées à l’exportation entre 1993 et 1996, exception faite de l’Ontario qui a accusé une faible baisse. Pour confirmer la tendance observée depuis 1984, Terre-Neuve et la Colombie-Britannique se sont classées en tête de liste en 1996 pour ce qui est de la proportion des livraisons manufacturières exportées, les exportations de ces deux provinces ayant représenté respectivement 56 % et 46 % des livraisons manufacturières totales. En outre, Terre-Neuve a enregistré la plus forte augmentation en pourcentage des livraisons exportées (14 points) au cours de la période allant de 1993 à 1996. Il s’agit également de la seule province dont les exportations ont représenté plus de la moitié des livraisons manufacturières.

En ce qui a trait à la tendance à long terme, la plupart des provinces ont connu des hausses supérieures à 10 points au chapitre de la proportion des livraisons exportées, de 1984 à 1996 (Graphique 1 - Pourcentage de la valeur des livraisons manufacturières exportées). L’augmentation cumulative de la proportion des exportations a été plus marquée en Nouvelle-Écosse et au Manitoba (19 points pour chacune d’elles) que dans les autres provinces. L’Île-du-Prince-Édouard, quant à elle, est la seule province dont la part des exportations est demeurée relativement stable depuis 1984.

Comme par le passé, les livraisons manufacturières des Prairies se sont caractérisées par un taux d’exportation plus faible qu’ailleurs au Canada. Cette situation peut s’expliquer, en partie, par la distance relativement plus importante qui sépare les provinces des Prairies des principales voies maritimes et des grands centres urbains du nord-est et de la côte ouest des États-Unis. Les grandes industries exportatrices tendent à se localiser de façon à avoir accès à leurs marchés au moindre coût.

Néanmoins, les pourcentages de livraisons exportées ont continué d’augmenter dans les trois provinces des Prairies entre 1984 et 1996. Au cours de la période la plus récente, de 1993 à 1996, les exportations de la Saskatchewan et de l’Alberta ont plus que doublé, ce qui s’est traduit par une hausse du pourcentage des livraisons manufacturières exportées dans les deux provinces. Ainsi, la proportion des livraisons exportées est passé de 19 % à 29 % en Saskatchewan entre 1993 et 1996. Cette progression est essentiellement attribuable à la croissance des exportations dans les industries des aliments, soit la principale industrie manufacturière de la Saskatchewan.

La plus grande partie des exportations canadiennes de produits manufacturés est venue des industries du matériel de transport (33 %) et des industries du papier et des produits connexes (12 %). Le pourcentage combiné des exportations de ces deux groupes d’industries a toutefois diminué, passant de plus de la moitié de l’ensemble des livraisons manufacturières exportées en 1993 à environ 45 % en 1996.

Ce recul est principalement attribuable au ralentissement de la croissance des exportations des industries du matériel de transport par rapport aux autres industries du secteur de la fabrication. La proportion des exportations, qui se chiffrait à plus de 70 % depuis 1984, est passée à 60 % en 1996 (Tableau 1 - Pourcentage des livraisons exportées). En fait, ce grand groupe a accusé l’une des baisses les plus importantes du pourcentage des livraisons exportées au cours de la période.

Par ailleurs, les industries du papier et des produits connexes ont accru la proportion de leurs livraisons exportées, qui a atteint 62 %, le pourcentage le plus élevé de l’ensemble des grands groupes en 1996. Une hausse appréciable a également été observée dans les industries des produits électriques et électroniques, la proportion des exportations ayant augmenté de 13 points pour atteindre 59 % des livraisons manufacturières totales de ce groupe d’activité.

Parmi les autres grands groupes étroitement liés aux marchés extérieurs en 1996, notons les industries du bois, les industries de la machinerie et les industries textiles de première transformation. À l’inverse, d’autres grands groupes comme l’imprimerie, l’édition et industries connexes, les industries des produits raffinés du pétrole et du charbon et les industries des aliments couvrent des classes d’activité plus orientées vers les marchés locaux.

En ce qui concerne le niveau à 4 chiffres de la CTI, le nombre des industries manufacturières dont les exportations représentent moins de 20 % de la valeur des livraisons a continué de baisser, tandis que le nombre des industries dont les exportations représentent plus de 20 % de la valeur des livraisons a augmenté (Graphique 2 – Distribution des industries basée sur le pourcentage des livraisons exportées, toutes les industries manufacturières). Plus précisément, on recense un nombre plus élevé d’industries dont les exportations ont représenté entre 20 % et 40 % de la valeur de leurs livraisons.

Commerce intraprovincial

À l’échelle des grands groupes, la baisse du pourcentage des livraisons totales vers des marchés dans la province d’origine a persisté en 1996. Pour seulement 8 des 22 grands groupes, plus de la moitié des livraisons manufacturières sont restées dans la province d’origine (Graphique 3 – Commerce intraprovincial). Seuls les grands groupes couvrant les industries des produits en caoutchouc, les industries du matériel de transport et les industries du tabac ont déclaré une augmentation des livraisons intraprovinciales au cours de la période allant de 1993 à 1996. Ces résultats confirment la tendance observée depuis 1984 : la majorité des biens manufacturés tendent à être acheminés à l’extérieur de la province dans laquelle ils ont été produits.

Entre 1993 and 1996, les mêmes grands groupes se sont classés en tête de liste pour ce qui est de la proportion des livraisons intraprovinciales (l’impression, l’édition et les industries connexes, les industries des boissons et les industries des produits minéraux non métalliques). Plus précisément, les livraisons intraprovinciales des deux premiers grands groupes à ce chapitre ont représenté plus de 70 % de l’ensemble des livraisons manufacturières de chacun de ces groupes. Par opposition, les livraisons intraprovinciales des industries des produits électriques et électroniques et des industries du papier et des produits connexes n’ont représenté que le quart des livraisons manufacturières.

Cette section porte sur la structure des échanges à l’intérieur du Canada : la livraison de biens manufacturés vers d’autres provinces et la livraison de biens manufacturés en provenance d’autres provinces. Contrairement aux deux premières sections qui présentent des données fondées sur les livraisons manufacturières totales, les données sur la structure des échanges interprovinciaux («exportations» et «importations» intérieures) sont exprimées en pourcentage des livraisons intérieures.

L’analyse des tendances de 1984 à 1996 révèle que la proportion des biens manufacturés vendus dans des provinces canadiennes autres que la province d’origine est en hausse dans la majorité des provinces. Entre 1993 et 1996, seulement quatre provinces ont enregistré une baisse de la proportion des «exportations» vers d’autres provinces : l’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau- Brunswick, l’Ontario et le Québec (Graphique 4 – Proportion des livraisons intérieures destinées au reste du Canada). Au cours de cette même période, les proportions les plus élevées de livraisons intérieures destinées à d’autres provinces ont été observées au Nouveau-Brunswick (54 %), au Manitoba (50 %) et à l’Île-du-Prince-Édouard (46 %). Par ailleurs, les proportions les plus faibles de livraisons interprovinciales ont été enregistrées à Terre-Neuve (19 %), en Ontario (20 %) et en Colombie-Britannique (23 %).

En ce qui concerne les biens manufacturés importés par chaque province d’ailleurs au Canada entre 1993 et 1996, l’Ontario et le Québec ont maintenu leur capacité d’auto-approvisionnement, les livraisons en provenance des autres provinces n’atteignant que 15 % et 27 %, respectivement, en 1996. Il s’agit là, toutefois, de pourcentages inférieurs à ceux obtenus en 1993. De façon similaire, en 1996, le pourcentage des livraisons reçues des autres provinces ont également accusé une baisse dans la plupart des cas. À l’autre extrémité du spectre, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve ont continué d’afficher les pourcentages les plus élevés de livraisons en provenance du reste du Canada en 1996, soit 75 % et 71 % respectivement.

Compte tenu de la valeur des «exportations» et des «importations» intérieures, il est possible de calculer la balance relative des livraisons manufacturières interprovinciales pour chacune des provinces (Tableau 2 – Balance relative, provinces). En 1996, l’Ontario (17 %) et le Québec (14 %) ont continué d’obtenir des balances relatives positives; le nombre considérable d’industries manufacturières dans ces provinces fait en sorte que l’Ontario et le Québec sont en mesure de répondre à leur demande intérieure de même qu’à la demande des autres provinces. On observe, cependant, un changement plus appréciable en Alberta. En 1996, l’augmentation des exportations de l’Alberta vers le reste du Canada a nettement surpassé la croissance des importations en provenance des autres provinces. Par conséquent, la balance relative de l’Alberta est passée d’un déficit de 6 % en 1993 à une balance positive de 4 % en 1996.

Comme l’illustre le tableau 2, on observe des déficits des balances relatives provinciales depuis 1984. Toutefois, si l’on compare les balances relatives de 1984 et de 1996 (Tableau 2), on constate une diminution des déficits dans la plupart des provinces. Les améliorations les plus marquées sont notées en Alberta, en Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick.

Tableau 2: Balance relative, provinces

Source: Enquête annuelle des manufactures, Division de la fabrication, de la construction et de l'énergie

Il importe de souligner que l’analyse ci-dessus porte exclusivement sur la structure des échanges dans le secteur de la fabrication. Des balances négatives au chapitre des livraisons interprovinciales de biens manufacturés peuvent être contrebalancées par des balances positives dans les secteurs des ressources naturelles et des services de même que dans les transferts fédéraux versés aux provinces et aux personnes défavorisées.

Conclusion

Compte tenu de l’expansion du marché des produits manufacturés canadiens, les livraisons manufacturières ont davantage été destinées, en 1996, à des marchés à l’extérieur de la province d’origine. Dans la majorité des provinces et des industries, on constate une poussée de la valeur des exportations à l’étranger et des échanges interprovinciaux en 1996. Plus particulièrement, l’élimination d’obstacles commerciaux ainsi que la dépréciation du dollar canadien ont contribué à accroître la propension aux exportations à l’étranger.

Cet article a été rédigé par Étienne Saint-Pierre et Rowena Orok. Étienne et Rowena sont des économistes à Statistique Canada à la Division de la fabrication, de la construction et de l’énergie.

Vous pouvez obtenir de plus ample information sur le secteur manufacturier canadien en consultant la publication, Produits par les fabricants canadiens (31-211-XPB au catalogue). Cette publication est disponible annuellement au coût de 67 $ au Canada et de 67$ US à l’extérieur du Canada. Vous pouvez commander cette publication par téléphone: 1-800-267-6677, par télécopieur: 1-800-889-9734 ou via Internet : Commander. Des informations sur les données manufacturières ou sur les séries chronologiques peuvent être obtenues auprès de l’unité de diffusion, Division de la fabrication, de la construction et de l’énergie au (613) 951-9497 ou via l'Internet : manufact@statcan.gc.ca                 

17 % du PIB : calculé en fonction du PIB au coût des facteurs, en dollars constants (prix de 1992).

Destinations des livraisons manufacturières 1984-1993 : Saint-Pierre, Étienne «Destinations des livraisons manufacturières 1984-1993», Produits livrés par les fabricants canadiens, 1995 (Statistique Canada, n^o 31-211-XPB au catalogue).

Destinations des livraisons manufacturières : Dans le cadre de l’Enquête annuelle des manufactures (EAM), on emploie le concept de la «première destination». On demande aux répondants de déclarer la première destination des marchandises livrées. Il peut s’agir des locaux d’un grossiste ou d’un autre distributeur, ou encore de l’utilisateur final du produit.

Niveau à 4 chiffres de la CTI : La classe d’activité correspond au quatrième niveau de regroupement de la CTI de 1980. Pour plus de renseignements, veuillez consulter la publication Classification type des industries (CTI) 1980, Statistique Canada, n^o 12-501-XPF au catalogue.

Balance relative : On calcule la balance relative des livraisons manufacturières interprovinciales en divisant l’excédent ou le déficit des livraisons interprovinciales par la somme de l’ensemble des livraisons d’une province destinées au reste du Canada et de l’ensemble des livraisons acheminées dans cette province en provenance du reste du Canada.