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INTRODUCTION Au cours de la dernière décennie, le secteur manufacturier canadien a dû surmonter des défis de tailles dont la mondialisation afin de conserver sa compétitivité tant sur le marché canadien que sur les marchés internationaux. Comment les industries se sont-elles adaptées afin de faire face à ces défis ? La compétitivité dépend de la croissance de la productivité et cette croissance passe nécessairement par un processus de rationalisation des coûts de production. Nous tenterons d'expliquer de quelles façons et dans quelles mesures le secteur manufacturier a rationalisé ses coûts de production en observant l'importance et l'évolution des quatre principaux intrants : c'est-à-dire les dépenses en salaires, en traitements, en énergie ainsi que les dépenses en matières premières. A la section I, nous examinons d'abord l'évolution des dépenses totales en coût de production pour l'ensemble du secteur ainsi que par grand groupe industriel. À la section II, nous observons la situation des dépenses en salaire et en traitement pour l'ensemble du secteur industriel, par taille d'établissement ainsi que par grand groupe. Nous analysons la composition des dépenses en énergie et en matières premières à la section III ainsi que son évolution dans le temps pour tout le secteur, par type de transformation et par groupe industriel. Finalement à la section IV nous résumons la situation et présentons certaines conclusions.
I ÉVOLUTION GLOBALE DES COÛTS DE PRODUCTION Depuis 1983, le secteur manufacturier a vu son PIB, en dollars constants, augmenter jusqu'à 1989 puis diminuer au cours de la période de 1990-1991, ce n'est qu'en 1994 que le niveau de production dépasse celui de 1989 et la tendance à la hausse se maintient pour 1995 (voir graphique 1). Les investissements ont aussi été à leurs plus hauts niveaux en 1989, ont atteint leurs niveaux le plus bas en 1992 et sont à la hausse depuis 1993. De plus, c'est en 1991 que le taux d'utilisation de la capacité industrielle a atteint son niveau le plus bas depuis 1984 et ce n'est qu'à partir de 1994 que le niveau a dépassé celui de 1989. Ainsi, entre 1989 et 1994 le secteur manufacturier canadien a fait face à une situation conjoncturelle difficile et comme on peut le voir au graphique 1, les industries ont ajusté leurs coûts de production en conséquence. Cependant au cours de cette période le secteur manufacturier dans son ensemble a aussi procédé à des ajustements afin de rationaliser ses coûts. En effet les coûts de production représentaient 80.1% de la production brute en 1985, 78.3% en 1989 et seulement 75.7% en 1995 pour l'ensemble du secteur manufacturier, ce qui représente une diminution de plus de 5% entre 1985 et 1995. Les coûts de production sont composés des dépenses en salaire, en traitement, en combustible et électricité ainsi qu'en matières premières. De façon générale, les établissements manufacturiers canadiens ont diminué leurs coûts en proportion de la production brute de façon permanente entre 1985 et 1995 et ce processus devrait se poursuivre afin de permettre aux industries de demeurer compétitives. Par grand groupe industriel Parce qu'ils subissent des pressions différentes, les groupes d'industries ont rationalisé leurs coûts de production dans des proportions différentes et de façons variées. Au tableau 1, on retrouve les coûts de production (dépenses en salaire, traitement, électricité et combustible et matières premières) en pourcentage de la production brute pour 1985 et 1995. Par exemple, en 1995, pour l'industrie du tabac, il en coûte 0.44$ pour produire 1$ de produit de tabac et pour l'industrie des produits raffinés du pétrole et du charbon, il en coûte 0.88$ pour 1$ de production. On remarque d'abord que les écarts sont grands entre les différents groupes d'industries, le pourcentage des coûts varie entre 44.1% et 88.1% de la valeur de la production brute pour 1995 et entre 62.8% et 92.1% en 1985. On constate que les écarts entre les différentes industries ont augmenté considérablement dans le temps. Certains grands groupes ont diminué la proportion des coûts tandis que d'autres groupes ont vu leur part des coûts augmentée par rapport à la production. TABLEAU 1. Pourcentage des coûts de production en fonction de la production brute, 1985 et 1995.
II COMPOSANTES EN SALAIRES ET TRAITEMENTS Les salaires représentent les gains bruts des employés de la production tandis que les traitements représentent les gains bruts des employés de l'administration et de tous les employés à l'exception de ceux de la production. Les dépenses en salaire et traitement en fonction de la production ont été réduites pour l'ensemble du secteur manufacturier entre 1985 et 1995. Les coûts en salaires en pourcentage de la production sont passés de 12.5% en 1985 à 11.0% en 1995. Les coûts en traitement ont aussi diminué au cours de cette période, de 6.1% à 5.2% de la production brute. Cette amélioration du rendement du travail est évidemment liée, en partie, à la restructuration et à l'augmentation de l'automatisation de la production. Pendant la période de 1990 à 1993 on peut observer que la production brute par employé a augmenté et que les dépenses en salaire par employé ont aussi augmenté et ce, malgré la baisse de production et une réduction des effectifs. Cette hausse de productivité du travail et des dépenses par employé peut être causée, entre autre, par le licenciement de la main d'oeuvre non-qualifiée en période de ralentissement économique. Ainsi les établissements essaient de conserver leur main d'oeuvre qualifiée car elle est beaucoup plus difficile à embaucher. Robillard (1995) observe que même en période de récession, les pénuries de main d'oeuvre qualifiée demeurent tandis qu'elles sont quasi inexistantes pour les travailleurs non spécialisés. Pour la période suivante, 1994-1995, il y a une hausse de l'emploi et malgré cette augmentation des effectifs, la production brute par employé augmente toujours. Cependant on observe une diminution des dépenses en salaire par employé, probablement causée par la hausse généralisée des taux de chômage. De plus, Baldwin (1996) soutient que les nouveaux emplois sont rémunérés à un taux de plus en plus faible. Par taille d'établissement Il est intéressant de regarder la situation pour l'ensemble du secteur manufacturier par taille d'établissement, on pense en effet que les entreprises de différentes tailles ne se sont pas ajustées de la même façon et au même rythme. Nous divisons les établissements en 4 groupes, ceux ayant des livraisons manufacturières :
On remarque des écarts importants entre les 4 groupes d'établissements, comme on peut le voir au graphique 2. Les établissements de moins de 1 million de livraisons consacrent 38.7% de la valeur de production en dépenses de salaire et traitement en 1994. Tandis que les établissements ayant des livraisons supérieures à 25 millions ne dépensent que 10.6% de la valeur de la production brute en salaire et traitement pour 1994. On constate que l'écart entre petits et grands établissements s'est élargit entre 1984 et 1994. En effet, la composante salariale a augmenté pour les 2 groupes de petites tailles tandis qu'elle a diminué pour le groupe des livraisons de 25 millions et plus. Graphique 2. Dépenses en salaires et traitements en pourcentage de la production brute par taille d'établissement 1984 et 1994.Les dépenses en matières premières et en énergie en fonction de la production brute sont similaires pour les établissements de différentes tailles mais il existe de grandes variations dans les coûts en salaire. En fait, les coûts de production représentent 90.1% de la valeur de la production brute pour les petits établissements contre 61.9% pour les très grands en 1994. Cependant en 1984, 81.1% de la valeur de la production brute était dépensée en coûts pour les petits et 79.4% pour les grands établissements. Les petits établissements n'ont pas réussi à maintenir leur productivité relative du travail et l'écart se creuse entre les petits et les très grands établissements. Baldwin (1996) fourni deux principales explications pour expliquer ce phénomène :
Par grand groupe industriel
Grâce au tableau 2, on constate que mise à part les industries des matières plastiques, de la fabrication des produits métalliques, des aliments, des produits textiles et des produits raffinés du pétrole et du charbon, toutes les industries ont réduit leurs dépenses en salaires en pourcentage de la production brute.
Pour l'ensemble des grands groupes, la production par employé s'est accrue davantage que les dépenses en salaire n'ont été réduites. Cette situation peut s'expliquer par une substitution d'un grand nombre de travailleurs non-qualifiés par un nombre plus restreint de travailleurs qualifiés, de l'utilisation d'équipements plus perfectionnés ainsi que par l'augmentation de la sous-traitance.
En comparant les dépenses en traitement (tous les employés sauf de production) aux dépenses en salaire (employés de production), on constate certains points intéressants.
III COMPOSANTES DE L'ÉNERGIE ET DES MATIÈRES PREMIÈRES Comme pour les coûts en salaire et traitement, les coûts en énergie et en matières premières en pourcentage de la production brute ont diminué entre 1985 et 1995 pour l'ensemble du secteur manufacturier canadien. Les dépenses en énergie sont passées de 3.0% à 2.4% de la production brute et les dépenses en matières premières de 58.5% à 57.1% de la production. Dépenses en énergie : combustibles et électricité Au niveau des dépenses en énergie, on constate que le niveau a atteint un plancher de 2.5% de la production brute en 1988 et qu'il y a eu une faible augmentation dès 1989 puis une augmentation plus importante jusqu'à 1991 (2.9% de la production brute). Une part de cette hausse peut être expliquée par la diminution du volume de production donc d'une diminution des rendements d'échelle. En 1994, quand la production a retrouvé un niveau supérieur à celui de 1989, les dépenses en énergie en pourcentage de la production brute étaient encore au-dessus du niveau de 1988. Cependant on ne peut conclure automatiquement que la consommation en énergie a augmenté entre 1988 et 1994. Plusieurs phénomènes combinés agissant dans différentes directions sont responsables de cet effet final.
Donc il est peu évident que la consommation d'énergie a augmenté entre 1988 et 1994. On constate qu'entre 1985 et 1995, les dépenses en énergie en pourcentage de la production ont diminué de plus de 20%. Bien que les prix expliquent une partie de cette diminution, il est évident que le secteur manufacturier dans son ensemble a rationalisé ses coûts en énergie. Évidemment, on retrouve des situations particulières à certains groupes d'industries quant à leurs dépenses en énergie et à son évolution. Globalement, en regroupant les industries par niveau de transformation des biens on peut observer de grandes différences dans les coûts d'énergie.
Avant tout, il est important de définir brièvement les trois types de transformation des biens qu'il existe à l'intérieur du secteur manufacturier : la production de biens primaires, de biens secondaires et finalement la production de biens finis.
Nous avons organisé les industries manufacturières selon cette classification des biens produits. Au graphique 3, on retrouve les dépenses d'énergie en pourcentage de la production brute des trois classes d'industries. On remarque que ce sont les industries produisant les biens primaires qui ont les coûts en énergie les plus élevés, ils représentent un peu plus de 4% en 1995. Les industries produisant des biens finis dépensent le plus faible pourcentage de la valeur de production en énergie, moins de 1%. Avec les niveaux de 1985, on constate que ce rapport s'est maintenu dans le temps. Afin de conclure sur la consommation d'énergie il serait essentiel de connaître les proportions des différentes sortes d'énergie utilisées. Mais nous pouvons quand même avancer qu'il est normal que les industries produisant des biens primaires, nécessitant des grandes transformations, dépensent le plus en énergie. De façon plus particulière, on peut observer le niveau des dépenses en énergie par groupe industriel majeur.
Au graphique 4, on retrouve les dépenses en pourcentage de la production brute de 1985 et 1995 organisées selon les industries ayant les dépenses les plus élevées en 1995. On peut identifier les groupes d'industries qui dépensent le plus d'énergie dans leur production ainsi que la variation des coûts en énergie entre 1985 et 1995.
Dépenses en matières premières Comme pour l'énergie, le pourcentage des dépenses en matières premières par rapport à la production brute a aussi atteint un plancher de 55.8% en 1988, plancher qui n'a pas été atteint par la suite. En effet ce pourcentage a graduellement augmenté jusqu'à 57.3% en 1993 et faiblement diminuer au cours de la période 1994-1995. De la même façon que pour l'énergie, les niveaux de prix des différentes matières premières peuvent avoir eu un impact considérable sur le niveau des dépenses.
IV CONCLUSION Dans l'ensemble, le secteur manufacturier semble avoir rationalisé ses coûts de production au cours de la dernière décennie. En effet, les dépenses des quatre principaux intrants en fonction de la production brute ont diminué pour tout le secteur.
À l'intérieur du secteur, certains groupes d'industries ont procédé à une rationalisation plus importante de leurs coûts de production. Les groupes d'industries suivants ont fortement diminué leurs dépenses en coûts de production entre 1985 et 1995.
Cependant une réserve s'impose, les niveaux de prix des intrants et de la production pourraient expliquer en partie certaines variations des coûts de production. En particulier, les prix des industries du papier ont fortement augmenté entre 1993 et 1995 et dans une plus faible mesure les prix des industries chimiques et du tabac ont aussi augmenté par rapport aux prix des autres industries au cours de cette période. Alors sous cette réserve, nous concluons que les industries du papier et des produits connexes, les industries chimiques, les industries du tabac et les industries des produits électriques et électroniques semblent avoir fortement rationalisé leurs coûts de production entre 1985 et 1995. Cette rationalisation des coûts de production nous indique que des changements structurels importants se sont produits dans le secteur manufacturier entre 1985 et 1995. Et certains de ces changements sont des conditions nécessaires à la croissance de la productivité et au maintient et à l'augmentation de la compétitivité.
Documents consultés Baldwin, John "Création d'emplois, revenu et productivité dans le secteur manufacturier" dans L'observateur économique canadien, 11-010-XPB au catalogue, Statistique Canada, Ottawa, Novembre 1996, p. 3.1-3.16. Robillard, Claude "Difficultés d'embauche dans le secteur manufacturier" dans L'emploi et le revenu en perspective, 75-001F au catalogue, vol. 7 no 2, Statistique Canada, Ottawa, été 1995, p. 37-39. Cet article a été rédigé par Sophie Lefebvre. Sophie est économiste à Statistique Canada et travaillait à la Division de la fabrication, de la construction et de lénergie. Vous pouvez obtenir de plus ample information sur le secteur manufacturier canadien en consultant la publication, Industries manufacturières du Canada : niveaux national et provincial (31-203-XPB au catalogue). Cette publication est disponible annuellement au coût de 68 $ au Canada et de 68 $ US à lextérieur du Canada. Vous pouvez commander cette publication par téléphone: 1-800-267-6677, par télécopieur: 1-800-889-9734 ou via Internet: Commander. Des informations sur les données manufacturières ou sur les séries chronologiques peuvent être obtenues auprès de lunité de diffusion, Division de la fabrication, de la construction et de lénergie au (613) 951-9497 ou via l'Internet : manufact@statcan.gc.ca
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