Facteurs sociodémographiques influant sur l'utilisation d'Internet

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Des différences quant à l'accès à Internet et à son utilisation ont été notées chez les Canadiens, selon l'âge, le sexe, le revenu, le niveau de scolarité et le lieu de résidence (McKeown et Noce, 2007, Sciadas, 2002). Par ailleurs, des études de la fracture numérique ont établi un lien entre l'accès à Internet et son utilisation et de nombreux facteurs sociodémographiques dans de nombreux pays (Sciadas, 2003, 2005, OCDE, 2001).

L'analyse qui suit se concentre sur trois groupes sociodémographiques particuliers affichant des modèles distincts d'utilisation d'Internet : les immigrants récents, les Canadiens vivant dans des régions rurales et les Canadiens âgés.

Utilisation d'Internet par les nouveaux Canadiens
Utilisation d'Internet par les Canadiens des régions rurales
Utilisation d'Internet par les Canadiens âgés

Utilisation d'Internet par les nouveaux Canadiens

Les recherches effectuées au Canada ont permis de déterminer des modèles distincts d'utilisation d'Internet par les immigrants au Canada, et plus particulièrement les immigrants récents. En 2003, l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes de Statistique Canada et de l'Organisation de coopération et de développement économiques a montré que les immigrants au Canada et dans plusieurs autres pays affichent des niveaux élevés d'utilisation de l'ordinateur à la maison (Veenhof, 2006b). La même enquête a aussi permis de déterminer un lien entre la langue la plus souvent parlée à la maison et le temps passé à l'ordinateur : 37,3 % des personnes qui parlaient une autre langue que l'anglais ou le français à la maison passaient 30 heures ou plus par mois à leur ordinateur à la maison. Par contre, seulement 28,6 % des Canadiens parlant anglais et 26,4 % des Canadiens parlant français faisaient de même.

Les immigrants récents sont aussi plus susceptibles que les personnes nées au Canada et les autres immigrants d'utiliser Internet pour communiquer avec leur famille et leurs amis. L'Enquête sociale générale (ESG) sur l'engagement social de 2003 a permis de déterminer que 56,0 % des Canadiens de 25 à 54 ans qui ont immigré au Canada entre 1990 et 2003 avaient utilisé Internet au cours du mois précédent pour communiquer avec des amis, comparativement à 48,1 % des personnes nées au Canada. De même, 55,9 % des immigrants récents ont utilisé Internet pour communiquer avec leur famille, comparativement à 42,6 % des personnes nées au Canada (Schellenberg, 2004; voir aussi le tableau 3 d'une section précédente de la présente étude). Une étude antérieure fondée sur des données de l'ESG de 2000 de Statistique Canada a aussi permis de déterminer que les utilisateurs d'Internet nés à l'étranger étaient plus susceptibles que les personnes nées au Canada d'utiliser le courriel sur une base quotidienne pour communiquer avec des parents et des amis (Dryburgh, 2001). Il existe probablement un certain nombre de facteurs liés à l'utilisation élevée d'Internet par les immigrants récents pour communiquer avec la famille à l'étranger. Internet représente par exemple une façon économique de le faire. En outre, les immigrants récents ont, en moyenne, des niveaux relativement élevés de scolarité — un autre facteur lié à l'utilisation accrue d'Internet (Schellenberg, 2004)1.

Les interviews menées à East York par NetLab fournissent une étude de cas illustrant ce phénomène (Kayahara et coll., 2005). Au total, 39 % des personnes interviewées étaient des immigrants, et près de la moitié d'entre elles avaient immigré au Canada au cours des cinq dernières années. Pour la presque totalité des immigrants récents, l'utilisation d'Internet pour entretenir des liens avec les amis et la famille dans leur pays d'origine constituait une priorité de premier plan.

Internet a servi davantage à maintenir des liens qu'à créer de nouveaux liens au Canada, et cela n'est pas propre aux immigrants. L'étude d'East York a révélé que moins de 1 % de tous les liens personnels étroits avaient été créés sur Internet seulement (Wellman, Hogan et coll., 2006). Les immigrants ont trouvé Internet particulièrement utile pour recueillir des données concernant la ville de Toronto et pour choisir d'y immigrer, plutôt que dans toute autre ville. Toutefois, l'étude a démontré qu'une fois qu'ils sont arrivés, tout comme la plupart des Canadiens, les immigrants ont créé de nouveaux liens grâce à d'anciennes méthodes.

Des données récentes de l'Enquête canadienne sur l'utilisation d'Internet (ECUI) de 2007 de Statistique Canada font état de façon détaillée de certaines autres différences dans la façon dont les immigrants (et plus particulièrement les immigrants récents) utilisent Internet par rapport aux personnes nées au Canada. Le tableau 1 compare les activités en ligne des utilisateurs d'Internet nés au Canada à leur domicile avec celles de deux groupes d'immigrants qui utilisent aussi Internet à leur domicile : les personnes qui ont immigré au Canada avant 1997, et celles qui ont immigré en 1997 ou après2. Les immigrants récents et les personnes nées au Canada étaient tout aussi susceptibles d'utiliser Internet pour un certain nombre d'activités en ligne liées aux communications, mais les immigrants récents étaient plus susceptibles de faire des appels téléphoniques en ligne et d'utiliser un service de messagerie instantanée.

Comparativement aux personnes nées au Canada, les immigrants récents ont aussi affiché une forte utilisation de certains types de renseignements culturels en ligne. Par exemple, les trois quarts (75,0 %) regardaient les sports en ligne, comparativement à 62,1 % des utilisateurs d'Internet nés au Canada. Les immigrants récents utilisaient aussi activement Internet pour télécharger de la musique, des films ou des émissions de télévision et pour écouter la radio en ligne.

Tableau 1  Certaines activités des utilisateurs d'Internet à leur domicile, selon le statut d'immigrant, Canada, 2007

Tableau 1
Certaines activités des utilisateurs d'Internet à leur domicile, selon le statut d'immigrant, Canada, 2007

Ces conclusions font ressortir qu'Internet peut être une ressource essentielle pour maintenir le contact avec la famille et les amis à l'étranger, et peut aussi offrir du contenu culturel ethnique et en langue étrangère, contenu qui est peut-être difficile à trouver pour les immigrants récents dans leur collectivité immédiate.

Utilisation d'Internet par les Canadiens des régions rurales

La fracture numérique rurale, c'est-à-dire l'écart dans l'accès à Internet et son utilisation entre les personnes qui vivent dans des centres urbains et celles qui vivent dans des régions rurales, a été un sujet de recherche dans de nombreux pays, y compris au Canada (Comité sénatorial permanent de l'agriculture et des forêts, 2008, McKeown et Noce, 2007, Veenhof, Neogi et van Tol, 2003, Groupe de travail national sur les services à large bande, 2001). Un nombre significativement plus faible de Canadiens vivant dans des régions rurales que de Canadiens vivant dans des régions urbaines utilisent Internet. L'ECUI de 2007 de Statistique Canada a montré que 75,6 % des Canadiens vivant dans des régions urbaines utilisaient Internet à des fins personnelles (peu importe le lieu d'utilisation), comparativement à 65,2 % des Canadiens des régions rurales. Ces derniers étaient aussi moins susceptibles d'utiliser Internet à la maison (59,5 %) que les Canadiens vivant dans des régions urbaines (71,4 %). Une étude récente a conclu que la fracture numérique rurale persiste, même lorsque l'on contrôle d'autres facteurs, comme l'âge, le sexe, le revenu et la scolarité (McKeown et Noce, 2007).

Toutefois, Internet offre la possibilité aux Canadiens des régions rurales de surmonter les obstacles liés à l'éloignement. Par exemple, il augmente leur capacité d'accéder à des biens, des services et de l'information, qui ne sont pas facilement disponibles dans leur collectivité immédiate, de participer à des cours à distance, lorsque l'accès à certaines écoles ou certains programmes est difficile (ou trop coûteux) par ailleurs, en raison de l'éloignement, ainsi que d'utiliser les services de télémédecine pour parler à un spécialiste ou envoyer leurs résultats de tests à des hôpitaux éloignés pour qu'ils soient interprétés. Comme les immigrants, les Canadiens des régions rurales apprécient la possibilité que leur offre Internet de communiquer avec des amis et des parents qui vivent loin, généralement dans des villes canadiennes3.

À partir des données de l'ECUI de 2007, le tableau 2 révèle que les utilisateurs d'Internet à domicile dans les régions urbaines étaient légèrement plus susceptibles de s'adonner à un certain nombre d'activités en ligne, et plus particulièrement d'utiliser Internet pour obtenir des renseignements financiers, ainsi que pour diverses formes de communications et de loisirs. L'accès à Internet à large bande facilite un certain nombre d'applications, comme le téléchargement de musique, l'écoute de la radio sur Internet ou de la télévision en ligne, des activités qui sont beaucoup plus populaires chez les Canadiens des régions urbaines que chez les personnes vivant dans des régions rurales. Les utilisateurs des régions urbaines étaient aussi plus susceptibles de trouver des renseignements de voyage, de voir les nouvelles et les sports, de se renseigner sur des activités communautaires ou d'utiliser Internet pour leurs besoins d'études ou de formation que leurs homologues des régions rurales. Toutefois, les utilisateurs des régions rurales étaient plus susceptibles que les utilisateurs des régions urbaines de jouer à des jeux en ligne avec d'autres. Les différences dans l'utilisation d'Internet pour accéder aux services de messagerie instantanée, communiquer avec le gouvernement canadien, obtenir des bulletins météorologiques ou des conditions routières, ou fureter pour s'amuser et se détendre n'étaient pas statistiquement significatives. Toutefois, le modèle global qui ressort est que les utilisateurs d'Internet des régions urbaines participent généralement à une plus grande variété d'activités en ligne que les résidents des régions rurales du Canada.

Tableau 2  Certaines activités des utilisateurs d'Internet à leur domicile, Selon le lieu de résidence, Canada, 2007

Tableau 2
Certaines activités des utilisateurs d'Internet à leur domicile, selon le lieu de résidence, Canada, 2007

Même si Internet représente une ressource significative pour certains utilisateurs des régions rurales, les résultats qui précèdent confirment qu'il subsiste non seulement un clivage quant à l'accès à Internet entre les utilisateurs des régions urbaines et rurales, mais aussi quant à l'utilisation d'Internet. Le « clivage au chapitre de l'utilisation » fait ressortir que l'évaluation de la disponibilité de l'infrastructure Internet seulement n'est pas suffisante pour mesurer de façon appropriée les répercussions qu'Internet peut avoir sur la capacité de tous les citoyens de participer à la société numérique (Middleton et Ellison, 2008, Montagnier, 2007, OCDE, 2004).

Selon une étude récente de NetLab, les résidents de la région rurale de Chapleau en Ontario ont déclaré que la disponibilité de la large bande joue un rôle clé quant à leur utilisation diversifiée d'Internet (Behrens, Glavin et Wellman, 2007, Collins et Wellman, 2008). Cette disponibilité demeure un problème dans certaines régions rurales et éloignées au Canada, selon les derniers chiffres de l'ECUI. Même si la grande majorité (91,4 %) des utilisateurs d'Internet à leur domicile dans les régions urbaines avaient une connexion à haute vitesse en 2007, un peu moins des trois quarts (72,5 %) des utilisateurs des régions rurales déclaraient utiliser une connexion à haute vitesse à la maison. En outre, plus de la moitié des résidents des régions rurales utilisant un service plus lent déclaraient que la connexion à haute vitesse n'était pas disponible dans leur région (Statistique Canada, 2008). Compte tenu du rapport qui peut exister entre l'accès à large bande et le temps que les utilisateurs passent sur Internet, ainsi que les types d'activités auxquelles ils s'adonnent (Montagnier, 2007), l'absence de disponibilité d'une connexion à large bande dans certaines régions rurales et éloignées devrait continuer à jouer un rôle pour expliquer certaines des différences dans la façon dont Internet est utilisé dans ces régions. En fait, les Canadiens qui vivent dans des régions rurales et éloignées déclarent que la gamme d'activités en ligne auxquelles ils participent et l'efficacité avec laquelle ils peuvent s'adonner à ces activités sont limitées par l'absence de services à haute vitesse (Comité sénatorial permanent de l'agriculture et de la foresterie, 2008, Cobb, 2007).

Utilisation d'Internet par les Canadiens âgés

L'âge constitue un autre facteur lié aux niveaux d'accès à Internet au Canada et dans de nombreuses régions du monde (OCDE, 2001, 2004, Sciadas, 2002, 2003, Département du commerce des États-Unis, 2004). Les données de l'ECUI révèlent que 60,8 % des Canadiens de 55 à 64 ans ont accédé à Internet à des fins personnelles en 2007, mais que la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus ayant fait de même est beaucoup plus faible (28,8 %). Par contre, les taux d'utilisation d'Internet (peu importe le lieu d'utilisation) à des fins personnelles en 2007, dans le cas des autres groupes d'âge, étaient de 93,1 % pour les personnes de 16 à 34 ans et de 79,8 % pour les personnes de 35 à 54 ans.

Les Canadiens âgés utilisent aussi Internet différemment des jeunes Canadiens (Veenhof, 2006c, Silver, 2001). En 2007, les jeunes utilisateurs adultes étaient relativement plus susceptibles d'utiliser Internet pour la messagerie instantanée, fournir du contenu en ligne, voir les nouvelles ou les sports, télécharger de la musique et des émissions de télévision ou des films et écouter la radio (tableau 3). Contrairement à de nombreuses autres activités, l'utilisation du courriel a un niveau égal de prévalence parmi ces trois catégories d'âge plus élevées, ce qui rend peut-être compte de la tendance des utilisateurs plus âgés à utiliser le courriel pour communiquer avec leur famille (cela correspond aux résultats des études antérieures : voir, par exemple, le tableau 3 d'une section précédente de la présente étude). En fait, d'autres études ont démontré que les personnes âgées qui envoient des courriels aux membres de leur famille sont susceptibles de dire qu'elles communiquent plus souvent avec les membres de leur famille maintenant, et une majorité d'entre elles sont d'avis qu'Internet a amélioré leurs liens avec leur famille (Thayer et Ray, 2006, Howard, Rainie et Jones, 2001). Les données de l'ECUI montrent aussi que les personnes âgées étaient plus susceptibles que les Canadiens d'âge moyen d'utiliser Internet pour jouer à des jeux avec d'autres. Néanmoins, les jeux en ligne étaient les plus populaires parmi les jeunes Canadiens de 16 à 34 ans.

Tableau 3  Certaines activités des utilisateurs d'Internet à leur domicile, selon le groupe d'âge, Canada, 2007

Tableau 3
Certaines activités des utilisateurs d'Internet à leur domicile, selon le groupe d'âge, Canada, 2007

Les personnes âgées étaient aussi actives en ce qui a trait à la recherche de renseignements liés à la santé (52,4 %) sur Internet. Un certain nombre d'activités ont gagné en popularité parmi les personnes âgées en 2007 par rapport à 2005, y compris la messagerie instantanée et les nouvelles ou les sports en ligne. Ceci étant dit, ces activités sont demeurées plus populaires chez les jeunes. Même si les Canadiens âgés ont généralement participé à un moins grand nombre d'activités en ligne, ils étaient des utilisateurs assez actifs du courriel et des jeux en ligne par rapport aux autres groupes d'âge.


Notes

  1. Les travaux futurs pourraient étudier les différences dans l'utilisation d'Internet entre les immigrants et les personnes nées au Canada, tout en contrôlant aussi les caractéristiques comme la scolarité, l'âge et le revenu.

  2. Aux fins de la présente étude, les immigrants ont été répartis en quartiles ou quatre groupes égaux, selon leur année d'immigration. Les immigrants qui sont arrivés au Canada en 1997 ou après représentent le quart de tous les immigrants de l'ECUI de 2007. Ces personnes sont définies comme des « immigrants récents ». Cette définition est fondée sur la répartition des données et peut différer des définitions utilisées dans d'autres recherches.

  3. Par exemple, une étude récente de NetLab dans la région rurale de Chapleau (en Ontario) faisait état d'un répondant qui déclarait regarder sans arrêt son petit-fils nouveau-né dans une autre ville, grâce à une webcam attachée au berceau de ce dernier (Collins et Wellman, 2008).