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en-tête principal pour « L'emploi et le revenu en perspective »
sous-titre « L'édition en ligne »

Octobre 2003     Vol. 4, no. 10

Le patrimoine familial à travers les générations

Raj K. Chawla et Henry Pold

Pour certains, l'accumulation de la richesse est le principal but dans la vie. Pour d'autres, un coussin d'épargne et d'investissements peut aider à équilibrer le revenu d'emploi et les dépenses du ménage. Pour la plupart, l'accumulation de biens en quantité suffisante pour vivre confortablement pendant la retraite est une pierre angulaire des finances familiales. Les gouvernements appuient ces buts en offrant des incitatifs fiscaux à l'épargne en vue de la retraite et des études et en exonérant la résidence principale de l'impôt sur les gains en capital.

Théoriquement, la richesse, ou plus précisément le patrimoine, est une valeur—actif accumulé à un moment donné—par opposition à un flux—gains habituels tirés d'un emploi, par exemple (Augustin et Sanga, 2002). Les gains de loterie et les bulles boursières mis à part, la majeure partie du patrimoine est accumulée pendant longtemps lorsqu'on dépense moins que ce qu'on gagne et que le rendement du capital investi s'ajoute aux économies antérieures. Avec le temps, les vicissitudes de l'économie peuvent à la fois aider et nuire à la constitution du patrimoine, et ce, avec des effets différents pour divers types de familles.

La période qui s'étend de 1984 à 1999 a été témoin de fluctuations économiques impressionnantes, à commencer par la reprise qui a suivi la récession de 1981-1982 et avec le retour d'une autre récession en 1990-1991. La récession de 1981-1982 a été la plus sévère : le produit intérieur brut (PIB) réel a diminué de 2,6 %, le chômage est passé à 11,0 % et le taux d'escompte a atteint 17,93 %. La récession de 1990-1991, pour sa part, a entraîné une baisse de 1,4 % du PIB, un taux de chômage de 10,3 % et un taux d'escompte de 13,04 % (Statistique Canada, 2002). D'habitude, pendant les périodes de récession, les revenus des familles diminuent. Le revenu familial médian avant impôt (en dollars de 1999) a chuté de 3,7 % pendant la récession de 1981-1982 et de 5,3 % pendant celle de 1990-1991 note 1 .

Le cycle économique et d'autres développements économiques se sont évidemment répercutés sur le revenu et le patrimoine familial pendant la période 1984-1999 note 2 . Le revenu familial réel avant impôt a constamment augmenté de 1984 à 1989, atteignant 58 100 $. Le revenu moyen a ensuite diminué jusqu'en 1997. En 1998, les familles ont récupéré le niveau de revenu qu'elles avaient en 19892. Entre-temps, le chômage est passé de 11,3 % en 1984 à 7,6 % en 1999 et le taux d'escompte, de 11,31 % à 4,92 %, deux fortes diminutions. La baisse constante du taux d'escompte a peut-être incité un plus grand nombre de familles à emprunter en vue d'acheter une maison ou à investir : le crédit total accordé aux ménages est passé de 161 milliards de dollars en 1984 à 578 milliards de dollars en 1999. Les hypothèques sur les résidences occupées par le propriétaire représentaient près des trois quarts de cette hausse. Le prix des maisons a monté en flèche, l'indice des prix des logements neufs (1992 = 100) étant passé de 67,8 en 1984 à 101,0 en 1999.

L'amélioration constante de l'économie a également favorisé l'investissement dans des actions. Le volume des transactions sur actions à la Bourse de Toronto est passé de 2,1 milliards en 1984 à 29,3 milliards en 1999 et le ratio coût/bénéfices a atteint un record de 88,51 en 1993. Par ailleurs, afin de favoriser l'épargne pour la retraite et les études postsecondaires des enfants, les montants pouvant être utilisés comme abri fiscal ont augmenté, passant de 7 500 $ en 1990 à 15 500 $ jusqu'en 2005 dans le cas des régimes enregistrés d'épargne-retraite (REER) et de 4 000 $ par année jusqu'à concurrence de 42 000 $ (à quoi s'ajoute une subvention annuelle maximale du gouvernement fédéral fixée à 400 $) dans le cas des régimes enregistrés d'épargne-études (REEE) note 3 .

Cependant, toutes les familles n'en ont pas bénéficié de la même manière. Parmi celles qui ont réalisé un gain ou subi une perte, quelles composantes de l'actif et de la dette ont été touchées? Comment le bilan familial global a-t-il fluctué? La répartition globale du patrimoine est-elle devenue plus ou moins égale? Pour répondre à ces questions, nous pouvons adopter deux approches. L'une consiste à comparer le patrimoine et ses composantes à l'aide de familles « semblables » à partir des enquêtes de 1984 et 1999 (voir Sources des données et définitions). On peut ainsi définir des groupes par âge ou par niveau d'instruction du soutien économique principal (SEP), par type de famille ou d'autres caractéristiques d'intérêt. Le problème fondamental de cette approche vient du fait que l'on compare des familles à divers moments (confirmant les effets des tendances démographiques et économiques). Le seul trait commun serait la caractéristique de la classification et seulement à 15 ans d'intervalle. Par exemple, si l'on utilise l'âge du soutien principal, le profil du patrimoine familial en 1984 et 1999 est semblable (graphique A). Au cours de ces deux années, le patrimoine a augmenté avec l'âge, atteignant un sommet à l'approche de la retraite (le groupe âgé de 55 à 64 ans) avant de diminuer ensuite. La seule différence observable est que le patrimoine moyen enregistré en 1999 est égal ou supérieur à celui de 1984.

Une autre approche consiste à utiliser des cohortes reposant sur l'âge du SEP (voir Cohortes des familles). D'après cette méthode, au cours de la période 1984-1999, le patrimoine familial moyen a augmenté dans les familles où le SEP avait moins de 45 ans en 1984 et baissé dans celles où ce dernier avait de 45 à 54 ans. Le patrimoine de chaque cohorte en 1999 correspond à celui de 1984, plus la valeur ajoutée au cours des 15 années suivantes. Il n'est pas surprenant de constater que le nouveau patrimoine analysé comme une proportion du patrimoine total en 1999 a diminué depuis la cohorte des années 60 à la cohorte des années 30, passant de 89 % à 21 % (graphique B). Le patrimoine de la cohorte des années 20 et de la cohorte antérieure à 1920 a diminué pendant cette période.

Variations de l'actif et de la dette

La cohorte des années 60

En 1984, le patrimoine total de cette cohorte de jeunes familles—dont près de la moitié était composée de personnes hors famille économique et seulement un cinquième de ces familles vivaient dans une résidence dont elles étaient propriétaires—était de 31 milliards de dollars (tableau 1). En 1999, 61 % d'entre elles étaient des familles composées de deux conjoints et 60 % étaient propriétaires d'une résidence (tableau 2) note 7 . Leur revenu moyen est passé de 28 000 $ à 54 300 $, ce qui signifie qu'un plus grand nombre de familles étaient en mesure de faire des économies; la proportion des détenteurs de REER et de REEE a monté en flèche, soit de 12 % à 67 %. Cette cohorte a aussi élargi son portefeuille en faisant des investissements non enregistrés puisque la proportion des familles ayant des intérêts commerciaux a augmenté de 16 points de pourcentage et la proportion de celles qui détenaient des actions et des fonds communs de placement, de 17 points. Ces trois éléments d'actif, plus la valeur nette du logement, représentaient 86 % du patrimoine nouvellement amassé, soit 243 milliards de dollars; à elle seule, la valeur nette du logement représentait 35 %. Si cette cohorte constituait 56 % du nouvel actif non financier au cours de la période 1984-1999, elle n'était à l'origine que de 18 % du nouvel actif financier.

La cohorte des années 50

Les familles de cette cohorte sont celles qui ont le plus ajouté du nouveau à leur patrimoine, soit 372 milliards de dollars. Leur revenu moyen est passé de 45 300 $ à 63 700 $, et elles étaient plus nombreuses à être propriétaires de leur résidence (hausse de 26 points) ou d'une entreprise (hausse de 13 points) et avaient des économies dans des régimes enregistrés (hausse de 44 points) ou des actions et des fonds communs de placement (augmentation de 12 points). Ces quatre éléments d'actif constituaient 90 % du patrimoine accumulé par cette cohorte entre 1984 et 1999; à elle seule, la valeur nette du logement représentait 33 %. Ces familles possédaient 57 % du nouvel actif non financier total et 31 % de l'actif financier.

La cohorte des années 40

Le revenu familial moyen de cette cohorte a légèrement augmenté, passant de 58 000 $ en 1984 à 65 000 $ en 1999. Le taux de propriété résidentielle n'a progressé que de 7 points, tout comme celui de la propriété commerciale. Par contre, l'épargne enregistrée a grimpé de 37 points et les actions et fonds communs de placement, de 13 points. Près de 10 % des familles propriétaires avaient acquitté leur hypothèque et les fonds libérés étaient vraisemblablement investis dans des régimes enregistrés, ainsi que des actions et des fonds communs de placement, qui représentaient 55 % du nouveau patrimoine de cette cohorte. Cette dernière possédait plus de nouveaux éléments d'actif financiers (36 %) que non financiers (23 %), et représentait 30 % de la valeur ajoutée des actions et des fonds communs de placement entre 1984 et 1999.

La cohorte des années 30

Parce qu'un bon nombre des soutiens économiques principaux de cette cohorte auraient été à la retraite en 1999, le revenu familial moyen a chuté, passant de 61 200 $ à 42 500 $. La proportion des familles vivant dans une résidence libérée de l'hypothèque a augmenté de 23 points et une petite proportion avait mis un terme à ses activités commerciales. Certains biens commerciaux ont été probablement convertis en actif financier. Les régimes enregistrés d'épargne ainsi que les actions et les fonds communs de placement représentaient 125 % du patrimoine ajouté total de cette cohorte note 8 . Un cinquième de la valeur supplémentaire totale des actions et des fonds communs de placement appartenait à cette cohorte.

La cohorte des années 20

Dans la plupart des familles de cette cohorte, le soutien principal avait probablement pris sa retraite. Le revenu familial moyen y est passé de 49 500 $ en 1984 à 36 100 $ en 1999 et le patrimoine moyen, de 210 300 $ à 199 000 $. Une partie de cette perte peut être attribuée à un changement de nature démographique, puisqu'une partie des familles à deux conjoints sont devenues des personnes hors famille économique (probablement en raison du décès de l'un des conjoints) et que la propriété résidentielle a baissé de 5 points. La proportion des familles sans hypothèque a augmenté de 10 points et l'activité commerciale a diminué de 10 points. Dans l'ensemble, cette cohorte a perdu 48 milliards de dollars par rapport à son patrimoine enregistré en 1984, en raison principalement de la diminution des biens commerciaux et des régimes enregistrés d'épargne note 9 . Par contre, elle a ajouté 20 milliards de dollars à ses actions et fonds communs de placement, soit quelque 12 % de la valeur supplémentaire. Cette cohorte représentait 26 % de la chute des liquidités pendant la période 1984-1999.

La cohorte antérieure à 1920

Examiner la variation du patrimoine de cette cohorte équivaut à examiner la variation du patrimoine des familles considérées âgées en 1984. Bien que le revenu moyen de cette cohorte ait légèrement augmenté, passant de 25 600 $ en 1984 à 27 300 $ en 1999 (en raison principalement de l'indexation des transferts gouvernementaux) et que son patrimoine moyen soit passé de 140 700 $ à 183 600 $, son patrimoine agrégé a diminué de 125 milliards de dollars note 10 . La majeure partie de la perte (qui exclut 4 milliards de dollars détenus dans des régimes de rente) est due à la baisse de la propriété résidentielle et commerciale et de l'actif financier (à l'exception des actions et des fonds communs de placement, qui ont gagné 5 milliards de dollars). Avec l'âge, les familles ont tendance à mettre un terme à leurs activités commerciales. Certaines vendent leur résidence (en raison de problèmes de santé ou du manque de ressources pour l'entretenir) et emménagent dans un logement locatif (40 % de cette cohorte étaient locataires en 1984 et 42 % en 1999). Avec le temps, cette cohorte a également subi des changements démographiques puisque le nombre de familles à deux conjoints a diminué et que celui des personnes hors famille économique a augmenté (passant de 50 % à 63 %).

Le patrimoine des cohortes de 1984 en 1999

Si le revenu et le patrimoine sont étroitement liés, ils ne vont pas nécessairement dans la même direction pour toutes les familles au fil du temps. Par exemple, le revenu d'une famille donnée peut diminuer à la retraite mais son patrimoine peut quand même augmenter en raison de la valeur marchande croissante de sa résidence. Cela peut entraîner une hausse du ratio patrimoine-revenu, qui est un indice du bien-être économique. Pour chaque dollar en revenu, le patrimoine de la cohorte antérieure à 1920 était de 5,49 $ en 1984, et il est passé à 6,72 $ en 1999. Pour la cohorte des années 60, par contre, le ratio patrimoine-revenu est passé de 1,15 $ à 2,04 $. La cohorte des années 30 est celle qui a enregistré la plus forte augmentation, soit de 3,31 $ à 6,55 $. Selon le ratio patrimoine-revenu, la cohorte des années 30 semble être celle qui s'en est le mieux tirée.

La cohorte des années 40 avait le patrimoine le plus élevé (291 600 $) en 1999 et la cohorte des années 60 avait le patrimoine le plus faible (110 900 $). Ces chiffres correspondent au lien bien connu qui existe entre patrimoine et cycle de vie : le patrimoine est inférieur chez les familles plus jeunes et il atteint un sommet à l'approche de la retraite, alors que le soutien principal est à la fin de la cinquantaine ou au début de la soixantaine. Le patrimoine moyen le plus élevé en 1984 était celui de la cohorte des années 20 (210 300 $) et le plus faible, celui de la cohorte des années 60 (32 300 $). Malgré tous les changements touchant les avoirs financiers et la situation démographique, l'étendue du patrimoine familial moyen depuis la cohorte des années 60 jusqu'à celle antérieure à 1920 n'a pas beaucoup varié; celui-ci se situait à 178 000 $ en 1984, contre 180 600 $ en 1999.

Pendant la période 1984-1999, la cohorte des années 40 est celle dont le patrimoine moyen a enregistré le gain absolu le plus grand (153 900 $), alors que la cohorte des années 60 est celle qui a enregistré le gain le plus élevé en termes relatifs, soit de 244 %. Les facteurs de variation du patrimoine diffèrent selon les cohortes. Pour la cohorte des années 60, la majeure partie (71 %) du changement découle des taux de propriété d'actif et de dettes, alors que, pour la cohorte des années 30, elle provient des montants (86 %) des catégories d'actif et de dettes. Ces différences confirment que le processus de constitution du patrimoine par la solidification de l'actif et la réduction du passif est beaucoup plus fort à l'approche de la retraite.

Le bilan familial

L'ensemble du patrimoine familial change lorsque le soutien principal approche de la retraite. La cohorte des années 40 avait 66 cents pour chaque dollar d'actif investi en 1999 dans de l'actif non financier (une résidence, un véhicule ou un bien commercial) et 34 cents dans de l'actif financier, contre 86 cents et 14 cents respectivement, en 1984. Pour la cohorte des années 60, l'actif non financier constituait 84 % de l'actif en 1984, mais il est tombé à 79 % en 1999. Pour la cohorte la plus âgée, les proportions correspondantes étaient de 65 % et 53 %. En réalité, la tendance semble être universelle : à mesure qu'une famille vieillit, l'actif non financier diminue comme proportion de l'actif total, et l'actif financier est constamment à la hausse (tableau 3).

Pour toutes les cohortes, la valeur marchande d'une résidence occupée par le propriétaire était le principal élément d'actif non financier, cette valeur s'appréciant avec le temps. Les biens commerciaux étaient le deuxième plus important élément d'actif mais leur part de l'actif financier total a diminué dans toutes les cohortes, la plus forte baisse, 16 points, étant enregistrée par la cohorte des années 30. Avec la récession et la reprise économique survenues entre 1984 et 1999, certaines familles de cette cohorte ont fermé leur entreprise (le taux de propriété y est passé de 20 % à 14 %) et ont probablement converti en partie ou en totalité leurs avoirs en actif financier. Une tendance semblable a été enregistrée dans la cohorte des années 20.

La composition de l'actif financier a aussi varié selon la cohorte. Par exemple, au cours de la période 1984-1999, la part des liquidités a diminué dans la cohorte des années 60, tandis que les régimes enregistrés d'épargne, les actions et les fonds communs de placement ont augmenté. Dans la cohorte des années 20 et celle antérieure à 1920, les liquidités et les régimes enregistrés d'épargne ont diminué à mesure que les actions et les fonds communs de placement augmentaient note 11 . Par exemple, les actions et les fonds communs de placement ne représentaient que 10 % de l'actif financier des familles les plus âgées en 1984, mais ils ont grimpé à 32 % en 1999, ce qui traduit l'explosion du marché boursier, qui a favorisé les investissements dans les titres avec participation au risque. La proportion des actions et des fonds communs de placement détenus a constamment progressé dans les quatre cohortes les plus âgées, se situant entre 1 % et 3 % en 1984 et entre 9 % et 15 % en 1999.

La progression de la part de l'actif financier pendant le cycle de vie d'une famille donnée découle non seulement d'un revenu à la hausse mais encore de la baisse des dettes, telles que l'hypothèque et autres prêts personnels. Alors que le ratio dettes-actif a augmenté pour la cohorte des années 60, passant de 24 % en 1984 à 33 % en 1999, il a diminué pour toutes les cohortes plus âgées. Les familles de la cohorte des années 50 devaient 30 cents pour chaque dollar d'actif en 1984, contre 19 cents en 1999. Mais la cohorte des années 20 ne devait que 6 cents pour chaque dollar d'actif en 1984, contre 3 cents 15 ans plus tard.

La répartition du patrimoine familial

Si l'on suit des cohortes spécifiques dans le temps, on s'attend à observer une transition à la hausse de la répartition du patrimoine note 12  compensée uniquement par l'érosion de l'actif vers la fin du cycle de vie. Par exemple, la proportion de la cohorte des années 60 détenant moins de 50 000 $ (tableau 4) est passée de 85 % en 1984 à 54 % en 1999. De même, la proportion de la cohorte des années 50 détenant moins de 50 000 $ est passée de 65 % à 36 %. Ces familles ont amélioré leur situation financière puisqu'elles étaient plus nombreuses à acheter une résidence et à acquérir des intérêts commerciaux, se déplaçant ainsi dans les groupes au patrimoine plus élevé. Ces déplacements vers le haut ont été moins prononcés pour les cohortes plus âgées : 20 points pour celle des années 40, 6 points pour celle des années 30 et 9 points pour celle antérieure à 1920. Par contre, la cohorte des années 20—la plus riche en 1984—a connu des déplacements dans la catégorie de moins de 50 000 $ et hors de celle des 500 000 $ ou plus.

Ce déplacement vers le haut de la proportion des familles au patrimoine relativement élevé, excepté la cohorte des années 20, correspond à la part accrue du patrimoine des familles possédant au moins 500 000 $ (voir les Familles millionnaires). Dans l'ensemble, la proportion des familles ayant au moins 500 000 $ comme patrimoine net a doublé entre 1984 et 1999, tandis que leur part de ce patrimoine a augmenté de près de 40 %.

La répartition du patrimoine est plus asymétrique

Comme l'accumulation de la richesse fait passer les familles dans des catégories de patrimoine plus élevé avec le temps, la répartition du patrimoine peut évidemment devenir plus concentrée parmi les membres les plus riches d'une cohorte, ce qui entraîne un coefficient d'asymétrie positif : plus le coefficient est élevé, plus la répartition est asymétrique. De même, on pourrait s'attendre à ce que l'asymétrie soit plus grande dans les cohortes plus âgées, comparées aux cohortes plus jeunes à un moment donné.

En 1984, la répartition était le plus asymétrique pour les familles les plus âgées (cohorte antérieure à 1920) et le moins asymétrique pour les jeunes familles (cohorte des années 60). Cette constatation correspond à ce à quoi l'on s'attendait, tout comme les augmentations de l'asymétrie avec le temps dans les quatre cohortes les plus jeunes. Toutefois, l'asymétrie a diminué dans les deux cohortes les plus âgées—assez considérablement dans la cohorte antérieure à 1920 -, ce qui indique certaines influences contraires plus tard dans le cycle de vie. En raison de ces variations, aucune tendance claire de l'asymétrie ne se dégage parmi les groupes d'âges en 1999, la caractéristique la plus marquante étant une crête dans la cohorte des années 50.

Voici une autre caractéristique d'une répartition asymétrique qui s'étend vers la droite : sa valeur médiane est toujours inférieure à sa valeur moyenne (qui subit l'effet des valeurs extrêmes). La médiane augmente si les familles passent d'un groupe de patrimoine inférieur à un groupe supérieur avec le temps. Pour la cohorte des années 60, par exemple, le patrimoine médian est passé de 3 100 $ en 1984 à 40 500 $ en 1999, soit une hausse de 1 200 %. Les personnes hors famille économique formant des familles à deux conjoints et l'accession accrue à la propriété résidentielle et commerciale sont responsables de ces gains. Par contre, le patrimoine médian des autres cohortes (sauf celle des années 20) a affiché une hausse variant entre 280 % (cohorte des années 50) et 25 % (cohorte des années 30). Le patrimoine médian de la cohorte des années 20 a diminué de 3 %, passant de 129 100 $ en 1984 à 125 000 $ en 1999, puisque certaines familles sont passées de la propriété résidentielle à un logement locatif, qu'elles ont mis fin à des activités commerciales ou ont liquidé certains éléments d'actif financiers lorsque le soutien principal, qui avait de 55 à 64 ans en 1984, a pris de l'âge.

L'inégalité du patrimoine a diminué dans certaines cohortes

L'inégalité du patrimoine a diminué le plus dans la cohorte des années 60. Ces familles, pour la plupart des locataires ayant un revenu et un patrimoine relativement peu élevé en 1984, ont amélioré leur situation en achetant une résidence et en partant en affaires. Le coefficient de Gini, mesure des inégalités, a diminué de 17 % pour cette cohorte (passant de 0,891 en 1984 à 0,740 en 1999). En outre, l'inégalité a considérablement diminué pour la cohorte des années 50 (-6 %) et légèrement pour les familles nées dans les années 40 et avant 1920. Par contre, elle a augmenté entre les familles nées dans les années 20 et 30. Les premières ont enregistré des gains beaucoup plus grands de l'actif financier, alors que certaines des dernières sont passées du groupe de patrimoine supérieur au groupe inférieur (probablement parce qu'elles ont emménagé dans un logement locatif). Par conséquent, l'inégalité globale de la répartition du patrimoine n'a baissé que légèrement entre 1984 et 1999, diminuant de moins de 1 %, soit de 0,692 à 0,686 note 13 .

En quoi la valeur nette du logement influe-t-elle sur l'inégalité du patrimoine, puisque cette valeur représente le tiers du patrimoine nouveau total créé par les familles entre 1984 et 1999? La valeur nette du logement a réduit l'inégalité du patrimoine pour toutes les cohortes. En 1984, cette réduction (-9 %) était plus faible dans la cohorte des années 60 (surtout parce que le taux de propriété résidentielle était bas) et plus grande (-19 %) dans les cohortes des années 40 et 30. En 1999, elle était toujours plus faible (-13 %) dans la cohorte des années 60 mais elle était plus grande (-20 %) dans la cohorte des années 20. Dans l'ensemble, l'effet de la valeur nette du logement est demeuré identique.

Résumé

En l'absence de données longitudinales, la présente étude a examiné l'évolution du patrimoine familial à partir de l'Enquête sur les finances des consommateurs de 1984 et de l'Enquête sur la sécurité financière de 1999. Les familles dont le soutien économique principal est né dans les années 60 sont celles qui ont bénéficié le plus de la nouvelle richesse créée entre 1984 et 1999, en raison surtout de l'évolution démographique, de l'achat de maisons et de la formation d'entreprises. Par contre, les cohortes nées avant 1930 ont perdu une partie du patrimoine qu'elles avaient en 1984 (déduction faite de l'épargne placée dans des FERR).

La maison demeure le principal élément d'actif que détiennent les familles de toutes les cohortes, mais la répartition en pourcentage de l'actif familial varie entre cohortes et au sein d'elles. L'actif financier comme proportion de l'actif total a augmenté et le passif a diminué à mesure que les familles vieillissaient. Les cohortes plus jeunes avaient le plus d'obligations, surtout attribuées à l'hypothèque.

La période 1984-1999 est marquée par une croissance considérable de l'activité du marché boursier et des changements touchant les provisions des divers régimes d'épargne exonérés. Les familles de la cohorte des années 40 en ont profité le plus, suivies de celles de la cohorte des années 50. Ces deux cohortes détenaient près des deux tiers de l'épargne supplémentaire totale placée dans des régimes enregistrés et plus de la moitié de la valeur supplémentaire des actions et des fonds communs de placement. Néanmoins, le ratio patrimoine-revenu de la cohorte des années 30 est celui qui a augmenté le plus.

Bien que la répartition du patrimoine soit devenue plus asymétrique dans les cohortes plus jeunes, l'inégalité est demeurée presque inchangée, diminuant pour les cohortes des années 60, 50, 40 et celle antérieure à 1920 et augmentant pour celles nées dans les années 20 et 30. La valeur nette du logement a généralement réduit l'inégalité du patrimoine mais son effet a été plus marqué dans les familles de la cohorte des années 60 et moins évident chez celles de la cohorte des années 50.

 

Source des données et définitions

L'analyse repose sur deux enquêtes distinctes pour lesquelles de l'information sur les revenus, l'actif et les dettes a été recueillie. L'Enquête sur les finances des consommateurs (EFC) a été réalisée en mai 1984 et l'Enquête sur la sécurité financière (ESF), entre mai et juillet 1999. Lors de chaque enquête, des données ont été recueillies sur les caractéristiques démographiques des familles, leur actif et leur passif au moment de l'enquête, ainsi que leur revenu pendant l'année civile précédente. Chaque enquête a été réalisée auprès de ménages privés dans les 10 provinces. Les personnes vivant dans des réserves indiennes, les membres des forces armées et les personnes vivant en établissement, notamment une prison, un hôpital et un foyer pour personnes âgées, ont été exclues.

L'EFC de 1984 a été menée auprès d'un échantillon aréolaire ordinaire, tandis qu'on a ajouté à l'ESF de 1999 un petit échantillon de ménages à « revenu élevé » afin d'améliorer les estimations du patrimoine dans la tranche supérieure de la répartition des revenus. Les données financières ont été fournies par le membre de la famille connaissant le mieux les finances de celle-ci. Outre la différence entre les échantillons, les deux enquêtes divergent quelque peu tant en ce qui touche les questions non reliées aux données, comme l'unité de collecte, que le contenu du questionnaire qui influe sur la comparabilité conceptuelle des données financières (pour en savoir plus, voir Chawla, 2003).

L'ESF est beaucoup plus exhaustive que l'EFC note 4 . On y demandait de l'information non seulement sur des types d'actif et de dettes non inclus en 1984 mais encore sur la garantie des régimes de pension d'employeurs afin d'estimer le patrimoine détenu dans ce genre de régimes. Des concepts comparables du patrimoine ont été utilisés pour l'analyse courante.

Les données de l'EFC ont été pondérées à nouveau à l'aide de la procédure de pondération de l'ESF et toutes les données financières de 1984 ont été converties en dollars de 1999. Pour la présente étude, les échantillons comprenaient 13 237 familles et personnes hors famille économique en 1999 et 14 029 en 1984.

Le mot famille comprend les familles économiques et les personnes hors famille économique. Une famille économique est un groupe de personnes qui partagent un logement et qui sont apparentées par le sang, le mariage, l'union de fait ou l'adoption. Une personne hors famille économique est quelqu'un qui vit seul ou avec des personnes non liées.

Le soutien économique principal est le membre de la famille dont le revenu est le plus élevé avant impôt. Si deux personnes avaient exactement le même revenu, la personne la plus âgée a été retenue.

Le revenu familial avant impôt est la somme des revenus de toutes provenances qu'ont reçus les membres d'une famille âgés de 15 ans et plus pendant l'année civile. Les sources comprennent les salaires et traitements, le revenu net tiré d'un emploi autonome, les revenus de placement, les transferts gouvernementaux, la pension de retraite et la pension alimentaire. En sont exclus les revenus en nature, les remboursements d'impôt et les héritages.

Les liquidités sont les dépôts détenus dans des comptes chèque et d'épargne, les dépôts à terme, les certificats de placement garantis, les obligations d'épargne du Canada (y compris les intérêts courus) et les autres obligations.

L'épargne enregistrée comprend les régimes enregistrés d'épargne-retraite, les régimes enregistrés d'épargne-logement, les régimes enregistrés d'épargne-études et les régimes de retraite à participation différée aux bénéfices.

Les autres éléments d'actif financiers sont les hypothèques, les prêts à d'autres personnes et entreprises et tout autre élément d'actif financier et divers.

Le total de l'actif financier est la somme des liquidités, de l'épargne enregistrée, de la valeur des actions et des fonds communs de placement et d'autres éléments d'actif financiers.

Le total de l'actif non financier est la somme de la valeur marchande de la résidence occupée par le propriétaire, des biens commerciaux, des véhicules (y compris ceux de loisirs) et de tout autre élément d'actif non financier, y compris les biens immobiliers autres que la maison.

Les biens commerciaux représentent la valeur marchande des biens d'entreprise moins la valeur comptable des dettes en souffrance.

La dette totale comprend la dette hypothécaire sur la maison, les prêts étudiants et tout autre dette.

L'expression tout autre dette représente le montant dû sur des cartes de crédit, les dettes payables par versements, les prêts sur des véhicules et des articles ménagers, les prêts consentis par des institutions financières (y compris la valeur nette du logement et d'autres marges de crédit), l'hypothèque sur des biens immobiliers autres que la maison et tout autre facture non payée.

Le patrimoine est le total de l'actif moins le total de la dette. Il est fondé sur l'actif négociable sur lequel les familles exercent un contrôle direct. Il ne comprend pas la valeur constatée de l'épargne détenue dans des régimes de pension d'employeurs ni les réclamations futures des programmes publics de sécurité du revenu. Il ne comprend pas non plus le rendement éventuel du capital humain (revenu d'emploi ou capacité de générer un revenu de placement) note 5 .

La patrimoine moyen est le patrimoine agrégé divisé par le nombre total de familles (comme les moyennes et d'autres estimations du patrimoine sont établies à partir d'enquêtes-ménages, elles sont assujetties à des erreurs d'échantillonnage et à d'autres erreurs).

Le patrimoine médian est la valeur à laquelle la moitié des familles a une valeur inférieure et la moitié a une valeur supérieure. Contrairement à la moyenne, la médiane ne subit pas l'effet des valeurs extrêmes.

Le coefficient de Gini est une mesure de l'inégalité dans une répartition. Il se situe entre 0 (aucune inégalité) et 1 (inégalité totale). Par conséquent, plus il se rapproche de 1, plus la répartition est inégale.

Le coefficient d'asymétrie mesure l'asymétrie dans une répartition : plus la valeur est élevée, plus la répartition est asymétrique. Le coefficient d'une répartition symétrique est égal à zéro.

 

Cohortes des familles

La source idéale pour étudier l'évolution du patrimoine familial dans le temps serait une enquête longitudinale. Cependant, le recours à deux enquêtes effectuées à des moments différents permet de créer des groupes de familles—cohortes—qui ont une caractéristique commune. La caractéristique de classification habituelle est l'âge d'une personne—dans la présente étude, le soutien économique principal—au moment de l'enquête de 1984. Si d'autres caractéristiques, telles que le type de famille, le lieu de résidence ou le niveau de revenu, peuvent changer avec le temps et contaminer le concept d'une cohorte, l'âge est moins volatil et plus facile à utiliser.

Pour éviter le risque qu'une famille de deux personnes ou plus ne se transforme avec le temps en deux personnes hors famille économique ou plus, et vice versa, les familles et les personnes hors famille économique sont utilisées collectivement comme unité d'analyse. Étant donné l'étendue des groupes d'âges, le soutien économique principal peut avoir changé, surtout si un conjoint a pris sa retraite et l'autre a continué de travailler. Les familles comportant un soutien qui est âgé de moins de 30 ans ou qui a immigré au Canada après 1984 ont été exclues de l'enquête de 1999 (soit 21 % des familles en 1999 et 6 % du patrimoine) note 6 . Aucun ajustement n'a été fait pour tenir compte des personnes qui ont quitté le pays après juin 1984 ni pour celles qui ont été temporairement absentes du pays entre 1984 et avril 1999. En 1999, la cohorte des années 60 pouvait comprendre des familles dont le soutien économique principal était traité en 1984 comme un enfant âgé de 15 ans ou plus ou un autre membre de la famille. Puisque la probabilité de se marier, de se séparer, de divorcer ou de vivre seul est beaucoup plus élevée parmi les personnes de moins de 40 ans, il faut interpréter avec prudence les chiffres de la cohorte des années 60.

 

Le nombre de familles millionnaires a augmenté entre 1984 et 1999

Sur les 9 millions de familles en 1984, seulement 121 000 (1 %) valaient 1 million de dollars ou plus, lesquelles représentaient 19 % du patrimoine total. En 1999, leur nombre était passé à 252 000 (3 %) et elles détenaient 30 % du patrimoine (l'ajout net survient après que l'on a effectué un ajustement pour tenir compte des 9 000 familles de la cohorte des années 20 et de la cohorte antérieure qui étaient millionnaires en 1984 mais ne l'étaient plus en 1999). Près de la moitié (47 %) des autres familles millionnaires sont nées dans les années 40. Dans l'ensemble, près du tiers (32 %) des familles millionnaires en 1984 avaient un soutien principal âgé de 45 à 54 ans. Une proportion semblable (34 %) avaient un soutien âgé entre 50 et 59 ans en 1999. Il semblerait que les familles avaient plus tendance à valoir un million de dollars ou plus lorsque le soutien principal était dans le groupe d'âges allant du milieu de la quarantaine à la fin de la cinquantaine.

Notes

  1. Toutes les familles ne sont pas touchées de la même manière par une récession. Par exemple, les familles dont le revenu et l'épargne sont relativement plus élevés peuvent réaliser des gains économiques en investissant leur épargne aux taux plus élevés pratiqués sur le marché. Par contre, le revenu de celles dont la principale source de revenu est constituée de transferts gouvernementaux est protégé puisque ces derniers sont ajustés au taux d'inflation.
  2. Depuis la fin des années 90, les familles ont vu leur revenu après impôt augmenter à la suite de baisses fiscales introduites par le gouvernement fédéral et plusieurs administrations provinciales.
  3. Il n'entre pas dans la portée de cet article de donner des détails sur tous les développements survenus dans le domaine de l'imposition du revenu, de l'exonération cumulative des gains en capital et des dividendes; des niveaux croissants de l'épargne exonérée; de la création et de l'administration de diverses fiducies; de même que des dispositions qui favorisent l'accession à la propriété—tous ces développements visant à aider les familles à accroître leur patrimoine.
  4. On peut gratuitement consulter le questionnaire d'interview de l'Enquête sur la sécurité financière, no 13F0026MIF-2001001, sur le site de Statistique Canada à www.statcan.ca/cgibin/downpubresearch_f.cgi.
  5. Le concept plus exhaustif du patrimoine familial compilé dans l'ESF de 1999 comprend l'épargne dans les régimes de pension d'employeur, les fonds enregistrés de revenu de retraite, les rentes, la valeur du contenu de la résidence principale et d'autres objets de collection et de valeur. Ces cinq éléments d'actif, exclus du concept de patrimoine employé dans cet article, constituaient 29 % du patrimoine familial en 1999 (voir Chawla, 2003).
  6. En 1984, il y avait 9 500 000 unités familiales évaluées à 1,2 billion de dollars; en 1999, on comptait 12 200 000 unités dont la valeur nette était de 2,2 billions de dollars. Par ailleurs, 1 800 000 familles dont le SEP avait de 15 à 29 ans et le patrimoine était de 67 milliards de dollars ainsi que 800 000 familles dont le SEP avait immigré au Canada après 1984 et dont le patrimoine était de 68 milliards de dollars ont été exclues des données de 1999. Les 9 700 000 familles en 1999 ne représentent que 1,7 % de plus que le nombre de familles en 1984. Cette différence entre les deux univers peut s'expliquer par l'arrondissement et les approximations utilisées pour rapprocher ces univers, et par la dissolution de certaines familles à deux conjoints en 1984 qui sont devenues des familles monoparentales et des personnes hors famille économique en 1999.
  7. Pendant la période 1984-1999, des modifications ont été instaurées pour favoriser l'accession à la propriété. Par exemple, il était possible de retirer d'un REER un montant allant jusqu'à 20 000 $, montant qui devait être retourné dans le système sous forme de versements annuels au cours d'une période de 15 ans débutant la deuxième année suivant le retrait. Une autre modification a consisté à ramener à 5 % le versement initial pour qu'un acheteur puisse être propriétaire d'une résidence en souscrivant une assurance hypothécaire obligatoire, qui protégeait le prêteur mais ne libérait pas l'emprunteur des obligations prévues dans le contrat hypothécaire.
  8. L'épargne placée dans des fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) ou d'autres rentes offrant des disponibilités mensuelles ou annuelles a été exclue puisque ces données ont été recueillies en 1999 et non en 1984. Sur les 68 milliards de dollars au total (64 milliards de dollars dans des FERR), 25 % étaient détenus par la cohorte des années 30, 59 % par la cohorte des années 20 et 6 % par la cohorte antérieure à 1920. Puisque la plus grande part était détenue par les familles de la cohorte des années 20, il faut interpréter avec prudence les variations de leur patrimoine sans cette forme d'épargne.
  9. Les montants placés dans des REER devaient être retirés après l'âge de 69 ans et utilisés comme revenu destiné à la consommation ou à l'investissement ou convertis en FERR pour constituer un revenu de rente. Comme les montants détenus dans des FERR ou d'autres régimes de rente ont été exclus (pour que le patrimoine familial soit comparable dans les deux enquêtes), il faut interpréter avec prudence la réduction de l'épargne que cette cohorte détenait dans des régimes enregistrés d'épargne.
  10. Cette situation surviendrait si la baisse proportionnelle du nombre de familles dans le temps était supérieure à la baisse proportionnelle du patrimoine agrégé.
  11. Voir la note 9.
  12. La variation de la répartition du patrimoine par cohorte est étudiée pour quatre groupes de taille de patrimoine (en dollars constants de 1999) au lieu des déciles et quintiles plus conventionnels des familles, parce que cette dernière méthode aurait nécessité le recours à différents seuils de patrimoine pour les cohortes dans et entre les périodes étudiées.
  13. Cette conclusion est différente de celle tirée de ces enquêtes par Morissette, Zhang et Drolet (2002). La différence découle des univers familiaux utilisés. À l'aide d'un concept comparable du patrimoine familial, Morissette, Zhang et Drolet ont utilisé l'échantillon complet de 1999 et calculé des coefficients de Gini pour toutes les familles, à l'exclusion de la tranche supérieure de 1 % et 5 % de la répartition du patrimoine. Les exclusions de l'échantillon de 1999 des familles dont le SEP avait de 15 à 29 ans ou avait immigré au Canada après 1984 donnent un coefficient de Gini différent pour « toutes les familles » en 1999 (tableau 4). Dans la présente étude, le coefficient de Gini n'a pas été calculé pour des échantillons tronqués.

Documents consultés

  • Augustin, B. et D. Sanga. « La richesse et le revenu », L'emploi et le revenu en perspective, 75-001-XIF au catalogue de Statistique Canada, vol. 3, no 11, édition en ligne de novembre 2002.
  • Chawla, R. K. Comparabilité des estimations de la richesse familiale selon l'Enquête sur la sécurité financière de 1999 et l'Enquête sur les finances des consommateurs de 1984, rapport d'équipe, Statistique Canada, Division de l'analyse des enquêtes sur le travail et les ménages, 2003. On peut se procurer le rapport auprès de l'auteur.
  • Morissette, R., X. Zhang et M. Drolet. « Inégalité de la richesse », L'emploi et le revenu en perspective, 75-001-XIF au catalogue de Statistique Canada, vol. 3, no 2, édition en ligne de février 2002.
  • Statistique Canada. L'Observateur économique canadien : supplément statistique historique, 2001-2002, 11-010-XIB au catalogue de Statistique Canada, Ottawa, 2002.

Auteurs

Les auteurs sont au service de la Division de l'analyse des enquêtes sur le travail et les ménages. On peut joindre Raj Chawla au (613) 951-6901 et Henry Pold au (613) 951-4608, ou les deux à perspective@statcan.gc.ca.

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