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Tendances de l'emploi et de la rémunération de 2002 à 2007

par Jane Lin

Texte intégral en PDF

En 2007, la proportion de personnes employées au Canada était à son plus haut niveau depuis au moins trois décennies, tandis que le taux de chômage national est tombé à 5,8 %, son plus bas niveau en 33 ans. Bien que la période allant de 2002 à 2007 ait été caractérisée par une forte croissance de l'emploi, la qualité des emplois créés a suscité des préoccupations.

Depuis longtemps, l'emploi dans le secteur de la fabrication au Canada, comme aux États-Unis, affiche une tendance à la baisse. Des industries de la fabrication jadis importantes, comme celles de l'acier, de l'automobile, de l'ameublement, des textiles et du vêtement perdent des emplois, alors que le secteur des services en gagne (Krahn et Lowe, 2005). En 1946, environ 26 % de tous les emplois se trouvaient dans le secteur de la fabrication. Au cours de la décennie suivante, l'économie s'est réorientée vers l'emploi dans le secteur des services tels que les soins de santé, l'enseignement, l'administration publique, le commerce et les finances. En 2007, la part de l'emploi revenant au secteur de la fabrication était tombée à seulement 12 %. Il y avait préalablement eu des fermetures d'usines et des mises à pied massives dans ce secteur lors des périodes de récession au début des années 1980 et des années 1990. Les usines canadiennes ont perdu 208 000 travailleurs en 1982, puis 315 000 autres de 1990 à 1992. Même s'il n'y a pas eu de récession de 2004 à 2007, le secteur de la fabrication a subi trois années consécutives de pertes d'emplois pour un total de 247 000 travailleurs et une diminution nette de 241 000 travailleurs depuis 2002.

Malgré le recul de l'emploi en usine, il y a eu une croissance globale de l'emploi et de la rémunération de 2002 à 2007. Tandis que la demande intérieure demeurait robuste, l'appréciation du dollar canadien qui a débuté en 2002 a rendu les exportations de produits « fabriqués au Canada » moins concurrentielles à l'échelle mondiale. Les travailleurs d'usine déplacés ont éprouvé beaucoup de difficultés à s'adapter à la restructuration : il ne fait pas de doute que certains travailleurs mis à pied ont vu leur rémunération nettement diminuer lorsqu'ils ont accédé à d'autres types d'emplois. Une étude antérieure a révélé que les travailleurs mis à pied à la fin des années 1980 et au début des années 1990 gagnaient de 18 % à 35 % de moins cinq ans après leur mise à pied (Morissette et autres, 2007). Cependant, d'autres secteurs de l'économie, en particulier ceux des ressources naturelles, étaient en plein essor et ne pouvaient attirer suffisamment de travailleurs.

Dans le présent article, nous nous appuyons sur l'Enquête sur la population active pour faire état des tendances de l'emploi et de la rémunération par grands secteurs d'activité et groupes professionnels. Le recensement et l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail fournissent des répartitions plus détaillées par secteur (voir Sources de données et définitions). Ces enquêtes ne fournissent pas de renseignements sur les mouvements entre les secteurs d'activité ou les professions en raison de leur nature transversale de celles-ci. Néanmoins, il en ressort que d'importants changements structurels s'opèrent sur le marché du travail.

Bien que la rémunération joue un rôle important, elle n'est pas le seul indicateur de la qualité de l'emploi. Les avantages non salariaux, le régime de travail, de même que le perfectionnement des compétences et la formation sont également des facteurs importants (voir Avantages non salariaux de l'emploi). Parmi d'autres indicateurs de la qualité de l'emploi figurent la sécurité et l'éthique de l'emploi, les heures de travail, la stabilité et la sécurité du travail, de même que la protection sociale, le dialogue social et les relations en milieu de travail, sans oublier la nature intrinsèque du travail (voir Mesure de la qualité de l'emploi).

Récente croissance de l'emploi dans plusieurs secteurs d'activité

En 2007, l'emploi a augmenté dans tous les secteurs d'activité sauf le secteur de la fabrication. Le secteur de la construction a affiché l'augmentation nette de travailleurs la plus prononcée, soit une augmentation de 64 000 travailleurs, suivis de près par les 61 000 travailleurs du secteur des soins de santé et de l'assistance sociale. Ces deux secteurs d'activité ont employé quelque 125 000 travailleurs de plus en 2007 qu'au cours de l'année précédente. Pour chaque emploi perdu dans le secteur de la fabrication, près de deux ont été créés dans celui de la construction ou celui des soins de santé et de l'assistance sociale. Le secteur de l'hébergement et des services de restauration, celui des services professionnels, scientifiques et techniques et celui de l'information, de la culture et des loisirs ont également affiché une forte croissance de l'emploi de 2006 à 2007, tout comme le secteur du commerce de détail. Ce qui est toutefois remarquable à propos du secteur du commerce de détail, c'est que le gain de 32 000 travailleurs en 2007 combiné à la perte de 74 000 travailleurs d'usine, a nivelé le nombre d'emplois de ces deux secteurs qui comptaient chacun 2 millions de travailleurs.

Les changements sectoriels observés en 2007 sont conformes à une tendance à long terme. Au cours de la période de six ans allant de 2002 à 2007, plus de travailleurs ont trouvé un emploi dans le secteur de la construction et dans celui des soins de santé et de l'assistance sociale que dans celui du commerce de détail (graphique A). Le récent repli dans le secteur de la fabrication s'est amorcé en 2004, inversant du coup la tendance du début des années 1990, où ce secteur était l'un des principaux catalyseurs de la croissance de l'emploi (Ferrao, 2006). Toutefois, en rétrospective, il s'agissait là d'un soubresaut dans la tendance de repli à long terme. Le secteur des ressources naturelles a également connu une croissance très rapide de l'emploi en raison de l'exploitation du pétrole, du gaz et des métaux, mais il demeure un petit employeur par rapport aux autres secteurs d'activité.

Création d'un plus grand nombre d'emplois mieux rémunérés

De 2002 à 2007, les augmentations de l'emploi étaient plus marquées vers l'extrémité supérieure de l'échelle de rémunération (graphique B). Parmi les cinq fourchettes de rémunération, c'est dans les deux supérieures où le nombre de travailleurs a le plus augmenté. Outre la croissance de leurs effectifs, les travailleurs du groupe supérieur ont vu leur rémunération médiane bondir de 3,4 % de 2002 à 2007. Par contre, les travailleurs du groupe intermédiaire ont connu un déclin de 0,1 %. En 2007, la rémunération horaire moyenne globale s'élevait à 20,41 $, comparativement à 19,69 $ (en dollars de 2007) en 2002, ce qui représente une progression réelle de 3,7 % au cours de la période (tableau 1).

Les gains réels se sont accrus de 2006 à 2007, conformément à une tendance qui se poursuit depuis 2004 (graphique C). Plusieurs facteurs pourraient expliquer les augmentations salariales successives malgré l'élimination d'emplois dans le secteur de la fabrication. La croissance salariale n'était pas répartie uniformément au pays, et l'augmentation rapide de 5,7 % des salaires en Alberta a largement contribué à accroître la moyenne nationale, bien que les résidents de cette province aient également fait face à une inflation aussi élevée que 5 % en 2007 (Chaffe, 2008). Les travailleurs exerçant des professions mieux rémunérées comme les gestionnaires de la production primaire (sauf l'agriculture) ont vu leur rémunération augmenter de 33 % de 2000 à 2005 — la plus forte majoration de toutes les professions (Frenette et autres, 2008). De même, l'essor dans le secteur des ressources naturelles a stimulé une hausse salariale pour les surveillants de l'exploitation des mines, du pétrole et du gaz et pour le personnel d'entretien et d'exploitation des puits de pétrole et de gaz. Selon le Recensement de 2006, il y a également eu une importante arrivée de travailleurs dans ces professions.

Les autres gestionnaires comme ceux des entreprises, des services financiers, de la santé, de l'enseignement et de l'administration publique ont vu leurs effectifs augmenter de 127 000 au cours de la période de six ans. Ils ont gagné en moyenne 31,40 $ l'heure en 2007, beaucoup plus que la moyenne globale. Les écoles et les universités ont également ajouté 100 000 enseignants et professeurs de plus pendant la période et leur ont versé en moyenne 28,84 $ l'heure en 2007. Les sciences naturelles et appliquées et les professions apparentées englobent un éventail diversifié de travailleurs, tels que des ingénieurs, des architectes, des scientifiques et des techniciens en soutien à l'utilisateur, dont les effectifs ont grossi de 143 000 au cours de la période et ont gagné en moyenne 28,62 $ l'heure en 2007. De plus, 97 000 travailleurs se sont ajoutés dans le secteur des sciences sociales, de l'administration publique et de la religion au cours de la période de six ans. En 2007, ils ont gagné 23,42 $ l'heure, un taux supérieur à la moyenne.

Par ailleurs, quelque 180 000 autres emplois de bureau ont été créés depuis 2002; ces travailleurs ont gagné en moyenne 17,10 $ l'heure en 2007. Quant aux vendeurs et aux commis-vendeurs, ils avaient une rémunération horaire moyenne moins élevée qui atteignait 11,61 $ en 2007, et leurs effectifs ont augmenté de 89 000 au cours des six ans. Les travailleurs du secteur de la vente et des services qui ne sont pas classés ailleurs, comme ceux des voyages ou de l'hébergement, ont vu leur effectif croître encore plus au cours de la période, soit de 93 000, et leur taux horaire moyen était de 12,30 $ en 2007. Les gains les plus marqués dans le secteur des soins de santé provenaient de l'ajout de 73 000 travailleurs techniques, de soutien et connexes, qui comprennent les techniciens de laboratoires médicaux, les aides-infirmières et les techniciens en pharmacie. En moyenne, ces travailleurs ont gagné 20,14 $ l'heure, à peu près le salaire moyen de l'ensemble des travailleurs. Les infirmières autorisées et les autres professionnels de la santé ont vu leurs effectifs augmenter plus modérément, soit de 22 000, de 2002 à 2007; toutefois, leur rémunération horaire était beaucoup plus élevée, s'établissant à 29,75 $ en 2007.

Par ailleurs, l'essor dans le secteur de la construction a stimulé la demande de travailleurs à tous les niveaux de compétence et de rémunération, tout comme dans le secteur des soins de santé. D'autres métiers ont vu s'ajouter 56 000 travailleurs à leurs rangs et, en 2007, ils ont touché 22,06 $ l'heure, un taux supérieur à la moyenne. Cette catégorie professionnelle comprend le personnel d'installation, d'entretien et de réparation d'équipement résidentiel et commercial (comme les poseurs de fenêtres et de portes).Par contre, les aides de soutien des métiers et les manœuvres en construction et en transport ont vu leurs effectifs augmenter de 69 000, mais ils n'ont gagné que 16,46 $ l'heure en 2007.

Recul de l'emploi dans le secteur de la fabrication

Selon le Recensement de 2006, les opérateurs de machines et les monteurs ont subi d'importantes pertes d'emplois au cours de la période allant de 2001 à 2006 (Statistique Canada, 2008). Ce groupe professionnel comprend les opérateurs de machines à coudre, les opérateurs de machines dans la production des pâtes et papiers, de même que les assembleurs, les contrôleurs et les vérificateurs de véhicules automobiles. Selon l'Enquête sur la population active, bon nombre des travailleurs qui ont perdu leur emploi entre 2002 et 2007 se situaient au milieu ou au bas de l'échelle salariale, tandis que les opérateurs de machines et les monteurs mieux rémunérés — ceux qui gagnaient en moyenne plus de 23 $ l'heure ont vu leurs effectifs croître au cours de la période (graphique D). La proportion d'opérateurs de machines et de monteurs dans le secteur de la fabrication qui gagnaient plus de 23 $ l'heure est passée de 14 % en 2002 à 22 % en 2007. Le pourcentage de ceux qui gagnaient moins de 10 $ l'heure est tombé de 17 % en 2002 à 8 %. La part de ceux qui se situaient dans la fourchette intermédiaire est restée relativement stable à environ 70 %. Les opérateurs de machines et les monteurs ont gagné en moyenne 18,37 $ l'heure en 2007, ce qui représente une hausse de 3 % par rapport à 17,81 $ (en dollars de 2007) en 2002.

Bien que les pertes d'emplois chez les travailleurs de l'automobile aient surtout retenu l'attention, les opérateurs de machines à coudre ont également subi des mises à pied et un recul de l'emploi. D'après le Recensement de 2006, la diminution du nombre d'opérateurs de machines à coudre était la cinquième en importance de toutes les professions de 2001 à 2006. Près de 52 000 emplois ont disparu des usines de textiles et de confection de vêtements de 2002 à 2007, selon l'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail.

En fait, bon nombre des pertes d'emplois dans le secteur de la fabrication de 2002 à 2007 sont survenues dans les entreprises de fabrication de textiles et de vêtements, où les travailleurs sont en moyenne bien moins rémunérés que ceux des entreprises de fabrication de matériel de transport. Les entreprises de fabrication de textiles et de vêtements ont réduit leurs effectifs de près moitié. Ces travailleurs touchaient en moyenne de 13,60 $ à 15,65 $ l'heure en 2007. La plupart des pertes d'emplois dans la fabrication du matériel de transport de 2002 à 2007 sont survenues dans les entreprises de fabrication de pièces de véhicules automobiles, où les employés gagnaient en moyenne beaucoup plus, soit 25,13 $ l'heure en 2007 (tableau 2). Dans l'ensemble, la perte d'emploi dans le secteur de la fabrication s'est concentrée à l'extrémité inférieure de l'échelle de rémunération au cours de la période allant de 2002 à 2007. Même aussi récemment qu'en 2006 et en 2007, il y a eu de plus grandes pertes d'emplois dans la confection de vêtements que dans la fabrication de pièces de véhicules automobiles.

La situation en Ontario et au Québec

Le Canada central a été à l'avant-plan des discussions sur les pertes d'emplois bien rémunérés dans les usines et la croissance de l'emploi dans le secteur des services, d'autant plus que la vaste majorité des pertes sont survenues en Ontario et au Québec. L'Ontario a subi les pertes les plus lourdes de travailleurs d'usine se situant au milieu de l'échelle de rémunération (graphique E). Dans la catégorie la mieux rémunérée, le nombre d'emplois d'opérateurs de machines et de monteurs dans le secteur de la fabrication a augmenté. En Ontario, le salaire horaire moyen des opérateurs de machines et des monteurs dans le secteur de la fabrication était de 18,89 $ en 2007, soit 2,0 % de plus que le taux de 18,53 $ en 2002 (en dollars de 2007, selon l'IPC provincial). Pour l'ensemble des travailleurs de l'Ontario, la rémunération en dollars constants a progressé de 3,5 % durant la même période.

Par contre, au Québec, le nombre d'emplois d'opérateurs de machines et de monteurs a diminué tant dans la catégorie des salariés moyens que dans celle des petits salariés. Le Québec compte une forte concentration de travailleurs du textile et de la confection de vêtements, et ce groupe gagne moins de l'heure comparativement aux travailleurs de l'automobile en Ontario. Au Québec, la rémunération horaire moyenne des opérateurs de machines et des monteurs dans le secteur de la fabrication s'établissait à 17,08 $ en 2007, soit 5,3 % de plus que le taux de 16,22 $ en 2002 (en dollars de 2007, selon l'IPC provincial). Chez les travailleurs du Québec, la rémunération réelle globale s'est accrue de 3,3 % de 2002 à 2007.

Bien que la création d'emplois bien rémunérés dans d'autres secteurs ait compensé les pertes subies dans le secteur de la fabrication en Ontario, cela ne signifie pas que les ex-travailleurs du secteur de la fabrication obtenaient ces emplois bien rémunérés. Une étude antérieure de Statistique Canada a révélé que les hommes ayant beaucoup d'ancienneté qui ont perdu leur emploi entre 1987 et 1997 gagnaient de 18 % à 35 % de moins cinq ans plus tard, tandis que leurs homologues de sexe féminin gagnaient de 24 % à 35 % de moins (Morissette et autres, 2007).

Un examen plus poussé de la situation en Ontario révèle que, bien que l'emploi dans le secteur du commerce de détail ait nettement progressé de 2002 à 2007, des gains semblables ont été réalisés dans le secteur de l'enseignement. De plus, les secteurs de la gestion des soins de santé et de l'assistance sociale, des finances, des assurances et de l'immobilier et de la construction ont tous connu une augmentation de travailleurs (graphique F).

Par profession, l'augmentation la plus prononcée est survenue dans les autres postes de gestion dont les effectifs ont augmenté de 72 000 de 2002 à 2007, suivis des travailleurs de bureau (60 000) et des travailleurs des sciences sociales, de l'administration publique et de la religion (55 000). Les autres postes de gestion forment un groupe diversifié qui comprend notamment les gestionnaires de la construction, de l'administration publique, de banque et des télécommunications. À l'exception des postes de bureau et dans le commerce de détail, il s'agissait d'emplois dont la rémunération horaire était supérieure à la moyenne. Au cours de la même période, la province a perdu 94 000 opérateurs de machines et monteurs dans le secteur de la fabrication, y compris des surveillants. Les travailleurs se situant dans la fourchette de rémunération allant de 10 $ à 23 $ l'heure ont été les plus durement touchés par les mises à pied et les fermetures d'usine, encore plus que ceux qui gagnaient moins de 10 $ l'heure. Les travailleurs de cette catégorie professionnelle gagnaient en moyenne 18,89 $ l'heure en 2007, comparativement à la moyenne globale de 21,27 $ en Ontario.

Au Québec, le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques, celui des soins de santé et de l'assistance sociale et celui de la construction ont recruté le plus de travailleurs au cours de la période allant de 2002 à 2007, chacun dépassant le nombre d'emplois créés dans le secteur du commerce de détail. Par profession, les opérateurs de machines ont vu leurs effectifs diminuer de 65 000 en six ans. Au cours de cette période, il y a eu dans la province une augmentation du nombre de travailleurs de bureau, de vendeurs en gros, des techniciens et de spécialistes de l'assurance et de l'immobilier, ainsi que du personnel de la vente et des services liés aux voyages, à l'hébergement, aux sports et aux loisirs. Comme en Ontario, plus de travailleurs ont trouvé un emploi dans la catégorie des gestionnaires et dans celle des sciences sociales, de l'administration publique et de la religion. De plus, il s'est ajouté à peu près le même nombre d'enseignants et de professeurs que de vendeurs et commis-vendeurs. Les enseignants au Québec gagnaient en moyenne 28,16 $ l'heure en 2007, comparativement à 11,02 $ pour les vendeurs et commis-vendeurs. La rémunération moyenne des opérateurs de machines et des monteurs dans le secteur de la fabrication était de 17,08 $, comparativement à 19,35 $ pour l'ensemble des travailleurs.

Sommaire

Les récentes tendances de l'emploi par secteur portent certains à croire que les emplois bien rémunérés dans le secteur de la fabrication étaient remplacés par des emplois moins bien rémunérés dans le secteur des services. En fait, les emplois perdus dans le secteur de la fabrication n'étaient pas tous bien rémunérés et les emplois créés n'étaient pas tous mal rémunérés. De 2002 à 2007, l'emploi a plus fortement progressé dans des secteurs et des professions où la rémunération est plus élevée. La rémunération a augmenté rapidement pour les travailleurs de l'exploitation minière, pétrolière et gazière et pour les gestionnaires de la production primaire (sauf l'agriculture). Entre-temps, la plupart des pertes d'emplois chez les opérateurs de machines et les monteurs dans le secteur de la fabrication sont survenues dans les fourchettes salariales intermédiaires et inférieures. En Ontario, les pertes étaient lourdes dans la fourchette intermédiaire; au Québec, les pertes étaient réparties plus également entre la fourchette inférieure et la fourchette intermédiaire.

De 2004 à 2007, il y a eu près de 250 000 pertes d'emplois dans le secteur de la fabrication. Même si ces pertes n'étaient pas aussi importantes que celles du début des années 1990, il s'agissait pour la plupart d'emplois à plein temps. Une étude antérieure a révélé que les hommes ayant beaucoup d'ancienneté qui ont été mis à pied de la fin des années 1980 à la fin des années 1990 gagnaient moins cinq ans après leur mise à pied (Morissette et autres, 2007). Toutefois, bien que l'emploi ait progressé dans des secteurs et des professions où la rémunération est élevée, il faut pousser les recherches pour déterminer si les ex-travailleurs d'usine ont pu tirer avantage de ces nouveaux emplois.

Pendant que le secteur du commerce de détail gagnait plusieurs employés, il s'est ajouté plus de travailleurs dans le secteur de la construction et celui des soins de santé et de l'assistance sociale de 2002 à 2007. La création d'autres emplois bien rémunérés peut partiellement expliquer la divergence entre l'augmentation de la rémunération réelle et la perte d'emplois dans le secteur de la fabrication. Il s'est ajouté beaucoup de travailleurs à l'extrémité supérieure de l'échelle de rémunération, comme d'autres postes de gestionnaires des services aux entreprises, des services financiers ou de l'administration publique et des travailleurs des sciences naturelles et appliquées. Dans le secteur de la construction et celui des soins de santé, les effectifs ont augmenté tant à l'extrémité supérieure qu'à l'extrémité inférieure de l'échelle de rémunération.

Sources de données et définitions

Cette analyse est fondée principalement sur les données de l'Enquête sur la population active (EPA). Le but principal de l'Enquête sur la population active est de produire des estimations de l'emploi et du chômage et elle est la source officielle des données sur le chômage à Statistique Canada. En plus, l'EPA recueille de l'information sur plusieurs caractéristiques intrinsèques de la qualité du travail telles que le salaire des travailleurs et la couverture syndicale de même que les heures de travail.

Les données de l'Enquête sur le milieu de travail et les employés (EMTE) ont été utilisées pour fournir des détails sur les régimes de travail tels que les heures flexibles et les avantages non salariaux. L'EMTE est conçue pour explorer un vaste éventail de sujets concernant les employeurs et leurs employés. L'enquête a pour but de faire la lumière sur la relation entre la compétitivité, l'innovation, l'utilisation de la technologie et la gestion des ressources humaines du côté de l'employeur et l'utilisation de la technologie, la formation, la stabilité de l'emploi et les gains du côté de l'employé.

L'Enquête sur l'emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH) a été utilisée pour faire la lumière sur les salaires au niveau détaillé des entreprises et parmi les employés payés à l'heure, tout particulièrement au sein du secteur de la fabrication. L'EERH est la seule source canadienne détaillée de renseignements sur le nombre total d'employés rémunérés, la rémunération et les heures de travail au niveau détaillé des entreprises, des provinces et des territoires.

Quintile de gain en dollars constants

Tous les montants sont exprimés en termes de leur valeur ou du pouvoir d'achat, en 2007. La croissance réelle des salaires est présentée en dollars de 2007 et est basée sur les gains horaires moyens pour les travailleurs.

Pour cette analyse, les travailleurs sont divisés en cinq groupes égaux en 2002 basés sur leurs gains horaires moyens. Le plafond annuel des quintiles de 2002 a été converti aux valeurs de 2007 qui ont été alors utilisées pour créer des groupes de gains pour les années subséquentes.

Pour l'analyse des salaires des opérateurs de machines, les travailleurs étaient regroupés en gains faibles, moyens et élevés. Les travailleurs qui gagnaient moins de 10 $ de l'heure en dollars courants (non ajustés à l'inflation) étaient dans la catégorie des bas salariés. Plusieurs études sur le faible revenu utilisent le seuil de 10 $ comme approximation des travailleurs à faibles revenus. (Voir « Faible rémunération et faible revenu », Le Quotidien du 6 avril 2006)

Mesure de la qualité de l'emploi 

En 2007, le groupe de travail sur la Mesure de la qualité de l'emploi a été créé par la conférence des statisticiens européens avec le mandat de développer un cadre unique de mesures internationalement reconnues de la qualité de l'emploi. Statistique Canada préside le groupe de travail qui est composé de plusieurs bureaux nationaux de statistique. Le but est de développer un cadre conceptuel et une procédure pour tester et valider les indicateurs sélectionnés.

Les dimensions du cadre comprennent la sécurité et l'éthique de l'emploi, le revenu et les avantages de l'emploi, les heures de travail et l'équilibre entre le travail et la vie personnelle, la stabilité et la sécurité du travail et la protection sociale, le dialogue social et les relations de travail, le développement des compétences et l'apprentissage continu, et la nature intrinsèque du travail. Pour obtenir plus de renseignements, voir « Toward an International Quality of Work Framework: A report to the Task Force on the Measurement of Quality of Work » (Vers un cadre international de la qualité du travail : Un rapport du groupe d'étude sur la mesure de la qualité du travail, traduction libre) (Bowlby, 2006), et « Statistical Measurement of Quality of Employment » (Mesure statistique de la qualité de l'emploi, traduction libre) Steering Committee on the Measurement of Quality of Employment (Comité de direction de la mesure de la qualité de l'emploi, traduction libre).

Avantages non salariaux de l'emploi

En 2005, près de trois quarts des travailleurs bénéficiaient d'avantages complémentaires de l'employeur, comparativement à un peu plus des deux tiers en 1999, selon l'Enquête sur le milieu de travail et les employés. Les avantages non salariaux comprennent l'assurance dentaire ou l'assurance-maladie complémentaire, l'assurance-vie, le régime de pension ou un REER collectif. (tableau 3)

Les secteurs du commerce de détail et de la construction, où de nombreux emplois ont été créés de 2002 à 2007, offraient des avantages à une proportion moins élevée de leurs travailleurs (respectivement 68 % et 66 % en 2005) comparativement au secteur de la fabrication (81 %), mais ces données à elles seules ne peignent pas un portrait complet. L'emploi a également progressé au cours de la même période dans des secteurs comme celui de l'enseignement et celui des soins de santé et de l'assistance sociale, où les taux d'avantages complémentaires étaient égaux ou supérieurs à ceux du secteur de la fabrication (90 % et 79 % respectivement).

En plus de la rémunération et des avantages sociaux, le régime de travail peut être une importante dimension de la qualité de l'emploi et aider à attirer du personnel et à le maintenir en poste (Mollins, 2008). L'option d'une semaine de travail souple, réduite ou comprimée peut aider les travailleurs à mieux concilier le travail et la vie personnelle. Un horaire souple signifie que les travailleurs peuvent varier leurs heures de début et de fin dans la mesure où ils font l'équivalent d'une pleine semaine de travail; un horaire comprimé consiste en de plus longues journées de travail pour réduire le nombre de jours travaillés au cours d'une période déterminée. En 2005, plus du tiers des travailleurs (37 %) avaient des heures souples (graphique G), une légère baisse par rapport à 39 % en 1999. En 1999, les travailleurs professionnels, scientifiques et techniques étaient proportionnellement les plus nombreux à faire des heures de travail souples (57 %), taux qui est tombé à 42 % en 2005. De nombreux secteurs où l'emploi a fortement progressé de 2002 à 2007 avaient une part plus élevée d'employés ayant un horaire souple en 2005 comparativement au secteur de la fabrication. Le secteur du commerce de détail, celui des services professionnels, scientifiques et techniques et celui de la construction avaient tous une proportion élevée d'horaires souples. En fait, le secteur de la fabrication comptait la part la plus faible de travailleurs ayant des heures souples, soit légèrement plus du quart en 2005.

La formation est un autre élément de la qualité de l'emploi. La formation structurée en classe et la formation non structurée en cours d'emploi peuvent accroître les possibilités d'avancement professionnel des travailleurs. De plus, pour certaines professions, comme les éducateurs, les professionnels de la santé, les comptables, les ingénieurs et d'autres qui doivent rester au fait des plus récentes théories et pratiques, la formation continue est considérée comme faisant partie intégrante de l'emploi. Dans plusieurs secteurs ayant connu une forte croissance de 2002 à 2007, une part considérable de travailleurs recevaient de la formation (graphique H). En 2005, plus de la moitié (53 %) des travailleurs dans le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale et près de la moitié (47 %) de ceux dans le secteur de l'enseignement avaient suivi une formation structurée en classe au cours des 12 mois précédents, ce qui dépasse de beaucoup la moyenne globale de 37 %. Les travailleurs du commerce de détail étaient les moins susceptibles de recevoir une formation en classe (28 %). Légèrement plus du tiers (34 %) des travailleurs du secteur de la fabrication ont dit avoir suivi une formation en classe en 2005, à peine plus que la part des travailleurs de la construction (33 %) selon la plus récente Enquête sur le milieu de travail et les employés. La formation non structurée en cours d'emploi est plus fréquente que la formation en classe seulement chez les travailleurs des services professionnels, scientifiques et techniques.

Documents consultés

Auteur

Jane Lin est au service de la Division de la statistique du travail. On peut la rejoindre au 613-951-9691 ou à perspective@statcan.gc.ca..


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