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Évolution du temps de travail et des gains des parents

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Par Sébastien LaRochelle-Côté, Philippe Gougeon et Dominique Pinard

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Comparativement aux familles de la génération précédente, les familles d'aujourd'hui consa- crent beaucoup plus de temps au travail, principalement en raison de l'activité croissante des femmes sur le marché du travail. Les heures de travail hebdomadaires des couples sont passées d'une moyenne de 58 heures en 1976 à 65 heures en 2008 (Marshall, 2009). L'augmentation du temps de travail des parents a fait en sorte que les décideurs, les fournisseurs de services familiaux et le public accordent une attention grandissante aux enjeux liés à la conciliation travail-famille.

Sur le plan du bien-être des familles, il est primordial de savoir si la hausse du temps de travail des familles s'est traduite en gains plus élevés chez ces dernières, particulièrement chez celles ayant des enfants. Pour diverses raisons, certaines questions liées au bien-être peuvent être soulevées si l'ensemble des parents n'a pu profiter financièrement de l'augmentation du temps de travail. En premier lieu, le temps et les ressources financières sont des déterminants importants des résultats des enfants ultérieurement dans leur vie, d'autant plus chez les enfants en très bas âge (Phipps et Lethbridge, 2006). En deuxième lieu, il est possible que les familles gagnant un faible revenu n'aient pas les moyens de payer des services, telles la garderie ou la garde parascolaire, qui peuvent servir de remplacement à la garde parentale. En troisième lieu, les familles qui manquent de temps et d'argent peuvent faire face à une série de défis particuliers dans leur quête d'un meilleur équilibre travail-famille (Bernstein et Kornbluh, 2005). Le présent article permet d'examiner le lien entre le temps de travail et les gains des parents selon les divers types de famille (voir Source des données et définitions).

Les études qui portent sur la relation entre le temps de travail des familles et les gains familiaux au Canada privilégient une approche descriptive fondée sur des centiles. Yalnizyan (2007) indique, dans ce qui semble être la seule étude décrivant le lien entre le temps de travail des familles et le revenu familial au fil du temps au Canada, que l'augmentation la plus importante des revenus se manifestait chez les familles se situant à l'extrémité supérieure de la répartition du revenu (90e centile et plus), sans hausse des heures de travail. Les familles se trouvant à l'extrémité inférieure de la répartition du revenu travaillaient plus en moyenne, sans augmentation des gains. Burton et Phipps (2007) ont également utilisé la méthode des déciles pour étudier les différences à l'échelle internationale entre les modèles de temps de travail dans la répartition du revenu. Selon les résultats de cette étude, de nombreuses familles situées dans le décile inférieur de la répartition du revenu travaillaient un nombre d'heures plus élevé, du moins au Canada et aux États-Unis.

Il existe un certain nombre de limites associées à l'utilisation des déciles. La première est liée à la taille de l'échantillon de l'Enquête sur les finances des consommateurs et de l'Enquête sur la dynamique du travail et du revenu. Bien que, dans la méthode des déciles, l'échantillon soit divisé en sous-groupes égaux, le nombre de groupes est susceptible de limiter la précision des estimations en ce qui a trait aux groupes qui ont une importance significative à l'intérieur des déciles.

Les déciles peuvent également être difficiles à interpréter, étant donné que les familles classées dans un décile aujourd'hui peuvent avoir des niveaux de vie différents de ceux des familles qui étaient dans le même décile il y a 25 ans. Par exemple, les familles qui se situent actuellement dans le décile inférieur gagnent un revenu inférieur au revenu familial médian, dépendent davantage des transferts gouvernementaux et font ainsi face à des défis distincts de ceux de leurs homologues de la génération précédente. Parallèlement, il ne fait aucun doute que les familles qui se trouvent présentement dans le décile supérieur sont différentes de celles des années 1980 puisque les gains relatifs ont augmenté dans ce décile.

Cet article se fonde sur une nouvelle approche pour évaluer les heures de travail et les gains des familles. Tout d'abord, il porte sur les changements du temps de travail de 1980 à 2005 parmi trois groupes de familles qui ont des enfants : les familles dont les gains sont inférieurs aux deux tiers de la médiane des gains familiaux (« faibles » gains), celles au-dessus des quatre tiers de la médiane (gains « élevés ») et celles entre les deux tiers et les quatre tiers de la médiane (gains « intermédiaires »). Il traite également du lien entre le temps de travail et les gains des parents pour ces trois types de famille. L'avantage de cette méthode est que la taille et les gains relatifs de chaque groupe peuvent varier.

Le deuxième aspect innovateur est l'utilisation des données du recensement. Le recensement procure deux avantages importants : des renseignements fiables en ce qui concerne les régimes de travail des familles depuis 1980 ainsi qu'une grande taille de l'échantillon, ce qui permet d'étudier l'évolution du temps de travail et des gains pour tous les types de famille, y compris les parents seuls.

Le troisième aspect innovateur de cette étude est l'utilisation des méthodes de décomposition pour déterminer la mesure dans laquelle la croissance des gains moyens des parents peut être corrélée aux changements du temps de travail des parents à divers points de la répartition des gains. Des méthodes de décomposition plus élaborées sont également utilisées pour déterminer la répartition des gains en 2006 si le temps de travail des familles ainsi que les autres caractéristiques personnelles et familiales n'avaient pas changé au cours des 25 dernières années1.

Cet article met l'accent sur les familles ayant des enfants de moins de 16 ans. La première partie de l'analyse examine l'évolution des familles biparentales et la deuxième, l'évolution des familles monoparentales2. Étant donné que l'accent est mis sur les changements dans le temps de travail et les gains des parents au fil du temps, les familles comptant deux parents qui ne travaillent pas (ou un parent seul qui ne travaille pas) sont exclues de l'échantillon. Ces exclusions représentent une très petite partie des familles biparentales (moins de 3 %), une plus grande partie des pères seuls (de 10 % à 15 %) et une proportion encore plus grande, mais décroissante, des mères seules (d'un sommet de 38 % en 1980 à un creux de 23 % en 2005). Il convient donc de noter que cette exclusion des familles qui ne comptent aucun parent qui travaille peut créer un biais d'une ampleur inconnue, particulièrement chez les mères seules.

Changements dans les gains des parents

En 1980, plus de 50 % des familles biparentales avaient des gains situés entre les deux tiers et les quatre tiers de la médiane (graphique A). Les autres familles étaient divisées à peu près également entre celles qui avaient des gains inférieurs aux deux tiers de la médiane (22 %) et celles qui avaient des gains supérieurs aux quatre tiers de la médiane (26 %). Au fil des ans, on a noté une diminution de la proportion des familles entre les deux tiers et les quatre tiers de la médiane (centre) à chacune des années de recensement, ainsi qu'une augmentation du nombre de familles se retrouvant aux extrémités de la répartition. En 2005, la proportion des familles au centre était de 42 %, celle des familles ayant des gains inférieurs aux deux tiers de la médiane, de 28 %, et celle des familles ayant des gains supérieurs aux quatre tiers de la médiane, de 30 %. On observe donc une « polarisation » des gains des parents au cours des 25 dernières années, ce qui correspond aux résultats d'une autre étude récente (Heisz, 2007).

Non seulement les gains se sont polarisés, mais les gains relatifs entre les groupes de gains faibles, intermédiaires et élevés ont également changé. On observe, en particulier, une hausse plus rapide des gains médians des familles classées à l'extrémité supérieure de la répartition (graphique B). Entre 1980 et 2005, les gains médians pour l'ensemble des familles sont passés de 58 400 $ à 70 100 $, ce qui représente une hausse de 20 %. En comparaison, les gains médians ont augmenté de 29 % pour les familles situées au-dessus des quatre tiers de la médiane et de 13 % pour les familles se trouvant au-dessous des deux tiers de la médiane. La croissance des gains médians pour les familles classées au centre correspondait presque à la hausse globale (20 %).

Le ratio des gains médians illustre l'écart croissant entre les familles situées à l'extrémité supérieure et les autres types de famille. Entre 1980 et 2005, le ratio des gains médians entre les familles à l'extrémité supérieure et celles au centre a peu progressé (passant de 1,7 à 1,8), mais le ratio des gains familiaux entre les tranches supérieure et inférieure est passé de 3,6 à 4,1. En gros, ces résultats indiquent une polarisation croissante et une dispersion croissante des gains des familles canadiennes.

Changements dans le temps de travail des parents

Comme le recensement ne fournit pas de renseignements sur les heures travaillées de l'année précédente, la meilleure façon de décrire les changements à cet égard est de combiner le nombre de semaines travaillées et le régime de travail (temps plein ou temps partiel). Les régimes de travail des personnes ont donc été classés selon trois catégories de modèles de temps de travail : les personnes qui travaillent à temps plein toute l'année (TPTA); celles qui participent moins à la vie active (à temps partiel toute l'année, à temps plein une partie de l'année, ou à temps partiel une partie de l'année); celles qui ne travaillent pas du tout.

Dans le cas des familles biparentales, on a créé cinq catégories de familles qui travaillent : les deux parents travaillent à TPTA; un parent travaille à TPTA et l'autre participe moins à la vie active; les deux parents participent moins à la vie active; un parent travaille à TPTA et l'autre ne travaille pas; un parent participe moins à la vie active et l'autre ne travaille pas. Les deux premières catégories ont la plus forte participation à la vie active (du moins en ce qui a trait au temps passé sur le marché du travail), alors que les deux dernières catégories ont une participation plus faible. Tel qu'il a été noté précédemment, les familles qui comptaient deux parents ne travaillant pas du tout ont été retirées de l'échantillon, mais celles-ci ne représentaient qu'un très faible pourcentage.

D'après ces définitions, les régimes de travail des familles biparentales ont changé considérablement au cours des 25 dernières années (graphique C). La part des familles dont les deux parents travaillaient à TPTA est passée de 15 % en 1980 à 32 % en 2005 (+18 points de pourcentage). Celle des familles dont un parent travaillait à TPTA et l'autre ne travaillait pas a fléchi de façon importante (-15 points de pourcentage). La plupart de ces changements sont survenus dans les années 1980.

Les changements dans le temps de travail pour les trois types de famille (gains faibles, intermédiaires et élevés) sont présentés dans le tableau 1. La proportion des deux parents travaillant à temps plein toute l'année était plus élevée chez les familles à gains élevés que chez celles à plus faibles gains. En 2005, près de 50 % de toutes les familles à gains élevés avaient deux parents travaillant à TPTA, comparativement à 32 % pour les familles à gains intermédiaires et à seulement 13 % pour les familles à faibles gains. En revanche, les familles à faibles gains étaient plus susceptibles de compter au moins un parent n'étant pas sur le marché du travail (34 %), comparativement aux familles à gains intermédiaires (15 %) et aux familles à gains élevés (9 %). Par conséquent, les familles travaillant le plus avaient également tendance à gagner davantage.

Or, les changements observés au fil du temps viennent ajouter une nouvelle dimension. Entre 1980 et 2005, le temps de travail a progressé quelque peu plus rapidement chez les familles classées dans les tranches intermédiaire et inférieure de la répartition des gains que chez celles de la tranche supérieure. La proportion des familles à gains intermédiaires comptant deux parents à TPTA a plus que doublé et celle des familles comptant un parent à TPTA et un parent qui participe moins à la vie active a augmenté de 5 points de pourcentage (un total de 26 points de pourcentage pour les deux premières catégories), alors qu'une baisse de la proportion est survenue dans les deux catégories ayant une plus faible participation à la vie active (réduction de 27 points de pourcentage). Dans la tranche inférieure de la répartition, la proportion des familles situées dans les deux premières catégories de travail a presque doublé (passant de 22 % en 1980 à 42 % en 2005), tandis que la proportion des familles dans les catégories ayant une plus faible participation à la vie active a diminué de façon semblable.

Dans la tranche supérieure de la répartition des gains, la proportion des familles comptant deux travailleurs à TPTA a également augmenté de façon significative (20 points de pourcentage), mais la proportion des familles comptant un travailleur à TPTA et un parent qui participe moins à la vie active a fléchi. Par conséquent, la proportion des familles à gains élevés dans les deux catégories les plus actives sur le marché du travail s'est accrue de 14 points de pourcentage. Ainsi, dans l'ensemble, les similarités dans les régimes de travail familiaux entre les familles à gains intermédiaires et celles à gains élevés ont augmenté, malgré la divergence de leurs gains médians.

Lien entre les changements dans le temps de travail et les gains

Les changements dans le temps de travail des parents sont-ils liés aux gains familiaux? Pour répondre à cette question, une méthode de décomposition peut être utilisée pour examiner si le changement du temps de travail parmi les familles à gains faibles, intermédiaires et élevés a contribué à des changements dans les gains globaux3. Cette méthode permet de diviser la croissance globale des gains moyens des parents (28 %) en changements dans les gains moyens des différents groupes, pondérés selon la part de la population de ces groupes4. Le changement dans les gains globaux peut ensuite être attribué soit au changement des gains moyens des groupes, soit au changement des parts de la population des groupes5. Ce dernier montre l'effet de l'évolution du temps de travail de chaque groupe sur la croissance globale des gains, alors que le premier peut indiquer les changements liés au rendement du travail pour un montant donné de temps de travail des parents. Un autre avantage de cette méthode fait en sorte que chaque cellule montre le pourcentage d'augmentation des gains qui aurait pu se produire si aucun autre facteur n'avait varié. Par exemple, le tableau 2 montre que, si le seul facteur à avoir changé avait été l'augmentation de l'offre de main-d'œuvre chez les familles à gains élevés, les gains moyens auraient connu une hausse de 4 %.

Les changements dans le temps de travail des parents étaient à l'origine de près de la moitié de la hausse des gains familiaux moyens au cours de la période de 1980 à 2005 (45 %), tandis que les changements dans les gains moyens (ou le rendement du travail) expliquaient le reste de cette hausse (55 %). Cependant, la contribution du temps de travail à la hausse des gains variait à travers la répartition des gains familiaux. Les augmentations du temps de travail des familles se situant dans les tranches inférieure et intermédiaire ont chacune représenté 16 % de la hausse globale, alors que l'augmentation du temps de travail des familles à gains élevés en a constitué 13 %. Les différences dans le rendement du travail étaient plus importantes, étant donné que les augmentations dans les gains moyens chez les familles à gains intermédiaires et faibles expliquaient 24 % de la hausse globale, tandis que celles chez les familles à gains élevés représentaient près du tiers de la hausse globale.

Ainsi, une grande partie de la hausse globale des gains familiaux s'est produite chez les familles à gains élevés, mais cette augmentation était proportionnellement plus forte que celle de leur temps passé au travail. En effet, les familles se situant à l'extrémité supérieure de la répartition des gains contribuaient à 45 % de la hausse globale des gains moyens, mais moins du tiers de cette hausse était attribuable à une augmentation du temps de travail. Les familles se situant dans les tranches intermédiaire et inférieure ont contribué respectivement à 30 % et à 26 % de la hausse globale des gains, mais contrairement aux familles à gains élevés, la grande partie de cette contribution était attribuable à une augmentation du temps de travail des parents6.

Que se passerait-il si les familles d'aujourd'hui avaient les mêmes caractéristiques que celles des années 1980?

Le lien entre les changements du temps de travail et les gains globaux soulève une question intéressante. Si les régimes de travail étaient demeurés les mêmes qu'en 1980, la polarisation et la dispersion croissante des gains auraient-elles été atténuées? Une stratégie empirique a été conçue pour aborder cette question.

Pour ce faire, il est important de tenir compte des changements des caractéristiques personnelles et familiales. Si les changements des caractéristiques familiales, comme le niveau de scolarité des femmes7, étaient concentrés dans certaines catégories de la répartition des gains, ils auraient une incidence sur l'évolution des gains familiaux d'une manière particulière. Il est donc important d'examiner la mesure dans laquelle ces caractéristiques, en plus des changements dans le temps de travail, influent sur la répartition des gains8.

Une méthode de décomposition semi-paramétrique semblable à celle élaborée par Dinardo, Fortin et Lemieux (1996) peut être utilisée pour atteindre ces objectifs. Cette méthode (ci-après appelée DFL) repose sur l'imposition de certaines hypothèses sur la répartition observée des gains afin d'établir la répartition qui prévaudrait si les régimes de travail ainsi que les caractéristiques personnelles et familiales n'avaient pas changé depuis 1980. Ces répartitions hypothétiques peuvent être estimées en repondérant toutes les observations sur une base séquentielle (voir Élaboration des possibilités de répartition des gains). Ces nouvelles répartitions peuvent ensuite servir à calculer des statistiques hypothétiques sur la polarisation et les gains médians parmi les types de famille pour l'année 2005 (tableau 3).

Selon cette méthode, si les régimes de travail étaient restés identiques à ceux de 1980, la part des familles au-dessous des deux tiers de la médiane aurait été de 28 % et la part des familles au-dessus des quatre tiers de la médiane, de 31 %. En d'autres mots, si les régimes de travail avaient été identiques à ceux de 1980, la polarisation aurait tout de même augmenté. En outre, si les caractéristiques familiales et personnelles avaient été les mêmes qu'en 1980, la proportion des familles biparentales situées aux deux extrémités aurait augmenté davantage. En fait, cette méthode laisse entendre que les changements du temps de travail et des caractéristiques familiales ont eu un effet modérateur sur la polarisation au cours de cette période.

Pourquoi la polarisation n'a-t-elle pas diminué lorsque les régimes de travail et les caractéristiques personnelles de 1980 ont été appliqués à la répartition de 2005? Les changements dans les salaires, en particulier, expliqueraient en grande partie ces tendances. Au cours des dernières décennies, les augmentations à l'extrémité supérieure de la répartition du revenu ont grandement été attribuables à la hausse des salaires (Murphy, Roberts et Wolfson, 2007). Les facteurs qui alimentent ce phénomène sont difficiles à définir. Parmi les explications possibles, on note le développement d'industries ou de compétences très précises et à rémunération élevée, les changements du pouvoir de négociation des travailleurs à gains intermédiaires ou faibles, de même que les changements de la rémunération du travail des personnes à revenu élevé (Sharpe, Arsenault et Harrison, 2008). Malheureusement, ces hypothèses sont difficiles à vérifier au moyen des données d'enquête existantes9.

Le tableau 3 montre également comment les gains des parents auraient évolué si les caractéristiques familiales et les régimes de travail familiaux n'avaient pas changé depuis 1980. Bien que la médiane globale ait augmenté de 20 % au cours de cette période, la croissance n'aurait pas été aussi forte (12 %) si les régimes de travail n'avaient pas changé. Ces résultats laissent entendre que les heures travaillées représentaient environ la moitié de la hausse globale des gains médians.

Bien que le temps de travail ait contribué au changement global des gains, son ampleur n'était pas la même dans l'ensemble de la répartition. Si les régimes de travail étaient demeurés les mêmes que ceux de 1980, les gains médians des familles situées dans la tranche inférieure de la répartition des gains auraient augmenté de 5 %, ce qui représente environ le tiers du taux de croissance réel (13 %). Par contre, les gains médians des familles situées dans la tranche supérieure de la répartition auraient grimpé de 22 %, ce qui constitue les trois quarts du taux de croissance réel (29 %). La croissance chez les familles situées dans la tranche intermédiaire aurait été de 12 %, comparativement à une augmentation réelle de 20 %. Ces chiffres appuient l'observation formulée précédemment selon laquelle le changement dans le temps de travail a un effet plus important sur les gains des familles situées dans les tranches inférieure et intermédiaire de la répartition des gains.

Si les régimes de travail et les caractéristiques personnelles étaient demeurés les mêmes qu'en 1980, la croissance des gains médians aurait été négative (-13 %), ce qui met en lumière l'importance des changements des caractéristiques familiales et personnelles (y compris une augmentation du niveau de scolarité) pour ce qui est de la croissance des gains. Une fois de plus, ces changements auraient été différents dans l'ensemble de la répartition des gains. Les changements dans les gains médians auraient été de -22 % chez les familles à plus faibles gains, tandis qu'ils auraient été de -5 % chez les familles à gains élevés, ce qui aurait produit un écart hypothétique encore plus grand entre les gains de ces deux types de famille.

Si les régimes de travail et les caractéristiques familiales des familles biparentales étaient demeurés les mêmes qu'en 1980, la polarisation n'aurait pas diminué; elle aurait, au contraire, augmenté davantage. Les niveaux des gains auraient aussi été quelque peu différents, particulièrement chez les familles situées dans la tranche inférieure de la répartition, ce qui signifie que l'écart entre les gains des familles situées dans les tranches supérieure et inférieure aurait été encore plus important. Cela laisse entendre que l'augmentation de la polarisation et de l'écart des gains ne peut être liée aux changements qui se sont produits dans les régimes de travail ou les caractéristiques démographiques des familles, et que d'autres facteurs, peut-être liés à des changements dans la structure des salaires, ont probablement joué un rôle dans l'évolution des gains familiaux.

Familles monoparentales

Les familles monoparentales forment une partie de plus en plus grande au sein des familles qui travaillent au Canada. Comme ces familles sont plus susceptibles d'être vulnérables sur le plan financier, on a également examiné l'évolution du temps de travail et des gains chez elles10. On a classé les régimes de travail des parents seuls selon deux catégories : ceux qui travaillent à temps plein toute l'année et ceux qui participent moins à la vie active (à temps partiel toute l'année, à temps plein une partie de l'année, ou à temps partiel une partie de l'année). Des analyses distinctes ont été menées pour les hommes et les femmes, car les tendances du marché du travail ont évolué différemment pour les mères seules et les pères seuls (tableau 4).

On a observé, comme dans le cas des familles biparentales, une augmentation de la polarisation des gains des pères seuls au cours de cette période. La proportion des familles situées dans la tranche intermédiaire de la répartition est passée de 48 % en 1980 à 40 % en 2000 (les deux autres groupes comptant, par conséquent, plus de familles). Chez les mères seules, la répartition est demeurée stable au cours des 25 dernières années, 35 % des mères qui travaillent faisant partie des groupes à gains élevés et faibles et 30 %, du groupe à gains intermédiaires11.

Le niveau des gains a également changé considérablement au sein des groupes. Les gains ont diminué de façon significative chez les pères seuls situés dans les tranches inférieure (-14 %) et intermédiaire (-9 %) de la répartition, et ils sont demeurés les mêmes chez les pères seuls se trouvant dans la tranche supérieure (graphique D). Même si leurs gains demeurent inférieurs à ceux des pères seuls, les mères seules de tous les groupes de gains ont connu une augmentation significative des gains médians au cours de cette période, en particulier aux deux extrémités de la répartition des gains.

Les changements dans les gains étaient-ils associés à des changements dans le temps de travail chez les familles monoparentales? Dans le cas des pères, la proportion de ceux qui travaillaient à temps plein toute l'année est demeurée assez stable dans les tranches intermédiaire et supérieure de la répartition des gains (tableau 5). On a observé une augmentation notable du temps de travail seulement chez les pères situés dans la tranche inférieure de la répartition des gains, puisque la proportion des pères travaillant à temps plein toute l'année a augmenté dans ce groupe, passant de 34 % à 40 %. Toutefois, ces changements se sont produits dans un contexte où il y a eu des réductions importantes de gains chez les pères situés dans les tranches intermédiaire et inférieure de la répartition des gains.

En revanche, la proportion des mères travaillant à temps plein toute l'année a crû dans l'ensemble de la répartition, en particulier dans les tranches inférieure et intermédiaire, indiquant une forte corrélation entre les changements dans les gains et les changements dans le temps de travail chez les mères seules.

Comme dans le cas des familles biparentales, on peut quantifier le lien entre les changements dans le temps de travail et les changements dans les gains chez les familles monoparentales en utilisant des méthodes de décomposition en fonction des changements dans les gains familiaux moyens (tableau 6). De 1980 à 2005, les gains moyens ont diminué de 2 % chez les pères seuls et ont augmenté de 20 % chez les mères seules. Chez les pères seuls, cette diminution était associée en grande partie à la réduction du rendement du travail dans les tranches intermédiaire et inférieure de la répartition. En fait, si ce n'était pas de la hausse du temps de travail chez les pères seuls situés dans la tranche inférieure de la répartition, la baisse des gains aurait été encore plus marquée pour les pères seuls.

Chez les mères seules, l'augmentation des gains était liée en bonne partie aux changements dans les gains moyens au sein des groupes, particulièrement chez celles situées dans les tranches inférieure et supérieure de la répartition des gains. La hausse du temps de travail chez les mères seules se trouvant dans la tranche inférieure de la répartition a également contribué à l'augmentation globale. En fait, la combinaison de la hausse du temps de travail et de la hausse du rendement du travail dans la partie inférieure de la répartition était si importante que les mères seules ayant de plus faibles gains étaient à elles seules à l'origine de la moitié de la croissance globale des gains.

La méthode de décomposition DFL a été appliquée séparément aux données sur les pères seuls et aux données sur les mères seules (tableau 7). Les résultats indiquent que la polarisation des gains chez les pères seuls aurait connu la même évolution si les régimes de travail et les caractéristiques familiales n'avaient pas changé. De plus, les changements dans les gains n'auraient pas été bien différents non plus, ce qui n'est peut-être pas une surprise, étant donné les changements modérés dans le temps de travail chez les pères seuls. Il est à noter que les gains auraient diminué dans une plus grande mesure dans les trois groupes si les caractéristiques personnelles (y compris une hausse du niveau de scolarité) étaient demeurées les mêmes.

Les résultats étaient semblables pour les mères seules : leur répartition dans les groupes de gains aurait peu changé si les régimes de travail et les caractéristiques personnelles avaient été les mêmes qu'en 1980. Toutefois, les gains n'auraient pas connu une croissance aussi importante au cours des 25 dernières années si les régimes de travail des mères seules n'avaient pas changé, en particulier pour celles situées dans la tranche intermédiaire de la répartition des gains (3 % au lieu de 8 %). De plus, si les caractéristiques personnelles et familiales des mères seules avaient été les mêmes qu'en 1980, la croissance des gains aurait été beaucoup plus limitée chez les mères seules se trouvant dans la tranche inférieure de la répartition, et elle aurait même été négative chez les femmes faisant partie des deux groupes de gains plus élevés. À ce titre, les changements liés aux caractéristiques des femmes (y compris une augmentation de la proportion des femmes détenant un grade universitaire) représentaient également la plus grande part de l'augmentation des gains chez les mères seules12.

Sommaire

Pour différentes raisons, le temps et l'argent sont des ressources importantes pour les familles qui ont des enfants. Premièrement, les familles comptant deux parents qui travaillent peuvent avoir à payer des services pour la garde de leurs enfants. Deuxièmement, il a été démontré que le temps et l'argent influent sur les résultats socioéconomiques à long terme des enfants. Troisièmement, les familles qui manquent de temps et d'argent peuvent faire face à une série de défis particuliers dans leur quête d'un meilleur équilibre travail-famille. Il est donc important de comprendre le lien qui existe entre les changements dans le temps de travail et les gains.

Aux fins de cette étude, on a fait appel à des données du recensement pour examiner si les changements dans le temps de travail se sont traduits par une hausse correspondante des gains des parents pour les divers types de famille. Les familles ont été divisées en trois groupes : celles situées au-dessous des deux tiers de la médiane (faibles gains), celles situées entre les deux tiers et les quatre tiers de la médiane (gains intermédiaires) et celles situées au-dessus des quatre tiers de la médiane (gains élevés). Les familles biparentales de tous les groupes, en particulier celles se trouvant dans les tranches inférieure et intermédiaire de la répartition des gains, ont augmenté leur temps de travail de façon considérable. Toutefois, l'évolution du temps de travail était parallèle à une plus forte hausse des gains chez les familles situées dans la tranche supérieure de la répartition des gains.

Si l'on examine uniquement l'effet de l'évolution des régimes de travail sur l'augmentation des gains des parents, une bonne partie (45 %) était associée à une plus grande activité sur le marché du travail pour tous les types de famille, particulièrement les familles se trouvant dans les tranches intermédiaire et inférieure de la répartition des gains. Toutefois, une large part de la hausse globale (55 %) était attribuable à une progression des gains moyens obtenue pour un montant donné de temps de travail des parents, surtout chez les familles ayant des gains élevés.

De plus, bien que l'évolution des régimes de travail ait contribué à la hausse globale des gains, elle n'a eu qu'une très faible incidence sur la polarisation des gains. S'il n'y avait eu aucun changement dans les régimes de travail et les caractéristiques démographiques des familles d'aujourd'hui par rapport à celles de 1980, la polarisation aurait augmenté plus rapidement et l'écart des gains entre les familles dans les tranches supérieure et inférieure aurait été plus important. Comme les heures de travail des parents n'ont pas contribué à la croissance de la polarisation et de la dispersion des gains, ces phénomènes sont sans doute liés aux changements dans la structure des salaires.

Cette étude portait également sur l'évolution du temps de travail et des gains chez les pères et les mères seuls. Le temps de travail a peu augmenté chez les pères seuls, sauf pour ceux situés dans la tranche inférieure de la répartition, alors que les gains ont connu une baisse considérable chez les pères se trouvant dans les tranches inférieure et intermédiaire de la répartition. Par contre, chez les mères seules, l'augmentation du temps de travail était accompagnée d'une hausse importante des gains, particulièrement chez celles situées dans la tranche inférieure de la répartition. On a toutefois observé qu'en 2005, les mères seules de tous les types de famille gagnaient toujours beaucoup moins que leurs homologues masculins.

Il est évident que ce ne sont pas toutes les familles qui ont bénéficié financièrement d'une augmentation du temps de travail familial au cours des 25 dernières années. Les familles d'aujourd'hui font face à des contraintes et des choix différents de ceux des familles en 1980, de sorte qu'elles organisent peut-être leur temps de travail différemment. Cependant, de tels résultats peuvent indiquer la possibilité que de nombreuses familles doivent travailler davantage que celles de la génération précédente pour répondre à leurs attentes sur le plan financier.

Source des données et définitions

La présente étude porte sur l'évolution des régimes de travail des parents dans la répartition des gains familiaux à partir des renseignements des recensements de 1981, 1991, 2001 et 2006. Le recensement fournit des informations détaillées sur les sources de revenu de la famille au cours de l'année ayant précédé l'année de recensement. Par exemple, les gains familiaux ayant trait au Recensement de 2006 sont fondés sur l'année civile 2005. L'étude met l'accent sur les familles qui ont des enfants âgés de moins de 16 ans et dont les parents sont âgés de moins de 55 ans. L'échantillon se limite aux familles qui comptent au moins un parent qui travaille, étant donné que l'étude établit la corrélation entre les gains familiaux et le temps passé au travail par les membres de la famille. Les familles biparentales représentaient la plus grande proportion du total des familles, et leur nombre s'établissait à 2,5 millions à chacune des années de recensement. Les familles monoparentales constituaient une part croissante des familles, passant de 250 000 en 1981 à plus de 500 000 en 2006.

Le dernier recensement a été réalisé en 2006 et a permis de recueillir des renseignements concernant diverses caractéristiques socioéconomiques auprès de 20 % des ménages canadiens. L'utilisation des données du recensement garantit une meilleure couverture des familles dans toute la répartition des gains (Frenette, Green et Picot, 2006). Toutefois, le recensement ne présente pas de données sur les heures hebdomadaires travaillées par les personnes, qui permettraient de calculer des estimations détaillées du temps de travail. Par contre, les renseignements sur le régime de travail (temps plein ou temps partiel) pour les semaines travaillées sont recueillis. Par temps plein, on entend au moins 30 heures de travail par semaine, et par toute l'année, au moins 50 semaines de travail par année. Une semaine de travail à temps partiel désigne de 1 à 29 heures de travail et un travail pour une partie de l'année, de 1 à 49 semaines de travail.

Les familles qui vivent dans un logement collectif, les familles qui comptent des résidents non permanents ainsi que les familles dont des membres ont immigré au cours de l'année de recensement (ou de celle précédant le recensement) ont été exclues de l'échantillon. Cette dernière restriction s'impose, car les statistiques sur les gains annuels de ces familles seraient biaisées vers le bas, puisque ces dernières n'auraient été au Canada que pendant une partie de l'année de référence, ou pas du tout. Les gains familiaux comprennent les salaires et les traitements, le revenu agricole net et le revenu non agricole net dans une entreprise non constituée en société ou dans l'exercice d'une profession des deux parents dans le cas des familles biparentales et du parent seul dans le cas des familles monoparentales. Tous les gains ont été déflatés selon l'Indice des prix à la consommation national et sont exprimés en dollars de 2005. Les valeurs aberrantes retirées étaient les suivantes : 1 % des familles présentant les gains les plus élevés et 1 % des familles présentant les gains les plus faibles. Cet ajustement est nécessaire, car on doit utiliser des moyennes pour décomposer les répercussions de l'évolution du temps de travail des familles sur les changements dans les gains familiaux, et les familles aux extrémités de la répartition des gains ont tendance à avoir un effet disproportionné sur les moyennes.

Élaboration des possibilités de répartition des gains

La méthode DFL comprend l'élaboration de diverses possibilités de répartition des gains en multipliant les facteurs de pondération de l'échantillon des familles de 2005 par un « facteur de repondération » qui tient compte des changements dans les régimes de travail des parents et les caractéristiques personnelles et familiales. Autrement dit, ces différentes possibilités permettent de répondre à la question suivante : « Quelle serait la densité des gains familiaux en 2005 si les familles avaient les mêmes régimes de travail et les mêmes caractéristiques personnelles que les familles en 1980? »

La densité des gains de 2005 se calcule à l'aide de la formule suivante : (Formule 1)

w=gains, p=régimes de travail et x=caractéristiques familiales.

Si l'on applique les régimes de travail de 1980 à la densité des gains de 2005, on obtient la formule suivante : (Formule 2)

où Ψ p|x(p,x) est un facteur de repondération utilisé pour appliquer les régimes de travail de 1980 (en tenant les caractéristiques familiales de 2005 constantes) à la densité des gains. En appliquant les règles de Bayes, ce facteur peut également s'exprimer sous la formule : (Formule 3)

p correspond aux cinq catégories de temps de travail des parents. On estime ensuite les probabilités à l'aide d'une série de régressions logits multinomiales appliquées aux échantillons des familles de 2005 et de 1980.

Finalement, en appliquant les caractéristiques personnelles de 1980 à la densité des gains de 2005, on obtient la formule suivante : (Formule 4)

En appliquant les règles de Bayes, on peut également exprimer ces valeurs ainsi : (Formule 5)

On peut estimer la probabilité d'être dans la période i, en fonction des attributs individuels x, en utilisant un modèle logit dans lequel les observations des années 1980 et 2005 sont combinées. La composante Pr(tx=1980) correspond au nombre d'observations pondéré en 1980 divisé par le nombre d'observations pondéré en 1980 et en 2005.

Pour confirmer la validité des résultats, l'opération inverse de la décomposition DFL a également été effectuée.


Notes

  1. Le présent article ne porte pas sur les raisons pour lesquelles les régimes de travail des parents ont changé pendant cette période. Il vise plutôt à examiner la mesure dans laquelle les changements dans les régimes de travail des familles peuvent être associés aux changements dans les gains familiaux.
  2. La proportion des familles biparentales par rapport à l'ensemble des familles a diminué de 1980 à 2005, alors que la proportion des familles monoparentales a augmenté.
  3. La part des familles à gains faibles, intermédiaires et élevés dans chacune des catégories de travail i étant définie par γi et les gains moyens dans chaque cellule, par Εi, la formule utilisée pour calculer la partie du changement total dans les gains moyens entre 1980 et 2005 associée aux changements dans les gains moyens de chaque groupe est [γi 05i 05 – Εi 80)]/Ε05, et la formule utilisée pour calculer la partie associée aux changements des parts des groupes i est [Εi 05i 05– γi 80)]/Ε05. À l'aide de cette méthode, les changements dans les gains globaux peuvent ensuite être attribués soit aux changements des gains moyens des groupes, soit aux changements des parts de la population des groupes.
  4. La croissance des gains moyens des parents est fondée sur une répartition tronquée, où les extrémités supérieure et inférieure de 1 % des personnes gagnant un revenu ont été retirées. Elle se compare à une augmentation de 20 % des gains médians.
  5. Bien que les changements dans les gains moyens soient quelque peu différents des changements liés à la médiane, cette dernière ne peut être utilisée dans cette méthode de décomposition, car elle ne peut être décomposée parmi les types de famille. L'inconvénient de cette méthode est que les gains moyens ont tendance à être influencés par les valeurs extrêmes. Afin de minimiser cet effet, les familles se situant dans les extrémités supérieure et inférieure de 1 % de la répartition ont été retirées de l'échantillon.
  6. Les familles situées dans les diverses parties de la répartition des gains en 2005 n'étaient pas les mêmes que celles en 1980, et ont peut-être organisé différemment leur vie professionnelle par rapport aux familles qui étaient dans la même catégorie en 1980.
  7. De 1981 à 2006, la proportion des femmes qui détenaient au moins un grade universitaire est passée de 7 % à 26 % chez les familles biparentales.
  8. Les changements des caractéristiques familiales comprennent l'âge, le niveau de scolarité, le statut d'immigrant et la province de résidence.
  9. Un examen des coefficients de Gini pour les cinq types de régimes de travail familiaux a confirmé que l'évolution de la structure des salaires a probablement joué un rôle quant à l'augmentation de la polarisation. Entre 1980 et 2005, le coefficient de Gini a augmenté dans tous les types de régimes de travail familiaux, ce qui laisse entendre que la polarisation n'était pas causée par les changements des régimes de travail.
  10. Comme on retrouve davantage de familles qui ne travaillent pas dans le groupe des familles monoparentales que dans celui des familles biparentales (surtout chez les mères seules), il se peut que l'analyse des familles monoparentales présente des problèmes de sélection.
  11. Les seuils de ces trois types de famille étaient largement inférieurs chez les mères seules que chez les pères seuls, étant donné que les mères seules ont tendance à avoir des gains moins élevés.
  12. Selon le recensement, la proportion des mères seules détenant un grade universitaire est passée de 7 % à 15 % entre 1981 et 2006.

Documents consultés

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Auteurs

Sébastien LaRochelle-Côté est au service de la Division de l'analyse des enquêtes auprès des ménages et sur le travail. On peut le joindre au 613-951-0803. Philippe Gougeon est au service de la Division des données régionales et administratives. On peut communiquer avec lui au 613-951-6546. Dominique Pinard est au service de la Division des comptes des revenus et des dépenses. On peut la joindre au 613-951-7580. On peut joindre tous les auteurs à perspective@statcan.gc.ca.