Prendre sa retraite avec des dettes

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Par Katherine Marshall

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L'endettement est le plus souvent associé aux jeunes adultes, car ils empruntent pour financer leurs études ainsi que pour acheter une maison et des véhicules. Cependant, des recherches menées aux États-Unis laissent entendre qu'un nombre croissant de préretraités et de retraités sont maintenant aux prises avec des dettes. Le pourcentage de personnes endettées et les niveaux d'endettement ont augmenté chez les personnes de 55 ans et plus (Copeland, 2009; Draut et McGhee, 2004). Le présent article examine la situation de l'endettement des Canadiens âgés.

Puisque les Canadiens sont devenus de plus en plus responsables du financement de leur retraite1, la plupart croient qu'ils doivent jouer un rôle actif dans la planification de cette étape importante de leur vie. En réalité, 81 % des 25 à 64 ans ont déclaré qu'ils se préparaient financièrement pour leur retraite. Toutefois, seulement 46 % de ces personnes savent quel montant d'argent il leur faut épargner pour maintenir leur même niveau de vie à la retraite (Schellenberg et Ostrovsky, 2010).

La gestion de la dette constitue un thème récurrent dans la documentation sur la planification de la retraite. Les travailleurs âgés peuvent vivre des situations problématiques s'ils ne paient pas leurs dettes avant la retraite, car il peut être difficile de les rembourser avec un revenu moins élevé. D'un autre côté, le fait de prendre la retraite avec des dettes peut ne poser aucun problème si le remboursement est raisonnable et si le ménage est en bonne santé financière.

Pour plusieurs raisons, la planification financière est particulièrement importante pour les femmes. Par rapport aux hommes, les femmes ont une espérance de vie plus longue et elles prennent habituellement leur retraite après avoir travaillé moins longtemps sur le marché du travail et, donc, après avoir gagné et épargné moins d'argent (Glass et Kilpatrick, 1998; Marshall, 2000). Le divorce et le veuvage pendant cette période peuvent également avoir un effet sur le bien-être économique.

L'Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF) de 2009 fournit des renseignements sur le revenu, l'avoir et l'endettement des Canadiens retraités. Elle permet aussi aux répondants de procéder à une auto-évaluation de leur situation financière et contient des indicateurs de la littératie financière. Le présent article permet d'analyser la proportion, le type et le niveau d'endettement parmi les quelque 5 millions de retraités de 55 ans et plus (voir Sources des données et définitions). On utilise la régression logistique pour étudier les facteurs personnels, démographiques et économiques qui influencent la probabilité d'avoir à rembourser une dette à la consommation ou une hypothèque à la retraite. On examine également la situation financière des retraités endettés de même que trois indicateurs de la sécurité financière des personnes à la retraite.

Un retraité sur trois a une dette sous une forme quelconque

Une dette peut comprendre des hypothèques, un prêt étudiant, un prêt sur salaire ou une autre forme de prêt, un solde impayé sur une carte de crédit ou une ligne de crédit ou toute autre dette ou obligation. Chez les 55 ans et plus, le tiers des retraités et les deux tiers des non-retraités déclarent avoir une dette sous une forme quelconque (graphique A). La proportion de retraités endettés est  environ un tiers, autant pour ceux vivant en couple (où les deux conjoints sont retraités) que pour ceux vivant seuls. Cependant, la proportion de couples endettés est plus élevée lorsqu'un seul des conjoints est à la retraite (61 %) ou lorsqu'aucun des conjoints n'est retraité (75 %). La recherche a montré que l'endettement moyen par personne relativement au revenu a tendance à être plus élevé chez les couples à deux revenus. Ce constat est probablement attribuable au sentiment de sécurité de ces derniers du fait qu'ils possèdent deux revenus (Toronto–Dominion (TD) Economics, 2010).

Les retraités endettés ont une dette moins élevée que leurs homologues non-retraités

Les personnes retraitées et endettées ont une dette s'élevant à un montant médian de 19 000 $, alors que leurs homologues non retraités ont une dette s'élevant à 40 000 $2 (graphique B). Les célibataires à la retraite ont une dette moins élevée que les couples dont les deux conjoints sont à la retraite, soit de 13 000 $ par rapport à 20 000 $. Les non-retraités en couple sont les plus susceptibles d'avoir contracté une dette sous une forme quelconque, et la valeur médiane de cette dette est également la plus élevée (50 000 $).

Plus de la moitié des retraités endettés ont une dette inférieure à 25 000 $

Le reste de l'article porte sur les personnes retraitées et sur les couples dont les deux conjoints sont retraités. Parmi les personnes endettées, le type et le niveau d'endettement varient peu entre celles qui sont en couple et les célibataires. Environ 60 % des couples de retraités et des célibataires à la retraite ont une dette à la consommation seulement. Les 40 % restant se répartissent presque également entre ceux ayant une dette hypothécaire uniquement et ceux ayant les deux formes d'endettement (tableau 1).

Chez les retraités, la dette moyenne s'élevait à 60 000 $, tandis que la médiane de la dette (valeur au-dessus et au-dessous de laquelle se situent les deux moitiés des retraités) s'élevait à 19 000 $. Cet important écart entre la médiane et la moyenne est caractéristique d'une distribution asymétrique : répartition dans laquelle un petit groupe est fortement endetté par rapport à un autre groupe peu endetté.

Parmi les retraités endettés, 1 personne sur 4 a une dette inférieure à 5 000 $. Ce faible taux d'endettement peut être attribuable à l'utilisation du crédit  par commodité ou pour acheter un article en promotion. Par exemple, on peut acheter certains gros articles à crédit sans paiement ou intérêt pendant une période allant jusqu'à un an3. Le tiers des ménages endettés doivent entre 5 000 $ et 24 999 $ et un autre quart des ménages doivent entre 25 000 $ et 99 999 $. Pour ce qui est de la tranche restante de 17 % des ménages endettés, le montant de la dette s'élève à 100 000 $ ou plus.

Qui sont les plus susceptibles de contracter des dettes à la retraite?

Dans la présente section, nous évaluons les facteurs socioé­conomiques et démographiques qui sont associés à la probabilité d'avoir une hypothèque ou une dette à la consommation. L'âge est un facteur important puisqu'il reflète l'évolution des finances personnelles pendant le cycle de vie. Nous examinons également le niveau de scolarité, le sexe, la famille, le statut d'immigrant, le mode de vie urbain et la région, car ces facteurs peuvent être associés à différents choix et coûts en matière d'habitation, ainsi qu'aux variations de comportements en matière de finances personnelles. Enfin, le revenu, la valeur nette et l'accession à la propriété peuvent également être liés à la fréquence d'endettement; que ce soit positivement (comme le revenu et le nantissement permettent d'emprunter davantage), ou négativement (comme ils permettent aussi aux particuliers de régler leurs dettes plus rapidement ou de les annuler complètement)4.

En vue de déterminer lesquels des facteurs ci-haut mentionnés sont les meilleurs prédicteurs de la fréquence de l'endettement, on utilise un modèle de régression logistique. Cette technique estime la relation entre la variable étudiée et la probabilité d'avoir des dettes tout en maintenant les autres variables à une valeur constante. Les statistiques descriptives et les résultats de l'analyse de régression des variables explicatives sont présentés dans le tableau 2.

La probabilité d'être endetté diminue avec l'âge

Un des facteurs possibles associés à l'endettement à la retraite est l'âge. Plus le cycle de vie est avancé, plus la personne a eu du temps pour rembourser toutes dettes non réglées. En fait, chez les retraités de 75 ans et plus, seulement 20 % avaient encore une dette sous une forme quelconque, comparativement à 48 % chez les personnes de 55 à 64 ans (tableau 2). Nous avons constaté que les retraités plus âgés étaient considérablement moins susceptibles d'être endettés, même après que les contrôles des autres facteurs du modèle de régression soient appliqués.

Un niveau de scolarité élevé est lié à l'endettement

Plus le niveau de scolarité est élevé, plus la fréquence de l'endettement l'est aussi. Tandis que 26 % des personnes possédant moins qu'un diplôme d'études secondaires avaient une dette sous une forme quelconque, 36 % ou plus des personnes possédant au moins un diplôme d'études secondaires avaient des dettes. Selon les résultats de l'analyse de régression, la seule différence statistiquement significative était celle observée entre les retraités n'ayant pas de diplôme d'études secondaires et ceux ayant terminé leurs études secondaires ou des études post­secondaires partielles. D'autres recherches ont montré que l'éducation supérieure est associée à une attitude ouverte ou positive à l'égard des emprunts (Lee et coll., 2007).

Plus les résultats relatifs aux connaissances financières d'une personne augmentent, plus la probabilité d'être endetté augmente (on a calculé ces résultats en additionnant le nombre de bonnes réponses obtenues à 14 questions sur les connaissances financières). La compréhension des concepts financiers peut être associée aux emprunts visant à financer des investissements ou à stabiliser la consommation.

Les personnes divorcées sont les plus à risque d'être endettées

Sur les quelque 5 millions de retraités visés par l'étude, 3,0 millions vivaient avec un conjoint, 1,2 million étaient veufs ou veuves, 500 000 étaient divorcés et 300 000 n'avaient jamais été mariés. Les personnes divorcées présentaient le taux le plus élevé d'endettement (43 %), suivies des couples (35 %), des personnes n'ayant jamais été mariées (30 %) et des veufs et des veuves (28 %). Les personnes retraitées divorcées étaient considérablement plus susceptibles (1,3 fois plus) d'être endettées que les personnes vivant en couple, après que les contrôles des autres facteurs soient appliqués. Le coût financier du divorce, y compris les honoraires de services juridiques, la division des biens et des actifs et la préparation de la séparation des ménages ont des conséquences économiques à court terme sur les deux conjoints, ce qui contribue probablement à accroître l'endettement5.

Être propriétaire et avoir un revenu élevé est lié à l'endettement

Parmi les retraités, 8 personnes sur 10 sont propriétaires d'une maison. Les propriétaires sont 1,4 fois plus susceptibles d'être endettés que les non-propriétaires, mais cela ne provient pas seulement du fait qu'ils possèdent une hypothèque. Dans l'ensemble, 37 % des propriétaires ont une dette quelconque, comprenant 9 % qui ont seulement une hypothèque, 18 % qui ont seulement une dette à la consommation et 10 % qui ont à la fois une hypothèque et une dette à la consommation. Globalement, 28 % des propriétaires ont une dette à la consommation, par rapport à 23 % des non-propriétaires. Des proportions semblables ont été relevées chez les Américains âgés : « Comme prévu, le fait d'avoir une dette hypothécaire était un facteur important et positif dans la probabilité d'avoir une dette à la consommation » (Lee et coll., 2007, p. 316 de la version anglaise, traduction). Même si l'entretien d'une maison peut être dispendieux, les propriétaires ont investi dans un actif précieux, dont la valeur est souvent à la hausse. En outre, le propriétaire d'une maison sans hypothèque profite financièrement puisqu'il n'a pas à payer de loyer.

Les personnes vivant dans des ménages ayant un revenu annuel inférieur à 25 000 $ étaient moins susceptibles d'avoir une dette sous une forme quelconque que les personnes provenant de groupes à revenu plus élevé. Toutefois, la valeur nette élevée était également associée à une faible probabilité d'endettement6. Après que les contrôles pour d'autres facteurs soient appliqués, nous avons constaté que les retraités dont la valeur nette du ménage est égale ou supérieure à 400 000 $ étaient moins susceptibles d'être endettés que le groupe de référence dont la valeur nette est inférieure à 75 000 $.

Chez les retraités, plusieurs autres facteurs démographiques et géographiques n'ont pas eu d'incidence significative sur l'endettement, notamment le statut d'immigrant, la région et la région métropolitaine de recensement.

On suppose souvent que l'endettement a un effet sur la sécurité financière. Une des façons de déterminer les perceptions qu'ont les gens de leur bien-être financier est d'évaluer leurs réponses à des questions sur les finances personnelles. La section suivante porte sur les caractéristiques personnelles et financières de l'ensemble des retraités en se référant aux indicateurs de la sécurité financière (voir Source des données et définitions).

La plupart des retraités estiment que leur situation financière correspond à leurs attentes d'avant la retraite

D'un point de vue subjectif, la vaste majorité des retraités sont satisfaits quand on les questionne sur leur bien-être économique. En effet, presque 8 retraités sur 10 sont d'avis que leur situation financière correspond à leurs attentes ou est meilleure que prévue avant la retraite. Dans le même ordre d'idée, 86 % des répondants affirment que leur revenu suffit à payer les dépenses mensuelles et 82 % déclarent payer leurs factures et respecter leurs autres engagements financiers sans problème (tableau 3). Lorsque l'ensemble des caractéristiques personnelles et financières des retraités sont prises en considération dans les modèles de régression logistique, certaines variables viennent constamment faire augmenter ou diminuer le taux de réponse positive à au moins deux questions sur la sécurité financière, et habituellement à toutes les trois.

L'opinion positive de la sécurité financière augmente avec l'âge

Les retraités de 75 ans et plus sont considérablement plus susceptibles de déclarer leur situation économique de manière positive que les retraités de 55 à 64 ans, même après que les contrôles pour les variables comme le niveau du revenu et de l'endettement soient appliqués. Par exemple, 83 % des personnes de la cohorte la plus âgée estiment que leur situation financière est aussi bonne ou meilleure que ce qu'elles prévoyaient avant leur retraite, comparativement à 76 % chez le groupe des plus jeunes retraités. Dans le même ordre d'idées, la cohorte la plus âgée est 1,3 fois plus susceptible que celle des plus jeunes de déclarer avoir un revenu suffisant pour payer les dépenses. Il est possible que ces résultats soient liés aux changements dans les habitudes de consommation et de dépenses qui surviennent avec le vieillissement (Chawla, 2005).

Le divorce est lié à l'insécurité financière

La situation familiale est également un facteur lié à la sécurité financière. À la différence des personnes n'ayant jamais été mariées, ainsi que des veufs ou des veuves, les personnes divorcées forment le seul groupe à être considérablement moins susceptible que les couples d'affirmer que leur revenu est suffisant pour payer leurs dépenses mensuelles. Ce sentiment de sécurité financière relativement plus faible chez les personnes divorcées peut être associé à leur situation financière globale. Même si toutes les catégories de personnes ne vivant pas avec un conjoint étaient moins à l'aise que les couples, les personnes divorcées avaient le plus faible revenu annuel médian et la valeur nette médiane la plus basse7 (voir Avoir, revenu et indicateurs de la dette). Les résultats laissent entendre que la dissolution du mariage par le divorce peut avoir des effets négatifs à long terme sur la sécurité financière à la retraite. « Que le divorce interrompe le processus d'épargne ou détruise les actifs, il est improbable que la plupart des personnes soient en mesure d'épargner suffisamment plus tard dans leur vie pour surmonter la perte subie » (Fethke, 1989, p. S121 de la version anglaise, traduction).

L'endettement, peu importe son importance, peut accroître le sentiment d'insécurité financière

Dans l'ensemble, 82 % des retraités n'ayant pas de dette déclarent que leur situation financière est aussi bonne ou meilleure qu'ils l'avaient prévue avant la retraite, comparativement à seulement 70 % des retraités endettés. Dans le même ordre d'idée, 89 % des retraités sans dette déclarent que leur revenu est suffisant pour payer leurs dépenses mensuelles, par rapport à 79 % ou moins chez les personnes ayant une dette, quelle qu'elle soit. De plus, 89 % des retraités sans dette n'ont pas de difficulté à payer leurs factures et à respecter leurs autres engagements financiers, tandis que ce pourcentage passe à 68 % chez les personnes ayant contracté une dette, peu importe le montant de celle-ci.

En outre, tous les niveaux d'endettement semblent avoir un effet considérable sur la perception qu'ont les gens de leur vulnérabilité financière. Les montants consacrés au remboursement de la dette varient selon les échéanciers de remboursement et les taux d'intérêt, et peuvent être indépendants du montant total de la dette. En d'autres mots, ce n'est pas nécessairement l'importance de la dette qui peut grever le budget mensuel, mais bien le montant des remboursements par rapport aux autres dépenses et au revenu. Cependant, même si les remboursements de la dette sont raisonnables, l'obligation financière mensuelle et le solde impayé peuvent accroître chez l'individu la perception de son insécurité financière.

Un revenu et une valeur nette relativement faibles réduisent le sentiment de sécurité financière

Les retraités dont le revenu annuel de ménage est inférieur à 25 000 $ sont considérablement moins susceptibles de donner des réponses positives aux trois questions sur la sécurité financière que les personnes à revenus plus élevés. Après que les contrôles soient appliqués pour la valeur nette, le fait d'avoir un faible revenu (que l'on soit endetté ou non) augmentait la perception d'insécurité financière. Par exemple, 75 % des personnes dont le revenu de ménage est inférieur à 25 000 $ disent que leur revenu suffit à payer les dépenses mensuelles, par rapport à 85 % des personnes dont le revenu se situe entre 25 000 $ et 49 000 $.

Dans le même ordre d'idées, les retraités dont la valeur nette du ménage est inférieure à 75 000 $ sont moins susceptibles d'exprimer un fort sentiment de sécurité financière que les personnes dont la valeur nette est plus élevée.

Conclusion

À partir des données de l'Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF), la présente étude démontre que 1 retraité sur 3 de 55 ans et plus, vivant seul ou en couple, avait une hypothèque ou une dette à la consommation en 2009. Comme la retraite coïncide habituellement avec une baisse du revenu et un recours accru à l'épargne, la gestion de la dette est un élément de la planification de la retraite fréquemment cité.

Le montant médian exigé des retraités endettés s'élevait à 19 000 $. À l'extrémité supérieure de l'échelle de l'endettement, 17 % devaient 100 000 $ ou plus. La probabilité d'être endetté diminuait avec l'âge, mais augmentait avec le revenu du ménage et les connaissances financières. Les personnes ayant fait des études postsecondaires partielles étaient plus susceptibles d'être endettées que les personnes moins scolarisées, tandis que les ménages ayant une valeur nette élevée étaient moins susceptibles d'être endettés. Le fait d'être divorcé était fortement lié à l'endettement chez les retraités.

La majorité des retraités déclarent que leur situation financière est conforme aux attentes qu'ils entretenaient avant la retraite, c'est-à-dire que leur revenu est suffisant pour payer les dépenses et qu'ils arrivent à payer leurs factures et à respecter leurs engagements financiers. Après avoir appliqué les contrôles sur les facteurs personnels et financiers, on constate que les retraités endettés, quel que soit l'importance de leur dette, sont plus susceptibles de répondre négativement aux questions sur la sécurité financière. Par exemple, 9 retraités non endettés sur 10 déclaraient n'avoir aucune difficulté à payer leurs factures et à respecter leurs autres engagements financiers, tandis que 7 retraités endettés sur 10 déclaraient la même chose.

Environ 1 retraité sur 10 était divorcé. Ce groupe affichait un taux de réponse positive plus faible aux trois questions sur la sécurité financière, même après que les contrôles soient appliqués aux autres facteurs, y compris l'endettement. Par exemple, 65 % des personnes divorcées ont déclaré que leur situation financière était aussi bonne ou meilleure que ce qu'ils prévoyaient avant la retraite, par rapport à des taux de 77 % ou plus chez les personnes en couple, veuves ou qui n'ont jamais été mariées. Le revenu et la valeur nette des personnes divorcées, qui se situent à un niveau considérablement inférieur à la moyenne, coïncide avec leur perception médiocre de leur santé financière.

Les immigrants et les personnes ayant un revenu ou une valeur nette relativement faibles déclarent également avoir une perception négative de leur sécurité financière.

La fréquence et le niveau de l'endettement chez les préretraités de 55 ans et plus étaient plus élevés que chez les personnes retraitées. Les deux tiers des préretraités ont une hypothèque ou une dette à la consommation dont la valeur médiane s'élève à 40 000 $.

Source des données et définitions

L'ECCF est une nouvelle enquête menée entre février et mai 2009 auprès de Canadiens de 18 ans et plus vivant dans les 10 provinces. Son contenu porte sur la situation financière des particuliers et des ménages ainsi que sur leurs connaissances financières, leurs capacités et leurs comportements concernant la gestion de l'argent, l'établissement d'un budget, la planification financière générale et les décisions financières. Un des objectifs de l'enquête est de comprendre l'utilisation que font les Canadiens des services financiers ainsi que leur connaissance des programmes visant à faciliter la planification financière en vue de la retraite.

Dans le présent article, la population cible comprend tous les répondants de 55 ans et plus qui, à la question sur leur statut d'emploi, se sont eux-mêmes déclarés « retraités ». Les personnes qui ont déclaré ne pas travailler et ne pas être à la recherche d'un emploi et qui n'ont touché aucun revenu d'emploi dans l'année écoulée étaient également considérées comme des retraités. Si le répondant vivait en couple, son conjoint ou sa conjointe devait également déclarer être à la retraite afin d'être considéré comme vivant dans un ménage de retraités. Environ 3 730 répondants correspondaient à cette définition, ce qui représente un dénombrement pondéré de 4 869 000 personnes.

Tel que mentionné dans le paragraphe précédent, une personne est considérée retraitée lorsque celle-ci a déclaré elle-même être retraitée en ce qui a trait au statut d'emploi. Même si les ménages déclarent qu'une partie de leur revenu au cours des 12 mois précédents provenait d'un emploi, leur principale activité demeure celle de « retraité » aux fins de la présente étude.

Les répondants sont considérés comme vivant en couple s'ils sont actuellement mariés ou s'ils vivent en union libre avec un conjoint, tandis que les célibataires comprennent les personnes divorcées (y compris les personnes séparées), les veufs et les veuves, ainsi que les personnes qui n'ont jamais été mariées vivant seules.

Les actifs correspondent à la valeur monétaire de tous les biens personnels ou commerciaux appartenant au répondant, y compris les biens immobiliers, les véhicules, les bijoux, les actions et les obligations, les régimes enregistrés d'épargne-retraite et les épargnes déposées dans un établissement bancaire. Contrairement à l'Enquête sur la sécurité financière, la valeur des régimes de pension agréés n'est pas comprise dans le calcul des actifs. Les répondants ont été priés d'indiquer la valeur totale de chaque type d'actifs, et le total combiné correspond aux actifs totaux du ménage. Si une seule question sur les actifs d'une personne comporte la réponse « ne sait pas », la valeur totale des actifs du ménage est considérée comme étant « non déclarée ». Pour cette raison, plus de 50 % de la variable du total des actifs est inconnue, ce qui représente une des limites de l'enquête. Cependant, tous les calculs effectués à l'aide des variables des actifs, de la dette et de la valeur nette n'utilisent que des réponses valides.

La dette est constituée du montant que le répondant et les autres membres de la famille doivent encore rembourser sur une hypothèque, un prêt étudiant, un prêt sur salaire ou d'autres prêts, un solde impayé sur des cartes de crédit ou des lignes de crédit ou toute autre dette ou obligation. Même si les répondants ont été priés de nommer les différents types de dettes, seule la valeur de toutes les dettes combinées a été recueillie. Les données sur la dette ont été recueillies pour l'ensemble de la famille, puisqu'il n'est pas facile de l'attribuer à juste un membre de la famille. Alors que la plupart des répondants savaient s'ils devaient ou non de l'argent, nombre d'entre eux étaient dans l'impossibilité de fournir le montant total de leurs dettes. Chez les personnes retraitées, 21 % des personnes endettées ne connaissaient pas la valeur totale de leur endettement.

La valeur nette est obtenue en soustrayant la dette totale du total des actifs. Comme les variables des actifs et de la dette comportaient toutes deux des proportions considérables de réponses « non déclaré », plus de la moitié des réponses à la variable de la valeur nette sont inconnues.

Les trois questions suivantes sur l'auto-évaluation de la situation financière conviennent aux retraités et ont été intégrées à l'ECCF. On les a retenues pour évaluer la situation financière des ménages et elles ont été utilisées en tant qu'indicateurs de la sécurité financière :

  1. « Comparativement à vos attentes avant la retraite, comment décririez-vous votre niveau de vie financier à la retraite? »
    (Beaucoup mieux que prévu, mieux que prévu, comme prévu, pas aussi bien que prévu et bien pire que prévu)
  2. « Votre revenu de retraite est-il suffisant pour permettre de payer aisément vos dépenses mensuelles? »
    (Oui, non)
  3. « Encore une fois, en pensant aux 12 derniers mois, lequel des énoncés suivants décrit le mieux comment vous et votre famille immédiate payez vos factures et respectez vos autres engagements financiers? »
    (Nous payons nos factures et respectons nos engagements sans problème; nous payons nos factures et respectons nos engagements, mais c'est parfois difficile; nous avons des problèmes financiers sérieux et avons pris du retard dans le paiement des factures ou de nos engagements de crédit; nous n'avons aucune facture où aucun engagement de crédit)

Le questionnaire de l'enquête comprenait également une section de 14 questions visant à évaluer objectivement les connaissances financières des répondants. Les résultats ont été calculés en additionnant le nombre de réponses exactes.

Des modèles de régression logistique ont été utilisés pour examiner la probabilité que les retraités aient une hypothèque ou une dette de consommation à rembourser ainsi que la probabilité de donner une réponse positive à chacune des trois questions sur la sécurité financière. Afin de maintenir un échantillon aussi important que possible, on a créé de fausses catégories intitulées « non déclaré » pour les valeurs manquantes des variables du revenu annuel du ménage et de la valeur nette du ménage. Des tests diagnostiques de multicollinéarité ont été exécutés pour tous les modèles. Même si les variables à tester indiquent une certaine corrélation entre le revenu du ménage et la valeur nette du ménage, on a conservé ces deux variables dans les modèles en raison du problème causé par les valeurs manquantes. Des modèles de rechange ont été estimés, chacun d'eux ne comprenant que l'avoir net ou le revenu net. Les résultats étaient les mêmes, que les variables soient considérées séparément ou ensemble dans le cadre des modèles. L'ensemble de l'analyse faisait appel à 250 critères pondérés pour s'ajuster au plan d'enquête et produire une estimation plus exacte de la variance.

Avoir, revenu et indicateurs de la dette

L'Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF) a également permis la collecte de renseignements sur la richesse des répondants, même si le taux de non-réponse était élevé (voir Source des données et définitions). Le présent encadré donne des renseignements sur la sous-population des retraités endettés.

Dans l'ensemble, les personnes retraitées endettées ont un revenu annuel médian de ménage de 42 000 $, une valeur nette médiane de 295 000 $ et une valeur médiane de la dette de 19 000 $ (tableau 4). Les autres indicateurs servant à mettre la dette des ménages en perspective comprennent le ratio médian dette-revenu (ratio D-R) et le ratio médian dette-actifs (ratio D-A). L'ensemble du ratio D-R des personnes à la retraite est à 0,47 et le ratio D-A est à 0,07. Les ménages ayant des ratios D-R élevés peuvent avoir des remboursements de dettes plus élevés relativement à leur revenu que les ménages ayant des ratios D-R plus faibles8. D'autre part, les personnes ayant des ratios D-A faibles jouissent normalement d'un sentiment de sécurité financière plus fort que ceux dont ce genre de ratio est élevé.

Voici certains résultats notables provenant du tableau sur les indicateurs financiers :

  • Il n'y a aucune différence importante dans le revenu annuel, la valeur nette et le niveau de l'endettement selon l'âge et le sexe des retraités, bien que les femmes affichent des ratios D-R et D-A plus faibles que ceux des hommes.
  • Par rapport aux autres groupes, les personnes divorcées ont le plus faible revenu annuel médian (28 000 $) et la plus faible valeur nette (126 500 $).
  • Même si le revenu médian et la valeur nette médiane sont approximativement les mêmes entre les retraités immigrants et ceux qui sont nés au Canada, la valeur médiane de la dette ainsi que les ratios D-R et D-A des immigrants sont considérablement plus élevés.
  • Les propriétaires ont un niveau d'endettement plus élevé que les non-propriétaires, mais leur revenu médian et leur valeur nette médiane sont également plus élevés.
  • Un revenu de ménage élevé est associé à une valeur nette et à un endettement élevés, mais à des ratios D-R et D-A plus faibles. Les ménages ayant un revenu annuel inférieur à 25 000 $ affichent les ratios D-R et D-A les plus élevés (0,58 et 0,16 respectivement).
  • Le revenu annuel médian et la valeur médiane de la dette augmentent en même temps que la valeur nette. Cependant, seul le ratio D-A diminue au fur et à mesure que la valeur nette augmente.
  • Les ménages dont la valeur médiane de la dette est élevée ont également tendance à avoir une valeur nette et des revenus annuels plus élevés. Toutefois, les personnes ayant un niveau d'endettement élevé affichent également des ratios D-R et D-A considérablement plus élevés.

Notes

  1. Par exemple, la couverture des régimes de pension à prestations déterminées a chuté de 41 % en 1991 à 30 % en 2006 (Gougeon, 2009).
  2. La vaste majorité des répondants savaient s'ils étaient endettés ou non, mais environ 1 répondant sur 5 ne connaissait pas le montant de la dette. Ces cas de non-réponse n'ont pas été pris en considération dans le calcul du niveau de l'endettement (voir Sources des données et définitions).
  3. En fait, 92 % des personnes dont la dette est inférieure à 5 000 $ déclarent n'avoir qu'une dette à la consommation.
  4. Comme les taux de non-réponse aux questions sur le revenu et la valeur nette étaient relativement élevés, la catégorie « non déclaré » concernant ces variables a été prise en considération dans le modèle afin de maintenir la taille maximale de l'échantillon.
  5. Des recherches américaines utilisant des données longitudinales ont permis de constater que le remariage peut compenser les conséquences financières négatives du divorce, tout comme les couples nouvellement formés commencent à reconstruire leur avoir (Wilmoth et Koso, 2002). Dans la présente étude, les antécédents conjugaux des répondants ne sont pas connus.
  6. La valeur nette « non déclarée » était également associée à une faible probabilité d'endettement.
  7. Bien que la taille de l'échantillon n'autorise pas une analyse détaillée selon le sexe, les résultats indiquent des tendances semblables chez les hommes et chez les femmes selon l'état matrimonial.
  8. Le ratio du remboursement mensuel de la dette du ménage par rapport à son revenu disponible représenterait un meilleur indicateur de la capacité du ménage de rembourser sa dette. Toutefois, ces deux montants n'ont pas été recueillis pendant l'enquête.

Documents consultés

CHAWLA, Raj K. 2005. « L'évolution des habitudes de dépenses des Canadiens âgés », L'emploi et le revenu en perspective, vol. 6, no 12, décembre, no 75-001-XIF au catalogue de Statistique Canada, p. 19 à 31, (site consulté le 22 mars 2011).

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Auteur

Katherine Marshall travaille à la Division de la statistique du travail. On peut la joindre au 613-951-6890 ou à perspective@statcan.gc.ca.