Variation de l'emploi par industrie lors du repli et de la reprise

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L'article « Variation de l'emploi par industrie lors du repli et de la reprise » a été remplacé le 25 avril 2013. Une erreur de classification a été identifiée dans le tableau 2, ce qui a affecté la distribution des industries affichant un comportement 'procyclique' lors des trois dernières périodes de repli et de reprise (les résultats du dernier repli n'ont cependant pas été affectés de façon importante). Ces révisions modifient les données du tableau 2 et le texte s'y rattachant.

par Sharanjit Uppal et Sébastien LaRochelle-Côté

[Communiqué dans Le Quotidien] [Article intégral en PDF]

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Début du texte

Début de l'encadré

Aperçu de l'étude

Au cours des replis économiques et des périodes de reprise subséquentes, toutes les industries n’affichent pas nécessairement un comportement cyclique de pertes d’emplois suivies d’une croissance. Certaines industries perdent du terrain pendant le repli et font du surplace lors de la reprise, alors que d’autres enregistrent des hausses au cours des deux périodes. La présente étude traite de la variation de l’emploi par industrie au cours des trois derniers replis et de leurs reprises subséquentes. Elle détermine aussi quels secteurs ont contribué à la croissance de l’emploi depuis la fin de la récente période de reprise.

  • Après le dernier repli d’octobre 2008 à juillet 2009, qui a entraîné la perte de 431 000 emplois, il a fallu au marché du travail 18 mois pour récupérer tous les emplois perdus, soit de juillet 2009 à janvier 2011.
  • En octobre 2008, soit au début du repli, 23 % des personnes occupées travaillaient dans des industries, comme les services de soins de santé, qui ont connu une croissance tant lors du repli que de la reprise. Un autre 47 % des travailleurs étaient dans des industries, comme les services professionnels, techniques et scientifiques, qui ont soit pris de l’expansion lors de la reprise, soit récupéré une part significative des emplois perdus ou dont l’emploi a peu varié.
  • À l’opposé, 20 % de la main-d’œuvre était dans des industries qui ont subi à la fois des pertes pendant le repli et la reprise, ou qui n’ont pas récupéré les emplois perdus pendant la reprise (comme la fabrication). Les 11 % restants se trouvaient dans des industries contracycliques, soit croissant pendant le repli et décroissant pendant la reprise.
  • Dans les années 1990, 448 000 emplois ont été perdus lors du repli, et il a fallu au marché du travail 25 mois pour se redresser. En avril 1990, lorsque le repli a débuté, davantage de travailleurs (31 %) étaient employés dans les industries qui ont subi à la fois des pertes pendant le repli et la reprise ou qui n’ont pas récupéré tous les emplois perdus pendant la reprise.
  • Depuis la fin de la récente période de reprise, de janvier 2011 à février 2013, le nombre d’emplois a augmenté de 463 000. Près des trois quarts de ces gains ont été faits dans les secteurs de l’hébergement et des services de restauration; des soins de santé et de l’assistance sociale; des services d’enseignement; et de la construction.

Fin de l'encadré

Introduction

À la fin des années 2000, la plupart des économies du monde ont subi un repli. Le recul économique mondial a débuté en décembre 2007 et s’est accentué en septembre 2008. Le Canada n’a pas été épargné. La production canadienne a commencé à diminuer au troisième trimestre de 2008 et a atteint un creux au deuxième trimestre de 2009Note1. De même, l’emploi a commencé à décliner au troisième trimestre de 2008 et a atteint son niveau le plus bas au troisième trimestre de 2009Note2.

Pendant les périodes de reprise, l’amélioration de l’emploi ne va pas toujours de pair avec la relance de la production. Après la récession du début des années 1990, par exemple, la croissance de l’emploi a recommencé une année et demie après le début du rétablissement de la production, donnant lieu à une période de « reprise sans emploi ».

Après la plus récente récession, l’emploi et la production ont repris de la vigueur presque au même rythme. La croissance de la production a recommencé au deuxième trimestre de 2009 et a été suivie d’une augmentation de l’emploi le trimestre suivant, ce qui suppose que les conditions du marché du travail étaient différentes à la fin des années 2000.

L’une des hypothèses expliquant la plus longue reprise des années 1990 est que l’évolution de l’emploi y a été plus transformatrice, ou « structurelle ». Les changements structurels sur le marché du travail impliquent un déplacement des ressources entre les différentes industries, ce qui pousse de nombreux travailleurs à se recycler et à acquérir de nouvelles compétences. En revanche, les mouvements « cycliques » ne comportent pas autant de transformation, de sorte que les travailleurs sont plus susceptibles de réintégrer leur ancien emploi ou de trouver un emploi comparable dans des industries similairesNote3. Il est donc nécessaire de fournir des renseignements sur la nature et l’étendue de tels changements, notamment pour les décideurs et les dirigeants de la banque centrale.

Un des indicateurs clés de la transformation du marché du travail pendant les récessions est la variation de l’emploi par industrieNote4. D’une part, si la variation de l’emploi dans les industries est principalement attribuable à des facteurs cycliques, il est probable que cela se traduise par des changements moins significatifs sur le marché du travail. D’autre part, si le recul de l’emploi dans certaines industries a été suivi de hausses de l’emploi dans d’autres, le marché du travail est probablement en train de subir des changements plus fondamentaux.

À partir des données de la dernière Enquête sur la population active (voir la section Sources des données, méthodes et définitions), le présent article traite des tendances de l’emploi par industrie au cours de la dernière récession et établit des comparaisons avec les récessions du début des années 1980 et 1990. Il porte aussi sur les facteurs qui ont mené la croissance de l’emploi après la plus récente reprise.

Redressement plus rapide des niveaux d’emploi dans les années 2000

Avant d’examiner la variation de l’emploi par industrie, il est utile d’examiner le nombre de mois séparant le moment où les pertes d’emplois ont débuté et celui où elles ont atteint leur plus bas niveau (c’est-à-dire la durée du repli) et le nombre de mois séparant le creux de l’emploi du moment où le niveau d’emploi est revenu à son niveau d’avant récession (c’est-à-dire la durée de la reprise).

Au cours du dernier repli, le niveau d’emploi a commencé à baisser en octobre 2008 et est arrivé à son point le plus bas neuf mois plus tard, soit en juillet 2009 (tableau 1). Au total, 431 000 emplois ont été perdus, soit 2,5 % de la main-d’œuvre. Il a fallu 18 mois pour revenir au niveau d’emploi d’avant repli, ce qui signifie que l’emploi est revenu à ce niveau en janvier 2011.

Tableau 1
Durée des replis et des reprises (en mois)

Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de durée des replis et des reprises (en mois) durée du repli, durée de la reprise, total et emplois perdus au cours du repli, calculées selon mois, en milliers et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Durée du repli Durée de la reprise Total Emplois perdus au cours du repli
mois en milliers pourcentage
Début du repli  
Octobre 2008 9 18 27 431,3 2,5
Avril 1990 28 25 53 447,6 3,4
Juin 1981 17 23 40 611,5 5,4

En revanche, les replis du début des années 1980 et 1990 ont été plus marqués et plus prolongés. À partir de juin 1981, l’économie a perdu 5,4 % de sa main-d’œuvre sur une période de 17 mois, et il lui a fallu 23 mois pour récupérer les emplois perdus. Le repli des années 1990 a été encore plus long, puisqu’il a fallu 28 mois pour atteindre le creux, et 25 mois pour rattraper la baisse de 3,4 % de l’emploi.

La plus forte baisse de l’emploi des années 1980 et la période prolongée de reprise des années 1990 laissent entrevoir la possibilité que l’économie canadienne ait été alors confrontée à une plus grande transformation. Alors que les changements cycliques au sein des industries peuvent être moins transformateurs (les travailleurs mis à pied peuvent être rappelés à leur ancien emploi ou trouver un emploi comparable dans une entreprise similaire), les changements d’emplois qui découlent de l’évolution de la structure des industries posent pour le marché du travail des défis différents parce qu’un plus grand nombre de travailleurs changent d’industrie et peuvent avoir à développer de nouvelles aptitudes et compétences.

Évolution de l’emploi par industrie

L’évolution de la structure industrielle peut s’étudier en observant les flux d’emplois entre industries pendant le repli et la reprise subséquenteNote5. Les changements cycliques apparaissent évidents quand les pertes d’emplois dans une industrie se produisent durant une période de récession, mais qu’elles sont inversées lors de la reprise subséquente. En revanche, les changements structuraux se manifestent quand des pertes ou des gains d’emplois se produisent à la fois durant les périodes de repli et de reprise du cycle économique.

Les industries peuvent être regroupées en quatre catégories en fonction de la variation de l’emploi pendant le repli (spécifiquement, d’octobre 2008 à juillet 2009) et pendant la période de reprise subséquente (de juillet 2009 à janvier 2011)Note6 :

  1. les industries procycliques, qui affichent une baisse pendant le repli et une hausse lors de la reprise;
  2. les industries contracycliques, qui affichent une hausse pendant le repli et une baisse lors de la reprise;
  3. les industries qui affichent une baisse à la fois pendant le repli et la reprise.
  4. les industries qui affichent une hausse à la fois pendant le repli et la reprise.

Description du graphique 1

Graphique 1 Variation de l'emploi selon l'industrie, octobre 2008 à janvier 2011

Selon cette classification, plus de la moitié des industries (figurant au quadrant supérieur gauche du graphique 1) étaient procycliques, puisqu’elles ont récupéré les emplois perdus pendant le repli. Les industries procycliques variaient cependant beaucoup d’une à l’autre.

Les industries procycliques peuvent être réparties en trois catégories :

  1. les industries qui n’ont pas récupéré tous les emplois perdus (pertes au moins deux fois plus élevées que les gains);
  2. les industries qui ont connu une croissance après le repli (gains au moins deux fois plus élevés que les pertes);
  3. les industries qui ont connu une reprise significative, ou qui n’ont pas connu de grandes fluctuations de l’emploi (moins de 2 % de croissance ou de déclin);

Durant la plus récente période de repli et de reprise, la seule industrie qui n’a clairement pas récupéré ses pertes a été la fabrication, qui employait le dixième de l’ensemble des travailleurs. Pendant le repli, le secteur de la fabrication a subi une baisse importante (-11 %) et n’a récupéré que peu d’emplois lors de la reprise (+3 %)Note7.

Les industries procycliques qui ont connu une croissance plus rapide pendant la période de reprise sont les services professionnels, scientifiques et techniques; les services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien; et l’administration publique (qui, collectivement, employaient plus de 15 % de la main-d’œuvre). L’emploi dans le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques a diminué de moins de 1 % pendant le repli, mais a augmenté de plus de 8 % lors de la reprise. Le secteur de l’administration publique a connu un recul de 2 %, suivi d’une croissance de 5 %.

Les industries qui ont récupéré à peu près tous les emplois perdus après le repli ou qui ont connu une certaine reprise incluaient la construction (perte de 9 % suivie d’une hausse de 10 %), le transport et l’entreposage (perte de 5 % suivie d’une hausse de 3 %), et les ressources naturelles. D’autres industries, comme les services publics et le commerce n’ont pas connu de fluctuations majeures de l’emploi pendant la période. Ensemble, ces industries représentaient près de 30 % de la main-d’oeuvre au début de la période de repliNote8.

Les industries se trouvant dans le quadrant supérieur droit sont celles qui ont affiché une croissance à la fois pendant le repli et lors de la reprise. Il s’agit des trois industries suivantes : services d’enseignement; soins de santé et assistance sociale; information, culture et loisirs. Le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale, notamment, a connu une hausse modeste pendant le repli, mais une croissance de 7 % lors de la reprise, tendance qui est conforme au vieillissement de la population et à l’augmentation de la demande de services de santéNote9. En octobre 2008, près du quart de l’ensemble de la main-d’œuvre travaillait dans des industries qui devaient par la suite afficher une croissance à la fois pendant le repli et la reprise.

Les industries contracycliques sont celles qui ont gagné des emplois pendant le repli et qui en ont perdu lors de la reprise (quadrant inférieur droit). De fait, deux industries représentant environ 10 % de la main-d’œuvre totale, soit le secteur de la finance, des assurances, de l’immobilier et de la location et le secteur des « autres » services (tels que réparation et entretien, services personnels, organismes religieux), étaient contracycliques. Le secteur des autres services — qui compte un fort pourcentage de travailleurs autonomes — a vu ses emplois augmenter de 3 % pendant le repli, mais il en a perdu près de 5 % lorsque le marché du travail s’est redressé. De tels résultats ne sont pas nécessairement étonnants puisque le travail autonome augmente généralement durant les récessionsNote10. Le secteur de l’immobilier, qui compte également un grand nombre de travailleurs autonomes, a connu une croissance considérable au cours du dernier repli, ce qui explique la hausse observée pour les secteurs de la finance et de l’immobilier.

Enfin, les industries se trouvant dans le quadrant inférieur gauche ont affiché un recul à la fois pendant le repli et la reprise. À la fin des années 2000, les deux industries appartenant à cette catégorie étaient l’agriculture; et l’hébergement et les services de restaurationNote11. Environ 8 % de la main-d’œuvre travaillait dans ces industries au début du repli.

Dans les années 1990, plus de gens travaillaient dans des industries n’ayant pas entièrement récupéré les emplois perdus

Comment ces résultats se comparent-ils avec ceux des deux périodes de repli précédentes? Au début des années 1990, trois industries ont subi une forte baisse de l’emploi : la fabrication (-14 %), la construction (-14 %) et les ressources naturelles (-11 %), mais l’emploi ne s’est pas complètement rétabli dans ces industries (graphique 2). Toutefois, les années 1990 ont affiché une croissance significative de l’emploi dans le secteur des services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien et le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques. Ces deux secteurs ont connu des hausses de 16 % et de 12 % respectivement pendant la période de reprise.

Description du graphique 2

Graphique 2 Variation de l'emploi selon l'industrie, avril 1990 à septembre 1994

Au début des années 1980, les industries des ressources naturelles, de la fabrication et de la construction ont aussi enregistré les plus fortes baisses, soit 22 %, 16 % et 13 %, respectivement (graphique 3). Toutefois, contrairement à ce qui s’est produit au cours des années 1990 et 2000, les industries des ressources naturelles et de la fabrication ont récupéré un grand nombre des emplois perdus lors de la reprise. Les industries de la construction et des services publics ont connu un recul à la fois pendant le repli et la reprise; le secteur des services publics, notamment, a subi des pertes pendant le repli (-3 %) qui se sont poursuivies pendant la période de reprise (-11 %). Comme ce fut le cas dans les années 1990, l’industrie des services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien a connu une croissance soutenue, mais dans une moindre mesure. Cependant, le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques a affiché une tendance cyclique, ayant perdu 7 % des emplois pendant le repli, avant de connaître une rapide croissance au moment de la reprise (+10 %).

Description du graphique 3

Graphique 3 Variation de l'emploi selon l'industrie, juin 1981 à octobre 1984

Au cours des trois périodes de repli, un plus grand nombre de travailleurs étaient employés dans des industries qui devaient par la suite afficher un comportement procyclique (tableau 2). Toutefois, au début du repli des années 1990, un plus grand pourcentage de personnes occupées (25 %) travaillaient dans des industries qui n’avaient pas récupéré leurs pertes, et 7 % d’entre elles étaient dans des industries affichant une baisse constante. En outre, un grand nombre de travailleurs (23 %) étaient dans des industries affichant une hausse constante, ce qui laisse entendre qu’un fort pourcentage des travailleurs canadiens ont fait face à des changements importants au cours de cette période.

À titre de comparaison, en octobre 2008, davantage de travailleurs (47 %) étaient employés dans des industries procycliques qui ont soit fait des gains pendant la reprise, soit récupéré une part significative des emplois perdus ou encore qui n’ont pas connu de grandes fluctuations au cours de la période. Un pourcentage élevé de la main-d’oeuvre travaillait en outre dans des industries où l’emploi a crû pendant le repli (23 %). Dans les années 1980, un grand nombre de personnes travaillaient dans des industries procycliques qui sont demeurées stables ou qui ont pris de l’expansion (plus de 50 %), mais elles étaient moins nombreuses dans les industries ayant fait des gains pendant le repli et la reprise (14 %).

Tableau 2
Au début des années 1990, plus de travailleurs se trouvaient dans des industries qui ne se sont pas remises du repli

Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de au début des années 1990 début du repli, juin 1981, avril 1990 et octobre 2008, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Début du repli
Juin 1981 Avril 1990 Octobre 2008
pourcentage
Répartition de l'emploi au début du repli 100,0 100,0 100,0
Baisse durant le repli, hausse pendant la reprise (pro-cyclique) 74,8 63,2 58,5
Gains deux fois plus élevés que les pertes 37,5 8,6 16,4
Reprise, quasi-reprise ou variation stable de l'emploi 13,2 30,0 30,7
Pertes deux fois plus élevées que les gains 24,2 24,5 11,4
Croissance durant le repli et la reprise 13,9 22,8 22,5
Croissance durant le repli, baisse durant la reprise (contracyclique) 3,8 7,5 10,7
Baisse durant le repli et la reprise 7,4 6,5 8,3

De tels résultats n’ont pas nécessairement de quoi surprendre, puisque l’économie canadienne a mis beaucoup plus de temps à se relever au début des années 1990 que lors de la dernière récession, et que la croissance de l’emploi n’a pas immédiatement suivi la croissance de la productionNote12. La lente croissance de l’emploi, la période de reprise prolongée et la plus grande transformation des industries semblent suggérer que les changements survenus dans le marché du travail dans les années 1990 ont été plus significatifsNote13, Note14.

Que s’est-il produit après la récente reprise?

Après être revenu au niveau où il se trouvait avant le repli, l’emploi a continué de progresser. De janvier 2011 à février 2013, le nombre d’emplois a augmenté de 463 000, ou 2,7 % (tableau 3).

Sur les 463 000 emplois créés après la reprise, 112 000 étaient dans le secteur de l’hébergement et des services de restauration et 93 000, dans le secteur des soins de santé et de l’assistance socialeNote15. Au cours de cette période, l’emploi a aussi augmenté considérablement dans les secteurs des services d’enseignement (65 000) et de la construction (64 000). Ensemble, ces quatre industries représentaient près des trois quarts de tous les nouveaux emplois au cours des 25 mois qui ont suivi la reprise. La croissance relativement forte de l’emploi dans les services de soins de santé et d’assistance sociale et dans les services d’enseignement suggère que les industries hors du secteur des entreprises ont joué un rôle de premier plan dans l’augmentation des emplois au lendemain du repli.

Tableau 3
Depuis la reprise, la croissance de l'emploi se situe principalement dans l'hébergement et les services de restauration; les soins de santé et l'assistance sociale; et les services d'enseignement

Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de depuis la reprise janvier 2011 , février 2013 et variation, calculées selon en milliers , en milliers et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Janvier 2011 Février 2013 Variation
en milliers en milliers pourcentage
Emploi total, toutes les industries 17 233,5 17 696,4 462,9 2,7
Agriculture 308,7 319,6 10,9 3,5
Foresterie, pêche, mines, carrières, et extraction de pétrole et de gaz 333,3 351,1 17,8 5,3
Services publics 145,4 133,6 -11,8 -8,1
Construction 1 245,9 1 309,4 63,5 5,1
Fabrication 1 791,8 1 740,0 -51,8 -2,9
Commerce 2 663,0 2 703,1 40,1 1,5
Transport et entreposage 833,7 861,4 27,7 3,3
Finance, assurances, immobilier et location 1 083,3 1 108,0 24,7 2,3
Services professionnels, scientifiques et techniques 1 290,0 1 326,7 36,7 2,8
Services aux entreprises, aux bâtiments et autres soutien 698,3 706,0 7,7 1,1
Services d'enseignement 1 215,9 1 280,8 64,9 5,3
Soins de santé et assistance sociale 2 072,5 2 165,6 93,1 4,5
Information, culture et loisirs 779,8 785,6 5,8 0,7
Hébergement et services de restauration 1 031,1 1 143,3 112,2 10,9
Autres services 753,5 777,2 23,7 3,1
Administration publique 987,4 985,0 -2,4 -0,2

À l’inverse, trois industries ont affiché un taux de croissance négatif au cours de la période, la fabrication (-52 000) a connu la baisse la plus importante, suivie des services publics (-12 000), puis de l’administration publique (-2 000). En outre, les changements étaient répartis de façon inégale selon les professions (voir Évolution des professions).

Tableau 4
Répartition de l'emploi dans les industries au début du repli (octobre 2008) et plus de deux ans après la reprise (février 2013)

Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de répartition de l'emploi dans les industries au début du repli (octobre 2008) et plus de deux ans après la reprise (février 2013) octobre 2008 et février 2013, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Octobre 2008 Février 2013
pourcentage
Emploi total, toutes les industries 100,0 100,0
Agriculture 1,9 1,8
Foresterie, pêche, mines, carrières, et extraction de pétrole et de gaz 2,0 2,0
Services publics 0,9 0,8
Construction 7,2 7,4
Fabrication 11,4 9,8
Commerce 15,6 15,3
Transport et entreposage 5,0 4,9
Finance, assurances, immobilier et location 6,2 6,3
Services professionnels, scientifiques et techniques 6,9 7,5
Services aux entreprises, aux bâtiments et autres soutien 3,9 4,0
Services d'enseignement 7,0 7,2
Soins de santé et assistance sociale 11,2 12,2
Information, culture et loisirs 4,3 4,4
Hébergement et services de restauration 6,4 6,5
Autres services 4,5 4,4
Administration publique 5,6 5,6

L’évolution de l’emploi, survenue pendant le repli, lors de la reprise et au cours des deux années qui ont suivi la reprise a eu une incidence sur la répartition des emplois entre les industries (tableau 4). Le pourcentage de personnes occupées dans le secteur de la fabrication, par exemple, est descendu de 11,4 % à 9,8 %, prolongeant dans les faits une tendance à la baisse amorcée au début des années 2000Note16. Le pourcentage de personnes occupées dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale a augmenté par une marge semblable, de 11,2 % à 12,2 %, tout comme le pourcentage de travailleurs dans les services professionnels, scientifiques et techniques (de 6,9 % à 7,5 %). Ces deux industries ont également affiché une croissance au cours des années ayant précédé la dernière période de repli.

Conclusion

Le marché du travail est en perpétuel mouvement et de nombreux emplois passent d’une industrie à l’autre, phénomène qui a tendance à s’accélérer pendant les récessionsNote17. Comme lors des récessions antérieures, ce ne sont pas toutes les industries qui ont suivi le schéma cyclique de la perte et de la création d’emplois lors de la dernière période de repli et de reprise. En octobre 2008, plus de 20 % des travailleurs étaient employés dans des industries qui devaient par la suite connaître une croissance soutenue (particulièrement les soins de santé), un autre 20 % d’entre eux étaient dans des industries qui ont affiché une baisse continue ou qui n’ont pas pu récupérer les emplois perdus (fabrication), alors que près de 50 % des travailleurs étaient dans des industries qui ont soit perdu du terrain, mais qui ont regagné les emplois perdus, soit créé significativement plus d’emplois qu’elles n’en avaient perdus (comme les services professionnels, scientifiques et techniques). Au cours des années 1990, plus de travailleurs (31 %) étaient employés dans des industries qui ont connu une baisse continue ou n’ont pas entièrement récupéré les emplois perdus à la suite du repli.

Au cours des deux années ayant suivi la plus récente reprise, la croissance de l’emploi était concentrée dans quatre industries : hébergement et services de restauration; soins de santé et assistance sociale; services d’enseignement; et construction. Les données sur les professions indiquaient également une concentration relative de la croissance dans certaines professions, notamment dans celles des catégories « sciences naturelles et appliquées et domaines apparentés » et « métiers, transport et machinerie et domaines apparentés » (voir Évolution des professions). Ces emplois nouvellement créés exigent un niveau de compétence assez élevé, la plupart d’entre eux nécessitant au moins une formation collégiale, particulièrement dans le cas des métiers et du génie.

Cependant, il est bon de souligner qu’une bonne partie de la transformation se produit au sein même d’une industrie (entre entreprises d’un même secteur) et ce, même davantage qu’entre différentes industries. Avec l’avènement de nouvelles sources de données administratives, il sera intéressant de voir si le réaménagement du travail dans une même industrie constituait aussi un facteur important dans le récent repli et sa reprise subséquente.

Sharanjit Uppal est analyste principal à la Division de la statistique du travail et
Sébastien LaRochelle-Côté, chef conseiller à la Division de la statistique du travail de Statistique Canada.


Notes

  1. Voir Cross (2011).
  2. Voir LaRochelle-Côté et Gilmore (2009).
  3. Voir Groshen et Potter (2003).
  4. Groshen et Potter (2003) examinent les tendances touchant les mises à pied et les gains d’emplois dans les industries au cours de la récession 2001-2003 aux États-Unis.
  5. Une méthode largement inspirée de Groshen et Potter (2003) a été retenue pour classer les industries à 2 chiffres du SCIAN en fonction des flux d'emplois durant le repli et la reprise subséquente. Un examen détaillé des flux d'emplois dans les industries à trois chiffres n'a pu être réalisé en raison de l'absence des données désaisonnalisées à ce niveau de détail. Il est cependant important de noter que les variations d'emploi parmi les entreprises d'une même industrie (c.-à-d. la réallocation intra-industrielle) est plus importante que la réallocation de l'emploi d'une industrie à l'autre (voir Davis et Haltiwanger, 1992). Pour obtenir un exemple récent basé sur les données canadiennes, voir Morissette et coll. (2013).
  6. D’après les données désaisonnalisées selon l’industrie de l’Enquête sur la population active (voir Statistique Canada, 2013).
  7. Les hausses et les baisses des niveaux d’emploi sont calculées en prenant comme base le niveau d’emploi au début des périodes respectives. Donc, par exemple, une hausse de 1 % de l’emploi pendant la période de reprise ne compense pas complètement une baisse de 1 % de l’emploi pendant le repli.
  8. Fait intéressant, les niveaux d’emploi ont peu varié dans le secteur du commerce, qui employait environ 15 % de l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne et qui continue de former l’un des plus grands groupes d’industries.
  9. Les dépenses de santé augmentent généralement avec l’âge. Selon une analyse des inducteurs de coûts menée par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) en 2011, on estime que les dépenses de santé par habitant augmentent de façon exponentielle après 65 ans, passant d’environ 5 000 $ (en 2008) par personne âgée de 65 à 69 ans à 18 000 $ par personne âgée de 85 à 89 ans. De plus, entre 1998 et 2008, les dépenses de soins de santé ont constamment augmenté de 7,4 % en moyenne, les hausses étant surtout concentrées chez les personnes les plus âgées.
  10. Voir LaRochelle-Côté (2010).
  11. Les données ont été vérifiées au moyen de l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail (EERH), bien que l’EERH et l’EPA présentent des différences marquées en ce qui touche la période de référence, la période de collecte et la population étudiée. Par exemple, l’EERH n’inclut pas les travailleurs autonomes. Toutefois, les tendances de la redistribution du marché du travail étaient à peu près les mêmes dans les industries qui avaient une faible proportion de travailleurs autonomes. Il a été impossible d’établir des comparaisons avec les industries ayant de plus fortes proportions de travailleurs autonomes parce que le travail autonome est généralement contracyclique, comme l’a démontré LaRochelle-Côté (2010).
  12. Voir Aaronson et coll. (2004).
  13. L’étendue de la réallocation industrielle peut aussi être quantifiée grâce à la mesure de Lilien sur le déplacement par secteur. (Voir Lilien et coll., 2009.) Partant du mois marquant le début du repli de l’emploi jusqu’à celui marquant le retour au niveau d’avant repli, les résultats alors obtenus sont les suivants : 0,072 de 1980 à 1984; 0,081 de 1990 à 1994, et 0,050 de 2008 à 2011.
  14. Les sources de changements structurels dans le marché du travail au milieu des années 1990 ont suscité beaucoup de discussions. À l’époque, l’économie canadienne faisait face à une concurrence croissante induite par les ententes commerciales (voir, par exemple, Trefler, 2004) et à une augmentation de la croissance du capital humain qui pouvait avoir été favorisée par la spécialisation du marché du travail et le changement technologique (voir Heisz et coll., 2002). Le marché du travail était aussi touché par la flambée des taux d’intérêt et la faiblesse de la demande de produits.
  15. Rappelons toutefois que l’emploi a baissé à la fois durant le repli et la reprise dans le secteur de l'hébergement et de la restauration.
  16. Voir Bernard (2009). De 1976 à 2012, la proportion de travailleurs employés dans le secteur de la fabrication a diminué, même pendant les périodes de croissance économique, passant de 19 % en 1976 à 10 % en 2012. En revanche, certaines industries ont connu des hausses continues, telles que le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques, qui employait moins de 3 % de la main-d’œuvre en 1976 et plus de 7 % en 2012, et le secteur des soins de santé et des services sociaux, dont la part est passée de 8 % en 1976 à près de 12 % en 2012.
  17. Voir Figura (2002).

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