Soins aux aînés : différences selon le type de logement

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par Martin Turcotte et Carole Sawaya

[Communiqué dans Le Quotidien] [Article intégral en PDF]

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Début de l'encadré

Aperçu de l’étude

Cet article fournit des renseignements à propos des soins prodigués par les proches aidants aux aînés ayant un problème de santé de longue durée, une incapacité ou des problèmes liés au vieillissement. Il porte principalement sur la façon dont l’intensité et la nature de ces soins varient selon le type de logement des aînés. Quatre types de logement sont examinés, soit les établissements de soins, les logements avec services de soutien, les ménages privés séparés de celui de l’aidant, et les ménages privés partagés avec l’aidant (cohabitation).

  • Des 5,4 millions de proches aidants qui fournissaient des soins à un aîné en 2012, 62 % prodiguaient des soins à un aîné en ménage privé séparé du leur, 16 % à un aîné en ménage privé partagé avec eux (cohabitation), 14 % à un aîné en établissement de soins, et 8 % à un aîné en logement avec services de soutien.
  • Les bénéficiaires qui résidaient dans des établissements de soins étaient généralement plus âgés, plus susceptibles d’être des femmes et plus susceptibles de souffrir d’un problème de santé qualifié de « grave » que ceux vivant dans les autres types de logement.
  • En 2012, 56 % des aidants qui cohabitaient avec leur bénéficiaire fournissaient au moins 10 heures de soins par semaine, comparativement à 22 % parmi ceux qui aidaient un aîné en établissement de soins et 15 % parmi ceux qui aidaient un aîné en ménage privé séparé ou en logement avec services de soutien.
  • Environ le tiers (33 %) des personnes aidant un aîné en établissement de soins et 29 % de celles en cohabitation avec leur bénéficiaire ont rapporté faire face à des tensions familiales, comparativement à 21 % parmi celles qui aidaient un aîné en ménage privé séparé et 23% chez celles qui aidaient un aîné en logement avec services de soutien.

Fin de l'encadré

Introduction

Les proches aidants, par l’aide pratique, le soutien émotif et les soins qu’ils prodiguent, favorisent le maintien à domicile de centaines de milliers de Canadiens vieillissants ou souffrant d’un problème de santé à long terme. Le « vieillissement à la maison » n’est cependant pas toujours possible et certains aînés doivent parfois s’installer dans un logement avec services de soutien, par exemple, une résidence pour retraités. Dans les cas plus lourds, ils doivent aller vivre en établissement de soins.

De prime abord, on pourrait croire que les proches aidants des aînés qui vivent en établissement de soins n’ont pas autant de responsabilités que ceux qui aident une personne âgée qui demeure dans son ménage privé. En effet, les aînés qui vivent en établissement de soins peuvent compter sur de l’aide rémunérée pour effectuer l’entretien ménager ou les travaux, pour préparer les repas et ainsi de suite. Aussi, un personnel médical est disponible, ce qui peut réduire les responsabilités de certains proches aidants.

Malgré cela, il se peut que les services offerts aux résidents de ces établissements de soins ou logements avec services de soutien ne répondent pas à tous les besoins des bénéficiaires. Aussi, parce que l’état de santé des aînés vivant en établissement est généralement moins favorable que ceux habitant leur propre logement, ils peuvent nécessiter plus d’aide et de soins de leurs proches.

En utilisant les données de l’Enquête sociale générale (ESG) sur les soins donnés et reçus (2012), cet article compare l’intensité et la nature des soins prodigués par les proches aidants d’un aîné selon que celui-ci vit dans :

  1. un établissement de soins, par exemple, un hôpital ou un foyer pour personnes âgées;
  2. un logement avec services de soutien, au sein duquel est généralement offert une quantité minimale ou moyenne de services, comme des services d'entretien ou des services de soins personnels, afin qu'une personne puisse vivre de façon indépendante;
  3. un ménage privé séparé de celui de l’aidant;
  4. un ménage privé partagé avec l’aidant (cohabitation).

Dans cet article, les proches aidants sont des personnes âgées de 15 ans et plus qui ont prodigué des soins, au cours des 12 derniers mois, à un aîné de 65 ans et plus ayant un problème de santé physique ou mentale de longue durée, une incapacité ou des problèmes reliés au vieillissement (Voir Sources de données, méthodes et définitions)Note 1.

Presque trois quarts de million de proches aidants fournissent des soins à un aîné vivant en établissement de soins

En 2012, 5,4 millions de Canadiens ont aidé ou prodigué des soins à un aîné âgé de 65 ans et plus ayant un problème de santé chronique, une incapacité ou des problèmes liés au vieillissement. Le type d’aide fournie pouvait inclure la préparation des repas et le ménage, le transport pour les rendez-vous ou les courses et l’entretien de la maison, les soins personnels (comme prendre un bain ou s’habiller), et l’aide aux procédures ou traitements médicaux.

De ces 5,4 millions de proches aidants, 743 500 (ou 14 %) prodiguaient des soins à une personne qui vivait en établissement de soins, par exemple, un hôpital de soins de longue durée ou un établissement de soins infirmiers. (Pour un profil des caractéristiques des proches aidants selon le type de logement de leur bénéficiaire principal, voir Profil des proches aidants selon le type de logement de leur bénéficiaire de soins).

De plus, 438 300 personnes fournissaient des soins à un aîné qui vivait dans un logement avec services de soutien (8 % des aidants d’un aîné). En tout et pour tout, ce sont donc 1,2 million de proches aidants qui prodiguaient des soins à un aîné vivant dans un logement collectif en 2012 (22 %), c.-à-d., en établissement de soins ou en logement avec services de soutien.

Les autres 4,2 millions de proches aidants d’un aîné (78 %) fournissaient des soins à une personne qui vivait dans un ménage privé. Plus précisément, environ 3,3 millions d’aidants (62 %) fournissaient de l’aide à un aîné vivant dans un ménage privé séparé du leurNote 2 et 881 300 (16 %) dans un ménage privé partagé avec eux.

Ces résultats sont peu étonnants puisque, selon les données du Recensement de 2011, la forte majorité des aînés, soit un peu plus de 90 % d’entre eux, vivaient dans un ménage privéNote 3.

La part des aidants fournissant des soins à des aînés en logement collectif est en hausse

Certaines comparaisons avec la précédente Enquête sociale générale sur les soins donnés et reçus de 2007 peuvent être effectuées dans le cas des proches aidants qui étaient âgés de 45 ans et plus.

Entre 2007 et 2012, la proportion de proches aidants de 45 ans et plus qui fournissaient des soins à un aîné vivant dans un logement collectif (établissement de soins ou logement avec services de soutien) a légèrement augmenté, passant de 22 % à 25 %. À l’opposé, la proportion d’aidants qui fournissaient des soins à un aîné qui résidait dans un ménage séparé a diminué, passant de 64 % à 59 % durant la même période. Enfin, le pourcentage de proches aidants qui vivaient dans le même ménage que leur bénéficiaire a légèrement augmenté au cours de la période (de 14 % à 16 %).

Ces tendances étaient plus prononcées dans le cas des proches aidants qui aidaient une personne âgée de 65 à 74 ans (graphique 1). Parmi ceux-ci, 61 % fournissaient des soins à une personne vivant dans un ménage séparé en 2012, en baisse par rapport aux 71 % enregistrés en 2007.

Répartition en pourcentage des proches aidants selon le type de logement du bénéficiaire principal, par groupe d'âge, 2007 et 2012

Description du graphique 1

Parallèlement, à l’intérieur du même groupe d’aidants, la proportion de ceux qui résidaient avec leur bénéficiaire a augmenté de 19 % à 30 % au cours de la période. Cette hausse parmi les aidants d’un aîné âgé de 65 à 74 ans s’explique possiblement par l’augmentation, au cours des 30 dernières années, de la proportion d’aînés qui vivent en coupleNote 4. De ce fait, le nombre d’aînés pouvant compter sur leur conjoint pour leur prodiguer de l’aide ou des soins est probablement aussi à la hausse.

La suite de l’article présente des renseignements à propos de tous les aidants, c’est-à-dire tous ceux de 15 ans et plus, selon le type de logement de leur bénéficiaire principal.

Plus de la moitié des aidants d’un aîné vivant en logement collectif avaient un bénéficiaire âgé de 85 ans et plus

La proportion de personnes âgées qui vivent dans un logement collectif augmente fortement avec l’âge. Selon les données du Recensement de 2011, c’était le cas de 31 % des personnes de 85 ans et plus, comparativement à 2 % des personnes âgées de 65 à 74 ansNote 5. Par conséquent, le profil d’âge des personnes âgées auxquelles les aidants fournissaient des soins variait sensiblement selon que celles-ci vivaient dans un ménage privé ou dans un logement collectif.

En effet, 55 % de ceux qui aidaient un aîné en établissement de soins et 58 % de ceux qui aidaient un aîné en logement avec services de soutien s’occupaient d’une personne âgée d’au moins 85 ans en 2012. En comparaison, 27 % des aidants d’un aîné qui vivait dans un ménage privé séparé et 23 % de ceux qui vivaient en cohabitation s’occupaient d’un bénéficiaire âgé de 85 ans et plus (graphique 2).

Répartition en pourcentage des proches aidants selon le groupe d'âge du bénéficiaire principal, par type de logement, 2012

Description du graphique 2

Pour tous les types de logements, les bénéficiaires étaient plus susceptibles d’être des femmes. Cela s’explique notamment par le fait que les femmes représentent la majorité des aînés, en particulier parmi ceux de 85 ans et plus, soit le groupe au sein duquel la proportion de bénéficiaires de soins est la plus élevéeNote 6. En effet, les femmes représentaient plus des deux tiers des personnes de 85 ans et plus, comparativement à un peu plus de la moitié de celles âgées de 65 à 74 ans.

Donc, les proches aidants d’une personne âgée qui vivait en établissement de soins ou en logement avec services de soutien étaient plus susceptibles d’avoir une femme comme bénéficiaire de soins (77 %). En comparaison, 62 % des proches aidants qui résidaient avec leur bénéficiaire aidaient une femme (tableau 1).

Tableau 1
Caractéristiques des principaux bénéficiaires de soins, selon le type de logement, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Caractéristiques des principaux bénéficiaires de soins Établissement de soins (réf.), Logement avec services de soutien, À domicile, ménages séparés et À domicile, cohabitation, calculées selon nombre (en milliers) et pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Établissement de soins (réf.) Logement avec services de soutien À domicile, ménages séparés À domicile, cohabitation
nombre (en milliers)
Total 743,5 438,3 3 338,4 881,3
  pourcentage
Âge du bénéficiaire  
65 à 74 ans 11 9Note E: à utiliser avec prudence 27Note * 41Note *
75 à 84 ans 35 33 45Note * 37
85 ans et plus 55 58 27Note * 23Note *
Sexe du bénéficiaire  
Homme 23 23 31Note * 38Note *
Femme 77 77 69Note * 62Note *
Relation avec l'aidant  
Grand-parent 16 19 20 13
Ami ou voisin 11 10 17Note * 2Note E: à utiliser avec prudence Note *
Beau-père ou belle-mère 14 15 12 10
Père ou mère 47 46 45 42
Conjoint 2Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié 0Note E: à utiliser avec prudence Note * 29Note *
Enfant Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié Note F: trop peu fiable pour être publié
Autre famille 10 8Note E: à utiliser avec prudence 5Note * 3Note E: à utiliser avec prudence Note *
Principal problème de santé pour lequel le bénéficiaire a reçu de l'aide  
Maladie cardiovasculaire 12 8Note E: à utiliser avec prudence Note * 10 14
Cancer 6Note E: à utiliser avec prudence 4Note E: à utiliser avec prudence 11Note * 9
Santé mentale 3Note E: à utiliser avec prudence 2Note E: à utiliser avec prudence 2 2Note E: à utiliser avec prudence
Maladie d'Alzheimer 25 11Note * 4Note E: à utiliser avec prudence Note * 8Note *
Maladie neurologique 5Note E: à utiliser avec prudence Note F: trop peu fiable pour être publié 2Note * 5Note E: à utiliser avec prudence
Vieillissement ou fragililté 34 53Note * 44Note * 29
Autres problèmes de santé chroniques 15 21Note * 26Note * 32Note *
Gravité du problème de santéNote 1  
Léger 9Note E: à utiliser avec prudence 12Note E: à utiliser avec prudence 17Note * 15Note *
Moyen 31 43 41 39Note *
Grave 60 45Note * 42Note * 45

Du point de vue du lien entre l’aidant et le bénéficiaire de soins, 61 % des proches aidants d’un aîné vivant en établissement fournissaient des soins à leur parent ou à leur belle-mère ou beau-père. Cette proportion était semblable à celle enregistrée chez les proches aidants d’un aîné qui vivait dans un ménage privé séparéNote 7.

D’autres types de liens pouvaient être différents d’un type de logement à l’autre. Par exemple, parmi les aidants d’un aîné qui vivait en établissement de soins, 11 % s’occupaient d’un ami ou d’un voisin, comparativement à 17 % de ceux dont le bénéficiaire de soins vivait dans un ménage privé séparé du leur. Aussi, alors que seulement 2 % des proches aidants d’un aîné qui vivait en établissement de soins fournissaient des soins à leur conjoint, c’était le cas de 29 % de ceux qui vivaient en compagnie de leur bénéficiaire.

Le quart des proches aidants d’un aîné vivant en établissement de soins s’occupaient de quelqu’un atteint de la maladie d’Alzheimer ou de démence

Les raisons et problèmes de santé pour lesquels les proches aidants fournissent de l’aide peuvent être très variés : cancer, maladie cardiovasculaire, douleur chronique et ainsi de suite. Ces différentes conditions, dépendant de leur gravité, peuvent également comporter une intensité de soins très variable.

Lorsqu’on a demandé aux aidants d’un aîné quelle était la principale raison pour laquelle leur bénéficiaire avait reçu de l’aide, la vieillesse était la raison la plus fréquemment mentionnée, peu importe le type de logement.

Ce qui distinguait particulièrement les aidants d’un aîné qui vivait en établissement était leur propension plus grande à s’occuper d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ou de démence (25 %). En comparaison, c’était le cas de 11 % des aidants d’un aîné qui vivait dans un logement avec services de soutien et de 4 % des aidants d’un aîné qui résidait dans un ménage séparé.

De plus, les bénéficiaires qui vivaient en établissement de soins avaient un état de santé généralement moins favorable que ceux vivant dans d’autres types de logement. En effet, 60 % des aidants d’un bénéficiaire en établissement ont qualifié de « grave » le problème de santé de l’aîné qu’ils aidaient, comparativement à 45 % de ceux dont le bénéficiaire de soins vivait dans un logement avec services de soutien ou dans un ménage privé en cohabitation et à 42 % de ceux dont le bénéficiaire vivait dans un ménage privé séparé.

Ces résultats sont peu étonnants parce que les aînés souffrant de problèmes de santé plus graves sont plus susceptibles de se retrouver en établissement de soins. Ils peuvent néanmoins comporter des besoins plus grands en matière de soins et d’aide, et donc des responsabilités éventuellement plus importantes pour les proches aidants.

Plus de la moitié des aidants qui cohabitaient avec leur bénéficiaire fournissaient 10 heures de soins ou plus par semaine

Les proches aidants qui cohabitaient avec leur bénéficiaire étaient proportionnellement plus nombreux à fournir de plus longues heures de soins. En effet, plus de la moitié d’entre eux (56 %) fournissaient au moins 10 heures de soins à leur bénéficiaire au cours d’une semaine typique. Ces proches aidants sont souvent responsables de cette personne 24 heures sur 24 et lui fournissent de l’aide pour plusieurs types d’activitésNote 8.

Parmi les proches aidants d’un aîné vivant dans les autres types de logement, ceux qui aidaient un aîné vivant en établissement de soins étaient les plus susceptibles de fournir un nombre plus important d’heures de soins. Plus précisément, 22 % d’entre eux fournissaient au moins 10 heures ou plus de soins par semaine en 2012, comparativement à 15 % pour ceux aidant un aîné en ménage séparé et pour ceux dont le bénéficiaire était en logement avec services de soutien (tableau 2). Le fait que les bénéficiaires en établissement de soins soient plus âgés et plus susceptibles d’être atteints de la maladie d’Alzheimer ou de démence explique en partie ces écartsNote 9.

Tableau 2
Intensité et type de soins fournis par les proches aidants, selon le type de logement du bénéficaire principal, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Intensité et type de soins fournis par les proches aidants Établissement de soins (réf.), Logement avec services de soutien, À domicile, ménages séparés et À domicile, cohabitation, calculées selon pourcentage et probabilités prédites unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Établissement de soins (réf.) Logement avec services de soutien À domicile, ménages séparés À domicile, cohabitation
pourcentage
Nombre d'heures de soins ou d'aide par semaine  
1 heure ou moins 28 34 33 7Note E: à utiliser avec prudence Note *
2 à 4 heures 32 38 37Note * 21Note *
5 à 9 heures 18 13 15 16
10 heures ou plus 22 15Note * 15Note * 56Note *
Types de soins ou d'aide fournie au bénéficiaire principal, au moins 1 fois par semaine  
Transport 25 35Note * 34Note * 64Note *
Préparation des repas, ménage, vaisselle 17 22 24Note * 75Note *
Soins personnels 21 12Note * 8Note * 33Note *
Procédures ou traitements médicaux 7 8Note E: à utiliser avec prudence 8 36Note *
Organisation ou planification des soins (prendre des rendez-vous, etc.) 9 11 8 24Note *
Opérations bancaires, paiement de factures ou gestion des finances 17 15 7Note * 21
  probabilités prédites
A fourni 10 heures de soins ou plus par semaine 0,19 0,15 0,15 0,56Note *
Type de soins ou d'aide fournie au bénéficiaire principal, au moins 1 fois par semaine  
Transport 0,24 0,35Note * 0,35Note * 0,64Note *
Préparation des repas, ménage, vaisselle 0,15 0,22Note * 0,24Note * 0,75Note *
Soins personnels 0,18 0,12Note * 0,08Note * 0,32Note *
Procédures ou traitements médicaux 0,06 0,08 0,08 0,36Note *
Organisation ou planification des soins (prendre des rendez-vous, etc.) 0,08 0,11Note * 0,08 0,24Note *
Opérations bancaires, paiement de factures ou gestion des finances 0,15 0,14 0,07Note * 0,21Note *

Lorsqu’on tenait compte des différences d’âge et d’état de santé entre les différents groupes, les proches aidants qui vivaient avec leur bénéficiaire demeuraient plus susceptibles que les autres de consacrer au moins 10 heures par semaine à fournir des soins ou de l’aide à leur bénéficiaire. Cependant, les écarts entre les trois groupes restants diminuaient au point de plus être statistiquement significatifs (probabilités prédites, tableau 2)Note 10.

Environ 21 % des proches aidants d’un aîné en établissement de soins prodiguaient des soins personnels

Certains types d’activités, comme le soutien émotionnel ou les visites et les téléphones faits pour vérifier que tout va bien, sont réalisées par la presque totalité des proches aidants. Certaines autres, comme les procédures ou traitements médicaux et les soins personnels, sont moins communes. Ces dernières activités, généralement plus lourdes, sont plus souvent réalisées par les aidants qui vivent avec leur bénéficiaire aînéNote 11. Par exemple, plus du tiers des aidants qui cohabitaient avec leur bénéficiaire fournissaient des soins personnels ou des traitements médicaux.

Parmi les aidants qui ne vivaient pas dans le même ménage que leur bénéficiaire, ce sont ceux qui aidaient un aîné en établissement de soins qui étaient les plus susceptibles d’avoir fourni, sur une base hebdomadaire, des soins personnels, soit 21 %. En comparaison, ce pourcentage s’élevait à 8 % parmi ceux qui aidaient une personne vivant dans un ménage privé séparé (tableau 2).

Cette différence demeurait statistiquement significative lorsqu’on ajustait les résultats pour tenir compte de l’âge des bénéficiaires et du type de problème de santé pour lequel ils recevaient des soinsNote 12. Il est possible que ces soins personnels viennent s’ajouter aux services offerts dans les établissements de soins, plus particulièrement dans les cas où un aîné préfère recevoir de l’aide de la part d’un proche.

Parmi ceux ne vivant pas avec leur bénéficiaire, les aidants d’un aîné vivant en établissement de soins étaient par ailleurs proportionnellement plus nombreux à l’avoir aidé à faire ses opérations bancaires, ses paiements de factures ou la gestion de ses finances (17 %, comparativement à 7 % de ceux aidant un aîné qui vivait dans un ménage privé séparé).

Inquiétude, angoisse ou fatigue des proches aidants

Les proches aidants ont un rôle fondamental à jouer dans l’amélioration et le maintien de la qualité de vie des personnes en perte d’autonomie ou souffrant d’un problème de santé chronique. Cependant, lorsque les responsabilités d’aidants deviennent trop importantes, ces derniers peuvent voir leur propre bien-être affecté : conséquences psychologiques et impact négatif sur leur santé, conséquences sur les finances et l’emploi, conséquences sur la vie sociale et les loisirs personnels, etcNote 13.

Parmi l’ensemble de ceux qui aidaient un aîné en 2012, plus de 1 sur 2 s’est dit inquiet ou angoissé en raison de ses responsabilités d’aidant, 1 sur 3 s’est senti colérique ou irritable, et 1 sur 6 s’est senti déprimé.

Les aidants d’un aîné vivant en établissement de soins partageaient plusieurs des symptômes de détresse psychologique ressentis par ceux qui soignaient un aîné en cohabitation ou en logement avec services de soutien. De manière générale, ils semblaient cependant plus susceptibles d’être négativement affectés que les aidants d’un aîné vivant dans un ménage séparé.

Par exemple, 22 % des aidants d’un aîné vivant en établissement de soins ont dit s’être sentis déprimés en raison de leurs responsabilités d’aidants, par rapport à 14 % de ceux fournissant des soins à un aîné qui résidait dans un ménage privé séparé (tableau 3).

Tableau 3
Conséquences subies par les proches aidants au cours des 12 derniers moisNote 1, selon le type de logement du bénéficiaire principal, 2012
Sommaire du tableau
Le tableau montre les résultats de Conséquences subies par les proches aidants au cours des 12 derniers mois Établissement de soins (réf.), Logement avec services de soutien, À domicile, ménages séparés et À domicile, cohabitation, calculées selon pourcentage unités de mesure (figurant comme en-tête de colonne).
  Établissement de soins (réf.) Logement avec services de soutien À domicile, ménages séparés À domicile, cohabitation
pourcentage
Symptômes de détresse psychologique  
S'est senti fatigué 56 48 43Note * 54
Inquiet ou angoissé 60 55 49Note * 61
Débordé 36 33 26Note * 40
Seul ou isolé 17 13Note E: à utiliser avec prudence 11Note * 27Note *
Colérique ou irritable 34 36 29 46Note *
Mécontent 24 22 15Note * 23
Déprimé 22 19 14Note * 23
A éprouvé une perte d'appétit 12Note E: à utiliser avec prudence 11Note E: à utiliser avec prudence 8 15
Des problèmes de sommeil 36 34 26Note * 40
Conséquences sur la santé  
Incidence sur l'état de santé de l'aidant 26 18 14Note * 26
Responsabilités physiquement ardues 29Note E: à utiliser avec prudence 35Note E: à utiliser avec prudence 32 39
A consulté un professionnel de la santé pour ses propres problèmes de santé causés par ses responsabilités d'aidantNote 2 20 14 12Note * 20
A subi des blessures en exécutant ses tâches d'aidant 3Note E: à utiliser avec prudence 4Note E: à utiliser avec prudence 4 6Note E: à utiliser avec prudence Note *
Montant dépensé (non remboursé) au cours de l'année, pour les différents types de dépenses  
0 $ 33 34 43Note * 37
1 $ à moins de 500 $ 22 24 27 18
500 $ à moins de 2 000 $ 27 24 18Note * 17Note *
2 000 $ et plus 18 18 12Note * 27Note *
Conséquences sociales  
Réduit le temps passé avec le conjoint 52 51 43Note * 55
Réduit le temps passé avec les enfants 44 37 33Note * 36Note *
Réduit le temps passé avec les amis 51 42Note * 38Note * 53
Réduit le temps des activités sociales 58 49 43Note * 60
Réduit le temps de détente 57 53 49Note * 53
Des tensions dans les relations familiales 33 23Note * 21Note * 29

Encore une fois, le fait que les aidants d’un aîné vivant en établissement de soins soient plus susceptibles d’avoir des symptômes élevés de détresse psychologique s’explique en partie par certains facteurs de risque propres à leur rôle (plus grand nombre d’heures de soins, bénéficiaire plus susceptible d’avoir la maladie d’Alzheimer, la diversité des soins, etc.).

Ainsi, lorsque l’on ajustait les résultats pour tenir compte des facteurs ci-dessus, les aidants d’un aîné vivant en établissement de soins devenaient aussi susceptibles que les aidants d’un aîné qui résidait dans un ménage privé séparé de se dire inquiets ou angoissés (différence non statistiquement significative).

Au-delà des sentiments négatifs, il est possible que l’état de santé soit aussi affecté. Parmi les aidants d’un aîné qui vivait en établissement de soins, 26% ont affirmé que leur état de santé avait été affecté par leurs responsabilités (soit le même pourcentage que celui des proches aidants qui cohabitaient avec leur bénéficiaire). En comparaison, 14 % de ceux fournissant des soins à un aîné qui résidait dans un ménage séparé ont affirmé que leurs responsabilités avaient eu une incidence sur leur état de santéNote 14.

Plusieurs frais peuvent être associés aux visites régulières à un bénéficiaire qui vit en établissement de soins : stationnement, dépenses pour des repas au restaurant, etc. Ces coûts, notamment ceux associés au transport, peuvent d’ailleurs être d’autant plus importants que les aidants d’un aîné en établissement de soins vivaient en moyenne un peu plus loin de leur bénéficiaire que ceux qui aidaient un aîné vivant dans un ménage séparéNote 15.

Ainsi, les aidants d’un aîné vivant en établissement de soins étaient plus susceptibles que ceux qui aidaient un aîné vivant dans un ménage privé séparé d’avoir dépensé 500 $ ou plus au cours de l’année (45 % et 30 % d’entre eux, respectivement). En outre, une proportion semblable de ceux cohabitant avec leur bénéficiaire avait dépensé plus de 500 $ (44 %). Cependant, les proches aidants en cohabitation avec leur bénéficiaire étaient plus susceptibles que tous les autres d’avoir dépensé 2 000 $ et plus pour des frais liés aux soins (27 %).

Bon nombre de proches aidants d’un aîné vivant en établissement de soins devaient réduire le temps qu’ils passaient avec leurs amis ou les membres de leur famille. Par exemple, 44 % d’entre eux avaient dû réduire le temps passé avec leurs enfants, comparativement à 33 % de ceux qui prodiguaient des soins à un aîné qui vivait dans un logement privé séparé (et 36 % parmi ceux qui cohabitaient avec leur bénéficiaire). Plus de la moitié de ceux fournissant des soins à une personne en établissement de soins ou en cohabitation ont affirmé en subir les conséquences sur le plan du temps passé avec leur conjoint et leurs amis, dans des activités sociales, ou tout simplement à se détendre.

Enfin, que ce soit en raison de cette réduction du temps disponible pour les proches ou d’autres raisons, des tensions familiales peuvent en résulter. D’ailleurs, les proches aidants d’un aîné vivant en établissement de soins et en cohabitation avec eux étaient les plus susceptibles de mentionner que leurs responsabilités d’aidants avaient créé des tensions avec les membres de leur famille ou leurs amis (33 % et 29 %, respectivement). En comparaison, ce pourcentage était de 21% chez ceux qui aidaient un aîné dans un ménage séparé et de 23% chez ceux qui aidaient un aîné dans un logement avec services de soutien.

Conclusion

Le travail de soutien des proches aidants ne se termine pas avec le déménagement d’un bénéficiaire dans un établissement fournissant des services plus spécialisés, comme un établissement de soins. Étant donné que les proches aidants d’un aîné vivant en établissement de soins doivent aider plus souvent une personne plus âgée ou souffrant de problèmes plus graves, comme la maladie d’Alzheimer ou la démence, plusieurs d’entre eux fournissent de plus longues heures et fournissent des soins personnels ― du moins par rapport à ceux fournissant des soins à un aîné vivant dans un ménage privé séparé du leur.

Cependant, étant donné les liens de proximité avec leurs bénéficiaires, ce sont les proches aidants cohabitant avec leur bénéficiaire qui étaient le plus susceptibles de fournir de plus longues heures de soins et de fournir des soins personnels à leurs bénéficiaires, et ce, même en tenant compte des différences sur le plan de l’âge et de la condition médicale des bénéficiaires.

Fournir des soins à un aîné peut entraîner des conséquences sur le plan psychologique, social, ou financier. C’était particulièrement le cas parmi ceux qui aidaient un bénéficiaire vivant en établissement de soins, mais aussi chez ceux qui cohabitaient avec leur bénéficiaire. Par exemple, plus du quart des personnes aidant un aîné en établissement de soins ont rapporté que leur santé en subissait les conséquences, soit le même pourcentage que celles qui cohabitaient avec leur bénéficiaire. De plus, environ le tiers des personnes aidant un aîné en établissement de soins et 29 % de celles cohabitant avec leur bénéficiaire ont rapporté subir des tensions familiales, comparativement à un peu plus de 20 % parmi celles qui aidaient un aîné dans un ménage séparé.

Martin Turcotte est analyste principal et Carole Sawaya est analyste à la Division de la statistique sociale et autochtone de Statistique Canada.

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