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Apprentissage des adultes au Canada : caractéristiques des apprenants

Rôle de la littératie et de l'éducation
Définir ce qui constitue l'apprentissage des adultes
Relation entre l'apprentissage des adultes et l'âge
Conclusion

Les recherches ont démontré que dans une économie et une société du savoir, les possibilités économiques et la participation active à l'ensemble de la société sont de plus en plus liées à la capacité d'une personne de commander et de contrôler sa propre vie. C'est ce contexte qui rend la répartition de l'apprentissage des adultes au sein de la population si importante.

Au Canada, on tente depuis longtemps de mieux comprendre la répartition de la littératie et de l'apprentissage des adultes entre différents sous-groupes de la population. Le Canada a participé au premier cycle de collecte de données de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation des adultes (EIAA) menée en 1994, la première enquête comparative à l'échelle internationale sur les compétences des adultes jamais réalisée. Le Canada a également joué un rôle de premier plan dans la tenue de l'Enquête internationale sur l'alphabétisation et les compétences des adultes (EIACA) effectuée en 2003, qui est le volet canadien de l'Enquête sur la littératie et les compétences des adultes (ELCA). En fait, le Canada a été le seul pays à échantillonner un très grand nombre de personnes (23 000 en tout). Un échantillon aussi vaste a été rendu possible grâce au concours financier de plusieurs ministères fédéraux et gouvernements provinciaux et territoriaux.

Les données recueillies par ces enquêtes fournissent une foule de renseignements sur les caractéristiques des apprenants adultes des divers pays participants sur une période donnée. Ces données ont également suscité un certain nombre d'études de recherche. Une d'entre elles, publiée récemment par Statistique Canada, fournit des renseignements détaillés sur les caractéristiques des apprenants adultes au Canada. Le présent article expose les résultats de cette recherche1.

Encadré 1 :
Qu'est-ce que l'ELCA ?

L'Enquête sur la littératie et les compétences des adultes (ELCA) est une initiative coopérative à grande échelle entreprise par les pouvoirs publics, les organismes statistiques, les établissements de recherche et les organismes intergouvernementaux. Elle présente des mesures comparables, sur le plan international, de l'apprentissage des adultes dans quatre domaines de compétences : la compréhension de textes suivis et de textes schématiques, la numératie et la résolution de problèmes. L'ELCA a été menée en 2003 au Canada, dans les Bermudes, dans l'État de Nuevo Léon au Mexique, en Italie, en Norvège, en Suisse et aux États Unis. Au Canada, plus de 23 000 personnes de 16 ans ou plus dans les dix provinces et les trois territoires ont répondu à l'enquête.

Définir ce qui constitue l'apprentissage des adultes

Conformément aux principes de l'apprentissage continu, l'ELCA reconnait trois principales catégories de contextes où a lieu une activité d'apprentissage volontaire :

Apprentissage formel : apprentissage ayant lieu dans un établissement d'enseignement ou de formation, qui est structuré (en terme d'objectifs, de durée ou de soutien à l'apprentissage) et qui conduit à une attestation. L'apprentissage formel est une activité intentionnelle du point de vue de l'apprenant.

Apprentissage non formel : apprentissage ayant lieu dans un contexte non fourni par un établissement d'enseignement ou de formation et qui ne conduit pas à une attestation. En revanche, il est structuré (en terme d'objectifs, de durée ou de soutien à l'apprentissage). Les possibilités d'apprentissage non formel peuvent être offertes en milieu de travail ou dans le cadre d'activités d'organisations ou de groupes de la société civile. L'apprentissage non formel est une activité intentionnelle du point de vue de l'apprenant.

Apprentissage informel : apprentissage découlant d'activités de la vie quotidienne liées au travail, à la famille, à la communauté ou aux loisirs. Il n'est pas structuré (en terme d'objectifs, de durée ou de soutien à l'apprentissage) et ne conduit pas à une attestation. L'apprentissage informel peut être une activité intentionnelle, mais souvent il ne l'est pas (il est « accessoire » ou aléatoire).

L'apprentissage formel et non formel sont considérés comme des formes d'apprentissage structuré et englobent ce qu'on appelle l'éducation et la formation des adultes. Quant à l'apprentissage informel, il est tenu pour une forme d'apprentissage non structuré.

Dans l'ensemble, en 2003, 49 % de la population candienne âgée de 16 à 65 ans ont participé à des cours, des programmes ou autres formes d'éducation et de formation des adultes (graphique 1).

Graphique 1
Pourcentage de la population de 16 à 65 ans ayant participé à des cours, des programmes et à d'autres formes d'activité d'éducation et de formation des adultes au cours de l'année ayant précédé l'entrevue, Canada, provinces et territoires, 2003

Graphique 1. Pourcentage de la population de 16 à 65 ans ayant participé à des cours, des programmes et à d'autres formes d'activité d'éducation et de formation des adultes au cours de l'année ayant précédé l'entrevue, Canada, provinces et territoires, 2003

Source : Rubenson, Kjell, Richard Desjardins and Ee-Seul Yoon. 2007. Apprentissage par les adultes au Canada : Une perspective comparative : Rsultats de l'Enqute sur la littratie et les comptences des adultes, numro 89-552-MIF au catalogue de Statistique Canada, numro 17, tableau A.1.7.

Rôle de la littératie et de l'éducation

Il existe une relation étroite entre le niveau de littératie et la participation des adultes à des activités d'apprentissage. En effet, les adultes des niveaux de littératie les plus élevés affichent des taux de participation à l'apprentissage des adultes nettement supérieurs à ceux des niveaux de littératie les plus bas. Par conséquent, les individus ayant le plus besoin d'apprentissage pour améliorer leurs compétences afin de pouvoir se tailler une place sur le marché du travail sont les moins susceptibles de participer aux possibilités d'éducation et de formation.

Le niveau de scolarité est de loin la meilleure variable explicative de la participation à l'éducation des adultes. Ainsi, plus une personne est instruite, plus la probabilité est grande qu'elle participe à des activités d'éducation et de formation des adultes. Cette relation a été constatée dans toutes les provinces et territoires. Elle est la plus importante à Terre-Neuve et-Labrador, où les diplômés universitaires étaient 10 fois plus susceptibles de prendre part à des formes structurées d'apprentissage des adultes que les personnes sans diplôme d'études secondaires. D'importants écarts dans le taux de participation entre les populations les plus éduquées et les moins éduquées étaient manifestes au Nouveau-Brunswick, au Manitoba, à l'Île du-Prince-Édouard, en Nouvelle-Écosse et au Nunavut.

La relation avec le niveau de scolarité est vérifiée même après prise en compte des différences dans les niveaux de littératie. Les Canadiens détenant au minimum un grade universitaire sont en moyenne trois fois plus susceptibles de prendre part à des activités d'éducation et de formation des adultes que ceux qui n'ont pas de diplôme d'études secondaires.

Le contexte familial joue également un rôle clé. Les auteurs de l'étude indiquent que la relation entre le niveau d'apprentissage d'une personne et son intérêt à participer à un apprentissage formel plus tard dans la vie « reflète un processus de stratification qui commence tôt dans la vie et se poursuit à l'école et jusqu'au travail ».

Par exemple, il existe un lien étroit entre le niveau de compétences en littératie mesuré par l'EIAA et la « culture de littératie » de la famille dans laquelle un individu a grandi. Bien que les racines se développent durant l'enfance, l'intérêt pour l'apprentissage est encouragé dans le cadre du système scolaire. Les mêmes forces sociales et culturelles sous-jacentes à la relation entre la littératie précoce et le contexte familial jouent un rôle dans la répartition du niveau de scolarité et des habitudes de lecture et d'écriture entre les différents groupes socioéconomiques. Par conséquent, par la socialisation à l'intérieur même de la famille, puis à l'école, une disposition favorable à l'éducation des adultes devient une composante de la vie de nombreuses personnes, tandis qu'elle est absente chez les autres.

Des recherches ont démontré que ce qu'une personne espère réaliser dans la vie, particulièrement ses objectifs de scolarité, est souvent transmis par les valeurs des parents, leurs attentes et leur propre niveau de scolarité. Les données de l'ELCA indiquent également que le niveau de scolarité des parents a une grande influence sur la participation des répondants à des activités d'éducation et de formation des adultes. Les « effets intergénérationnels composés du niveau de scolarité sur l'apprentissage des adultes » font que les personnes dont le niveau de scolarité est inférieur à celui de leur mère ou de leur père sont plus susceptibles de participer à des activités d'apprentissage à l'âge adulte que celles dont les parents ont un niveau de scolarité égal au leur. En revanche, les répondants dont les parents ont un niveau de scolarité inférieur au leur sont moins susceptibles de participer que ceux dont les parents ont le même niveau de scolarité qu'eux-mêmes.

Relation entre l'apprentissage des adultes et l'âge

La relation entre la participation à l'apprentissage des adultes et l'âge est complexe. Les économistes soutiennent que la décision de participer à l'éducation et à la formation des adultes est une décision d'investissement, prise dans le but d'accroître les gains. Selon cet argument, il serait plus avantageux pour ces personnes de faire ces investissements le plus tôt possible pour en profiter plus longtemps.

Les experts dans le domaine de l'apprentissage des adultes, quant à eux, affirment que l'apprentissage à l'âge adulte n'est pas uniquement motivé par la possibilité d'augmenter les gains et d'ouvrir les perspectives de carrière, mais que certains adultes s'y engagent par intérêt personnel. Dans ce cas, l'âge jouerait un rôle moins important comme facteur de participation à l'apprentissage des adultes.

L'analyse des données de l'ELCA révèle que, après prise en compte des effets de l'éducation, la participation à la formation est en fait plus élevée dans le groupe d'âge le plus jeune (à l'exclusion des étudiants à plein temps). Autrement dit, le fait d'appartenir au groupe d'âge le plus jeune a plus d'importance que le niveau de scolarité quant à la probabilité de participer à des activités de formation. En revanche, le niveau de scolarité est une valeur explicative plus importante chez les groupes plus âgés.

Cependant, on observe une interaction étroite entre l'éducation et âge. Un rapport fondé sur les résultats de l'Enquête sur l'éducation et sur la formation des adultes (EEFA) de 2003 a démontré que, quel que soit leur âge, les travailleurs ayant un diplôme d'études secondaires ou moins étaient les moins susceptibles d'avoir participé à des activités de formation officielle liées à l'emploi en 2002, le taux de participation s'étant établi à environ 20 % chez les travailleurs de 25 à 54 ans.2 Parallèlement, les travailleurs ayant fait des études universitaires étaient les plus susceptibles d'avoir reçu une formation en 2002, quel que soit leur âge. Les travailleurs de 25 à 34 ans et de 45 à 54 ans présentaient des caractéristiques tout à fait comparables à cet égard, 55 % ou plus d'entre eux ayant participé à des activités de formation officielle liées à leur emploi. Même s'il ne s'établissait qu'à 37 %, le taux enregistré chez les travailleurs de 55 à 64 ans qui ont complété l'université était largement supérieur aux taux observés chez les travailleurs présentant le niveau de scolarité le moins élevé, quel que soit leur âge.

Les changements démographiques qui s'amorcent (baby-boomers vieillissants, nombre croissant de retraités, taille plus faible des générations subséquentes) laissent croire que des pressions croissantes seront exercées pour que les travailleurs plus âgés demeurent plus longtemps sur le marché du travail. Dans ce contexte, il est intéressant d'examiner plus attentivement les tendances de la participation des adultes de 55 ans et plus aux activités d'éducation et d'apprentissage des adultes.

L'analyse montre qu'avec l'âge, comme on pouvait s'y attendre, les Canadiens s'engagent moins dans des activités d'apprentissage et participent encore moins à des formations liées à leur carrière. La participation totale à des formes structurées d'apprentissage diminue rapidement : de 34 % pour les Canadiens de 56 à 60 ans, elle passe à 20 % pour les 61 à 65 ans, à 13 % pour les 66 à 70 ans et à 7 % pour les 71 à 75 ans. La participation pour des raisons d'intérêt personnel prend de l'importance chez les retraités et chez les personnes qui approchent de l'âge de la retraite. Plus de 80 % des participants de plus de 65 ans ont expliqué ainsi leur participation. De même, chez les participants âgés, l'autofinancement devient la principale forme de financement. Plus de 80 % des répondants ont financé leur participation autrement qu'en s'adressant à leur employeur. Ces résultats indiquent que l'apprentissage des Canadiens adultes ne prend pas brusquement fin quand ils quittent le marché du travail; plutôt, l'intensité de leur participation diminue graduellement à mesure que la raison et l'objet de l'apprentissage évoluent.

En général, les caractéristiques des apprenants âgés se rapprochent de celles des participants des autres groupes d'âge. Parmi eux, ceux qui ont un niveau de scolarité élevé sont plus susceptibles de participer à l'apprentissage des adultes. Par exemple, le taux de participation des adultes de 56 à 75 ans qui n'avaient pas terminé leurs études secondaires s'élevait à 8 %, mais celui des diplômés universitaires, à 41 %.

De plus, les adultes âges qui occupaient un emploi, rémunéré ou non, étaient plus nombreux à participer à l'apprentissage des adultes. En effet, les travailleurs âgés avaient un taux de participation de 38 %, tandis que le taux de participation de ceux qui étaient inactifs s'élevait à 12 %. Les membres des familles vivant dans un ménage gagnant plus de 60 000 $ par année étaient plus susceptibles de participer que les membres des ménages à plus faible revenu.

Pour ce qui est du travail non rémunéré, les personnes actives dans des organisations communautaires étaient plus susceptibles de participer à l'apprentissage des adultes. De même, les personnes ayant l'habitude de lire, d'utiliser l'Internet et de se servir d'un ordinateur pour effectuer des tâches non liées à un travail rémunéré participaient plus souvent à toutes les formes d'apprentissage des adultes. Ces résultats indiquent que l'apprentissage des adultes est complémentaire et ne remplace pas la participation à la vie de la société ou à d'autres formes d'activités d'apprentissage autogérées.

Conclusion

Les auteurs du rapport ont également étudié d'autres caractéristiques des apprenants adultes au Canada qui méritent d'être soulignées. L'une d'elles est le sexe, pour laquelle ils n'ont relevé que des différences mineures entre les hommes et les femmes sur le plan de la participation aux activités d'éducation et de formation des adultes. Après prise en compte des effets de l'âge, de la situation d'activité, du niveau de scolarité, des niveaux de compétence en littératie (textes schématiques), du statut d'immigrant et de la profession, on n'observait qu'une légère surreprésentation des hommes dans les activités d'éducation et de formation des adultes.

Un autre facteur important à prendre en considération est le statut d'immigrant. On n'a abordé ce sujet que brièvement, mais on a toutefois indiqué que les immigrants récents (vivant au Canada depuis moins de cinq ans) étaient semblables aux Canadiens de naissance, le taux de participation des deux groupes s'établissant à 52 %. Ce taux était sensiblement plus élevé que celui des immigrants établis (41 %).

Enfin, les auteurs soulignent que l'aide financière de l'employeur joue un rôle central d'encouragement à participer à l'éducation et à la formation des adultes chez la population adulte. Cependant, les taux de participation varient d'un groupe de travailleurs à l'autre. Plus précisément, les travailleurs les moins instruits, quel que soit leur âge, sont aussi les moins susceptibles de participer à des activités de formation. En fait, les tendances en matière de participation aux activités de formation s'équivalent davantage lorsqu'on tient compte de l'éducation que lorsqu'on tient compte de l'âge. En d'autres termes, les preuves recueillies indiquent que la scolarité et l'acquisition de nouvelles compétences grâce à la poursuite de l'éducation et de la formation se renforcent mutuellement.

Références

  1. Rubenson, Kjell, Richard Desjardins and Ee-Seul Yoon. 2007. Apprentissage par les adultes au Canada : Une perspective comparative : Résultats de l'Enquête sur la littératie et les compétences des adultes, numéro 89 552 MIF au catalogue de Statistique Canada, numéro 17, tableau A.1.7, page 87

  2. Valerie Peters. 2004. Travail et formation : premiers rsultats de l'Enqute sur l'ducation et la formation des adultes de 2003, Culture, Tourisme et Centre de la statistique de l'ducation -- documents de recherche. Produit numro 81 595 MIF2004015 au catalogue de Statistique Canada.