4. Les caractéristiques socioéconomiques des consommateurs de biens et services culturels au Canada

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Afin d'avoir une idée de l'importance de la relation entre les niveaux de participation et les caractéristiques socioéconomiques des Canadiens adultes, nous avons choisi d'examiner les effets marginaux (c.-à-d. la variation de la probabilité prédite associée aux fluctuations des variables indépendantes) plutôt que de simplement restreindre notre analyse aux valeurs brutes des paramètres estimés.12 Dans les tableaux 6 et 7, deux séries de probabilités marginales obtenues de nos modèles logistiques stéréotypes ordonnés sont donc reportées pour chaque activité culturelle : (i) variations de la probabilité d'assister à des événements culturels à l'occasion (colonne I); et (ii) variations de la probabilité d'assister régulièrement à des événements culturels (colonne II).13 Nous discutons nos trouvailles séparément pour chacune de nos 11 activités culturelles afin de mettre en exergue les facteurs contextuels importants pour chacune d'elles.

4.1 Représentations théâtrales

Comparativement à l'homme adulte moyen, la femme adulte moyenne est 5,5 % plus susceptible d'assister à des représentations théâtrales à l'occasion, et 2 % plus susceptible de le faire souvent, en supposant que les autres variables demeurent à leur niveau moyen. L'idée que les femmes soient plus susceptibles d'être prédominantes dans les salles de théâtre a également été appuyée par diverses études empiriques (par exemple, voirAteca-Amestoy, 2005; Gray, 2003; Montgomery et Robinson, 2005).

La fréquence de participation à des représentations théâtrales s'accroît avec le niveau d'éducation des parents, ainsi qu'avec celui du partenaire conjugal. En outre, il apparaît que l'effet du niveau de scolarité du conjoint est plus important que celui des parents, puisque la scolarité du conjoint excède celle du père de 57 % pour la participation occasionnelle et de 63 % pour la participation régulière. Similairement, l'effet du niveau de scolarité du conjoint surpasse celui de l'éducation de la mère par 31% chez les individus adultes allant occasionnellement voir des représentations théâtrales, et de 33% chez ceux qui en font de même, mais sous une base plus régulière. Il convient aussi de mentionner que l'influence du niveau de scolarité de la mère domine celle du niveau d'éducation du père par 44 % chez les personnes qui participent à des représentations théâtrales à l'occasion et par 50 % chez ceux sont des participants réguliers.

Dans la lignée des recherches empiriques passées, on s'attendait à ce que les individus issus de familles ayant des revenus élevés soient plus susceptibles que les autres de participer régulièrement aux représentations théâtrales. Comme prévu, l'effet du revenu familial s'est révélé être important pour les différents niveaux de participation : les revenus familiaux plus élevés génèrent une probabilité prédite accrue d'assister à des représentations théâtrales à l'occasion et régulièrement. Par exemple, comparativement aux chômeurs et aux travailleurs des industries primaires, de la transformation ou de la fabrication, les personnes qui œuvrent dans le secteur de la gestion, des affaires, de la finance ou de l'administration sont plus susceptibles d'assister à des représentations théâtrales à l'occasion (8,8 %) et régulièrement (3,7 %). Fait intéressant, nous avons noté que les personnes employées dans la dernière des deux catégories professionnelles susmentionnées, sont les plus susceptibles de s'intéresser le plus aux représentations théâtrales au Canada.

L'âge accroît la probabilité prédite selon laquelle les personnes seront susceptibles d'assister à des représentations théâtrales occasionnellement ainsi que régulièrement. Concernant l'influence du statut matrimonial, nos résultats indiquent que les personnes célibataires sont plus susceptibles que les personnes séparées ou divorcées d'assister à des représentations théâtrales. C'est cependant le cas contraire chez les personnes mariées ou vivant en union libre, comparativement aux personnes divorcées ou séparées. Par ailleurs, plus une personne a d'enfants de 0 à 12 ans, moins elle est portée à assister à des représentations théâtrales, que ce soit à l'occasion ou régulièrement.

4.2 Concerts de musique populaire

Plusieurs caractéristiques personnelles, notamment le revenu familial, la scolarité et la profession, ressortent comme facteurs significativement déterminants de la participation accrue à des concerts de musique populaire. En ce qui concerne spécifiquement l'effet de l'activité économique, nos estimations révèlent que les personnes qui travaillent dans le secteur de la gestion, des affaires, de la finance ou de l'administration sont les plus susceptibles d'assister à des concerts de musique populaire à l'occasion ou régulièrement, comparativement aux chômeurs ou aux personnes qui travaillent dans l'industrie primaire, celle de la transformation ou dans l'industrie de la fabrication.

La participation à des concerts de musique populaire est aussi plus susceptible d' augmenter considérablement chez les personnes ayant des antécédents éducationnels très élevés et chez celles dont le conjoint ou la conjointe a fait des études supérieures. Toutefois, la probabilité de participation à cette activité culturelle augmente de façon plus marquée en fonction du niveau de scolarité du partenaire conjugal qu'avec celui des parents; elle s'accroît en outre davantage en fonction de la scolarité de la mère qu'en fonction de celle du père, peu importe la fréquence à laquelle les personnes sont susceptibles de s'adonner à cette activité culturelle. Comparativement aux personnes divorcées ou séparées, les personnes qui sont mariées, veuves ou qui vivent en union libre sont moins susceptibles d'assister à des concerts de musique populaire à l'occasion ou souvent, tandis que les personnes célibataires sont plus susceptibles de le faire, quelque soit le niveau de participation. La participation à des concerts de musique populaire diminue en fonction de l'âge et du nombre de jeunes enfants à la maison. Les citadins sont plus susceptibles que les résidents de petites villes de prendre part à cette activité. Au niveau régional, les Québécois, les Britanno-Colombiens et les résidents des Prairies sont plus susceptibles que les Ontariens d'assister plus souvent à des concerts de musique populaire.

4.3 Sites historiques

Les hommes sont plus susceptibles que les femmes de visiter des sites historiques, avec l'effet relatif au genre plus marqué pour des visites occasionnelles. Nos résultats révèlent en outre que le revenu familial est un facteur important de la fréquentation des sites historiques, avec les Canadiens adultes vivant dans des ménages à revenu élevé étant plus susceptibles de participer à cette activité culturelle, que ce soit à l'occasion ou régulièrement. De plus, les personnes qui ont un emploi sont plus susceptibles que les autres de visiter régulièrement des sites historiques. Cependant, les personnes travaillant dans le domaine des sciences naturelles et appliquées, dans les métiers de la santé, des sciences sociales et de l'éducation sont les plus à même d'être des visiteurs occasionnels et réguliers des sites historiques.

Avoir des qualifications scolaires avancées, des antécédents familiaux élevés ou un conjoint possédant une éducation universitaire accroît significativement la probabilité de visiter des sites historiques à l'occasion ou de faire pareil de manière très régulière. En comparaison des personnes membres de la population active rémunérée ayant un horaire de travail fixe, les travailleurs autonomes ont une probabilité plus élevée de visiter des sites historiques. Tandis que l'effet positif de la scolarité du conjoint sur la probabilité de s'adonner à cette activité culturelle est plus faible que celui du niveau de scolarité de la mère, il est tout de même plus marqué que l'effet du niveau de scolarité du père, indépendamment de la fréquence de la visite.

Il est statistiquement moins probable que la visite de sites historiques soit fréquente chez les personnes mariées, veuves, célibataires ou vivant en union libre, que chez les gens séparés ou divorcés. En outre, moins il y a d'enfants de 0 à 12 ans dans le ménage, plus forte est la probabilité de visiter occasionnellement ou régulièrement des sites historiques. Les résidents de régions urbaines sont moins susceptibles que ceux des régions rurales d'afficher un taux de participation élevé à cette activité culturelle. Pour ce qui est de l'emplacement régional, les résidents du Canada atlantique sont plus susceptibles que les Ontariens de visiter des sites historiques à l'occasion ou régulièrement. En utilisant l'Ontario comme région de comparaison, nous constatons par ailleurs que les Québécois, les Britanno- Colombiens et les résidents des Prairies sont plus susceptibles de s'adonner à cette activité culturelle.

4.4 Zones protégées et parcs naturels

Il est statistiquement plus probable que les hommes adultes soient plus susceptibles que les femmes adultes, de fréquenter à l'occasion ou régulièrement des zones protégées ou des parcs naturels. Comme on l'avait supposé, il est plus probable que la participation à cette activité culturelle soit plus fréquente chez les personnes : ayant fait des études supérieures; vivant dans des ménages à revenu élevé; dont les parents possèdent des niveaux éducation avancés; dont le conjoint ou la conjointe a un niveau de scolarité universitaire (baccalauréat, maîtrise ou doctorat). Tous ces effets sont manifestes dans les deux niveaux de participation (c.-à-d. occasionnelle et régulière). Par ailleurs, nos résultats révèlent que l'effet niveau de scolarité du conjoint surpasse celui de l'éducation du père de 44,4 % pour les visites occasionnelles et de 87,5 % pour les visites régulières. Il domine aussi l'effet de la qualification éducationnelle de la mère par 33%, indépendamment de la fréquence de visites.

Pendant ce temps, l'effet de la scolarité de la mère supplante celui de l'éducation du père de 17 % pour ce qui est des visites occasionnelles, et de 20 % concernant les visites régulières.

Peu importe l'occupation professionnelle, le fait d'avoir un emploi est positivement corrélé avec des visites plus fréquentes. Toutefois, les employés du domaine des sciences naturelles et appliquées, des métiers de la santé, des sciences sociales et de l'éducation sont les plus susceptibles que les autres de visiter des zones protégées ou des parcs naturels. Toutes choses étant égales par ailleurs, la probabilité marginale de visiter des zones protégées ou des parcs naturels à l'occasion ou sous une base plus régulière est plus élevée chez les travailleurs autonomes que chez les membres de la population active rémunérée ayant à horaire fixe. Les personnes vivant avec un plus grand nombre d'enfants de 0 à 12 ans sont plus susceptibles de visiter des zones protégées ou des parcs naturels à l'occasion ou régulièrement. Inversement cependant, celles qui vivent avec un plus grand nombre d'enfants de 0 à 4 ans sont moins susceptibles d'en faire autant. Additionnellement, notre analyse multivariée montre que le fait d'être marié, de vivre en union libre, d'être veuf ou d'être célibataire diminue la probabilité de visiter des zones protégées ou des parcs naturels à l'occasion ou régulièrement, comparativement au fait d'être séparé ou divorcé. Les résidents des régions urbaines sont moins susceptibles que les résidents des régions rurales de visiter des zones protégées ou des parcs naturels à l'occasion ou très souvent. Enfin, les adultes demeurant dans le Canada atlantique, au Québec et dans les Prairies sont moins susceptibles que les Ontariens de participer occasionnellement ou régulièrement à cette activité culturelle. Il est statistiquement plus probable d'observer le phénomène inverse chez les Britanno-Colombiens, comparativement aux résidents de l'Ontario.

4.5 Galeries publiques et musées d'art

La fréquence des visites de galeries publiques et de musées d'art chez les Canadiens adultes est susceptible de varier en fonction du sexe de l'individu. En effet, les femmes adultes sont plus susceptibles que leurs homologues masculins de visiter ces lieux culturels occasionnellement ou régulièrement. Cependant, l'association entre la fréquence des visites et le sexe n'est pas aussi forte que celle mentionnée dans le cas des représentations théâtrales. La fréquence des visites augmente également avec l'âge, renforçant l'idée selon laquelle les goûts et les individuels pour les activités culturelles « traditionnelles », comme les visites de galeries publiques et de musées, se développent à l'usage (McCain, 1995). Nous avons noté que les personnes vivant dans un ménage composé d'enfants de 0 à 12 ans sont moins enclines à visiter occasionnellement ou fréquemment des galeries publiques et des musées d'art. Ce dernier résultat porterait à croire que la présence de jeunes enfants à la maison restreint peut-être le volume de temps que les gens sont prêts à consacrer aux loisirs se déroulant à l'extérieur de la maison, comme c'est le cas pour les visites de galeries publiques ou de musées d'art.

Dans l'ensemble, on s'attendait à ce que les personnes possédant des qualifications éducationnelles avancées et celles dont le revenu du ménage est plus élevé participent davantage à cette activité. Nos trouvailles ont confirmé nos hypothèses, puisque nous avons noté que les personnes qui sont plus à même de visiter les musées au Canada sont celles dont le revenu familial est très élevé et celles ayant une éducation universitaire. Les recherches empiriques passées ont également démontré que le niveau de scolarité des gens a un effet positif et statistiquement significatif sur leur degré de fréquentation des musées (DiMaggio, 1991; Frey et Meier, 2003). Les personnes dont les parents et le conjoint ont fait des études supérieures sont les plus susceptibles que le reste de la population canadienne adulte, de visiter des musées à l'occasion ou régulièrement. Cependant, l'influence de la qualification éducationnelle du partenaire conjugal excède celui de la scolarité de chacun des deux parents de l'individu d'intérêt. Nos trouvailles indiquent également que l'activité économique a un effet positif et statistiquement signification sur la fréquence des visites de musées ou de galeries publiques par les personnes adultes au Canada.

En ce qui concerne l'effet que le type de profession a sur le degré de participation individuelle à cette activité culturelle, nos estimations suggèrent que les personnes employées dans le domaine des sciences naturelles et appliquées, ainsi que celles occupant une position professionnelle dans les métiers de la santé, de l'éducation et des sciences sociales sont plus susceptibles de visiter des galeries publiques et des musées d'art à l'occasion ou fréquemment, comparativement aux personnes sans emploi ou celles qui travaillent dans l'industrie primaire, dans le secteur de la transformation ou dans l'industrie de la fabrication. Peu importe la fréquence des visites, les personnes ayant un emploi permanent sont moins susceptibles que celles travaillant de manière temporaire, de visiter les galeries publiques et de musées d'arts. En revanche, le fait d'être travailleur autonome augmente la probabilité prédite de visiter des galeries publiques ou des musées d'art, comparativement aux personnes qui ont une occupation professionnelle à horaire fixe. Fait intéressant, ce résultat remet en question l'affirmation de Frey et Meier (2003) selon laquelle, étant donné que le coût d'opportunité du temps des travailleurs autonomes est plus élevé que celui des travailleurs à horaire fixe, ces derniers seront plus prédisposés à visiter des musées plus souvent, toutes autres choses étant égales. Nos résultats peuvent donc être interprétés quelque peu différemment : puisque la participation à cette activité culturelle est grande consommatrice du temps des individus, le fait que les travailleurs autonomes ont plus de contrôle sur leur horaire de travail peut leur donner plus d'occasions de visiter des musées.

Pour ce qui est de l'effet que l'état matrimonial a sur la fréquence des visites aux galeries publiques et aux musées d'arts, nous notons que les personnes mariées, veuves et celles vivant en union libre seront probablement moins portées que les personnes séparées ou divorcées à participer à l'occasion ou sous une base régulière à ce type d'activité culturelle. C'est l'inverse chez les personnes célibataires. Comme on pouvait s'y attendre, les citadins sont plus susceptibles que les personnes habitant une zone rurale de visiter des musées et les galeries d'arts. Au niveau régional, les Ontariens sont moins enclins que les Québécois et les Britanno-Colombiens, et plus enclins que les résidents du Canada atlantique et des Prairies, à visiter des galeries publiques ou des musées d'art à l'occasion ou régulièrement.

4.6 Écoute de musique

Nos résultats révèlent que l'effet du sexe est plus complexe en ce qui concerne l'écoute de musique au Canada. Les hommes sont plus susceptibles que les femmes d'écouter de la musique à l'occasion. Cependant, lorsque les femmes écoutent de la musique, elles sont plus enclines que les hommes à le faire régulièrement. Plusieurs autres résultats valent la peine d'être mentionnés. Par exemple, l'écoute de musique régulièrement augmente avec le revenu du ménage, la scolarité d'une personne ou celle son partenaire conjugal. À l'inverse, elle diminue avec l'âge ou en présence d'enfants à charge à la maison. Concernant les antécédents familiaux, nos trouvailles empiriques suggèrent que le niveau d'éducation des parents accroît la probabilité prédite qu'une personne écoute de la musique régulièrement. Toutefois, nous avons remarqué que l'effet de l'éducation du père surpasse celui de la scolarité de la mère de 83% concernant l'écoute de musique régulière.

Être marié augmente la probabilité d'écouter de la musique à l'occasion, mais diminue la probabilité d'en faire pareil sous une base régulière, tout comme être veuf ou de vivre en union libre, comparativement au fait d'être séparé ou divorcé. Enfin, les Québécois, les Britanno-Colombiens et les résidents du Canada atlantique et des Prairies sont moins susceptibles que les Ontariens d'écouter peu souvent de la musique. Cependant, lorsqu'ils écoutent de la musique, ils sont plus portés que les Ontariens à le faire plus souvent.

4.7 Cinémas et cinéparcs

Les résultats de notre analyse multivariée suggèrent que le revenu du ménage et le niveau de scolarité augmentent significativement la probabilité prédite qu'une personne aille régulièrement au cinéma ou au cinéparc. De plus, nos trouvailles indiquent que les cinéphiles réguliers du Canada sont plus susceptibles d'être de jeunes citadins, comparativement aux s résidents de petites villes. Ces résultats sont très semblables à ceux obtenus par Fernández-Blanco, Prieto-Rodríguez et Oreo Sanchez (2004) pour l'Espagne, et Montgomery et Robinson (2005) pour les États- unis, indiquant un effet semblable du niveau de scolarité et du revenu d'un pays à l'autre. Nos estimations portent donc à croire qu'en ce qui concerne le niveau de scolarité et les gains du ménage, la fréquentation des cinémas et des cinéparcs au sein de la population adulte du Canada n'est pas très différente de ce que l'on retrouve à l'étranger, toutes autres choses étant égales. En moyenne, les employés permanents sont moins susceptibles que les employés temporaires et les étudiants d'aller au cinéma ou au cinéparc. Au même moment, les travailleurs autonomes sont en moyenne plus susceptibles que les travailleurs à horaire fixe de prendre part à cette activité culturelle. En ce qui concerne l'occupation professionnelle de l'individu d'intérêt, il est statistiquement plus probable que les personnes qui travaillent dans des domaines tels que la gestion, les affaires, la finance et l'administration aillent en plus grand nombre au cinéma ou au cinéparc à l'occasion ou régulièrement.

Plus le niveau de scolarité du partenaire conjugal est élevé, plus l'individu adulte sera porté à aller régulièrement au cinéma ou au cinéparc. Pareillement, l'éducation de la mère toute comme celle du père, augmente significativement la probabilité prédite de fréquenter les cinémas et les cinéparcs. Toutefois, l'effet du niveau d scolarité du conjoint ou de la conjointe surpasse celui de l'éducation du père de 40 % pour la participation occasionnelle, et de 33 % pour la participation régulière. Il l'emporte également sur l'effet de la scolarité de la mère, par 40 % pour la participation occasionnelle, et par 85 % pour la participation régulière. Pendant ce temps, l'effet du niveau de scolarité du père est statistiquement équivalent à celui de la qualification éducationnelle de la mère en ce qui concerne la probabilité d'aller au cinéma ou au cinéparc à l'occasion, mais le premier excède le second de 23 % pour la probabilité d'aller voir des films régulièrement.

La présence d'un plus grand nombre d'enfants de 0 à 12 ans à la maison réduit la probabilité prédite d'aller au cinéma ou au cinéparc à l'occasion ou régulièrement. Ce résultat coïncide avec une recherche empirique antérieure effectuée par Montgomery et Robinson (2005) au moyen des données des États-Unis, qui met en exergue une relation négative et statistiquement significative entre le nombre d'enfants à charge à la maison et les chances d'aller voir des films. Des différences concernant la fréquentation des cinémas et des cinéparcs sont également associées à l'état matrimonial de l'individu adulte : le fait d'être marié ou de vivre en union libre diminue la probabilité prédite d'aller voir des films à l'occasion ou souvent, tandis que le fait d'être célibataire ou veuf augmente la probabilité de participer à ces activités, comparativement au fait d'être séparé ou divorcé. Enfin, en utilisant l'Ontario comme province de comparaison, nous constatons que les Québécois, les résidents du Canada atlantique, les Britanno-Colombiens et les résidents des Prairies sont plus susceptibles d'aller voir des films sous une base régulière.

4.8 Vidéos

Pour ce qui a trait au sexe des individus d'intérêt, nos estimations portent à croire que les hommes sont plus susceptibles que les femmes de regarder régulièrement des vidéos. En outre, plus un Canadien adulte a un niveau de scolarité élevé, plus il est susceptible de regarder des vidéos à l'occasion ou régulièrement. De même, nos résultats suggèrent qu'un niveau additionnelle de scolarité du père, de la mère ou du conjoint a un effet positif sur la fréquence à laquelle les personnes regardent des vidéos au cours de l'année. Toutefois, l'influence des compétences éducationnelles du conjoint est en moyenne plus marquée, que celle de la scolarité des parents, peu importe le degré de consommation des commodités culturelles. Par exemple, l'effet de la scolarité du conjoint dépasse celui de la scolarité du père pour le visionnement occasionnel (de 33 %) ou régulier (de 17 %) des vidéos.

L'âge a un effet marginal négatif sur la probabilité de visionnement des vidéos à l'occasion ou régulièrement. Les citadins, les membres de ménages à revenu élevé ainsi que les gens vivant avec un plus grand nombre d'enfants de 5 à 12 ans sont les plus susceptibles de regarder des vidéos à l'occasion ou régulièrement. Inversement, les personnes vivant avec un plus grand nombre d'enfants de 0 à 4 ans sont moins enclines à participer à cette activité culturelle. Les employés du domaine des arts, de la culture, des loisirs, des sports, des ventes et des services sont susceptibles d'être les plus grands consommateurs de vidéos. En ce qui concerne l'état matrimonial, les personnes qui sont séparées ou divorcées sont plus susceptibles que les personnes mariées ou célibataires et moins susceptibles que les personnes veuves de regarder des vidéos à l'occasion ou régulièrement. Nos résultats indiquent que le fait de visionner régulièrement des vidéos est plus susceptible d'être un phénomène urbain. Par ailleurs, les Québécois sont moins susceptibles que les Ontariens de regarder des vidéos régulièrement. En revanche, les résidents du Canada atlantique, les Britanno-Colombiens et les résidents des Prairies sont plus susceptibles que les Ontariens de participer à cette activité à l'occasion ou régulièrement.

4.9 Lecture de livres

Le sexe a une grande incidence sur la lecture de livres comme activité récréative, peu importe le niveau d'intensité : comparativement à l'homme adulte moyen, la femme adulte moyenne est 12 % plus susceptible de lire un livre à l'occasion et 6 % plus susceptible de le faire fréquemment, si l'on suppose que les autres variables demeurent à leur moyenne. Additionnellement, le fait d'avoir une éducation plus avancée ou un revenu du ménage très élevé augmente l'intensité de lecture. L'importance du revenu du ménage dans la lecture de livres a également été constatée dans les recherches passées (par exemple, voir Hjorth-Andersen, 2000; Fishwick et Fitzsimons, 1998; Prieto-Rodríguez, Romero-Jordán et Sanz-sanz, 2004; Ringstad et Løland, 2006). Plus pertinente est probablement l'étude réalisée par Ringstad et Løland (2006), qui s'appuyée sur les informations statistiques recueillies pendant au moins 14 ans auprès de 18 000 ménages norvégiens. Cette étude révèle que les ménages norvégiens à revenu élevé sont environ cinq fois plus susceptibles de lire des livres que les ménages ayant un faible revenu.

Nos résultats indiquent que l'âge est une autre caractéristique qui est associée positivement à la lecture de livres comme activité récréative. Par ailleurs, le fait de vivre dans une région urbaine ou de travailler à son compte augmente la probabilité de lire à l'occasion ou régulièrement. Bien que les employés du domaine des sciences naturelles et appliquées, des métiers de la santé, de l'éducation et des sciences sociales soient les plus susceptibles d'être les plus grands consommateurs de livres dans leurs loisirs, il est intéressant de constater que les travailleurs du domaine des arts, de la culture, des loisirs, des sports, des ventes et des services sont tous moins susceptibles que les chômeurs ou les travailleurs de l'industrie primaire, ceux du secteur de la transformation ou de la fabrication, de lire des livres comme activité de loisirs, peu importe la fréquence.

En ce qui concerne le niveau de scolarité des parents, nos trouvailles empiriques suggèrent qu'un niveau d'études supplémentaire de la mère ou du père accroît la probabilité prédite qu'un Canadien adulte lise des livres à l'occasion ou régulièrement, tout comme un niveau d'études supplémentaire du conjoint. Cependant, l'effet de la qualification éducationnelle du partenaire conjugal dépasse celui de la scolarité de la mère de 16 % dans le cas de la lecture occasionnelle des livres et de 17 % pour la lecture fréquente de livres. De même, l'effet de la scolarité du conjoint est plus marqué que celui de la scolarité du père de 75 %, peu importe le degré d'intensité. Pour ce qui à trait à l'état matrimonial, nos résultats suggèrent que les personnes mariées, veuves et celles vivant en union libre sont moins susceptibles que les personnes séparées ou divorcées de lire souvent, tandis que les personnes célibataires sont plus susceptibles de le faire. Au niveau régional, les Britanno-Colombiens sont plus susceptibles que les Ontariens de lire sur une base régulière, tandis que les Québécois sont moins susceptibles de le faire.

4.10 Fréquentation des bibliothèques

En terme d'effets marginaux, en comparaison avec l'homme adulte moyen, la femme adulte moyenne est 3,5 % plus susceptible de fréquenter occasionnellement des bibliothèques et 6 % plus susceptibles de le faire sur une base plus régulière. Comme on aurait pu s'y attendre, la probabilité prédite d'aller à la bibliothèque est associée positivement au niveau de scolarité et au revenu familial, peu importe la fréquence. Aussi, les personnes qui vont souvent à la bibliothèque sont plus susceptibles d'être jeunes, de vivre dans des ménages composés de peu d'enfants de 0 à 4 ans et de plus d'enfants de 5 à 12 ans et font partie d'une classe de revenu élevée.

Le fait d'avoir des parents qui ont fait des études supérieures augmente le degré de fréquentation des bibliothèques, tout comme le fait d'avoir un partenaire conjugal avec un niveau de scolarité élevé. Bien que le capital social d'une personne semble avoir une grande incidence sur sa fréquence d'utilisation des services de bibliothèque, il convient de souligner que l'effet de la scolarité du conjoint ou de la conjointe dépasse l'influence celle du père de 77 % pour l'utilisation occasionnelle et de 75 % pour l'utilisation régulière. Cependant, l'effet du niveau de scolarité élevé du père sur la probabilité d'aller occasionnellement ou régulièrement à la bibliothèque est statistiquement équivalent à l'effet du niveau de scolarité élevé de la mère.

La situation sur le marché du travail est également importante : notre analyse multivariée révèle que les employés permanents sont moins susceptibles que les employés temporaires ou les étudiants de fréquenter assidûment les bibliothèques. En outre, nos estimations indiquent que les chômeurs et les personnes qui travaillent dans l'industrie primaire, dans le secteur de la transformation ou de la fabrication sont plus susceptibles d'aller à la bibliothèque, peu importe le niveau d'intensité. De plus, l'état matrimonial continue d'être un facteur important, avec les Canadiens célibataires étant plus susceptibles que les personnes divorcées ou séparées de visiter des bibliothèques, tandis que c'est le contraire est vrai pour les personnes mariées ou vivant en union libre; ce dernier groupe est moins susceptible que la population divorcée ou séparée de fréquenter des bibliothèques.

4.11 Lecture de revues

Nos estimations suggèrent une différence significative entre les sexes lorsqu'il s'agit de l'intensité de lecture de revues. En effet, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de lire des revues à l'occasion ou régulièrement. Les personnes qui ont un niveau de scolarité avancé et celles dont le revenu du ménage est élevé sont plus susceptibles que les autres de lire régulièrement des revues. Par ailleurs, les Canadiens adultes vivant avec des enfants de 0 à 12 ans sont plus susceptibles d'afficher de faibles niveaux d'intérêt pour la lecture de revues.

Concernant le niveau de scolarité des parents et du conjoint, nos résultats montrent qu'une un niveau d'études supplémentaire du père, de la mère ou du conjoint a un effet positif sur la probabilité prédite de lire des revues, peu importe la fréquence. De plus, les personnes qui lisent régulièrement des revues sont plus susceptibles d'être des travailleurs autonomes ou des individus employées dans le domaine de la gestion, des affaires, de la finance ou de l'administration. Contrairement à Escardíbul etVillaroya (2007), qui ont constaté qu'en Espagne, les lecteurs réguliers de revues étaient souvent plus âgés, nous avons noté que l'âge a un effet neutre sur la probabilité prédite de lire des revues. Enfin, concernant l'effet de l'emplacement géographique, nous avons constaté que comparativement aux Ontariens, les Québécois et les résidents du Canada atlantique sont moins susceptibles, tandis que les Britanno-Colombiens et les résidents des Prairies sont plus susceptibles de lire régulièrement des revues.