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    Culture, tourisme et Centre de la statistique de l'éducation

    Le paradoxe du faible revenu de diplômés de l'enseignement supérieur : Les diplômés du collège et de l'université avec de faibles revenus, Ontario, 2006

    Section 7 : Conclusion

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    Dans la présente étude, nous avons examiné les populations très scolarisées de l'Ontario et de l'ensemble du Canada qui gagnaient un faible revenu en 2006 : qui elles sont et ce qu'elles font. Le point de départ de cette étude a été le fait que le Canada et l'Ontario devançaient plusieurs pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) au chapitre du pourcentage de diplômés des niveaux collégial et universitaire âgés de 25 à 64 ans et touchant un revenu non nul qui, en 2006, gagnaient moins de la moitié du revenu d'emploi médian national. Ce constat a soulevé des questions au sujet de ces personnes à faible revenu possédant une formation postsecondaire et des facteurs qui permettraient d'expliquer leur situation de faible revenu.

    Nous remarquons d'abord que dans l'ensemble, malgré ce classement international, les diplômés ontariens des niveaux collégial et universitaire qui sont occupés sont sous-représentés dans la catégorie des revenus les plus faibles et surreprésentés dans les deux catégories des revenus les plus élevés. Ce fait confirme la perception très répandue selon laquelle un diplôme d'études postsecondaires est toujours avantageux au Canada.

     Dans l'ensemble de la population active, l'effet du sexe apparaît comme un facteur statistiquement significatif. Il était le plus faible lorsqu'on tenait compte de l'horaire de travail; le nombre relativement élevé de femmes qui travaillent à temps partiel expliquerait donc en partie l'effet du sexe. Ce dernier était le plus marqué lorsqu'on tenait compte du statut de travailleur indépendant, l'effet étant plus faible en Ontario que dans l'ensemble du pays. Toutefois, si l'on considère uniquement les personnes possédant une formation postsecondaire au sein de la population active de l'Ontario, l'effet du sexe reste significatif lorsqu'on tient compte des caractéristiques démographiques, de la scolarité et du domaine d'études, mais n'est plus significatif dans le modèle qui tient compte de l'effet de l'horaire de travail, ni dans le modèle final qui tient compte de tous les facteurs. Ce n'est pas le cas à l'échelle du Canada, où les femmes risquent nettement plus que les hommes d'appartenir à la catégorie des revenus les plus faibles dans tous les modèles.

    De même, l'âge ne constituait pas un facteur significatif en Ontario, alors qu'à l'échelle du Canada, les personnes âgées de 55 à 59 ans et de 60 à 64 ans au sein de la population active étaient plus susceptibles que le groupe de référence (les personnes de 45 à 49 ans) d'appartenir à la catégorie des revenus les plus faibles. C'était également le cas des personnes âgées de 60 à 64 ans dans le sous-groupe des diplômés de niveau postsecondaire au sein de la population active à l'échelle du pays.

    Enfin, en Ontario comme à l'échelle du Canada, si l'effet du statut de nouvel immigrant était significatif parmi l'ensemble de la population active, il ne l'était plus lorsqu'on tenait compte uniquement de la population active possédant une formation postsecondaire.

    Autre constatation digne de mention : dans l'ensemble de la population active canadienne, le niveau de scolarité avait des effets marqués; les personnes ayant fait au plus des études secondaires étaient plus susceptibles de gagner un faible revenu que les diplômés de niveau secondaire ou d'une école de métiers, alors que les diplômés de niveau collégial en étaient moins susceptibles et les diplômés universitaires, encore moins. Ce n'était pourtant pas le cas en Ontario où, selon la seule constatation statistiquement significative, les diplômés universitaires risquaient beaucoup moins que les autres travailleurs d'appartenir à la catégorie des revenus les plus faibles. L'avantage relatif des diplômés universitaires sur les diplômés de niveau collégial se vérifiait aussi au sein de la population active possédant une formation postsecondaire, les ratios de probabilité des diplômés universitaires étant beaucoup plus faibles de ceux des diplômés de niveau collégial en Ontario comme à l'échelle du Canada.

    Dans l'ensemble, le principal facteur lié à la probabilité d'appartenir à la catégorie des revenus les plus faibles tient à la nature de l'activité d'une personne sur le marché du travail. Pour tous les soutiens économiques, les deux plus importants prédicteurs d'un revenu inférieur à la moitié du revenu d'emploi médian national étaient les suivants : le travail ne constituait pas leur activité principale pendant l'année et il s'agissait de travailleurs indépendants.

    Parmi la population ayant fait des études universitaires, 42 %1 des personnes à faible revenu en Ontario ont déclaré une activité autre que le travail comme activité principale pendant l'année, tout en déclarant toucher un certain revenu d'emploi. De plus, 24 % étaient des travailleurs indépendants et 7 % étaient des travailleurs indépendants dont le travail ne constituait pas l'activité principale. Après neutralisation de tous les travailleurs indépendants et soutiens économiques inactifs dans la population de diplômés universitaires à faible revenu, il restait 28 % des répondants, ce qui représente environ 5 % de l'ensemble des diplômés universitaires en Ontario en 2006.

    Parmi la population possédant une formation collégiale, 34 % des personnes à faible revenu en Ontario ont déclaré une activité autre que le travail comme activité principale pendant l'année, 30 % étaient des travailleurs indépendants et 3 % étaient des travailleurs indépendants dont le travail ne constituait pas l'activité principale. Il reste donc 33 % du groupe à faible revenu, qui représente 8 % des diplômés ontariens de niveau collégial appartenant à la catégorie des revenus les plus faibles en 2006.

    Le fait que l'Ontario (et le Canada) occupent un rang élevé par rapport à d'autres pays de l'OCDE quant à la proportion de travailleurs possédant une formation postsecondaire et touchant moins de la moitié du revenu d'emploi médian national soulève donc un certain nombre de questions. Les diplômés canadiens de niveau postsecondaire qui déclarent un revenu d'emploi sont-ils plus susceptibles que les travailleurs d'autres pays de déclarer une activité autre que le travail comme activité principale pendant l'année? Il serait utile que de futures études établissent une comparaison internationale des caractéristiques des personnes très scolarisées à faible revenu afin de déterminer dans quelle mesure les écarts en ce qui concerne l'activité sur le marché du travail contribuent à cette situation.

    Les constatations de la présente étude soulèvent également des questions concernant l'uniformité des méthodes de déclaration statistique dans un contexte international. Les pays déclarent-ils tous l'information de la même manière? Les autres pays incluent-ils tous les travailleurs indépendants dans leurs statistiques, par exemple? Incluent-ils toutes les personnes dont le travail ne constituait pas l'activité principale pendant l'année? Les réponses à ces questions permettraient de mieux situer l'Ontario et le Canada dans le contexte international. Chose certaine, lorsqu'on se penche uniquement sur les diplômés de niveau universitaire et collégial dont le travail constituait l'activité principale pendant l'année, les proportions de personnes à faible revenu sont beaucoup plus faibles, ce qui jette un éclairage très différent sur la situation qui existe en Ontario et au Canada comparativement aux autres pays.


    Note

    1. Ce pourcentage (43 %) diffère de celui mentionné plus tôt (49 %) pour les personnes à faible revenu ayant déclaré que le travail ne constituait pas leur activité principale. C'est que les 49 % mentionnés auparavant comprenaient les personnes ayant déclaré qu'elles étaient des travailleurs indépendants et que le travail ne constituait pas leur activité principale. En additionnant 43,3 % (inactifs) et 5,3 % (inactifs et travailleurs indépendants), on obtient donc le même pourcentage d'inactifs que celui mentionné auparavant (49 %)
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