Chapitre 1 : Introduction

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Le succès sur le marché du travail des immigrants au Canada a suscité l'intérêt des chercheurs et des intervenants de toutes sortes puisque le Canada accorde la résidence permanente aux migrants internationaux de presque toutes les parties du monde. Cependant, au cours des deux dernières décennies, ce sujet est devenu une préoccupation majeure pour les responsables de politiques publiques en plus de faire l'objet d'une analyse systématique comme l'atteste une vaste littérature empirique récente (voir par exemple, Picot, 2008; Picot, Hou et Coulombe, 2007; Frenette et Morissette, 2003). Pourquoi le succès sur le marché du travail des immigrants canadiens de long terme est-il important? Est-il simplement question d'équité sociale ou s'agit-il d'un optimum désirable du point de vue du soutien de la croissance économique du Canada à long terme?

Il existe au moins deux raisons pour lesquelles le succès des immigrants sur le marché du travail canadien est à la fois économiquement et socialement désirable. Premièrement, avec des revenus d'emploi adéquats, les immigrants peuvent améliorer leurs conditions de vie ainsi que celles de leur parenté. Deuxièmement, étant donné les conséquences actuelles des changements technologiques ainsi que la hausse de l'importance des activités basées sur le savoir dans presque tous les pays industrialisés, une meilleure utilisation des qualifications des immigrants peut soutenir la croissance économique canadienne au fil du temps.1 Cette étude contribue au débat sur les conditions des immigrants canadiens hautement instruits sur le marché du travail en examinant la valeur accordée par les marchés canadiens aux titres scolaires acquis à l'étranger.

À la suite du travail précurseur de Chiswick (1978), plusieurs recherches empiriques portant sur l'immigration expliquent les différences concernant la façon dont les immigrants évoluent sur les marchés du travail des pays hôtes par des différences de transférabilité internationale des compétences acquises au sein du système d'éducation dans le pays source (pour des sources internationales, voir par exemple Chiswick et Miller (2008 et 2009) pour les États-Unis; Liebig (2007) pour l'Australie; le chapitre 2 du présent rapport pour les sources canadiennes). Il est de plus en plus soutenu dans la littérature que, puisque chaque système éducatif national possède des composantes spécifiquement locales et certaines pouvant être facilement transférables dans d'autres contextes, le succès d'un immigrant typique internationalement instruit dans son pays d'accueil sera déterminé par l'importance relative de ces deux composantes dans son éducation prémigratoire. Autrement dit, les immigrants ayant une formation prête à être transférée internationalement connaîtront rapidement un succès économique dans le pays de destination comparés à ceux dont la formation est spécifique au pays d'origine ou d'obtention du diplôme.2

En s'appuyant sur cette hypothèse, la présente étude tire profit des renseignements collectés pour la première fois lors du Recensement de la population canadienne de 2006 sur le lieu (ou le pays) dans lequel les individus ont terminé leur plus haut niveau d'éducation postsecondaire. Les analyses multivariées sont utilisées pour examiner si et comment la provenance des titres scolaires influe sur le succès des immigrants internationalement instruits sur le marché du travail. La présente étude est principalement motivée par deux arguments avancés par des auteurs tels que Ferrer et Riddell (2008) et Nekby (2002). Selon Ferrer et Riddell (2008), qui ont étudié les tendances d'emploi dans l'économie canadienne, l'employeur éventuel moyen utiliserait des renseignements sur le lieu d'éducation d'un postulant comme un mécanisme de sélection ou un indicateur des compétences perçues puisque les renseignements relatifs à la productivité des immigrants internationalement instruits sont généralement coûteux à obtenir, surtout lorsque ces immigrants entrent pour la première fois sur les marchés du travail canadiens. Nekby (2002) soutient que, dans une économie d'accueil typique dans laquelle plusieurs sources d'immigration interviennent, l'employeur éventuel moyen serait plus à même de « reconnaître et d'accepter les acquis étrangers provenant des régions à proximité du pays d'accueil, tandis qu'il pourrait avoir des doutes quant à la valeur des caractéristiques reliées au travail et des acquis des immigrants issus de régions culturellement et géographiquement plus distantes ».

Pour la plupart des immigrants ayant choisi de participer aux marchés du travail canadiens avec des acquis éducatifs étrangers, il y a de grandes chances que les choix éducatifs aient été déterminés par des dynamiques de marché du travail à l'extérieur du Canada. Il se pourrait aussi que pour bon nombre d'immigrants, les systèmes éducatifs fréquentés à l'étranger ne soient pas nécessairement similaires au système éducatif canadien en termes d'aspects formels et informels de l'éducation. Ainsi, si les employeurs canadiens éventuels font usage de renseignements sur le niveau d'éducation pour trier les participants au marché du travail selon le degré de productivité et les rémunérer conséquemment, certains immigrants instruits à l'étranger avec le même niveau de scolarité s'en sortiront mieux que d'autres dans ce groupe. La différence serait déterminée, en partie du moins, par la façon dont les employeurs éventuels perçoivent l'applicabilité des compétences acquises au sein des systèmes éducatifs internationaux dans l'économie canadienne. En d'autres termes, la capacité des immigrants internationalement instruits à convertir avec succès leurs acquis éducatifs en emploi et revenus salariaux après leur admission au Canada serait déterminée d'une certaine manière par les similarités ou les différences entre les systèmes éducatifs fréquentés à l'étranger et ceux du Canada.

Il faut prendre en considération pour la présente étude que la population immigrante au Canada provient de plus en plus de l'Europe de l'Est, de l'Asie du Sud, de l'Asie de l'Est, de l'Asie de l'Ouest et de l'Afrique, des régions considérées jusqu'au milieu des années 1980 comme des sources non traditionnelles de l'immigration canadienne (Picot, 2008).3 En outre, l'immigration permanente est actuellement la principale source de la croissance démographique au Canada et de très récentes projections de la population indiquent qu'en 2031, 46 % des Canadiens de 15 ans et plus seront nés à l'étranger ou auront au moins un parent né à l'étranger, comparativement à 39 % en 2006 (Statistique Canada, 2008 et 2010).

Le reste du présent rapport s'organise comme suit. Le chapitre 2 résume les résultats de la recherche empirique sur le sujet. Le chapitre 3 discute de l'importance de la recherche et le chapitre 4 présente les données utilisées. Les statistiques descriptives sont examinées au chapitre 5. Le chapitre 6 décrit la méthodologie utilisée dans l'analyse multivariée. Les résultats multivariés sont examinés au chapitre 7 tandis qu'une analyse de sensibilité est effectuée au chapitre 8. Le chapitre 9 discute des répercussions générales de nos résultats clés et présente des limites de notre étude ainsi que les besoins de recherches ultérieures. Le mot de la fin est offert au chapitre 10.


Notes

  1. Il a été suggéré par exemple que, le succès de l'intégration des immigrants de long terme hautement instruits aux marchés du travail du pays d'accueil peut y alléger la pénurie anticipée de travailleurs qualifiés dans les industries clés en plus d'y prévenir l'inflation salariale potentiellement nuisible à la compétitivité de l'économie nationale (voir par exemple, Kahn, 2004; Hansen, 1993). En outre, un rapport récent du Conference Board of Canada fait observer que chaque point de pourcentage de croissance de l'immigration canadienne stimule la valeur de ses importations et de ses exportations de 0,21 % et de 0,11 % respectivement et que l'immigration soutient l'innovation et les investissements directs étrangers au Canada (The Conference Board of Canada, 2010).
  2. Il vaut la peine de mentionner que l'imparfaite transférabilité du capital humain (c.-à-d. l'éducation ou l'expérience) à travers les marchés du travail n'a pas seulement été associée aux différences dans les aspects formels des systèmes éducatifs. Elle a été alternativement reliée aux barrières à l'entrée dans des professions spécifiques et la discrimination économique contre les immigrants (voir par exemple, Baker et Benjamin, 1994; Pendakur et Pendakur, 1998 et 2002b).
  3. De 1981 à 2001, par exemple, la proportion d'immigrants venant de l'Europe de l'Est, de l'Asie du Sud (Inde, Pakistan), de l'Asie de l'Est (Chine, Corée et Japon), de l'Asie de l'Ouest (Iraq, Iran et Afghanistan) et de l'Afrique est passée de 35 % à 72 % (Picot, 2008).
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