Chapitre 2 : Revue de littérature

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La mesure dans laquelle les différences dans les compétences acquises à travers le système éducatif postsecondaire du pays d'origine ou d'obtention du diplôme influent sur le succès des immigrants sur le marché du travail canadien a généré un intérêt croissant parmi les économistes, les psychologues, les sociologues ainsi que les anthropologues. Bien que les études empiriques ne foisonnent pas, elles démontrent une extrême sensibilité des perspectives d'emploi et des revenus salariaux des immigrants à la provenance de leur capital humain (c.-à-d. leur éducation ou leur expérience professionnelle).

Par exemple, dans une étude analytique récente, Plante (2010) a trouvé que les immigrants ayant terminé leur plus haut niveau d'études postsecondaires au Canada possèdent des revenus d'emploi nettement supérieurs à ceux de la quasi-totalité des immigrants internationalement instruits, même après la prise en compte de l'influence de la cohorte d'immigration, du sexe, de la province de résidence et du nombre d'heures travaillées. Elle attribue ce résultat, en partie du moins, à la faible transférabilité internationale des compétences acquises lors de l'éducation des immigrants établis provenant de certains pays.

Mata (2008) a examiné la relation entre le lieu d'achèvement du plus haut niveau d'études postsecondaires et les résultats sur le marché du travail des immigrants au Canada et en est arrivé à une conclusion similaire, soit que les immigrants ayant terminé leur plus haut niveau d'éducation postsecondaire au Canada ont des taux d'emploi et de participation au marché du travail plus élevés que les immigrants instruits en dehors du Canada. Cependant, Mata a aussi trouvé que les immigrants qui ont terminé leur formation postsecondaire dans les pays occidentaux comme la France et l'Allemagne ont de meilleurs taux d'emploi que les immigrants hautement instruits en Chine, au Pakistan ou en Corée du Sud. Gilmore et Le Petit (2008) arrivent à des conclusions semblables.

Ferrer, Green et Riddell (2006), Alboim, Finnie et Meng (2005), Sweetman (2004) et Sweetman et McBride (2004) ont aussi documenté des variations dans le succès économique des immigrants internationalement instruits. En particulier, Ferrer, Green et Riddell montrent que l'éducation et l'expérience canadiennes sont plus rémunérées sur le marché du travail canadien que leurs équivalences étrangères. Ils attribuent ce résultat en partie du moins au fait que les immigrants instruits à l'étranger seraient dénués de solides compétences linguistiques françaises ou anglaises en écriture et en lecture. Alboim, Finnie et Meng montrent que le capital humain acquis par les immigrants avant leur arrivée au Canada possède une valeur économique moindre que celui des Canadiens de naissance à qualifications similaires. Cependant, il est comparable en termes de revenus d'emploi, au capital humain acquis par les immigrants après leur acceptation par le Canada.

Sweetman a trouvé que dans les marchés du travail canadiens, les immigrants issus de pays affichant les scores moyens les plus élevés aux tests internationaux des compétences cognitives obtiennent de meilleurs revenus salariaux que tous les autres immigrants, même après la prise en compte du sexe et du niveau d'éducation. Finalement, Sweetman et McBride démontrent que les immigrants avec un diplôme canadien obtiennent de meilleurs résultats sur le marché du travail en termes de revenus salariaux, d'heures travaillées par semaine et de semaines travaillées par année que les immigrants internationalement instruits. Ils en concluent que, considérant l'éducation acquise, la scolarité canadienne joue un rôle crucial dans la réussite de l'intégration économique des immigrants au Canada parce qu'une année de scolarité complètée dans la plupart des nouveaux pays sources de l'immigration canadienne n'équivaut pas nécessairement à une année de scolarité au Canada.

La performance des immigrants sur les marchés du travail du Canada a aussi été examinée en termes d'adéquation entre la profession postmigratoire, le niveau d'éducation et le domaine d'études. Par exemple, Zietsma (2010) a analysé la mesure dans laquelle les immigrants dont le domaine d'études postsecondaires conduit normalement aux professions règlementées travaillaient en effet dans de telles professions. Selon ses résultats, les immigrants sont moins susceptibles que les Canadiens de naissance de travailler dans des professions règlementées pour lesquelles ils ont été formés. Pareillement, Boyd et Schellenberg (2007) ont démontré que les immigrants récents dont la formation en ingénierie ou en médecine a été achevée dans un établissement étranger sont moins susceptibles que les Canadiens de naissance avec une éducation similaire obtenue au Canada d'occuper une position professionnelle correctement assortie à leurs titres scolaires. Ces auteurs ont cependant démontré que parmi les docteurs et les ingénieurs instruits à l'étranger, l'inadéquation entre l'éducation et l'emploi est plus susceptible de s'amplifier chez ceux qui ont été formés en Asie du Sud-ouest ou en Asie de l'Est, comparativement à ceux qui ont reçu le même diplôme dans un établissement européen ou sud-asiatique.

À la suite de l'examen de l'inadéquation entre les études et la profession chez les immigrants très récents ayant un diplôme universitaire, Galarneau et Morissette (2004) ont conclu que les immigrants originaires de l'Asie du Sud et de l'Asie du Sud-ouest sont plus susceptibles d'occuper des positions professionnelles nécessitant tout au plus un diplôme d'études secondaires, tandis que ceux qui sont moins susceptibles de le faire proviennent d'Amérique du Nord, de l'Europe du Nord, de l'Europe de l'Ouest ou de l'Océanie. Boyd et Thomas (2001) ont trouvé que parmi les résidents permanents canadiens ayant étudié l'ingénierie, les immigrants avec une éducation étrangère sont plus susceptibles d'être inactifs et moins susceptibles de trouver un emploi rémunéré, comparativement aux Canadiens de naissance ou aux immigrants avec un diplôme canadien.

Leurs résultats suggèrent par ailleurs que lorsqu'ils ont un emploi payant, les ingénieurs instruits à l'étranger sont beaucoup moins susceptibles de travailler dans une profession à la mesure de leurs compétences. Plante (2010) a démontré que peu importe la durée de résidence et le lieu des études postsecondaires étrangères, les immigrants internationalement instruits ont de faibles taux d'adéquation entre l'éducation et l'emploi par rapport à leurs homologues instruits au Canada et les Canadiens de naissance. Enfin, Sweetman et McBride (2004) ont démontré que, dans les domaines d'études les plus payants (comme les sciences et la technologie), la rémunération des immigrants avec une éducation canadienne est plus proche de celle des Canadiens de naissance que de celle des immigrants avec une éducation étrangère. À l'opposé, les immigrants instruits internationalement possèdent, en moyenne, de meilleurs revenus d'emploi que les Canadiens de naissance et les immigrants à scolarité canadienne pour ce qui est des domaines d'études les moins payants (comme les arts et les lettres).

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