Section 4
Situation d'emploi no1 – Concordance études-compétences professionnelles

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L'intégration réussie des immigrants au marché du travail canadien présente un intérêt pour le grand public de même que pour les immigrants actuels et futurs. Le plein épanouissement économique du Canada exige que les immigrants puissent mettre à profit leurs compétences et leur expérience sur le marché du travail canadien.

Comme nous l'avons précisé à la section précédente, seuls les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, ne fréquentant pas l'école en 2006 et ayant déclaré être titulaires d'un diplôme d'études postsecondaires dans un domaine conduisant normalement à l'une des professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC ont été retenus dans la présente analyse. Par souci de simplicité, ces personnes sont désignées par les expressions « travailleurs rémunérés » ou « personnes travaillant à temps plein toute l'année contre rémunération », selon la situation d'emploi examinée.

4.1 Profil des immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération

Pour comprendre l'intégration au marché du travail canadien des immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération, il importe avant tout de bien connaître la taille et les caractéristiques de cette population par rapport à celles des immigrants formés au Canada et des Canadiens de naissance travaillant contre rémunération et ayant fait des études postsecondaires.

Caractéristiques sociodémographiques

Un immigrant formé à l'étranger travaillant contre rémunération sur deux a déclaré être établi au pays depuis plus de dix ans

En 2006, environ 617 900 immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération âgés de 25 à 64 ans et ne fréquentant pas l'école ont déclaré être titulaires d'un diplôme d'études postsecondaires dans un domaine conduisant normalement à l'une des professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC. Comme le montre le tableau 4.1, la plus forte proportion de ces immigrants formés à l'étranger (50 %) ont déclaré être établis au pays depuis plus de dix ans (c'est-à-dire des immigrants de longue date). Ils étaient suivis des immigrants très récents (27 %) et des immigrants récents (22 %).

Tableau 4.1 Caractéristiques sociodémographiques des travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans ayant fait des études postsecondaires, selon le statut d'immigrant, la région d'études et la période d'établissement, Canada, 2006

Les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération comprennent une proportion plus forte d'hommes que de femmes

Tandis qu'aucune différence n'était observée entre la proportion d'hommes et la proportion de femmes chez les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération âgés de 25 à 64 ans en 2006, les travailleurs rémunérés immigrants comprenaient une proportion plus importante d'hommes que de femmes, soit 57 % par rapport à 43 % pour les immigrants formés à l'étranger et 54 % par rapport à 46 % pour les immigrants formés au Canada (tableau 4.1).

Plus de six immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération sur dix faisaient partie du groupe d'âge le plus actif (35 à 54 ans)

Comme le montre le tableau 4.1, une proportion plus importante d'immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération (65 %) faisaient partie du groupe d'âge le plus actif (35 à 54 ans) en 2006 par rapport à leurs homologues formés au Canada (59 %) et aux Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires (61 %). L'autre tranche de 35 % se répartissait entre le groupe des 55 à 64 ans (20 %) et celui des 25 à 34 ans (15 %). Les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération étaient également plus susceptibles (83 %) que les immigrants formés au Canada (69  %) et que les Canadiens de naissance (69 %) d'être mariés ou de vivre en union libre.

Caractéristiques relatives aux études

Les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération sont très scolarisés

Les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération faisant partie du principal groupe d'âge actif (25 à 64 ans) sont très scolarisés. En fait, comme le montrent les données du Recensement de 2006, environ sept immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération sur dix ont déclaré avoir terminé des études universitaires, ce qui est nettement supérieur aux proportions observées chez leurs homologues formés au Canada (50 %) et chez les Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires (40 %) (tableau 4.2).

Tableau 4.2 Caractéristiques relatives aux études des travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans ayant fait des études postsecondaires, selon le statut d'immigrant, la région d'études et la période d'établissement, Canada, 2006

Proportion plus élevée de titulaires d'un grade universitaire chez les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération établis au Canada depuis moins de dix ans

La forte proportion d'immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération et possédant un grade universitaire est surtout attribuable aux immigrants très récents (84 %) et récents (80 %). Dans une moindre mesure (59 %), les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération et établis au Canada depuis plus longtemps étaient aussi plus susceptibles que leurs homologues formés au Canada ou que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération et ayant fait des études postsecondaires de déclarer être titulaires d'un grade universitaire. En outre, les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération étaient proportionnellement beaucoup moins nombreux (30 %) que leurs homologues formés au Canada (50 %) et que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération et ayant fait des études postsecondaires (60 %) à déclarer un diplôme d'études collégiales ou d'une école de métiers comme plus haut niveau d'études postsecondaires (tableau 4.2). Cela témoigne en partie du fait que, au Canada, le secteur collégial est hautement développé, tandis que la plupart des autres pays n'offrent pas de diplôme au niveau collégial.

Forte proportion de diplômés du niveau postsecondaire provenant d'Asie

Comme cela était à prévoir, les principales régions où les immigrants très récents et récents formés à l'étranger et travaillant contre rémunération ont obtenu leur plus haut niveau de scolarité étaient fort semblables à celles d'où ils étaient originaires : Asie orientale, Asie du Sud-Est, Europe orientale, Asie méridionale et Europe septentrionale (voir la liste des pays correspondant à ces régions d'études à l'annexe 1) (tableau 4.2).

Quatre immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération sur dix ont déclaré être titulaires d'un diplôme d'études postsecondaires conduisant à des professions en sciences naturelles et appliquées

La plus forte proportion d'immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération (41 %) avaient suivi des programmes d'enseignement conduisant à des professions en sciences naturelles et appliquées (ingénieurs, techniciens en génie et architectes). Venaient ensuite les programmes conduisant à des professions dans le domaine des affaires, de la finance et de l'administration (23 %), en sciences sociales, en enseignement, dans les administrations publiques et en religion (13 %) ainsi qu'en santé (10 %). Environ 7 % de ces répondants ont déclaré être titulaires d'un diplôme d'études postsecondaires conduisant à des professions dans le domaine des métiers, du transport et de la machinerie de même que dans les professions connexes, tandis que la tranche restante de 6 % se répartissait presque également entre des professions dans les domaines des arts, de la culture, des sports et des loisirs (3 %), d'une part, et des professions dans le domaine des ventes et des services (3 %), d'autre part (tableau 4.2).

Province, territoire et lieu de résidence

La vaste majorité des immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération ont déclaré vivre dans les trois provinces les plus populeuses

La vaste majorité (86 %) des immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération ont déclaré vivre dans les trois provinces les plus populeuses, soit l'Ontario, la Colombie-Britannique et le Québec. Comme le montre le tableau 4.3, l'Ontario à lui seul accueillait plus de la moitié de ces immigrants (57 %), suivi de la Colombie-Britannique (18 %) et du Québec (12 %). À 10 %, l'Alberta occupait le quatrième rang pour ce qui est de la proportion d'immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération âgés de 25 à 64 ayant déclaré être titulaires de titres de compétences conduisant à l'une des professions ciblées. D'autre part, les provinces de l'Atlantique, le Manitoba, la Saskatchewan et les territoires accueillaient chacun 2 % ou moins de ces immigrants.

Tableau 4.3 Province, territoire et lieu de résidence des travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans ayant fait des études postsecondaires, selon le statut d'immigrant, la région d'études et la période d'établissement, Canada, 2006

Plus de neuf immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération sur dix ont déclaré vivre dans un centre de population

Tout comme leurs homologues formés au Canada (94 %), la vaste majorité (96 %) des immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération faisant partie du principal groupe d'âge actif (25 à 64 ans) ont déclaré vivre dans un centre de population (c'est-à-dire une région comptant au moins 1 000 habitants et ayant une densité de population d'au moins 400 habitants au kilomètre carré) en 2006 (tableau 4.3). Ce pourcentage se compare à environ 79 % chez les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération et ayant fait des études postsecondaires.

Centres de population et régions rurales

Un centre de population a une concentration démographique d'au moins 1 000 habitants et une densité de population d'au moins 400 habitants au kilomètre carré, d'après les chiffres du recensement actuel. Les subdivisions de recensement (SDR) qui sont des réserves sont exclues de cette catégorie.

Quant aux régions rurales, elles comprennent les régions éloignées et sauvages, les terres agricoles ainsi que les petites villes, villages et autres lieux peuplés ayant une population de moins de 1 000 habitants. Les SDR qui sont des réserves sont exclues de cette catégorie.

Portrait linguistique

Les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération proviennent de nombreux pays, plus de 200 au total d'après le Recensement de 2006. Comme, depuis les années 1970, les immigrants au Canada proviennent de plus en plus de régions autres que l'Europe, cette mutation s'est répercutée sur le portrait linguistique de la population canadienne. Selon une étude menée par Statistique Canada en 2010, plus de 80 % des immigrants formés à l'étranger âgés de 25 à 64 ans et arrivés au Canada dans les dix dernières années ont déclaré une langue maternelle autre que le français ou l'anglais en 2006. Cette proportion est de beaucoup supérieure à celle de 68 % observée chez les immigrants établis au pays depuis plus de dix ans (Plante, 2010).

Presque tous les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération ont déclaré connaître le français et/ou l'anglais

Malgré cette forte proportion d'immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération et ayant une langue maternelle autre que le français ou l'anglais, la vaste majorité d'entre eux ont déclaré être en mesure de soutenir une conversation dans l'une ou l'autre des deux langues officielles du Canada en 2006. La connaissance de l'anglais seulement représentait la plus grande partie des réponses (environ 84 %), suivie par la connaissance du français et de l'anglais (12 %) et par celle du français seulement (3 %). Seule une faible proportion (1 %) de ces immigrants ne pouvait pas soutenir une conversation en français ou en anglais (tableau 4.4).

Tableau 4.4 Portrait linguistique des travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans ayant fait des études postsecondaires, selon le statut d'immigrant, la région d'études et la période d'établissement, Canada, 2006

Les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération et établis au pays depuis dix ans ou moins étaient plus susceptibles de déclarer ne pas pouvoir soutenir une conversation dans l'une ou l'autre des deux langues officielles

Quoique les proportions soient très faibles, les immigrants très récents (3 %) et les immigrants récents (2 %) étaient plus susceptibles que leurs homologues établis au pays depuis plus de dix ans (1 %) de déclarer ne pas pouvoir soutenir une conversation dans l'une ou l'autre des langues officielles (tableau 4.4.). La connaissance des langues officielles est un important facteur d'intégration des immigrants au Canada. Une récente enquête de Statistique Canada, l'Enquête longitudinale auprès des immigrants au Canada, a révélé que l'apprentissage du français ou de l'anglais constituait l'une des difficultés citées le plus souvent par les nouveaux venus, venant juste après la recherche d'un emploi approprié (Statistique Canada, 2008a).

Diversité ethnoculturelle

Selon un autre rapport de Statistique Canada sur la diversité ethnoculturelle de la population du pays, la population des minorités visibles a connu une croissance régulière au cours des 25 dernières années, passant d'un peu moins de 5 % de la population totale en 1981 à 9 % en 1991, puis à 11 % en 1996, à 13 % en 2001 et à 16 % en 2006 (Statistique Canada, 2008b). La croissance de la population des minorités visibles est attribuable pour une bonne part à l'accroissement du nombre d'immigrants récents qui proviennent de pays non européens.

Population des minorités visibles

On entend par  minorités visibles« les personnes, autres que les Autochtones, qui ne sont pas de race blanche ou qui n'ont pas la peau blanche ». Les groupes suivants font partie de la population des minorités visibles : les Chinois, les Sud-Asiatiques, les Noirs, les Arabes, les Asiatiques occidentaux, les Philippins, les Asiatiques du Sud-Est, les Latino-Américains, les Japonais, les Coréens et d'autres groupes de minorités visibles, dont les ressortissants des îles du Pacifique.

En fait, comme le montre le tableau 4.5, parmi les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération et établis au pays depuis dix ans ou moins, sept sur dix ont déclaré en 2006 appartenir à une minorité visible, contre environ la moitié seulement des immigrants établis au Canada depuis plus de dix ans. Cette donnée n'est pas surprenante compte tenu du fait que, par rapport aux immigrants formés à l'étranger établis au Canada depuis plus de dix ans, de plus fortes proportions d'immigrants très récents et récents ont déclaré appartenir à l'une des différentes minorités visibles asiatiques (Chinois, Sud-Asiatiques, Philippins, Asiatiques du Sud-Est, Asiatiques occidentaux, Coréens et Japonais) (Plante, 2010).

Tableau 4.5 Diversité ethnoculturelle des travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans ayant fait des études postsecondaires, selon le statut d'immigrant, la région d'études et la période d'établissement, Canada, 2006

4.2 Les nombreux facteurs conduisant à une bonne concordance études-compétences professionnelles

Les analystes des politiques en matière de marché du travail et d'immigration ainsi que les immigrants eux-mêmes veulent comprendre les rapports entre les individus et les emplois de même que les raisons pour lesquelles cette correspondance existe (c'est-à-dire la concordance ou l'absence de concordance études-compétences professionnelles). En interprétant les résultats, il ne faut pas perdre de vue que, pour une raison ou pour une autre, les personnes ne désirent pas toutes travailler dans une profession liée à leur domaine d'études. En outre, puisque seul le plus haut niveau d'études postsecondaires (et non le diplôme, le certificat ou le grade précédent) est pris en considération dans la concordance avec la profession actuelle, la proportion de bonnes concordances études-compétences professionnelles peut être sous-estimée dans certains cas (par exemple lorsque la personne est titulaire d'un diplôme de technologue ou de technicien en génie et qu'elle possède également une maîtrise en administration des affaires, mais qu'elle a déclaré travailler comme technicien en génie). De plus, dans le cas des titres de compétences obtenus à l'étranger, il est impossible de savoir si ces titres de compétences auraient conduit à une bonne concordance études-compétences professionnelles dans le pays d'origine.

Bref survol de la littérature sur la concordance études-compétences professionnelles

La plupart des études sur la concordance études-compétences professionnelles portent sur la façon dont un niveau de scolarité donné influe sur la qualité de la concordance. Cependant, un examen attentif de la documentation montre également un intérêt croissant pour la relation, bonne ou mauvaise, entre les compétences professionnelles et le domaine d'études.

Plusieurs auteurs (Wolbers, 2003; Grayson, 2004; Garcia-Espejo et Ibanez, 2006; Robst, 2007; Krahn et Bowlby, 1999; Storen et Arnesen, 2006; Heijke, Meng et Ris, 2003) ont constaté que les diplômés des programmes spécialisés affichent un degré de concordance beaucoup plus élevé que ceux des programmes généraux. Ce phénomène est attribuable au fait que ces programmes permettent d'acquérir des compétences spécifiques axées sur des professions précises (Robst, 2007).

On a également constaté que la qualité de la concordance études-compétences professionnelles est associée à certaines caractéristiques de l'emploi. Par exemple, le fait d'avoir un travail à temps plein est lié à une meilleure adéquation (Wolbers, 2003), tout comme le fait d'avoir un emploi permanent (Wolbers, 2003; Witte et Kalleberg, 1995; Krahn et Bowlby, 1999). D'autres chercheurs laissent toutefois entendre que ce n'est pas toujours le cas. Il arrive parfois, par exemple, que le fait de signer un contrat de travail temporaire accroisse la force de la concordance études-compétences professionnelles (Garcia-Espejo et Ibanez, 2006).

Les personnes qui se trouvent un emploi de col bleu ou dans le secteur des services de l'échelon inférieur affichaient un degré de concordance moins élevé que celles qui se trouvaient un emploi de col blanc ou de spécialiste (Witte et Kalleberg, 1995; Garcia-Espejo, 2006; Krahn et Bowlby, 1999). Cette situation est probablement due au fait que les postes les plus élevés exigent probablement des titres de compétences spécifiques.

Sur le plan des facteurs démographiques, il semble y avoir quelques contradictions concernant les effets de l'âge, Krahn et Bowlby (1999) ayant constaté que les travailleurs plus âgés bénéficiaient d'un degré de concordance légèrement plus élevé que les travailleurs plus jeunes, tandis que Robst (2007), Wolbers (2003) ainsi que Witte et Kalleberg (1995) constataient le contraire.

D'autres résultats concernant les facteurs sociodémographiques montrent que les personnes qui n'ont jamais été mariées ainsi que les personnes ayant une incapacité ont tendance à afficher une piètre concordance étudescompétences professionnelles. Jones et Sloane (2009) ont également réuni des données montrant que les personnes handicapées sont considérablement plus susceptibles d'afficher une non-concordance études-compétences professionnelles sur le marché du travail. Le fait d'être une femme augmente légèrement la probabilité de la concordance selon certains chercheurs (Wolbers, 2003; Witte et Kalleberg, 1995; Robst, 2007), tandis qu'il diminue légèrement la probabilité d'obtenir cette concordance selon d'autres chercheurs (Krahn et Bowlby 1999) et qu'il n'entraîne aucune différence selon d'autres auteurs (Garcia-Espejo et Ibanez, 2006; Storen et Arnesen, 2006). Ces différences sont difficiles à expliquer.

Il semble y avoir certaines contradictions au sujet des effets de l'appartenance à une minorité visible ou de l'origine ethnique. De nombreuses études confirment que les membres des minorités visibles sont pénalisés sur le marché du travail sur le plan du revenu et de la profession et que cette différence a tendance à persister après que les fluctuations dans le capital humain et d'autres facteurs ont été prises en compte (Lautard et Loree, 1984; Lautard et Guppy, 1999; Li, 1988; Geschwender, 1994). Des analyses fondées sur les données des recensements du Canada et des données d'enquête ont indiqué que les Canadiens d'origine européenne avaient un avantage sur le plan du revenu par rapport aux membres des minorités visibles et qu'une importante disparité persiste à cet égard après la prise en compte des variations dans le capital humain, les caractéristiques démographiques et d'autres facteurs liés au travail (Beach et Worswick, 1993; Boyd, 1984, 1992; Li, 1992, 2000; Pendakur et Pendakur, 1998). Galarneau et Morissette (2008) ont constaté pour leur part qu'une grande proportion d'immigrants au Canada ayant un diplôme universitaire occupe des emplois exigeant une faible scolarité. Les plus hauts taux de non-concordance ont été observés chez les immigrants de l'Asie méridionale et de l'Asie du Sud-Est. D'autre part, Boudarbat et Chernoff (2009) ont constaté que, même si l'appartenance à une minorité visible avait un effet négatif sur la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles, la différence n'était pas significative.

Modèle de régression logistique

Le principal indicateur servant à déterminer si une personne travaille dans un emploi correspondant à son domaine d'études ou dans un emploi équivalent est la variable « concordance études-compétences professionnelles ». Aux fins du présent rapport, la méthodologie servant à déterminer si une personne affiche une bonne concordance études-compétences professionnelles ne se limite pas à la concordance entre un programme d'enseignement donné et la meilleure profession correspondante. Elle tient également compte du concept de « niveau de compétence » (c'est-à-dire de la concordance entre un programme d'enseignement donné et une profession exigeant un niveau de compétence semblable ou supérieur), présenté dans la Matrice de la Classification nationale des professions de 2006 établie par RHDCC (voir les annexes 3 et 4 pour plus de précisions sur la méthodologie).

  • Pour chaque programme d'enseignement donné, une personne peut donc :
    • travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. Les personnes de cette catégorie ont une bonne concordance études-compétences professionnelle;
    • travailler dans une profession exigeant un niveau de compétence inférieur. Les personnes de cette catégorie n'ont pas une bonne concordance études-emploi (c'est-à-dire qu'elles travaillent dans une profession pour laquelle elles sont surqualifiées).

Dans le modèle de régression logistique utilisée pour la situation d'emploi no 1, la variable dépendante est égale à 1 si le travailleur rémunéré présente une bonne concordance études-compétences professionnelles et à 0 dans le cas contraire. Les variables sont comparées au moyen d'un rapport de cotes, qui indique la mesure dans laquelle une variable donnée contribue à une bonne concordance études-compétences professionnelles par comparaison avec la catégorie de base ou de référence. Par exemple, un rapport de cotes de 0,5 signifie que la variable concernée présente 50 % des chances de conduire à une bonne correspondance par rapport à la catégorie de référence. Un rapport de cotes supérieur à 1 indique que la variable est plus susceptible que la catégorie de référence de conduire à une bonne concordance études-compétences professionnelles.

Comme nous l'avons signalé à la section sur les données et la méthodologie, l'analyse de régression logistique tient tout d'abord compte de la contribution des caractéristiques « données » au regard de la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles, à savoir le statut d'immigrant par période d'établissement et la région d'études.

Les variables du sexe et du groupe d'âge, de l'état matrimonial et de la présence d'enfants, du niveau de scolarité et du grand programme d'enseignement, de la province, du territoire et du lieu de résidence, des compétences linguistiques, de l'appartenance à une minorité visible et du travail à temps plein ou à temps partiel ainsi que du travail toute l'année ou une partie de l'année sont ensuite progressivement ajoutées afin d'évaluer leurs effets indépendants et de déterminer si elles modifient les effets des variables précédemment ajoutées.

Logiquement, nous savons que les immigrants possèdent bel et bien certaines caractéristiques « données » (c'est-à-dire qu'ils ont obtenu leur plus haut niveau de scolarité au Canada ou à l'étranger et qu'ils sont arrivés au Canada dans des périodes différentes). La probabilité qu'ils aient une bonne concordance études-compétences professionnelles peut alors être tributaire de diverses caractéristiques sociodémographiques et de caractéristiques relatives aux études, par la province, le territoire et lieu de résidence ainsi que par leurs compétences linguistiques dans l'une des deux langues officielles, par l'appartenance à une minorité visible et par le statut d'emploi à temps plein ou à temps partiel ainsi que toute l'année ou une partie de l'année.

Résultats

Selon les données du Recensement de 2006, parmi les 617 930 immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération âgés de 25 à 64 ans, ne fréquentant pas l'école en 2006 et ayant déclaré être titulaires d'un diplôme d'études postsecondaire dans un domaine conduisant normalement à l'une des professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC, moins de la moitié (48 %) ont déclaré travailler dans la profession pour laquelle ils ont été formés ou dans une profession exigeant des niveaux de compétence semblables ou supérieurs. Cette proportion passait à 67 % chez leurs homologues formés au Canada et à 70 % chez les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération et ayant fait des études postsecondaires (tableau 4.6).

Tableau 4.6 Concordance études-compétences professionnelles des travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans ayant fait des études postsecondaires, selon le statut d'immigrant, la région d'études et la période d'établissement, Canada, 2006

Caractéristiques « données »

La section qui suit examine la mesure dans laquelle les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération qui ont étudié dans un domaine conduisant habituellement à une profession ciblée travaillent effectivement dans cette profession ou dans une profession équivalente. On y met ensuite au jour les caractéristiques et les facteurs déterminants les plus étroitement associés à une situation d'emploi « favorable » sur le marché du travail canadien (c'est-à-dire que les caractéristiques « données » correspondent à la région d'études et au temps écoulé depuis l'établissement).

Région d'études

Les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération étaient moins susceptibles que leurs homologues Canadiens de naissance de travailler dans une profession correspondant à leur domaine d'études ou dans une profession équivalente

Les données du Recensement de 2006 montrent que les travailleurs rémunérés immigrants (qu'ils aient été formés au Canada ou à l'étranger) étaient généralement moins susceptibles que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération et ayant fait des études postsecondaires de déclarer travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. Comme le montre le tableau 4.7, tandis que les travailleurs rémunérés immigrants formés au Canada avaient 10 % moins de chances que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération de déclarer une bonne concordance études-compétences professionnelles en 2006, la probabilité concernant leurs homologues formés à l'étranger était généralement plus faible.

Tableau 4.7 (Modèle 4.1) Rapports de cotes corrigés des personnes travaillant dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente parmi les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, Canada, 2006

La région où les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération ont déclaré avoir obtenu leur plus haut niveau de scolarité avait une influence manifeste sur la probabilité de travailler dans une profession liée au domaine d'études ou dans une profession équivalente. En fait, comme le montre le tableau 4.7, bien que les immigrants ayant obtenu leurs titres de compétences dans des pays d'Europe septentrionale (en grande partie au Royaume-Uni) étaient environ 10 % plus susceptibles que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération de déclarer une bonne concordance études-compétences professionnelles, la situation inverse était vraie pour ceux qui ont obtenu leur plus haut niveau de scolarité postsecondaire dans toutes les autres régions à l'extérieur du Canada, avec des rapports de cotes variant de 0,17 pour les immigrants qui avaient obtenu leurs titres de compétences dans un pays d'Asie du Sud-Est à 0,75 pour ceux dont les titres de compétences avaient été obtenus dans des pays d'Europe occidentale. Il est possible que la région d'études ne soit pas le seul facteur influant sur la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles. D'autres facteurs, comme le temps écoulé depuis l'établissement au Canada, peuvent également influer sur la probabilité que ces travailleurs rémunérés immigrants travaillent dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. En fait, comme l'a constaté Plante (2010), de plus importantes proportions d'immigrants de longue date ont déclaré être originaires d'Europe septentrionale par comparaison à l'Asie du Sud-Est et l'Europe occidentale. Les différences au regard de la concordance concernant les travailleurs rémunérés immigrants ayant obtenu leurs titres de compétences dans des pays d'Amérique du Nord et d'Océanie, par rapport aux Canadiens de naissance, n'étaient pas statistiquement significatives.

Temps écoulé depuis l'établissement

Les rapports de cotes plus faibles concernant les immigrants qui travaillent dans leur domaine d'études ou dans une profession équivalente laissent croire que certaines personnes ont de la difficulté à trouver du travail dans une profession qui correspond raisonnablement à leurs études. Cependant, la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles augmentait avec le temps écoulé depuis l'établissement au Canada, dans une certaine mesure. Comme le montre le tableau 4.8, les travailleurs rémunérés immigrants établis au pays depuis plus de dix ans étaient généralement plus susceptibles que leurs homologues arrivés au pays très récemment et que la plupart des immigrants récents de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente.

Tableau 4.8 (Modèle 4.2) Rapports de cotes corrigés des personnes travaillant dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente parmi les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, Canada, 2006

C'était le cas pour tous les immigrants formés à l'étranger et au Canada travaillant contre rémunération. Les données du Recensement de 2006 montrent que, après plus de dix ans au Canada, les travailleurs rémunérés immigrants ayant des titres de compétences acquis dans des pays d'Amérique du Nord et d'Europe septentrionale étaient même 2 % et 14 % plus susceptibles que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération de déclarer travailler dans une profession correspondant à leur domaine d'études ou dans une profession équivalente. Les résultats n'étaient pas statistiquement significatifs pour les travailleurs rémunérés immigrants ayant obtenu leurs titres de compétences en Europe occidentale et en Océanie.

Comme le mentionnent différentes études, le désavantage relatif sur le marché du travail des immigrants très récents par rapport aux immigrants établis au pays depuis plus longtemps tient pour une bonne part au fait que, souvent, les compétences acquises par les immigrants dans leur pays d'origine ne sont pas directement transférables à l'économie d'accueil. En outre, comme le signale Reitz (2007), les nouveaux venus doivent presque toujours traverser une période d'adaptation au pays et, notamment, au marché du travail. C'est le cas, en particulier, des immigrants issus de divers milieux culturels et qui arrivent au pays sans emploi réservé, situation typique de la plupart des immigrants au Canada. Avec le temps, ils peuvent, avec plus ou moins de succès, surmonter ces difficultés initiales et voir augmenter leurs perspectives d'emploi et leur revenu.

La présente analyse montre que l'importance de cette « amélioration avec le temps » semble varier selon la région où le plus haut niveau de scolarité postsecondaire a été obtenu. Comme nous pouvons le constater au tableau 4.8 (colonnes 1 et 3), les travailleurs rémunérés dont les titres de compétences ont été obtenus dans des pays d'Europe méridionale et d'Afrique affichaient le degré d'« amélioration avec le temps » le plus élevé, enregistrant des gains de plus de 30 points de pourcentage au regard de la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles entre les immigrants très récents et les immigrants de longue date. Ils étaient suivis par les immigrants qui avaient obtenu leurs titres de compétences dans des pays d'Europe septentrionale (hausse de 27 points de pourcentage), d'Asie orientale (hausse de 24 points de pourcentage), d'Europe orientale (hausse de 17 points de pourcentage) et d'Amérique du Nord (hausse de 16 points de pourcentage). Cependant, des gains inférieurs à dix points de pourcentage ont été observés entre les travailleurs rémunérés immigrants très récents et de longue date ayant obtenu leurs titres de compétences dans des pays d'Amérique latine (cinq points de pourcentage), d'Asie du Sud-Est (cinq points de pourcentage), d'Asie occidentale et centrale et du Moyen-Orient (six points de pourcentage) et d'Asie méridionale (sept points de pourcentage). Par comparaison, un accroissement d'environ 20 points de pourcentage a été observé concernant la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente entre les immigrants très récents formés au Canada les immigrants établis au Canada depuis plus de dix ans. L'amélioration au fil du temps n'était pas statistiquement significative chez les travailleurs rémunérés immigrants formés en Europe occidentale et en Océanie.

Bien que la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles augmente généralement avec le temps, les travailleurs rémunérés immigrants dont les titres de compétences avaient été acquis dans des pays d'Asie du Sud-Est, d'Asie méridionale, d'Amérique latine, d'Europe orientale, d'Asie occidentale et centrale et du Moyen-Orient ainsi que d'Asie orientale étaient toujours plus de 50 % moins susceptibles que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération de déclarer une situation d'emploi aussi favorable après plus de dix ans au pays.

Cela étant dit, il importe également de noter que la probabilité de travailler dans son domaine d'études ou dans une profession équivalente peut ne pas être entièrement attribuable à l'effet de la variable du « temps écoulé depuis l'établissement ». En effet, les changements survenus dans la composition de la population immigrante établie dans les différentes périodes, les conditions du marché du travail ainsi que d'autres facteurs comme l'âge, les compétences linguistiques, l'absence d'expérience de travail au Canada, la solidité des réseaux sociaux, la connaissance du marché du travail canadien, la différence dans la qualité des études et les obstacles à la reconnaissance des titres de compétences étrangers et de l'expérience de travail peuvent également contribuer aux différences entre les groupes.

Bonikowska, Green et Riddell (2008) ont constaté que, même si les immigrants formés à l'étranger acquièrent de l'expérience de travail au Canada avec le temps, un autre élément d'explication tient aux écarts dans les niveaux de compétence, surtout entre les immigrants formés à l'étranger et ceux qui ont fait une partie ou la totalité de leurs études au Canada. En fait, des travaux de recherche ont révélé que les compétences des immigrants ayant fait toutes leurs études à l'étranger en compréhension de textes suivis, en compréhension de textes schématiques, en numératie et en résolution de problèmes étaient inférieures à celles des immigrants ayant fait une partie ou la totalité de leurs études au Canada.

Il se peut également que, plus longtemps un immigrant est incapable d'exercer une profession dans son domaine de spécialisation, plus il est susceptible de subir une « atrophie des compétences », ce qui réduit ses chances de trouver du travail dans son domaine de spécialisation (Lochhead, 2002). D'autres facteurs, dont la conjoncture économique pendant une période d'établissement donnée, jouent un rôle à cet égard.

Caractéristiques sociodémographiques

Après avoir pris en considération le statut d'immigrant, la région d'études et le temps écoulé depuis l'établissement au Canada au regard de la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles, la section qui suit porte sur les incidences de divers autres facteurs sociodémographiques sur l'atteinte d'une situation de l'emploi aussi favorable pour les travailleurs rémunérés immigrants et les travailleurs rémunérés en général. Cette section examine également la variation au regard de la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente pour les travailleurs rémunérés immigrants formés à l'étranger et au Canada, et ce, suite à l'ajout progressif de chacun de ces différents facteurs.

Sexe et groupe d'âge

Les données du tableau 4.9 montrent que les travailleuses rémunérées avaient 23 % moins de chances que leurs homologues de sexe masculin de déclarer une bonne concordance études-compétences professionnelles en 2006. Des différences étaient également manifestes, quoique moins importantes, selon le groupe d'âge, les travailleurs rémunérés âgés de 55 à 64 ans étant moins susceptibles que les travailleurs rémunérés plus jeunes de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. D'autre part, les travailleurs rémunérés membres du groupe d'âge le plus actif (35 à 54 ans) étaient généralement plus susceptibles que les travailleurs rémunérés plus jeunes et plus âgés d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles.

Tableau 4.9 (Modèle 4.3) Rapports de cotes corrigés des personnes travaillant dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente parmi les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, Canada, 2006

La prise en compte des incidences du sexe et du groupe d'âge n'a pas tellement influé sur la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente en ce qui concerne les immigrants formés à l'étranger en général. Comme le montre l'annexe 5, les écarts les plus importants ont été observés chez les immigrants très récents et récents ayant obtenu leurs titres de compétences dans des pays d'Amérique du Nord, d'Europe occidentale et d'Europe septentrionale, la diminution de la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles variant entre trois et six points de pourcentage respectivement. Chez les travailleurs rémunérés immigrants établis au pays depuis plus de dix ans, on observait des écarts de moins de trois points de pourcentage pour toutes les régions d'études (y compris le Canada) (colonnes 1 et 2 du tableau A.5.1, annexe 5).

Il n'est pas surprenant de relever de si petits écarts dans la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles après la prise en compte des incidences des variables du sexe et du groupe d'âge, puisque la répartition des travailleurs rémunérés immigrants en fonction de ces variables était relativement semblable à celle observée pour la population des travailleurs rémunérés en général (tableau 4.1).

État matrimonial et présence d'enfants

Le fait d'être marié ou de vivre en union libre semble avoir une incidence positive sur la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles. En fait, comme le montre le tableau 4.10, les travailleurs rémunérés membres du principal groupe d'âge actif (25 à 64 ans) qui ont déclaré n'avoir jamais été mariés ou n'avoir jamais vécu en union libre, séparés, divorcés ou veufs étaient tous moins susceptibles que ceux qui étaient mariés ou qui vivaient en union libre de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente en 2006, les rapports de cotes variant de 0,73 pour ceux qui avaient déclaré n'avoir jamais été mariés ou n'avoir jamais vécu en union libre ou être veufs à 0,79 pour ceux qui avaient déclaré être divorcés.

Tableau 4.10 (Modèle 4.4) Rapports de cotes corrigés des personnes travaillant dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente parmi les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, Canada, 2006

La présence d'enfants d'âge préscolaire semble également accroître la probabilité que les travailleurs rémunérés affichent une bonne concordance études-compétences professionnelles. Comme le montre le tableau 4.10, les travailleurs rémunérés ayant des enfants d'âge préscolaire (5 ans et moins) étaient plus susceptibles que les travailleurs rémunérés avec ou sans enfants plus âgés (plus de 5 ans) de déclarer travailler dans leur domaine d'études ou dans une profession équivalente. Certains arguments militent en faveur d'une corrélation entre le nombre d'enfants et la situation des individus sur le marché du travail. Comme le précisent Fertig et Schurer (2007), la présence d'enfants pourrait encourager les pères de famille à se montrer plus ambitieux sur le plan professionnel. Selon une étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques menée en 2002, l'incidence du fait d'être parent sur les taux d'emploi n'est pas la même pour les femmes et pour les hommes : tandis que les taux d'emploi des femmes diminuent généralement, ceux des hommes augmentent, conformément au modèle traditionnel des rôles assignés à chacun des sexes au sein des ménages.

Par comparaison au sexe et au groupe d'âge, la prise en compte des incidences de l'état matrimonial et de la présence d'enfants a un effet légèrement plus accentué sur la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente pour les immigrants formés à l'étranger en général, les rapports de cotes variant de zéro à cinq points de pourcentage (colonnes 2 et 3 du tableau A.5.1, annexe 5).

Dans le cas des travailleurs rémunérés immigrants formés au Canada, les rapports de cotes demeuraient stables à 0,92 pour ceux établis au pays depuis plus de dix ans, et ils diminuaient d'un peu moins d'un point de pourcentage pour atteindre 0,71 chez ceux établis au pays depuis cinq ans ou moins (immigrants très récents). Les écarts n'étaient pas statistiquement significatifs pour les travailleurs rémunérés immigrants formés au Canada et établis au pays depuis six à dix ans (immigrants récents) (colonnes 2 et 3 du tableau A.5.1, annexe 5).

Ces résultats n'ont rien de surprenant puisque, par comparaison avec les immigrants formés au Canada et les personnes nées au Canada ayant fait des études postsecondaires, une proportion légèrement supérieure d'immigrants formés à l'étranger et âgés de 25 à 64 ans ont déclaré être mariés ou vivre en union libre avec des enfants en 2006 (Plante, 2010). La neutralisation des incidences de ces deux variables dans les résultats obtenus dans le modèle précédent a entraîné une diminution de la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles chez ces immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération. De même, compte tenu de la plus grande ressemblance des structures familiales entre les Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires et les immigrants formés au Canada, il n'est pas surprenant de ne constater aucun écart ou presque par rapport au modèle précédent lorsque les effets de ces deux variables sont neutralisés.

Niveau de scolarité et grands programmes d'enseignement

Les travailleurs rémunérés ayant obtenu un diplôme universitaire étaient plus susceptibles que ceux ayant obtenu un autre diplôme de niveau postsecondaire (au collège, au cégep ou dans un autre établissement non universitaire ainsi que dans un centre d'apprentissage ou une école de métiers) de déclarer travailler dans une profession correspondant à leur domaine d'études ou dans une profession équivalente (tableau 4.11). En fait, l'analyse montre que les travailleurs rémunérés titulaires d'un grade universitaire avaient 34 % plus de chances que leurs homologues ayant fait des études au niveau collégial de déclarer une bonne concordance études-compétences professionnelles. En revanche, les travailleurs rémunérés titulaires d'un certificat ou d'un diplôme d'un centre d'apprentissage ou d'une école de métiers étaient environ 33 % moins susceptibles que les travailleurs rémunérés détenteurs d'un certificat ou d'un diplôme d'études collégiales de déclarer une situation d'emploi aussi favorable. Une telle situation peut attirer l'attention dans un contexte économique où sévissent des pénuries de personnel qualifié en métiers.

Tableau 4.11 (Modèle 4.5) Rapports de cotes corrigés des personnes travaillant dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente parmi les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, Canada, 2006

Les résultats du Recensement de 2006 montrent également que les travailleurs rémunérés ayant étudié dans des domaines où existait un lien évident entre les diplômes et la capacité de répondre aux exigences de la profession (c'est le cas de la plupart des professions et des métiers réglementés) affichaient en général une probabilité plus élevée d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles que ceux qui avaient étudié dans un domaine d'études où ce lien était moins évident (tableau 4.11). Les travailleurs rémunérés titulaires d'un diplôme dans un programme d'enseignement conduisant à une profession dans le secteur de la santé (des professions réglementées dans la plupart des cas) étaient en fait de presque deux fois (194 %) plus susceptibles que ceux qui avaient obtenu des titres de compétences en affaires, en finance et en administration de travailler dans leur domaine d'études ou dans une profession équivalente. Venaient ensuite les travailleurs rémunérés qui avaient obtenu des titres de compétences menant à des professions dans le domaine des métiers, du transport et de la machinerie ainsi que dans les secteurs connexes (+94 %), dans le domaine des sciences sociales, de l'enseignement, des administrations publiques et de la religion (+22 %), dans celui des sciences naturelles et appliquées et dans les secteurs connexes (+9 %) ainsi que dans les arts, la culture, les sports et les loisirs (+8 %). D'autre part, les travailleurs rémunérés dont les titres de compétences menaient à des professions dans le domaine des ventes et des services étaient 9 % moins susceptibles que leurs homologues ayant des titres de compétences en affaires, en finance et en administration d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles.

D'autres chercheurs ont fait état de résultats semblables. Comme le mentionnent Boudarbat et Chernoff (2009), par exemple, les diplômés de programmes spécialisés bénéficient, dans l'ensemble, d'une concordance beaucoup plus élevée que celle des diplômés de programmes généraux. Ce phénomène est attribuable au fait que ces programmes permettent d'acquérir des compétences spécifiques axées sur le marché de l'emploi.

La prise en compte des incidences des variables du niveau de scolarité et du grand programme d'enseignement semblait avoir un effet relativement important sur la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente pour les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération, particulièrement pour ceux établis au pays depuis dix ans ou moins (immigrants très récents et récents) (colonnes 3 et 4 du tableau A.5.1, annexe 5). Il fallait s'attendre à ces résultats, compte tenu de la plus forte proportion de titulaires de diplômes universitaires au sein de cette population, par rapport à leurs homologues établis au Canada depuis plus de dix ans, aux immigrants formés au Canada et aux Canadiens de naissance ayant fait des études postsecondaires.

Des écarts plus prononcés dans la probabilité d'afficher une bonne concordance études-compétences professionnelles ont également été observés chez les immigrants dont les titres de compétences avaient été obtenus dans des régions précises. Comme le montre l'annexe 5, cette affirmation valait particulièrement pour les immigrants qui avaient obtenu leurs titres de compétences en Amérique du Nord, dans certaines régions d'Europe et en Océanie. Cette situation peut être attribuable au nombre élevé de titulaires de grade universitaire originaires de ces pays par comparaison aux autres régions du globe (colonnes 3 et 4 du tableau A.5.1, annexe 5).

Dans le cas des travailleurs rémunérés immigrants formés au Canada, la probabilité d'afficher une bonne concordance études-compétences professionnelles diminuait d'un peu moins d'un point de pourcentage, pour se situer à 0,91, chez les immigrants établis au pays depuis plus de dix ans, et elle diminuait d'environ trois points de pourcentage, s'établissant à 0,68, chez les immigrants très récents, une fois que les effets du niveau de scolarité et du grand programme d'enseignement ont été neutralisés. L'incidence n'était pas statistiquement significative chez les travailleurs rémunérés immigrants formés au Canada et établis au pays depuis six à dix ans (colonnes 3 et 4 du tableau A.5.1, annexe 5).

Province, territoire et lieu de résidence

Comme le montre le tableau 4.12, les travailleurs rémunérés de l'Alberta (+7 %) et des territoires (+19 %) étaient plus susceptibles que leurs homologues de l'Ontario et des autres provinces de déclarer travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente en 2006. La probabilité plus élevée qu'affichaient les travailleurs rémunérés des territoires peut s'expliquer par la mise en place de programmes visant à aider les diplômés des régions du nord à trouver du travail dans leur domaine d'études. Grâce au Northern Graduate Employment Program (programme d'emploi pour les diplômés du nord), par exemple, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest s'est engagé à aider les résidents des régions du nord diplômés de programmes d'études postsecondaires reconnus en sciences infirmières et en travail social à trouver un emploi dans leur domaine d'études. Outre qu'ils permettent d'acquérir une précieuse expérience de travail dans ces domaines d'études, ces programmes offrent un traitement concurrentiel, des avantages sociaux et des possibilités d'avancement. Le marché du travail robuste de certaines provinces en 2006 peut également expliquer dans une certaine mesure les résultats obtenus par les travailleurs rémunérés vivant en Alberta.

Par contraste, les travailleurs rémunérés dans les provinces de l'Atlantique affichaient, parmi toutes les provinces et tous les territoires du Canada, la plus faible probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles. Venaient ensuite les travailleurs rémunérés du Québec, de la Saskatchewan, de la Colombie-Britannique et du Manitoba.

Enfin, les travailleurs rémunérés vivant dans des centres de population étaient plus susceptibles que les travailleurs rémunérés vivant dans des régions rurales de déclarer une bonne correspondance études-compétences professionnelles (tableau 4.12). Cette situation peut être due aux possibilités économiques offertes dans ces régions par rapport aux régions rurales (Statistique Canada, 2007). Les centres de population, notamment ceux dont la population est de 100 000 habitants et plus (c'est-à-dire les grands centres urbains de population), ont la capacité d'offrir un plus grand nombre d'emplois et des emplois plus variés que les plus petits centres.

Tableau 4.12 (Modèle 4.6) Rapports de cotes corrigés des personnes travaillant dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente parmi les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, Canada, 2006

La prise en compte des incidences du lieu de résidence (c'est-à-dire la province, le territoire, le centre de population et la région rurale) a également eu un effet relativement important sur la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente pour les immigrants formés à l'étranger travaillant contre rémunération (colonnes 4 et 5 du tableau A.5.1, annexe 5). Ces résultats n'ont rien de surprenant compte tenu du fait que, par rapport à la population des travailleurs rémunérés en général, une plus forte proportion d'immigrants formés à l'étranger ont déclaré vivre en Ontario (57 % contre 38 %) ou dans des centres de populations (96 % contre 83 %) (tableau 4.3).

Capacité de soutenir une conversation dans les langues officielles du Canada

L'analyse a révélé que, par comparaison à la connaissance de l'anglais seulement, le fait de pouvoir soutenir une conversation dans les deux langues officielles accroît la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. Comme le montre le tableau 4.13, les travailleurs rémunérés qui ont déclaré pouvoir soutenir une conversation en français et en anglais avaient environ 21 % plus de chances que leurs homologues qui ont déclaré parler uniquement l'anglais d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles. A l'inverse, les travailleurs rémunérés qui ont déclaré ne pas être en mesure de soutenir une conversation dans au moins l'une des langues officielles du Canada avaient environ 41 % moins de chances que ceux qui parlaient uniquement l'anglais de déclarer travailler dans leur domaine d'études ou dans une profession équivalente. Les travailleurs rémunérés qui ont déclaré ne parler que le français avaient environ 5 % moins de chances que ceux qui ne parlaient que l'anglais de déclarer une bonne concordance études-compétences professionnelles.

Tableau 4.13 (Modèle 4.7) Rapports de cotes corrigés des personnes travaillant dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente parmi les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, Canada, 2006

En règle générale, la prise en compte des compétences linguistiques n'avait pas d'effet significatif sur la probabilité, pour les immigrants formés à l'étranger, de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente (colonnes 5 et 6 du tableau A.5.1, annexe 5). Ces résultats ne sont pas surprenants compte tenu du fait que, tout comme cela était le cas concernant les travailleurs rémunérés en général, la majorité des immigrants formés à l'étranger ont déclaré être en mesure de soutenir une conversation dans l'une ou l'autre des langues officielles du Canada, la plus grande partie d'entre eux (84 %) déclarant l'anglais seulement (tableau 4.4).

Les immigrants ayant obtenu leurs titres de compétences dans un pays d'Europe occidentale, d'Afrique ainsi que d'Asie occidentale et centrale et du Moyen-Orient présentaient une légère baisse de la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles après la prise en compte des effets des compétences linguistiques. Cela peut être attribuable à la plus forte proportion d'immigrants francophones dans ces régions (France, Belgique et Liban, par exemple). D'autre part, avec une hausse de deux points de pourcentage, les immigrants dont les titres de compétences ont été obtenus en Asie orientale affichaient la plus forte amélioration parmi tous les immigrants formés à l'étranger après la prise en compte des compétences linguistiques (colonnes 5 et 6 du tableau A.5.1, annexe 5). Encore une fois, cela peut être attribuable à la plus forte proportion d'immigrants déclarant ne pas être en mesure de soutenir une conversation dans l'une ou l'autre des langues officielles dans cette région par comparaison aux autres régions.

Appartenance à une minorité visible

Notre analyse révèle que l'appartenance à une minorité visible diminuait la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. Comme nous pouvons le constater au tableau 4.14, les travailleurs rémunérés qui ont déclaré être membres d'une minorité visible avaient 28 % moins de chances d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles que ceux qui n'étaient pas membres d'une minorité visible.

Tableau 4.14 (Modèle 4.8) Rapports de cotes corrigés des personnes travaillant dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente parmi les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, Canada, 2006

Notre analyse révèle que la prise en compte de l'incidence de la variable de l'appartenance à une minorité visible a eu une importance significative sur la probabilité que les immigrants (formés au Canada ou à l'étranger) travaillent dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. Les immigrants dont les titres de compétences ont été obtenus au Canada, en Amérique du Nord, en Afrique et en Asie orientale affichaient les plus fortes hausses en points de pourcentages au regard de la probabilité de déclarer une bonne concordance études-compétences professionnelles, une fois que la variable de l'appartenance à une minorité visible est neutralisée. Les immigrants formés en Amérique latine, en Europe septentrionale, en Asie occidentale et centrale et au Moyen-Orient ainsi qu'en Asie méridionale suivaient de très près. Des écarts inférieurs à un point de pourcentage ont été observés pour les immigrants dont les titres de compétences avaient été obtenus en Europe orientale et en Europe méridionale (colonnes 6 et 7 du tableau A.5.1, annexe 5).

Travail à temps plein ou à partiel toute l'année ou une partie de l'année

Enfin, le statut d'emploi à temps plein ou à temps partiel toute l'année ou une partie de l'année influait également sur la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. Les travailleurs rémunérés qui ont déclaré travailler à temps plein toute l'année avaient 119 % plus de chances que leurs homologues travaillant à temps partiel une partie de l'année seulement de déclarer une bonne concordance études-compétences professionnelles. Venaient ensuite les travailleurs rémunérés qui ont déclaré travailler à temps plein une partie de l'année (+52 %) et ceux qui ont déclaré travailler à temps partiel toute l'année (+9 %) (tableau 4.15).

Tableau 4.15 (Modèle 4.9) Rapports de cotes corrigés des personnes travaillant dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente parmi les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans, Canada, 2006

Comme cela a été le cas concernant l'appartenance à une minorité visible, la prise en compte des incidences du travail à temps plein ou à temps partiel toute l'année ou une partie de l'année a eu un effet significatif sur la probabilité que les immigrants (formés au Canada ou à l'étranger) travaillent dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. Les écarts les plus importants relativement à la probabilité de déclarer une bonne concordance études-compétences professionnelles s'observaient chez les immigrants très récents. Ces résultats ne sont pas surprenants, compte tenu du fait que, par comparaison avec les immigrants établis au pays depuis plus longtemps, une plus forte proportion d'immigrants très récents ont déclaré travailler à temps partiel. Des écarts supérieurs à cinq points de pourcentage ont été observés chez les immigrants très récents dont les titres de compétences avaient été obtenus au Canada, en Amérique du Nord, en Europe occidentale et en Europe septentrionale. L'incidence n'était pas statistiquement significative chez les immigrants très récents formés en Océanie (colonnes 7 et 8 du tableau A.5.1, annexe 5).

Résumé

La présente section portait sur les caractéristiques et les facteurs déterminants associés à la probabilité de travailler dans une profession liée au domaine d'études ou dans une profession exigeant des niveaux de compétence semblables ou supérieurs chez les travailleurs rémunérés âgés de 25 à 64 ans ne fréquentant pas l'école en 2006 et ayant obtenu des titres de compétences conduisant à l'une des professions ciblées désignées par le PRTCE de RHDCC. Comme le montre l'analyse des données du Recensement de 2006, les immigrants formés à l'étranger étaient généralement moins susceptibles que leurs homologues formés au Canada et que les Canadiens de naissances ayant fait des études postsecondaires de travailler dans de telles professions.

La région où les titres de compétences ont été obtenus avait une incidence manifeste sur la probabilité de travailler dans une profession liée au domaine d'études ou dans une profession équivalente pour ces travailleurs rémunérés. Outre les immigrants qui avaient obtenu leurs titres de compétences dans des pays d'Europe septentrionale, les immigrants qui ont obtenu leur plus haut niveau de scolarité postsecondaire dans toutes les autres régions à l'extérieur du Canada étaient moins susceptibles que les Canadiens de naissance travaillant contre rémunération de travailler dans une profession correspondant à leur domaine d'études ou dans une profession équivalente.

Le temps écoulé depuis l'établissement figurait également parmi les caractéristiques et les facteurs déterminants les plus étroitement associés à l'intégration des immigrants formés à l'étranger au marché du travail canadien. Les immigrants établis au pays depuis plus de dix ans étaient généralement plus susceptibles que leurs homologues récents et très récents de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. Les facteurs dont il est fait état dans la documentation et qui expliquent en partie cette constatation comprennent la dévalorisation sur le marché du travail canadien des compétences acquises à l'étranger et le fait que les nouveaux immigrants, en particulier ceux qui arrivent aux pays sans emploi réservé, traversent une période d'adaptation culturelle et économique.

Cela étant dit, il importe également de noter que la probabilité de travailler dans une profession correspondante au domaine d'études ou dans une profession équivalente peut ne pas être entièrement attribuable à l'effet de la variable du « temps écoulé depuis l'établissement ». Elle peut être due à différents autres facteurs. Ceux-ci englobent les différences relatives aux caractéristiques des immigrants établis dans des périodes différentes, les conditions du marché du travail ainsi que d'autres facteurs comme les compétences linguistiques, l'absence d'expérience de travail au Canada, la solidité des réseaux sociaux, la connaissance du marché du travail canadien, la différence dans la qualité des études et les obstacles à la reconnaissance des titres de compétences obtenus à l'étranger et de l'expérience de travail.

Comme il fallait s'y attendre, les travailleurs rémunérés ayant étudié dans des domaines où existait un lien évident entre les diplômes et la capacité de répondre aux exigences de la profession (c'est le cas de la plupart des professions et des métiers réglementés) affichaient en général une probabilité plus élevée d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles que ceux qui avaient étudié dans un domaine d'études où ce lien était moins évident.

À l'échelon provincial et territorial, les travailleurs rémunérés de l'Alberta et des territoires étaient plus susceptibles que leurs homologues de l'Ontario et des autres provinces de déclarer travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente, tandis que les travailleurs rémunérés des provinces de l'Atlantique et du Québec affichaient les plus faibles probabilités à cet égard.

Les résultats montrent également que, par comparaison avec la connaissance de l'anglais seulement, le fait de pouvoir soutenir une conversation dans les deux langues officielles augmente la probabilité de travailler dans la meilleure profession correspondante ou dans une profession équivalente. À l'inverse, les travailleurs rémunérés qui ont déclaré ne pas être en mesure de soutenir une conversation dans au moins une des langues officielles du Canada et ceux qui parlaient uniquement le français étaient moins susceptibles que ceux qui parlaient uniquement l'anglais de déclarer avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles.

Enfin, l'analyse a révélé que le fait d'être un homme, d'être âgé de 35 à 54 ans, d'être marié ou de vivre en union libre, d'avoir des enfants d'âge préscolaire, de vivre dans un centre de population, de ne pas appartenir à une minorité visible ainsi que de travailler à temps plein toute l'année sont tous des facteurs et caractéristiques qui ont une incidence positive sur la probabilité d'avoir une bonne concordance études-compétences professionnelles.

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