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Résultats

Lancée par Statistique Canada en 2007 en partenariat avec Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada, l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) a permis de recueillir des mesures physiques directes de la santé et du bien‑être auprès d’un échantillon de Canadiens représentatif de la population nationale. Il s’agit de l’enquête comprenant des mesures directes de la santé la plus complète jamais entreprise au Canada à l’échelle nationale. Un élément fondamental de l’ECMS est le prélèvement d’échantillons de sang et d’urine1, dont on fait l’analyse pour le dépistage de maladies chroniques et infectieuses, de toxines environnementales et de biomarqueurs de l’état nutritionnel, comme le glucose, le cholestérol, le calcium et la vitamine D. La présente étude porte sur les concentrations de 25‑hydroxyvitamine D [25(OH)D] observées chez les Canadiens âgés de 6 à 79 ans, ainsi que les facteurs ayant une influence sur les niveaux de vitamine D.

La carence en vitamine D est un problème de santé de portée mondiale2. La vitamine D favorise l’absorption du calcium et du phosphore, qui sont nécessaires à la formation et au maintien des os et des dents, et joue aussi le rôle de facteur de transcription dans la plupart des cellules de l’organisme3,4. Bien que l’on débatte à l’heure actuelle de la concentration optimale pour le maintien d’un bon état de santé global, des concentrations plus faibles de vitamine D ont été associées à un plus grand risque de rachitisme chez l’enfant ou d’ostéomalacie chez l’adulte5, à un risque accru de fractures6, de chutes7, de cancer du sein8, de cancer du côlon et du rectum et d’adénomes9, à une mauvaise immunité4, ainsi qu’aux maladies cardiovasculaires10 et à d’autres maladies telles que la sclérose en plaques11.

L’activité de la vitamine D dans l’organisme résulte de deux conversions du cholécalciférol, la substance parente, qui est synthétisé par la peau sous l’effet des rayons ultraviolets B (UVB)3. Une autre source est l’ingestion de cholécalciférol préformé (souvent appelé vitamine D3) ou d’ergocalciférol (vitamine D2), ce dernier étant synthétisé quand certains champignons ou levures sont irradiés par des UVB. La principale forme circulante de la vitamine D dans le sang est la 25‑hydroxyvitamine D [25(OH)D]. La concentration plasmatique (ou sérique) de 25(OH)D est généralement considérée comme étant celle du métabolite qui reflète le mieux le niveau de vitamine D3. Elle est égale à la somme des concentrations de 25(OH)D provenant du régime alimentaire et de la synthèse endogène.

Multiples, les déterminants du niveau de vitamine D comprennent des facteurs environnementaux, physiologiques et personnels. Certains facteurs environnementaux, comme la réduction de l’exposition aux rayons solaires, la saison hivernale, l’utilisation d’un écran solaire, le fait d’être à l’intérieur et le port de vêtements couvrants, peuvent ralentir la synthèse de vitamine D dans la peau2. Les facteurs physiologiques associés à une plus faible concentration de vitamine D comprennent la grossesse et la lactation, ainsi qu’un indice de masse corporelle ou un niveau d’adiposité élevé2,3. Les caractéristiques personnelles comprennent l’âge12‑14, la quantité ingérée de sources alimentaires15,16, ainsi que la pigmentation de la peau2,15,16. Les facteurs susceptibles de réduire la concentration de vitamine D chez les Canadiens en particulier comprennent la vie à une latitude élevée (ce qui réduit le temps disponible pour la synthèse de la vitamine D)17,18, un apport alimentaire insuffisant15,16 et, pour certaines personnes, une pigmentation plus foncée de la peau15,16.

L’étendue de la mesure et de l’évaluation des niveaux de vitamine D chez les Canadiens est limitée. Plusieurs études régionales ont révélé des concentrations relativement faibles chez un pourcentage élevé d’enfants17,19, d’adultes18,20, de femmes enceintes et de leurs nourrissons21‑23, d’Autochtones15,23, ainsi que de personnes très âgées et vivant en établissement24. Selon une petite étude, il existe une différence entre les Canadiens de descendance européenne et ceux originaires de l’Asie de l’Est ou du Sud, ces derniers présentant des concentrations très faibles de vitamine D durant l’hiver16.

Données et méthodes

La présente étude porte sur des données provenant de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS) réalisée de 2007 à 2009. Cette enquête a été conçue pour recueillir des mesures physiques directes auprès de la population à domicile âgée de 6 à 79 ans. L’enquête comportait deux volets. Le premier consistait en une entrevue à domicile visant à recueillir des renseignements sur les caractéristiques sociodémographiques, les comportements qui influent sur la santé, les facteurs environnementaux et la nutrition, et le second, en une visite subséquente à un centre d’examen mobile25 où ont été effectuées une série de mesures directes de la taille et du poids, de la tension artérielle et de la condition physique des participants à l’enquête, et des prélèvements d’échantillons d’urine et de sang ont été faits. Les échantillons de sang, prélevés par une phlébotomiste agréée, ont permis de mesurer les concentrations de diverses substances et métabolites, dont la 25(OH)D plasmatique. Aux personnes incapables de se rendre au centre d’examen mobile, on a proposé d’effectuer les mesures directes à leur domicile1. D’autres renseignements sur l’ECMS peuvent être consultés dans des rapports publiés antérieurement et en ligne sur le site Web de Statistique Canada1,25‑27.

Plan d’échantillonnage

Parmi les 8 772 logements sélectionnés pour l’ECMS, 6 106 ont accepté d’y participer, ce qui donne un taux de réponse des ménages de 69,6 %. Parmi les ménages répondants, 7 483 personnes ont été sélectionnées pour participer à l’enquête, dont 6 604 ont accepté de répondre au questionnaire, pour un taux de réponse de 88,3 %. De ces personnes, 5 604 se sont présentées au centre d’examen mobile pour fournir des mesures physiques, ce qui représente un taux de réponse de 84,9 %. À l’échelle nationale, le taux global de réponse a été de 51,7 %. Ce taux ne résulte pas de la multiplication des taux de réponse des ménages et des personnes sélectionnées dans les ménages, car dans certains ménages, deux personnes ont été sélectionnées28.

Les habitants des réserves indiennes, des terres de la Couronne et de certaines régions éloignées, les résidents d’établissements et les membres à plein temps des Forces canadiennes ont été exclus de l’enquête. Sur une période de deux ans, des données ont été recueillies dans 15 sites répartis dans cinq régions du Canada : les provinces de l’Atlantique (Terre‑Neuve‑et‑Labrador, Île‑du‑Prince‑Édouard, Nouvelle‑Écosse, Nouveau‑Brunswick), le Québec, l’Ontario, les Prairies (Manitoba, Saskatchewan, Alberta, incluant Yellowknife) et la Colombie‑Britannique (incluant Whitehorse)25. Bien que des sites de collecte n’ont pas été établis dans chaque province et territoire, ils ont été choisis de manière à être représentatifs de la population canadienne d’est en ouest, ainsi que des grandes et faibles densités de population, et leur ordre de fonctionnement a été établi de manière à tenir compte de la saisonnalité selon la région et des effets temporels25. Environ 97 % de la population canadienne est représentée.

Analyse de la 25‑hydroxyvitamine D

En utilisant la plateforme LIAISON® 25OH Vitamin D TOTAL (DiaSorin Inc.), nous avons mesuré les concentrations plasmatiques de 25(OH)D au moyen d’essais par chiluminescence. Les limites inférieure et supérieure de détection sont de 10 nmol/L et de 375 nmol/L, respectivement. Les échantillons de plasma avaient été entreposés à ‑20°C. Les analyses ont été effectuées sur des échantillons uniques plutôt que sur des échantillons appariés. Selon les évaluations internes de DiaSorin, le CV intra‑essai des teneurs varie de 3,2 % à 8,5 % et le CV inter‑essais, de 6,9 % à 12,7 %. Les échantillons analysés par le laboratoire de Santé Canada en se servant de contrôles de la qualité externes fournis par BioRad et par DiaSorin se situaient systématiquement entre ces limites. Le laboratoire de Santé Canada participe au programme d’aptitude concernant les mesures de vitamine D par la voie du DEQAS (Vitamin D External Quality Assurance Scheme, R.‑U.) et a obtenu la certification d’aptitude chaque année depuis son adhésion au programme en 2005. Pour des renseignements plus détaillés sur le prélèvement des échantillons et la mesure de la concentration plasmatique de 25(OH)D dans le cadre de l’ECMS, consulter le document Manuel des procédures opératoires normalisées des laboratoires de référence – Vitamine D à www.statcan.gc.ca.

Le prélèvement d’échantillons de sang n’a pas été effectué chez les participants à l’enquête hémophiles ni chez ceux qui avaient subi une chimiothérapie au cours des quatre semaines précédentes. En outre, dans certains cas, la personne n’a pas fourni suffisamment de sang pour la teneur en vitamine D (les tubes ont été recueillis par ordre de priorité). Aux personnes dont la concentration mesurée de vitamine D se situait sous la limite inférieure de détection (9,98 nmol/L), nous avons attribué une valeur égale à la moitié de cette limite (4,99 nmol/L)29.

Les valeurs mesurées ont été comparées aux seuils établis pour la 25(OH)D. Cependant, la controverse demeure vive quant à la concentration optimale pour la santé de 25(OH)D dans la circulation. L’Institute of Medicine (IOM) est en train de mettre à jour les apports nutritionnels de référence (ANREF) établis en 1997 pour la vitamine D5, de nouvelles données ayant indiqué qu’une révision était nécessaire30. Les ANREF de 1997 étaient fondés sur l’obtention d’une concentration d’au moins 27,5 nmol/L, les valeurs inférieures à cette concentration ayant été associées à une carence en vitamine D (définie comme posant un risque élevé de rachitisme chez l’enfant ou d’ostéomalacie chez l’adulte)5. Selon les recommandations de l’IOM5, les concentrations inférieures à 37,5 nmol/L sont jugées inadéquates pour la santé des os, quoique ces recommandations soient en cours de révision. Aux fins de la présente analyse, la carence en vitamine D a été définie comme une concentration inférieure à 27,5 nmol/L, tandis que l’inadéquation pour la santé des os a été définie comme une concentration inférieure à 37,5 nmol/L. Néanmoins, il est de plus en plus généralement admis que des concentrations nettement plus élevées, spécifiquement, supérieures à 75 nmol/L, sont souhaitables pour maintenir un bon état de santé et prévenir la maladie3,31‑33. Par conséquent, nous avons également examiné cette valeur seuil. Les concentrations supérieures à 220 nmol/L correspondent, chez l’adulte, à l’apport proposé, considéré d’un « niveau sans effets indésirables observés », de 250 μg (10 000 UI) de vitamine D par jour34. Les concentrations supérieures à 375 nmol/L posent un risque d’effets indésirables et de toxicité35. Nous avons donc aussi évalué ces valeurs seuils.

Facteurs connexes

La concentration de 25(OH)D est associée à la pigmentation de la peau, mais aucun renseignement sur cette dernière proprement dite n’a été recueilli dans le cadre de l’ECMS. Pour la présente analyse, nous avons utilisé l’origine raciale comme variable indirecte. Le questionnaire de l’ECMS comportait une longue liste d’origines raciales parmi lesquelles on a demandé aux répondants celle qui leur correspondait; ceux qui ont indiqué qu’ils étaient « blancs » ont été classés de cette façon. Étant donné la petite taille de l’échantillon de personnes non blanches, l’origine raciale a été répartie en deux catégories, à savoir blanche et autre.

À titre de mesure indirecte de l’effet de la saisonnalité, nous avons choisi la date à laquelle les participants à l’enquête ont rendu visite au centre d’examen mobile, à savoir de novembre à mars ou d’avril à octobre, comme dans les études fondées sur la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) réalisées aux États‑Unis36. Cette catégorisation correspond à une période durant laquelle la synthèse cutanée de vitamine D est peu probable au Canada, d’une part, et à une période durant laquelle cette synthèse cutanée est probable, d’autre part37.

Durant l’entrevue menée auprès du ménage, on a demandé aux participants à l’enquête combien de temps par jour ils passaient habituellement au soleil durant « une fin de semaine ou une journée sans travail ou sans école typique durant les mois d’été » entre 11 h et 16 h. Pour les besoins de la présente étude, l’exposition quotidienne au soleil a été répartie en trois catégories, à savoir moins de 30 minutes, 30 minutes à moins d’une heure, et une heure ou plus.

On a demandé aux participants à l’enquête à quelle fréquence ils buvaient du lait ou des substituts de lait enrichis ou les utilisaient sur des céréales. Ils ont été répartis entre les catégories suivantes : consommation de lait moins d’une fois par jour, une fois par jour ou plus d’une fois par jour.

Les groupes d’âge ont été définis conformément au plan d’échantillonnage de l’ECMS, c’est‑à‑dire de 6 à 11 ans, de 12 à 19 ans, de 20 à 39 ans, de 40 à 59 ans et de 60 à 79 ans25. Les données sur l’âge ont été recueillies durant l’entrevue à domicile ainsi que durant la visite au centre d’examen mobile. Pour la présente étude, l’âge de la personne a été déterminé en se basant sur la seconde valeur.

Analyse statistique

L’échantillon utilisé pour la présente analyse comprenait 5 306 personnes (2 566 hommes et 2 740 femmes) qui représentaient 28,2 millions de Canadiens de 6 à 79 ans provenant de toutes les régions au cours de la période de deux ans de collecte des données. Les personnes qui ont refusé que l’on prélève un échantillon de sang, celles chez lesquelles une quantité insuffisante de sang a été prélevée ou celles qui n’ont pas fourni d’échantillon de sang pour des raisons médicales (p. ex. chimiothérapie) ont été exclues (n=298). Les tailles non pondérées d’échantillon pour lesquelles des concentrations plasmatiques valides de 25(OH)D ont été obtenues sont présentées selon le sexe et le groupe d’âge au tableau A en annexe.

Tailles d’échantillon non pondérées des participants dont la concentration de vitamine D était valide, selon le groupe d’âge et le sexe, population à domicile de 6 à 79 ans, Canada, 2007-2009Tableau A
Tailles d’échantillon non pondérées des participants dont la concentration de vitamine D était valide, selon le groupe d’âge et le sexe, population à domicile de 6 à 79 ans, Canada, 2007-2009

Des statistiques descriptives (fréquences, moyennes) ont été utilisées pour estimer les concentrations plasmatiques de 25(OH)D selon le groupe d’âge, le sexe, l’origine raciale, le mois du prélèvement du sang et la fréquence de la consommation de lait (tableau B en annexe). Les données sur d’autres facteurs, comme les suppléments alimentaires et l’utilisation d’un écran solaire, seront examinées à l’occasion d’analyses subséquentes. Nous avons évalué la prévalence de la carence de vitamine D, ainsi que les pourcentages de la population présentant diverses concentrations de 25(OH)D.

Certaines caractéristiques de l’échantillon (pondéré), selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 6 à 79 ans, Canada, 2007-2009Tableau B
Certaines caractéristiques de l’échantillon (pondéré), selon le sexe et le groupe d’âge, population à domicile de 6 à 79 ans, Canada, 2007-2009

Toutes les estimations sont fondées sur des données pondérées afin qu’elles soient représentatives de la population canadienne de 6 à 79 ans. Les estimations de la variance (intervalle de confiance à 95 %) et les tests de signification (test du khi carré ou test t) des différences entre les estimations ont été effectués en se servant des poids bootstrap fournis avec les données, afin de tenir compte du plan d’échantillonnage complexe de l’enquête. La signification a été définie comme étant une valeur p inférieure à 0,05. Dans les cas de comparaisons multiples (p. ex. groupes d’âge), nous avons utilisé la méthode d’ajustement de Bonferroni. Les analyses ont été effectuées au moyen du logiciel SUDAAN v.10.

Résultats

La concentration moyenne de 25(OH)D chez les Canadiens de 6 à 79 ans était de 67,7 nmol/L (tableau 1). Elle variait d’un creux de 60,7 nmol/L chez les hommes de 20 à 39 ans à un sommet de 76,8 nmol/L chez les garçons de 6 à 11 ans. Chez les membres des deux sexes, la courbe de la concentration de 25(OH)D en fonction du groupe d’âge avait une forme en U, les concentrations les plus élevées étant observées chez les enfants et les personnes âgées, et les plus faibles, chez les personnes de 20 à 39 ans. Les concentrations étaient significativement plus élevées chez les femmes que chez les hommes, dans l’ensemble, ainsi que chez le groupe des 12 à 39 ans.

Concentration moyenne de 25-hydroxyvitamine D, selon le groupe d’âge et le sexe, population à domicile de 6 à 79 ans, Canada, 2007-2009Tableau 1
Concentration moyenne de 25-hydroxyvitamine D, selon le groupe d’âge et le sexe, population à domicile de 6 à 79 ans, Canada, 2007-2009

Environ 4,1 % de la population (5,2 % des hommes et 3,0 % des femmes) présentait une concentration inférieure à 27,5 nmol/L, signalant une carence en vitamine D (tableau 2). La plus forte prévalence de carence a été observée chez les hommes âgés de 20 à 39 ans (6,8 %).

Pourcentage de la population à domicile de 6 à 79 ans atteignant les concentrations seuils de 25-hydroxyvitamine D, selon le groupe d’âge et le sexe, Canada, 2007-2009Tableau 2
Pourcentage de la population à domicile de 6 à 79 ans atteignant les concentrations seuils de 25-hydroxyvitamine D, selon le groupe d’âge et le sexe, Canada, 2007-2009

Un peu plus de 10 % des Canadiens (12,9 % des hommes et 8,3 % des femmes) avaient une concentration inférieure à 37,5 nmol/L, c’est‑à‑dire un niveau considéré comme inadéquat pour la santé des os. Autrement dit, environ 90 % de la population (87,1 % des hommes et 91,7 % des femmes) avait une concentration de vitamine D adéquate pour assurer une bonne santé osseuse (selon les recommandations de l’IOM, qui sont en train d’être révisées). Les femmes étaient plus susceptibles que les hommes d’avoir une concentration adéquate, dans l’ensemble et chez le groupe des 20 à 59 ans; quant à eux, les garçons de 6 à 11 ans l’étaient beaucoup plus que les membres plus âgés de leur sexe.

Environ le tiers de la population (33,0 % des hommes et 37,8 % des femmes) avait une concentration supérieure à 75 nmol/L, qui est le niveau proposé pour une santé optimale. Le pourcentage le plus élevé a été observé chez les personnes de 6 à 11 ans (48,6 %) et celles de 60 à 79 ans (44,7 %), et le pourcentage le plus faible, chez celles de 20 à 39 ans (29,5 %). Les hommes et les femmes étaient aussi susceptibles les uns que les autres d’atteindre ce niveau, sauf chez le groupe des 20 à 39 ans, chez qui le pourcentage de femmes était significativement plus élevé que le pourcentage d’hommes (36,3 % contre 22,9 %).

Moins de 0,5 % de la population avait une concentration de vitamine D supérieure à 220 nmol/L, et personne dans l’échantillon de l’ECMS n’avait un niveau supérieur à la concentration éventuellement toxique de 375 nmol/L (données non présentées).

Appartenir à la race blanche avait tendance à être associé à une concentration élevée de 25(OH)D (tableau 3). L’écart moyen entre les groupes raciaux était d’environ 19 nmol/L; l’écart le plus faible s’observait chez les femmes de 60 à 79 ans (7,1 nmol/L) et le plus grand, chez les femmes de 20 à 39 ans (26,6 nmol/L).

La concentration moyenne de 25(OH)D variait selon le mois durant lequel l’échantillon de sang avait été prélevé (tableau 3). La concentration avait tendance à être plus élevée chez les personnes dont le sang avait été prélevé entre avril et octobre plutôt qu’entre novembre et mars. Faisaient exception les femmes de 60 à 79 ans, chez qui la concentration était plus élevée de novembre à mars. Le pourcentage de Canadiens se situant dans la fourchette adéquate (au moins 37,5 nmol/L) était de 91,8 % d’avril à octobre, proportion qui ne différait pas de manière significative de celle de 85,6 % observée de novembre à mars. Cependant, le pourcentage de personnes dont la concentration de vitamine D était supérieure à 75 nmol/L était significativement plus élevé pour la période d’avril à octobre (38,6 %) que pour celle de novembre à mars (30,3 %) (données non présentées).

Concentration moyenne de 25-hydroxyvitamine D, selon l’origine raciale, le mois du prélèvement de sang, la consommation de lait, le groupe d’âge et le sexe, population à domicile de 6 à 79 ans, Canada, 2007-2009Tableau 3
Concentration moyenne de 25-hydroxyvitamine D, selon l’origine raciale, le mois du prélèvement de sang, la consommation de lait, le groupe d’âge et le sexe, population à domicile de 6 à 79 ans, Canada, 2007-2009

Les données sur l’exposition au soleil durant l’été indiquent que les personnes qui ont dit passer une heure ou moins par jour au soleil avaient une concentration plus faible de 25(OH)D que celles qui ont déclaré y passer plus d’une heure (données non présentées). Toutefois, comme l’ECMS n’a déterminé l’exposition au soleil que pour les mois d’été, l’échantillon n’était pas suffisamment grand pour explorer cette relation plus en profondeur.

La fréquence de la consommation de lait a tendance à être associée positivement à la concentration de 25(OH)D. La concentration moyenne était de 75 nmol/L chez les personnes qui consommaient du lait plus d’une fois par jour, comparativement à 62,7 nmol/L chez celles qui en consommaient moins d’une fois par jour (tableau 3). Le pourcentage de personnes consommant du lait plus d’une fois par jour diminuait quand l’âge augmentait, pour passer d’environ 65 % chez les enfants de 6 à 11 ans à un peu plus de 20 % chez les personnes de 60 à 79 ans (tableau B en annexe).

Discussion

La présente étude s’appuie sur des données provenant de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé réalisée de 2007 à 2009 pour examiner les niveaux de vitamine D chez les Canadiens de 6 à 79 ans. Cette étude est la première au Canada qui s’appuie sur des mesures directes de la concentration plasmatique de 25(OH)D chez un échantillon représentatif de la population nationale. L’exhaustivité de l’enquête permet d’examiner plusieurs facteurs que l’on sait être associés au niveau de vitamine D, dont l’âge, l’origine raciale et la consommation de lait.

Dans l’ensemble, 4 % des Canadiens avaient une concentration de 25(OH)D jugée insuffisante (moins de 27,5 nmol/L). Environ 90 % de la population avait une concentration égale ou supérieure à 37,5 nmol/L, niveau considéré comme adéquat pour la santé des os selon les normes de l’IOM5 (ces normes sont en train d’être révisées). Enfin, un tiers de la population avait une concentration supérieure à 75 nmol/L, c’est‑à‑dire le seuil qui, selon certaines études3,31‑33,38, est souhaitable pour le maintien de la santé globale et la prévention de la maladie.

Sur la base d’un seuil de 25 nmol/L, divers pays dans le monde déclarent qu’une part importante de leur population présente une carence en vitamine D2. Aux États‑Unis, où les mesures sont faites durant les mois ensoleillés (été dans les États du Nord; hiver dans les États du Sud), la prévalence globale des concentrations inférieures à 27,5 nmol/L est d’environ 5 %38. Au Canada, si l’on se limite aux mesures faites d’avril à octobre, la prévalence de la carence en vitamine D est légèrement supérieure à 3 %. À cause de différences de méthodologie, les comparaisons avec d’autres pays doivent se faire avec prudence.

Si l’on s’en tient aux valeurs moyennes calculées sur l’année complète, près de 90 % de la population canadienne atteignait le seuil de 37,5 nmol/L, jugé approprié pour la santé osseuse. Ce chiffre est comparable aux résultats de la NHANES pour les États‑Unis39.

Les enfants de 6 à 11 ans et les aînés de 60 à 79 ans sont les plus susceptibles d’afficher une concentration supérieure au seuil d’adéquation, quoique les raisons de ces niveaux élevés diffèrent probablement. Selon les données de l’ECMS, les jeunes enfants étaient plus susceptibles que les personnes âgées de boire du lait au moins une fois par jour (tableau B en annexe). Les personnes âgées, quant à elles, étaient plus susceptibles de tirer leur vitamine D de suppléments. Cette question sera analysée dans un article subséquent.

La classification des participants à l’enquête en deux catégories raciales seulement s’appuie sur l’hypothèse que les personnes considérées comme étant de race blanche ont une faible pigmentation de la peau, tandis que celles regroupées dans la catégorie Autre ont une pigmentation plus foncée. Globalement, cette classification révèle un écart significatif, la concentration de 25(OH)D étant plus faible chez le second groupe que chez le premier. Les données recueillies aux États‑Unis13 montrent que la concentration de vitamine D est nettement plus faible chez les Américains noirs non hispaniques que chez les Américains blancs non hispaniques pour tous les groupes âge‑sexe, même si les mesures sont faites en été. Une petite étude canadienne a produit des résultats similaires16, mais il n’a pas été possible de déterminer si les concentrations plus faibles chez les personnes ayant une pigmentation foncée (laquelle a été mesurée directement dans cette étude) étaient dues à l’effet confusionnel de l’apport plus faible de vitamine D provenant d’aliments et de suppléments chez ces personnes.

Le mois durant lequel l’échantillon de sang a été prélevé pour l’ECMS était moyennement associé à la concentration de 25(OH)D, notamment chez les femmes et chez les personnes de 12 à 39 ans. (Des facteurs tels que la consommation de suppléments pourraient avoir empêché la manifestation d’un effet saisonnier chez certains groupes d’âge.) De même, Vieth et coll.20 ont observé des concentrations plus élevées en été qu’en hiver chez les femmes de la région de Toronto. Rucker et coll.18 ont montré des effets saisonniers chez les adultes de 27 à 89 ans, les concentrations étant plus faibles en hiver et en automne qu’au printemps et en été. De surcroît, leurs résultats tenaient compte de l’effet des voyages dans le sud en hiver, correction qui n’a pas pu être apportée aux données de l’ECMS.

La fréquence de la consommation de lait est associée de manière significative aux niveaux de vitamine D chez les Canadiens de tous les âges; l’accroissement moyen était de 12 nmol/L chez ceux consommant du lait plus d’une fois par jour, comparativement à ceux en consommant moins d’une fois par jour. Cet écart est semblable à celui de 7 nmol/L entre les Américains blancs non hispaniques de 20 à 59 ans qui consommaient « souvent/parfois » du lait enrichi, comparativement à ceux qui n’en consommaient que « rarement ou jamais »36. Une étude a montré que la consommation de lait enrichi était plus faible chez les Asiatiques, les Premières nations et les Indiens du Nord et du Sud, vraisemblablement en raison d’habitudes alimentaires et(ou) d’une plus forte prévalence de l’intolérance au lactose16. En fait, l’analyse des données de l’ECMS révèle que les Canadiens classés dans le groupe racial Autre consommaient du lait significativement moins fréquemment que ceux classés dans la catégorie de race blanche (p < 0,05, données non présentées). Néanmoins, le groupe racial Autre présentait aussi la tendance générale selon laquelle la concentration de 25(OH)D est plus élevée quand la consommation de lait est plus fréquente, soit 60,6 nmol/L pour les personnes consommant du lait plus d’une fois par jour comparativement à 47,5 nmol/L pour celles en consommant moins d’une fois par jour (p < 0,05, données non présentées).

Les concentrations optimales de 25(OH)D n’ont pas été établies, mais selon certains chercheurs, 75 nmol/L serait la concentration souhaitable pour le maintien d’une bonne santé et la prévention de la maladie3,31‑33,38. Les concentrations supérieures à ce niveau ont la réputation de réduire le risque de fractures et d’améliorer l’absorption du calcium6,7,40. En outre, les concentrations inférieures à 75 nmol/L sont associées à un risque plus élevé de cancer du sein8, ainsi que de cancer du côlon et du rectum et d’adénomes9; les preuves d’une association avec d’autres types de cancer sont moins claires41. Étant donné l’incertitude quant au niveau optimal, nous avons examiné dans la présente analyse les concentrations correspondant à des seuils plus élevés. Plus du tiers (35 %) des Canadiens se situaient au‑dessus du seuil de 75 nmol/L; peu d’autres pays ont signalé un pourcentage aussi élevé2. Seulement 0,5 % des Canadiens avait un niveau de vitamine D supérieur à 220 nmol/L, et aucun participant à l’ECMS n’affichait une concentration supérieure à 375 nmol/L, pouvant être toxique35.

La présente analyse comporte plusieurs limites. Nous n’avons pas étudié tous les facteurs susceptibles de contribuer aux variations de la concentration de 25(OH)D. Les petites tailles d’échantillon ont limité l’examen des interactions entre les facteurs éventuellement confusionnels. Aucune information directe sur la pigmentation de la peau n’était disponible, et l’information sur la consommation de lait avait trait à la fréquence de la consommation, mais non aux quantités consommées. Les régions n’étaient pas toutes représentées ni comparées selon le mois durant lequel a été effectué le prélèvement de sang.

Conclusion

La présente étude permet de cerner les groupes de population susceptibles d’avoir une faible concentration de vitamine D, ainsi que les facteurs qui influent sur le niveau de vitamine D. Les facteurs associés à une faible concentration sont la saison hivernale, une origine raciale autre que blanche et un apport moins fréquent de lait. De futures analyses des données de l’ECMS porteront sur d’autres facteurs susceptibles d’influer sur la concentration de vitamine D, tels que la consommation de suppléments, l’indice de masse corporelle, la grossesse, la consommation de poisson et l’utilisation d’un écran solaire.