Activité physique chez les Premières nations hors réserve, les Métis et les Inuits

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Par Leanne C. Findlay

Des recherches antérieures ont démontré que les Autochtones vivant hors réserve sont peut-être plus actifs que leurs homologues non autochones1,2. Par ailleurs, selon les résultats d'une enquête menée en 2002-2003, le cinquième des membres des Premières nations vivant dans des réserves avaient au moins 30 minutes d'activité, de modérée à vigoureuse, quatre jours par semaine ou plus. Qu'il s'agisse d'Autochtones3,4 ou de non Autochtones2, les personnes physiquement actives sont plus susceptibles que celles qui sont moins actives de déclarer une excellente ou une très bonne santé.

Dans les études de l'activité physique chez les Autochtones, on a eu tendance à englober les Premières nations, les Métis et les Inuits, plutôt que de les considérer comme des groupes distincts, ou encore on a mis l'accent exclusivement sur les Premières nations. Toutefois, les différences géographiques et culturelles entre les groupes peuvent être liées à l'activité physique durant les loisirs. On reconnaît de plus en plus la nécessité de recherches comportant des distinctions entre les Premières nations, les Métis et les Inuits5.

On dispose de relativement peu de données sur les facteurs qui peuvent influencer la participation des Autochtones à l'activité physique. Dans le cadre d'une étude menée en 20066, on a trouvé des associations négatives avec l'âge et le poids corporel, et des associations positives avec la scolarité et l'état de santé autoévalué. En outre, les hommes étaient généralement plus actifs que les femmes, et les personnes bénéficiant d'un environnement social favorable étaient plus susceptibles d'être actives physiquement. Toutefois, cet examen reposait principalement sur des données américaines; on sait peu de choses au sujet des corrélats de l'activité physique chez les populations autochtones au Canada et, plus précisément, les différents groupes autochtones.

La présente étude comporte trois objectifs : 1) examiner l'activité physique durant les loisirs chez les membres des Premières nations vivant hors réserve, les Métis et les Inuits; 2) déterminer les facteurs associés à des loisirs actifs et modérément actifs (comparativement à inactifs) pour les trois groupes; et 3) examiner le rapport entre l'activité physique et la santé chez les Autochtones.

Méthodes

Source des données

On a utilisé les données de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2005 pour examiner l'activité physique durant les loisirs des membres des Premières nations vivant hors réserve, des Métis et des Inuits de 12 ans et plus. La population cible de l'ESCC est l'ensemble de la population canadienne âgée de 12 ans et plus. Sont exclus de la base de sondage les habitants des réserves indiennes et des terres de la Couronne, les personnes vivant en institution, les membres à temps plein des Forces armées canadiennes et les habitants de certaines régions éloignées. Sa couverture est de l'ordre de 98 % dans les provinces; dans les Territoires, elle est de l'ordre de 90 % au Yukon, 97 % dans les Territoires du Nord-Ouest et 71 % au Nunavut principalement dû au fait que certaines régions éloignées sont exclues. En effet, au Nunavut, l'ESCC a pour but de recueillir des renseignements dans les dix collectivités les plus importantes : Iqaluit, Rankin Inlet, Cambridge Bay, Kugluktuk font toujours partie de l'échantillon; une collectivité parmi celles de Cape Dorset, Pangnirtung, Igloolik et Pond Inlet est retenue, ainsi qu'une autre parmi celles de Baker Lake et Arviat. Les ménages ont été sélectionnés au moyen d'un plan de sondage complexe en grappes fondé sur l'Enquête sur la population active.

On a posé la question suivante aux participants à l'ESCC : « Êtes-vous un(e) Autochtone, c'est-à-dire un(e) Indien(ne) de l'Amérique du Nord, un(e) Métis(se) ou un(e) Inuit(e)? » (Même si les participants à l'enquête se désignaient comme « Indien(ne) de l'Amérique du Nord », on utilise le terme « Premières nations » tout au long de la présente étude). L'échantillon de 2005 comprenait 3 414 participants à l'enquête ayant indiqué appartenir à un groupe autochtone (1 522 membres des Premières nations, 1 533 Métis et 359 Inuits) et 129 494 participants à l'enquête qui n'étaient pas Autochtones. La présente analyse exclut les 39 participants à l'enquête qui ont indiqué appartenir à plus d'un groupe autochtone.

Mesures

L'activité physique durant les loisirs des participants à l'enquête a été établie à partir d'une liste d'activités courantes (tableau A en annexe). Les participants à l'enquête ont déclaré le nombre de fois qu'ils avaient participé à chaque activité au cours des trois mois précédents et la durée moyenne de la participation. La dépense quotidienne moyenne d'énergie a été calculée pour chaque activité en multipliant ces données par une estimation du coût énergétique de l'activité (kilocalories par kilogramme de poids corporel par heure, selon les lignes directrices de l'Institut canadien de la recherche sur la condition physique et le mode de vie). On a fait la somme des dépenses énergétiques, laquelle a servi à classer les participants à l'enquête dans l'une des trois catégories suivantes : actifs (3 kilocalories ou plus par kilogramme de poids corporel par jour); modérément actifs (1,5 à moins de 3 kilocalories par kilogramme par jour); et inactifs (moins de 1,5 kilocalorie par kilogramme par jour). Les personnes actives durant leurs loisirs font l'équivalent d'au moins une heure de marche par jour, et les personnes modérément actives, une demi-heure de marche par jour.

Tableau A Certaines activités et valeur de l'équivalent métabolique, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2005Tableau A Certaines activités et valeur de l'équivalent métabolique, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2005

Trois indicateurs de la santé ont été pris en compte dans l'étude : santé autoévaluée (générale); santé mentale autoévaluée; et présence de problèmes de santé chroniques (p. ex., asthme, hypertension, arthrite) (tableau B en annexe). On a posé aux participants la question suivante : « Pour commencer, en général, diriez-vous que votre santé [mentale] est ... ». Les options de réponse étaient les suivantes : excellente, très bonne, bonne, passable, mauvaise. Le nombre de problèmes de santé chroniques déclarés par un participant à l'enquête a été dichotomisé pour rendre compte de la présence d'un problème de santé et plus.

Tableau B Problèmes de santé chroniques figurant dans l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2005Tableau B Problèmes de santé chroniques figurant dans l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2005

Plusieurs caractéristiques sociodémographiques ont été examinées comme prédicteurs de l'activité physique durant les loisirs : le sexe, l'âge, le nombre de personnes à charge de 0 à 17 ans dans le ménage (question posée aux participants de 18 ans et plus), l'état matrimonial (marié(e)/en union libre comparativement à célibataire/veuf(ve)/divorcé(e)/séparé(e)), et l'emploi (oui ou non). Les âges ont été répartis en cinq groupes : 12 à 17 ans, 18 à 34 ans, 35 à 49 ans, 50 à 64 ans et 65 ans et plus. Le revenu total annuel du ménage a été réparti en trois catégories : moins de 20 000 $; 20 000 $ à 39 999 $; et 40 000 $ et plus. La scolarité a été classée de la façon suivante : pas de diplôme d'études secondaires; diplôme d'études secondaires; études postsecondaires partielles; diplôme d'études postsecondaires.

Analyses statistiques

Des statistiques descriptives des caractéristiques sociodémographiques, des indicateurs de la santé autodéclarée et de l'activité physique durant les loisirs pour l'échantillon à l'étude ont été calculées. Afin de tenir compte du profil plus jeune de la population autochtone, les pourcentages pour tous les résultats en matière de santé et les activités physiques durant les loisirs ont été normalisés selon l'âge en fonction de la population autochtone. On a utilisé des comparaisons chi-carré pour déterminer les différences significatives entre chaque groupe autochtone et la population non autochtone (mais pas entre les groupes autochtones). On a eu recours à la régression logistique pour déterminer si les facteurs sociodémographiques étaient associés à des loisirs actifs et/ou modérément actifs, ainsi que pour examiner les associations entre le niveau d'activité durant les loisirs et les mesures de la santé autodéclarée. Des modèles distincts ont été ajustés pour chaque groupe autochtone et pour le groupe témoin non autochtone. Du fait de l'échantillon relativement petit pour chaque groupe autochtone, on a aussi ajusté des modèles combinant les trois groupes. On a utilisé des poids d'échantillonnage dans toutes les analyses. Afin de tenir compte du plan de sondage complexe, on a appliqué une technique bootstrap pour l'estimation de la variance7.

Résultats

Plus actifs/moins en santé

Les membres des Premières nations vivant hors réserve et les Métis étaient plus susceptibles que la population non autochtone d'être physiquement actifs durant leurs loisirs : 37 % et 39 % comparativement à 30 % (tableau 1). Toutefois, le pourcentage d'Inuits qui étaient physiquement actifs (31 %) ne différait pas de façon significative du pourcentage de non-Autochtones qui l'étaient.

Tableau 1 Activité physique, santé et caractéristiques sociodémographiques, selon l'identité autochtone, population à domicile de 12 ans et plus, Canada, 2005Tableau 1 Activité physique, santé et caractéristiques sociodémographiques, selon l'identité autochtone, population à domicile de 12 ans et plus, Canada, 2005

Chaque groupe autochtone était plus susceptible que la population non autochtone de déclarer une santé générale et une santé mentale bonne/passable/mauvaise plutôt qu'excellente/très bonne. Par ailleurs, la prévalence de problèmes de santé chroniques était plus élevée chez les membres des Premières nations vivant hors réserve (71 %) et les Métis (74 %) que chez les Canadiens non autochtones (64 %).   Le taux comparativement faible de 65 % chez les Inuits peut tenir à la question de l'ESCC, laquelle visait les problèmes de santé chroniques « diagnostiqués par un professionnel de la santé ». Dans les collectivités inuites, il se peut que les personnes capables d'établir un diagnostique soient relativement peu nombreuses.

Dans une certaine mesure, ces différences au chapitre de l'activité physique et de la santé rendent compte des caractéristiques sociodémographiques. Chaque groupe autochtone avait tendance à être plus jeune et à compter un plus grand nombre d'enfants à charge dans le ménage que les Canadiens non autochtones. Les Autochtones étaient aussi plus susceptibles de vivre dans des régions rurales, d'être célibataires, de vivre dans des ménages ayant un faible revenu annuel et de ne pas avoir de diplôme d'études secondaires. Les membres des Premières nations hors réserve étaient aussi significativement moins susceptibles d'être occupés.

Loisirs actifs

Le premier ensemble de modèles a permis d'examiner les caractéristiques sociodémographiques pouvant être liées à des loisirs actifs (par rapport à inactifs) (tableau 2). Dans le cas des membres des Premières nations hors réserve et des Métis, le sexe, la scolarité et l'âge comportaient un lien significatif avec les loisirs actifs. La cote exprimant la possibilité d'être actif était plus élevée pour les hommes que pour les femmes. Les personnes ayant un niveau de scolarité plus élevé étaient plus susceptibles d'être actives que celles qui n'avaient pas obtenu de diplôme d'études secondaires. Dans le groupe des 12 à 17 ans, la cote exprimant la possibilité d'être actif était significativement plus élevée que chez les 18 à 34 ans. La cote exprimant la possibilité d'avoir des loisirs actifs était significativement plus faible chez les membres des Premières nations hors réserve de 35 à 64 ans. Dans le cas des Inuits, aucun facteur sociodémographique ne comportait de lien significatif avec les loisirs actifs, bien que la petite taille de l'échantillon peut avoir empêché de déceler des associations significatives.

Tableau 2 Rapports de cotes reliant les loisirs actifs (par rapport à inactifs) et certaines caractéristiques, selon l'identité autochtone, population à domicile de 12 ans et plus, Canada, 2005Tableau 2 Rapports de cotes reliant les loisirs actifs (par rapport à inactifs) et certaines caractéristiques, selon l'identité autochtone, population à domicile de 12 ans et plus, Canada, 2005

Afin de mettre en contexte les résultats pour chaque groupe autochtone, un modèle a été ajusté pour les Canadiens non autochtones. La plupart des caractéristiques sociodémographiques incluses dans le modèle comportaient un lien significatif avec l'activité physique durant les loisirs. La cote exprimant la possibilité d'être actif (par rapport à inactif) était significativement plus élevée pour les non-Autochtones de sexe masculin, pour ceux dont la scolarité était supérieure à un diplôme d'études secondaires, et pour ceux qui avaient de 12 à 17 ans. La cote exprimant la possibilité d'être actif était significativement plus faible chez les personnes vivant dans des ménages ayant les revenus les plus faibles (moins de 40 000 $), étant mariées ou vivant en union libre, comptant un nombre relativement important de jeunes personnes à charge dans leur ménage, étant occupées, et ayant 35 ans et plus.

Loisirs modérément actifs

Un moins grand nombre de caractéristiques étaient associées à des loisirs modérément actifs (par rapport à inactifs) (tableau 3). Dans le cas des Premières nations, un revenu du ménage inférieur à 40 000 $ (plutôt que 40 000 $ et plus) était associé à une cote plus faible exprimant la possibilité d'avoir des loisirs modérément actifs. Dans le cas des Métis, la résidence en région urbaine et le diplôme d'études postsecondaires étaient associés à une cote exprimant la possibilité d'être modérément actif plus élevée. Aucun des facteurs sociodémographiques n'a été associé à l'activité modérée chez les Inuits. Toutefois, parmi la population non autochtone, être plus âgé, avoir un faible niveau de scolarité et un faible revenu du ménage, être occupé, et être marié comportaient une association négative avec les loisirs modérément actifs.

Tableau 3 Rapports de cotes reliant les loisirs modérément actifs (par rapport à inactifs) et certaines caractéristiques, selon l'identité autochtone, population à domicile de 12 ans et plus, Canada, 2005Tableau 3 Rapports de cotes reliant les loisirs modérément actifs (par rapport à inactifs) et certaines caractéristiques, selon l'identité autochtone, population à domicile de 12 ans et plus, Canada, 2005

Activité durant les loisirs et santé autoévaluée

Afin de déterminer si les loisirs actifs ou modérément actifs étaient associés à l'état de santé, abstraction faite des caractéristiques sociodémographiques, des modèles distincts ont été ajustés pour chaque groupe autochtone, pour les trois groupes combinés et pour la population non autochtone.

Chez les Métis, les loisirs actifs étaient associés à la santé générale et mentale autoévaluée (tableau 4). Les estimations n'étaient pas significatives pour les Premières nations hors réserve ou les Inuits, même si les rapports de cote allaient dans le même sens. Afin de remédier aux problèmes découlant de la petite taille des échantillons, on a examiné les trois groupes ensemble. Dans ce cas, les loisirs actifs étaient associés à une meilleure santé générale et mentale autoévaluée, même une fois contrôlées les caractéristiques sociodémographiques. Dans le cas des Canadiens non autochtones, les loisirs actifs et modérément actifs étaient associés à une cote exprimant la possibilité de déclarer une santé excellente ou très bonne plus élevée.

Tableau 4 Rapports de cotes corrigés reliant le niveau d'activité durant les loisirs et la santé générale et mentale autoévaluée, ainsi que la présence de problèmes de santé chroniques, selon l'identité autochtone, population à domicile de 12 ans et plus, Canada, 2005Tableau 4 Rapports de cotes corrigés reliant le niveau d'activité durant les loisirs et la santé générale et mentale autoévaluée, ainsi que la présence de problèmes de santé chroniques, selon l'identité autochtone, population à domicile de 12 ans et plus, Canada, 2005

Les loisirs actifs ou modérément actifs n'étaient pas associés à la présence d'un ou de plusieurs problèmes de santé chroniques dans les groupes autochtones (seuls ou combinés) ou dans la population non autochtone.

Discussion

Selon les résultats de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2005, les membres des Premières nations vivant hors réserve et les Métis étaient significativement plus actifs physiquement durant leurs loisirs que la population non autochtone. Ces résultats vont dans le sens de constatations antérieures1,2 même si dans la présente analyse, aucune différence significative n'était apparente pour les Inuits.

Bon nombre des facteurs qui influencent les activités durant les loisirs dans la population en général étaient significatifs pour les populations autochtones2,6,8. Être de sexe masculin, être jeune, et avoir un niveau de scolarité élevé étaient associés à des loisirs actifs chez les Premières nations hors réserve et les Métis. Un moins grand nombre de facteurs étaient associés aux loisirs modérément actifs chez les Autochtones (peut-être en raison des petites tailles d'échantillon), en dépit de rapports significatifs pour la population non autochtone.

Comme l'ont démontré des études antérieures2-4, les personnes physiquement actives, qu'elles soient autochtones ou non, étaient plus susceptibles que les personnes moins actives de déclarer une santé générale et mentale excellente ou très bonne. Toutefois, les loisirs modérément actifs n'étaient pas associés de façon positive à la santé générale et mentale autoévaluée des Autochtones; d'autres recherches sont nécessaires pour déterminer le niveau d'activité auquel il est possible d'observer des associations.

En dépit de niveaux plus élevés d'activité physique, les Autochtones ont tendance à déclarer une santé moins bonne. Des études antérieures ont démontré une prévalence relativement élevée d'obésité8,9,10, de complications liées au diabète11-13 et d'autres problèmes de santé chroniques3 chez les Autochtones.

On laisse souvent entendre que les disparités en matière de santé sont davantage le fait de déterminants sociaux que biologiques14. Par exemple, l'usage du tabac, les mauvaises conditions de logement et un revenu faible peuvent avoir des répercussions négatives sur la santé15. Lorsque l'influence de plusieurs déterminants sociaux a été prise en compte, les loisirs actifs étaient associés à la santé uniquement chez les Métis.

Un rapport plus complexe entre l'activité physique et la santé peut exister pour les Autochtones. Il est possible que des facteurs non pris en compte dans la présente analyse influent sur celui-ci. Le bien-être des Autochtones peut comporter non seulement des composantes mentale et physique, mais aussi des aspects émotionnel et spirituel découlant d'une approche holistique16,17. Selon Wilson et coll.18, outre des déterminants sociaux bien établis (comme le revenu et la scolarité), il se peut que les activités traditionnelles comportent une association significative avec la santé des Autochtones.

Dans la présente étude, les loisirs actifs et modérément actifs ne comportaient pas de lien significatif avec la présence de problèmes de santé chroniques. Toutefois, les données sont transversales, et il n'est pas possible de déterminer d'associations temporelles. En outre, le nombre total de problèmes de santé et la gravité des incapacités n'ont pas été pris en compte. Par contre, des recherches antérieures ont démontré des liens entre l'activité physique et certains facteurs de risque de maladie chronique. Par exemple, Katzmarzyk9 a trouvé une association entre l'identité autochtone et l'obésité, et entre l'activité physique et l'obésité. Il a aussi été démontré que l'activité physique comportait une association inverse avec le syndrome métabolique chez les hommes (qui, à son tour, est associé à un risque plus grand de maladie cardiovasculaire et de diabète)19. Les liens entre l'activité physique et des problèmes de santé chroniques particuliers chez les Autochtones est un sujet qui mérite d'être étudié davantage.

Points forts, limites et orientations pour l'avenir

La présente étude fournit un aperçu des niveaux d'activité durant les loisirs chez un échantillon fondé sur la population de Premières nations hors réserve, de Métis et d'Inuits. Les travaux antérieurs dans ce domaine n'ont pas mis l'accent sur les facteurs associés à l'activité physique, ou encore sur les associations entre l'activité physique et la santé de groupes autochtones particuliers.

L'étude comporte certaines limites. Du fait que les données sont transversales, il n'est pas possible de déterminer la direction des rapports entre l'activité physique et la santé dans la présente étude. Il se peut que les personnes en santé aient la possibilité d'avoir des loisirs actifs, au lieu que les loisirs actifs mènent à une meilleure santé.

On n'a pu identifier les activités particulières auxquelles avaient participé les Autochtones. Par ailleurs, il se peut que la mesure de l'activité physique propre à l'ESCC ne convienne pas aux Autochtones. Cette mesure est fondée sur une liste prédéterminée d'activités (courantes) qui ne sont peut-être pas répandues dans les collectivités autochtones, alors que les activités correspondant au mode de vie des Autochtones n'y sont pas incluses. Par exemple, les résultats de l'Enquête régionale longitudinale sur la santé des Premières nations ont révélé que la pêche, le piégeage, la cueillette de petits fruits et la cueillette en général (qui ne figurent pas dans l'ESCC) étaient des activités physiques fréquemment citées par les Premières nations4. Par ailleurs, il se peut que la santé autoévaluée ne soit pas perçue de la même façon par les Autochtones, en raison d'une perspective plus holistique16, ou d'une interprétation différente des catégories de l'ESCC.

De même, les seuils de loisirs actifs, modérément actifs et inactifs ne sont peut-être pas appropriés pour les Autochtones. Il se peut que ces derniers ne considèrent pas certaines des activités figurant dans l'ESCC comme des activités de loisirs et, par conséquent, ne les incluent pas dans leurs loisirs20. Kriska et coll.21 ont déterminé que l'activité au travail contribuait davantage à l'activité physique totale que les loisirs chez les Autochtones. En fait, si tel est le cas, les niveaux d'activité physique peuvent être sous-estimés dans la présente étude. D'autres recherches sont nécessaires pour déterminer si la mesure de l'activité physique dans l'ESCC est appropriée pour les Autochtones.

Même si l'on examine les Premières nations hors réserve, les Métis et les Inuits séparément dans la présente étude, l'étude des activités de loisirs de groupes encore plus petits, dont les traditions, l'histoire et la culture10 sont différentes, pourrait être justifiée. Toutefois, compte tenu des limites de la présente étude liées à la taille de l'échantillon, une telle recherche ne pourra se faire à partir de l'ESCC. En fait, la non-détection de différences significatives pour des facteurs potentiellement associés à l'activité durant les loisirs ou entre un mode de vie actif ou modérément actif et la santé est peut-être le résultat des petites tailles d'échantillon.

Conclusion

La présente étude démontre que les membres des Premières nations hors réserve et les Métis étaient plus susceptibles que les Canadiens non autochtones d'avoir un mode de vie actif. L'analyse souligne l'importance d'examiner les trois groupes autochtones séparément, et fait ressortir la valeur de l'étude du rapport entre l'activité physique et la santé. Puisqu'on estime qu'il y avait près de 1,2 million d'Autochtones au Canada en 200622, d'autres recherches sont nécessaires pour cerner les facteurs qui sont liés à leur bien-être physique et mental.