Liens entre l'insécurité alimentaire du ménage et les résultats pour la santé chez les Autochtones (excluant les réserves)

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Par Noreen Willows, Paul Veugelers, Kim Raine et Stefan Kuhle

Il y a insécurité alimentaire dans toute situation où l'approvisionnement en aliments nutritionnellement appropriés et sûrs pour la santé est déficient ou lorsque la capacité d'acheter ces aliments par des moyens socialement acceptables est limitée ou incertaine1. L'insécurité alimentaire peut désigner la crainte de ne pouvoir obtenir de la nourriture, pour soi-même ou pour d'autres, ou encore la faim qui résulte d'une pénurie de vivres. L'insécurité alimentaire représente la privation d'un besoin fondamental et peut constituer un signe avant-coureur d'apports alimentaires sous-optimaux et de risques pour la santé et le bien-être2,3. Il s'agit donc d'un problème important de santé publique, particulièrement pour les groupes marginalisés du point de vue économique, notamment les Autochtones4-7.

Au Canada, « les Autochtones » sont les descendants des premiers habitants de l'Amérique du Nord, et ils comprennent les Indiens inscrits et non inscrits (Premières nations), les Métis et les Inuits8. Les recherches révèlent que la santé de ces groupes est moins bonne que celle de la population non autochtone9. En outre, les inégalités en matière de santé persistent quand on tient compte des facteurs socioéconomiques, de l'obésité et des comportements influant sur la santé, comme l'usage du tabac et la consommation d'alcool9.

L'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) fournit de l'information sur l'état de santé, l'utilisation des soins de santé et les déterminants de la santé. Bien que l'enquête exclue les habitants des réserves indiennes et de certaines régions éloignées10, elle peut servir à examiner la santé de la majorité des Autochtones. Selon le Recensement de 2001, plus de 70 % de la population autochtone vivait hors réserve, la plupart (68 %) dans des régions urbaines11. L'ESCC de 2004 avait prévu un suréchantillonnage des Autochtones de 19 à 50 ans pour permettre une analyse de cette sous-population.

L'ESCC de 2004 représentait le premier cycle de l'enquête qui mesurait la sécurité alimentaire des ménages en fonction du Household Food Security Survey Module (HFSSM)12,13 des États-Unis. Le HFSSM, qui comporte 18 questions, est une mesure validée à l'échelle internationale du niveau de sécurité alimentaire des ménages au cours de la période de 12 mois précédente14. L'insécurité alimentaire du ménage (IAM) déterminée à l'aide du HFSSM n'est pas équivalente à l'insuffisance générale de revenu; il s'agit plutôt d'un état de privation causé par le manque de ressources dans une catégorie de besoin précis14.

Selon les réponses aux questions du HFSSM, le tiers des ménages autochtones ayant participé à l'ESCC de 2004 vivaient de multiples situations caractéristiques de l'IAM; la proportion pour les ménages non autochtones se situait à 9 %4. Les ménages autochtones avaient une prévalence plus élevée de facteurs de risque sociodémographiques d'IAM, et le rapport entre l'IAM et ces facteurs était plus étroit chez les participants autochtones4.

La présente étude exploratoire a pour but de déterminer si l'IAM est un corrélat précis de la santé au sein de la population autochtone. Les données de l'ESCC de 2004 ont servi à examiner le rapport entre l'IAM et la santé, le bien-être et les comportements influant sur la santé autodéclarés par les participants autochtones adultes.

Données et méthodes

Plan d'enquête

L'ESCC – Nutrition de 2004 est une enquête transversale qui a été menée auprès de résidents de logements privés dans les 10 provinces. Une stratégie d'échantillonnage complexe à plusieurs degrés a servi à la sélection des ménages et des personnes. De janvier 2004 à janvier 2005, un membre de chacun des 35 107 ménages a été interviewé. L'enquête couvrait environ 98 % de la population des provinces et, afin qu'elle soit représentative, une correction pour la non-réponse a été appliquée aux poids de sondage. Une description détaillée du plan d'enquête, de l'échantillon et des procédures d'interview de l'ESCC est offerte dans d'autres documents12,13,15.

Sélection des variables

On a demandé aux participants à l'enquête de sélectionner parmi 13 réponses fixes sur l'ethnie celles qui s'appliquaient. Ceux qui se sont dits Autochtones ont été inclus dans la présente étude, même s'ils avaient aussi indiqué un autre groupe ethnique. Cette approche est conforme à la démarche utilisée pour le recensement, selon laquelle une personne qui déclare au moins un ancêtre autochtone est considérée comme Autochtone16. Parmi les 1 528 participants à l'ESCC qui se sont dits Autochtones, 59 % ont déclaré une ascendance d'Indien de l'Amérique du Nord, 37 %, une ascendance de Métis et 3 %, une ascendance inuite12, ce qui constitue une répartition  proportionnellement similaire à celle tirée du Recensement de 200617. Seules les données fournies par les participants autochtones de 18 ans et plus ont été utilisées dans la présente analyse.

En raison de la taille relativement restreinte de l'échantillon, les catégories ont été agrégées pour presque toutes les variables. Il est possible d'obtenir les variables initiales de l'enquête dans un autre document15. Le niveau de sécurité alimentaire du ménage est fondé sur l'interprétation des réponses aux questions du HFSSM préparée par le Bureau de la politique et de la promotion de la nutrition de Santé Canada13. Plus précisément, les questions portent sur l'accès des ménages à la nourriture dans le contexte du manque d'argent. Les niveaux modéré et sévère d'IAM ont été regroupés en une seule catégorie.

Les variables sociodémographiques utilisées aux fins des analyses sont l'âge, le sexe, le niveau de scolarité des membres du ménage et la suffisance du revenu du ménage. Le niveau de scolarité correspond au plus haut niveau de scolarité atteint par n'importe quel membre du ménage. La suffisance du revenu du ménage est fondée sur le nombre de personnes dans le ménage et le revenu total du ménage provenant de toutes les sources dans les 12 mois ayant précédé l'entrevue.

Cinq questions provenant de l'ESCC ont permis d'évaluer la santé et le bien-être des participants. Il s'agit des questions sur l'état de santé général autodéclaré, l'état de santé mentale autodéclaré, la satisfaction à l'égard de la vie, le stress, et le sentiment d'appartenance à la communauté. Dans chaque cas, les participants devaient choisir parmi quatre ou cinq options. Les réponses aux questions sur l'état de santé général et l'état de santé mentale autoévalués ont été divisées en deux catégories : « bon » (santé excellente/très bonne/bonne) ou « mauvais » (santé passable/mauvaise). Le niveau de stress a été divisé en deux catégories : « élevé » (journées assez/extrêmement stressantes) ou « faible » (journées pas du tout/pas tellement/un peu stressantes). La satisfaction à l'égard de la vie a été répartie en deux catégories : « élevée » (très satisfait, satisfait) ou « faible » (ni satisfait ni insatisfait/insatisfait/très insatisfait). Le sentiment d'appartenance à la communauté a été fractionné en deux catégories : « existant » (très fort/plutôt fort/plutôt faible) ou « très faible » (très faible).

On a demandé aux répondants si un professionnel de la santé avait diagnostiqué chez eux l'un des problèmes de santé chroniques suivants : hypertension, diabète, maladie cardiaque, cancer, troubles intestinaux tels que la maladie de Crohn ou la colite, ostéoporose (chez les 50 ans et plus) ou tout autre problème de santé physique ou mentale de longue durée. On considérait que les personnes avaient un problème de santé chronique si elles ont répondu « oui » à l'existence d'un problème ou plus9.

Deux comportements influant sur la santé, à savoir l'usage du tabac et la consommation de fruits et légumes, ont été examinés. L'usage du tabac a été divisé en deux catégories : non-fumeur ou fumeur. La consommation de fruits et légumes était jugée « faible » lorsque les participants déclaraient en consommer moins de cinq fois par jour et « suffisante » lorsqu'ils disaient en consommer cinq fois par jour ou plus. Le poids, y compris l'obésité, n'a pas été retenu comme variable de résultat parce que la taille et le poids mesurés directement n'étaient connus que pour 57,5 % des participants adultes18.

Analyse statistique

Les liens entre l'IAM et les résultats pour la santé ou les comportements influant sur la santé ont été examinés à l'aide d'une série de modèles de régression logistique univariés et multivariés. Les modèles multivariés ont été corrigés pour tenir compte des effets de l'âge et du sexe (modèle 1), de ceux de l'âge, du sexe et du niveau de scolarité des membres du ménage (modèle 2) et, enfin, de ceux de l'âge, du sexe, du niveau de scolarité des membres du ménage et de la suffisance du revenu du ménage (modèle 3). Les erreurs types ont été estimées au moyen de la méthode du bootstrap19,20. On a calculé les estimations de la prévalence à l'aide de poids d'échantillonnage fournis par Statistique Canada pour tenir compte de l'effet de plan et du biais de non-réponse. Les lignes directrices concernant la variabilité d'échantillonnage recommandées par Statistique Canada pour l'interprétation du coefficient de variation (CV) ont été utilisées. Les données ayant un CV modéré (de 16,5 % à 33,3 %) doivent être interprétées avec prudence15. Le programme Stata Version 9 (Stata Corp, College Station, TX, É.-U.) a servi aux analyses statistiques.

L'étude a été menée dans le cadre du Programme des centres de données de recherche21, lequel a permis d'avoir accès au fichier maître de l'ESCC – Nutrition de 200413 dans un milieu universitaire protégé. L'approbation déontologique institutionnelle a été obtenue auprès du Human Research Ethics Board de la faculté de l'agriculture, de la foresterie et de l'économie domestique de l'Université de l'Alberta.

Résultats

L'échantillon était formé de 837 personnes autochtones de 18 ans et plus qui vivaient hors réserve. De ce nombre, 57 % étaient des femmes (données non présentées). Plus de la moitié (52 %) des participants étaient âgés de 18 à 40 ans; le tiers (32 %) avaient de 41 à 55 ans, tandis que la proportion restante (15 %) avaient 55 ans et plus. Plus du tiers (36 %) vivaient dans un ménage où le plus haut niveau de scolarité atteint était inférieur ou équivalent au diplôme d'études secondaires. Près de la moitié provenaient de ménages appartenant aux catégories de suffisance du revenu inférieure (23 %) ou moyenne-inférieure (25 %) et 48 % provenaient de ménages se classant dans les catégories de revenu moyenne-supérieure (30 %) ou supérieure (18 %). Dans une faible proportion de cas, il manquait des données sur le niveau de scolarité (3 %) et la suffisance du revenu du ménage (5 %).

Presque trois adultes autochtones sur dix (29 %) vivaient dans un ménage en situation d'insécurité alimentaire. En comparaison de leurs homologues vivant dans les ménages en situation de sécurité alimentaire, ces personnes étaient plus susceptibles de déclarer avoir un mauvais état de santé général (36 % par rapport à 21 %), un mauvais état de santé mentale (21 % par rapport à 10 %), de l'insatisfaction à l'égard de la vie (28 % par rapport à 13 %), un très faible sentiment d'appartenance à la communauté (20 % par rapport à 11 %), un niveau de stress élevé (43 % par rapport à 21 %), et de faire usage du tabac (64 % par rapport à 46 %) (tableau 1). Lorsque l'âge et le sexe étaient pris en compte, non seulement ces rapports demeuraient-ils statistiquement significatifs, mais la cote exprimant le risque d'une faible consommation de fruits et légumes était plus élevée chez les personnes vivant dans les ménages en situation d'insécurité alimentaire que chez celles vivant dans les ménages en situation de sécurité alimentaire (tableau 2, modèle 1). Lorsqu'on considérait également le niveau de scolarité du ménage (modèle 2), les cotes exprimant le risque de déclarer une mauvaise santé mentale, de faire usage du tabac et de consommer peu de fruits et légumes ne différaient plus significativement entre les deux groupes. Enfin, lorsqu'on incorporait la suffisance du revenu dans le modèle (modèle 3), le stress était le seul résultat pour la santé duquel la cote exprimant le risque demeurait significativement plus élevé pour les autochtones adultes vivant dans les ménages en situation d'insécurité alimentaire.

Tableau 1 Prévalence des mesures de la santé et du bien-être et des comportements influant sur la santé, selon le niveau de sécurité alimentaire du ménage, population autochtone de 18 ans et plus vivant hors réserve, Canada, 2004Tableau 1 Prévalence des mesures de la santé et du bien-être et des comportements influant sur la santé, selon le niveau de sécurité alimentaire du ménage, population autochtone de 18 ans et plus vivant hors réserve, Canada, 2004

Tableau 2 Rapports de cotes non corrigés et corrigés reliant le niveau de sécurité alimentaire du ménage aux mesures de la santé et du bien-être et aux comportements influant sur la santé, population autochtone de 18 ans et plus vivant hors réserve, Canada, 2004Tableau 2 Rapports de cotes non corrigés et corrigés reliant le niveau de sécurité alimentaire du ménage aux mesures de la santé et du bien-être et aux comportements influant sur la santé, population autochtone de 18 ans et plus vivant hors réserve, Canada, 2004

Discussion

Les données de l'ESCC – Nutrition de 2004 montrent des liens entre l'IAM et plusieurs résultats pour la santé chez les adultes autochtones vivant hors réserve. Même lorsque l'âge, le sexe et le niveau de scolarité des membres du ménage étaient pris en compte, les adultes des ménages en situation d'insécurité alimentaire étaient plus susceptibles que ceux des ménages en situation de sécurité alimentaire de mentionner un mauvais état de santé général autodéclaré, un niveau de stress élevé, une faible satisfaction à l'égard de la vie et un très faible sentiment d'appartenance à la communauté. Toutefois, sauf dans le cas du stress, les rapports n'étaient plus significatifs une fois les données corrigées du revenu du ménage. L'inclusion du revenu a vraisemblablement entraîné un surajustement des données, parce que les questions du HFSSM réfèrent soit au manque d'argent, soit à l'incapacité de se procurer de la nourriture à cause d'un manque d'argent pour expliquer les situations et les comportements qui caractérisent l'insécurité alimentaire13,14. Par conséquent, les résultats du modèle corrigé pour tenir compte des effets de l'âge, du sexe et du niveau de scolarité reflètent peut-être mieux les liens entre l'IAM et les résultats pour la santé.

Les moins bons niveaux de santé et de bien-être chez les adultes autochtones vivant dans les ménages en situation d'insécurité alimentaire sont cohérents avec les résultats d'autres recherches. À titre d'exemple, une étude sur les participants à l'ESCC atteint de diabète a permis de constater que l'IAM était liée à l'insatisfaction à l'égard de la vie, à un mauvais état de santé générale et mentale et à un niveau plus élevé de stress22.

L'anxiété constitue un autre aspect de l'IAM13. Au Canada, l'IAM est liée à un stress aigu et chronique, à un sentiment d'aliénation et à l'exclusion sociale23,24. Par conséquent, les liens entre l'IAM et le stress et entre l'IAM et l'insatisfaction à l'égard de la vie ou le très faible sentiment d'appartenance à la communauté qui se dégagent de la présente étude étaient prévus.

Chez les Canadiens en général, un très fort sentiment d'appartenance à la communauté est associé à un excellent ou très bon état de santé générale et mentale25. Parmi les Canadiens autochtones en particulier, la relation entre la personne et l'ensemble de la société constitue toujours un déterminant important de la santé26. Dans la présente étude, l'IAM a été liée à un très faible sentiment d'appartenance à la communauté et à une mauvaise santé autodéclarée; il se peut  toutefois qu'il y ait une corrélation entre ces trois éléments.

Limites

Certains problèmes liés au plan d'enquête et à la sélection des variables de l'ESCC – Nutrition de 2004 rendent l'interprétation des résultats difficile. Comme il s'agit d'une enquête transversale, il n'est pas possible d'établir des relations causales entre les variables. De plus, parce que l'enquête s'appuie sur des autodéclarations, les résultats sont sujets aux biais de rappel et de déclaration.

Certaines limites de la présente étude découlent du nombre restreint de sujets autochtones et de la nécessité d'agréger les données. À titre d'exemple, les résultats pour la santé dans le cas des participants provenant des ménages éprouvant le plus d'insécurité alimentaire n'ont pu être examinés séparément. De plus, il a fallu regrouper les données relatives aux personnes d'ascendance autochtone unique et mixte, malgré d'éventuelles différences entre elles quant à leurs expériences de vie et leur orientation culturelle27. Il a fallu en faire autant avec les données pour les participants ayant déclaré être Indien de l'Amérique du Nord, Métis ou Inuit. Les personnes ayant déclaré des origines d'Indien de l'Amérique du Nord formaient la part la plus importante des participants autochtones; par conséquent, les résultats reflètent davantage les circonstances se rapportant aux Premières Nations qu'aux autres groupes.

L'identité culturelle ou ethnique peut influer sur la perception personnelle du bien-être28. Pour bon nombre d'Autochtones, le concept de la santé représente la conciliation des aspects physique, mental, émotif, spirituel et social de la vie29. L'ESCC ne contenait aucune question qui aurait permis d'évaluer une telle conciliation. Par conséquent, les mesures de la santé pourraient ne pas correspondre aux perceptions autochtones traditionnelles de la santé qui sont fondées sur une perspective holistique et écologique30.

La taille restreinte de l'échantillon n'a pas permis d'analyser les résultats pour la santé de l'IAM chez les enfants autochtones. Il s'agit là d'un important domaine de recherche pour les études futures. 

Conclusion

La réalité complexe de la vie des Autochtones vivant hors réserve est d'une grande importance; toutefois, cette population tend à être sous-représentée dans la recherche sur la santé au Canada31. À l'aide d'un outil validé à l'échelle internationale, la présente étude aide à mieux comprendre l'IAM au sein de cette population. Les résultats laissent entendre que l'omniprésence de l'IAM dans le contexte du manque d'argent est peut-être en partie responsable de la mauvaise santé et du faible bien-être relatifs observés chez les Autochtones.

Financement

Noreen D. Willows, Kim Raine et Paul Veugelers remercient l'Alberta Heritage Foundation for Medical Research, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et les programmes de chaires de recherche du Canada pour l'appui salarial reçu. L'étude a été financée par l'Institut de la nutrition, du métabolisme et du diabète des IRSC, par Statistique Canada et par Santé Canada.