Rapports sur la santé
Amélioration de la survie à la leucémie chez les adolescents et les adultes au Canada : un examen plus approfondi

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par Larry F. Ellison

Date de diffusion : le 20 juillet 2016

Au Canada, la leucémie est diagnostiquée chez 15 personnes sur 100 000, et représente 3 % de toutes les nouvelles tumeurs primaires (à l’exclusion du cancer de la peau autre que le mélanome)Note 1. La majorité des cas peuvent être classés dans un des quatre types principaux de leucémie : leucémie aiguë lymphoblastique (LAL), leucémie lymphoïde chronique (LLC), leucémie aiguë myéloblastique (LAM) et leucémie myéloïde chronique (LMC). Malgré les différences entre les types sur les plans de l’étiologie et de l’épidémiologie, les données sur la leucémie sont souvent présentées sous forme agrégée, par souci de commoditéNote 2Note 3.

Des analyses fondées sur la population et reposant sur les données tirées des registres du cancer permettent d’évaluer la progression de la survie de façon plus exhaustive que ne le font les essais cliniques, dans le cadre desquels les sujets sélectionnés sont généralement plus jeunes et plus en santé et ne sont pas nécessairement représentatifs de la personne moyenne qui reçoit un diagnosticNote 4Note 5Note 6. L’étude des tendances en matière de survie au fil du temps peut fournir des renseignements à propos du traitement du cancer et des mesures de lutte contre la maladieNote 7.

Des études fondées sur la population — faisant souvent appel à des données des États-Unis ou de la Suède — ont révélé que les améliorations de la survie varient selon le type de leucémie et l’âge au moment de l’apparition pour chaque type spécifique de leucémieNote 4Note 8Note 9Note 10Note 11Note 12Note 13Note 14Note 15Note 16Note 17. Au Canada, on a constaté entre la période 1992-1994 et la période 2006-2008 une augmentation de 15 points de pourcentage de la survie relative à cinq ans chez les personnes ayant reçu un diagnostic de leucémie à l’adolescence ou à l’âge adulteNote 2. Parmi les cancers ou les groupes de cancers étudiés, il s’agissait de la deuxième augmentation en importance de la survie durant cette période, après le lymphome non hodgkinien. Toutefois, on dispose de peu d’information sur l’ampleur de l’amélioration selon le type de leucémie. La présente étude comble cette lacune dans les connaissances et décrit les résultats pour des périodes intermédiaires afin de brosser un tableau plus complet des tendances en matière de survie par type de leucémie.

Méthodes

Sources des données

Les données sur l’incidence du cancer sont tirées de la version d’octobre 2011 du Registre canadien du cancer. Le Registre canadien du cancer est une base de données dynamique, axée sur la personne et représentative de la population. Chaque registre provincial et territorial du cancer fournit des données sur les personnes atteintes d’un cancer et sur les tumeurs, dans un format normalisé, et chacun a la possibilité d’ajouter, de mettre à jour et de supprimer des enregistrements. Afin d’établir et de tenir à jour cette base de données, Statistique Canada applique une série de processus de validation de base, ainsi qu’un processus de couplage d’enregistrements internes pour repérer les enregistrements en double.

Un fichier a été créé selon les règles de codage des tumeurs primaires multiples du Centre international de recherche sur le cancerNote 18. Les cas ont été définis en fonction de la Classification internationale des maladies pour l’oncologie, troisième éditionNote 19 et classés selon les définitions des groupes du programme Surveillance, Epidemiology, and End Results (SEER) (tableau A en annexe)Note 20. Le suivi de la mortalité jusqu’au 31 décembre 2008 a été réalisé par couplage avec la Statistique de l’état civil – Base de données sur les décès (à l’exclusion des décès enregistrés dans la province de Québec) et d’après les renseignements déclarés par les registres provinciaux et territoriaux du cancer. En cas de décès déclaré par un registre provincial/territorial, mais non confirmé par couplage d’enregistrements, on a supposé que la personne était décédée à la date indiquée par le registre. Avant que le fichier de données soit diffusé, Statistique Canada a procédé à l’application des règles de codage des tumeurs primaires multiples et au couplage des enregistrements.

La survie prévue, utilisée pour le calcul des ratios de survie relative (RSR), a été établie d’après des tables de mortalité provinciales annuellesNote 21 complètes selon le sexe. Des détails à ce sujet sont présentés ailleursNote 22.

Techniques d’analyse

Les analyses ont porté sur toutes les leucémiesNote 23Note 24Note 25. Les données relatives à la province de Québec ont été exclues, à la fois parce que la méthode de détermination de la date du diagnostic diffère de celle en vigueur dans les autres provinces et en raison de problèmes liés à la détermination du statut vital des cas. Ont également été exclus de l’analyse les enregistrements concernant les personnes âgées de moins de 15 ans ou de plus de 99 ans au moment du diagnostic; ceux où le diagnostic a été établi par autopsie seulement (0,2 %) ou à l’aide du certificat de décès seulement (2,7 %); et ceux où l’année de naissance ou de décès était inconnue (deux cas extrêmement rares).

Les analyses de la survie relative s’appuyaient sur un algorithme accessible au publicNote 26 intégrant la méthode d’Ederer IINote 27 et légèrement modifié pour en accroître la précision. Une période de survie de cinq ans a été utilisée pour toutes les analyses. Des sous-intervalles de trois mois ont été utilisés pour la première année de suivi, puis on a eu recours à des sous-intervalles de six mois pour les quatre années restantes, pour un total de 12 sous-intervalles. Les cas comportant la même date de diagnostic et de décès (en excluant ceux omis précédemment parce qu’ils avaient été confirmés au moyen d’une autopsie uniquement ou d’un certificat de décès uniquement) se sont vu assigner une survie d’un jour (0,7 %), parce que le programme exclut automatiquement les cas comportant une survie de 0 jour. L’exclusion de ces cas aurait entraîné un biais à la hausse dans les RSR.

Même si la définition de la survie relative stipule que le groupe de comparaison de la population « ne doit pas avoir la maladie spécifique à l’étude »Note 28, les tables de mortalité de la population comprenaient les personnes ayant déjà reçu un diagnostic de cancer. Le biais introduit par de telles tables de mortalité dans les estimations des RSR à cinq ans est négligeable pour la plupart des cancers individuels, y compris la leucémieNote 22Note 29Note 30.

Les RSR à cinq ans normalisés selon l’âge ont été calculés selon la méthode directe par pondération des estimations selon l’âge pour un cancer donné en fonction de la répartition par âge des personnes de 15 à 99 ans ayant reçu un diagnostic de cancer de 2004 à 2008 (tableau B en annexe). Dans deux cas, soit les cas de LAL chez les femmes de 75 à 99 ans durant la période 2006-2008 et les cas de LAL chez les personnes de 75 à 99 ans des deux sexes durant la période 2005-2007, les RSR à cinq ans n’étaient pas disponibles, puisqu’il n’existe pas de données sur la survie au-delà des intervalles de 3,0 à 3,5 ans et de 3,5 à 4,0 ans, respectivement. Pour calculer les taux comparatifs, on a présumé que le RSR à cinq ans correspondait à la dernière valeur calculable dans chaque cas. Les biais maximaux introduits par ces présomptions, en supposant un RSR à cinq ans réel de 0,0, étaient de 1,8 et de 1,4 point de pourcentage, respectivement, compte tenu d’un poids pertinent de 0,14148 (tableau B en annexe).

Pour tous les types de leucémie combinés, les RSR pour les sujets de 15 à 99 ans ont été normalisés simultanément selon l’âge et selon la répartition des cas afin d’atténuer l’effet des écarts dans la distribution des cas par type de leucémie au fil du temps. Ils ont été obtenus par pondération des estimations selon l’âge et selon le type de leucémie en fonction de la distribution des cas par âge et par type de leucémie pour toutes les personnes de 15 à 99 ans ayant reçu un diagnostic de leucémie entre 2004 et 2008. Les estimations selon l’âge pour tous les types de leucémie combinés ont été normalisées de la même manière selon la répartition des cas (tableau C en annexe). Les 25 poids utilisés pour la normalisation selon l’âge et selon la répartition des cas peuvent être calculés en multipliant les poids normalisés selon l’âge par le poids associé au type de leucémie correspondant pour les sujets de 15 à 99 ans (tableau C en annexe, première colonne).

Dans la présente étude, les résultats des analyses normalisées selon l’âge et selon la répartition des cas sont les principaux indicateurs pour tous les types de leucémie combinés; les résultats normalisés selon l’âge correspondants sont présentés aux fins de comparaison.

Les erreurs types des RSR ont été estimées en divisant l’erreur type de la survie observée (déterminée selon la méthode de Greenwood)Note 31 par la survie prévueNote 32. Dans le cas des RSR normalisés selon l’âge, elles ont été estimées en extrayant la racine carrée de la somme des carrés des erreurs types des RSR normalisés selon l’âge pondérés.

L’amélioration de la survie a été mesurée par l’augmentation, exprimée en points de pourcentage, des RSR à cinq ans entre 1992-1994 et 2006-2008. Les différences entre les RSR ont été calculées avant arrondissement à une décimale. La signification statistique des écarts entre les périodes a été déterminée à l’aide d’un test Z. Les RSR pour l’intervalle 2006-2008 ont été calculés à l’aide de la méthode par périodeNote 33, tandis que pour l’intervalle 1992-1994, on a utilisé la méthode des cohortes.

Pour décrire plus en détail le profil des changements au fil du temps pour chaque type de leucémie, les RSR à cinq ans normalisés selon l’âge ont été calculés pour trois périodes de trois ans successives : entre 1992-1994 et 2001-2003, selon une analyse des cohortes; entre 2002-2004 et 2005-2007 (analyse mixte)Note 34; et pour 2006-2008 (analyse par période). L’analyse mixte combine les données de l’analyse des cohortes et de l’analyse par période pour calculer les estimations de la survie intermédiaires entre celles obtenues séparément par ces deux méthodes d’analyse.

La méthode par période donne des estimations de la survie plus actuelles que la méthode des cohortes pour les périodes récentesNote 35Note 36Note 37. Les estimations dérivées à l’aide de la méthode par période reflètent la survie cumulative à laquelle on s’attendrait pour les nouveaux cas diagnostiqués au cours d’une période récente, en supposant que les probabilités de survie conditionnelles observées dans les intervalles prédéfinis de suivi pour cette période sont celles qui s’appliquent aux nouveaux cas à partir de ce moment. Si ces probabilités augmentaient plutôt, la prédiction de la survie cumulative fondée sur la période donnerait lieu à une sous-estimation de la survie observée ultérieurementNote 35Note 38.

Résultats

Répartition des cas

De tous les cas de leucémie diagnostiqués entre 1992 et 2008 chez les personnes de 15 à 99 ans admissibles à l’analyse de survie, la LLC (44,1 % des cas) était le type le plus courant et la LAL (4,6 %), le moins courant (tableau 1). Le pourcentage de cas diagnostiqués chez les hommes était le plus élevé pour la LLC (60,3 %) et le moins élevé pour la LAM (54,1 %).

Les répartitions par âge les plus asymétriques étaient celles de la LLC et de la LAL. La LLC était beaucoup plus susceptible d’être diagnostiquée à un âge avancé et était rarement décelée entre 15 et 44 ans (2,5 % des cas de LLC). En revanche, presque la moitié (48,8 %) des cas de LAL chez les adultes ont été diagnostiqués avant l’âge de 45 ans.

Augmentations de la survie par type de leucémie

Le RSR à cinq ans normalisé selon l’âge et selon la répartition des cas prédit pour tous les types de leucémie combinés pour la période 2006-2008 s’établissait à 57,5 % (tableau 2). Ce chiffre masquait toutefois une grande diversité de pronostics parmi les types de leucémie. Les RSR à cinq ans normalisés selon l’âge prédits allaient de 22,8 % pour la LAM à 80,9 % pour la LLC. Le grand éventail d’estimations de la survie a persisté après la normalisation selon l’âge à l’aide d’une méthode courante (tous les types de leucémie combinés, première ligne du tableau B en annexe), bien que l’estimation associée à la LAL ait diminué de 25,9 % (données non présentées). Cette différence s’explique par la répartition par âge pour la LAL, qui était plus asymétrique vers les âges jeunes que ne l’était la répartition par âge de tous les types de leucémie combinés.

La survie a augmenté considérablement pour tous les principaux types de leucémie entre les périodes 1992-1994 et 2006-2008, mais l’importance de l’augmentation variait. Le RSR à cinq ans pour la LMC a augmenté de 24,9 points de pourcentage (de 36,0 % à 60,9 %), comparativement à 9,2 points de pourcentage pour la LAM. Aucune augmentation statistiquement significative n’a été observée pour la catégorie « autres leucémies ».

Pour tous les types de leucémie combinés, le RSR à cinq ans normalisé selon l’âge et selon la répartition des cas a augmenté de 11,8 points de pourcentage entre 1992-1994 et 2006-2008. L’ajustement supplémentaire pour la répartition des cas a réduit l’augmentation de la survie de 2,8 points de pourcentage, soit 19 % de l’augmentation initialement constatée dans le RSR normalisé selon l’âge.

Durant la période étudiée, les RSR à cinq ans pour la LMC ont commencé à augmenter vers le milieu et la fin des années 1990 (figure 1). Les gains les plus importants ont eu lieu entre 1996-1998 et 2001-2003, bien que les estimations de la survie après cette période deviennent de plus en plus prédictives et pourraient être sous-évaluées (voir Méthodes). Même si les améliorations de la survie à la LAL semblent remonter à la fin des années 1990, des augmentations relativement importantes totalisant 8,2 points de pourcentage ont été observées plus récemment (entre 2003-2005 et 2006-2008). La survie à la LLC et à la LAM s’est améliorée graduellement tout au long de la période étudiée, sauf peut-être au milieu et à la fin des années 1990 dans le dernier cas.

Augmentations de la survie selon le sexe

Pour tous les types de leucémie combinés et pour chaque type principal, les augmentations de la survie relative à cinq ans étaient statistiquement significatives chez les hommes et chez les femmes (tableau 3). Pour les « autres leucémies », seule la survie des femmes a augmenté de façon significative. Les estimations ponctuelles des augmentations des RSR étaient plus élevées chez les femmes que chez les hommes (13,3 contre 11,0 points de pourcentage) pour tous les types de leucémie combinés. La différence la plus importante de l’amélioration de la survie entre les sexes a été constatée chez les personnes ayant reçu un diagnostic de LMC (augmentation supérieure de 8,2 points de pourcentage chez les femmes).

On a observé un avantage de survie important pour les femmes durant la période 2006-2008 pour tous les types de leucémie combinés, mais seulement lorsque les RSR étaient ajustés selon l’âge et la répartition des cas (résultats des tests statistiques non présentés). Des avantages importants pour les femmes ont aussi été observés chez les personnes ayant reçu un diagnostic de LLC ou de LMC, alors qu’un désavantage important a été constaté pour les « autres leucémies ».

Augmentations de la survie selon le groupe d’âge

Pour les deux types de leucémie aiguë, les RSR à cinq ans pour la période 2006-2008 étaient plus élevés chez les personnes ayant reçu un diagnostic entre 15 et 44 ans (61 % à 64 %) et diminuaient rapidement avec l’âge (tableau 4). L’importance de l’âge au moment du diagnostic comme prédicteur du pronostic pour la LAM est mise en évidence par le fait qu’aucun des intervalles de confiance de 95 % selon l’âge n’en chevauchait un autre.

Les estimations de la survie relative pour les deux types de leucémie chronique diminuaient aussi avec l’âge au moment du diagnostic, bien qu’à partir d’un point de départ initial plus élevé (94,1 % pour la LLC, 86,5 % pour la LMC), mais pas avant l’âge de 54 ans. La diminution était généralement plus rapide pour la LMC que pour la LLC.

Pour toutes les leucémies combinées, les augmentations de la survie relative à cinq ans entre 1992-1994 et 2006-2008 étaient statistiquement significatives dans chaque groupe d’âge. Les gains importants de la survie relative à la LMC mentionnés plus haut étaient clairs pour chacun des cinq groupes d’âge, les augmentations allant de 41,4 points de pourcentage chez les personnes ayant reçu un diagnostic entre 45 et 54 ans, à 17,1 points chez les personnes ayant reçu un diagnostic entre 75 et 99 ans. En conséquence, en 2006-2008, la survie relative à cinq ans parmi les personnes ayant reçu un diagnostic entre 45 et 54 ans (87,5 %) correspondait à celle du groupe des 15 à 44 ans (86,5 %), alors qu’au début de la période étudiée, elle s’établissait à environ 20 points de pourcentage de moins.

En ce qui concerne la LLC, les améliorations de la survie relative à cinq ans étaient plus élevées à 65 ans et plus. En revanche, dans le cas de la LAM, l’amélioration la plus importante — tout juste un peu plus de 20 points de pourcentage — a été observée chez les personnes âgées de moins de 55 ans, et la survie est demeurée en deçà de 5 % chez les personnes les plus âgées. L’amélioration importante observée chez les personnes ayant reçu un diagnostic entre 65 et 74 ans signifiait que la survie dans ce groupe d’âge à la période 2006-2008 (11,7 %) était supérieure à celle des 75 à 99 ans (3,8 %), alors que les deux estimations étaient pratiquement identiques au début des années 1990. Dans le cas de la LAL, les améliorations les plus importantes ont été constatées chez les personnes ayant reçu un diagnostic entre 15 et 44 ans (20,4 points de pourcentage) et entre 55 et 64 ans (25,7 points de pourcentage), bien que la précision des estimations selon l’âge soit relativement faible pour ce cancer.

Même si la survie améliorée pour la LMC semble être apparue vers le milieu et la fin des années 1990 dans la plupart des groupes d’âge, elle a été observée dès le début de la période étudiée chez les personnes de 45 à 54 ans et ne s’est manifestée qu’au tournant du siècle chez les personnes les plus âgées (données non présentées). Chez les personnes ayant reçu un diagnostic entre 75 et 99 ans, les RSR à cinq ans sont passés de 16,6 % en 1999-2001 à 37,1 % en 2006-2008.

Discussion

Cette analyse des données canadiennes indique que les augmentations importantes constatées antérieurement dans la survie de la période 1992-1994 à la période 2006-2008 pour tous les types de leucémie combinés s’appliquent aussi aux principaux types de leucémie chez les hommes et les femmes, pour tous les groupes d’âge étudiés. En parallèle, les différences dans l’importance des améliorations selon la strate ressortent clairement. Par exemple, la survie relative à cinq ans pour la LMC a augmenté de 24,9 points de pourcentage et est passée de 36,0 % à 60,9 %. De plus, un avantage de survie pour les femmes par rapport aux hommes est ressorti.

D’autres études axées sur la population ont révélé des augmentations importantes de la survie relative pour la LMC, qui ont été expliquées par les progrès réalisés en matière de traitementNote 8Note 14Note 17Note 39. En 2001, l’imatinib, soit le premier traitement ciblé pour la LMC, a été approuvé dans un certain nombre de pays, dont le CanadaNote 14Note 39Note 40Note 41. Avant cela, l’interféron-α et la greffe de cellules souches hématopoïétiques avaient déjà amélioré la survie dans certaines sous-populationsNote 14Note 39Note 40.

La présente étude révèle des améliorations significatives de la survie pour tous les groupes d’âge, la moins grande (17,1 points de pourcentage) ayant été constatée chez les personnes qui ont reçu un diagnostic entre 75 et 99 ans. Les augmentations de la survie pour ce groupe d’âge se sont produites relativement tard comparativement aux groupes d’âge plus jeunes, une différence attribuée en partie à l’utilisation tardive et moins répandue de l’imatinib auprès de cette populationNote 8Note 14.

Dans le cas de la LAM, l’amélioration plus importante de la survie relative à cinq ans constatée dans les groupes d’âge jeune dans le cadre de la présente étude correspond aux observations fondées sur des données suédoisesNote 11 et des données tirées du programme SEER américainNote 4. Néanmoins, plus de la moitié des cas chez les adultes sont diagnostiqués après 64 ans, un groupe d’âge pour lequel la survie demeure très faible. La survie améliorée chez les « jeunes aînés » (veut dire le groupe des 65 à 74 ans ici, mais celui des 65 à 80 ans ailleurs)Note 11, mais pas chez les « vieux aînés », a été observée ailleursNote 4Note 11Note 15 et attribuée en partie à un traitement plus agressif chez les « jeunes aînés »Note 4Note 5Note 15Note 42. En règle générale, les améliorations graduelles globales de la survie à la LAM ont été attribuées à une combinaison de plusieurs facteurs, soit une meilleure compréhension du diagnostic et des choix de traitements, une utilisation améliorée et accrue des soins de soutien, une intensification de la chimiothérapie, et des techniques améliorées de greffe de cellules souchesNote 4Note 11Note 15Note 43.

Dans le cas de la LAL, les améliorations récentes de la survie, comme celle qui a été observée dans le cadre de la présente analyse, peuvent généralement s’expliquer par une utilisation accrue de thérapies ciblées et de la greffe de cellules souches, par l’introduction de protocoles inspirés de la pédiatrie pour le traitement des jeunes adultes et par les améliorations des thérapies de soutienNote 12Note 44Note 45Note 46. L’amélioration de la survie à la LLC est généralement attribuée à l’efficacité accrue des approches thérapeutiques et aux meilleurs soins de soutienNote 9Note 10Note 13Note 47. Toutefois, le biais lié au délai de dépistage pourrait avoir joué un rôleNote 9Note 10. L’effet du traitement sur les résultats en matière de survie n’a pas pu être évalué directement dans le cadre de la présente étude, parce que le Registre canadien du cancer ne renferme pas de données cliniques.

L’atténuation de l’augmentation globale des RSR à cinq ans après ajustement selon la répartition des cas fait ressortir l’importance de ce facteur dans les analyses comparatives de la survie à la leucémie. Entre 1992 et 2008, la proportion de cas de LLC par rapport à tous les cas de leucémie diagnostiqués a augmenté et est passée de 39,9 % à 47,9 %, tandis que la proportion de cas de LAM a diminué et est passée de 26,0 % à 21,7 % (données non présentées). L’augmentation relative des cas de LLC, qui est le type ayant le meilleur pronostic, et la diminution relative simultanée des cas de LAM, le type de leucémie ayant le pire pronostic, durant la période étudiée a donné lieu à un avantage de survie artificiel, qui n’a pas été pris en compte dans les résultats normalisés selon l’âge.

La présente étude révèle un avantage de survie important pour les femmes par rapport aux hommes pour tous les types de leucémie combinés, ainsi que pour la LLC et la LMC. Ces résultats contrastent avec ceux d’une étude récente, à l’issue de laquelle il a été conclu que la leucémie était l’un des rares cancers qui n’étaient pas associés à un avantage de survie pour les femmesNote 48. Cette étude ne tenait toutefois pas compte de la répartition des cas des cancers individuels ou de groupes de cancers comme la leucémie, et les données relatives aux types spécifiques de leucémie n’étaient pas présentées. Un avantage de survie pour les femmes ayant la LMC a aussi été observé dans les données de la Suède, des États-Unis et de l’AllemagneNote 14Note 39. Dans le cas de la LLC, la présente analyse soutient la surmortalité inférieure de 29 % chez les femmes comparativement aux hommes dont ont fait état Kristinsson et coll.Note 10. Deux autres études révèlent toutefois des améliorations plus importantes des RSR à cinq ans chez les hommes ayant reçu un diagnostic en 2004 ou avant, qui annulent les différences entre les sexes observées antérieurementNote 9Note 13.

L’analyse de la survie par période utilisée pour la présente étude a révélé des améliorations récentes des RSR chez les personnes atteintes de leucémie. Néanmoins, certaines des prédictions de la survie relative à cinq ans pour les années les plus récentes — particulièrement en ce qui concerne la LAL et la LMC — pourraient sous-estimer ce qui sera observé ultérieurement, parce que les prédictions de la survie fondées sur l’analyse par période tendent à être prudentes dans la mesure où la survie semble avoir augmenté au cours des dernières années.

On peut illustrer ce phénomène en appliquant la méthode par période à l’intervalle 2001-2003 (la dernière période de trois ans pour laquelle il est possible de calculer une estimation fondée exclusivement sur la méthode des cohortes) et en comparant l’estimation prédite à l’estimation réellement observée. Le RSR à cinq ans selon la méthode des cohortes s’établissait à 52,3 % pour la LMC, mais l’estimation selon la méthode par période, qui a été calculée à partir des données de suivi jusqu’à la fin de 2003 seulement, s’établissait à 45,0 %. En revanche, dans le cas de la LAM, pour laquelle la survie était relativement stable directement avant 2001-2003, la différence (0,2 point de pourcentage) entre les estimations selon la méthode par période et selon la méthode des cohortes était négligeable.

Mot de la fin

Les améliorations de la survie entre 1992-1994 et 2006-2008 pour chacun des principaux types de leucémie étaient considérables, même si la survie relative à cinq ans pour les adultes atteints de LAL et de LAM demeure inférieure à 50 % et à 25 %, respectivement. Toutefois, les progrès réalisés en matière de traitement de la leucémie — y compris les thérapies ciblées de deuxième générationNote 49 — se poursuivent.

Annexe

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