Rapports sur la santé
Activité physique des enfants et des jeunes au Canada, 2007 à 2015

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par Rachel C. Colley, Valerie Carson, Didier Garriguet, Ian Janssen, Karen C. Roberts et Mark S. Tremblay

Date de diffusion : le 18 octobre 2017

L’activité physique est associée à une gamme d’effets bénéfiques sur la santé physique, mentale et sociale pour les enfants et les jeunesNote 1Note 2. Les lignes directrices publiées par l’Organisation mondiale de la Santé et par plusieurs pays recommandent que les enfants et les jeunes accumulent un minimum de 60 minutes d’activité physique modérée à vigoureuse (APMV) par jour, et préconisent des activités physiques d’intensité vigoureuse ainsi que des activités de renforcement des muscles et des os au moins trois fois par semaineNote 3Note 4Note 5Note 6.

Depuis 2007, l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), représentative à l’échelle nationale, utilise les accéléromètres pour mesurer l’APMV. Le premier cycle de données, recueillies entre 2007 et 2009, indiquait que seulement 7 % des enfants et des jeunes canadiens suivaient la recommandation de 60 minutes par jourNote 7. Quatre cycles de données de l’ECMS, recueillies sur neuf ans (2007 à 2015), sont maintenant disponibles et fournissent la possibilité de mettre à jour les statistiques et d’examiner les tendances temporelles de l’APMV des enfants et des jeunes canadiens.

Les Directives canadiennes en matière de mouvements sur 24 heures pour les enfants et les jeunes diffusées récemment intègrent les recommandations en matière d’activités physiques, de comportement sédentaire et de sommeilNote 8. La recommandation sur l’APMV dans ces nouvelles Directives, soit 60 minutes par jour, est cohérente avec la directive canadienne antérieureNote 4 et avec les directives d’autres pays et organisationsNote 8. Malgré la cohérence de la recommandation sur l’APMV entre les pays, la façon d’évaluer ce point de référence varie, ce qui limite les comparaisons entre les études et les secteurs de compétence. Plus particulièrement, l’opérationnalisation de l’aspect « quotidien » ou « par jour » de la recommandation varie. Le fait de suivre la recommandation en matière d’APMV a été opérationnalisé comme suit : au moins 60 minutes par jour en moyenne pendant une semaineNote 9Note 10Note 11Note 12Note 13Note 14,au moins 60 minutes pour chacun des 7 jours de la semaineNote 15Note 16Note 17Note 18Note 19Note 20Note 21Note 22Note 23Note 24Note 25Note 26Note 27, et au moins 60 minutes pendant au moins 5 joursNote 28ou au moins 6 joursNote 7 par semaine. Les pourcentages d’enfants et de jeunes qui suivent la recommandation varient, selon la manière de l’opérationnaliserNote 29Note 30Note 31.

Les recommandations en matière de surveillance qui accompagnaient la diffusion des nouvelles Directives proposent d’évaluer la conformité aux composantes d’APMV, de temps passé devant un écran et de sommeil selon la moyenne quotidienne d’heuresNote 8. Cela est différent de l’approche initiale pour opérationnaliser la conformité aux recommandations en matière d’activités physiques comme le fait d’accumuler 60 minutes d’APMV au moins 6 jours par semaineNote 7. Les auteurs des nouvelles Directives ont proposé d’appliquer les deux définitions opérationnelles à l’avenir afin d’examiner les tendances en matière d’APMV au fil du tempsNote 8. Ils ont aussi noté que l’utilisation d’une moyenne plutôt qu’une mesure quotidienne est appuyée par la preuve qui a documenté l’élaboration des DirectivesNote 2Note 32. Cela permet une cohérence quant à la manière d’opérationnaliser les différentes recommandations en matière de comportements à l’égard du mouvement (par exemple, éviter d’avoir besoin de 6 jours sur 7 d’APMV, tout en exigeant une moyenne quotidienne d’heures pour le sommeil et le temps d’écran)Note 8. Les résultats des cycles 2 et 3 de l’ECMS (2009 à 2011 et 2011 à 2013) indiquent que la différence entre l’opérationnalisation de 60 minutes par jour comme moyenne plutôt que d’exiger 60 minutes ou plus au moins 6 jours sur 7 donne lieu à une différence dans le pourcentage d’enfants et de jeunes qui suivent la directive de 7 % comparativement à 36 %Note 33. Cet écart indique un besoin de faire concorder le lien entre les deux mesures.

La preuve d’une relation dose-réponse entre l’activité physique et la santéNote 1laisse supposer que le fait d’inciter les enfants et les jeunes à augmenter leurs APMV, peu importe leur niveau de base actuel, est justifié. Les recommandations en matière d’activités physiques incitent fortement les enfants inactifs à « augmenter lentement leur activité en petites étapesNote 5 » et promeuvent l’idée selon laquelle « plus les enfants font des activités physiques, plus ils en bénéficierontNote 3 ». Par conséquent, l’examen de l’APMV en dessous et au-dessus du point de repère de 60 minutes par jour fournit des renseignements supplémentaires sur le pourcentage d’enfants et de jeunes qui sont près de suivre ou de dépasser les directives actuelles. Ces résultats supplémentaires pourraient aider à déterminer si les stratégies pour augmenter l’activité physique devraient se concentrer sur la fréquence, la durée ou les deux.

L’étude décrit et compare les pourcentages d’enfants et de jeunes canadiens de 6 à 17 ans qui suivent la recommandation actuelle sur l’APMV, selon différentes définitions opérationnelles. L’analyse présente un aperçu des niveaux d’APMV des enfants et des jeunes canadiens mesurés à l’aide d’un accéléromètre de 2007 à 2015, au moyen d’une gamme de points de repère au-dessus, en dessous et incluant la recommandation de 60 minutes par jour. Ces comparaisons contribuent à faire concorder les changements apparents dans la conformité aux recommandations résultant de la transition de la définition opérationnelle dans les Directives canadiennes en matière de mouvements sur 24 heures.

Données et méthodes

Source des données

L’ECMS est une enquête permanente de Statistique Canada qui recueille des données sur la santé déclarées et mesurées auprès de la population à domicile âgée de 3 à 79 ans. Les résidents des réserves indiennes, des établissements institutionnels et de certaines régions éloignées, ainsi que les membres à temps plein des Forces canadiennes sont exclus.

L’analyse porte sur 5 608 enfants et jeunes âgés de 6 à 17 ans. Les données ont été recueillies lors des quatre premiers cycles de l’ECMS : cycle 1 (2007 à 2009; n = 1 473), cycle 2 (2009 à 2011, n = 1 507), cycle 3 (2012 à 2013, n = 1 328) et cycle 4 (2014 à 2015, n = 1 300). Les participants ont rempli un questionnaire à la maison, administré par un intervieweur, et dans les six semaines suivantes, se sont rendus dans un centre d’examen mobile (CEM) dans le cadre d’une série de mesures physiques. Le Comité d’éthique de la recherche de Santé Canada a donné son approbation déontologique pour l’ECMSNote 34. Des détails se trouvent dans les publications antérieuresNote 35Note 36Note 37Note 38Note 39.

Mesure de l’activité physique

Une fois la visite au CEM terminée, on a demandé aux participants capables de marcher de porter un accéléromètre Actical (Phillips – Respironics, Oregon, États-Unis) retenu par une ceinture élastique sur la hanche droite, durant leurs heures d’éveil, pendant 7 jours d’affilée. Les participants ne pouvaient voir aucune donnée pendant qu’ils portaient l’appareil. L’Actical mesure et enregistre avec horodatage l’accélération dans toutes les directions, fournissant ainsi un indice de l’intensité de l’activité physique au moyen d’une valeur de compte de mouvements pour chaque minute. Une journée valide a été définie comme comptant 10 heures ou plus de temps de port. Les données valides d’un participant ont été définies comme un minimum de 4 jours valides sur une possibilité de 7Note 40. La durée du port du moniteur a été déterminée en soustrayant de 24 heures le temps pendant lequel le moniteur n’avait pas été porté. Le temps pendant lequel l’accéléromètre n’avait pas été porté a été défini comme au moins 60 minutes consécutives sans mouvements dénombrés, avec une tolérance de 1 à 2 minutes de mouvements entre 0 et 100Note 40.Un seuil établi d’intensité de mouvement a été appliqué aux données afin de calculer les heures d’APMV (au moins 1 500 mouvements par minute)Note 41. Des descriptions complètes des procédures de réduction des données d’accéléromètre sont accessibles ailleursNote 7Note 35Note 36Note 37Note 38Note 40.

Analyse statistique

Des analyses statistiques ont été organisées autour de quatre questions de recherche :

  1. Combien de minutes d’APMV les enfants et les jeunes canadiens accumulent-ils, et ce résultat varie-t-il selon le sexe et le groupe d’âge?
  2. Les niveaux d’APMV parmi les enfants et les jeunes ont-ils changé au fil du temps?
  3. Quelles sont les incidences de la définition opérationnelle de la recommandation de 60 minutes par jour sur le pourcentage d’enfants et de jeunes qui respectent le point de repère?
  4. Des repères plus exigeants (plus de 60 minutes par jour) ou moins exigeants (jusqu’à 60 minutes par jour) offrent-ils des renseignements supplémentaires ou complémentaires à propos des modifications temporelles dans les habitudes d’APMV parmi les enfants et les jeunes canadiens?

Des statistiques descriptives ont été utilisées pour calculer la moyenne et les intervalles de confiance à 95 % dans l’ensemble et selon le groupe d’âge et le sexe. Des poids d’échantillonnage d’accéléromètres de cycles individuels de l’ECMS ont été utilisés aux fins d’analyse présentant des estimations de cycles individuelsNote 35Note 36Note 37Note 38. Des contrastes par paires ont été utilisés afin de comparer les groupes d’âge (6 à 11 ans comparé à 12 à 17 ans) et les sexes (garçons comparés aux filles).

Des données valides d’accéléromètres tirées de chacun des quatre cycles de l’ECMS ont été regroupées et pondérées à l’aide des poids d’échantillonnage combinés d’accéléromètres générés par Statistique CanadaNote 42. La taille de l’échantillon pour les analyses combinées était de 5 597, en raison d’un manque de poids combinés pour un petit nombre d’enfants (n = 11) qui ont eu 6 ans entre la visite à domicile et la visite du CEM. Une analyse de tendance a été menée sur la moyenne quotidienne de minutes d’APMV, permettant d’estimer les effets linéaires, au carré et au cube du temps (cycle d’enquête). Une régression linéaire a aussi été réalisée pour évaluer l’effet global du temps (cycle d’enquête), tout en tenant compte de la saison. Les analyses ont tenu compte de l’âge, de l’indice de masse corporelle, du revenu du ménage ajusté selon les quintiles de taille du ménage et du plus haut niveau de scolarité parentale dans le ménage (diplôme d’études secondaires ou moins, études postsecondaires sans diplôme de baccalauréat, diplôme de baccalauréat ou plus).

L’atteinte de 60 minutes d’APMV quotidiennes a été mesurée de diverses façons, ce qui reflète les approches les plus communes pour évaluer la conformité à la recommandation.

  1. Tous les jours : Les participants étaient réputés s’être conformés s’ils avaient accumulé au moins 60 minutes par jour pendant tous les jours valides de données d’accélérométres (4/4, 5/5, 6/6 ou 7/7 jours).
  2. La plupart des jours : Les participants étaient réputés s’être conformés s’ils avaient accumulé au moins 60 minutes par jour pendant le nombre de jours qui correspondaient plus étroitement à 70 % des jours (3/4, 3/5, 4/6 ou 5/7 jours).
  3. Au moins 6 jours sur 7 : Des statistiques bayésiennes ont été utilisées pour déterminer la probabilité qu’un participant accumule 60 minutes d’APMV au moins 6 jours sur 7 selon les données valides de son accéléromètre7,28. La moyenne de toutes les valeurs de probabilité de l’échantillon a ensuite été utilisée pour obtenir le pourcentage global des enfants et des jeunes qui suivent la recommandation.
  4. Moyenne : La moyenne quotidienne de minutes d’APMV a été calculée à l’aide des journées valides de chaque participant. Si cette valeur était d’au moins 60 minutes par jour, le participant était réputé s’être conformé.

Les pourcentages d’enfants et de jeunes atteignant une moyenne d’APMV de 15, 30, 45, 60, 75 ou 90 minutes par jour pour les journées valides ont également été évalués. Une distribution bêtabinomiale a été utilisée pour estimer la probabilité d’accumuler 15, 30, 45, 60, 75 ou 90 minutes d’APMV 1 à 7 jours par semaineNote 43. La prévalence estimée dans la population d’atteindre chaque seuil quotidien a été calculée comme moyenne pondérée de ces probabilités individuelles.

Les données ont été analysées à l’aide de SAS 9.3 (SAS Institute, Cary, NC) et SUDAAN 11.0 (RTI International, NC) au moyen d’un dénominateur de degrés de liberté (DDL) approprié pour chaque cycle de l’ECMS dans les énoncés de procédure de SUDAAN (DDL pour les cycles 1, 3, 4 = 11, cycle 2 = 13, tous les cycles = 46). Afin de tenir compte des effets du plan de sondage, les intervalles de confiance à 95 % ont été estimés par la méthode du bootstrapNote 35Note 36Note 37Note 38.

Résultats

Les garçons et jeunes enfants sont les plus actifs

La moyenne quotidienne d’APMV pour les enfants et les jeunes variait d’un minimum de 49 minutes dans le cycle 2 à un maximum de 57 minutes dans les cycles 1 et 3 (tableau 1). Dans tous les cycles, les garçons ont accumulé plus d’APMV que les filles (p < 0,001) et les enfants âgés de 6 à 11 ans ont accumulé plus d’APMV que les jeunes âgés de 12 à 17 ans (p < 0,001). La moyenne de durée de port du moniteur (intervalle : 13,3 à 13,7 heures par jour) et le nombre de jours valides (intervalle : 5,8 à 6,1) sont demeurés stables au fil des cycles (données non affichées).

Tendances au fil du temps

Aucune tendance linéaire significative dans la moyenne quotidienne de minutes d’APMV n’était évidente pour l’ensemble des cycles de l’ECMS (tableau 1, figure 1). Il y avait une tendance cubique significative dans la moyenne quotidienne de minutes d’APMV (p = 0,02), reflétant une moyenne quotidienne plus faible d’APMV dans les cycles 2 et 4, comparativement aux cycles 1 et 3.

Dans un modèle de régression linéaire qui tenait compte de la saison, de l’âge, du sexe, de l’indice de masse corporelle, du revenu du ménage et de la scolarité parentale, le seul effet significatif du temps (cycle d’enquête) a été une baisse dans le cycle 2 (-7 minutes par jour, p < 0,05). L’effet saisonnier était significatif dans le modèle (p < 0,0001) et reflétait plus d’APMV au printemps qu’en hiver (-16 minutes par jour), en été (-13 minutes par jour) et en automne (-12 minutes par jour).

La conformité dépend de la définition opérationnelle

La figure 2 illustre les différences dans la prévalence de la conformité selon les quatre définitions opérationnelles de la recommandation de 60 minutes d’APMV. Lorsque les définitions opérationnelles « tous les jours », « la plupart des jours » ou « 6 jours sur 7 » étaient utilisées, la conformité était inférieure à 12 % dans tous les cycles de l’ECMS. En revanche, lorsque la définition opérationnelle « moyenne quotidienne » était utilisée, la conformité variait entre 29 % et 41 % dans l’ensemble des cycles.

La moyenne quotidienne d’APMV des enfants et des jeunes qui avaient accumulé 60 minutes d’APMV tous les jours ou 6 jours sur 7 variait de 107 à 127 minutes; la moyenne quotidienne d’APMV de ceux qui avaient accumulé 60 minutes la plupart des jours ou en moyenne était plus faible, variant de 82 à 91 minutes (tableau 2). Il est estimé que 35 % des enfants et des jeunes ayant une moyenne quotidienne d’APMV d’au moins 60 minutes ont accumulé 60 minutes 7 jours sur 7 (données non affichées).

Au-delà d’un simple point de référence

Les pourcentages d’enfants et de jeunes dans chacun des cycles de l’ECMS dont la moyenne quotidienne d’APMV était d’au moins 15, 30, 45, 60, 75 ou 90 minutes sont présentés à la figure 3; les pourcentages de ceux ayant accumulé 60 minutes 6 à 7 jours par semaine étaient inclus aux fins de comparaison. Les pourcentages de participants ayant accumulé 60 minutes 6 jours sur 7 par semaine (intervalle : 5 % à 8 %) correspondaient plus étroitement aux pourcentages de ceux ayant accumulé une moyenne de 90 minutes par jour (intervalle : 6 % à 12 %). Aucun changement important d’un cycle à l’autre relatif à l’atteinte d’une moyenne quotidienne de 15 minutes n’a été apparent. On a toutefois remarqué des différences dans les valeurs à partir de 30 minutes par jour et plus, reflétant ainsi la tendance générale, les valeurs des cycles 2 et 4 étant légèrement inférieures à celles des cycles 1 et 3 pour de nombreuses mesures. Les pourcentages des participants ayant accumulé 60 minutes d’APMV 1 à 7 jours par semaine sont affichés dans la figure 4 pour tous les cycles combinés. Le pourcentage de ceux ayant une moyenne quotidienne d’APMV d’au moins 60 minutes est inclus afin de démontrer qu’il correspond plus étroitement au fait de suivre la recommandation de 60 minutes d’APMV 4 jours ou plus par semaine (35 %).

Le tableau 3 montre les pourcentages de participants ayant accumulé divers points de repère d’APMV jusqu’à la recommandation de 60 minutes et au-delà. Dans tous les cycles, environ 80 % des enfants et des jeunes ont accumulé 30 minutes, 3 jours par semaine ou plus et environ 50 % l’ont fait au moins 6 jours. Environ la moitié ont accumulé 60 minutes, 3 jours par semaine ou plus. Ceux ayant accumulé 75 ou 90 minutes chaque jour étaient rares (moins de 7 %); cependant, environ 50 % ont accumulé 75 à 90 minutes au moins 1 jour par semaine.

Discussion

La présente étude examine les tendances en matière de niveaux d’APMV parmi les enfants et les jeunes canadiens sur une période de neuf ans et analyse les incidences d’une modification de la définition opérationnelle de la recommandation. Peu importe comment la recommandation a été opérationnalisée ou la façon dont la méthode analytique a été utilisée, les niveaux d’APMV n’ont pas changé beaucoup de 2007 à 2015. Moins de 10 % des enfants et des jeunes ont accumulé 60 minutes d’APMV chaque jour et un tiers ont accumulé une moyenne de 60 minutes par jour. Les résultats soulignent le faible pourcentage de ceux qui suivent la recommandation et l’importance de déclarer explicitement comment cela est opérationnalisé.

L’absence de tendance temporelle dans la présente analyse correspond à une étude menée à l’aide d’un podomètre par Cameron et coll.Note 44, qui a recueilli des données auprès de 43 806 enfants et jeunes canadiens âgés de 5 à 19 ans de 2005 à 2015. Cette étude a permis de conclure à un déclin modeste (-6,1 %) de la médiane de pas par jourNote 44. Selon les résultats des chercheurs, l’objectif national établi par les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des sports, de l’activité physique et des loisirs d’augmenter la moyenne quotidienne de pas pour la faire passer de 11 500 à 14 500 d’ici 2015Note 45 n’avait pas été atteint. Le nombre de pas pour les enfants et les jeunes de 6 à 17 ans de l’ECMS, bien qu’il ne soit pas indiqué dans la présente analyse, faisait état d’une diminution similaire (-8 % du cycle 1 par rapport au cycle 4). Cela démontre l’absence de changement important dans la moyenne quotidienne de minutes d’APMV entre le cycle 1 et le cycle 4 (en baisse de 3,2 % pour passer de 57 à 55 minutes par jour). La présente étude vient ainsi corroborer la preuve présentée par Cameron et coll. selon laquelle les niveaux d’activité physique des enfants et des jeunes canadiens sont demeurés stables au cours des 10 dernières années.

Les écarts observés dans les pourcentages d’enfants et de jeunes qui suivaient la recommandation de 60 minutes par jour, selon la définition opérationnelle, correspondent aux autres recherchesNote 29Note 30Note 31. Ce résultat est intuitif, compte tenu du fait qu’il est plus facile d’atteindre une moyenne quotidienne de 60 minutes que d’accumuler 60 minutes chaque jour de la semaine. En examinant de multiples niveaux d’APMV inférieurs et supérieurs à 60 minutes par jour, il a été possible d’estimer la fréquence et la durée d’APMV requises pour atteindre une moyenne quotidienne d’au moins 60 minutes par jour. Le pourcentage d’enfants et de jeunes ayant atteint une moyenne quotidienne d’APMV de 60 minutes (33 %) reflète mieux celui de ceux qui ont accumulé 60 minutes d’APMV 4 jours sur 7 par semaine (35 %) (figure 4). Seulement environ le tiers de ceux qui ont atteint une moyenne quotidienne d’APMV de 60 minutes accumulent 60 minutes chaque jour. Une preuve supplémentaire du manque de cohésion entre les définitions opérationnelles peut être mise en évidence en comparant la moyenne quotidienne d’APMV de ceux qui ont accumulé 60 minutes 6 jours sur 7 par semaine (107 à 127 minutes) à la moyenne quotidienne de ceux ayant atteint une moyenne quotidienne d’au moins 60 minutes (82 à 91 minutes) (tableau 2).

Le changement dans la définition opérationnelle de la recommandation de 60 minutes par jour sans changement correspondant dans la quantité d’APMV recommandée crée une période de transition difficile dans la déclaration de la prévalence, des tendances et des comparaisons. La variation dans la manière d’opérationnaliser la recommandation a donné lieu à des demandes d’harmonisation et de déclaration exacte de la manière dont la recommandation est interprétée dans les analysesNote 29Note 30Note 31.Dans le contexte de l’ECMS, la différence dans les pourcentages d’enfants et de jeunes suivant la recommandation de 60 minutes augmente de 5 fois entre la méthode quotidienne (6 jours sur 7)Note 7 et la méthode de la moyenne : 7 % par rapport à 33 %. La méthode de la moyenne reconnaît les variations dans l’APMV d’une journée à l’autre, ce qui pourrait ne pas être défavorable, pourvu que le total du volume hebdomadaire demeure suffisantNote 1.

Même si l’écart entre les définitions opérationnelles est grand, le message à retenir est le même : la majorité des enfants et des jeunes canadiens ne suivent pas la recommandation, une situation qui n’a pas changé depuis 2007. Qui plus est, le résultat selon lequel 33 % ont accumulé une moyenne d’au moins 60 minutes d’APMV n’est qu’une partie d’un plus vaste constat; ils sont beaucoup moins nombreux (17,5 %) à respecter tous les aspects des Directives canadiennes en matière de mouvements sur 24 heuresNote 33. De récentes études ont indiqué que les résultats en matière de santé s’améliorent à mesure que plus d’éléments des Directives sont respectésNote 33Note 46. Avec l’adoption de la nouvelle définition opérationnelle, il deviendra important pour les chercheurs de décrire leurs méthodes en détail (quelle définition opérationnelle a été utilisée) et d’être prudents lors de comparaisons avec d’autres études.

Forces et limites

Une des forces de la présente analyse repose sur l’examen des niveaux d’APMV supérieurs et inférieurs au point de référence de 60 minutes par jour. Cela fournit des renseignements sur les niveaux atteints par l’ensemble de la population et non seulement le pourcentage des personnes qui suivent cette recommandation unique. Par exemple, les résultats de l’ECMS donnent à penser que les pourcentages d’enfants et de jeunes qui accumulent des quantités modestes d’APMV (15 ou 30 minutes par jour, par exemple) n’ont pas changé au fil du temps.

L’évaluation de la conformité à la recommandation sur l’APMV ainsi qu’une série de mesures complémentaires (par exemple, la moyenne quotidienne de minutes d’APMV et le nombre de jours où les enfants dépassent 60 minutes) créent le contexte requis pour comprendre la tendance globale et déterminer les cibles aux fins d’intervention et de messages.

Grâce aux données de l’accéléromètre de l’ECMS (le seul ensemble de données canadiennes représentatif à l’échelle nationale), il est possible de faire le suivi des changements sur le plan de l’activité physique au fil du temps. Les accéléromètres produisent des renseignements objectifs à propos de l’intensité des mouvements et, par conséquent, permettent de surmonter certaines des limites associées aux autodéclarationsNote 47. Cependant, il se pourrait que les accéléromètres sous-estiment l’APMV, car ils ne mesurent pas précisément l’intensité des mouvements associés à des activités telles que la natation, le vélo et le lever de poids. Qui plus est, il se pourrait que l’utilisation de périodes de 60 secondes ne soit pas en mesure de détecter avec exactitude la nature intermittente des activités physiques des enfantsNote 48.

La présente analyse ne comprend pas les résultats ni l’examen propres à la composante « activités vigoureuses » de l’APMV. Il s’agit là d’une limite importante, compte tenu du fait que les Directives recommandent des activités physiques vigoureuses au moins 3 jours par semaine.

Le taux de réponse global à la mesure par accéléromètre pour l’ensemble des quatre cycles de l’ECMS était d’environ 40 %. Bien que le poids d’échantillonnage ait été corrigé pour tenir compte de ce taux, les estimations pourraient être biaisées par des différences systématiques entre les participants et les non-participants.

Mot de la fin

Ces résultats soulignent l’importance d’expliquer avec précision la façon dont les directives et les recommandations sont opérationnalisées pour pouvoir faire des comparaisons entre les études et un suivi des tendances au fil du temps. Néanmoins, peu importe la définition opérationnelle employée, les niveaux d’APMV des enfants et des jeunes canadiens n’ont pas changé de façon importante depuis 2007 et ils demeurent plus faibles que ceux recommandés.

Références
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