Section 2 : La violence entre partenaires intimes

par Pascale Beaupré

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Début du texte

Les conséquences qu’entraîne la violence conjugale, ou plus globalement la violence entre partenaires intimes (voir l’encadré 2.1), sont lourdes sur le plan physique, psychologique et socioéconomique pour les victimes, leur famille et la société, faisant de cette réalité un problème de santé publique important (Organisation mondiale de la Santé, 2013). La violence entre partenaires intimes est souvent associée à la violence physique. Il existe pourtant plusieurs autres formes de violence ou d’abus, dont la violence psychologique, la violence verbale, la violence sexuelle, ainsi que l’exploitation financière. La violence entre partenaires intimes peut également prendre une dimension criminelle lorsqu’elle donne lieu à des infractions comme des voies de fait, des menaces ou du harcèlement. La manifestation de cette forme de violence peut aller jusqu’à l’homicide.

Les statistiques sur la criminalité présentées dans cette section portent sur les actes de violence commis entre partenaires intimes qui ont été signalés aux services de police au Canada. La violence entre partenaires intimes désigne la violence perpétrée envers des conjoints et des partenaires amoureux (actuels et anciens), sans égard au fait qu’ils demeurent ou non sous un même toit ou qu’ils ont ou non des enfants.

La violence conjugale et celle entre partenaires amoureux présentent des caractéristiques communes, notamment un certain lien affectif entre les partenaires (Donnelly et autres, 2008) et la nature récurrente possible des actes de violence (Cui et autres, 2013). En outre, les résultats de divers travaux portant sur les conséquences associées à la violence conjugale et celles entre partenaires amoureux peuvent être similaires. Par exemple, des études ont montré que la consommation de drogues et d’alcool et le risque de dépression figuraient parmi les conséquences associées à la violence entre partenaires amoureux (National Center for Injury Prevention and Control, 2014; Adam et autres, 2011).

L’analyse de la présente section tient compte des formes de violence entre partenaires intimes constituant un crime en vertu du Code criminel qui sont signalées à la police et dont celle-ci a établi le bien-fondé. On y examine les voies de fait, le harcèlement criminel, les menaces, les vols qualifiés, les agressions sexuelles, les homicides, les tentatives de meurtre, les enlèvements et les séquestrations et, depuis 2008, les propos indécents au téléphone et les appels téléphoniques harcelants, et l’intimidation. La présente analyse fait abstraction des incidents non signalés à la policeNote 1, ainsi que des cas de violence psychologique et d’exploitation financière n’atteignant pas le seuil criminelNote 2.

Début de l'encadré

Encadré 2.1
Définitions

Violence conjugale : Violence commise par des personnes mariées, séparées et divorcées, et des conjoints et conjointes de fait (actuels et anciens). Comprend les victimes de 15 à 89 ans.

Violence entre partenaires amoureux : Violence commise par des petits amis et petites amies (actuels et anciens), ou par une personne avec qui la victime a eu une relation sexuelle ou pour laquelle la victime avait une attirance sexuelle (qui était réciproque), mais qui n'était pas considérée comme son petit ami ou sa petite amie. Comprend les victimes de 15 à 89 ans.

Violence entre partenaires intimes : Violence commise par des conjoints et conjointes ainsi que par des partenaires amoureux. Il s'agit de la violence commise dans le contexte d'une relation intime. Comprend les victimes de 15 à 89 ans.

Violence commise dans un contexte autre que d'une relation intime : Violence commise par un membre de la famille (parent, enfant, autre membre de la famille immédiate ou élargie), un ami, une connaissance, un associé (à des fins d'affaires ou criminelles), un symbole d'autorité, un voisin ou un étranger. Comprend les victimes de moins de 90 ans.

Fin de l'encadré

La majorité des victimes de violence entre partenaires intimes déclarée par la police sont agressées par leur partenaire actuel

En 2013, environ 336 000 personnes de 15 à 89 ans ont été victimes d’un crime violent déclaré par la police. De celles-ci, plus du quart (27 %) ont subi de la violence aux mains d’un partenaire intime (tableau 2.1). Parmi l’ensemble des victimes de violence entre partenaires intimes déclarée par la police, 53 % étaient des victimes de violence entre partenaires amoureux, tandis que 47 % étaient des victimes de violence conjugale.

Le fait de mettre un terme à une relation ne permet pas d’être à l’abri d’épisodes de violence. Dans certains cas, la violence peut redoubler ou même débuter à la suite d’une rupture (Johnson, 2006). Le tiers (33 %) des victimes de violence entre partenaires intimes ont été agressées par un ex-conjoint ou un ex-partenaire amoureux. La violence après une séparation était plus fréquente chez les ex-partenaires amoureux (20 %) que chez les ex-conjoints (13 %), une tendance qui était observée tant chez les femmes que chez les hommes. 

Les deux tiers des victimes de violence entre partenaires intimes, soit près de 61 000 personnes, ont été agressées par leur partenaire intime actuel. Selon les données policières de 2013, les conjoints mariés et les conjoints de fait étaient tout aussi susceptibles que les partenaires amoureux d’être victimes de violence entre partenaires intimes (34 % par rapport à 33 %).

La plupart des victimes de violence entre partenaires intimes sont des femmes

Comme c’est le cas pour la violence perpétrée contre les enfants et les personnes âgées, la majorité des victimes de violence entre partenaires intimes déclarée par la police sont des femmes. En 2013, les femmes représentaient près de 80 % des victimes de violence entre partenaires intimes déclarée par la police (tableau 2.1)Note 3.

En 2013, 175 000 victimes de crimes violents déclarés par la police étaient des femmes, ce qui représentait un peu plus de la moitié (52 %) des victimes de crimes violents.

Environ 4 femmes victimes sur 10 (41 %) ont été agressées par un partenaire intime, une proportion qui était 3,5 fois plus élevée que celle observée chez les hommes (12 %). Cependant, les hommes étaient plus souvent victimes de violence aux mains d’un ami ou d’une connaissance (40 %) ou d’un étranger (36 %).

Les adultes au début de la vingtaine sont les plus à risque d’être victimes de violence aux mains d’un partenaire intime

Comme c’est le cas pour les crimes violents en général, le taux de victimisation entre partenaires intimes est le plus élevé chez les jeunes adultes. Le risque de victimisation entre partenaires intimes diminue au fur et à mesure que l’âge augmente (graphique 2.1).

Description du graphique 2.1

Selon les données déclarées par la police, les personnes de 20 à 24 ans ont affiché le plus fort taux de violence entre partenaires intimes en 2013 (653,7 victimes pour 100 000 habitants); suivaient de près les personnes de 25 à 29 ans (636,1 pour 100 000). Les personnes de 30 à 34 ans (569,6 pour 100 000) et celles de 35 à 39 ans (485,7 pour 100 000) affichaient les troisième et quatrième taux en importance, tandis que le taux observé pour les jeunes de 15 à 19 ans était semblable à celui noté chez les personnes âgées au début de la quarantaine (398,7 pour 100 000 et 403,0 pour 100 000 respectivement).

Quatre victimes sur dix de violence entre partenaires intimes âgées de 30 à 54 ans ont été agressées par un partenaire amoureux

La plupart des affaires de violence commises entre partenaires intimes âgés de moins de 25 ans et déclarées par la police se traduisent principalement par de la violence entre partenaires amoureux (graphique 2.2). Parmi les victimes de violence entre partenaires intimes de 15 à 19 ans, un peu plus de 80 % ont été agressées par un partenaire amoureux. La proportion de victimes agressées par un partenaire amoureux diminuait au fur et à mesure que l’âge des victimes augmentait, passant de 70 % chez les 20 à 24 ans à 57 % chez les 25 à 29 ans.

Toutefois, la majorité des victimes de violence entre partenaires intimes âgées de 30 ans et plus ont été agressées par un conjoint. Cette situation est probablement attribuable à l’augmentation de la proportion de conjoints mariés et de conjoints de fait et à la diminution de la proportion de partenaires amoureux au fil du temps. Les femmes et les hommes dans la trentaine, par exemple, sont plus susceptibles que ceux dans la vingtaine d’être mariés ou de vivre en union libre (Milan, 2013). Bien que la violence entre partenaires amoureux en proportion de la violence entre partenaires intimes diminue avec l’âge, elle représentait néanmoins 40 % de la victimisation entre partenaires intimes chez les personnes de 30 à 54 ans.

Description du graphique 2.2

Les relations amoureuses chez les adolescents et les jeunes adultes ont tendance à être, en moyenne, moins stables que celles chez les adultes plus âgés (Carver, Joyner et Udry, 2003). Cela ne signifie pas pour autant que les adolescents et les jeunes adultes sont moins susceptibles de subir de la violence lorsque la relation amoureuse prend fin. Selon les données policières de 2013, près du tiers (30 %) des victimes de violence entre partenaires intimes de 15 à 19 ans ont été agressées par un ex-partenaire amoureux (tableau 2.2). De plus, le quart (25 %) des victimes de 20 à 24 ans ont été agressées par un ex-partenaire amoureux.

Les femmes de 15 à 24 ans affichent des taux de victimisation entre partenaires intimes beaucoup plus élevés que leurs homologues masculins

La violence entre partenaires intimes est plus susceptible de survenir lorsque les personnes sont âgées dans la vingtaine et la trentaine, et ce, tant pour les femmes que pour les hommes. Peu importe l’âge, le taux de victimisation entre partenaires intimes était plus élevé pour les victimes de sexe féminin que pour les victimes de sexe masculin (graphique 2.3). Le taux de violence entre partenaires intimes déclarée par la police a atteint un sommet chez les femmes de 20 à 24 ans, le taux étant six fois plus élevé que celui observé chez les hommes du même groupe d’âge (1 127,7 victimes pour 100 000 femmes par rapport à 197,3 victimes pour 100 000 hommes). Le taux de violence envers les partenaires intimes de sexe féminin diminuait avec l’âge par la suite, mais il demeurait de deux à trois fois supérieur à celui des hommes.

Description du graphique 2.3

Plus de 3 victimes de violence entre partenaires intimes sur 4 ont subi des voies de fait

Tout comme les années précédentes, les données policières indiquent que les voies de fait constituaient, de loin, l’infraction la plus courante commise envers les victimes de violence entre partenaires intimes. En 2013, 76 % des victimes de violence entre partenaires intimes ont été agressées physiquement, dont 62 % ont subi des voies de fait simples, soit la forme la moins grave de voies de fait (tableau 2.3)Note 4; venaient ensuite les voies de fait majeuresNote 5 (14 %), les menaces (8 %) et le harcèlement criminel (7 %). La répartition des infractions était semblable pour les deux types de relations (conjoints et partenaires amoureux). Plus précisément, 78 % des victimes de violence conjugale et 75 % des victimes de violence entre partenaires amoureux ont subi des voies de fait.

Les données déclarées par la police ont révélé que les quatre infractions les plus souvent commises à l’endroit des partenaires intimes de sexe féminin et masculin sont les mêmes : voies de fait simples, voies de fait majeures, menaces et harcèlement criminel. Par contre, on remarque que les hommes étaient plus souvent victimes de voies de fait que les femmes (85 % par rapport à 74 %). En effet, les deux tiers des hommes victimes de violence entre partenaires intimes (65 %) ont fait l’objet de voies de fait simples et 20 % ont subi des voies de fait majeures. Cela est peut-être attribuable au fait que la violence à l’endroit des partenaires intimes de sexe masculin comporte plus souvent la présence d’une arme (22 % par rapport à 11 % dans le cas des crimes envers les femmes). Cependant, une proportion plus élevée de victimes de sexe féminin ont été menacées (9 % par rapport à 6 %) et la proportion de victimes de violence entre partenaires intimes qui ont fait l’objet de harcèlement criminel était deux fois plus élevée pour les victimes de sexe féminin que pour celles de sexe masculin (8 % par rapport à 4 %) en 2013.

Selon les données policières, les infractions sexuelles sont, de façon générale, plus souvent commises contre les femmes. C’est le cas notamment des infractions sexuelles envers un partenaire intime. La grande majorité des victimes d’infractions sexuelles entre partenaires intimes déclarées par la police (98 %) étaient des femmes. Cela valait également pour les « autres crimes violents » (94 %), comme la séquestration et l’enlèvement.

Les voies de fait sont plus souvent commises par un partenaire actuel, tandis que les infractions liées à l’intimidation le sont plus souvent par un ex-partenaire

Le type d’infraction perpétrée envers un partenaire intime varie selon qu’il s’agit d’une infraction commise dans le cadre d’une relation actuelle ou ancienne. Les données déclarées par la police de 2013 ont révélé que, parmi les personnes agressées par leur conjoint ou partenaire amoureux actuel, près de 9 victimes sur 10 ont fait l’objet de voies de fait. Par comparaison, la moitié des victimes de violence aux mains d’un ex-conjoint ou d’un ex-partenaire amoureux ont été agressées physiquement (graphique 2.4).

Description du graphique 2.4

En 2013, 73 % des victimes agressées par un partenaire intime actuel ont subi des voies de fait simples, alors que cela était le cas pour 42 % des victimes de violence de la part d’un ex-partenaire intime. En ce qui a trait aux voies de fait majeures, la proportion de victimes agressées par un partenaire intime actuel s’établissait à 16 %, soit près du double de celle observée chez les victimes agressées par un ex-partenaire intime (9 %). 

Les infractions liées à l’intimidation étaient plus courantes chez les ex-partenaires que chez les partenaires actuels. Selon les données policières, 42 % des victimes de violence aux mains d’un ex-partenaire intime ont fait l’objet de menaces, de harcèlement criminel ou de propos indécents au téléphone et d’appels téléphoniques harcelants; cette proportion était huit fois supérieure à celle enregistrée chez les victimes de violence aux mains d’un partenaire intime actuel (5 %).

Par ailleurs, parmi l’ensemble des infractions liées à l’intimidation commises envers les partenaires intimes, la grande majorité impliquait un ex-partenaire. En effet, plus de 90 % des infractions impliquant du harcèlement criminel et des propos indécents au téléphone et des appels téléphoniques harcelants ont été perpétrées après une séparation.

Plus des deux tiers des affaires de violence entre partenaires intimes comportaient le recours à la force physique

Lorsqu’on tient compte de l’arme la plus dangereuse sur les lieux de l’affaire durant la perpétration d’une infraction avec violence, il est important de noter que, selon les données policières, tout type d’arme ou de recours à la force physique est considéré comme une arme; la force physique et les menaces verbales et gestuelles causant des blessures sont donc considérées comme des armes. Dans la majorité des affaires de violence entre partenaires intimes (71 %), l'auteur présumé a eu recours à la force physique, alors qu’une arme à feu se trouvait sur les lieux de 5 % des affaires (tableau 2.4). Aucune arme ni recours à la force physique n'était en cause dans 16 % des affaires de violence entre partenaires intimes.

La proportion d’affaires de violence entre partenaires intimes impliquant une arme augmente en fonction de l’âge de la victime. En 2013, une arme était présente dans 19 % des affaires de violence conjugale impliquant des victimes de 65 ans et plus, comparativement à 12 % des affaires mettant en cause des victimes de 15 à 19 ans (données non présentées). On observe cette tendance chez les victimes de violence entre partenaires amoureux : une arme était présente dans 15 % des affaires de violence entre partenaires amoureux impliquant des victimes de 65 ans et plus, par rapport à 11 % chez celles de 15 à 19 ans (données non présentées).

En 2013, les hommes victimes de violence entre partenaires intimes déclarée par la police étaient légèrement plus susceptibles que les femmes d’être blessés (56 % par rapport à 52 %), des résultats semblables à ceux de 2012 (données non présentées). Cela peut être attribuable au fait qu’une arme était plus souvent utilisée lorsque la victime était un homme (proportions énoncées précédemment). Des études antérieures ont démontré que les femmes sont plus enclines à utiliser une arme en raison des différences de force physique qui peuvent exister entre les sexes (Busch et Rosenburg, 2004).

Dans plus de 7 affaires de violence entre partenaires intimes sur 10, des accusations ont été portées ou recommandées contre l’auteur présumé

En 2013, 71 % des affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police ont donné lieu à des accusations criminelles ou à la recommandation d’une telle mesure à l’endroit de l’auteur présumé (tableau 2.5). Cette proportion était près de deux fois supérieure à celle des affaires de violence commises dans un contexte autre que d’une relation intime (40 %) (données non présentées)Note 6. En revanche, 15 % des affaires de violence entre partenaires intimes ont été classées sans mise en accusationNote 7 parce que le plaignant a refusé de faire porter une accusation, qu’il s’agissait d’un motif hors du contrôle du service de police ou parce que la police a exercé son pouvoir discrétionnaire. Selon les données policières, la proportion d’affaires classées sans mise en accusation en 2013 était légèrement plus élevée lorsqu’il s’agissait de violence conjugale que lorsqu’il s’agissait de violence entre partenaires amoureux (18 % par rapport à 13 %). La proportion restante (13 %) des affaires de violence entre partenaires intimes qui ont été signalées à la police n’ont pas été classées.  

Dans l’ensemble, des accusations ont plus souvent été portées ou recommandées contre l’auteur présumé lorsque la victime de violence entre partenaires intimes était de sexe féminin que lorsqu’elle était de sexe masculin (74 % par rapport à 61 % — données non présentées). Tout comme les années précédentes, il n’y avait pratiquement aucune différence quant à la proportion d’actes de violence commis entre conjoints et partenaires amoureux donnant lieu au dépôt d’accusations à l’endroit de l’auteur présumé (72 % en 2012 et 71 % en 2013).

La Saskatchewan a enregistré en 2013 le plus fort taux de violence entre partenaires intimes parmi les provinces

Les variations régionales de la violence entre partenaires intimes sont principalement le reflet des crimes violents.

En 2013, sept provinces ont enregistré un taux de violence entre partenaires intimes plus élevé que le taux national de 310,3 victimes pour 100 000 habitants (graphique 2.5; tableau 2.6). La Saskatchewan (635,0 victimes pour 100 000 habitants) s’est classée au premier rang, ayant enregistré un taux de violence entre partenaires intimes plus de deux fois supérieur au taux national. Le Manitoba et l’Alberta affichaient les deuxième et troisième taux en importance. En 2013, l’Ontario et l’Île-du-Prince-Édouard présentaient les taux les plus faibles de violence entre partenaires intimes déclarée par la police, ces deux provinces affichant chacune un taux inférieur à 300 victimes pour 100 000 habitants.

De façon générale, les taux de violence entre partenaires intimes déclarée par la police ont tendance à être plus élevés dans les territoires que dans les provinces. Le taux enregistré au Nunavut était environ six fois plus élevé que celui observé en Saskatchewan, la province ayant affiché le plus fort taux. Les taux notés dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon s’établissaient à 2 103,5 victimes pour 100 000 habitants et à 1 247,0 victimes pour 100 000 habitants, respectivement.

Plusieurs facteurs peuvent contribuer aux différences observées entre les régions à l’égard de la violence entre partenaires intimes tels que la composition démographique de la population, ses caractéristiques socioéconomiques, la mise en place de programmes de prévention visant à réduire la vulnérabilité des personnes, la présence et l’importance des ressources d’aide aux victimes et aux agresseurs (Sinha, 2013).

Description du graphique 2.5

Le taux d’homicides sur des partenaires intimes de sexe féminin atteint un sommet chez les victimes âgées dans la mi-vingtaine

Entre 2003 et 2013, la police a déclaré 960 homicides entre partenaires intimes (graphique 2.6). De ce nombre, 747 étaient des homicides sur des victimes de sexe féminin, ce qui représentait plus des trois quarts des homicides sur des partenaires intimes.

De 2003 à 2013, les femmes victimes d’un homicide aux mains de leur partenaire intime étaient surtout âgées de 20 à 44 ans, le taux se situant entre 6 et 8 victimes pour 1 million d’habitants. Le taux d’homicides sur des partenaires intimes de sexe féminin atteignait un sommet chez les victimes âgées dans la mi-vingtaine, le taux s’établissant à 7,68 victimes pour 1 million de femmes dans ce groupe d’âge (graphique 2.3).

Description du graphique 2.6

De façon générale, les homicides sont plus souvent commis entre conjoints mariés qu’entre conjoints de fait

Parmi les homicides entre partenaires intimes survenus entre 2003 et 2013, les trois quarts (76 %) ont été commis par un conjoint marié ou un conjoint de fait (actuel ou ancien)Note 8 (tableau 2.7). L’auteur présumé était un partenaire amoureux (actuel ou ancien) dans 22 % des homicides entre partenaires intimes. Au cours de cette période, la grande majorité (77 %) des homicides entre partenaires intimes impliquait des partenaires intimes actuels au moment de l’affaire.

Depuis 2003, on constate certaines variations de la proportion d’homicides commis par un conjoint marié ou un conjoint de fait (actuel ou ancien). Certaines années, les homicides entre conjoints mariés étaient plus fréquents, alors que l’inverse était vrai d’autres années. En 2003, près de 70 % des homicides entre conjoints ont été commis par un conjoint marié (actuel ou ancien). En 2013, toutefois, les homicides entre conjoints étaient plutôt répartis de façon égale, qu’il s’agisse d’un conjoint marié ou d’un conjoint de fait (actuel ou ancien); 49 % ont été commis par un conjoint marié, alors que 51 % l’ont été par un conjoint de fait. La plupart des personnes vivant en couple sont des conjoints mariés, mais la proportion qu’elles représentent a diminué au fil du temps. En 2011, les quatre cinquièmes (80 %) des personnes vivant en couple étaient des conjoints mariés et le cinquième (20 %), des conjoints de fait (Statistique Canada, 2012). Dix ans plus tôt, 84 % des personnes vivant en couple étaient des conjoints mariés et 16 %, des conjoints de fait.

L’intensification d’une dispute est le mobile le plus répandu dans le cas des homicides entre partenaires intimes

Bien que l’Enquête sur les homicides permette de recueillir des renseignements sur le mobile apparent déclaré de l’homicide, il est important de noter que le mobile apparent est le reflet de la raison perçue de la violence par l’auteur présumé et ne devrait pas être interprété comme la cause. Les données policières recueillies entre 2003 et 2013 indiquent que, parmi les homicides entre partenaires intimes, le mobile le plus souvent déclaré était l’intensification d’une dispute ou d’une querelle (près de 40 %). Un sentiment de frustration, de colère ou de désespoir (26 %) était le deuxième mobile le plus souvent déclaré, suivi de la jalousie (20 %).

Les mobiles déclarés dans le cas des homicides entre conjoints (mariés et de fait) et entre partenaires amoureux présentaient peu de différences.

Le taux d’homicides entre partenaires intimes est stable depuis quelques années

Comme les taux d’homicides en général au CanadaNote 9, le taux d’homicides entre partenaires intimes a diminué de 1993 à 2007 (graphique 2.7). En 2008, le taux d’homicides entre partenaires intimes a augmenté légèrement pour s’établir à 3,22, puis il est demeuré stable à 3,1 victimes pour 1 million d’habitants au cours des trois années suivantes. Depuis 2012, le taux d’homicides entre partenaires intimes se situe en deçà de 3 victimes pour 1 million d’habitants. En 2013, le taux d’homicides entre partenaires intimes se situait à environ 2,31 homicides pour 1 million d’habitants, soit la moitié du taux observé 20 ans plus tôt (en 1993, le taux s’établissait à 5,18 homicides entre partenaires intimes pour 1 million).

Les taux d’homicides sur des partenaires intimes de sexe féminin étaient plus élevés que ceux sur des partenaires intimes de sexe masculin, peu importe le groupe d’âge. En 2013, le taux d’homicides sur des partenaires intimes de sexe féminin, qui se situait à 3,74 pour 1 million d’habitants, était 4,5 fois plus élevé que celui sur des partenaires intimes de sexe masculin. Ce taux a pratiquement diminué de moitié au cours des 20 dernières années puisqu’il s’établissait à 7,25 pour 1 million en 1993. Le taux de ce type d’homicides sur des hommes est passé de 3,04 homicides pour 1 million en 1993 à 0,83 pour 1 million en 2013.

Description du graphique 2.7

La diminution des voies de fait simples entre partenaires intimes se poursuit en 2013

Bien qu’il existe de légères variations, la plupart des types d’infractions commises entre partenaires intimes sont relativement stables depuis 2009. D’après les données déclarées par la police, le nombre de voies de fait simples — l’infraction la plus fréquente entre partenaires intimes — a diminué ces dernières années.

Entre 2009 et 2013, le taux de voies de fait simples entre partenaires intimes a reculé de 11 %Note 10 (tableau 2.8) en raison de la baisse des voies de fait commises à l’endroit des femmes. En effet, le taux est passé de 344,2 victimes de sexe féminin pour 100 000 habitants en 2009 à 298,2 victimes de sexe féminin pour 100 000 en 2013. Chez les hommes, le taux de voies de fait simples a connu une légère baisse durant cette période (-3 %). La diminution des voies de fait simples peut indiquer un changement quant à la fréquence de cette forme de violence entre partenaires intimes ou un changement concernant la volonté des victimes de signaler ces crimes à la police.

Tant chez les hommes que chez les femmes, les taux de voies de fait majeures entre partenaires intimes, y compris les voies de fait graves et les voies de fait armées ou causant des lésions corporelles, ont reculé de 6 % entre 2009 et 2013.

Par ailleurs, le taux d’agressions sexuelles commises envers les partenaires intimes de sexe féminin et déclarées par la police a augmenté de 17 % entre 2009 et 2013, principalement en raison d’une hausse du nombre d’agressions sexuelles de niveau 1, dans lesquelles la victime subit des blessures mineures ou ne subit aucune blessure. Dans le cas des hommes, les taux d’agressions sexuelles de niveau 1 et des niveaux 2 et 3 ont reculé de 3 % et de 34 % respectivement entre 2009 et 2013.

Enfin, le taux de tentatives de meurtre à l’endroit des partenaires intimes a diminué de 17 % entre 2009 et 2013, en baisse de 20 % chez les hommes et de 16 % chez les femmes.

Résumé

Conformément aux résultats antérieurs sur la violence familiale et la criminalité en général, les femmes sont plus souvent victimes de violence entre partenaires intimes, en particulier les jeunes femmes. La violence entre partenaires amoureux représentait 53 % des affaires de violence entre partenaires intimes déclarées par la police, alors que la violence entre conjoints correspondait à 47 % de celles-ci.

Le taux d’homicides entre partenaires intimes est relativement stable depuis quelques années, une tendance qui s’est poursuivie en 2013. L’intensification d’une dispute était le mobile ayant le plus souvent abouti à un homicide entre partenaires intimes.

Des accusations ont été portées ou recommandées contre un auteur présumé dans la majorité des affaires de violence entre partenaires intimes.

Tableaux de données détaillés

Références

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Notes

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